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Mgr Paul J. CORDES

Intervention à la 3e Conférence mondiale sur les femmes*

Nairobi, 19 juillet 1985




Je profite volontiers de cette occasion pour vous transmettre, madame la Présidente, ainsi qu’aux délégations des pays représentes à cette Assemblée, les salutations cordiales de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II. Comme vous le savez, le Saint-Père a manifeste à plusieurs reprises sa haute estime pour le travail réalisé par les Nations Unies, tant dans leur ensemble que dans leurs commissions spécialisées. Permettez-moi seulement de vous rappeler les paroles qu’il a adressées le 13 mai dernier à la Cour internationale de justice à La Haye:

«Le Saint-Siège accorde une grande importance à sa collaboration avec les Nations Unies et ses différents organismes.

Et pour souligner son appréciation vis-à-vis de votre organisation, le Saint-Père a énuméré toutes les occasions au cours desquelles il avait visité l’une ou l’autre de ces institutions:

- A l’Assemblée plénière des Nations Unies en octobre 1980;
- A la FAO à Rome en 1979;
- A l’UNESCO à Paris en 1980;
- Au Bureau international du travail à Genève en 1982 ;
- Au siège des organismes internationaux des Nations Unies à Vienne en 1983.

Poursuivant son discours, le Pape a ajouté: «C’est avec joie que j’ai accepté l’invitation du président de la Cour internationale de justice et je suis conscient du fait que celle-ci m’engage... J’espère que cette visite ne manquera pas de montrer dans quelle mesure l’Église catholique voudrait appuyer les efforts de ces organismes internationaux».

La participation d’une délégation du Saint-Siège à cette Conférence est – comme l’a été sa participation aux Conférences des Nations Unies a Mexico City et Copenhague – l’expression du vif intérêt que l’Eglise porte à la décennie de la femme telle qu’elle a été promue par les Nations Unies et de son engagement solidaire à son égard.

I.– Brèves remarques sur les résultats obtenus

Le travail réalisé au cours de la décennie a été énorme et il portera sans aucun doute de nombreux fruits. Par exemple, en ce qui concerne la formulation renouvelée du droit civil en de nombreux pays, on est parvenu à reconnaître l’égalité entre l’homme et la femme.

Des femmes de plus en plus compétentes et possédant une bonne formation professionnelle, ont pris leur place et assumé leurs responsabilités dans tous les domaines de la vie sociale, tout en remplissant leur mission familiale. Des améliorations juridiques importantes ont été apportées au statut socio-économique des femmes. L’instruction, à tous les niveaux, considérée comme une exigence de notre temps, leur est de plus en plus accessible. Enfin, à travers une culture et une politique appropriées, on continue à créer les conditions qui permettent à la femme de sortir des cadres limitatifs actuels et de décider en responsable de sa propre vie.

D’autre part, il faut tenir compte de tout ce qui reste encore à faire. Il est vrai que les activités des Nations Unies ont fourni de précieux instruments de travail pour l’élaboration des lois, dans les différents pays, par rapport à la question de la femme.

Mais, en beaucoup de cas, on n’a pas encore su les utiliser. Ce qui est écrit dans les documents n’a pas toujours des conséquences au niveau des faits réels. Ceci est surtout dû au fait que la problématique, en bien des circonstances, ne peut être résolue par des lois parce qu’elle a ses racines dans une mentalité déviée vis-à-vis de la femme. C’est la raison pour laquelle la société ne peut être amenée à reconnaître plus à fond la valeur et la dignité de la femme si elle ne tient pas compte de la relation homme-femme. C’est dans cette relation que se trouve plutôt le point névralgique du problème de la femme.

Il reste malheureusement vrai que les femmes sont encore parmi les principales victimes de situations ou d’événements dramatiques tels que: le fléau de la guerre, les crises économiques, la faim, l’émigration forcée, le sort tragique des réfugiés, la misère de la prostitution organisée, etc.

C’est pourquoi on ne peut pas considérer la clôture de la décennie de la femme comme la fin de la représentation du drame de la femme, sur laquelle le rideau va tomber et après laquelle il ne resterait plus qu’à applaudir les acteurs.

Le drame continue, ne serait-ce que parce que les orientations données jusqu’à maintenant semblent n’avoir vraiment tenu compte que d’une partie de la problématique concernant la femme.
 
II.– L’indispensable progrès socio-économique

Le critère primordial pour les travaux de la décennie et son point de référence permanent ont été le progrès socio-économique de la femme. Il s’agit là sans doute d’une question qui, dans l’ensemble de ce drame, ne manque pas de sauter aux yeux et que personne ne peut ignorer. Qui oserait nier l’importance des ressources économiques pour assurer une existence respectueuse de la dignité de la personne humaine! C’est pourquoi, au cours de son histoire, le christianisme n’a jamais cessé de combattre la pauvreté et la misère. L’Évangile engage tout chrétien à adopter une telle attitude.

Il nous annonce qu’à la fin des temps tous nos actes seront jugés. Le juge sera le Christ lui-même qui, dans sa proclamation du Royaume de Dieu, au cours de sa vie terrestre, n’a pas laissé de doutes sur le critère décisif de son jugement: tout sera mesuré au bien concret que nous aurons fait aux hommes et aux femmes, nos frères et sœurs (cf. Mt 25, 31 ss.).

C’est ainsi que l’histoire du christianisme est pleine d’hommes et de femmes qui ont cherche à faire face aux situations socio-économiques de leurs contemporains afin de les améliorer. Permettez-moi de vous en citer quelques exemples dans le passé le plus récent:
 
‑ Jacques Désiré Laval (†1864);
‑ Franziska Schervier (†1876);
‑ Francesca Saveria Cabrini (†1917);
‑ Madeleine Delbrel (†1964);
‑ Dorothy Day (†1980);
‑ Barbara Ward (†1981);
‑ Mère Theresa de Calcutta.

