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P. Paul GROSSRIEDER, O.P.

Intervention à la réunion d’experts sur la coopération économique, scientifique et culturelle dans la Méditerranée*

La Valette - Mardi 20 février 1979

 

 

Monsieur le Président,

Notre Délégation prend part avec intérêt aux divers développements de la CSCE. Certes le caractère du Saint-Siège requiert de sa part un apport différencié selon les domaines abordés afin d’être le plus conforme possible à son rôle naturel. La triple coopération économique, scientifique et culturelle qui constitue le mandat de cette réunion ne sera pas soumise à un examen approfondi de la part de notre Délégation, laquelle saisit cette occasion pour dire comment le Saint-Siège envisage la coopération méditerranéenne dans le cadre de la CSCE et selon quel esprit il souhaite la voir se développer.

La CSCE a une double assise géographique et politique. D’un point de vue comme de l’autre, la Méditerranée et tous ses Pays riverains lui confèrent un équilibre que la CSCE a recherché en permanence. Géographiquement il est difficile de séparer totalement les Pays riverains européens de la Méditerranée des non-européens.

L’istoire nous enseigne en effet que la Méditerranée est plus forte qu’une frontière. Elle a tissé des rapports de complémentarité – et parfois, hélas, aussi d’opposition – entre ses voisins que nul ne peut ignorer. Elle est un creuset de civilisation et un centre de gravité culturel plurimillénaire. Autant de facteurs qui d’une manière ou d’une autre continuent de peser sur le destin de l’Europe contemporaine.

Politiquement, l’équilibre européen ne peut faire abstraction de cette percée vers le sud qu’offre la Méditerranée, car, ainsi que le précise l’acte final, il est «étroitement lié à la sécurité dans la région méditerranéenne toute entière». Certes, et notre Délégation ne l’ignore pas, la CSCE a sa spécificité et ses membres ont des droits et des responsabilités qu’ils sont seuls à partager. Mais le cadre défini par les documents fondamentaux d’Helsinki et de Belgrade ne nous empêche pas, dans certains domaines particuliers, comme les questions de la Méditerranée, d’ouvrir nos fenêtres pour tendre la main à des Pays non membres. C’est pourquoi la Délégation du Saint-Siège souhaitait, dans le respect des limites définies au sein de la CSCE, la contribution la plus large possible des Pays méditerranéens non-membres. Elle se félicite de la réponse positive déjà donnée par certains d’entre eux à l’invitation qui leur fut adressée et ose espérer que malgré les difficultés politiques existantes, d’autres encore saisiront cette occasion de se rapprocher dans des domaines qui semblent étrangers aux causes de leur opposition et de leurs divisions. Dans le même esprit d’ouverture, cette Délégation remercie la CEE (Commission Économique pour l’Europe), le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et l’UNESCO pour leurs substantielles contributions, et espère vivement qu’elles pourront servir utilement les objectifs de notre réunion.

Mme la Présidente, le Saint-Siège désire encore rappeler les enjeux humains de nos travaux. Il ne fait aucun doute qu’en travaillant à tisser des liens de coopération économique, scientifique et culturelle, on éloigne le spectre de la guerre entre les peuples, car ces liens créent progressivement et concrètement la confiance entre eux, condition de la paix. De tels efforts de rapprochement entre pays à divers niveaux économiques sont une vérification du mot connu de l’Encyclique Populorum Progressio: le développement est le nouveau nom de la paix.

D’autre part, le triple objectif de la réunion est comme un appel à ne pas limiter le développement à la simple croissance économique. Si vous nous le permettez nous citerons ici une deuxième fois l’Encyclique sur le développement des peuples: «pour être authentique, le développement doit être intégral, c’est-à-dire voué à la promotion de tout homme et de tout l’homme». Comme l’a justement souligné un éminent expert (P L. J. Lebret): «nous n’acceptons pas de séparer l’économique de l’humain, le développement de la civilisation dans laquelle il s’insère. Ce qui compte pour nous, c’est l’homme, tout homme, chaque groupe d’hommes, jusqu’à comprendre l’humanité entière» (Populorum progressio. n. 14).

