The Holy See
back up
Search
riga

Mgr Jan SCHOTTE

Intervention au Congrès international organisé par l’Asso­ciation mondiale pour la liberté religieuse*

Rome, 5 septembre 1984



Dans le monde d’aujourd’hui, parler en faveur des droits de l’homme est devenu quelque chose d’habituel. Aucune personnalité officielle ne peut se permettre le luxe d’accepter de ne pas être considéré comme un défenseur opiniâtre des droits de l’homme, que cette attitude vienne d’une conviction profonde ou qu’elle soit la conséquence d’une perception aiguë des mouvements d’opinion circulant dans la société. Qu’on appelle cela de l’opportunisme, qu’on y voit un motif de se réjouir, car cela fait grandir l’attention publique sur les droits et les libertés fondamentales, ou qu’on se joigne à l’ensemble pour quelque autre motif que ce soit, personne ne saurait nier qu’en fait les droits de l’homme sont à la mode.

En soi, cela ne peut nous suffire. En revanche, il est bon que nous posions sans cesse des questions et que nous fassions une évaluation critique des déclarations d’intention et des comportements pratiques que nous voyons autour de nous. Il est facile d’adhérer à toute déclaration proposant et exaltant les principes fondamentaux de la vie sociale; mais ce qui continue d’être difficile, c’est l’application concrète et constante de ces principes dans la législation et dans le comportement. Nous sommes tous fiers de l’existence de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, proclamée en 1948 par l’Assemblée générale des Nations-Unies, et nous en reconnaissons la grande valeur morale; mais en même temps, nous sommes bien conscients que cette Déclaration n’a aucune valeur d’obligation pour les États qui y ont adhéré. Dans tout ce qu’elle prévoit, tout n’a pas été intégré dans les accords internationaux spéciaux ou dans les chartes constitutionnelles nationales. Et même, lorsque les Constitutions souscrivent à certaines libertés fondamentales, les gouvernements continuent d’avoir la possibilité d’appliquer sélectivement ces normes ou de recourir à la violation pratique des droits fondamentaux de l’homme.

Il est vrai que nous avons l’Acte final de la Conférence d’Helsinki sur la Sécurité et la Coopération en Europe, dans lequel ont été affirmés bien des principes relatifs au respect des droits de l’homme et à travers lequel les États signataires ont manifesté leur intention de fonder leurs relations réciproques sur le respect de ces principes; mais nous avons été contraints d’accepter qu’en fait ces intentions n’aient pas toujours été traduites dans les fait concrets. Nous avons d’ailleurs découvert que les droits de l’homme sont protégés plus efficacement par des instruments internationaux de caractère régional qui peuvent faire appliquer de façon plus décisive la Déclaration Universelle dans les situations concrètes; par exemple, l’Accord Européen sur la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales et les nombreux accords internationaux qui l’ont suivi; mais bien des points demeurent susceptibles d’interprétations variées et, par conséquent, d’applications différentes.

Pendant le Concile Vatican II, l’Église catholique a pris plus profondément conscience de la valeur des droits de l’homme pour la vie sociale et elle a manifesté un engagement renouvelé en faveur de la promotion de ces droits. Depuis lors, le Saint-Siège a cherché à se poser en conscience critique par rapport aux droits de l’homme en général et par rapport à la liberté religieuse en particulier.

Parmi les initiatives et déclarations récentes du Saint-Siège en matière de liberté religieuse, je voudrais rappeler à votre attention l’appel que le Pape Jean-Paul H a lancé à l’occasion de sa visite pastorale à Lourdes, en France, les 14 et 15 août 1983. Tout d’abord, il a rappelé qu’il y a eu des persécutions contre l’Église et contre les chrétiens à travers les siècles et sous diverses formes. Il a dit qu’il y a eu différentes formes de discrimination contre les fidèles et contre la communauté ecclésiale toute entière, malgré l’existence de législations et d’instruments internationaux garantissant le droit à la liberté religieuse, à la liberté de religion et de conscience. Sur tous les Continents il y a des témoins de la foi qui supportent des privations quotidiennes telles qu’on on arrive souvent à les faire ignorer ou oublier de l’opinion publique. Alors qu’il n’y a que très peu d’États qui ont explicitement et effectivement nié la liberté de religion, bien des formes plus ou moins subtiles de discrimination subsistent, qui reviennent à nier pratiquement la liberté de religion.

Permettez-moi de vous citer ici un peu longuement cet appel du Pape: «Aujourd’hui, à la prison, aux camps de concentration ou de travaux forcés, à l’expulsion de sa propre patrie, se sont ajoutées d’autres peines moins remarquées mais plus subtiles: non pas la mort sanglante, mais une sorte de mort civile; non seulement la ségrégation dans une prison ou dans un camp, mais la restriction permanente de la liberté personnelle ou la discrimination sociale.

Il y a aujourd’hui des centaines et des centaines de milliers de témoins de la foi, très souvent ignorés ou oubliés de l’opinion publique dont l’attention est absorbée par les faits divers; ils ne sont souvent connus que de Dieu seul. Ils supportent des privations quotidiennes, dans les régions les plus diverses de chaque continent.

Il s’agit de croyants contraints à se réunir clandestinement parce que leur communauté religieuse n’est pas autorisée.

Il s’agit d’évêques, de prêtres, de religieux auxquels il est interdit d’exercer le saint ministère dans des églises ou dans des réunions publiques.

Il s’agit de religieuses dispersées qui ne peuvent mener leur vie consacrée.

Il s’agit de jeunes gens généreux, empêchés d’entrer dans un séminaire ou dans un lieu de formation religieuse pour y réaliser leur propre vocation.

Il ‘agit de jeunes filles auxquelles on ne donne pas la possibilité de se consacrer dans une vie commune vouée à la prière et à la charité envers leurs frères.

Il s’agit de parents qui se voient refuser la possibilité d’assurer à leurs enfants une éducation inspirée par leur foi.

Il s’agit d’hommes et de femmes, travailleurs manuels, intellectuels ou exerçant d’autres professions qui, pour le simple fait de professer leur foi, affrontent le risque de se voir privés d’un avenir intéressant pour leurs carrières ou leurs études.

Ces témoignages s’ajoutent aux situations graves et douloureuses des prisonniers, des internés, des exilés, non seulement chez les fidèles – catholiques et les autres chrétiens, mais aussi chez d’autres croyants – (cf. Encyclique Redemptor hominis, 17)».

Dans son effort constant pour imprimer dans l’opinion publique, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église, la nécessité de veiller sans cesse à la défense de la liberté religieuse, le Pape Jean-Paul II n’a pas hésité à parler d’une autre forme de discrimination  religieuse encore plus subtile mais non moins efficace. La négation de la liberté religieuse et la discrimination religieuse ne proviennent pas uniquement de restrictions extérieures de la liberté ou de contraintes imposées par des hommes, par des lois ou par des régimes. «Elles peuvent découler également d’habitudes et de courants de pensées contraires aux mœurs évangéliques et qui exercent une forte emprise sur tous les membres de la société; ou encore il s’agit d’un climat de matérialisme ou d’indifférence religieuse qui étouffe les aspirations spirituelles, ou d’une conception fallacieuse et individualiste de la liberté qui confond la possibilité de choisir n’importe quoi qui flatte les passions avec le souci de réaliser au mieux sa vocation humaine, sa destinée spirituelle et le bien commun».