Nous ne pouvons pas citer ici les noms de tous ceux qui, de nos jours, dans les pays dits du Tiers Monde, s’engagent au service de la dignité humaine de toute personne. Leur service comporte toujours aussi la préoccupation de l’amélioration des conditions de vie matérielle. Mais je veux au moins citer leur nombre: les statistiques nous parlent de 212 584 religieuses au service de l’humanité dans les pays du Tiers Monde, sans compter les religieux et les auxiliaires volontaires laïcs. Ils sont tous conscients d’être envoyés et appuyés par l’Église dans cette tâche.

Je crois qu’il faut aussi mentionner les aides financières apportées par l’Église au service de l’humain: des collectes en vue de l’aide matérielle, des initiatives visant l’aide au développement, des subventions pour toutes sortes de programmes de formation et d’éducation. Puisque je suis d’origine allemande, je me permets de vous citer quelques chiffres de mon pays qui me sont mieux connus et donc mieux vérifiés.

En 1984, les différents organismes de l’Église catholique (Misereor, Adveniat, Missio et Caritas) ont apporté une contribution de près de 250 millions de dollars pour le travail dans le Tiers Monde. Par rapport à une population de 27 millions de catholiques, ceci signifie que, dans la moyenne, cette contribution a représenté plus de 10 dollars par fidèle. Même si l’on conteste souvent l’aide au développement parce qu’elle ne peut changer définitivement la situation des personnes; même si des contributions matérielles à certains pays sont parfois catégoriquement refusées parce qu’elles appuieraient un système corrompu – les faits cités confirment au moins que l’Église catholique prend au sérieux les besoins matériels de l’humanité, à savoir la dimension économique de l’existence des hommes et des femmes.

Il faut toutefois poser la question: peut-il y avoir un réel progrès, dans le plein sens du terme, sans référence à une vision d’ensemble de la personne humaine, de son être et de son devenir? Y a-t-il réel progrès si l’on ne tient pas compte de la valeur infinie de chaque être humain avec toutes ses conséquences: le respect de la dignité, l’égalité fondamentale de tous la liberté de conscience, le caractère sacré de la vie?

III.– Quelques observations en vue d’une perspective plus humaine

C’est pourquoi le Saint-Siège voudrait apporter quelques éléments de réflexion dans le cadre de cette décennie, concernant la dignité humaine de la femme.

a) Sans doute la personne humaine est, dans une certaine perspective, un être matériel, un des animaux de la terre, soumis comme eux à une infinie variété d’instincts et de conditionnements qui sont inhérents à ses particularités diverses tant naturelles que sociales, etc... mais en même temps la personne humaine est capable, en raison de son intelligence et de sa liberté, de transcender ces conditionnements pour affirmer et réaliser ce qui, objectivement, est juste, vrai, bon, conforme a sa destinée humaine spécifique.

C’est justement dans cette capacité de transcendance vis-à-vis des conditionnements dont il est le sujet, que réside la dignité de l’être humain. A l’instar de quelques-unes des plus grandes traditions religieuses de l’humanité, l’Église catholique voit dans ce processus permanent de transcendance de tous les conditionnements qui limitent la liberté humaine un dialogue établi entre la personne et une présence divine qui la guide vers sa vérité.

De cette capacité de transcendance, caractéristique de la personne humaine, naît un devoir: celui de combattre et d’abolir toutes les situations où la personne est un être humilié et offensé, violé dans sa sacralité, réduit à une seule dimension de son être, bref, toutes les situations où l’être humain n’est pas traité comme une personne et se voit dénier la reconnaissance de sa pleine dignité humaine, à cause de sa race, de son sexe ou encore d’autres facteurs naturels ou sociaux. N’est-ce pas opprimer gravement la femme que de ne la considérer que comme moyen de production ou comme élément indispensable d’une économie de consommation ?

La lutte pour garantir un minimum de soutien matériel doit donc être animée par la conviction de la valeur irremplaçable de la personne humaine et s’appuyer sur cette base. Autrement on verra réapparaître les vieux ennemis de la dignité de la femme: la discrimination sexuelle, la réduction de la femme à un objet ou à un instrument privés d’une fin transcendante et accordant la primauté aux déterminations liées au sexe.

b) En se limitant à la perspective socio-économique de la promotion de la femme, on risque également de détruire de grandes valeurs humaines, spécifiques de l’apport des femmes dans la société.

En bien des situations, la femme a pu conserver quelques valeurs essentiellement humaines, les transmettre aux nouvelles générations, les préserver pour la culture humaine universelle.

Fréquemment mise à l’écart, de façon relative, par une société ou régnait un esprit de compétition et où les rapports entre les hommes étaient réglés presque exclusivement par l’échange de biens équivalents ou par la guerre, la femme a conservé beaucoup plus profondément une éthique du don, de l’offrande gratuite, désintéressée, simplement motivée par un étonnement admiratif devant le miracle de la personne qui se manifeste dans l’autre ou par un pur désir de bonté à son égard. On retrouve là, d’ailleurs les attitudes fondamentales qui président au rapport de la mère avec son enfant.

