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Père Henri de RIEDMATTEN, O.P.

Intervention à la Consultation régionale européenne préparatoire à la Conférence mondiale sur la population*

Genève, 30 mai 1974


 

Le Saint-Siège conscient que sa nature et sa vocation sont universelles et qu’il ne se situe dans aucun regroupement géographique ou socio-économique, a néanmoins volontiers accepté l’invitation à participer à cette Consultation qui constitue l’un des préliminaires à la Conférence mondiale de la Population de Bucarest. Ce faisant, il entend témoigner de son désir sincère de contribuer positivement à l’examen par la communauté internationale d’un des problèmes les plus graves qu’elle ait jamais inscrits au programme de ses travaux. «La population», disait le Pape Paul VI dans l’adresse remise au Secrétaire général de la Conférence le 28 mars dernier, «ce sont les hommes, les personnes humaines». Et encore: «La discussion des problèmes de la population met en cause la finalité même de la personne humaine». Elle pose à l’humanité tout entière la question capitale du sens même de sa croissance.

Certains, dans un esprit qui se voudrait d’objectivité ou par souci de dédramatiser le débat, ont souhaité que ce contexte de l’Année et de la Conférence de la Population reste soigneusement limité à un niveau dit «technique» ou «scientifique»; mais résout-on un problème en taisant les termes de l’enjeu? C’est la vie, et le complexe de questions posées par la valeur de la vie, son développement, ses lois et aussi sa maîtrise qu’évoque notre sujet; toutes les préoccupations soulevées dans la documentation préparatoire à Bucarest tournent finalement autour du droit à une vie pleinement humaine dans une terre habitable pour chaque homme et pour tous les hommes. Le premier paragraphe du projet de Plan Mondial d’Action le dit clairement, l’objet premier de notre travail est l’objectif premier du développement authentique: rendre l’homme qui est maître de ses actions et juge de leur valeur, lui-même auteur de son progrès, en conformité avec la nature que lui a donnée son Créateur et dont il assume librement les possibilités et les exigences (cf. Populorum progressio, numéro 14). Nous soumettons ces termes tirés de l’Encyclique Populorum progressio à ceux qui s’efforcent de serrer de plus prés la notion de «qualité de la vie» dont il est tant question dans notre documentation, mais qui semble souvent menacée d’être identifiée avec ses seuls conditionnements socio-économiques.

Maître de ses actions et juge de leur valeur, l’individu ne l’est jamais tout seul, en droit, quand il s’agit de la transmission de la vie, cœur du problème démographique. Un couple est à l’origine des décisions qui en déclenchent le processus; il agit dans l’exercice de droits et de devoirs qui sont les siens et fonde ainsi la famille dans laquelle le droit naturel, repris dans les formulations de plusieurs textes internationaux, reconnaît la cellule de base de toute la société. Il est certes de bonne méthode de reconnaître, dans les motivations qui poussent l’homme et la femme à donner la vie, toute la gamme des éléments qui y interviennent, mouvements de la nature, facteurs sociologiques et économiques, désir de se continuer, voire volonté de dominer; il serait grave d’ignorer les plus hautes, comme s’il ne s’agissait que de sublimations fictives réductibles à des facteurs plus primaires: la recherche d’un bonheur authentique, le don de soi, l’amour surtout, amour entre les époux et amour des enfants qu’on appelle à l’existence. Nous ne cachons pas notre déception que de tels facteurs soient passés jusqu’ici sous silence dans la préparation de la Conférence de la Population, à moins qu’il ne faille les identifier avec les facteurs culturels souvent à peine mentionnés; mais alors la terminologie est trop générique et défectueuse. Nous voulons espérer que la communauté internationale s’attachera à réparer cette lacune afin qu’on ne puisse lui reprocher d’avoir traité des problèmes fondamentaux de la vie humaine sans avoir, – objectivement et sans emphase – considéré ce qui fait aux yeux de beaucoup sa valeur et son prix. Le Saint-Siège pense que rappeler ces données premières fait partie de la contribution propre qu’il offre avec simplicité et en esprit de service, au moment où s’exerce un effort engageant une grande somme d’énergies et ou s’éveille une attente qu’on entend satisfaire au prix d’une préparation minutieuse et par une stratégie longuement mûrie. Le «Plan Mondial d’Action», soumis particulièrement à l’attention de la présente Consultation, ne signifie rien d’autre si nous avons bien saisi l’intention de ses initiateurs.