Pendant son pontificat, Jean-Paul II a souvent souligné le thème de la liberté religieuse en bien des occasions: en parlant à des organismes internationaux, à des diplomates, aux autorités officielles, dans des documents solennels comme dans sa première Encyclique Redemptor hominis et dans l’Exhortation apostolique Catechesi tradendae; ou bien en s’adressant à des évêques à Rome ou pendant ses visites pastorales dans de nombreux pays. Tout cela montre que la liberté religieuse est un sujet d’importance primordiale dans le magistère du Pape, un thème qui se dégage de sa sollicitude passionnée pour tout être humain. Il affronte souvent le sujet de la liberté religieuse dans le contexte plus général de la défense des libertés fondamentales et des droits de l’homme. Ce qu’il revendique, c’est une liberté religieuse qui est tout d’abord une absence de contraintes et une possibilité de vivre dans la société, on tant qu’individu ou en tant que membre d’une communauté publique ou privée, selon sa propre conscience. Mais il ne se limite pas à cette idée générale négative par rapport à la liberté religieuse. Sans cesse il redit ce qui fait la base de la liberté religieuse, il précise les conditions concrètes nécessaires pour qu’elle soit effectivement rendue possible et pour qu’elle accroisse ses éléments positifs.

Dans ses fréquents discours, le Pape avance souvent l’idée que, parmi tous les droits de l’homme, la liberté religieuse occupe une position-clé, une place centrale. Il déclare que la liberté religieuse est la base de tous les autres droits de l’homme. La liberté religieuse est un droit «radical», car elle regarde directement ce qui est particulièrement essentiel dans la personne humaine, ce qui manifeste le plus totalement la dignité de la personne humaine en tant qu’être en quête de l’Absolu.

Relier la liberté religieuse aux autres libertés n’est pas une manœuvre répondant à des raisons tactiques. Le Pape ne défend pas les autres droits seulement en paroles et il n’entend pas davantage, en soutenant le rôle fondamental de la liberté religieuse, revendiquer une position privilégiée pour les croyants ou pour l’Église. En déclarant que la liberté religieuse est la base de toutes les autres libertés de l’homme, le Pape met en lumière le lien intrinsèque existant entre toutes les libertés. La liberté religieuse n’est pas justifiée par les autres libertés; elle se justifie elle-même.

Récemment, le 10 mars 1984, il a insisté sur ce point dans un discours adressé à plus de deux cents participants au Cinquième Colloque International d’Études Juridiques organisé par l’Université du Latran sur le thème: «Les droits fondamentaux de la personne humaine et la liberté religieuse». Il a tout d’abord mis en relief ce qui est à la base de tous les droits de l’homme: la dignité de la personne humaine, et il l’a présentée comme étant la raison qui fait dire que la liberté religieuse est la base de tous les autres droits de l’homme. «Quels critères pouvons-nous utiliser dans le monde d’aujourd’hui pour voir si les droits de tous les hommes sont respectés? Quels fondements pouvons-nous offrir comme base sur laquelle pourront s’élever les droits de l’homme? Sans aucun doute, cette base, c’est la dignité de la personne humaine... C’est dans cette dignité de la personne que les droits de l’homme trouvent leur origine directe. Et c’est le respect de cette dignité qui est la source de leur protection effective... Or, parmi les droits de l’homme, on compte justement le droit à la liberté religieuse, et c’est même le droit le plus fondamental, car la dignité de toute personne a sa source première dans le rapport essentiel qu’elle a avec le Dieu Créateur et Père, à l’image et à la ressemblance duquel elle a été créée, parce qu’elle est dotée d’intelligence et de liberté... Certes, la limitation de la liberté religieuse des personnes et des communautés n’est pas seulement une douloureuse expérience pour ceux qu’elle touche mai elle atteint surtout la dignité de l’homme elle-même, indépendamment de la religion professée ou de la conception que ces religions ont du monde».

L’enseignement du Saint-Père st extrêmement clair: la liberté religieuse est tout d’abord «un droit de l’homme» qui fait  de la personne un être humain: toute personne est, dans son être, libre et ouverte au transcendant, ouverte à la réalisation de son potentiel total représenté par la dignité de son être créé à l’image de Dieu. Par conséquent, soutenir la liberté religieuse, garantir la liberté de manifester en privé ou en public la dimension religieuse de la dignité de la personne humaine, c’est reconnaître la liberté intrinsèque et  inaliénable et la transcendance de la personne. Une fois que cela est reconnu et respecté tous les autres droits de l’homme suivent. Cela est vrai parce que la liberté religieuse signifie qu’il n’y a pas d’institution humaine plus importante que cette liberté religieuse d’expression et que par conséquent aucune institution ne peut en empêcher l’exercice. Cela est vrai parce que, ensuite, avec la reconnaissance et la sauvegarde de la liberté religieuse, on pose les bases pour soutenir et développer tous les autres droits de l’homme qui contribuent à garantir et à réaliser la dignité de toute la personne.

A tout moment de l’histoire, dans tout contexte prévis, il faudra analyser les éléments spécifiques qui constituent l’idée exacte de cette liberté religieuse dont l’application permet aux individus et aux communautés d’exercer leurs activités religieuses. Dans l’expression et dans la pratique de la liberté religieuse, tous les aspects sont étroitement liés, qu’ils soient de caractère individuel ou communautaire, qu’il s’agisse d’activité privée ou publique. Toute tentative pour illustrer en termes pratiques ce que comporte la liberté religieuse doit tenir compte du fait que les aspects individuels et communautaires sont corrélatifs et complémentaires. Afin de contribuer à cette analyse, le Pape Jean-Paul II a envoyé une lettre personnelle aux Chefs d’État de tous les pays qui ont signé l’Acte Final d’Helsinki on 1975. A cette lettre, envoyée au moment de la Conférence de Madrid sur la Sécurité et la Coopération Européennes, un document a été ajouté le 1er septembre 1980, dans lequel le Saint Siège expliquait les conditions qu’il juge nécessaires pour une liberté religieuse efficace. Deux considérations de base y étaient faites:

a) le point de départ pour la reconnaissance et le respect de la liberté religieuse est la dignité de la personne humaine, qui éprouve au fond d’elle-même l’exigence innée d’agir librement selon les impératifs de sa conscience; c’est pourquoi l’homme et la femme ont le droit de reconnaître et de suivre une conception religieuse ou métaphysique qui prenne tout leur vie et guide leurs choix et leurs comportements fondamentaux.

b) la liberté religieuse n’est pas seulement l’expression d’actes intérieurs et exclusivement individuels, puisque les êtres humains pensent, agissent et sont en relation  les uns avec es autres. La profession et l’exercice d’une foi religieuse s’expriment à travers toute une série d’actes visibles, de caractère individuel ou collectif, privé o public, qui produisent une communion entre les personnes se réclamant de la même foi et établissent un lien à travers lequel les croyants appartiennent à une communauté organique religieuse. Ce lien peut avoir différents degrés ou intensité, selon la nature et les préceptes de la foi ou les convictions de chacun.-

A la lumière de ces prémisses, le Saint-Siège a présenté les éléments suivants comme étant indispensables à la vraie liberté religieuse au niveau individuel, au niveau de la communauté et au niveau international.

