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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
LORS DE LA 59ème SESSION DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LE:
"DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE L'ANNÉE INTERNATIONALE DE LA FAMILLE"

INTERVENTION DE S.E. MGR CELESTINO MIGLIORE*

Lundi 6 décembre 2004

 

Monsieur le Président,

Ma délégation est heureuse de prendre la parole à la fin de la célébration du dixième anniversaire de l'Année internationale de la famille, et ce, dans le cadre de la cinquante neuvième session de l'Assemblée générale qui est en train d'examiner deux priorités de notre monde d'aujourd'hui, la sécurité et le développement.

Nos débats et nos programmes se concentrent sur un concept de la sécurité au sens large, concept qui englobe ce que, dans notre langage onusien, nous appelons les "menaces directes, comme le terrorisme et les armes de destruction massive; et les menaces secondaires", c'est à dire le chômage, la pauvreté, la pandémie du VIH/sida, l'exploitation des enfants et des femmes, l'accès limité au logement et aux installations sanitaires, à l'éducation et aux médicaments, toutes les choses qui affectent la société humaine dans son ensemble et dans la vie quotidienne. Comme les prévisions concernant les niveaux de pauvreté et d'inégalité sans cesse croissants dans bien des pays sont loin d'être prometteuses, il ne doit surprendre personne que la réduction de la pauvreté soit maintenant au sommet de l'ordre du jour du développement.

Dans ce contexte, ma délégation souhaite apporter son appui à la famille, l'unité fondamentale de la société par sa nature et par l'indispensable contribution qu'elle est amenée à faire à la réalisation de la sécurité et du développement.

La famille, plus précisément l'union stable et durable d'un homme et d'une femme, apparaît d’abord comme le mode le plus naturel, le plus adapté, pour assurer la procréation et donc le renouvellement des générations. Car la croissance économique nécessite un minimum de dynamisme démographique, ce qui passe par une reproduction assurant le remplacement des générations. Mais au-delà de cette dimension démographique, nous devons considérer que c’est au sein de cette première communauté naturelle que l’individu va acquérir un certain nombre de qualités, de connaissances, d’attitudes qui lui permettront un jour de devenir un producteur c’est-à-dire un constructeur créatif de la société. En effet, il ne s’agit pas seulement de mettre au monde des enfants, mais bien de les éduquer ; la notion économique de ‘capital humain’ est ici particulièrement bien adaptée : en tant que premier lieu de formation du capital humain, la famille apparaît vraiment indispensable au développement. Il y a donc tout intérêt à mettre en place les outils nécessaires à la juste reconnaissance du fait que la famille n’est pas seulement un lieu de consommation mais également de création d’une véritable richesse, trop négligée aujourd’hui.

Pourtant, il ne peut y avoir d’action en faveur de la famille que s’il existe d’abord une réelle volonté politique de promouvoir un modèle. En particulier, l’expression ‘cellule de base de la société’ renvoie à une conception bien précise de l’ordre social reposant sur l’existence de communautés de personnes stables que l’on doit donc retrouver et reconnaître à tous les niveaux institutionnels.

Ainsi, la politique familiale pourrait être le cadre général à l’intérieur duquel devraient se décliner les mesures mises en place pour répondre aux défis économiques et sociaux de notre temps ; la reconnaissance de la nécessaire promotion de la famille, conçue comme une politique préventive, ne doit pas signifier étatisation de la famille : ce n’est pas un nouveau droit social qu’il faut inventer mais les conditions de la justice qu’il convient de réaliser.

Elle doit également être nettement distinguée de la politique sociale. En effet, cette dernière évoque l’assistance dont l’objectif est d’atténuer la gravité d’une situation, d’en amoindrir les effets négatifs dans un premier temps et finalement d’assurer la sortie d’un état considéré comme mauvais. La politique familiale au contraire devrait permettre un développement économique durable : l’objectif ne saurait être de ‘supprimer’ la famille !

Finalement, la politique familiale doit être une politique à part entière, avec :

tout d’abord, ses objectifs : promouvoir un modèle, au minimum ne pas pénaliser ceux et celles qui désirent avoir des enfants ;

ensuite, ses modalités : une juste compensation des charges liées à l’éducation et une vraie reconnaissance du travail domestique ;

et enfin ses impératifs propres : une action dans la durée, fondée sur des critères de justice et d’efficacité parce que la famille est un investissement pour demain.

Seule une réelle prise de conscience de l’importance de ces différents aspects permettrait de mettre en œuvre efficacement la politique familiale.

Merci, Monsieur le Président.


*A/59/PV.67 p.29-30.

L’Osservatore Romano, 15.12.2004 p.2.

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