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Mgr Pietro FANTÒ

Intervention à la 25e session du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire*

15 octobre 1974



Je voudrais, avant tout, m’associer aux autres représentants, vous féliciter personnellement et vous exprimer la satisfaction du Saint-Siège de vous voir occuper le poste de la présidence pour l’année qui va s’ouvrir, bien assuré par avance que le mandat que vous vous êtes vu confier sera rempli avec compétence et efficacité. Tous nos vœux vous accompagnent.

Je soupèse à son juste prix l’honneur qui m’a été fait de représenter le Saint-Siège à cette réunion du Comité Exécutif du Programme du Haut-Commissaire pour les Réfugiés, aux côtés de membres illustres et hautement qualifiés des gouvernements de tant de pays.

Et je suis sûr que vous-même, vous mesurez tous le sens que revêt la participation du Saint-Siège, en sa qualité de membre, à ce Comité, aussi bien du fait de l’action directe qu’il déploie dans la ligne de l’apport spécifique de son influence spirituelle puisée aux sources de l’Évangile, que par la collaboration des organisations catholiques qu’il suscite et encourage.

A qui serait tenté d’oublier le contexte tragique dans lequel se meut notre monde, dans tous les continents, en cette fin du vingtième siècle, la lecture du rapport si détaillé et complet sur les activités d’assistance du Haut-Commissaire pour les Réfugiés constituerait, a elle seule, comme un cri d’alarme, un rappel à prendre au sérieux l’angoisse du sort de milliers d’humains, nos frères.

Et pourtant, il faut bien le reconnaître – et je crois avoir soupçonné cet aveu sous la plume des rédacteurs de l’un ou l’autre document soumis à notre attention (en particulier, dans le document A/AC. 96/508, page 7, articles 21 et 22) – il apparaît bien qu’en l’absence, heureuse certes, de grands conflits mondiaux, l’opinion publique, plus excusable peut-être, mais même aussi les instances de la communauté mondiale n’apportent guère d’attention au sort de ceux qui, victimes de violences de tout genre, ont connu le déracinement le plus total et le dénuement le plus complet, et se soucient peu de pourvoir à leurs besoins, pouvant ainsi mettre en échec ou paralyser plus ou moins les mesures humanitaires qui sont exigées et que nous tentons de mettre en place.

Il est significatif, à cet égard, de prendre une connaissance attentive des réponses, parvenues au Haut-Commissaire; au questionnaire lancé par ses soins, en vue de connaître l’application, dans les divers pays contractants, des dispositions de la Convention de 1951 et du Protocole de 1967. Même si des efforts indéniables ont été conduits un peu partout pour assurer au mieux la protection des réfugiés, tant pour leur travail que leur éducation, dans le domaine de l’assistance publique comme de l’aide administrative, et plus largement pour leur statut général de vie, et plus particulièrement dans le domaine des réglementations concernant l’expulsion, le refoulement ou la naturalisation, on ne peut que demeurer surpris de la timidité des ouvertures faites et des lenteurs de leurs mises en place.

Ce n’est pourtant pas que les contributions financières des États et d’autres organisations volontaires au service des réfugiés ne se fassent pas généreuses. Tous les États s’y emploient. Et de même le Saint-Siège, pour sa part, comme aussi les organisations caritatives qu’il coordonne aujourd’hui à travers le nouvel organisme créé à cet effet sous le nom de «Cor Unum»! J’en veux, pour preuve, les efforts accomplis au cours de cette année pour les Réfugiés chiliens, ceux du Bangladesh, ceux de Chypre, du Viêt-Nam, du Soudan et du Burundi, dont la somme totale apparaît remarquable. Je tiens à votre disposition les chiffres de la contribution du Saint-Siège lui-même; mais la contribution des catholiques, à travers les agences caritatives bénévoles, est beaucoup plus considérable.

Ce ne sont pas non plus les concours locaux, dans les pays où se rencontre le phénomène des réfugiés, qui manquent le plus. Et laissez-moi vous dire, dans un esprit aussi éloigné que possible de tout souci de vaine apologétique, la satisfaction que j’ai éprouvée an voyant apparaître, à travers les pages du rapport général, la présence active de toutes les organisations catholiques, à côté des autres Agences bénévoles.