Au niveau personnel, il faut tenir compte des éléments suivants:
 
– la liberté d’embrasser une foi précise et de faire partie de la communauté confessionnelle en question;
– la liberté de se livrer à des actes de prière et de culte, individuellement et collectivement, en privé ou en public, et de disposer d’églises ou de lieux de culte répondant aux besoins des croyants;
– la liberté, pour les parents, d’élever leurs enfants dans les convictions religieuses qui guident leur vie, et de faire en sorte qu’ils puissent recevoir l’instruction religieuse donnée par leur communauté de foi;
– la liberté pour les familles de choisir les écoles et les autres moyens appropriés pour assurer cette éducation à leurs enfants, sans être obligés de faire face, directement ou indirectement, à des dépenses extraordinaires qui, en fait annuleraient cette liberté;
– la liberté pour chacun de recevoir une assistance religieuse n’importe où l’on se trouve et en particulier, dans les institutions sanitaires publiques, au cours des services publics obligatoires et dans les lieux de vacances;
– la liberté, au niveau personnel, civique ou social, de ne subir aucune forme de coercition forçant à accomplir des actes contraires à sa propre foi et la liberté par rapport à toute forme d’éducation ou d’obligation de faire partie de groupes dont les principes seraient contraires aux convictions religieuses personnelles;
– la liberté de ne pas être soumis, en matière religieuse à des formes de restriction et de discrimination qui ne sont pas imposées aux autres concitoyens, dans tous les domaines (dans tous les secteurs regardant la carrière, y compris les études, l’emploi, les professions, la participation aux responsabilités civiles et sociales, etc).

Au niveau des communautés, on doit tenir compte du fait que ses dénominations religieuses, par le fait qu’elles rassemblent ensemble les croyants d’une foi donnée, existent et agissent comme des ensembles sociaux, organisés selon leurs propres principes doctrinaux et leurs propres fins institutionnelles.

L’Église comme telle, et les communautés confessionnelles en général, ont besoin de jouir de libertés spécifiques pour vivre et poursuivre leurs buts; il faut mentionner, parmi ces libertés, les suivantes:
– la liberté d’avoir ses propres hiérarchies internes ou les ministères équivalents, librement établis par les communautés selon leurs normes constitutionnelles; -
– la liberté, pour les autorités religieuses, d’exercer leur ministère librement, d’ordonner des prêtres ou des ministres, d’attribuer des charges ecclésiastiques, de communiquer et d’avoir, des contacts avec ceux qui appartiennent à la même dénomination religieuse;
– la liberté d’avoir leurs propres Instituts pour la formation religieuse et les études théologiques, où les candidats au ministère, au sacerdoce et à la consécration religieuse puissent entrer librement;
– la liberté de recevoir et de publier des livres religieux concernant la foi et le culte et de les utiliser librement;
– la liberté d’annoncer et de transmettre l’enseignement de la foi par la parole écrite ou orale, à l’intérieur et à l’extérieur des lieux de culte et de faire connaître leurs enseignements moraux concernant les activités humaines et l’organisation de la société;
– la liberté d’utiliser les instruments de communication sociale (presse, radio, télévision) pour le même but;
– la liberté d’exercer des activités éducatives, caritatives et sociales de façon à mettre en pratique les préceptes de la religion;

Au niveau international, il faut respecter les points suivants:
- par rapport aux communautés religieuses qui ont une autorité suprême au niveau mondial, conformément aux directives de leur foi, pour l’unité de la communion qui réunit tous les ministères et tous les fidèles dans cette même confession: la liberté de maintenir des relations réciproques pour qu’il y ait communication entre cette autorité et les ministres locaux et les communautés religieuses;
- la liberté de porter à la connaissance de tous, les documents et les textes de ces autorités religieuses mondiales;
- la liberté d’avoir de libres échanges dans le domaine des communications, de la coopération, de la solidarité religieuse, et plus particulièrement la liberté et la possibilité d’avoir des rencontres multinationale ou internationales;
- la liberté pour les religieuses d’échanger des informations et d’autres contributions de nature théologique ou religieuse; -
- la possibilité pour les institutions qui sont, de par leur nature spécifique, au service de la religion, de contribuer à la discussion et à la définition des lois nationales et des instruments internationaux qui veulent exprimer la dimension exacte de l’exercice de la liberté religieuse.

– Après avoir posé l’hypothèse de cette énumération des applications de la liberté religieuse, je voudrais attirer l’attention sur les déclarations concernant la famille.

On sait que le Pape Jean-Paul II, dans son enseignement social, a donné une grande importance à la famille. La famille est, à notre époque, une institution menacée. Le grand drame de notre monde moderne, c’est le drame d’un humanisme sans Dieu. L’Église catholique donne une réponse aux problèmes nés de ce drame profond, en offrant une anthropologie tenant compte de la réalité totale de l’être humain: dans ses relations personnelles, dans ses rapports avec la société et, surtout, dans son rapport avec Dieu. A ce sujet, il faut donner une place prééminente à la famille, car la société trouve sa référence pour l’avenir dans la famille. Là où la famille est en bonne santé, la civilisation se porte bien. La vitalité, les énergies créatrices et la trempe morale d’une culture dépendent de l’existence d’une vie familiale stable.

A la lumière de tout ce qui précède, il fut décidé de réunir en 1980 un Synode mondial des évêques sur le thème du rôle de la famille chrétienne dans le monde contemporain. Le résultat de ce Synode fut la publication d’un document important, l’Exhortation Apostolique, Familaris consortio. Les participants à cette rencontre internationale de pasteurs demandèrent expressément – et le Pape accepta tout de suite – que le Saint-Siège élabore une «Charte des Droits de la Famille» pour tous les intéressés et toutes les autorités.

Beaucoup d’évêques de différents pays ont suggéré cette initiative. Parmi les raisons alléguées, il y en a une qui a un poids particulier. Beaucoup d’évêques se sont rendu compte que leurs communautés sont troublées par l’incertitude ou les membres de l’Église, dans beaucoup de pays, doivent vivre, étant donné une législation civile nettement en contraste avec les points fondamentaux de l’enseignement de 1’Eglise. De fait, les institutions et les lois ignorent souvent injustement les droits de la personne humaine et de la famille. Au lieu de se mettre au service de la famille, la société l’attaque parfois violemment dans beaucoup de ses valeurs et de ses exigences fondamentales. C’est pourquoi la famille qui, dans le plan de Dieu, est la cellule fondamentale de la société et qui, face à l’État comme face aux autres communautés, est susceptible de droits et de devoirs, se trouve être parfois la victime de la société, de l’incompréhension de cette société et même l’objet d’injustices manifestes.