Ces attitudes, il faut le dire, ne sauraient être considérées comme exclusivement féminines. Mais il se trouve que c’est plutôt la femme qui a conservé les valeurs fondamentales d’humanité qui, peu a peu, se sont effacées dans le monde masculin. Il est important que la promotion de la dignité féminine ne se réalise pas à travers une homologation de la femme au type masculin bourgeois, centré seulement sur lui-même oublieux de la loi qui est celle de l’existence personnelle. S’il devait en être ainsi, non seulement la dimension essentielle et mystérieuse de la féminité s’évanouirait, mais l’homme également, tout l’homme serait privé de quelque chose de vital. Il est plutôt nécessaire que cet ensemble de valeurs devienne, grâce a une juste valorisation de la spécificité féminine, un bien de la communauté humaine tout entière, qu’il ne soit pas déprécie et considéré de niveau inférieur et qu’il ne serve pas d’alibi pour perpétuer une situation de sujétion de la femme. Cependant, il reste vrai que la femme-mère a une voie d’accès particulière et privilégiée à ce monde des valeurs non compétitives, de communion, où le partage apparaît de façon plus évidente comme une loi essentielle de l’être. Il s’agit là de l’expérience de l’enfantement, de la mise au monde d’un enfant et de la maternité. Dans ce cas-là, accueillir une autre personne en soi et la porter vers sa maturité devient une expérience personnelle d’une particulière intensité qui engage entièrement le corps et l’esprit de la femme.

La tradition culturelle et religieuse la plus ancienne de même que les sciences humaines modernes, nous confirment qu’il y a une expérience décisive pour la constitution de l’identité de la femme comme de l’enfant. Au cours de cette expérience, la femme a cependant besoin d’une aide et d’un soutien de tout son contexte culturel et social. Chaque femme a le droit d’attendre son enfant au sein d’une famille stable, dans une relation d’amour avec le mari et le père qui soit défendue et garantie par la loi. Chaque femme a le droit d’être protégée et défendue contre les ingérences de la société ou de l’État qui voudraient priver la maternité de sa sacralité originelle, avilissant la sexualité féminine ou détruisant par l’avortement le fruit de la conception. Chaque homme a également le droit d’acquérir une parfaite connaissance de son propre corps et de ses fonctions biologiques qui lui permette soit une meilleure compréhension de son expérience vitale dans la conception et la mise au monde de son enfant, soit un contrôle raisonné de sa propre fertilité, de telle façon que la dignité attribuée par Dieu à la sexualité humaine comme expression matérielle du don réciproque des personnes ne soit pas avilie mais au contraire magnifiée.

c) Le travail de la femme, comme celui de l’homme doit être considéré à partir de sa dignité humaine. Certes, le travail est un moyen de gagner son pain mais il est également vrai qu’il ne saurait être séparé du contexte de la vie familiale ni opposé à celle-ci. Il est donc nécessaire d’étudier des modes de travail qui par leurs horaires, leurs rythmes, leur organisation soient tels qu’ils ne créent pas d’obstacles à la fonction parentale, de telle sorte que la maternité n’implique pas pour la femme une exclusion automatique et injuste du travail.

Il est également nécessaire de mettre en oeuvre les formes de protection du salaire familial qui, reconnaissant le service rendu par les parents à toute la société, permette à la mère de se consacrer entièrement à la vie familiale, quand les exigences de la famille elle‑même l’imposent.

Pour parvenir à une vraie émancipation humaine, la femme ne doit pas avoir besoin de renoncer à sa propre féminité et à l’expérience de la maternité dans le mariage, où elle trouve son accomplissement et sa plus grande valorisation. Il est plutôt nécessaire que nos sociétés s’ouvrent à des valeurs non compétitives de paix, de partage de la souffrance, d’offrande spontanée et gratuite de soi, qui se sont conservées et transmises de génération en génération parmi les femmes, à travers une culture féminine qui, bien qu’elle n’ait jamais été officialisée, n’en a pas moins profondément marqué de son empreinte notre civilisation.

Pour les chrétiens (et aussi pour les musulmans) l’expression la plus haute de ce principe féminin de la culture se trouve en la personne de Marie, mère de Jésus. En lui confiant le destin du monde, nous confirmons que seul un changement culturel visant à récupérer jusqu’en ces racines cette dimension féminine de notre culture peut sauver l’humanité des menaces et des dangers qui pèsent aujourd’hui sur son horizon.

IV.‑ Conclusion

Bien des fois le philosophe Karol Wojtyla s’est prononcé sur la croissance humaine et le développement de la personne humaine vers la plénitude.

Il montre comment celle-ci se réalise dans et par l’action. D’une part il est évident que, par l’action, la personne entre en rapport avec le monde extérieur. Par l’action, elle exerce une influence sur son entourage et sur le monde qui l’environne. D’autre part, en agissant, elle se transforme aussi elle-même et se développe. Chacun de nous n’est-il pas à l’image de ce qu’il a fait et vécu?          

C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre le passage suivant de l’encyclique du Pape Jean-Paul II sur le travail: «Le travail est un bien de la personne humaine – il est un bien de son humanité – car, par le travail non seulement la personne transforme la nature en l’adaptant à ses propres besoins, mais encore elle se réalise elle-même comme personne et même, en un certain sens, elle devient plus personne» (n. 9.).

L’étude du thème qui nous concerne ici ne peut porter de fruits valables que si les femmes s’engagent elles-mêmes de plus en plus à agir. Personne – ni au niveau des gouvernements ni au niveau des structures sociales – ne peut réfléchir ni prendre des décisions à leur place. On ne peut pas leur imposer de l’extérieur des formes qui devraient contribuer à leur développement. Il faut, tout au contraire, leur laisser l’espace de liberté dans lequel elles puissent chercher elles-mêmes leur chemin.

L’exigence contenue dans le paragraphe 10 du document de la Conférence concernant les stratégies prospectives d’action pour la promotion de la femme (A/CONF 116/12) ne peut donc pas être considérée comme une revendication féministe. Elle est plutôt le fruit d’une analyse anthropologique que l’on ne peut que souligner: «La Conférence mondiale de Copenhague a interprété l’égalité, non seulement dans le sens d’une égalité légale, de l’élimination d’une discrimination de jure mais aussi comme une égalité des droits, des responsabilités et des possibilités offertes, dans la participation des femmes au développement à la fois comme bénéficiaires et comme agents actifs».


