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Mgr Edouard GAGNON, P.S.S.

Intervention à la Conférence mondiale de la population*

Bucarest, 23 août 1974


Monsieur le Président,

Les responsabilités de la présente Conférence sont lourdes, mais tous ici présents, nous en sommes surs, sont décidés à les porter ensemble. Nous le ferons avec plus d’assurance si nous laissons éclairer notre route par une espérance faite de réalisme avec la conscience des difficultés, et de foi dans la possibilité de les vaincre. C’est dans cet esprit de service que le Saint-Siège participe à cette Conférence, désireux d’y apporter loyalement la contribution qui correspond à sa mission et à sa nature.

Rarement des assises internationales se sont attachées à un sujet plus grave que celui de la population, tel qu’il se pose aujourd’hui. Dans le problème de la population, nous touchons au rapport premier et fondamental de l’homme à 1’homme, le rapport vital dans lequel un homme reçoit d’un autre son existence et son insertion dans la communauté humaine. Les recommandations que la Conférence fera sont susceptibles d’affecter l’homme au plus intime de lui-même et dans l’exercice de ses droits les plus sacrés; leur impact pourra porter sur l’avenir des générations et des sociétés, dans leur vie, leur culture, leur structure, leur équilibre propres.

Monsieur le Président, une grande inquiétude est à l’origine de cette Conférence et de l’Année mondiale de la population. Sans doute est-elle nourrie aussi d’éléments artificiels, mais elle est d’abord fondée sur la réalité de deux grands problèmes humains: le sous-développement difficile à éliminer et la croissance malaisée à guider.

A cette première inquiétude s’en joint une autre: celle que la peur, toujours mauvaise conseillère, ne fixe 1’attention sur des rapports apparents plutôt que sur des causes profondes, qu’elle n’incline à des recours superficiels plutôt qu’à des solutions éprouvées et pleinement humaines. En effet, c’est l’homme qui est au centre du problème, et «1’homme n’est vraiment homme que dans la mesure où, maître de ses actions et juge de leur valeur, il est lui-même auteur de son progrès, en conformité avec la nature que lui a donnée son Créateur et dont il assume librement les possibilités et les exigences (Populorum progressio, n° 34)».

La Conférence a été précédée par un immense effort de recherche et d’échanges, dont témoigne l’abondante documentation mise à notre disposition. Les quatre Colloques notamment ont constitué une voie originale pour connaître la diversité des positions sur un sujet aussi délicat et particulièrement controversé. Le secrétaire général de la Conférence a complété les enquêtes par un Colloque sur les droits de l’homme, dont le rapport devra inspirer tous nos débats. Le ton et les perspectives des documents laissent voir que la Conférence, sans cela, courrait le risque de se cantonner dans des considérations socio-économiques, sans que soit affronté le problème bien plus capital des valeurs et des motivations. Ces réalités de l’ordre intellectuel, moral et spirituel, que la pratique des Nations Unies dénomme sommairement «facteurs culturels», comportent des éléments aussi fondamentaux pour notre sujet que le désir du bonheur, de l’amour, le prix de la vie.

Permettez-moi de m’arrêter un instant à cette dernière notion. Nos documents la mettent en évidence à deux propos, La lutte contre la morbidité et la mortalité, idéal intangible de toute société, et la préservation de la qualité de la vie, c’est-à-dire, pour reprendre les expressions d’un des Colloques, La recherche d’»une Vie plus chargée de sens», protégée contre le souci exclusif du développement économique. (E/CONF. 60/CBP/4 134). Pourtant, en général, et même lorsqu’on parle des motivations de la procréation, il n’est guère question du rôle et du respect de la vie ni des lois qui régissent le déroulement de la procréation elle-même.

La documentation révèle comme une pudeur à parler des enfants qui, selon la première Assemblée mondiale de la Santé, «représentent tout l’espoir de l’humanité future» (W.H.A., 1, 43). Si notre lecture a été exacte, il ne se trouve dans les rapports de base qu’une seule mention du bonheur recherché dans leur appel à la vie (B/CONF. 60/4 85).

A certaines affirmations sur la relation entre la prolongation de la vie et la natalité, on aurait même l’impression que l’intérêt pour la fécondité est mesuré par le souci du taux de remplacement (l’équilibre à réaliser entre taux de natalité et taux de mortalité: cf. E/CONF. 60/7 17). N’est-ce pas au fond qu’on a opté pour un certain type de bien-être qui n’est pas le tout du bonheur, pour un monde où les enfants se verraient écrasés dans un monde d’adultes, combien plus grands, plus sérieux et calculateurs!

Veillons, monsieur le Président, à ce que notre Conférence rejoigne les jeunes, lassés d’un certain idéal de sécurité, de terne modernisation, désireux peut-être de mieux et sûrement d’autre chose, prêts à maîtriser l’univers en le faisant humain et joyeux.

On comprendra que la Délégation du Saint-Siège se soit réjouie de l’attention particu1ière accordée à la famille dans la préparation de cette Conférence et dans l’organisation de ses travaux. A vrai dire, cependant, la fréquentation des documents nous laisse perplexes. II est difficile parfois de saisir si on y considère la famille pour ce qu’elle vaut en elle-même, ou si on cherche simplement à s’en faire une alliée dans la poursuite de certaines politiques. Elle semble considérée presque exclusivement sous ses aspects socio-économiques; peu d’allusions sont faites aux réa1ités profondes qui lui donnent naissance, qui rendent raison de sa fonction propre et qui lui permettent de s’épanouir.

L’affirmation de sa place dans la société et de ses droits semblerait même en régression si on la compare aux énoncés précis de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la bien plus récente Déclaration sur le progrès et le développement dans le domaine social (Nations Unies, 11 décembre 1969, art. 4). Le projet de Plan mondial d’action, au lieu de référer purement et simplement à de tels principes, les transforme en simples recommandations. Ainsi fait-il, dans son numéro 37 a), de 1’article 16, 3 de La Déclaration universelle «La famille est l’é1ément naturel et fondamental de la société» ou encore, au numéro 37 c), de l’article 16, 2 relatif à la liberté du consentement matrimonial.

Il n’aurait pas été hors de propos, par contre, d’analyser les liens qui se nouent à l’intérieur de la famille, l’ensemble des réalités qu’elle assume naturellement et en vue desquelles elle a droit «à la protection de la société et de l’État» (cf. Déclaration universelle, art. 16, 3).

C’est dans la famille que se vivent tant de ces problèmes de population, que se joue le sort de l’enfance, de la jeunesse et, partiellement, celui du troisième âge. Pour qu’elle ne soit pas mise hors de possibilité de remplir ces taches, il faut lui assurer les ressources matérielles, intellectuelles et spirituelles nécessaires à 1’accomplissement généreux et sa vocation.

Monsieur le Président, depuis environ vingt-cinq ans, la situation des deux tiers moins favorisés de la population mondiale est devenue le problème majeur auquel est confrontée à tous les niveaux la famille humaine. D’abord en sourdine et pour quelques pays seulement, puis de façon toujours plus incisive et généralisée, la question s’est posée de savoir si la croissance de la population mondiale, particulièrement de celle du monde en voie de développement, ne constituait pas un obstacle sérieux aux politiques de promotion. Le seul fait de participer à la Conférence contraint chacun de nous à prendre position à cet égard.

Dans les deux documents de base dont nous disposons sur le sujet, B/CONF. 60/4 et 5, on a tenté de préciser la relation entre croissance démographique, développement, ressources et environnement. En général, les constatations, fruits d’analyses soignées, se caractérisent par une modération et un souci d’objectivité auxquels il nous est agréab1e de rendre hommage. Nous souscrivons à cette conclusion du Rapport sur le Développement: «Lorsqu’on pose le problème de la population et du développement, il est essentiel de reconnaître qu’il ne s’agit pas d’éléments indépendants. L’accroissement démographique n’est pas la principale cause des problèmes du développement. Les politiques démographiques peuvent contribuer de façon importante à un développement plus rationnel, elles ne suffisent pas à résoudre ces problèmes (E/CONF. 60/4, n. 118). Nous prenons acte que les effets négatifs ramenés avec le plus de probabilité à la croissance démographique sont l’élargissement constant de l’écart entre le revenu par tête d’habitants des pays développés et celui des pays en voie de développement; le lent progrès de La productivité par rapport à la demande, surtout dans l’agriculture; une charge accrue dans certains secteurs, notamment dans celui de l’éducation.

Par contre, nous avouons être déconcertés par les perspectives retenues dans le même rapport (E/CONF. 60/4). Les déséquilibres affectant ou menaçant les pays en voie de développement semblent définis en fonction du seul potentiel national, comme si on faisait abstraction de la justice sociale internationale et de la solidarité entre les peuples. Certes, nous ne nierons pas que souvent les choses se passent comme si ces idéaux étaient des utopies. Cependant la coopération internationale et les activités de l’assistance technique ne sont plus, et depuis longtemps, de simples hypothèses de travail. Et si, pour reprendre les termes du Projet de Plan d’action mondiale, nous n’avons pas à redouter d’envisager «de vastes réformes sociales, institutionnelles et structurelles, qui peuvent avoir des effets sur la société tout entière» (E/CONF. 60/7, n. 29), ne devons-nous pas inscrire dans nos bilans tout le potentiel international en face du «défi» posé par «le nombre croissant des hommes... pour la communauté des peuples, comme pour les gouvernements»? Ce sont les termes du Pape Paul VI s’adressant au Secrétaire général de notre Conférence. Procéder ainsi, c’est respecter la priorité chronologique et éthique des solutions.