Ce plan, nous en avons étudié avec le plus grand soin les divers états; nous nous sommes efforcés de suivre son cheminement au travers des observations des experts, des débats de la Commission de la Population, et d’autres consultations préliminaires. Comme bien d’autres ne manquent pas de le noter, nous constatons que la succession des rédactions et des retouches ne cesse d’améliorer le projet, d’en arrondir les angles, de tenir compte des positions diverses, parfois contraires, souvent complémentaires. Ainsi s’entrevoit peu à peu ce que doit être à divers échelons une politique de la population, politique aux requêtes et aux aspects multiples évoqués par le Pape dans l’adresse déjà citée. Sans doute, le plan parait le plus heureux dans celles de ses parties qui finalement sont le moins sujettes à la controverse. Encore fallait-il approfondir les problèmes, reconnaître les points de résistance possibles, formuler les lignes d’action à recommander. La section sur la morbidité et la mortalité est excellente: elle écarte en fait le reproche adressé parfois aux admirables conquêtes de la science médicale contemporaine d’avoir en définitive placé l’humanité devant de nouvelles difficultés et de l’avoir obligée à en tirer les conséquences en freinant son élan. C’est affirmer le prix de toute vie que de déclarer, comme le fait le texte, que «la réduction de la morbidité et de la mortalité au plus haut degré possible est un but majeur de toute société humaine, abstraction faite de sa contribution à des objectifs sociaux ou économiques» (n. 6). Dans l’ensemble, et sous réserve de l’une ou l’autre correction, nous sommes d’accord avec les suggestions de cette partie. Nous le sommes également avec les importantes sections concernant la distribution de la population, les migrations internes et les migrations internationales. Il est bien connu que longtemps avant que la situation démographique mondiale n’ait donné aux migrations leur signification dans ce champ précis, le Saint-Siège n’a cessé de se préoccuper activement de tout ce qui touche aux migrations, à l’accueil et au sort des migrants, aux droits et devoirs de ceux-ci et à leur progressive intégration. En cette matière où tant d’intérêts ne sont pas encore totalement débrouillés, où jouent encore tant d’égoïsmes, où malgré d’évidents progrès sur certains points on est sans cesse menacé d’un recul, le Plan d’Action a des formules que l’on souhaite voir passer dans les instruments internationaux et dans leur mise en oeuvre. C’est avec raison enfin que le Plan d’Action prévoit des activités destinées au rassemblement des données et à la recherche. Le programme établi dans la sous-section relative à la recherche laisse mesurer combien incertaines restent encore les connaissances en matière de population et avec quelle modestie il faut les manier. Raison de plus pour entreprendre des études et pour nous mettre à même de voir clair dans des sujets si controversés, mais dont l’issue est capitale pour le destin de l’humanité.

Il y a des choses très valables dans la sous-section «Formation, enseignement et information»; pour n’en citer qu’une: l’insistance sur le caractère pluridisciplinaire de la science de la population. Quant à la formation du public, nous aurions souhaité voir souligner que, tout autant sinon plus qu’un enseignement spécifique à tous les niveaux en matière de population, c’est l’accession à l’éducation au sens le plus complet du mot qui garantit le mieux l’éveil de l’homme à ses responsabilités, dans le domaine de la procréation aussi. Ceci dit, nous devons, dans ce travail laborieux, regretter une lacune qui nous semble fondamentale. Bien peu est dit dans le Plan sur le profond déséquilibre de la consommation qui règne actuellement dans le monde et sur la justice internationale dont l’instauration est la première condition d’un rééquilibre entre la population croissante de certaines parties du globe et les ressources limitées de celui-ci. C’est encore au Secrétaire général de la Conférence que le Pape disait: «Une vie pleinement humaine, en liberté et en dignité, sera assurée à tous les hommes et à tous les peuples quand les ressources de la terre auront été partagées plus équitablement, quand les besoins des moins privilégiés se verront accorder une priorité effective dans la distribution des richesses de notre planète, quand les riches – individus aussi bien que collectivités – se seront engagés dans un effort nouveau d’aide et d’investissement en faveur des plus dépourvus». C’est en osant proposer le bilan des lacunes énormes existant en ce domaine et en prenant hardiment tes mesures propres à les faire disparaître, qu’on sera vraiment en mesure de proposer une politique visant à affecter les variables démographiques dans leur relation au développement. Non que le Saint-Siège entende ici trouver un échappatoire facile pour éviter le dilemme démographique, ni qu’il entende nier que «le nombre croissant des hommes clans l’ensemble du monde et dans certains pays en particulier, en constitue un défi pour la communauté des peuples comme pour les gouvernements»; c’est le Pape qui parle. Mais nous craignons qu’à se centrer exclusivement sur l’accroissement démographique, à en faire le sujet privilégié de campagnes pour le développement, à canaliser d’énormes ressources sur la solution de ce seul problème, on ne déséquilibre les perspectives et on ne prépare à l’humanité de nouvelles frustrations.

Il nous semble en effet que le problème de la population requiert dans son traitement une délicatesse très particulière de par les domaines qu’il touche et les droits de l’homme qu’il est susceptible d’affecter. Les parents doivent exercer pleinement leur responsabilité dans le don de la vie «en reconnaissant pleinement leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans un juste respect des valeurs». En ce sens, le projet de Plan Mondial d’Action – dans sa section où nous nourrissons des réserves sur des points précis, mais à laquelle nous reconnaissons volontiers un grand souci de la sauvegarde des droits de l’homme et de la famille – rappelle fort opportunément le droit des parents à déterminer, d’une manière libre, informée et responsable, la dimension de leur famille. On se rappellera qu’avant d’être proclamé par la Conférence des Droits de l’Homme de Téhéran en 1963, ce principe figurait dans une résolution de la XVIIIe Assemblée Mondiale de la Santé en 1965, et dans la Résolution n. 1211 de l’Assemblée Générale des Nations-Unies en 1966. Or, à ces deux occasions, l’intention des initiateurs de l’insertion d’un tel texte était d’abord de protéger le libre choix des parents contre des interventions indues de l’État, et de proclamer leur droit à recevoir au contraire de ce même Etat assistance et protection pour les enfants qu’ils appelleraient à la vie. La Conférence de Bucarest fera bien, en conséquence, de dégager dans ce sens les implications du principe, en affirmant la nécessité de politiques familiales qui permettent à chaque couple de s’épanouir dans la famille aux dimensions qu’il aura raisonnablement établies, et en ne tolérant pas qu’il risque, par son option, de se trouver pénalisé expressément ou de facto. Le Plan d’Action pourvoit implicitement à cela dans son n. 20, mis interprétera-t-on de la sorte un texte aussi concis?