Mais peut-être, de fait, une certaine maturation de la conscience collective, pourtant plus que jamais sensible à la «dignité de l’homme et de tout homme», demeure-t-elle, an face du fait des réfugiés, insuffisamment éveillée, pour l’entraîner sans crainte à accepter certaines normes législatives qui sembleraient bien devoir s’imposer. Il existe, veux-je dire, un progrès des idées morales à travers le temps: il est des gestes qui, perçus hier comme des charités, sont bel et bien aujourd’hui à traduire an termes de justice, comme d’autres l’ont d’ailleurs dit avant moi. Et, semble-t-il, cette évolution des mentalités restant an quelque sorte paralysée, on an est encore actuellement à ne pas percevoir suffisamment l’injustice de fond qu’il y a à laisser des hommes sans patrie (comme il sonne mal le mot lui-même d’«apatride»!), à violer le droit d’asile sous le prétendu couvert de la raison d’État, à perpétuer indéfiniment le statut de réfugié an l’entourant souvent de précautions excessives qui, aux yeux des intéressés, ont couleur de tracasseries irritantes ou humiliantes. Non certes qu’il faille confondre générosité et libéralisme, et, encore moins démagogie. Les gestionnaires de la «chose publique» ont l’impérieux devoir de veiller au «bien commun national». Mais dans la poursuite de ce bien, ils ne peuvent omettre les droits fondamentaux des réfugiés, ni non plus la mission humanitaire qui incombe à tout État.

A la lecture des documents préparatoires de cette rencontre, à nul n’aura échappé la difficulté rencontrée par le Haut-Commissaire pour les réfugiés, à faire reconnaître, au niveau des politiques, le caractère par-dessus tout humanitaire de son entreprise à l’égard de ces derniers. Et pourtant accorder, par exemple, à quelqu’un le droit d’asile n’est pas, de soi, ni fatalement, s’engager dans un acte d’hostilité à l’endroit du pays d’où il est exclus. Au-dessus du droit des nations, il y a le droit des personnes, droit qui certes doit s’inscrire dans le cadre de la vie des communautés nationales, mais qui jamais ne peut être transgressé.

Il y a donc un long chemin encore à parcourir. C’est à maintenir attentive cette conscience publique que s’emploie aussi la voix du Saint-Siège. Vous avez pu an avoir encore récemment la preuve lorsque les événements de Chypre sont survenus: le Pape Paul VI, divers épiscopats ont parlé haut et clair, au moment même où une mission spéciale se rendait sur les lieux pour tenter de donner une réponse adéquate aux problèmes posés.

Oui, comme le dit si bien un récent rapport, il faut que «soit introduit, dans l’existence bouleversée de ces malheureux réfugiés, l’étincelle de clarté ou l’espoir du bonheur dont ils ont tant besoin» (note sur la protection internationale: A/AC. 96/506). Vous pouvez en cela compter sur le Saint-Siège.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.47 p.1, 11.



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Mgr Pietro FANTÒ

Intervention à la 25e session du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire**

15 octobre 1974



Mgr FANTO (Holy See) said he considered the Holy See’s participation in the Committee’s session important, in view of the spiritual and moral influence it exercised in the world. The High Commissioner’s report was a cry of alarm that should be heeded everywhere. In the absence of major world conflicts, however, international public opinion seemed little concerned at the plight of refugees, as evidenced by the replies of Governments to the High Commissioner’s questionnaire concerning the implementation of the 1951 Convention and the 1967 Protocol. Although efforts had undoubtedly been made virtually everywhere to improve the situation of refugees, the timidity of the steps taken and the slowness with which they were put into effect were indeed surprising.