Compte tenu de l’»inertie démographique», dont les experts parlent souvent, et de l’efficacité réduite qu’ils attribuent aux campagnes systématiques de planification des naissances menées jusqu’ici, il est impératif, en effet, de donner toute sa portée à l’autre terme de la relation. Or, si le développement est affaire première des intéressés et qu’en un sens, à bien préciser, il existe une responsabilité de chaque pays dans la détermination des politiques de population, rien ne se fera par des nations laissées à leurs seuls efforts. Dans ce dernier cas, on peut se le demander, aboutiront-elles davantage avec moins d’habitants? On convient que les moyens de progresser, qui existent déjà pour le bénéfice de quelques-uns, doivent exister aussi pour tous les peuples. Un résultat important que les peuples ont le droit d’attendre de notre Conférence, c’est donc un appel énergique, assorti de recommandations appropriées, pour l’instauration d’un nouvel ordre dans le développement, demandé par Paul VI dans sa lettre au secrétaire général des Nations Unies à l’occasion de la Session spéciale de l’assemblée générale, en avril dernier. Les répercussions de la crise économique actuelle conduisent déjà les Etats à affronter une fois de plus une révision drastique des politiques économiques et commerciales internationales; il serait lamentable que la crise d’existence», vrai problème de la population, n’exerce pas le même effet stimulant, nous dirions même contraignant. Le marasme qui affecte présentement le monde développé l’avertit qu’il est sur une fausse route. Acceptera-t-il l’invitation à remédier à la formidable «inégalité sociale» d’aujourd’hui – celle des individus évoqués par le Rapport sur le développement (ibid., n. 110 à 115), et celles des peuples, plus frappante encore? L’égoïsme des riches y contribue plus largement que la fécondité des pauvres.

Ceci revêt une importance accrue lorsqu’on reconsidère la place que tient dans nos calculs la disponibilité des ressources devant les exigences de la consommation. Le Rapport sur les Ressources et l’Environnement (E/CONF. 60/5) ne nous semble ni utopiste ni par trop pessimiste à cet égard : il y a des possibilités de créer les ressources alimentaires et les ressources énergétiques pour une population bien au-dessus de celle que les calculs les mieux fondés laissent prévoir. Au lieu d’insister seulement sur l’ampleur des transferts de technologie et de capitaux requis pour l’utilisation de ces réserves, ne faut-il pas d’abord dénoncer le déséquilibre de la consommation qui confère une portée tout autre aux chiffres sur lesquels sont basées les prévisions? Je n’en cite qu’un seul, tire du Document E/CONF. 60/5 : «87 % de l’énergie» utilisée dans le monde de nos jours est consommée par les pays riches et 13 % seulement par le reste du monde». Le rapport pose des questions pertinentes: «Est-il possible, sinon opportun, de laisser l’utilisation d’énergie se poursuivre au rythme actuel dans les pays développés? …Les pays pauvres pourront-ils atteindre un niveau suffisant de consommation d’énergie pour échapper à la pauvreté et à la misère? C’est dans ce sens que va l’appel du Pape Paul VI dans sa lettre, déjà mentionnée, à M. Waldheim : «Nous faisons appel aux pays développés afin qu’ils fassent de plus grands efforts pour renoncer à leurs propres profits immédiats et pour adopter un nouveau style de vie qui exclura à la fois une consommation excessive et ces besoins superflus qui sont souvent créés artificiellement par une petite portion de la société en quête de richesses De même, il ne faut pas oublier qu’un style de vie fondé sur une consommation toujours plus grande a des effets nocifs sur la nature et l’environnement, et finalement sur la trempe morale de l’homme lui-même, et spécialement de la jeunesse».

Il y a bientôt trente ans, quand s’est répandue l’Europe une vague sans précédent de «personnes déplacées» on a constitué une classe particulière de sujets à qui tout avenir semblait fermé, y compris l’accueil dans une nouvelle communauté nationale. Ce fut le «hard core», le résidu, à propos duquel l’auteur d’un vigoureux plaidoyer lança la formule: «Des hommes en trop!» Il n’y a certes pas que cela dans le problème démographique contemporain, mais donnerons-nous l’impression qu’il y a des «hommes en trop» par rapport à l’accaparement des ressources et à leur consommation par un petit nombre?

Monsieur le Président,

Dans le souci de concentrer les esprits à l’aide d’un texte précis et pour éviter que quinze jours de travail ne demeurent sans résultats concrets, le Secrétaire général de la Confé­rence nous a soumis un « Projet de Plan mondial d’action» (E/CONF. 60/7). L’introduction du document indique ce que le Plan veut être un parallèle dans le secteur population aux Plans établis pour d’autres secteurs par diverses instances internationales dans le cadre de la Seconde Décennie du Développement «. A cette fin, il cherche «expressément à modifier les variables démographiques» (ibid, n. 1). Est-ce le tout d’une politique de population ou bien n’en est-ce qu’une part ? A notre sens, une authentique politique de population vise à établir le partage équitable des ressources et des espaces la contribution des divers groupes et classes d’âge à la vie nationale et internationale d’aujourd’hui et de demain; les responsabilités et les charges des Etats et de la communauté mondiale à l’endroit des populations existantes et à venir. C’est dans ce cadre que s’intègre la considération des variables démographiques, de leurs incidences et des éventuelles mesures à prendre.

Les perspectives du «Projet de Plan mondial d’action» ne sont pas aussi larges; ne serait-ce pas l’origine de ses carences? On y trouve, certes, d’excellentes choses sur la lutte contre la morbidité et la mortalité, sur l’étude et la recherche et, très particulièrement, sur les migrations. Ce sont des sujets sur lesquels on perçoit qu’un consensus se dessine progressivement. Notre délégation souhaite que la question des migrations reçoive toute l’attention qui lui est due. Les sections du Plan qui s’y réfèrent sont largement inspirées par le «Colloque sur les Droits de l’Homme», lui-même bien informé et très avisé dans ses suggestions.

Le souci majeur du Projet porte sur la réduction aussi rapide que possible des taux de natalité, tout en multipliant les réserves qu’impose le principe de la souveraineté des Etats. A diverses reprises, et récemment dans l’adresse du Saint-Père à MM. Carillo Flores et Salas et dans l’intervention de notre Délégation à la Consultation de Genève, le Saint-Siège a déclaré qu’il partageait les préoccupations suscitées par les actuels problèmes de population. Il ne pense pas pour autant que les actions à entreprendre doivent être commandées par une attention trop exclusive à une seule des variables démographiques. Le Projet de Plan nous paraît être en ceci unilatéral; nous nous en expliquerons plus en détail dans le Groupe de Travail compétent. Mais nous devons dire dès ici les profondes réserves qu’appellerait de notre part la mise en oeuvre de mesures directes et indirectes pour obtenir d’urgence une réduction chiffrée des taux de natalité. La Délégation du Saint-Siège l’a déjà dit à Genève: «Nous craignons qu’à se centrer exclusivement sur l’accroissement démographique, à en faire le sujet privilégié de campagnes pour le développement, à canaliser d’énormes ressources sur là solution de ce seul problème, on ne déséquilibre les perspectives et on ne prépare à l’humanité de nouvelles frustrations». Le Projet aurait dû faire preuve de rigueur dans la détermination des compétences de l’État au regard du principe premier de la liberté de choix des époux (cf. E/CONF. 60/CPB 10, n. 52). Ce principe est répété tout au long du Projet, mais n’est interprété que dans le sens d’un droit à la «limitation des naissances» dans l’intention de ceux qui furent les premiers à l’inscrire dans des textes internationaux, il s’agissait avant tout de protéger la liberté des époux contre les intrusions d’une politique indiscrète de réduction de la fertilité (AMS 18.49 et Assemblée générale 2211 [XXI]).

Beaucoup semblent croire que la «modernisation» assure un jugement parfaitement sain, donc, disent-ils, limitatif, en la matière. Mais c’est à la maîtrise de soi et au parfait exercice de la responsabilité qu’il faut tendre. Qu’une saine promotion y contribue, nous en sommes convaincus, encore que bien des expériences montrent que les moins aisés, voire les pauvres, sont souvent supérieurs aux riches en cela. Ce qui est sûr, c’est que l’éducation et la formation, qui font mûrir de telles attitudes, dépassent de beaucoup les perspectives socio-économiques et les compétences du seul Etat.

Enfin nous ne tairons pas que les passages du Plan relatifs à la contraception et aux moyens de prévenir les naissances ne nous sont pas acceptables. Ils ne le sont pas en ce qui concerne les contraceptifs, à propos desquels l’Eglise catholique s’est prononcée et est consciente de devoir réaffirmer et maintenir ses enseignements sans ambiguïté. Ils ne le sont pas non plus parce que nous n’avons aucune garantie que le recours à l’avortement ou la légalisation de celui-ci ne pourront s’en réclamer. Les incertitudes qui s’exprimèrent sur ce point au sein du «Colloque sur les Droits de l’Homme» (E/CONF. 60 CBP/4, n. 24, n. 76-82), ne sont pas faites pour calmer nos appréhensions.