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°31, p.1, 2.

La Documentation catholique, n°1904, p.971-974.

 

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Mgr Paul J. CORDES

Intervention à la 3e Conférence mondiale sur les femmes**

Nairobi, 19 juillet 1985



The participation of a Delegation of the Holy See in this Conference is – as was its participation in the United Nations Conferences in Mexico City and in Copenhagen – the expression of the strong interest and commitment in solidarity which it brings to the Decade for Women, as it has been promoted by the United Nations.

The achievements which have been realized during the Decade have been enormous, and they will doubtless bring forth much fruit. For example, the new formulation of civil law in many countries has meant equality between men and women.

More and more competent and professionally trained women have taken their places and assumed their responsibilities in all aspects of the life of society, at the same time filling their familial mission. Important juridical improvements have been made to the socio-economic status of women. Education at all levels, considered a necessity in our times, is more and more accessible to women. Finally, through appropriate culture and policy, conditions are being created which allow women to leave contemporary limiting structures and to decide responsibly for their own lives.

On the other hand, all that remains to be done must be accounted for. It is true that the activities of the United Nations furnished valuable means of elaborating laws in different countries in the areas of women’s concerns. But, in many cases, the way to use them is not yet known. What has been written in the documents has not yet produced any results at the level of real life. This is due to the fact that the problem, in many circumstances, cannot be resolved by law because it has its roots in a mistaken mentality regarding women. Society cannot recognize more deeply the value and dignity of women if it does not take into account the relationship between men and women. It is in this relationship that the heart of the women’s question lies.

It is unfortunately true that women are still among the principal victims of the dramatic situations or events such as: the scourge of war, economic crisis, hunger, forced immigration, the tragic fate of the refugees, the misery of organized prostitution, and so on.

We cannot consider the closing of the women’s Decade as ending the presentation of the drama of women on which a curtain will fall, and afterwards we have only to applaud the actors.

The drama continues if only because the directions given up to this point, seem to have accounted for only a part of the problem concerning women.

The primary criterion for the work of the Decade and its permanent reference point has been the socio-economic progress of women. Unquestionably, this is a problem which, in the totality of the drama, confronts us, and no one can set it aside. Who would dare deny the importance of the economic resources to assure an existence which respects the dignity of the human person! Therefore, throughout its history, Christianity has never ceased to combat poverty and misery. The Gospel commits every Christian to adopt such an attitude.

The Gospel announces that, at the end of time, all our actions will be judged. The judge will be the very Christ who in proclaiming the Kingdom of God during His earthly life left no doubt about the decisive criterion of His judgement: everything will be measured by the good deeds that we have done to men and women, our brothers and sisters (Mt. 25:31 ff.). Thus, the history of Christianity is filled with men and women who tried to confront the socio-economic situations of their contemporaries in order to improve them. Allow me to cite some examples in the recent past:

Jacques Desire Laval (†1864); Francesca Saveria Cabrini (†1917); Madeleine Debrel (†1964); Dorothy Day (†1980); Barbara Ward (†1981); Mother Theresa of Calcutta.

It would be impossible to cite here the names of all those who, in our times in the countries of the so-called Third World, commit themselves to serve the human dignity of every person. Their service involves also a concern for the improvement of the material conditions of life. But I want at least to cite their number: statistics speak to us of 212,584 women religious in the service of humanity in the Third World without counting the men religious and the lay volunteers. All of them are aware of being sent and supported by the Church in their work.

I think we also must mention the financial help given by the Church to the service of humanity: collections for material assistance; initiatives aiming at development; collections for all sorts of programs of training and education.

Because I am of German origin, I can give you some figures from my country which are better known to me and therefore, better verified. In 1984, the different organizations of the Catholic Church (Misereor, Adveniat, Missio and Caritas) made a contribution of about 250 million dollars for work in the Third World. Compared to a population of 27 million Catholics, this means that, on the average, the contribution represents almost $10 per person.

Even if aid to development is contested because it does not definitely change the situation of persons; even if the material contributions to some countries are sometimes categorically refused because they would support a corrupt system, the facts just given confirm, at least, that the Catholic Church takes the material needs of humanity seriously, that is, the economic dimension of the existence of men and women.

Still, the question must be asked: can there be any real progress, in the full sense of the word, without reference to a total vision of the human person in being and in becoming? Is there real progress if the infinite value of each human person in all its consequences is not considered: respect for human dignity, the fundamental equality of all, freedom of conscience, and sacredness of life?

This is why the Holy See would like to bring a few reflections concerning the dignity of women into the framework of this Decade:

a) – Without doubt, the human person is, from a certain viewpoint, a material being, one of the animals of the earth, subject like them to an infinite variety of instincts and conditionings which are inherent to its diverse individual factors, both natural and social: race, language, sex, position in the social hierarchy, etc. But at the same time, the human person is capable, by reason of intelligence and freedom, of transcending these conditions to affirm and to realize what is objectively just, true, and good in conformity with the specific human destiny.

It is exactly in this capacity for transcendence of these conditions to which the human person is subject that the dignity of that human person resides.

Like others among the greatest religious traditions of humanity, the Catholic Church sees, in this permanent process of the transcendence of all the conditions which limit human freedom, a dialogue established between the human person and a divine presence guiding towards truth. Out of this capacity for the transcendence, which is characteristic of the human person, is born a duty: that of combatting and abolishing all the situations where the human person is humiliated and offended, violated in its sacredness, reduced to one dimension of being, in sum, all those situations where the human person is not treated as a person and is denied the recognition of full human dignity because of race, sex or other natural or social factors. Is it not gravely oppressive to consider a woman only as a means of production or as an indispensable element of a consumer economy?