De telles considérations ne peuvent que nous laisser très hésitants devant la possibilité, pour les Etats, d’établir des objectifs quantifiés de réduction du taux de la natalité. Même en admettant qu’officiellement les gouvernements s’efforcent seulement d’influencer les motivations et de respecter finalement les décisions des époux, n’ouvre-t-on pas la voie à des abus très graves, et en même temps, n’engage-t-on pas les sociétés dans une voie aventureuse? Car bien que, quantitativement parlant, la chose paraisse à première vue évidente, il n’est pas dit, et de loin, que la diffusion d’un modèle de «famille nucléaire» représente la solution démographique idéale, si tant est qu’elle soit réaliste, tant les aspirations des hommes varient en la matière. Il est bien regrettable à cet égard que, notamment dans le cadre de la préparation de la Conférence de Bucarest, on n’ait pas étudié dans les sociétés développées vivant depuis une, souvent deux générations, selon le type de «familles nucléaires», quels facteurs moraux (il faut bien appeler les choses par leur nom), culturels, économiques ont conduit à cette baisse radicale des taux de natalité? Quel type de bien-être on a ainsi poursuivi et quelle signification a ce recul en termes d’éducation au sens profond du terme, de robustesse de tempérament, de formation humaine, d’équilibre de la société? Encore une fois, il ne s’agit pas de se voiler la face devant des questions nouvelles, mais il ne faut pas inconsidérément vouloir les résoudre par des solutions qui ont peut-être créé de nouveaux problèmes, sans du moins tenir compte de ce que nous venons de signaler.
 
Il faut enfin marquer une autre ambiguïté du Plan d’Action. Celui-ci ne signale guère, sinon par allusion ou par implication, que le recours aux contraceptifs et à des méthodes encore plus radicales repose bien plus sur des approches pragmatiques plus ou moins heureuses que sur la sécurité d’une rigoureuse recherche scientifique et de solides contrôles. Leur distribution à grande échelle, les conseils, voire les pressions pour en faire usage, se situent dans le cadre d’une crise scientifique où le dernier mot n’est pas dit. Il y a donc quelque témérité à prévoir leur diffusion sans limite et surtout à répandre dans le public l’impression que tout est résolu sous cet angle. Je me dois de mentionner enfin que ce n’est pas une option arbitraire ou la fidélité à une tradition culturelle dépassée qui font revendiquer ici l’existence du droit à la vie, du respect dû à la vie et à ses sources, à l’opposé de la contraception, de la stérilisation et de l’avortement. C’est à ces trois pratiques, pour le dire clairement, qu’a fait allusion le Pape dans l’adresse déjà citée, quand il disait au Secrétaire général de la Conférence: «Aucune pression ne devra faire dévier l’Eglise vers des compromis doctrinaux ou des solutions à courte vue». S’il n’est pas de sa compétence de proposer des solutions de caractère purement technique, l’Eglise sait qu’il est de son devoir de se prononcer sur les solutions qui relèvent de l’éthique. Elle l’a fait et elle ne se sent pas le droit de dévier de ce qu’elle a prononcé à cet égard. Elle ne pense pas pour autant s’être refusée à toute possibilité de contribuer à faire face aux graves problèmes démographiques d’aujourd’hui et peut-être surtout de demain. Aucun des défis posés à l’humanité d’aujourd’hui, ai elle veut survivre, ne se résoudra par des solutions de facilité; tous, y compris le projet de Plan d’Action, prévoient sur tel ou tel secteur de rudes bouleversements. Nous pensons que ces bouleversements, l’homme «maître de ses actions et juge de leurs valeurs» est capable de les effectuer «en conformité avec la nature que lui a donnée son Créateur et dont il assume librement les possibilités et les exigences».


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°25 p.8.

La Documentation catholique n°1659, p.724-726.

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Père Henri de RIEDMATTEN, O.P.

Intervention à la Consultation régionale européenne préparatoire à la Conférence mondiale sur la population**

Genève, 30 mai 1974



La Santa Sede, consciente de la universalidad de su naturaleza y de su vocación, y sabedora de que no está encuadrada dentro de ninguna agrupación geográfica o sociopolítica, ha aceptado, sin embargo, gustosamente la invitación a participar en esta consulta, que constituye uno de los actos preliminares de la Conferencia Mundial de la Población que se celebrará en Bucarest. Al hacer esto, la Santa Sede intenta atestiguar su deseo sincero de contribuir positivamente al examen, por parte de la comunidad internacional, de uno de los problemas más graves que jamás haya incluido en sus programas de trabajo. «La población» – dijo el Santo Padre Pablo VI en la alocución dirigida al Secretario General de la Conferencia, el pasado 28 de marzo –, «son los hombres, los seres humanos». Y también: «En la discusión de los problemas de la población está implicada la finalidad misma de la persona humana». Plantea a la humanidad entera la cuestión primordial del sentido mismo de su crecimiento.

Algunos, con un espíritu que querría ser objetivo, o preocupados por restar dramatismo al debate, han manifestado el deseo de que el contexto del Año y de la Conferencia de la Población se reduzca estrictamente a un nivel llamado «técnico» o «científico»; pero ¿pueden resolverse los problemas silenciando los términos de la puesta en juego?

Nuestro tema interesa a la vida y al conjunto de cuestiones que plantea el valor de la vida, de su desarrollo, de sus leyes y también de la intervención del hombre en su propio origen; todas las preocupaciones que afloran en la documentación preparatoria para Bucarest versan en última instancia sobre el derecho a una vida plenamente humana en una tierra habitable para cada hombre y para todos los hombres.

El primer párrafo del proyecto del Plan Mundial de Acción dice claramente que el objetivo primario de nuestro trabajo coincide con el objetivo primario del desarrollo auténtico: lograr que el hombre – que es dueño de los propios actos y juez de su valor – sea también autor de su propio progreso, en conformidad con la naturaleza que el Creador le ha dado y de la cual asume libremente las posibilidades y las exigencias (cf Populorum progressio, n.34).

Nosotros proponemos estos términos, tomados de la Encíclica Populorum progressio, a quienes se esfuerzan por definir con mayor precisión la noción de «calidad de la vida», de la que, tanto se discute en nuestra documentación, pero que a menudo parece correr el riesgo de que se la identifique solamente con sus condicionamientos socioeconómicos.