Telles sont, monsieur le Président, les positions principales que la Délégation du Saint-Siège a mission de présenter à cette Conférence. Nous nous efforcerons dans le travail en Commissions d’en expliciter et d’en préciser certains points; nous nous appliquerons surtout à porter à nos collègues de la Conférence un esprit d’entière coopération. Nous restons persuadés qu’un travail largement constructif peut être accompli ici et qu’il le sera d’autant mieux qu’on ne transigera pas sur la fermeté des principes et qu’on ne lésinera pas dans la générosité des engagements. Veuille le Seigneur, de toute paternité tire son nom, nous y aider!

Je vous remercie, monsieur le Président.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°35 p.6, 7.

La Documentation catholique, n°1661 p.819-822.

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H.E.Msgr. Eduard Gagnon

Statement at the World Conference on Population, Bucharest**

23 August 1974

 

The responsibilities of the present Conference are heavy, but we are sure that all of us here have decided to share them. We shall do so with more assurance if we let ourselves be illumined by a hope which is grounded both in a realistic knowledge of the difficulties and in the belief that it is possible to overcome them. It is in a sprit of service that the Holy See takes part in this Conference, wishing faithfully to offer that contribution which corresponds to its own mission and nature.

Rarely have international gatherings concentrated on a subject graver than that of population, such as is posed today. The problem of population touches the primary and fundamental relationship between man and woman and their fellowmen, a relationship of vital importance, for it is from a man and a woman that a person receives his existence and his insertion into the human community. The recommendations which this Conference will make will be capable of affecting man in his most intimate being and in the exercise of his most sacred rights. Their impact will affect the future of generations and of societies, in their life, their culture, their structure, and their equilibrium.

A great unrest is at the root of this Conference and the World Year of Population. Undoubtedly this unrest is nourished by artificial elements, but, primarily, it is based on the reality of two great human problems: underdevelopment which is so difficult to eliminate, and growth which is difficult to control.

To this first unrest is added another: fear, always a bad counsellor, fixes our attention on apparent information rather than on deeper causes, tends to give superficial solutions rather than well proven and fully human ones. «And man is only truly man in as far as, master of his own acts and judge of their worth, he is author of his own advancement, in keeping with the nature which was given to him by his Creator and whose possibilities and exigencies he himself freely assumes» (Populorum Progressio, 34).

This Conference bas been preceded by an immense effort in research and exchange of ideas, to which the vast amount of documentation put at our disposal bears witness. The four symposia in particular have been a new way of getting to know the difference of positions on such a delicate and highly controversial subject.

The Secretary-General of the Conference has completed the enquiries with a symposium on Human Rights, and the report of that Symposium must be the inspiration for all our debates. The tone and the whole outlook of me documents serve to show that, without it, the Conference would run the risk of limiting itself to socio-economic considerations, without confronting the much more basic problems of values and motivations. These realities of the intellectual, moral and spiritual order, which it is the practice of the United Nations summarily to denote as «cultural factors», contain elements of fundamental importance for our subject, such as the desire for happiness, love and the value of life.

Allow me to pause for a moment at this latter notion. Our documents highlight it from two points of view: the struggle against illness and mortality – the intangible ideal of every society – and the preservation of the quality of life, that is to say, to use a phrase from one of the Symposia, the seeking for «a life more full of meaning», protected against «the exclusive anxiety for economic development» (E/CONF/60/ CBP/4/134). However, on the whole, even when there is reference to the motivations behind procreation, there is scarcely any mention of the role and of the respect for life or the laws which govern the unfolding of procreation itself.

The documentation displays a certain reluctance to speak of children, who, according to the First World Heath Assembly, «represent all the hope of future humanity» (WHA, 1, 43). If our reading has been correct in the basic reports there is only one mention of the satisfaction to be found in the children’s call to life (E/CONF/60/4/85).

Certain affirmations about the relationship between the prolongation of life and the birth-rate give the impression that interest for fecundity is to be measured by concern over the rate of replacement (the equilibrium which must be struck between the birth-rate and death-rate: cf. EICONF/60/7/17). Is it not true that, at the bottom of things, one has opted for a certain type of well-being which does not comprise the whole of happiness, for a world where the children will find themselves overwhelmed by adults, always more grown up, always more serious and calculating!

Let us be attentive to what our Conference will bring to the young who are weary of a certain ideal of security, of spiritless modernization and with confidence wish for things which may be better, but will certainly be different. They are prepared to assert their control of the universe by making if human and joyful.

One will understand the satisfaction with which the Holy Sees Delegation observed the special attention given to the family in the preparation for this Conference and in the arrangement of its work, but careful study of the documents leaves us somewhat perplexed. It is often difficult to know whether the family is being considered for its own intrinsic values or simply as an ally in pursuing certain policies. The family would appear to have been considered almost exclusively in its socio-economic aspects; few references are made to the profound realities which give it birth, which give reason to its proper function and permit its development.

The affirmation of the family’s place in society and of its rights would appear to be a step backwards if one compares it to the clear pronouncements of the Universal Declaration of Human Rights and the much more recent Declaration on Social Progress and Development (United Nations, 11 December 1969, Art. 4). The projected World Plan of Action, instead of referring in a simple and straight-forward manner to these principles, turns them into nothing more than recommendations. This can be seen in No. 37, a, with reference to article 16, 3of the Universal Declaration: «The family is the natural and fundamental group unit of society». And again in No. 37, c, with reference to article 16, 2 relative to the freedom of matrimonial consent.

It would not have been out of order, on the other hand, to analyse the bonds which knit the family together in its intimate life, the total complex of the realities which the family naturally assumes and because of which it has a right «to the protection of society and of the State» (cf. Universal Declaration, art. 16, 3).

It is in the family that many of the problems of population are experienced, that there is decided the fate of childhood, of youth, and to some extent of old age. Lest it should become impossible for the family to carry out its task, it should be assured of all the material, intellectual and spiritual resources which it needs to fulfil its vocation with generosity.

Over the last twenty-five years or so the situation of that two-thirds of the world’s population which is less favoured than the rest has become the major problem which faces the human family at every level. Al first, without fanfare and only in certain countries, then in an ever more incisive and general way, the question was asked whether the growth of the world’s population, particularly that of the developing world, did not constitute a serious problem for development policies. The very f act that we are taking part in this Conference obliges each one of US to take a stance in this regard.

The two basic documents which we have on the subject, E/CONF/60/4 and 5, try to clarify the relationship between demographic growth, development, resources and environment. In general, the findings, the fruits of careful analysis, are characterized by moderation and a desire for objectivity which we are happy to recognize. We ourselves subscribe to this conclusion of the Report on Development «As long as one poses the problem of population and of development, it is essential to realize that one is not dealing with unrelated elements. Demographic growth is not the principal cause of the problems of development. Demographic policies can contribute in a very important way to a more rational development; they are net sufficient to solve these problems» (E/CONF/60/4, n. 118).

We are well aware of the negative effects which are most probably connected with demographic growth: the constant increase in the gap which separates the «per capita» income of those living in the developed countries and that of countries still in the course of development; the slow progress of productivity in relation ho demand, above all in agriculture; the increased cost in certain setters, notably that of education.

On the other hand, we must make known our disappointment at the perspectives put forth in the same report (E/CONF/60/4). The imbalance which affects or threatens developing countries seems to be defined as being dependent solely on national potential, as though one were not considering international social justice and solidarity between peoples. We would be the last to deny that often things happen as though these were utopian ideas. However, international cooperation and technical assistance are no longer mere hypotheses, nor have they been solo, many years. If, to refer to the terms of the Project of a World Plan of Action, we are not to be afraid of envisaging «vast social, institutional and structural reforms, which can have repercussions on the whole of society (E/CONF/60/7, n. 29), then should we not include in our balance sheet the whole of the international potential, laced as we are with this «challenge» posed by «the increasing number of men ... for the community of peoples and for their governments»? – these are the words which Pope Paul VI addressed to fie Secretary-General of our Conference. To proceed in such way is to respect the chronological and ethical priority of our solutions.

Bearing in mind the «demographic inertia» often spoken of by experts, and of the reduced efficiency which they attribute to the systematic campaigns for planning the birth rate which have been carried out so far, we must, at the same lime, give full consideration to the other term of me equation. If development is primarily of importance to the interested parties and if, in a sense which must be closely defined, each country has a responsibility in determining policies regarding population, then nothing will be achieved by countries left to themselves. In such a case, one can ask if such countries would manage any better with less inhabitants. We agree that, broadly speaking, the means of progress already existing for some must be made available to all. The first thing which the peoples have a right to expect from our Conference is, therefore, an energetic appeal, backed up by suitable recommendations, for me inauguration of a new development order, called for by Paul VI in his letter to thee Secretary General of the United Nations on the occasion of the Special Session of the General Assembly last April (see above. par. 1382-1394). The repercussions of the present economic crisis have led States to undertake, yet again, a drastic revision of international economic and commercial policies. It would be lamentable if the «crisis of existence», the true population problem did not have the same stimulating and, we would readily say, compelling effect. The confusion which is at present affecting the developed world reminds it that it is on a wrong path. Will it accept the invitation to bring a remedy to the formidable «social inequality» of today - that of individuals, called to mind by the Report on Development (ibid. nn. 110- 115), and that of entire nations which is still more striking? The egoism of the rich plays a larger part in Ibis than the fertility of the poor.