Le Saint-Siège a rédigé une première version de cette Charte après avoir consulté des évêques, des facultés théologiques, des experts et les organismes intéressés. Cette charte a été approuvée pour sa publication le 22 octobre 1983 et a été livrée au public le 24 novembre de la même année. Elle a été en outre envoyée à tous les gouvernements et aux organismes internationaux et intergouvernementaux. Son but est énoncé clairement dans le préambule «La société et, de façon particulière, l’État et les organisations internationales, doivent protéger la famille par les mesures politiques, économiques, sociales et juridiques qui ont pour but de renforcer l’unité et la stabilité de la famille, afin qu’elle puisse exercer sa fonction spécifique» (Préambule, 1).

Ceux qui ont rédigé cette Charte avaient très présents à l’esprit les droits des individus et de la famille dans le domaine de la religion ou de la foi. Cet intérêt se reflète explicitement dans trois des douze articles de la Charte.

L’article 2 redit le droit au mariage; le second paragraphe, relatif à la préparation au mariage, dit ceci: «Les futurs époux ont droit à leur liberté religieuse. Par conséquent, imposer comme condition préalable au mariage un déni de foi ou une profession de foi contraire à la conscience constitue une violation de ce droit».

Il y a encore quatre paragraphes de l’article 5, qui parlent du droit inaliénable des parents d’élever leurs enfants, où sont répétés les points fondamentaux du droit à la liberté religieuse:

a) Les parents ont le droit d’élever leurs enfants conformément à leurs convictions morales et religieuses, en tenant compte des traditions culturelles de la famille qui favorisent le bien et la dignité de l’enfant, et ils doivent recevoir aussi de la société l’aide et l’assistance nécessaires pour remplir leur rôle d’éducateurs de façon appropriée.

b) Les parents ont le droit de choisir librement les écoles ou autres moyens nécessaires pour élever leurs enfants suivant leurs convictions. Les pouvoirs publics doivent faire en sorte que les subsides publics soient répartis de façon telle que les parents soient véritablement libres d’exercer ce droit sans devoir supporter des charges injustes. Les parents ne doivent pas, directement ou indirectement, subir de charges supplémentaires qui empêchent ou limitent indûment l’exercice de cette liberté.

c) Les parents ont le droit d’obtenir que leurs enfants ne soient pas contraints de suivre des enseignements qui ne sont pas en accord avec leurs propres convictions morales et religieuses...

d) Les droits des parents se trouvent violés quand est imposé par l’État un système obligatoire d’éducation d’où est exclue toute formation religieuse».

L’article 7 parle de la liberté religieuse à propos de la vie de la famille: «Chaque famille a le droit de vivre librement la vie religieuse propre à son foyer sous la direction des parents, ainsi que le droit de professer publiquement et de propager sa foi, de participer à des actes de culte public et à des programmes d’instruction religieuse librement choisis, ceci en dehors de toute discrimination».

Cette Charte des droits de la famille a été, on général, accueillie comme un document effectivement nécessaire. En la publiant, le Saint-Siège n’a pas voulu du tout Imposer sa vision de la société. Son unique désir était de soutenir les efforts des membres de l’Église et de tous ceux qui acceptent la validité universelle des principes que la Charte propose, en particulier dans les situations où les gouvernements et les organisations internationales ne les reconnaissent pas ou persistent à refuser de les accepter totalement.

Pour conclure, je voudrais redire l’importance d’un effort constant pour assurer à tous la liberté religieuse. Dans une assemblée comme celle-ci, composée de personnes qui, par vocation et par libre choix et, certainement, par conviction, consacrent leur activité à la promotion de la liberté religieuse, il peut sembler superflu de dire que nous devons sans cesse demeurer vigilants. Mais ce n’est pas du tout superflu de redire avec insistance que la liberté religieuse n’est pas un fait universel ni un donné universel. Nous nous réjouissons tous des nombreux efforts qui ont été faits pour formuler les bases de la liberté religieuse et pour garantir leur application dans les législations nationales et dans les déclarations et 1es accords internationaux. Mais nous ne pouvons en aucun cas oublier qu’il existe une grande différence entre la formulation des droits de l’homme et des sanctions juridiques correspondantes d’une part et, d’autre part, leur application pratique telle qu’elle est exprimée dans les règles et les règlements imposés par les pouvoirs publics, dans les contrôles administratifs créés pour réduire la liberté des croyants, dans les interventions policières plus ou moins secrètes. Il existe des millions de personnes qui s’adressent et en appellent à la conscience du monde pour que l’on trouve les moyens et les instruments nécessaires pour assurer une vraie liberté religieuse afin que ces personnes soient libérées de la discrimination o de l’oppression qui, pour les nations et pour toute l’humanité, représentent quelque chose de tragique par leur intensité et de honteux par le fait même de leur existence. Nous devons répondre à ces appels par des efforts unitaires, forts de notre conviction que la liberté religieuse est le fondement de tous les droits de l’homme, que la liberté religieuse est source de vraie culture, engendre la justice et construit la paix.

Car c’est bien là le défi auquel nous ne pouvons nous soustraire: le défi qui consiste à édifier des structures et à maintenir des moyens capables d’assurer les droits de chacun dans toutes les sociétés. Tant que ces droits seront violés, le monde ne connaîtra pas de paix durable. Tant que des gens seront laissés à la merci des caprices de puissances égocentriques et d’idéologies matérialistes, l’angoisse interminable de ceux qui sont privés de leur liberté doit trouver un écho dans les cœurs et dans l’action de tous.

En un monde menacé par un grand nombre et une grande variété de moyens de destruction accumulés dans les arsenaux de l’Est et de l’Ouest, il est important de redire que la guerre commence dans les cœurs et dans les esprits des hommes et que la paix, la vraie paix, doit être le résultat de la conversion de ces même cœurs et de ces mêmes esprits, conversion qui les décide à  assurer la justice pour tous, en garantissant à tout être humain sur la terre de Dieu, tous les droits qui protègent la dignité humaine. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra ouvrir une route pour la construction d’une paix qui reflète la volonté du Père des lumières, volonté que Celui-ci nous appelle à réaliser dans ce monde qu’il nous a confié.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n. 42 p.18-19.