El individuo, por dueño que sea de sus propios actos y juez de su valor, no lo es nunca aisladamente, de derecho, cuando se trata de la transmisión de 1a vida, que es el núcleo del problema demográfico.

En el origen de las decisiones que ponen en marcha el proceso, está la pareja; ésta actúa en el ejercicio de derechos y deberes que le son propios, y de esta manera funda la familia, en la que el derecho natural, formulado en varios textos internacionales, reconoce la célula base de toda la sociedad.

Es ciertamente un buen procedimiento revisar, en las motivaciones que impulsan al hombre y a la mujer a dar la vida, toda la gama de elementos que intervienen: movimientos de la naturaleza, factores sociológicos y económicos, deseo de perpetuarse, como también voluntad de dominio; pero sería grave desconocer los más elevados, como si se tratase solamente de sublimaciones ficticias reducibles a factores más primarios: la búsqueda de un bien auténtico, la donación de sí, sobre todo el amor, amor entre los esposos y amor hacia los hijos que se traen al mundo.

No podemos ocultar nuestra desilusión al comprobar que factores como éstos se han pasado por alto hasta el momento en la preparación de la Conferencia de la Población, a no ser que se los quiera identificar con los factores culturales, en muchas ocasiones apenas mencionados; pero en este caso la terminología sería demasiado genérica y deficiente. Abrigamos la esperanza de que la comunidad internacional se esforzará por subsanar esta laguna, para que nadie pueda reprocharla que ha tratado problemas fundamentales de la vida humana sin tener presente – objetivamente y sin énfasis – lo que para muchos constituye su valor y su precio.

La Santa Sede piensa que recordar estos datos esenciales forma parte de la aportación específica que ella ofrece con sencillez y espíritu de servicio, en el momento en que se está realizando un esfuerzo para emplear gran cantidad de energías, y en el momento en que despierta una esperanza que se quiere satisfacer con preparación minuciosa y estrategia madurada durante largo tiempo. El «Plan Mundial de Acción», sometido de manera particular a la atención de la presente Consulta, sólo tiene este significado en la intención de sus promotores.

Hemos estudiado con el mayor detenimiento los distintos aspectos de este plan; nos hemos esforzado por seguir su trayectoria a través de las observaciones de los expertos, los debates de la Comisión para la Población y otras consultas preliminares.

Como muchos otros no dejarán de advertir, nosotros comprobamos que las redacciones y retoques sucesivos van mejorando continuamente el proyecto, limando sus aristas y tomando en consideración las distintas posturas, a veces contrapuestas, a menudo complementarias. Así puede vislumbrarse poco a poco lo que debe ser, a distintos niveles, una política de la población, política de múltiples exigencias y aspectos, recordados por el Papa en el discurso antes citado.

No cabe duda de que el plan está más logrado en aquellas partes que en el fondo son menos discutidas. Sería preciso todavía profundizar más en los problemas, reconocer los posibles puntos de resistencia, formular las líneas de acción que hay que recomendar.

La sección sobre la enfermedad y la mortalidad es excelente: rechaza de hecho la acusación que a veces se ha contra las admirables conquistas de la ciencia médica contemporánea de haber puesto en definitiva a la humanidad ante nuevas dificultades y de haberla obligado a soportar las consecuencias frenando su impulso. El texto afirma el valor de cada vida, cuándo declara que «reducir lo más que se pueda la enfermedad y la mortalidad es uno de los principales fines de la sociedad humana, hecha abstracción de su aportación y de sus objetivos sociales o económicos» (n. 6). En su conjunto, y aparte de alguna corrección, estamos de acuerdo con las sugerencias de esta parte.

Lo estamos también con las importantes secciones que tratan de la distribución de la población, las migraciones internas y las migraciones internacionales. Es bien sabido que mucho antes de que la situación demográfica mundial hubiese dado a las emigraciones su significado en este campo concreto, la Santa Sede había empezado ya a preocuparse activamente por cuanto se refiere a las emigraciones, por la acogida y la suerte de los emigrantes, sus derechos y deberes y su gradual integración. En esta materia, en la que hay todavía muchos intereses sin desentrañar, en la que hay aún mucho egoísmo en juego, donde – a pesar de progresos evidentes en algunos aspectos – existe la amenaza continua de un retroceso, el Plan de Acción contiene fórmulas que sería de desear pasaran a los tratados internacionales y a su aplicación.

Digamos, en fin que muy justamente el Plan de Acción prevé actividades ordenadas al acopio de datos y a la investigación. El programa trazado en la subsección referente a la investigación nos permite calcular el grado de inseguridad que tienen aún los conocimientos en materia de población y la modestia con que hay que manejarlos. Razón de más para emprender los estudios y para ponernos en condiciones de ver claro en asuntos tan discutidos, pero cuya solución es de capital importancia para el destino de la humanidad.

En la subsección «Formación, enseñanza e información» hay cosas de mucho valor; citamos una sola: la insistencia en el carácter pluridisciplinar de la ciencia de la población. En cuanto a la formación de la gente, nos hubiera gustado ver subrayado que el acceso a la instrucción en el sentido más completo de la palabra es la mejor manera de garantizar que el hombre cobre conciencia de sus responsabilidades, también en el campo de la procreación: es un medio tan eficaz – si no más como una enseñanza específica a todos los niveles en materia de población.