All this takes on an increased importance because of the place we should give in our calculations to the availability of resources in the face of consumption demands. The Report on Resources and the Environment, E/CONF/60/5, is neither too utopian for over pessimistic in this regard: there are the possibilities of creating both food and energy resources for a population much greater than that which the most reliable calculations lead us to predict. Instead of insisting solely on an abundant exchange of the technology and capital required for the utilization of these resources, should we not, first of all, denounce the inequality in consumption which has quite a different effect on the figures our predictions are based on? I will quote just one statement from the Document E/CONF/6O/5: «Eighty-seven percent of the energy used in the world today is consumed by the rich countries and only thirteen percent by the rest of the world.» The report puts some pertinent questions: «Is it possible, or indeed opportune, to leave the utilization of energy to follow its present rhythm in the developed countries? ... Can the poor countries attain a sufficient level of energy consumption to escape from poverty and misery?» This is the sense in which Pope Paul made his appeal to Mr. Waldheim in the letter already mentioned... «we appeal to the developed nations to make greater efforts to forego their own immediate advantages, and to adopt a new life style that will exclude both all excessive consumption and those superfluous needs that are often artificially engendered ... by a limited segmental society in search of riches. Likewise, one should not forget that a life-style based on ever greater consumption has deleterious effects on nature and the environment and finally on the moral fibre of man himself, especially the youth». (See above, par. 1387)

It will soon be thirty years since, with an unprecedented wave of «displaced persons» scattered over Europe, a special class of people was formed to whom any future seemed closed, even their acceptance into a new national community. This was the hard core, the residue of this mass of people, with reference to which the author of a vigorous plea launched the formula: «the unwanted men». This is certainly not the whole of the contemporary demographic problem, but do we not give the impression that there are «unwanted men» in relation to the monopolization of resources and their consumption by a small number?

In a desire to concentrate our thoughts with the aid of a precise text, and to avoid the danger that fifteen days of work should render no concrete results, the Secretary General of the Conference has submitted a «Project for a World Plan of Action» (E/CONF/60/7). The introduction to the document shows what the Plan hopes to be «a parallel in the field of population to the plans established in other sectors by different international agencies within me framework of the second Development Decade». To this end, it seeks «expressly to modify the demographic variables» (ibid. 1). Is this the whole of a population policy or rather s t only a part? As we understand a genuine population policy will seek to establish the equitable sharing of resources and dwelling spaces; the contribution of different age groups and classes to the national and international life of today and of tomorrow; the responsibilities and tasks of States and of the world community will regard to populations already in existence and those yet to come. It is within this framework that there is integrated the consideration of the demographic variables, of their influence and of the eventual measures to be taken.

The perspectives of the «Project for a World Plan of Action» are so wide; could it not be that this is the origin of its short-comings? True, one finds here excellent comments on the struggle against illness and mortality, on study and research, and especially on migration. These are topics where a gradual consensus is seen to be emerging. Our Delegation wishes that the question of migration should receive all the attention that is its due. The sections of the Plan which refer to this are largely inspired by the «Symposium on Human Rights», itself well informed and to the point in its suggestions.

The main concern of the Project is in relation to the reduction, as rapidly as possible, of the birth rate, while repeatedly affirming the many limitations which are imposed by the sovereignty of States. On many occasions, most recently in me address of the Holy Father to Mr. Carrillo Flores and Mr. Salas and the intervention of our Delegation at the Geneva consultation, the Holy See has declared that it shares in the preoccupations which arise from the actual problems of population. But it does not think, for all this, that the actions to be taken should be guided by a too exclusive attention to the whole problem of demographic variables. The draft of the plan seems to us, in this respect, to be one-sided. We will explain this in more detail in the relevant working group. But we must mention here and now the considerable reservations which would be called forth on our part by the establishment of direct and indirect measures to obtain an urgent decrease in the birth rate. The Delegation of the Holy See has already said at Geneva: «We fear that to concentrate exclusively on demographic growth, to make it a privileged subject in campaigns on development, to channel huge resources into the solution of this one problem, is to upset the perspectives and only to prepare for mankind new frustrations». The Plan should have given an example of accuracy in determining the competence of the State regarding the first principle of the freedom of choice of married couples (cf. E/CONF/ 60/CPB 10, n. 52). This principle is repeated all through the Plan but is only interpreted as a right to «the limitation of birth». The intention of those who were the first to insert this in international texts was, above all else, to protest the freedom of the married couples against the intrusion of an indiscreet policy for the reduction of fertility (WHA 18, 49 and General Assembly 2211, XXI).

Many seem to believe that «modernization» assures a perfectly sound, and therefore in this matter they would say, restrictive judgment. But it is to self-control and to the perfect exercise of responsibility that we should aim. We are convinced that a healthy development contributes to this, especially since experience shows that the less well-to-do and even the poor, are often superior to the rich in this. This much at least is certain, that the education and the formation which develop such attitudes go well beyond the socio-economic perspectives and the competence of the State itself.

Finally, we will not pass over the fact that the passages of the Plan relative to contraception and the methods of preventing birth are not acceptable to us. They are not acceptable in what concerns contraceptives, in regard to which the Catholic Church has already made her position clear, and is aware of the need to reaffirm and maintain her teaching without ambiguity. Nor are these passages acceptable because we have no guarantee that those who have recourse to abortion and to its legalization will not appeal to them. The uncertainties expressed during the «Symposium on Human Rights» (E/CONF/6O/CPB/4, n. 24, nn. 76-82), do nothing to still our apprehensions.

Such are the principal positions which the Holy See’s Delegation has me task of presenting to this Conference. We shall make an effort in the Commissions to make certain points more explicit and more precise; we shall, above all, apply ourselves to bringing our spirit of complete cooperation to our colleagues in the Conference. We remain convinced that a largely constructive work can be accomplished here, and that it will be that much better if we do not compromise on the firmness of our principles and do not stint ourselves in the generosity of our commitments. May the Lord, from whom all fatherhood takes ifs name, help us in this.


**Paths to Peace p. 406-410.

L'Osservatore Romano. Weekly Edition in English n°36 p.2, 3.

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Mgr Edouard GAGNON, P.S.S.

Intervention à la Conférence mondiale de la population***

Bucarest, 23 août 1974

 

 

Señor Presidente

Las responsabilidades de esta Conferencia son enormes, pero todos los aquí presentes están decididos – no nos cabe duda – a sobrellevarlas juntos. Lo haremos con más seguridad si dejamos iluminar nuestro camino por una esperanza hecha de realismo, que conoce las dificultades, y de fe en la posibilidad de vencerlas. Es con este espíritu de servicio como la Santa Sede participa en esta Conferencia, deseosa de aportar lealmente la contribución que corresponde a su misión y a su naturaleza.

Raramente los Organismos Internacionales han tocado en sus reuniones un punto más grave que el de la población, tal como se presenta hoy día. En el problema de la población tocamos la relación primera y fundamental del hombre con el hombre, una relación vital en la cual un hombre recibe de otro su existencia y su inserción en la comunidad humana. Las recomendaciones que la Conferencia, hará son susceptibles de afectar al hombre en lo más intimo de su ser y en el ejercicio de sus derechos más sagrados; su impacto repercutirá en el porvenir de las generaciones y de las sociedades, en su vida, su cultura, su estructura, su propio equilibrio.

Señor Presidente: Una gran inquietud está en el origen de esta Conferencia y del Año mundial de la Población. Sin duda, tal inquietud está nutrida también por elementos artificiales, pero está, ante todo, fundada, en la realidad de dos grandes problemas humanos: el subdesarrollo difícil de eliminar y el laborioso crecimiento que hay que guiar.

A esta primera inquietud se junta otra: la de que el miedo, siempre mal consejero, nos haga fijar la atención sobre las relaciones aparentes, antes que sobre las causas profundas; y que nos incline a recursos superficiales, en vez de invitar a soluciones probadas y plenamente humanas. En efecto, es el hombre el que está en el centro del problema y «el hombre no es verdaderamente hombre sino en la medida en que es dueño de sus acciones y juez de su valor; él mismo es autor de su progreso, en conformidad con la naturaleza que le ha dado el Creador y de la cual asume libremente las posibilidades y las exigencias» (Populorum progressio, 34).

La Conferencia ha sido precedida por un inmenso esfuerzo de investigación y de intercambios, de los cuales da testimonio la abundante documentación puesta a nuestra disposición. Los cuatro coloquios especialmente han constituido un camino original para conocer la diversidad de las posiciones sobre un tema tan delicado y particularmente discutido.

El Secretario General de la Conferencia ha completado las encuestas con un coloquio sobre los derechos del hombre, y su informe deberá inspirar todos nuestros debates. El tono y las perspectivas de los documentos dejan ver que sin ellos la Conferencia correría el riesgo de limitarse a consideraciones socio-económicas, sin que fuese afrontado el problema tan capital de los valores y de las motivaciones. Estas realidades de orden intelectual, moral y espiritual, que la práctica de las Naciones Unidas denomina sumariamente «factores culturales», comportan elementos tan fundamentales para nuestro tema como son el deseo de felicidad, el amor, el precio de la vida.

