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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
LORS DE LA 61 SESSION DE L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES SUR LA PROMOTION DE L'ÉGALITÉ
ENTRE LES SEXES ET L'AUTONOMISATION DES FEMMES

INTERVENTION DE S.EXC. MGR CELESTINO MIGLIORE*

New York  - Jeudi 8 mars 2007  

Madame le Président,

Pour commencer, ma délégation vous remercie d'avoir réuni ce Débat thématique informel de l'Assemblée générale sur la promotion de l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes, ainsi que les débats d'experts qui ont suivi sur le thème:  la participation des femmes aux prises de décision et l'autonomisation des femmes, y compris à travers le micro-crédit. Ce débat opportun apporte une contribution significative aux réflexions sur les questions de la dignité, des droits et des devoirs des femmes et à leur rôle et conquêtes dans les divers secteurs de la société.

La quête légitime d'égalité entre les hommes et les femmes a enregistré des résultats positifs dans le domaine de l'égalité des droits. Cette recherche doit intégrer la reconnaissance selon laquelle l'égalité va de pair avec - et ne menace pas ni encore moins contredit -, la reconnaissance de la différence et de la complémentarité qui existent entre les hommes et les femmes. Sans cette reconnaissance, la lutte pour l'égalité ne serait pas authentique. Il semble en effet que, souvent, les conceptions relatives à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes ont été caractérisées par une approche antagoniste qui exalte les oppositions entre eux. Cette approche dresse la femme contre l'homme et inversement, tandis que l'identité et le rôle de l'un sont mis en valeur uniquement dans le but de diminuer ceux de l'autre. La recherche de l'égalité et de l'autonomisation de la femme n'aboutira que si cet antagonisme laisse la place au respect et à la reconnaissance réciproques de l'identité et du rôle de l'un à l'égard de l'autre.

Une deuxième tendance consiste à réduire, ou même à nier totalement les différences entre les hommes et les femmes. Afin d'éviter la domination d'un sexe sur l'autre, leurs différences tendent à être cachées ou considérées comme de simples conséquences de conditionnements historiques et culturels. La différence physique est sous-estimée, tandis que la dimension purement culturelle est exacerbée et considérée comme primordiale. Ce flou qui existe actuellement dans les différences a des conséquences sur la stabilité de la société et sur les familles, mais également sur la qualité des relations entre les hommes et les femmes. L'égalité entre les hommes et les femmes et l'autonomisation des femmes ne seront atteintes que lorsque les différences entre les sexes seront reconnues et considérées comme complémentaires et que l'élément culturel du genre sera compris dans son contexte spécifique.

L'autonomisation des femmes signifie l'accroissement de leur force sociale, politique, économique et spirituelle, tant sur le plan individuel que collectif, ainsi que l'élimination des obstacles qui pénalisent les femmes et les empêchent d'être pleinement intégrées dans les divers secteurs de la société. Concrètement, cela signifie affronter les pratiques discriminatoires qui excluent les femmes des processus de prises de décision, souvent causées ou aggravées par la discrimination fondée sur la race, l'origine ethnique, la religion ou le statut social de la femme. La participation des femmes aux prises de décisions dans la société constitue un droit non seulement pour des raisons d'égalité, mais également en raison des contributions spécifiques que les femmes apportent à ce processus. Ce "génie de la femme" se révèlera extrêmement précieux alors que les femmes jouent un rôle de plus en plus important dans la résolution des graves défis auxquels le monde est confronté. L'autonomisation des femmes signifie également un salaire égal pour un travail égal, l'égalité dans les opportunités de carrière, et l'égalité des épouses en ce qui concerne les droits de la famille. De même, cela signifie que les femmes qui choisissent d'être des épouses et des mères sont protégées et non pas pénalisées.

En ce qui concerne l'autonomisation des femmes à travers le micro-crédit, ma délégation est fière de rappeler que les Institutions et organismes de l'Eglise catholique sont engagées depuis des décennies dans le micro-crédit. Pour ne citer qu'un exemple, le "Catholic Relief Services", qui œuvre dans 99 pays de tous les continents, a commencé les programmes de micro-crédit en 1988 dans cinq pays. A présent, les programmes sont opérationnels dans au moins 30 pays, et concernent plus de 850.000 clients, dont 75% sont des femmes. Le programme se concentre sur les pauvres, en particulier les femmes pauvres, dans les communautés rurales éloignées qui n'ont pas accès aux services financiers. De plus, afin de renforcer les capacités de gestion et d'assurer le développement durable des programmes, les clients participent directement à la gestion et à l'administration des services qu'ils reçoivent.

Les études ont montré que le micro-crédit a conduit à une vaste gamme d'améliorations de la condition de la femme, qui va du respect accru de la part des hommes à la reconnaissance en tant que membres apportant une contribution importante à la société; d'une meilleure santé familiale à une conscience accrue de la valeur de l'éducation; d'une plus grande estime de soi à un rôle prédominant dans la réduction de la pauvreté. Ces effets positifs, ainsi que d'autres, nous montrent que le micro-crédit doit être vigoureusement soutenu. Toutefois, nous devons reconnaître qu'il ne s'agit en aucun cas d'une panacée à tous les maux qui frappent les femmes dans les pays en voie de développement. De plus, le système n'est pas exempt d'abus. On sait, en effet, que dans certaines circonstances et dans certains endroits, les hommes demandent à leurs femmes d'obtenir des prêts de micro-financement, puis utilisent le prêt pour gérer eux mêmes leur activité ou utilisent même parfois l'argent à d'autres fins.

Les bénéfices de l'autonomisation produits par les initiatives telles que le micro-crédit, doivent aller de pair avec le  besoin d'éducation  et de prise de conscience, en particulier au niveau des communautés locales. L'éducation des femmes en particulier, demeure l'instrument le plus important dans la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes et dans l'autonomisation des femmes en vue de contribuer pleinement à la société. Le Saint-Siège désire pour sa part continuer d'éduquer les garçons et les filles, les hommes et les femmes à défendre et à soutenir la dignité, le rôle et les droits des femmes. Avec de tels instruments, l'autonomisation des femmes peut commencer à s'enraciner et à se développer dans les lieux  où  elle fait encore cruellement défaut.

Merci, Madame le Président.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.13 p.9.

 

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