___________________________________________________________________________

 

INTERVENTO DELLA SANTA SEDE AL
CONGRESSO INTERNAZIONALE ORGANIZZATO
DALL'ASSOCIAZIONE MONDIALE PER LA LIBERTÀ RELIGIOSA

INTERVENTO DI MONS. JAN SCHOTTE**

Roma, 5 settembre 1984




Nel mondo di oggi, parlare in favore dei diritti umani è diventato cosa usuale. Nessun personaggio pubblico può permettersi il lusso di rinunciare ad essere considerato come un tenace difensore dei diritti umani, sia che ciò derivi da una convinzione profonda, sia che sia la conseguenza di una attenta percezione degli umori circolanti nella società. Chiamatelo atteggiamento opportunistico, traetene motivo per rallegrarvi per la crescente attenzione pubblica ai diritti e alle libertà fondamentali, oppure aggiungetevi al coro per qualsiasi altro motivo: di fatto, e nessuno può negarlo, i diritti umani sono «in».

Ciò, di per sé, non è sufficiente a renderci soddisfatti. Viceversa, è opportuno che doniamo continuamente problemi e che diamo una valutazione critica delle dichiarazioni di intenzioni e degli atteggiamenti pratici che vediamo attorno a noi. Invero, è facile aderire a ogni dichiarazione che propone ed esalta i principi fondamentali della vita sociale; ma continua ad essere un compito difficile la concreta e costante applicazione di questi principi nella legislazione e nei comportamenti. Invero, siamo tutti orgogliosi dell'esistenza della Dichiarazione Universale dei Diritti Umani, proclamata nel 1948 dall'Assemblea Generale delle Nazioni Unite, e ad essa riconosciamo il suo alto valore morale; ma nello stesso tempo siamo coscienti del fatto che questa Dichiarazione non ha alcun valore vincolante per gli Stati che ad essa hanno pur aderito. Non tutto di quanto essa prevede è stato incorporato in apposite convenzioni internazionali o in carte costituzionali nazionali. Perfino quando le Costituzioni sanciscono alcune libertà fondamentali, í governi continuano ancora ad avere la facoltà di applicazioni selettive di queste norme o di ricorso alla violazione pratica dei fondamentali diritti umani.

Invero, abbiamo l'Atto Finale della Conferenza di Helsinki sulla Sicurezza e la Cooperazione in Europa, in cui sono stati affermati molti principi relativi al rispetto dei diritti umani, e attraverso la quale gli Stati firmatari hanno manifestato la loro intenzione di basare le loro relazioni reciproche sul rispetto dei principi stessi; ma siamo stati anche costretti ad accettare il fatto che tali intenzioni non sempre sono state tradotte in fatti concreti. Invero, abbiamo scoperto che i diritti umani trovano una protezione efficace in strumenti internazionali di carattere regionale che più incisivamente possono applicare la Dichiarazione Universale a situazioni concrete; per esempio, la Convenzione Europea sulla, salvaguardia dei diritti umani e delle libertà fondamentali e i numerosi accordi internazionali ad essa conseguenti; ma molti punti rimangono aperti a varie interpretazioni, e perciò a differenti applicazioni.

Nel Concilio Vaticano II, la Chiesa Cattolica ha approfondito la sua consapevolezza del valore dei diritti umani per la vita sociale ed ha espresso un rinnovato impegno per la promozione di questi diritti. Da allora, la Santa Sede ha cercato di porsi come coscienza critica in favore dei diritti umani in generale e per la libertà religiosa in particolare.

Tra le recenti iniziative e dichiarazioni della Santa Sede in materia di libertà religiosa, voglio chiamare la vostra attenzione sull'appello che Papa Giovani Paolo II ha elevato in occasione della sua visita pastorale a Lourdes in Francia, in data 14 e 15 agosto 1983. In primo luogo egli ha ricordato che le persecuzioni contro la Chiesa e contro i cristiani hanno avuto luogo, attraverso i secoli in varie forme. Egli ha detto che le varie forme di discriminazione contro i credenti e contro l'intera comunità ecclesiale hanno luogo a scapito dell'esistenza di legislazione e di strumenti internazionali che garantiscono il diritto alla libertà religiosa, alla libertà di religione e di coscienza. In ogni continente vi sono testimoni della fede che sopportano privazioni quotidiane tali da far sì che spesso vengano ignorati o dimenticati dalla pubblica opinione. Mentre sono molto pochi gli Stati che esplicitamente ed effettivamente negano la libertà di religione, sussistono molte — e meno sottili — forme di discriminazione che rappresentano la negazione pratica della libertà religiosa.

Mi sia consentita una citazione ampia dell'appello del Papa

Oggi, alla prigione, ai campi di internamento e di lavori forzati, all’espulsione dalla propria patria, si sono aggiunte altre pene meno dure ma più sottili: non più la morte cruenta, ma una sorta di morte civile: non solo la segregazione in un carcere o in un campo, ma la restrizione permanente della libertà personale o la discriminazione sociale.

Ci sono oggi centinaia e centinaia di migliaia di testimoni della fede, molto spesso ignorati e dimenticati dall’opinione pubblica la cui attenzione è assorbita da fatti diversi: essi sono spesso conosciuti solo da Dio. Sopportano privazioni quotidiane, nelle regioni più diverse di ogni continente.

Si tratta di credenti costretti a riunirsi clandestinamente poiché le loro comunità religiose non sono autorizzate.

Si tratta di Vescovi, di sacerdoti, di religiosi ai quali è vietato esercitare il santo ministero in chiesa o in pubbliche riunioni.

Si tratta di giovani generosi, impediti ad entrare in un seminario o in un luogo di formazione religiosa ove realizzare la propria vocazione.

Si tratta di ragazze alle quali non è data la possibilità di consacrarsi in una vita comune votata alla preghiera e alla carità verso i fratelli.

Si tratta di genitori che si vedono rifiutare la possibilità di assicurare ai propri figli un’educazione ispirata alla propria fede.

Si tratta di uomini e donne, lavoratori manuali, intellettuali o persone che esercitano altre professioni che, per il semplice fatto di professare la propria fede, affrontano il rischio di vedersi privati di un avvenire interessante per la loro carriera o i loro studi.

Queste testimonianze si aggiungono alle situazioni gravi e dolorose dei prigionieri, degli internati, degli esiliati, non soltanto presso i fedeli cattolici e gli altri cristiani, ma anche presso altri credenti (cf. Giovanni Paolo II, Redemptor Hominis, 17).

Nel costante impegno di imprimere nella pubblica opinione, sia all'interno, sia all'esterno della Chiesa, la necessità di vigilare costantemente per la difesa della libertà religiosa, Papa Giovanni Paolo non ha esitato a riferirsi a un'altra forma di discriminazione religiosa ancora che più sottile ma non meno efficace. La negazione della libertà religiosa e la discriminazione religiosa non derivano esclusivamente da restrizioni esteriori della libertà o da imposizioni da parte di persone, leggi o regimi. “Esse non provengono soltanto da restrizioni esterne della libertà, da costrizioni umane, dalle leggi o dai regimi. Possono sorgere anche da abitudini e da correnti di pensiero contrarie alla tradizione evangelica e che esercitano una forte pressione su tutti i membri della società; o ancora si tratta di un clima di materialismo o di indifferentismo religioso che soffoca le aspirazioni spirituali, o di una concezione fallace e individualistica della libertà che confonde la possibilità di scegliere qualsiasi cosa assecondi le passioni con la preoccupazione di realizzare al meglio la propria vocazione umana, il proprio destino spirituale e il bene comune».