Permitidme que me detenga un instante en esta última noción. Nuestros documentos la ponen en evidencia en dos coyunturas: al hablar de la lucha contra la morbididad y la mortalidad, ideal intangible de toda sociedad, y al referirse a la preservación de la calidad de la vida, es decir, para usar las expresiones de uno de los coloquios, a la búsqueda, de «una vida más cargada de sentido», protegida contra «la preocupación exclusiva del desarrollo económico» (E. Conf. 60/CBP/4, pár. 134). Sin embargo, en general e incluso cuando se habla de las motivaciones de la procreación, no se da mucha importancia a la función y al respeto de la vida ni a las leyes que rigen el desarrollo de la procreación misma.

La documentación revela un cierto reparo en hablar de los niños, que, según la primera Asamblea mundial de la Salud, «representan toda la esperanza de la humanidad futura» (W.H.A., 1, 43). Si nuestra lectura ha sido exacta, no se encuentra en los informes de base más que una sola mención a la dicha que se halla en su llamada a la vida (E. Conf. 60/4, pár. 85).

Ciertas afirmaciones sobre la relación entre la prolongación de la vida y la natalidad darían incluso la impresión de que el interés por la fecundidad es medido por la preocupación del coeficiente de reemplazamiento (el equilibrio a realizar entre el coeficiente de natalidad y el de mortalidad: cf. E. Conf. 60/7, pár. 17). ¡No será, en el fondo, que se ha optado por un cierto tipo de bienestar que no da la felicidad; por un mundo donde los niños se verían oprimidos en un mundo de adultos, demasiado grandes, demasiado serios y calculadores...!

Procuremos, Señor Presidente, que nuestra Conferencia llegue a los jóvenes, cansados de un cierto ideal de seguridad, de apagada modernización, deseosos quizás de algo mejor y ciertamente de algo diverso, prestos a dominar el universo, convirtiéndolo en humano y alegre.

Se comprenderá que la Delegación de la Santa Sede se haya alegrado de la atención particular dedicada a la familia en la preparación de esta Conferencia y en la organización de sus trabajos. Pero, en verdad, el estudio de los documentos nos deja perplejos. Es difícil, a veces, captar si en ellos se considera la familia por aquello que vale en sí misma o si se busca simplemente hacer de ella un aliado en la consecución de ciertas políticas. La familia parece considerada casi exclusivamente bajo sus aspectos socio-económicos; pocas alusiones se hacen a las realidades profundas que están en su origen, que explican su función propia y que le permiten expansionarse.

La afirmación de su lugar en la sociedad y de sus derechos parecería incluso en regresión si se la compara con los enunciados precisos de la Declaración Universal de los Derechos del Hombre y de la aún más reciente Declaración sobre el progreso y el desarrollo en el campo social (Naciones Unidas, 11 diciembre 1969, artículo 4). El proyecto del Plan mundial de acción, en lugar de referirse pura y simplemente a tales principios, los transforma en simples recomendaciones. Así se hace en el núm. 37, a) del art. 16, 3, de la Declaración Universal: «La familia es el elemento natural y fundamental de la sociedad», y de nuevo en el núm. 37, c) del art. 16, 2, relativo a la libertad del consentimiento matrimonial.

No habría estado fuera de propósito, por el contrario, analizar los lazos que se traban en el interior de la familia, el conjunto de las realidades que ella asume naturalmente y en vista de las cuales tiene derecho «a la protección de la sociedad y del Estado» (cf. Declaración Universal, art. 16, 3).

Es en la familia donde se viven tantos de los problemas de la población, donde se juega la suerte de la infancia, de la juventud y, parcialmente, de aquellos de la tercera edad. Para que a ella no le talle la posibilidad de cumplir sus tareas, es preciso asegurarle los recursos materiales, intelectuales y espirituales necesarios para la realización generosa de su vocación.

Señor Presidente: Desde le unos 25 años, la situación de los dos tercios menos favorecidos de la población mundial se ha convertido en el problema mayor con el que se enfrenta, a todos los niveles, la familia humana. Primero como en sordina y sólo en algunos países, después de forma cada día más incisiva y generalizada, se ha planteado la cuestión de saber si el aumento de la población mundial, particularmente de la del mundo en vías de desarrollo, no constituye un obstáculo serio a una política de promoción. El sólo hecho de participar en la Conferencia nos obliga a cada uno de nosotros a tomar posiciones a este respecto.

En los dos documentos de base de que disponemos sobre el asunto (E. Conf. 60/4 y 5), se ha intentado precisar la relación existente entre aumento demográfico, desarrollo, recursos y ambiente. En general; sus constataciones, fruto de análisis cuidadosos, se caracterizan por una moderación y deseo de objetividad, a los que gustosamente rendimos homenaje. Estamos de acuerdo con esta conclusión del informe sobre el desarrollo. «Cuando se plantea el problema de la población y del desarrollo, es esencial reconocer que no se trata, de elementos independientes. El incremento demográfico no es la causa principal de los problemas del desarrollo. Las políticas demográficas pueden contribuir de manera importante a un desarrollo más racional, pero no bastan para resolver estos problemas» (E. Conf. 60/4, núm. 118). Nosotros tomamos buena nota y estamos de acuerdo en que los efectos negativos ocasionados probablemente por el crecimiento demográfico, son el aumento constante de la diferencia en la renta «per capita» de los habitantes de los países desarrollados y la de los países en vías de desarrollo; el lento progreso de la productividad en relación con la demanda, sobre todo en la agricultura; una carga creciente en ciertos sectores, particularmente en el, de la educación.

Por el contrario, confesamos que estamos desconcertados por las perspectivas contenidas en el mismo informe (E. Conf. 60/4). Los desequilibrios que afectan o amenazan a los países en vías de desarrollo, parecen definidos únicamente en función del potencial nacional; es como si se hiciera abstracción de la justicia social internacional y de la solidaridad entre los pueblos. Ciertamente no negaremos que a menudo las cosas suceden como si estos ideales fueran meras utopías.. Sin embargo, la cooperación internacional y las actividades de la asistencia técnica no son – desde hace mucho tiempo – simples hipótesis de trabajo. Y si, para emplear los términos del Proyecto de Plan mundial de acción, no debemos tener miedo de planear «vastas reformas sociales, institucionales y estructurales, que pueden tener efectos sobre la sociedad entera» (E. Conf. 60/7, núm. 29), ¿no debemos incluir en nuestros balances todo el potencial internacional, a la vista del «desafío» lanzado por «el número creciente de hombres..., tanto a la comunidad de los pueblos como a los gobernantes?» En estos términos se expresaba el Papa Pablo VI al dirigirse al Secretario General de nuestra Conferencia. Proceder así es respetar la prioridad cronológica y ética de las soluciones.

Habida cuenta de la «inercia demográfica», de la que los expertos hablan a menudo, y de la poca eficacia que ellos atribuyen a las campañas sistemáticas de planificación de la natalidad llevadas a cabo hasta ahora, es necesario, en efecto, hacer dar toda su importancia al otro término de la relación. Ahora bien, si es verdad que el desarrollo es un asunto que concierne, ante todo, a los interesados y que, en cierto sentido, para ser más exactos, existe una responsabilidad de cada país en la determinación de las políticas de población, nada se hará con naciones abandonadas a sus propios esfuerzos. En tales circunstancias, puede preguntarse si ellos conseguirían mucho más con menos habitantes. Se suele aceptar que los medios de progresar que existen ya para beneficio de algunos, deben existir también para todos los pueblos. Un resultado importante que los pueblos tienen derecho a esperar de nuestra Conferencia es, pues, una llamada enérgica que contenga recomendaciones apropiadas para la instauración de un orden nuevo en el desarrollo, invocado por Pablo VI en su carta al Secretario General de las Naciones Unidas, con ocasión de la sesión especial de la asamblea general de abril último. Las repercusiones de la crisis económica actual conducen ya a los Estados a afrontar, una vez más, una revisión drástica de las políticas económicas y comerciales. Sería lamentable que la «crisis de existencia», verdadero problema de la población, no ejerciera, el mismo efecto estimulante, nos atreveríamos a decir incluso obligante. El marasmo que afecta actualmente al mundo desarrollado le advierte que está sobre una ruta falsa. ¿Aceptará la invitación a remediar la formidable «desigualdad social» actual – a de los individuos – evocada por el informe sobre el desarrollo (ibid. nn.110 al 115), o la de los pueblos, que es más importante todavía? El egoísmo de los ricos contribuye a ello en medida mayor que la fecundidad de los pobres.

Esto reviste más importancia cuando se considera el lugar que tiene en nuestros cálculos la disponibilidad de los recursos ante las exigencias del consumo. El informe sobre los Recursos y el Ambiente (E. Conf. 60/5), no nos parece ni utopista ni demasiado pesimista a este respecto: hay posibilidades de crear recursos alimenticios y energéticos para una población muy por encima, de la que los cálculos mejor fundamentados dejan prever. En lugar de insistir solamente sobre la amplitud de las transferencias de tecnología y de capitales requeridos para la utilización de estas reservas, ¿no hace falta, ante todo, denunciar el desequilibrio del consumo, que confiere un alcance bien diverso a las cifras sobre las cuales están basadas las previsiones? Yo no cito más que una, sacada del documento (E. Conf. 60/ 5): «El 87 por ciento de la energía utilizada en el mundo actual es consumido por los países ricos y solamente el 13 por ciento por el resto del mundo». El informe plantea algunas cuestiones pertinentes. «¿Es posible, si no oportuno, dejar que la utilización de la energía continúe al ritmo actual en los países desarrollados...? ¿Los países pobres podrán obtener un nivel suficiente de consumo de energía para escapar a la pobreza y a la miseria?» En esta dirección va la llamada del Papa Pablo VI en su carta, ya mencionada, al sr. Waldheim: «Nos hacemos una llamada a las naciones desarrolladas para que no regateen esfuerzos por dejar a un lado sus propias ventajas inmediatas y adopten un nuevo estilo de vida que excluya a la vez el excesivo 'consumismo' y las necesidades superfluas, que con frecuencia son creadas de manera artificial por un limitado sector de la sociedad, hambriento de riquezas, mediante el uso de los modernos medios de comunicación social. De la misma manera, no debería olvidarse que tal estilo de vida, basado en un creciente 'consumismo', surte efectos deletéreos en la naturaleza y el ambiente y al fin en la fibra moral del ser humano, sobre todo en la juventud».