The struggle to guarantee a minimum of material support must, therefore, be animated by a conviction of the irreplaceable value of the human person and it must be built on that foundation. Otherwise, we will see the reappearance of those old enemies of the dignity of women: sexual discrimination, women reduced to objects or to instruments deprived of a transcendent good and accorded importance by conditions determined by sex.

b) – In limiting the advancement of women to the socio-economic perspective, there is also the risk of destroying some great human values which are specific to women’s contribution to society.

In many situations, women have been able to conserve some essentially human values, transmitting them to the next generations and preserving them for universal human culture. Frequently rejected in a relative way by a competitive society, where human relationships are determined almost exclusively by the exchange of goods or by war, women have conserved, much more deeply than men, an ethic of giving, of free offering, in a disinterested spirit, simply motivated by an admiring astonishment before the miracle of the person that is ‘the other’ or by a pure desire of goodness toward the others. Therein lie the fundamental attitudes characteristic of the mother to the child.

These attitudes, of course, are not exclusively feminine. But, women have conserved fundamental human values which little by little have been erased in the masculine world, so the advancement of women must not be promoted by means of the «masculinisation» of women into self-centered bourgeois who forget the reality of humanity.

If this were so, not only that essential and mysterious dimension of femininity would disappear, but men also, that is, every human being would be deprived of a certain vitality. It is very necessary that, thanks to a correct evaluation of the specifically feminine, these values become common to all humanity, that they should not be depreciated and considered at a lower level, nor serve as an alibi for the perpetuation of the subjection of women. However, it is true that the mother has a special and privileged access to these non-competitive values of communion where sharing appears most clearly as an essential law of being. This is, of course, the experience of childbirth, of bringing a child into the world, and of maternity. Here, to welcome another person into one’s self becomes a personal experience of particular significance involving completely the body and the spirit of the woman.

The oldest culture and religious tradition as well as modern human sciences confirm for us that here is a definitive experience constituting the identity of the woman as well as of the child.

However, during this experience, the woman needs the help and support of her culture and society. Each woman has the right to a stable family during pregnancy, to a loving relationship with her husband, the father of her child, which is defended and guaranteed by law. Each woman has the right to be protected against the attacks of a society or a State that wishes to deprive maternity of its fundamentally sacred character, reviling feminine sexuality, or destroying the fruit of conception by abortion. Each woman also has the right both to a complete knowledge of her own body and of its biological functions so that she has a better understanding of her vital experience of the conception and birth of her child and also to a rational control of her own fertility so that the dignity given by God to human sexuality as a material expression of the mutual gift of persons not be diminished but rather magnified.

c) – The work of women as well as men must be considered as built on human dignity. Certainly, work is a means of earning one’s living, but it is equally true that it cannot be separated from nor opposed to family life. Necessarily, aspects of work must be studied so that, neither by their hours, their schedules nor their organizations, would they be obstacles to parenting in such a way that maternity might imply an automatic or unjust exclusion from work.

It is necessary to ensure forms of protection for family income which, recognizing the service rendered by parents to all of society, allow the mother to devote herself completely to family life when the demands of the family so require.

In order to attain a genuine human emancipation, a woman should not have to give up her own femininity and the experience of maternity in marriage where she finds fulfillment and her greatest significance. Instead, our societies must be opened to those non-competitive values of peace, sharing in suffering, spontaneous and free self-giving which are preserved and transmitted among women through a woman’s culture which, although never officially recognized, has nevertheless profoundly marked our culture.

For Christians, and also for Moslems, the highest expression of this feminine principle in culture is found in the person of Mary, mother of Jesus. In confiding to her the destiny of the world, we affirm our conviction that only a cultural change aiming at restoring this feminine dimension to the roots of our culture can save humanity from the threats and dangers which today darken the horizon.

Many times the philosopher Karol Woytyla has spoken on human growth and the full development of the human person. He shows how the human person realizes the potential in and through action. On one hand, evidently, it is through action that the person enters into relation‑ ship with the outside world.

It is by means of action that each person exercises an influence on the surrounding people and world. On the other hand, by means of action human persons transform themselves and grow. Isn’t it true that each one of us is the image of what we have lived and done.

It is in this perspective that we must understand the following passage of the Encyclical of Pope John Paul II on human labour (Section 9):

«Work is a good thing for man – a good thing for his humanity – because through work man not only transforms nature, adapting it to his own needs, but he also achieves fulfillment as a human being and indeed, in a sense, becomes more a human being».

The study of the theme which concerns us here cannot bring forth worthy fruit unless women commit themselves, more and more, to action. No one – neither at the level of Governments nor at the level of social structures – can either think or decide for them. Forms for their development cannot be imposed from outside. Women must, on the contrary, be allowed the freedom in which they themselves can search out their own way.

The demand contained in paragraph 10 of the Conference document concerning the forward – looking strategies of implementation for the advancement of women (A/CONF. 1/16/12) cannot be considered as a feministic battle-cry.

It is rather the fruit of an anthropological analysis that we can only underline: «The Copenhagen World Conference interpreted equality as meaning not only legal equality, the elimination of de jure discrimination, but also equality of rights, responsibilities and opportunities for the participation of women in development, both as beneficiaries and as active agents».