For its part, the Holy See, with the help of Catholic organizations, was striving to assist refugees in all parts of the world. In that connexion, when reading the High Commissioner’s report, he had been happy to note the active presence of such Catholic organizations side by side with other voluntary organizations, particularly in Chile, Bangladesh, Cyprus, Viet-Nam and Burundi. Nevertheless, the collective conscience still seemed insufficiently awake to overcome the flagrant injustice of the refugees’ plight. What could be more unjust than to leave people without a country and violate the right of asylum on the pretext of reasons of State? Governments certainly had the duty to look after the national interest but they could not be indifferent to the problem of refugees. Granting a refugee asylum was not an act of hostility to the country of the refugee’s origin; it was a moral and. humanitarian duty which should take precedence over any political consideration. Despite the moral progress that had been made over the centuries, there was still a long way to go to bring home to mankind the full gravity of the refugee problem. The Holy See was endeavouring to awake the public conscience, as it had recently shown in the case of Cyprus, and would continue its unreserved support for the work of the High Commissioner for Refugees. 
 


**Summary Record: A/AC.96/SR.251 p.2.



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MONS. PIETRO FANTÒ

INTERVENTO ALLA 25ma SESSIONE DEL COMITATO ESECUTIVO
DEL PROGRAMMA DELL'ALTO COMMISSARIO
***

  Martedì, 15 ottobre 1974



Signor Presidente,

Vorrei, innanzi tutto, associarmi agli altri Rappresentanti, nelle felicitazioni personali, ed esprimerLe la soddisfazione della Santa Sede di vederLa ricoprire l’incarico presidenziale per il nuovo anno, sicuro fin d’ora che il mandato affidatoLe sarà compiuto con competenza ed efficacia. L’accompagnano i nostri migliori voti augurali.

SSono profondamente consapevole dell’onore che mi è stato concesso, di rappresentare la Santa Sede a questa riunione del Comitato esecutivo del Programma dell’Alto Commissario per i Rifugiati, accanto a Membri illustri ed altamente qualificati dei Governi di tanti Paesi.

E sono certo che anche voi tutti valuterete il significato che riveste la partecipazione della Santa Sede, in qualità di Membro, a questo Comitato, sia per l’azione diretta che essa svolge con l’apporto specifico del suo influsso spirituale che risale alle sorgenti del Vangelo, sia per la collaborazione delle Organizzazioni cattoliche che essa suscita ed incoraggia.

PePer chi fosse tentato di dimenticare il contesto tragico che, in tutti i continenti, attraversa il nostro mondo in questo epilogo del ventesimo secolo, il rapporto particolareggiato e completo sulle attività assistenziali svolte dall’Alto Commissario per i Rifugiati costituirebbe da solo un campanello d’allarme, un richiamo a prendere sul serio l’angoscia di migliaia di esseri umani nostri fratelli.

Tuttavia, bisogna ben riconoscerlo – e credo di averne intravisto l’indizio sotto la penna dei redattori dell’uno o dell’altro documento sottoposto alla nostra attenzione (particolarmente nel documento A/AC.96/508, pag. 7, articoli 21 e 22) – sembra evidente che, nell’assenza certo felice, di grandi conflitti mondiali, non solo l’opinione pubblica, forse più scusabile, ma anche le Istanze della Comunità mondiale, non dedicano sufficiente attenzione a coloro che hanno esperimentato lo sradicamento totale e la miseria più completa, vittime di violenze d’ogni genere; e soltanto in misura molto parziale si preoccupano di rispondere alle loro necessità, compromettendo o paralizzando, più o meno seriamente, gli interventi umanitari necessari e che noi cerchiamo di attuare.

A A questo riguardo, è significativo un attento esame delle risposte, pervenute all’Alto Commissario, al questionario da Lui lanciato per fare il punto sull’applicazione, nei vari Paesi aderenti, delle norme contenute nella Convenzione del 1951 e nel Protocollo del 1967. Anche se innegabili sforzi sono stati compiuti un po’ dovunque per garantire nel miglior modo possibile la protezione dei Rifugiati, per il lavoro, per l’educazione, nel campo della pubblica assistenza e dell’aiuto amministrativo, e più in generale per il loro status complessivo di vita, specialmente per le norme giuridiche relative all’espulsione, l’allontanamento o la naturalizzazione, non si può che rimanere stupiti della timidezza delle aperture fatte e della lentezza della loro pratica attuazione.