Nel corso degli anni del suo pontificato, Giovanni Paolo II ha spesso sottolineato il tema della libertà religiosa in un gran numero di occasioni: parlando a Organizzazioni internazionali, a diplomatici, a pubbliche autorità in solenni documenti come nella sua prima Enciclica Redemptor Hominis e l'Esortazione Apostolica Catechesi Tradendae: oppure rivolgendosi ai Vescovi a Roma o durante le sue visite pastorali a molti Paesi. Tutto ciò dimostra che la libertà religiosa è un tema di primaria importanza nel magistero del Papa, un tema che si sprigiona dalla sua appassionata sollecitudine per ogni persona umana. Egli spesso affronta l'argomento della libertà religiosa nel contesto più generale della difesa delle libertà fondamentali e dei diritti umani. Egli rivendica una libertà religiosa che è in primo luogo assenza di costrizioni e possibilità di vivere in società, come individuo o come componente di una comunità pubblica o privata, secondo la propria coscienza. Tuttavia non si limita a questa idea generale sulla negazione della libertà religiosa. Costantemente infatti afferma i fondamenti basilari della libertà religiosa, specifica le condizioni concrete richieste per renderla effettivamente possibile, e sviluppa il suo contenuto positivo.

Nei suoi frequenti interventi, il Papa avanza molto spesso l'idea che, tra tutti i diritti umani, la libertà religiosa occupa una posizione chiave, un posto centrale. Egli afferma che il diritto alla libertà religiosa è il fondamento di tutti gli altri diritti umani. La libertà religiosa è un diritto «radicale », perché riguarda direttamente ciò che è particolarmente essenziale nella persona umana, ciò che più pienamente manifesta la dignità della persona umana come ricercatrice dell'Assoluto.

Collegare la libertà religiosa ad altre libertà non è una mossa che risponde a motivi tattici. Il Papa non difende solo a parole gli altri diritti, e neppure, nel sostenere il ruolo fondamentale della libertà religiosa, intende rivendicare una posizione di privilegio per i credenti o per la Chiesa. Dichiarando che la libertà religiosa è il fondamento di tutte le altre libertà umane, il Papa mette a fuoco l'intrinseca connessione tra tutte le libertà. La libertà religiosa non è giustificata dalle altre libertà; essa si giustifica autonomamente.

Recentemente, il 10 marzo 1984, ha insistito su questo punto in un discorso rivolto a oltre duecento partecipanti al Quinto Colloquium Internazionale di Studi Giuridici, organizzato dall'Università Lateranense sul tema «Diritti fondamentali della persona umana e libertà religiosa». Egli ha messo in rilievo in primo luogo la base di tutti i diritti umani – la dignità della persona umana – e l'ha presentata come la ragione dell'affermazione che la libertà religiosa è il fondamento di tutti gli altri diritti umani. «Quali criteri possiamo usare nel mondo di oggi, per vedere se i diritti di tutte le persone vengono tutelati? Quali fondamenti possiamo offrire come base su cui possano fiorire i diritti dell'uomo? Senza dubbio questa base è la dignità della persona umana... E' in questa dignità della persona che i diritti umani trovano la loro diretta sorgente. Ed è il rispetto di questa dignità che dà origine alla loro effettiva protezione. ...Ora, fra i diritti dell'uomo si annovera giustamente il diritto alla libertà religiosa, anzi questo è il più fondamentale, perché la dignità di ogni persona ha la sua prima fonte nel suo rapporto essenziale con Dio Creatore e Padre, alla cui immagine e somiglianza è stata creata, perché dotata di intelligenza e di libertà. Certamente, la limitazione della libertà religiosa delle persone e delle comunità non è soltanto una loro dolorosa esperienza, ma colpisce innanzitutto la dignità stessa dell'uomo, indipendentemente dalla religione professata o dalla convezione che esse hanno del mondo».

L'insegnamento del Santo Padre è estremamente chiaro: la libertà religiosa è anzitutto «diritto umano», per il quale l'umana persona e ogni persona nel suo essere è libera e aperta al trascendente, aperta alla realizzazione del suo completo potenziale che è la dignità dell'essere creato a immagine di Dio. Perciò affermare la libertà religiosa, garantire la libertà di esprimere privatamente e pubblicamente la dimensione religiosa della dignità della persona umana è riconoscere l'intrinseca e inalienabile libertà e trascendenza della persona. Una volta che questo è riconosciuto e onorato, tutti gli altri diritti umani ne conseguono. Ciò è vero in quanto la libertà religiosa significa che non c'è istituzione umana più importante di questa libertà di espressione religiosa, e perciò che nessuna istituzione umana può impedirne l'esercizio. Ciò è vero in quanto, poi, con il riconoscimento e con la protezione della libertà religiosa si getta la base per sostenere e sviluppare tutti gli altri diritti umani che contribuiscono a garantire e a realizzare la dignità dell'intera persona.

In ogni momento della storia, in ogni specifico contesto, sarà necessario analizzare gli elementi specifici che costituiscono l'esatto concetto di libertà religiosa e la cui applicazione consente agli individui e alle comunità di svolgere le loro attività religiose. Nell'espressione e nella pratica della libertà religiosa tutti gli aspetti sono strettamente correlati, siano essi di carattere individuale o comunitario, si tratti di attività privata o pubblica. Ogni tentativo di illustrare in termini pratici ciò che la libertà religiosa comporta deve mettere in conto che gli aspetti individuali e quelli comunitari sono correlati e complementari.

Al fine di contribuire a tale analisi, Papa Giovanni Paolo II ha inviato una lettera personale ai Capi di Stato di tutte le nazioni che firmarono l'Atto Finale di Helsinki nel 1975. A questa lettera, inoltrata al tempo della Conferenza di Madrid sulla Sicurezza e sulla Cooperazione Europea, il primo settembre 1980, era accluso un documento nel quale la Santa Sede illustrava i requisiti che essa ritiene necessari per un'efficace libertà religiosa. Vi si facevano due considerazioni di base:
a) il punto di partenza per il riconoscimento e il rispetto della libertà religiosa e la dignità della persona umana, che prova l'intima e incancellabile esigenza di agire liberamente seguendo gli imperativi della propria coscienza; perciò l'uomo o la donna ha il diritto di riconoscere e di seguire una concezione religiosa o metafisica che coinvolge la sua vita per quanto riguarda le scelte e gli atteggiamenti fondamentali, b) la libertà religiosa è espressa non soltanto da atti interni ed esclusivamente individuali, dal momento che gli esseri umani pensano, agiscono e comunicano in relazione con gli altri. La professione e la pratica di una fede religiosa si esprimono attraverso una serie di atti visibili, di carattere individuale o collettivo, privato o pubblico, che producono comunione con persone della stessa fede, e stabiliscono un legame attraverso il quale i credenti appartengono a una organica comunità religiosa. Tale legame può avere diversi gradi o intensità, secondo la natura e i precetti della fede o le convinzioni che ciascuno segue.