**Paths to Peace p.393-397.

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INTERVENTO DELLA SANTA SEDE ALLA
III CONFERENZA MONDIALE SULLE DONNE

INTERVENTO DI S.E. PAUL J. CORDES***

Nairobi, 19 luglio 1985

 



Approfitto volentieri di questa occasione per trasmettere a Lei, Signora Presidentessa, ed anche alle Delegazioni dei Paesi rappresentati in questa assemblea, i saluti cordiali di Sua Santità Giovanni Paolo II. Come voi sapete, il Santo Padre ha manifestato a più riprese la sua profonda stima per il lavoro compiuto dalle Nazioni Unite, sia nel loro complesso che nelle loro agenzie specializzate. Permettetemi solo di ricordarvi le parole che egli ha rivolto il 13 maggio scorso alla Corte Internazionale di Giustizia a L'Aja: « La Santa Sede attribuisce una grande importanza alla sua collaborazione con le Nazioni Unite e i suoi diversi organismi ». E per sottolineare il suo apprezzamento nei riguardi della vostra organizzazione, il Santo Padre ha enumerato tutte le occasioni nel corso delle quali egli aveva visitato l'una o l' altra di queste istituzioni:


— all'Assemblea Plenaria delle Nazioni Unite nell'ottobre 1980;
— alla FAO a Roma nel 1979;
— all'UNESCO a Parigi nel 1980;
— all'Ufficio Internazionale del Lavoro a Ginevra nel 1982;
— alla sede degli organismi internazionali delle Nazioni Unite a Vienna nel 1983.

Proseguendo il suo discorso, il Papa ha aggiunto:

«Con gioia ho accettato l'invito del Presidente della Corte Internazionale di Giustizia e sono cosciente del fatto che esso mi impegna... Spero, che questa visita non mancherà di dimostrare in che misura la Chiesa cattolica vorrebbe appoggiare gli sforzi di tali organismi internazionali».

La partecipazione di una Delegazione della Santa Sede a questa Conferenza è, come lo è stata, la sua partecipazione alle Conferenze delle Nazioni Unite a Città del Messico e a Copenaghen, l'espressione del vivo interesse che la Chiesa porta alla celebrazione del Decennio della donna promosso dalle Nazioni Unite e del suo impegno solidale al riguardo.

Il lavoro compiuto nel corso del Decennio è stato enorme e porterà senza dubbio numerosi frutti: per ciò che concerne la rinnovata formulazione del diritto civile ad esempio, si è giunti, in diversi Paesi, a riconoscere l'uguaglianza tra l'uomo e la donna.

Donne sempre più competenti e in possesso di una buona formazione professionale, hanno avuto una loro collocazione e assunto le loro responsabilità in tutti i campi della vita sociale, pur continuando ad adempiere la loro missione in seno alla famiglia. Importanti miglioramenti giuridici sono stati apportati allo statuto socio-economico delle donne. L'istruzione a tutti i livelli, considerata come un'esigenza del nostro tempo, è ad esse sempre più accessibile. Infine, mediante una cultura e una politica appropriate, si continuano a creare le condizioni che permettono alla donna di uscire dagli attuali quadri limitativi e di decidere in qualità di responsabile della propria vita.

D'altra parte, bisogna tener conto di quanto resta ancora da fare. E’ vero che le attività delle Nazioni Unite hanno fornito preziosi strumenti di lavoro per l'elaborazione delle leggi, nei diversi Paesi, in relazione alla questione della donna.

Ma in molti casi, non si è ancora saputo utilizzarli. Quanto è scritto nei documenti non ottiene sempre conseguenze sul piano pratico. Ciò è soprattutto dovuto al fatto che tale problematica, in molti casi, non può essere risolta con le leggi poiché essa affonda le sue radici in una mentalità deviata nei riguardi della donna. E’ questa la ragione per cui la società non può essere portata a riconoscere più a fondo il valore e la dignità della donna se non tiene conto del rapporto uomo-donna. E’ più che mai in questo rapporto che si trova il punto nevralgico del problema della donna.

Resta purtroppo vero che le donne sono ancora le vittime principali di situazioni o di avvenimenti drammatici quali: il flagello della guerra, le crisi economiche, la fame, l'emigrazione forzata, la tragica sorte dei rifugiati, la prostituzione organizzata, ecc...

Per questo non si può considerare la chiusura del Decennio delle donne come se fosse la fine della rappresentazione del dramma della donna sul quale cadrà il sipario e dopo il quale non resterà altro che applaudire gli attori.

Il dramma continua, non fosse altro che per i1 fatto che gli orientamenti finora dati sembrano avere tenuto veramente in conto soltanto una parte della problematica riguardante la donna.

Il criterio primordiale per i lavori del Decennio e loro costante punto di riferimento è stato il progresso socio economico della donna. Si tratta indubbiamente di una questione che, nell'insieme del dramma non può non saltare agli occhi e che nessuno può ignorare. Chi oserebbe negare l'importanza delle risorse economiche per assicurare una esistenza rispettosa della dignità della persona umana! Per questo nel corso della sua storia il Cristianesimo non ha mai cessato di combattere la povertà e la miseria. Il Vangelo impegna ogni cristiano ad adottare tale atteggiamento.

Esso ci annuncia che alla fine dei tempi tutti i nostri atti verranno giudicati. Il giudice sarà Cristo stesso che, nella sua proclamazione del Regno di Dio, nel corso della sua vita terrena, non ha lasciato dubbi sul criterio decisivo del suo giudizio: tutto sarà rapportato al bene concreto che avremo fatto agli uomini e alle donne, ai nostri fratelli e sorelle (cfr. Mt 25, 31 ss.).

La storia del Cristianesimo è piena di uomini e donne che hanno cercato di far fronte alle situazioni socio-economiche dei loro contemporanei allo scopo di migliorarle. Permettetemi di citare alcuni esempi tra quelli di più recente data:


‑ Jacques Désiré Laval (†1864);
‑ Franziska Schervier (†1876);
‑ Francesca Saveria Cabrini (†1917);
‑ Madeleine Delbrel (†1964);
‑ Dorothy Day (†1980);
‑ Barbara Ward (†1981);
‑ Madre Teresa di Calcutta.

Non possiamo citare qui i nomi di tutti coloro che, ai nostri giorni, nei Paesi detti del Terzo Mondo, si impegnano al servizio della dignità umana. Tale servizio implica sempre anche la preoccupazione del miglioramento delle condizioni di vita materiali. Ma volevo almeno citarne il numero: le statistiche ci riferiscono di 212.584 religiose al servizio dell'umanità nei Paesi del Terzo Mondo, senza contare i religiosi e gli ausiliari volontari laici, tutti coscienti di essere mandati e appoggiati dalla Chiesa, in questa missione.