Dicho esto, tenemos que lamentar una laguna que nos parece fundamental en este serio trabajo. En el Plan, bien poco se dice del profundo desequilibrio de consumos que existe actualmente en el mundo y de la justicia internacional, cuya instauración es la primera condición para el restablecimiento del equilibrio entre el aumento de la población en algunas partes de nuestro planeta y la escasez de recursos en los mismos lugares. El Papa dijo también al Secretario general de la Conferencia: «Una vida plenamente humana, dentro de los cauces de la libertad y de la dignidad, quedará asegurada a todos los hombres cuando los recursos de la tierra hayan sido distribuidos de manera más equitativa; cuando las necesidades de los menos privilegiados hayan obtenido la prioridad efectiva en la distribución de las riquezas de nuestro planeta; cuando los ricos – ya se trate de individuos o de comunidades – se hayan empeñado seriamente en un esfuerzo nuevo de ayuda y de inversión en favor de los más desposeídos».

Sólo teniendo el atrevimiento de proponer el balance de las enormes lagunas existentes en este campo y adoptando valientemente las medidas adecuadas para hacerlas desaparecer, estaremos verdaderamente en condiciones de proponer una política encaminada a resolver las variables demográficas en su relación al desarrollo.

La Santa Sede no pretende encontrar aquí una escapatoria cómoda para escamotear el dilema demográfico, ni es su intención negar que «el número creciente de seres humanos en todo el mundo en general y en algunos países en particular plantea a la comunidad de los pueblos, así como a los gobernantes, un verdadero desafío», como dice el Papa. Pero tememos que, concentrándose exclusivamente sobre el aumento demográfico, haciendo de él el tema privilegiado de las campañas para el desarrollo y destinando enormes recursos para solucionar este único problema, se produzca un desequilibrio de perspectivas y se preparen nuevas frustraciones para la humanidad.

En efecto, es nuestra opinión que se requiere una delicadeza exquisita para tratar el problema de la población, tanto por los sectores que incluye como por los derechos del hombre que puede lesionar. Los padres deben ejercer plenamente su responsabilidad en la donación de la vida «reconociendo en su totalidad los propios deberes con Dios, consigo mismo, con la familia y con la sociedad, dentro de un justo respeto de los valores». En este sentido, el proyecto del Plan mundial de Acción – en esta sección sobre la que tendríamos reservas acerca de puntos concretos, pero a la que reconocemos con gusto una gran preocupación por salvaguardar los derechos del hombre y de la familia – recuerda muy oportunamente el derecho de los padres a determinar, con conocimiento de causa, de manera libre y responsable, la dimensión de su familia. Se recordará que este principio, todavía antes de que lo proclamara la Conferencia de los Derechos del Hombre de Teherán en 1968, figuraba en una resolución de la XVIII Asamblea mundial de la Salud de 1965, y en la resolución número 1211 de la Asamblea general de las Naciones Unidas de 1966. En una y otra ocasión, la intención de quienes promovieron la inclusión de ese texto era ante todo proteger la libre opción de los padres ante indebidas intervenciones del Estado, y proclamar su derecho a recibir del Estado asistencia y protección para, los hijos que trajeran al mundo.

En consecuencia, la Conferencia de Bucarest hará bien si desarrolla en este sentido las implicaciones del principio, afirmando la necesidad de políticas familiares que permitan a todas las parejas prolongarse en la familia de acuerdo con las dimensiones que ella misma haya establecido razonablemente, y no tolerando que corra el riesgo de verse castigada, expresamente o de facto, en virtud de sus opciones. El Plan de Acción atiende implícitamente a esto en su n. 20, pero, ¿será interpretado en este sentido un texto tan conciso?

Consideraciones de este tipo no pueden menos de dejarnos muy perplejos ante la posibilidad, para los Estados, de establecer porcentajes de reducción del índice de natalidad. Aun admitiendo que oficialmente los Gobiernos se esfuerzan solamente por influir en las motivaciones y por respetar en el fondo las decisiones de los esposos, ¿no se abre tal vez la puerta a abusos gravísimos y, al mismo tiempo, no comprometen a la sociedad en un camino arriesgado? En efecto, aun cuando, hablando cuantitativamente, la cosa parezca evidente a primera vista, no está dicho que, a la larga, la difusión de un modelo de «familia nuclear» represente la solución demográfica ideal, en la medida en que sea realista, puesto que las aspiraciones de los hombres, sobre esta materia, varía.

Es muy triste a este respecto, especialmente dentro del marco de la preparación de la Conferencia de Bucarest, que no se hayan estudiado – en las sociedades desarrolladas que están viviendo desde hace una y en muchos casos desde hace dos generaciones según un tipo de «familia nuclear» – los factores morales (hay que llamar a las cosas por su nombre), culturales y económicos que han llevado a esta reducción radical de los índices de natalidad. ¿Qué tipo de bienestar se ha buscado de esta manera? ¿Qué significado tiene esta regresión en términos de educación en el sentido profundo de la palabra, de reciedumbre de carácter, de formación humana, de equilibrio de la sociedad? Una vez más, no es el caso de cerrar los ojos ante los problemas nuevos, pero no hay que pretender resolverlos a la ligera adoptando medidas que tal vez han originado ya nuevos problemas, sin tener en cuenta por lo menos lo que hemos indicado.

Hay que registrar, finalmente, otra ambigüedad del Plan de Acción. Este no señala en absoluto, si no es por alusión o por implicación, que el recurso a los contraceptivos y a métodos aún más radicales se apoya mucho más en ensayos pragmáticos, más o menos felices, que en la seguridad de una investigación científica rigurosa, severamente controlada. La distribución de contraceptivos a gran escala, los consejos e incluso las presiones para hacer uno de ellos, entra dentro del cuadro de una crisis científica, en la que aún no se ha dicho la última palabra. Es por consiguiente un tanto temerario pronosticar su difusión ilimitada, y sobre todo propagar entre la gente la impresión de que todo está solucionado bajo este aspecto.