Hace casi treinta años que se ha extendido por Europa una ola sin precedente de «personas desplazadas»; se ha formado una clase particular de individuos para los cuales todo porvenir parecería cerrado, incluso el de la aceptación en una nueva comunidad nacional. Fue esto, el «hard core», el residuo, a propósito del cual el autor de una vigorosa obra lanzó la fórmula: «¡Hombres en exceso!» Parecería que no hay nada más en el problema demográfico contemporáneo. Pero, ¿no estaremos dando la impresión de que hay «hombres en exceso» en relación con el acaparamiento de recursos y del consumo de los mismos por parte de un pequeño número de personas?

Señor Presidente: En el deseo de concentrar los esfuerzos sobre un texto preciso y para evitar que quince días de trabajos no desemboquen en resultados concretos, el Secretariado General de la Conferencia ha sometido a nuestra consideración un «Proyecto de Plan mundial de acción» (E. Conf. 60/7). La introducción del documento indica lo que este Plan quiere ser: algo paralelo, en el sector de la población, a los Planes establecidos para otros sectores por diversos Organismos internacionales, dentro del cuadro del «Segundo Decenio del Desarrollo». Para ello, él trata «expresamente de modificar las variables demográficas» (ibid n. 1). ¿Es esto todo en una política de la población o no es más que una parte? A nuestro juicio, una auténtica política de la población debe tender a establecer una distribución equitativa de los recursos y de los espacios; la contribución de los diversos grupos y clases de edad a la vida nacional e internacional de hoy y de mañana; las responsabilidades y las cargas de los Estados y de la comunidad mundial respecto de las poblaciones del presente y 'del futuro. En este cuadro es donde hay que integrar la consideración de las variables demográficas, de sus incidencias y de las eventuales medidas a tomar.

Las perspectivas del «Proyecto de Plan mundial de acción» no son tan amplias. ¿No será este el origen de sus carencias?. Se encuentran en él cosas excelentes acerca de la lucha contra la morbididad y la mortalidad, del estudio y la investigación y, muy particularmente, acerca de las migraciones. Puede notarse que se está delineando progresivamente un 'consensus' en estos temas. Nuestra Delegación desea que la cuestión de las migraciones reciba toda la atención que merece. Las secciones del Plan que hacen referencia a ello, están largamente inspiradas en el «Coloquio sobre los Derechos del hombre», que se basa sobre una buena información y da oportunas sugerencias.

La preocupación mayor del Proyecto mira a la reducción lo más rápida posible del coeficiente de natalidad, aun multiplicando las reservas que impone el principio de soberanía de los Estados. En diversas ocasiones, y recientemente en el Discurso del Santo Padre a los señores Carrillo Flores y Salas, así como en la intervención de nuestra Delegación durante las Consultas de Ginebra, la Santa Sede ha declarado que condivide las preocupaciones suscitadas por los actuales problemas de la población. Pero esto no quiere decir que ella piense que las medidas a tomar deban ser dictadas por una atención demasiado exclusiva a una sola de las variables demográficas. El Proyecto de Plan nos parece unilateral en este punto, como explicaremos más en detalle en el grupo de trabajo competente. Sin embargo, deseamos indicar desde ahora las profundas reservas que suscitaría por nuestra parte la puesta en práctica de medidas directas o indirectas, encaminadas a obtener con urgencia una reducción programada en cifras del coeficiente de natalidad. La Delegación de la Santa Sede lo ha dicho ya en Ginebra: «Tememos que concentrándose exclusivamente sobre el incremento demográfico, haciendo de ello el tema privilegiado de las campañas en favor del desarrollo y canalizando enormes recursos hacia la solución de este sólo problema, se desequilibren las perspectivas y se preparen nuevas frustraciones para la humanidad».

El Proyecto habría debido dar prueba de rigor en la determinación de las competencias del Estado respecto del principio primario de la libertad de elección de los esposos (cf. E. Conf. 60/ CPB 10, n. 52). Este principio está repetido a lo largo del Proyecto, pero se lo interpreta únicamente en el sentido de derecho a la «limitación de los nacimientos». En la intención de quienes fueron los primeros a inscribir tal principio en los textos internacionales, se trataba ante todo de proteger la libertad de los esposos contra las intrusiones de una política indiscreta de reducción de la fertilidad (W.H. A. 18. 49 y Asamblea General 2211 – XXI –).

Muchos parecen creer que la «modernización» asegura un juicio perfectamente sano y por tanto – dicen ellos – limitativo, en el terreno que nos ocupa. Pero es al dominio de si mismo y al ejercicio perfecto de la responsabilidad hacia donde hay que tender. Que una sana promoción es que la educación y la formación, que hacen madurar tales actitudes, sobrepasan largamente las perspectivas socio-económicas y las competencias del solo Estado.

Finalmente, no queremos pasar por alto que los pasajes del Plan referentes al anticonceptismo y a los medios preventivos de la natalidad no son aceptables para nosotros. No lo son en cuanto a los anticoncepcionales, a propósito de los cuales la Iglesia Católica se ha pronunciado y es consciente de deber reafirmar y mantener sus enseñanzas sin ambigüedad. No lo son tampoco porque no tenemos garantía alguna de que no se va a buscar en ellos una justificación para recurrir al aborto o a la legalización del mismo. Las incertidumbres manifestadas acerca de este punto durante el «Coloquio sobre los Derechos del hombre» (E. Conf. 60/ CPB 4, n. 24, nn. 76-82), no fueron hechas para calmar nuestras aprensiones.

Tales son, Señor Presidente, las posiciones principales que la Delegación de la Santa Sede tiene por misión presentar a esta Conferencia. Nosotros nos esforzaremos por explicitar y precisar ciertos puntos durante el trabajo de las comisiones, poniendo todo nuestro interés en ofrecer a nuestros colegas de la Conferencia un espíritu di completa colaboración. Por lo demás, estamos convencidos de que puede ser realizado aquí un trabajo muy constructivo que lo será tanto más si no se transige en la firmeza de los principios ni se escamotea en la generosidad de los compromisos.

Que el Señor, de quien procede toda paternidad, nos ayude en ello. Muchas gracias, Señor Presidente.


***L'Osservatore Romano. Edición semanal en lengua española n°36 p.1, 2, 10.

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INTERVENTO DELLA SANTA SEDE ALLA
CONFERENZA MONDIALE SULLA POPOLAZIONE

INTERVENTO DI MONS. EDOUARD GAGNON, P.S.S.****

Bucarest, 23 agosto 1974




Signor Presidente,

le responsabilità di questa conferenza sono gravi, ma siamo certi che tutti i presenti sono decisi a sostenerle insieme. Lo faremo con più sicurezza se ci lasceremo illuminare dalla speranza che si fonda sia su una realistica consapevolezza delle difficoltà, sia nella fiducia che è possibile superarle. E’ in questo spirito di servizio che la Santa Sede prende parte a questa conferenza, desiderando sinceramente offrire quel contributo che corrisponde alla sua propria missione e alla sua natura.

Raramente le assise internazionali hanno avuto per tema un argomento più grave di quello della popolazione, così come esso oggi si pone. Il problema della popolazione tocca il rapporto primario e fondamentale tra l’uomo e i suoi fratelli, un rapporto di importanza vitale, perché è da un essere umano che l’uomo riceve la sua esistenza e il suo inserimento nella comunità umana. Le raccomandazioni che scaturiranno da questa conferenza saranno suscettibili di avere degli effetti sull’uomo nella sua essenza più intima e nell’esercizio dei suoi diritti più sacri. Esse potranno avere conseguenze sul futuro di generazioni e di società, nella loro vita, nella loro cultura, nella loro struttura, nel loro equilibrio.

Signor Presidente, una grande inquietudine è all’origine di questa Conferenza e dell’Anno Internazionale della popolazione. Senza dubbio questa inquietudine è stata alimentata da elementi artificiosi, ma all’origine essa è fondata sulla realtà di due grandi problemi dell’uomo: Il sottosviluppo che è tanto difficile da eliminare e la crescita della popolazione che è difficile da controllare.

A questa prima inquietudine se ne aggiunge un’altra: che la paura, sempre cattiva consigliera, focalizzi la nostra attenzione su informazioni superficiali anziché sulle cause più profonde, e ci spinga a dare soluzioni superficiali piuttosto che ben sperimentate e pienamente umane. «E l’uomo non è veramente uomo che nella misura in cui, padrone delle proprie azioni e giudice del loro valore, diventa egli stesso autore del proprio progresso. In conformità con la natura che gli ha dato il suo Creatore e di cui egli assume liberamente le possibilità e le esigenze» (Populorum progressio, 34).