Credo opportuno inoltre menzionare gli aiuti finanziari apportati dalla Chiesa al servizio dell'umanità: somme raccolte per aiuti materiali; iniziative miranti allo sviluppo; sovvenzioni per ogni tipo di programmi di formazione e di educazione. Poiché il sottoscritto è di origine tedesca, mi permetto di citarvi alcune cifre del mio Paese che mi sono meglio note e dunque già verificate.

Nel 1984 i diversi organismi della Chiesa cattolica (Misereor, Adveniat, Missio et Caritas) hanno apportato un contributo di circa 250 milioni di dollari per l'opera nel Terzo Mondo. In rapporto ad una popolazione di 27 milioni di cattolici ciò significa che in media questo contributo ha rappresentato più di 10 dollari per fedele. Anche se spesso si contesta l'aiuto allo sviluppo perché non può cambiare definitivamente la situazione delle persone; anche se i contributi materiali a certi Paesi sono talvolta categoricamente rifiutati perché appoggerebbero un sistema corrotto — i fatti sopra citati confermano tuttavia che la Chiesa cattolica prende sul serio le necessità materiali dell'umanità, ossia, la dimensione economica dell'esistenza degli uomini e delle donne.

Bisogna tuttavia porsi la domanda: vi può essere un progresso reale, nel senso pieno del termine, senza fare riferimento ad una visione d'insieme della persona umana, del suo essere e del suo divenire? Vi è vero progresso se non si tiene conto del valore incommensurabile di ogni essere umano con tutte le sue conseguenze: rispetto della dignità, uguaglianza fondamentale di tutti, libertà di coscienza, carattere sacro della vita?

Per questo la Santa Sede vorrebbe offrire alcuni elementi di riflessione nel quadro di questo Decennio, riguardanti la dignità umana della donna.

a) Senza dubbio la persona umana è, in una certa prospettiva, un essere materiale, uno degli animali della terra, sottoposto, come questi, ad una infinita varietà di istinti e di condizionamenti inerenti alle sue diverse particolarità sia naturali che sociali; razza, lingua, sesso, posizione nella gerarchia sociale, ecc... Ma nello stesso tempo la persona umana è in grado, in ragione della sua intelligenza e della sua libertà, di trascendere questi condizionamenti per affermare e realizzare ciò che, obiettivamente, è giusto, vero, buono, conforme al suo specifico destino umano.

Proprio in questa capacità di trascendenza di fronte ai condizionamenti a cui è soggetto, risiede la dignità dell'essere umano. Sull'esempio di alcune delle più grandi tradizioni religiose dell'umanità, la Chiesa cattolica vede in questo processo permanente di trascendenza di tutti i condizionamenti che limitano la libertà umana, un dialogo instaurato tra la persona e una presenza divina che la guida verso la sua verità.

Da questa capacità di trascendenza, caratteristica della persona umana; scaturisce un dovere; quello di combattere e di abolire tutte le situazioni; in cui la persona è umiliata e offesa, violata nella sua sacralità, ridotta ad una sola dimensione del suo essere; in breve, tutte le situazioni in cui l'essere umano non è trattato come una persona, e si vede negare il riconoscimento della sua piena dignità, a causa della sua razza, del suo sesso o anche di altri fattori, naturali o sociali. Non è opprimere gravemente la donna considerarla come mezzo di produzione o come elemento indispensabile di una economia di consumo?

La lotta per garantire un minimo di sostegno materiale deve dunque essere animata dalla convinzione del valore insostituibile della persona umana e poggiare su queste basi. Altrimenti si vedranno ricomparire i vecchi nemici della dignità della donna: la discriminazione sessuale, la riduzione a oggetto o a strumento privo di un fine trascendente, accordando il primato a determinazioni legate al sesso.

b) Limitandosi alla prospettiva socioeconomica della promozione della donna si rischia anche di distruggere grandi valori umani, specifici dell'apporto delle donne nella società.

In molte situazioni la donna ha potuto conservare alcuni valori essenzialmente umani, trasmetterli alle nuove generazioni, preservarli per la cultura umana universale.

Di frequente messa relativamente in disparte, da una società in cui regnava uno spirito di competizione e dove i rapporti tra gli uomini erano regolati quasi esclusivamente dallo scambio di beni equivalenti o dalla guerra, la donna ha conservato molto più profondamente un'etica del dono, dell'offerta gratuita, disinteressata, motivata semplicemente da un evento che suscita stupore dinanzi al miracolo della persona che si manifesta nell'altra o attraverso un desiderio puro di bontà nei suoi riguardi. Qui peraltro si ritrovano gli atteggiamenti fondamentali, che regolano il rapporto della madre con il figlio.

Tali atteggiamenti, bisogna dirlo, non dovrebbero essere considerati come esclusivamente femminili. Ma sembra che sia, più che altro, la donna quella che ha conservato i valori fondamentali di umanità che, poco a poco, si sono offuscati nel mondo maschile. E' importante che la promozione della dignità femminile non si realizzi attraverso una omologazione della donna al tipo maschile borghese, incentrato solo su se stesso, dimentico della legge che è quella dell'esistenza personale. Se così fosse, non solo la dimensione essenziale e misteriosa della femminilità svanirebbe, ma anche l'uomo, tutto l'uomo, verrebbe privato di qualcosa di vitale. E’ necessario, piuttosto, che tale insieme di valori diventi, grazie ad una giusta valorizzazione della specificità femminile, un bene dell' intera comunità umana, che esso non sia deprezzato e considerato di livello inferiore e che non serva da alibi per perpetuare una situazione di assoggettamento della donna. Tuttavia, resta vero che la donna-madre ha una via di accesso particolare e privilegiata a questo mondo dei valori non competitivi, di comunione, cui la condivisione appare in modo più evidente come una legge essenziale dell'essere: si tratta dell'esperienza del parto, del dare alla luce un bambino e della maternità. In questo caso, accogliere un'altra persona in sé e portarla alla sua maturità diventa un'esperienza personale di una particolare intensità che coinvolge interamente íl corpo e lo spirito della donna.