Finalmente debo recordar que no es una opción arbitraria ni la fidelidad a una tradición cultural superada lo que hace que se reivindique aquí la existencia del derecho a la vida, del respeto debido a la vida y a sus fuentes, en oposición a la contracepción, a la esterilización y al aborto. El Papa, para decirlo claramente, aludió a estas tres prácticas en el discurso ya citado, cuando dijo al Secretario general de la Conferencia: «Ninguna presión hará desviar a la Iglesia hacia compromisos doctrinales o soluciones miopes».

La Iglesia sabe que, si no es competencia suya proponer soluciones de índole puramente técnica, es sin embargo deber suyo pronunciarse acerca de las soluciones que dependen de la ética. Lo ha hecho ya así, y no se siente con el derecho de desdecir lo que ha formulado a este respecto. Piensa por tanto no haberse negado a ninguna posibilidad de contribuir a hacer frente a los graves problemas demográficos de hoy, y tal vez sobre todo de mañana.

Ninguno de los desafíos lanzados contra la humanidad actual, si quiere sobrevivir, se resolverá con soluciones simplistas; todos, incluido el proyecto del Plan de Acción, prevén graves mutaciones en uno u otro sector.

Nosotros creemos que el hombre, «dueño de sus propios actos y juez de su valor», es capaz de efectuar estas mutaciones «en conformidad con la naturaleza que el Creador le ha dado, y de la cual asume libremente las posibilidades y las exigencias».


***L'Osservatore Romano. Edición semanal en lengua española n. 30 p.9, 10.

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INTERVENTO DELLA SANTA SEDE ALLA CONSULTAZIONE REGIONALE EUROPEA
PREPARATORIA ALLA CONFERENZA MONDIALE SULLA POPOLAZIONE

INTERVENTO DI P. HENRI de RIEDMATTEN, O.P.****

Ginevra, 30 maggio 1974




La Santa Sede, consapevole che la sua natura e la sua vocazione sono universali, e che essa non si colloca in nessun raggruppamento geografico o socio-politico, ha tuttavia accettato volentieri l’invito a partecipare a questa consultazione, che costituisce uno dei preliminari alla Conferenza Mondiale sulla Popolazione di Bucarest. Facendo ciò, la Santa Sede intende testimoniare il proprio desiderio sincero di contribuire positivamente all’esame, da parte della Comunità internazionale, di uno dei problemi più gravi che abbia mai incluso nel programma dei suoi lavori. «La popolazione» – diceva il Santo Padre Paolo VI nell’indirizzo rivolto al Segretario Generale della Conferenza, il 28 marzo scorso – «sono gli uomini, le persone umane». E ancora: «La discussione dei problemi della popolazione chiama in causa la finalità stessa della persona umana». Pone all’umanità intera la questione capitale del senso stesso della sua crescita.

Alcuni, in uno spirito che vorrebbe essere oggettivo o nella preoccupazione di sdrammatizzare il dibattito, hanno auspicato che il contesto dell’Anno e della Conferenza sulla Popolazione resti accuratamente limitato ad un livello cosiddetto «tecnico» o «scientifico»: ma si risolve forse un problema tacendone i termini della posta in gioco? Il nostro tema si riferisce alla vita, al complesso delle questioni poste dal valore della vita, al suo sviluppo, alle sue leggi e anche alla concezione dell’uomo della propria vita che tutto ciò evoca; tutte le preoccupazioni sollevate nella documentazione preparatoria a Bucarest vertono alla fine intorno al diritto ad una vita pienamente umana in una terra ospitale per ogni uomo e per tutti gli uomini. Il primo paragrafo del progetto del Piano Mondiale d’Azione dice chiaramente che lo scopo primario del nostro lavoro è l’obiettivo primario dello sviluppo autentico: rendere l’uomo – che è padrone delle proprie azioni e giudice del loro valore – autore egli stesso del proprio progresso, in conformità alla natura donatagli dal Creatore e della quale egli assume liberamente le possibilità e le esigenze (cfr. Populorum progressio, n.34). Noi proponiamo questi termini, tratti dalla Enciclica Populorum progressio, a coloro che si sforzano di afferrare più da vicino la nozione di «qualità della vita», di cui tanto si discute nella nostra documentazione, ma che sembra spesso subire la minaccia di essere identificata con i suoi soli condizionamenti socio-economici.

L’individuo, responsabile delle proprie azioni e giudice del loro valore, non è mai solo, neppure legalmente, quando si tratta della trasmissione della vita, che è il cuore del problema demografico. All’origine delle decisioni che danno il via al processo, c’è una coppia; essa agisce nell’esercizio di diritti e di doveri che sono suoi propri, e fonda così la famiglia nella quale il diritto naturale, ripreso nelle formulazioni di diversi testi internazionali, riconosce la cellula-base di tutta la società.

E’ certamente un buon procedimento riconoscere, nelle motivazioni che spingono l’uomo e la donna a dare la vita, tutta la gamma degli elementi che intervengono, moti della natura, fattori sociologici ed economici, desiderio di continuarsi, nonché volontà di dominare; ma sarebbe grave ignorare i più alti, come se si trattasse solo di sublimazioni fittizie riducibili a fattori più primari: la ricerca di un bene autentico, il dono di sé, soprattutto l’amore, amore tra gli sposi e amore per i bambini che si chiamano all’esistenza. Non possiamo nascondere la nostra delusione che fattori come questi siano passati finora sotto silenzio nella preparazione della Conferenza sulla Popolazione, salvo che non li si voglia identificare con i fattori culturali, spesso appena menzionati; ma in tal caso la terminologia sarebbe troppo generica e difettosa. Vogliamo sperare che la Comunità internazionale si sforzerà per rimediare a questa lacuna, perché non le si debba rimproverare di aver trattato problemi fondamentali della vita umana senza avere – oggettivamente e senza enfasi – considerato ciò che per molti ne costituisce il valore e il prezzo. La Santa Sede pensa che richiamare questi dati essenziali fa parte del contributo specifico che essa offre con semplicità e con spirito di servizio, nel momento in cui si sta compiendo uno sforzo per impegnare una grande somma di energie, e in cui si risveglia un’attesa che si vuole soddisfare con una preparazione minuziosa e con una strategia a lungo maturata. Il «Piano Mondiale d’Azione», sottoposto in modo particolare alla attenzione dell’attuale Consultazione, ha solo questo significato nell’intenzione dei suoi promotori.