Questa conferenza è stata preceduta da un grande sforzo di ricerca e di scambi di idee, come testimonia l’abbondante documentazione che ci è stata messa a disposizione. In particolare, i quattro Simposi hanno costituito un modo originale per conoscere la differenza di posizioni su un tema cosi delicato e particolarmente controverso. Il Segretario Generale della Conferenza ha completato le ricerche con un Simposio sui Diritti Umani, e il rapporto che ne è scaturito dovrà ispirare tutti i nostri dibattiti. Il tono e le prospettive dei documenti dimostrano che senza di esso la Conferenza correrebbe il pericolo di limitarsi a considerazioni socio-economiche, senza affrontare il problema ben più fondamentale dei valori e delle motivazioni. Queste realtà di ordine intellettuale, morale e spirituale, che la prassi delle Nazioni Unite indica sommariamente come «fattori culturali», contengono elementi tanto fondamentali per il nostro tema quali il desiderio di felicità, dell’amore, il valore della vita.

Consentitemi di fermarmi un istante su quest’ultima nozione. I nostri documenti la pongono in evidenza da due punti di vista: la lotta contro la morbilità e la mortalità, ideale incontestabile di ogni società, e la difesa della qualità della vita, vale a dire, per usare un termine adottato in uno dei Simposi, la ricerca di «una vita più piena di significato», protetta contro «l’esclusiva preoccupazione per lo sviluppo economico» (E/Conf.60 CBP/4, paragrafo 134). Pertanto, in genere, anche quando si parla di motivazioni relative alla procreazione, c’é scarsa menzione del ruolo e del rispetto per la vita o per le leggi che regolano la procreazione.

La documentazione dimostra una certa riluttanza nel trattare dei bambini, i quali, secondo la Prima Assemblea Mondiale della Sanità, «rappresentano tutta la speranza dell’umanità futura» (WHA 1, 43). Se abbiamo letto bene, nei rapporti di base viene citata soltanto una volta la soddisfazione che si prova nel chiamarli alta vita (E/Conf.60/4, paragrafo 85).

Certe affermazioni sulle relazioni tra i1 prolungamento della vita e la natalità danno l’impressione che l’interesse per la fecondità debba essere commisurato all’interesse per il tasso di ricambio (l’equilibrio da realizzare fra il tasso di natalità e il tasso di mortalità, cfr E/Conf./60/7, paragrafo 17). Non sarà che in fondo si sia optato per un certo tipo di benessere che non comprende tutta la felicità, per un mondo dove i bambini si troveranno sopraffatti dagli adulti, sempre più cresciuti, sempre più seri e calcolatori?

Facciamo attenzione, Signor Presidente, a quel che la nostra Conferenza porterà ai giovani, che sono stanchi di un certo ideale di sicurezza, di un progresso senz’anima, che desiderano forse altre cose, probabilmente migliori, ma senza dubbio diverse. Essi sono pronti ad affermare il loro controllo sull’universo rendendolo umano e gioioso.

I

Si comprenderà come la Delegazione della Santa Sede abbia accolto con soddisfazione la particolare attenzione data alla famiglia nella preparazione di questa Conferenza e nell’organizzazione dei suoi lavori, ma un attento esame dei documenti ci lascia alquanto perplessi. Spesso non si capisce bene se la famiglia venga considerata per i suoi intrinseci valori o semplicemente come un’alleata nel perseguire certe politiche. Sembrerebbe che essa fosse stata presa in considerazione quasi esclusivamente nei suoi aspetti socio-economici; sono pochi i riferimenti alle profonde realtà che ad essa danno origine, che conferiscono la ragion d’essere alla sua propria funzione e consentono il suo sviluppo.

L’affermazione del posto della famiglia nella società e dei suoi diritti sembra anch’essa un passo indietro se la paragoniamo al chiaro pronunciamento della Dichiarazione Universale dei Diritti dell’Uomo e all’ancora più recente Dichiarazione sul Progresso Sociale e lo Sviluppo (Nazioni Unite, 11 dicembre 1969, articolo 4). Il progettato Programma di azione mondiale, invece di riferirsi puramente a tali principi, li trasforma in semplici raccomandazioni. Ciò si può notare nel n. 37a, con riferimento all’articolo 16,3  della Dichiarazione Universale: «La famiglia e l’elemento naturale e fondamentale della società». E ancora al n. 37c, con riferimento all’articolo 16,2 relativo alla libertà del consenso matrimoniale.

Non sarebbe stato fuori luogo, d’altra parte, analizzare i legami che tengono unita la famiglia nella sua vita intima, l’insieme delle realtà che essa naturalmente assume e in vista delle quali essa ha diritto alla protezione da parte della società e dello Stato (cfr. Dichiarazione Universale, 16,3).

È all’interno della famiglia che vengono vissuti tanti problemi della popolazione, che si decide la sorte dell’infanzia, della gioventù e, in parte, quello della terza età. Per metterla in condizione di svolgere questi compiti, bisogna assicurare ad essa le risorse materiali, intellettuali e spirituali necessarie al generoso adempimento della sua vocazione.

II

Signor Presidente, da circa venticinque anni la situazione dei due terzi meno favoriti della popolazione mondiale è diventata il problema principale con cui si è confrontata a tutti i livelli la famiglia umana. Dapprima in sordina e soltanto in alcuni Paesi, poi in modo sempre più incisivo e generale, si è posto il problema di sapere se la crescita della popolazione mondiale, in particolare quella del mondo in via di sviluppo, non costituisse un serio ostacolo alle politiche di sviluppo. Il solo fatto che stiamo partecipando a questa Conferenza obbliga ciascuno di noi a prendere posizione su questo problema.

I due documenti di base al riguardo (E/Conf:60/4 e 5) cercano di chiarire il rapporto tra la crescita demografica, lo sviluppo, le risorse e l’ambiente. In generale, le constatazioni, frutto di analisi accurate, sono caratterizzate da una moderazione e da un desiderio di obiettività che siamo lieti di riconoscere. Anche noi ci sentiamo di sottoscrivere questa conclusione del Rapporto sullo sviluppo: «Quando si pone il problema della popolazione e dello sviluppo, è essenziale ammettere che si tratta di elementi interdipendenti. La crescita demografica non è la causa principale dei problemi dello sviluppo. Le politiche demografiche possono contribuire in maniera molto importante a uno sviluppo più razionale; ma esse non sono sufficienti a risolvere questi problemi» (E/Conf/60/4, n. 118).

Siamo convinti degli effetti negativi che sono legati molto probabilmente alla crescita demografica: Il costante aumento del divario che separa i redditi “pro capite”, di coloro che vivono nei Paesi sviluppati da quelli degli abitanti dei Paesi in via di sviluppo: il lento progresso della produttività in relazione alla domanda, soprattutto in agricoltura; l’aumento dei costi in certi settori, come quello dell’educazione.

D’altra parte, dobbiamo esprimere il nostro disappunto di fronte alle prospettive contenute nello stesso rapporto (E/Conf/60/4). Gli squilibri che affliggono o minacciano i Paesi in via di sviluppo sembrano essere definiti esclusivamente in funzione del potenziale nazionale, come se si prescindesse dalla giustizia sociale e dalla solidarietà fra i popoli. Certo non negheremo che spesso le cose accadono come se questi ideali fossero utopie. Tuttavia, la cooperazione internazionale e l’assistenza tecnica ormai non sono più delle semplici ipotesi di lavoro, e ciò da parecchio tempo. Se, per riprendere i termini del Progetto di Programma di Azione Mondiale, non dobbiamo spaventarci di prevedere «vaste riforme sociali, istituzionali e strutturali, che possono avere ripercussioni sull’intera società» (E.Conf/60/7, n. 29), non dovremmo allora includere nei nostri bilanci tutto il potenziale internazionale, dal momento che dobbiamo far fronte alla «sfida» lanciata, «dal numero crescente degli uomini... sia alla comunità dei popoli, sia ai governi?» – sono queste le parole che Paolo VI ha rivolto al Segretario Generale della nostra Conferenza. Procedere su questa strada significa rispettare la priorità cronologica ed etica delle nostre soluzioni.

Tenuto conto dell’«inerzia demografica», di cui gli esperti parlano spesso, e della limitata efficienza che essi attribuiscono alla campagna sistematica per la pianificazione delle nascite condotta finora, dobbiamo nelle stesso tempo prendere in attenta considerazione l’altro termine dell’equazione. Se lo sviluppo è di primaria importanza per le parti interessate e se, in un senso che deve essere chiaramente definito, ogni Paese ha una sua responsabilità nella determinazione di una politica della popolazione, allora nulla si otterrà da parte dei Paesi abbandonati a se stessi. In questo caso ci si può chiedere se essi trarranno dei vantaggi da un minor numero di abitanti. Noi conveniamo che gli strumenti di progresso già esistenti per alcuni siano messi a disposizione di tutti. La prima cosa che i popoli hanno il diritto di attendersi da questa Conferenza è, perciò, un energico appello, accompagnato da appropriate raccomandazioni, perché si instauri un nuovo ordine nello sviluppo, quello indicato da Paolo VI nella sua lettera al Segretario Generale delle Nazioni Unite in occasione della sessione speciale dall’Assemblea, tenutasi nell’aprile scorso. Le ripercussioni dell’attuale crisi economica hanno indotto ancora una volta gli Stati ad affrontare una drastica revisione delle politiche internazionali economiche e commerciali. Ci dobbiamo rammaricare se la «crisi di esistenza», il vero problema della popolazione, non esercita lo stesso potere stimolante, o per meglio dire, coercitivo. La confusione che affligge attualmente il mondo sviluppato lo avverte che si trova su una falsa strada. Accetterà esso l’invito a porre rimedio alla spaventosa «disuguaglianza sociale» di oggi – quella tra le persone, richiamata dal Rapporto sullo Sviluppo (ibid. nn. 110-115) e quella tra i popoli che è ancor più dolorosa? L’egoismo dei ricchi contribuisce a questa disuguaglianza molto di più che non la fecondità dei poveri.