Alla luce di queste premesse, la Santa Sede ha presentato i seguenti elementi come indispensabili per la vera libertà religiosa a livello individuale, a livello di comunità e a livello internazionale.

A livello personale, si deve tener conto dei seguenti;
– la libertà di abbracciare una fede particolare e di associarsi alla relativa comunità confessionale;
– la libertà di compiere atti di preghiera e di culto, individualmente e collettivamente, in privato o in pubblico, e di disporre di chiese o di luoghi di culto rispondenti alle necessità dei credenti;
– la libertà per i genitori di educare i loro ragazzi alle convinzioni religiose che ispirano la loro vita, e di far sì che essi possano ricevere un'istruzione religiosa cosi come è offerta dalla loro comunità di fede:
– la libertà per le famiglie di scegliere le scuole o altri mezzi adatti ad assicurare tale tipo di educazione per i loro ragazzi, senza dover sostenere, direttamente o indirettamente, spese straordinarie che di fatto annullerebbero tale libertà;
– la libertà per gli individui di ricevere assistenza religiosa ovunque essi si trovino, e specialmente nelle istituzioni sanitarie pubbliche (durante servizi pubblici di carattere obbligatorio, e nei luoghi di detenzione;
– la libertà, a livello personale, civico o sociale, da ogni forma di coercizione a compiere atti contrari alla propria fede, e la libertà da ogni forma di educazione o di associazione a gruppi con principi contrari alle proprie convinzioni religiose;
– la libertà di non essere assoggettati, in materia religiosa, a forme di restrizione e di discriminazione, rispetto ai propri Concittadini, in tutti i campi della vita (in tutti i settori riguardanti la carriera, compresi gli studi, gli impieghi, le professioni, la partecipazione a responsabilità civiche e sociali. Ecc.).

A livello di comunità, si deve tener conto del fatto che le denominazioni religiose, nel radunare insieme i credenti in una determinata fede, esistono ed agiscono come Corpi sociali organizzati secondo loro propri principi dottrinali e fini istituzionali.

La Chiesa come tale, e le comunità confessionali in generale, hanno bisogno di godere di libertà specifiche al fine di condurre la loro vita e di perseguire i loro scopi; tra queste Libertà si devono menzionare, in particolare, le seguenti:
– libertà di avere le loro proprie gerarchie interne o ministeri equivalenti liberamente stabilite dalle comunità secondo le loro norme costituzionali:
– libertà per le autorità religiose di esercitare il loro ministero liberamente, di ordinare sacerdoti o ministri, di attribuire incarichi ecclesiastici, di comunicare e di avere contatti con coloro che appartengono alle loro denominazioni religiose;
– libertà di avere loro proprie istituzioni per la formazione religiosa e gli studi teologici, dove i candidati al ministero, al sacerdozio e alla consacrazione religiosa possano essere liberamente ammessi;
– libertà di ricevere e di pubblicare libri religiosi relativi alla fede e al culto, e di usarne liberamente;
– libertà di proclamare e di comunicare l'insegnamento della fede, con la parola scritta e con la parola parlata, all'interno e all'esterno dei luoghi di culto, e di rendere noti i loro insegnamenti morali sulle attività umane e sull'organizzazione della società;
– libertà di servirsi degli strumenti di comunicazione sociale (stampa, radio, televisione) per lo stesso scopo;
– libertà di svolgere attività educative, caritative e sociali in modo da mettere in pratica i precetti della religione.
A livello internazionale, si devono rispettare i seguenti requisiti: — con riguardo alle comunità religiose che hanno una autorità suprema a livello mondiale, in conformità alle direttive della loro fede, per l'unità di comunione che accomuna tutti i ministeri e i fedeli nella stessa confessione: libertà di mantenere reciproche relazioni di comunicazione tra tale autorità e i ministeri locali e le comunità religiose;
– libertà di rendere noti i documenti e i testi delle autorità mondiali religiose;
– libertà di liberi scambi nel campo della comunicazione, della cooperazione, della solidarietà religiosa, e più in particolare la libertà e la possibilità di tenere incontri multinazionali o internazionali;
– libertà per le comunità religiose di scambiare informazioni e altri contributi di natura teologica o religiosa:
– la possibilità per le istituzioni che sono per loro specifica natura al servizio della religione di contribuire alla discussione e alla definizione di leggi nazionali e di strumenti internazionali tendenti ad esprimere l'esatta portata dell'esercizio della libertà religiosa.

Dopo questa ipotesi di elencazione di applicazioni della libertà religiosa, vorrei richiamare l'attenzione sulle affermazioni che riguardano la famiglia.

E' ben noto che Papa Giovanni Paolo II nel suo insegnamento sociale, ha dato grande importanza alla famiglia. La famiglia è nel nostro tempo un'istituzione minacciata. Il grande dramma del nostro mondo moderno è il dramma di un umanesimo senza Dio. Ai problemi nati da questo profondo dramma, la Chiesa Cattolica dà una risposta proponendo un'antropologia che tiene conto della realtà totale dell'essere umano: nelle relazioni personali, nel rapporto con la società, e, soprattutto, nel rapporto con Dio. Un posto di preminenza in queste considerazioni deve essere dato alla famiglia, poiché la società ha un punto di riferimento nel futuro della famiglia, Dove la famiglia va, là va la civiltà. La vitalità, le energie creative, e la tempra morale di una cultura dipendono dalla presenza di una stabile vita familiare. Alla luce di tutto ciò, si decise di riunire nel 1980 un Sinodo mondiale di Vescovi sul tema del ruolo della famiglia cristiana nel mondo contemporaneo, il cui risultato fu la pubblicazione di un importante documento, l'Esortazione Apostolica Familiaris Consortio. I partecipanti a questo incontro internazionale di pastori richiesero espressamente ed il Papa accettò subito, che la Santa Sede preparasse una «Carta dei Diritti della Famiglia», da proporre a tutti gli interessati a a tutte le autorità.