Abbiamo studiato con la maggiore cura possibile i diversi aspetti di questo piano; ci siamo sforzati di seguirne il cammino attraverso le osservazioni degli esperti, i dibattiti della Commissione per la Popolazione ed altre consultazioni preliminari. Come molti altri non mancheranno di rilevare, noi costatiamo che la successione delle redazioni e degli aggiustamenti non cessano di migliorare il progetto, di smussarne gli angoli, di tener conto delle posizioni diverse, talora contrapposte, spesso complementari. Così a poco a poco si può intravedere quella che deve essere a diversi livelli una politica della popolazione, politica dalle esigenze e dagli aspetti molteplici, ricordati dal Papa nel discorso già citato. E’ indubbio che il piano risulta meglio riuscito in quelle parti che in fondo sono meno soggette alla controversia. Occorrerebbe ancora approfondire i problemi, riconoscere i possibili punti di resistenza, formulare le linee d’azione da raccomandare. La sezione sulla malattia e la moralità è eccellente: essa esclude di fatto il rimprovero talora rivolto alle ammirevoli conquiste della scienza medica contemporanea di avere in definitiva posto l’umanità davanti a nuove difficoltà e di averla costretta a trarne le conseguenze frenando il suo slancio. Il testo afferma il valore di ogni vita, quando dichiara che «la riduzione della malattia e della mortalità al più alto grado possibile è uno dei maggiori scopi della società umana, fatta astrazione dal suo contributo e dai suoi obiettivi sociali o economici» (n.6). Nell’insieme, e con riserva o dell’una o dell’altra correzione, noi siamo d’accordo con i suggerimenti di questa parte. Lo siamo anche con le importanti sezioni relative alla distribuzione della popolazione, le migrazioni interne e le migrazioni internazionali. E’ ben noto che, molto tempo prima che la situazione demografica mondiale avesse dato alle emigrazioni il loro significato in questo campo preciso, la Santa Sede aveva già cominciato a preoccuparsi attivamente di quanto riguarda le emigrazioni, dell’accoglimento e della sorte degli emigranti, dei loro diritti e doveri, e della loro graduale integrazione. In questa materia, dove tanti interessi non sono stati ancora totalmente districati, ove è in giuoco ancora tanto egoismo, ove – malgrado evidenti progressi su alcuni aspetti – si è incessantemente minacciati da un regresso, il Piano d’Azione contiene formule che desidererebbe veder rifluire nei trattati internazionali e nella loro applicazione. Con ragione, infine, il Piano d’Azione prevede attività destinate alla raccolta di dati e alla ricerca. Il programma stabilito nella sotto-sezione relativa alla ricerca lascia misurare quanto incerte restino ancora le conoscenze in materia di popolazione e con quale modestia occorra maneggiarle. Ragione di più per intraprendere gli studi e per metterci in grado di veder chiaro in argomenti così controversi, ma la cui soluzione è capitale per il destino dell’umanità.

Vi sono cose validissime nella sotto-sezione «Formazione, insegnamento e informazione»; ne citiamo solo una, l’insistenza sul carattere pluridisciplinare della scienza della popolazione. Quanto alla formazione della gente, avremmo desiderato vedere sottolineare che l’accesso all’istruzione nel senso più completo della parola garantisca nel modo migliore il risveglio dell’uomo alle sue responsabilità, anche nel campo della procreazione, quanto – se non anche meglio – di un insegnamento specifico a tutti i livelli in materia di popolazione. Detto questo, dobbiamo lamentare una lacuna che ci sembra fondamentale in questo lavoro impegnativo. Ben poco è detto, nel Piano, sul profondo squilibrio dei consumi che regna attualmente nel mondo e sulla giustizia internazionale, la cui instaurazione è la prima condizione di un riequilibrio tra la popolazione crescente di alcune parti del globo e le risorse limitate degli stessi luoghi. Al Segretario generale della Conferenza, il Papa diceva ancora:«Una vita pienamente umana, in libertà e in dignità, sarà assicurata a tutti gli uomini e a tutti i popoli quando le risorse della terra saranno state distribuite più equamente, quando i bisogni dei meno privilegiati si vedranno accordare una priorità effettiva nella distribuzione delle ricchezze del nostro pianeta, quando i ricchi – sia individui che collettività – si saranno impegnati in uno sforzo nuovo di aiuto e di investimento in favore dei più poveri». Solo osando proporre il bilancio delle lacune enormi esistenti in questo campo e prendendo coraggiosamente le misure adatte a farle scomparire, si sarà veramente in grado di proporre una politica volta a risolvere le variabili demografiche in rapporto allo sviluppo. La Santa Sede non intende trovare qui una scappatoia facile per evitare il dilemma demografico, né intende negare che «il numero crescente degli uomini nell’insieme del mondo, e in particolare in alcuni Paesi, costituisca una sfida per la comunità dei popoli come per i governi», come dice il Papa. Ma noi temiamo che dal concentrarsi esclusivamente sull’aumento demografico, dal farne l’argomento privilegiato delle campagne per lo sviluppo, dal convogliare enormi risorse sulla soluzione di questo solo problema, derivi lo squilibrio delle prospettive e si preparino all’umanità nuove frustrazioni.