Tutto ciò riveste un’importanza ancora maggiore se si considera il rilievo che dobbiamo dare nei nostri calcoli alla disponibilità delle risorse rapportata alle esigenze dei consumi. Il Rapporto sulle Risorse e l’Ambiente (E/Conf/60/5) non è né eccessivamente utopistica, né esageratamente pessimistico al riguardo; vi sono possibilità di dar vita a risorse sia di cibo, sia di energia per una popolazione molto più vasta di quella che i calcoli più attendibili lasciano prevedere. Invece di insistere soltanto sulla mole dei cambiamenti tecnologici e sui capitali necessari per l’utilizzazione di queste risorse, non dovremmo anzitutto denunciare la disuguaglianza dei livelli di consumi che conferisce una portata del tutto diversa alle cifre su cui sono basate le nostre previsioni? Ne cito semplicemente una, ricavata dal documento E/Conf/60/5: «L’87 per cento dell’energia usata oggi nel mondo è consumata dai Paesi ricchi, e soltanto il 13 per cento dal resto del mondo». Il rapporto pone alcuni interrogativi al riguardo: «E’ possibile, se non opportuno, lasciare che l’utilizzazione dell’energia continui con il ritmo attuale nei Paesi sviluppati? ...Possono i Paesi poveri arrivare a un livello di consumo di energia sufficiente a farli liberare dalla povertà e dalla miseria?». Un appello in tal senso fu rivolto da Papa Paolo al Signor Waldheim nella lettera sopra citata: «Ci appelliamo alle nazioni sviluppate affinché facciano maggiori sforzi per rinunciare ai loro vantaggi immediati, e adottino un nuovo stile di vita che escluda sia i consumi eccessivi sia i bisogni superflui che spesso sono stati creati artificiosamente... da una piccola porzione della società in cerca di ricchezza. Parimenti, non si dovrebbe dimenticare che uno stile di vita basato su un consumo sempre più esteso ha effetti deleteri sulla natura e sull’ambiente e in ultima analisi sulla fibra morale dell’uomo stesso, specialmente della gioventù».

Sono passati quasi trent’anni da quando, con un’ondata senza precedenti di profughi, disseminati per l’Europa, si è formata una speciale categoria di persone per le quali ogni futuro sembrava precluso, perfino la possibilità di essere accolte in una nuova comunità nazionale. Riferendosi a costoro l’autore di una vigorosa opera lanciò la formula: «Uomini di troppo». Certamente non è tutto qui il problema demografico contemporaneo, ma non diamo forse l’impressione che ci siano «uomini di troppo» in rapporto all’accaparramento delle risorse e al consumo delle stesse da parte di un piccolo numero di individui?

III

Signor Presidente, con l’intento di concentrare i nostri pensieri con l’aiuto di un testo preciso, e di evitare il rischio che quindici giorni di lavoro non conducano a risultati concreti, il Segretario Generale della Conferenza ha sottoposto un «Progetto per un Piano Mondiale di Azione» (E/Conf/60/7). L’introduzione a questo documento indica che tale Piano vuol essere un parallelo, nel campo della popolazione, ai piani stabiliti in altri settori da diverse agenzie internazionali nel quadro del «Secondo Decennio di Sviluppo». A tal fine, esso cerca «espressamente di modificare le variabili demografiche» (ibid., 1). È ciò il tutto della politica della popolazione o ne è piuttosto solo una parte? Secondo noi, una autentica politica della popolazione deve tendere a stabilire l’equa distribuzione delle risorse e degli spazi; il contributo dei diversi gruppi di età e classi alla vita nazionale e internazionale di oggi e di domani; le responsabilità e i compiti degli Stati e della comunità mondiale nei confronti delle popolazioni presenti e future. Si inserisce in questo quadro la considerazione delle variabili demografiche, della loro influenza e delle eventuali misure da prendere.

Le prospettive del «Progetto per un Piano mondiale di azione» non sono così ampie; non potrebbe essere ciò la causa di queste carenze? Vi si trovano certamente cose eccellenti sulla lotta contro la morbilità e la mortalità, sullo studio e sulla ricerca, in particolare sull’emigrazione. Su questi argomenti si avverte che si va diffondendo un graduale consenso. La nostra Delegazione desidera che il problema dell’emigrazione riceva tutta l’attenzione ad esso dovuta. Le sezioni del Piano che si riferiscono a questo problema sono ampiamente ispirate al «Simposio sui Diritti Umani», esso stesso ricco di informazioni e accorto nei suoi suggerimenti.

La preoccupazione maggiore del Progetto è in relazione alla riduzione, se possibile rapida, della natalità, pur ripetutamente riaffermando i limiti imposti dalla sovranità degli Stati. In molte occasioni e recentemente nel discorso del Santo Padre al Signor Carrillo Flores e al Signor Salas e nell’intervento della nostra Delegazione alla Consultazione di Ginevra, la Santa Sede ha dichiarato di condividere le preoccupazioni che nascono dagli attuali problemi della popolazione. Ma essa non ritiene per tutto questo che l’azione da promuovere debba dipendere da una troppo esclusiva attenzione ad una sola delle variabili demografiche. Il Progetto di Programma ci sembra, a questo proposito, unilaterale. Lo spiegheremo nei dettagli in seno al gruppo di lavoro competente. Ma dobbiamo ricordare ora qui le considerevoli riserve che solleverebbe da parte nostra l’adozione di misure dirette e indirette per ottenere urgentemente una riduzione del tasso di natalità. La Delegazione della Santa Sede ha già detto a Ginevra: «Temiamo che concentrandosi esclusivamente sulla crescita demografica, considerandola come un tema privilegiato nelle campagne sullo sviluppo, incanalando enormi risorse verso la soluzione di questo unico problema, si provochi uno squilibrio di prospettiva e si preparino all’umanità solo nuovi motivi di frustrazione». Il Progetto dovrebbe aver dato un esempio di rigore nella determinazione della competenza degli Stati circa il principio primario della liberta di scelta degli sposi (cfr. E/Conf/60/CPB 10, n. 52). Questo principio è ripetuto in tutto il Progetto, ma è interpretato soltanto come un diritto “alla limitazione delle nascite”. L’intenzione di coloro che per primi inserirono il principio nei testi internazionali era invece, soprattutto, di proteggere la libertà degli sposi contro l’intrusione di una indiscreta politica per la riduzione della fertilità (W.H.A. 18.49 e Assemblea Generale 2211-XXI). Molti sembrano ritenere che la «modernizzazione» assicuri un giudizio perfettamente sano, e perciò, dicono, limitativo, in materia. Ma è all’autocontrollo e al perfetto esercizio della responsabilità che si deve tendere. Siamo convinti che un sano sviluppo promozionale vi possa contribuire specialmente dal momento che, come dimostra l’esperienza, i meno favoriti, ed anche i poveri, sono spesso superiori ai ricchi in questo. Quel che almeno è certo è che l’educazione e la formazione che sviluppa queste attitudini va molto al di là delle prospettive socio-economiche e della competenza dello Stato stesso.

Infine, non sorvoliamo sul fatto che i passaggi del Piano relativi alla contraccezione e ai metodi per prevenire le nascite non sono accettabili per noi. Non sono accettabili per quanto riguarda i contraccettivi, circa i quali la Chiesa Cattolica ha già preso chiaramente la sua posizione, ed è cosciente di dover riaffermare e mantenere i suoi insegnamenti senza ambiguità. Né sono accettabili tali passaggi perché nessuno ci garantisce che non possano richiamarsi ad essi quanti hanno ricorso all’aborto e alla sua legalizzazione. Le incertezze manifestatesi su questo punto durante il «Simposio sui Diritti Umani» (E/Conf/60 CPB/4, n. 24, nn 76-82) sono tutt’altro che rassicuranti per noi.

Sono queste, Signor Presidente, le principali posizioni che la Delegazione della Santa Sede ha il compito di presentare a questa Conferenza. Faremo ogni sforzo nelle Commissioni per rendere certi punti più espliciti e più precisi; soprattutto, ci adopereremo per portare ai nostri compagni di lavoro la nostra più piena cooperazione. Rimaniamo convinti che un lavoro ampiamente costruttivo possa compiersi qui, e che esso potrà esserlo molto di più se noi non transigeremo sulla fermezza dei nostri principi e se non verrà meno la generosità del nostro impegno. Possa il Signore, dal quale ogni paternità prende il suo nome, aiutarci in questo. Grazie, Signor Presidente,



****L'Osservatore Romano 25.8.1974 p.5.

 

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