La tradizione culturale e religiosa più antica, come pure le moderne scienze umane, ci confermano che ivi risiede un'esperienza decisiva per la costituzione dell'identità della donna come del bambino. Nel corso di questa esperienza la donna ha tuttavia bisogno di un aiuto e di un sostegno da parte di tutto il contesto culturale e sociale in cui vive. Ogni donna ha il diritto di aspettare il suo bambino in seno ad una famiglia stabile, in una relazione d'amore con il marito e padre che sia difesa e garantita dalla legge. Ogni donna ha il diritto di essere protetta e difesa contro le ingerenze della società o dello Stato che vorrebbero privare la maternità della sua sacralità originale svilendo la sessualità femminile o distruggendo con l'aborto il frutto del concepimento. Ogni donna ha inoltre diritto di acquisire una perfetta conoscenza del proprio corpo e delle sue funzioni biologiche che le permetta sia una migliore comprensione dell'esperienza vitale del concepimento e del mettere al mondo il suo bambino, sia un controllo ragionato della propria fertilità in modo tale che la dignità attribuita da Dio alla sessualità umana come espressione materiale del dono reciproco delle persone, non sia svilita ma al contrario esaltata.

c) Il lavoro della donna, come quello dell'uomo, deve essere considerato a partire dalla sua dignità umana. Certo, il lavoro è un mezzo per guadagnare il pane ma è altrettanto vero che non potrebbe essere separato dal contesto della vita familiare né ad essa opposto. E’ dunque necessario studiare forme di lavoro che, per i loro orari, i loro ritmi, la loro organizzazione siano tali da non creare ostacoli alla funzione parentale, in modo tale che la maternità non comporti per la donna l'esclusione automatica e ingiusta dal lavoro.

E’ altrettanto necessario mettere in opera forme di protezione del salario familiare che, riconoscendo il servizio reso dai familiari a tutta la società, permetta alla madre di consacrarsi interamente alla vita di famiglia, quando le esigenze della famiglia stessa lo impongano.

Per giungere ad una reale emancipazione umana, la donna non deve rinunciare alla propria femminilità e all'esperienza della maternità nel matrimonio in cui essa trova il suo completamento e la sua più grande valorizzazione. E’ più che mai necessario che le nostre società si aprano a valori non competitivi, di pace, di condivisione della sofferenza, di offerta spontanea e gratuita di sé, che tra le donne sono stati conservati e trasmessi di generazione in generazione, per il tramite di una cultura femminile che, sebbene non sia stata mai ufficializzata, non per questo ha segnato meno profondamente con la sua impronta, la nostra civiltà.

Per i cristiani (e anche per i musulmani) l'espressione più alta di questo principio femminile della cultura si trova nella persona di Maria, madre di Gesù. Affidando a Lei il destino del mondo noi confermiamo la nostra convinzione che solo un cambiamento culturale che miri a recuperare fin nelle sue radici questa dimensione femminile della nostra cultura, può salvare la umanità dalle minacce e dai pericoli che incombono oggi sul suo orizzonte.

Più volte il filosofo Giovanni Paolo II, già prima di essere Papa, si è pronunciato come filosofo sullo sviluppo umano e su quello della persona umana verso la sua pienezza.

Egli dimostra come questa si realizza all'interno e per mezzo dell'azione. Da una parte è evidente che, attraverso l'azione, la persona entra in rapporto con il mondo esterno. Per mezzo dell'azione essa esercita un'influenza sull’ambiente e sul mondo che la circonda. D'altra parte, agendo, anch'essa si trasforma e si sviluppa. Ciascuno di noi non è l'immagine di ciò che ha fatto e vissuto?

E’ in questa prospettiva che bisogna intendere il passaggio seguente dell'Enciclica di Papa Giovanni Paolo II sul lavoro: «Il lavoro è un bene dell'uomo – è un bene della sua umanità – perché mediante il lavoro l'uomo non solo trasforma la natura adattandola alle proprie necessità, ma anche realizza se stesso come uomo ed anzi, in un certo senso, "diventa più uomo" » (n. 9).

Lo studio del tema di cui ci occupiamo in questa sede non può portare frutti validi se le donne stesse non si impegnano sempre maggiormente ad agire. Nessuno – né a livello di Governi né a livello di strutture sociali –, può riflettere né prendere decisioni al loro posto. Non si possono imporre loro dall'esterno formule che dovrebbero contribuire al loro sviluppo. E’ necessario, al contrario, lasciare ad esse quello spazio di libertà entro il quale esse possano cercare da sole il loro cammino:

L'esigenza contenuta nel paragrafo 10 del documento della Conferenza sulle prospettive d'azione per la promozione della donna (A/CONF.116/12) non può dunque essere considerata come una rivendicazione femminista. Essa è piuttosto il frutto di un'analisi antropologica che non si può fare a meno di sottolineare:

«La Conferenza mondiale di Copenaghen ha interpretato l'uguaglianza, non solo nel senso di una uguaglianza legale, dell'eliminazione di una discriminazione de fare ma anche come un'uguaglianza del diritti, delle responsabilità e delle possibilità offerte, nella partecipazione delle donne allo sviluppo come beneficiarie e insieme come operatrici attive».




***L'Osservatore Romano 21.7.1985, p.2.

 

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