Molti Vescovi di diversi Paesi hanno suggerito tale iniziativa. Tra le ragioni addotte, ce n'è una di peso particolare. Molti Vescovi si sono accorti che le loro comunità sono turbate dall'incertezza in cui i membri della Chiesa, in molti Paesi, debbono vivere come conseguenza di una legislazione civile che è chiaramente in contrasto con i punti fondamentali dell'insegnamento della Chiesa. Invero, istituzioni e leggi spesso ingiustamente ignorano i diritti della persona umana e della famiglia. Anziché porsi al servizio della famiglia, a volte la società la attacca violentemente in molti dei suoi valori e requisiti fondamentali. Perciò la famiglia, che nel piano di Dio è la cellula fondamentale della società è un soggetto di diritti e di doveri davanti allo Stato e a ogni altra comunità si trova ad essere a volte la vittima della società, dell'incomprensione della società, e perfino della sua vistosa ingiustizia.
La Santa Sede ha preparato una prima bozza di tale Carta attraverso una consultazione con i Vescovi, le facoltà teologiche, esperti e organizzazioni interessate. Questa carta è stata approvata per la pubblicazione il 22 ottobre 1983, ed è stata resa nota ai media il 24 novembre dello stesso anno. E' stata inoltre fatta pervenire a tutti i Governi e organizzazioni internazionali intergovernative. Il suo scopo è chiaramente detto nel preambolo: “la Società, e in modo particolare, lo Stato e le Organizzazioni Internazionali, deve proteggere la famiglia mediante misure di carattere politico, economico, sociale e giuridico, con lo scopo di consolidare l'unità e la stabilità della famiglia in modo che essa possa esercitare la sua specifica funzione (Preambolo, I)".

L'interesse per i diritti degli individui e nella famiglia nel campo della religione o della fede è sempre molto presente nella mente di coloro che hanno scritto la Carta. Ciò si riflette esplicitamente in tre dei dodici articoli che la Carta stessa contiene.

L'articolo 2 riafferma il diritto al matrimonio; il secondo paragrafo, relativo alla preparazione al matrimonio, recita come segue: «i futuri sposi hanno diritto alla loro libertà religiosa. Perciò imporre a priori come condizione per il matrimonio una negazione della fede o una professione di fede che è contraria alla coscienza costituisce una violazione di questo diritto».
Ancora, quattro paragrafi dell'articolo 5, che si riferiscono all'inalienabile diritto dei genitori a educare i loro figli, riafferma i punti fondamentali del diritto alla libertà religiosa:
a) I genitori hanno il diritto di educare i loro figli in conformità con le loro convinzioni morali e religiose, tenendo conto delle tradizioni culturali della famiglia che favoriscano il bene e la dignità del bambino; essi devono inoltre ricevere dalla società l'aiuto e l'assistenza necessari per svolgere convenientemente il loro ruolo educativo.
b) I genitori hanno il diritto di scegliere liberamente scuole o altri mezzi necessari per educare i loro figli in conformità con le loro convinzioni. Le pubbliche autorità devono far sì che pubblici sussidi siano stanziati in maniera che i genitori siano veramente liberi nell'esercitare questo diritto, senza andare incontro ad oneri ingiusti. Non si devono costringere i genitori a sostenere, direttamente o indirettamente, spese supplementari, che impediscano o limitino ingiustamente l'esercizio di questa libertà.
c) I genitori hanno il diritto di ottenere che i loro figli non siano costretti a frequentare le scuole che non sono in armonia con le loro proprie convinzioni morali e religiose. In particolare l'educazione sessuale – che è un diritto fondamentale dei genitori – deve essere compiuta sotto la loro attenta guida sia in casa sia nei centri educativi scelti e controllati da loro.
d) I diritti dei genitori sono violati ogni qualvolta venga imposto dallo Stato un sistema obbligatorio di educazione, da cui sia esclusa ogni formazione religiosa.

L'articolo 7 parla di libertà religiosa a proposito della vita famiglia:

«Ogni famiglia ha il diritto di vivere liberamente la propria vita religiosa domestica sotto la guida dei genitori, così come ha il diritto di professare pubblicamente e di diffondere la fede, di prendere parte al culto pubblico e a scegliere liberamente programmi di istruzione religiosa senza patire discriminazione».

Questa Carta dei diritti della famiglia è stata salutata, in generale, come un documento di cui c’era effettivamente bisogno. Nel pubblicarla, la Santa Sede non ha né il desiderio né l'intenzione di imporre la sua visione della società. Il suo unico desiderio è stato di sostenere gli sforzi dei suoi membri e di tutti coloro che accettano la validità universale dei principi che la Carta propone, in modo particolare in quelle situazioni in cui governi e organizzazioni internazionali non li riconoscono, oppure insistono nel rifiutare di accettarli completamente.

Concludendo, vorrei riaffermare l'importanza del costante sforzo per assicurare a tutti la libertà religiosa. In un'assemblea come questa composta di persone che per vocazione e per scelta, e certamente poi convinzione, dedicano la loro attività alla promozione della libertà religiosa, può sembrare superfluo affermare che dobbiamo sempre rimanere vigilanti. Ma non è affatto superfluo riaffermare insistentemente che la libertà religiosa non è un fatto universale né una realtà universale. Noi tutti ci rallegriamo dei numerosi sforzi che sono stati fatti per formulare i punti base della libertà religiosa, e per garantire la loro applicazione pratica verso legislazioni nazionali e dichiarazioni o convenzioni internazionali. Non possiamo mai dimenticare, comunque, che esiste una grande differenza tra la formulazione dei diritti umani e delle loro sanzioni giuridiche da una parte, e dall'altra parte la loro applicazione pratica, così come è espressa nelle regole e nei regolamenti imposti dalle autorità Statali, in controlli burocratici inventati per ridurre le libertà dei credenti, negli interventi di polizie più o meno segrete. Ci sono milioni di persone che si rivolgono e si appellano alla coscienza del mondo perché siano trovati i modi e gli strumenti per assicurare vera libertà religiosa e per essere liberate dalla discriminazione o dall'oppressione che per la famiglia delle Nazioni e per tutta l'umanità è drammatica nella sua intensità e vergognosa nella sua realtà. Dobbiamo rispondere a questi appelli con sforzi unitari, forti della nostra convinzione che la libertà religiosa è il fondamento di tutti i diritti umani, che la libertà religiosa è fonte di vera cultura, promuove la giustizia e costruisce la pace.

Infine, è questa la sfida che non possiamo mai rifiutare: la sfida a costruire le strutture e a mantenere i mezzi in grado di assicurare i diritti di ogni persona in tutte le società. Finché essi verranno violati, il mondo non conoscerà una pace durevole. Finché essi saranno lasciati alla mercé dei capricci di potenze egocentriche e di ideologie materialistiche, allora l’angoscia senza fine di coloro che sono privati delle loro libertà devono trovare eco nei cuori e nelle azioni di noi tutti.

In un mondo che si vede minacciato da un gran numero e di grande varietà di mezzi di distruzione accumulati negli arsenali dell'Est e dell'Ovest, è importante ripetere che la guerra nasce nei cuori e nelle menti degli uomini e che la pace, la vera pace, deve essere il risultato di quegli stessi e di quelle stesse menti convertiti alla necessità di assicurare la giustizia per tutti, garantendo ad ogni essere umano sulla terra di Dio tutti i diritti che promuovono la dignità umana. Soltanto così si potrà aprire la strada alla costruzione della pace che rifletta la volontà del Padre della luce, volontà che ci chiama a realizzare in questo mondo che ci ha affidato.



**L’Osservatore Romano, 6.9.1984 p.1, 5.

 

top