Ci sembra infatti che il problema della popolazione richieda, trattandolo, una delicatezza particolarissima per i settori che include e per i diritti dell’uomo che può colpire. I genitori debbono esercitare pienamente la loro responsabilità nel dono della vita «riconoscendo nella totalità i propri doveri verso Dio, verso se stessi, verso la famiglia e verso la società, in un giusto rispetto dei valori». In questo senso, il progetto del Piano Mondiale d’Azione – nella sezione circa la quale avremmo delle riserve su punti precisi, ma alla quale riconosciamo volentieri una grande preoccupazione di salvaguardare i diritti dell’uomo e della famiglia – ricorda molto opportunamente il diritto dei genitori a determinare, in modo libero, informato e responsabile, la dimensione della loro famiglia. Si ricorderà che questo principio, prima ancora di essere proclamato dalla Conferenza dei Diritti dell’Uomo di Teheran nel 1968, figurava in una risoluzione della XVIII Assemblea Mondiale della Sanità del 1965, e nella risoluzione numero 1211 dell’Assemblea Generale delle Nazioni Unite del 1966. In quelle due occasioni, l’intenzione di coloro che promossero l’inserimento di un tale testo era prima di tutto di proteggere la libera scelta dei genitori contro interventi indebiti dello Stato, e di proclamare il loro diritto di ricevere – al contrario – dallo Stato medesimo, assistenza e protezione per figli che chiameranno alla vita. La Conferenza di Bucarest farà bene, di conseguenza, a sviluppare in questo senso le implicazioni del principio, affermando la necessità di politiche familiari che permettano ad ogni coppia di espandersi nella famiglia secondo le dimensioni che essa stessa avrà ragionevolmente stabilito, e non tollerando che essa rischi, per le sue scelte, di trovarsi punita espressamente o de facto. Il piano d’Azione provvede implicitamente questo nel suo n. 20, ma sarà interpretato in tale modo un testo così conciso?

Considerazioni di questo genere non possono non lasciarci fortemente esitanti davanti alla possibilità, per gli Stati, di stabilire indici di quantità per la riduzione del tasso della natalità. Anche ammettendo che ufficialmente i governi si sforzano soltanto di influire sulle motivazioni e di rispettare in fondo le decisioni degli sposi, non si apre forse la via ad abusi gravissimi e, nello stesso tempo, non impegnano le società per una via avventurosa? Infatti quantunque, quantitativamente parlando, la cosa appaia a prima vista evidente, non è detto che, a lungo andare, la diffusione di un modello di «famiglia nucleare» rappresenti la soluzione demografica ideale, nella misura in cui sia realista, poiché le aspirazioni degli uomini variano nella materia. E’ molto triste che a questo riguardo, specialmente nel quadro della preparazione della Conferenza di Bucarest, non si sia studiato – nelle società sviluppate che vivono da una e spesso due generazioni secondo un tipo di «famiglie nucleari» – quali fattori morali (bisogna chiamare le cose con il loro nome), culturali, economici abbiano condotto a questo abbassamento radicale degli indici di natalità. Quale tipo di benessere è stato in questo modo perseguito, e quale significato ha questo regresso in termini di educazione nel senso profondo della parola, di robustezza di temperamento, di formazione umana, di equilibrio della società? Ancora una volta, non è il caso di coprirsi la faccia davanti ai nuovi problemi, ma non bisogna pretendere sconsideratamente di risolverli con provvedimenti che forse hanno già creato nuovi problemi, senza almeno tener conto di quanto abbiamo segnalato.

Bisogna infine rilevare un’altra ambiguità del Piano d’Azione. Esso non segnala affatto, se non per allusione o per implicazione, che il ricorso ai contraccettivi e a metodi ancora più radicali si basa molto più su tentativi pragmatici – più o meno felici – che non sulla sicurezza d’una rigorosa ricerca scientifica e di seri controlli. La distribuzione di essi su larga scala, i consigli e persino le pressioni a farne uso, si collocano nel quadro di una crisi scientifica in cui l’ultima parola non è stata ancora detta. Vi è dunque una certa temerarietà nel presagire la loro diffusione senza limiti e soprattutto nel diffondere fra il pubblico l’impressione che tutto sia risolto sotto questo aspetto. Devo infine ricordare che non è una scelta arbitraria o la fedeltà ad una tradizione culturale sorpassata che fanno qui rivendicare l’esistenza del diritto alla vita, del rispetto dovuto alla vita e alle sue sorgenti, in opposizione alla contraccezione, alla sterilizzazione e all’aborto. Il Papa, per dirlo chiaramente, ha fatto allusione a queste tre pratiche nel discorso già citato, quando ha detto al Segretario Generale della Conferenza: «Nessuna pressione dovrà far deviare la Chiesa verso compromessi dottrinali o soluzioni da stretta visuale». La Chiesa sa che, se non è sua competenza proporre soluzioni di carattere puramente tecnico, è però suo dovere pronunciarsi sulle soluzioni che dipendono dall’etica. Essa l’ha già fatto, e non si sente in diritto di deviare da quanto ha formulato a questo riguardo. Pensa pertanto di non essersi rifiutata ad ogni possibilità di contribuire a far fronte ai gravi problemi demografici di oggi, e forse soprattutto di domani. Nessuna sfida posta all’umanità di oggi, se vorrà sopravvivere, si risolverà con soluzioni semplicistiche; tutti, compreso il progetto del Piano d’Azione, prevedono sull’uno o sull’altro settore pesanti sconvolgimenti. Noi pensiamo che l’uomo, «padrone delle proprie azioni e giudice del loro valore», questi sconvolgimenti è capace di effettuarli «in conformità con la natura che gli è stata donata dal Creatore, e della quale egli assume liberamente le possibilità e le esigenze».



****L'Osservatore Romano 12.6.1974 p.2.

 

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