Ciò non significa che non siano generosi i contributi finanziari degli Stati e di altre Organizzazioni di volontariato a favore dei Rifugiati. Tutti gli Stati vi si impegnano: e pure la Santa Sede, da parte sua, come anche le Organizzazioni caritative che attualmente essa coordina mediante il nuovo organismo, creato appositamente per questo scopo, «Cor Unum». Ce ne forniscono la prova gli sforzi compiuti durante questo anno per i Rifugiati cileni, per quelli del Bangladesh, di Cipro, del Viet Nam, del Sudan e del Burundi, per una somma totale notevole. Ho per voi disponibili le cifre del contributo della Santa Sede; ma l’apporto dei cattolici, attraverso le Organizzazioni caritative e di assistenza, risulta di gran lunga superiore.

Parimenti non mancano gli aiuti locali nei Paesi dove è presente il fenomeno dei Rifugiati. E lasciatemi dire, al di là di ogni intento apologetico, la soddisfazione provata nel constatare, leggendo il rapporto generale, l’attiva presenza di tutte le Organizzazioni cattoliche, a fianco delle altre Istituzioni caritative.

Ma forse, in pratica, una certa maturazione della coscienza collettiva, benché sia più che mai sensibile alla «dignità dell’uomo e di tutto l’uomo» continua a non essere sufficientemente attenta al fenomeno dei rifugiati; cosicché è restia ad accettare talune norme legislative che sembrerebbe opportuno imporre.

Intendo dire che esiste un progresso delle idee morali attraverso il tempo: vi sono dei gesti che, ritenuti ieri come imperativi della carità, oggi devono essere tradotti in termini di giustizia, come del resto è stato rilevato da altri prima di me. Restando in qualche modo apparentemente paralizzata, questa evoluzione della mentalità, attualmente non si riesce ancora a percepire abbastanza l’ingiustizia di fondo che si commette nel lasciare uomini senza patria (come suona male il termine stesso di «apolide»), nel violare il diritto d’asilo dietro il paravento della ragion di stato, nel perpetuare indefinitamente lo statuto di Rifugiato, facendolo oggetto di precauzioni talvolta eccessive, che agli occhi degli interessati appaiono come irritanti ed umilianti vessazioni. Non che si debba confondere la generosità con il liberalismo, e tanto meno con la demagogia. Gli Amministratori della «cosa pubblica» hanno il preciso dovere di tutelare il «bene comune nazionale». Ma, nel perseguire questo bene, essi non possono disattendere i diritti fondamentali dei Rifugiati, né la missione umanitaria che compete ad ogni Stato.

LeLeggendo i documenti preparatori di questo incontro, a nessuno sarà sfuggita la difficoltà incontrata dall’Alto Commissario per i Rifugiati, per far riconoscere a livello politico il carattere soprattutto umanitario della sua impresa. Ad esempio l’accordare il diritto d’asilo non costituisce di per sé inevitabilmente un atto ostile verso il Paese da cui il Rifugiato proviene. Al di sopra del diritto delle Nazioni, ci deve essere il diritto delle persone, diritto che certo deve inserirsi nel quadro delle comunità nazionali, ma che non può mai essere trasgredito.

Resta dunque un lungo cammino da percorrere. Ed è per mantenere vigile la coscienza pubblica che si impegna anche la voce della Santa Sede. Recentemente è stato possibile averne nuovamente la prova durante gli avvenimenti di Cipro: Il Santo Padre Paolo VI e diversi Episcopati hanno parlato alto e chiaro, mentre una missione speciale è stata inviata sul posto, per tentare di dare una risposta adeguata ai problemi sollevati.

Come è ben detto in una recente relazione (nota sulla protezione internazionale: A/AC.96/506), occorre che «nella tormentata esistenza di questi infelici Rifugiati sia introdotta la scintilla di luce o la speranza della felicità di cui essi hanno tanto bisogno». In questo voi potete contare sulla Santa Sede.
GrGrazie della vostra attenzione.



*L'Osservatore Romano 28-29.10.1974 p.2.

 

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