Enfin, parmi les sujets qui pourraient être abordés durant les semaines à venir il en est un qui tient particulièrement à coeur à notre Délégation et c’est le problème des travailleurs migrants. Ces derniers ne bénéficient pas toujours au plan culturel de conditions idéales, notamment en ce qui regarde l’éducation dans tous les domaines, y compris le religieux. Toute initiative de nature à contribuer à une solution positive de ces questions décisives pour le développement intégral de la personne humaine pourrait grandement rapprocher les peuples de l’Europe de demain.

Comme l’a déjà souligné le Pape Jean Paul II dans son Message au Gouvernement de Malte lors de l’ouverture de cette réunion, cette île et le peuple qui l’habite ont des raisons historiques et géographiques particulières à invoquer pour accueillir des délégations appelées à examiner les possibilités et les moyens propres à promouvoir des initiatives concrètes de coopération mutuellement avantageuse concernant divers domaines économiques, scientifiques et culturels en Méditerranée.

Nous ne saurions terminer sans remercier chaleureusement le pays hôte pour son accueil. La beauté naturelle du pays, la gentillesse et l’affabilité de sa population nous réjouissent profondément.

A l’instar d’utres délégations, nous sommes nous aussi en admiration devant les efforts de géant fournis pour restaurer l’infirmerie de l’Ordre de Malte, symbole de richesse historique et de continuité du peuple maltais. Enfin l’excellente organisation de la réunion nous permet de travailler dans des conditions agréables. Tout cela ne peut que favoriser l’obtention des résultats positifs que nous espérons.


*L'Osservatore Romano 23.2.1979, p.2.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.9 p.9.

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P. Paul GROSSRIEDER, O.P.

Intervention à la réunion d’experts sur la coopération économique, scientifique et culturelle dans la Méditerranée**

La Valette - Mardi 20 février 1979



Our Delegation takes part with interest ... Conference on Security and Co-operation in Europe (CSCE). Certainly, the character of the Holy See requires on its side a differentiated contribution, according to the fields tackled, in order to be as much in conformity as possible with its natural role. Cooperation on the three planes of the economy, science, and culture, which constitutes the mandate of this meeting, will not be submitted to a thorough examination on the part of our Delegation, which lakes this opportunity to say how the Holy See envisages Mediterranean cooperation in the framework of the CSCE, and according to what spirit it wishes to see it develop.

The CSCE has a double foundation, geographical and political. From both standpoints, the Mediterranean and all the countries bordering on it confer on it a balance that the CSCE has sought permanently. Geographically, it is difficult, completely to separate the European countries bordering on the Mediterranean from the non-European ones.

History reaches us in fact that the Mediterranean is stronger than a frontier. It has woven among its neighbours relationships of complementarity – and sometimes, alas, also of opposition – which no one can ignore. I t is a crucible of civilization and a multi-millennial cultural centre of gravity. So many factors which, in one way or another, continue to weigh on the destiny of contemporary Europe.

Politically, European balance cannot disregard this passage to the south that the Mediterranean offers, for, as the final document states, it is «closely linked with security in the whole Mediterranean region». Certainly, and our Delegation is aware of it, the CSCE has its specificity and its members have rights and responsibilities which they alone share. But the framework defined by the fundamental documents of Helsinki and Belgrade does not prevent us. in certain particular fields, such as the questions of the Mediterranean, from opening our windows to offer a helping hand to non-member countries. That is why the Holy See Delegation desired, in respect of the limits defined within the CSCE, as large a contribution as possible from non-member Mediterranean countries. It expresses satisfaction with the positive answer already given by some of them to the invitation addressed to them, and ventures to hope that, in spite of the existing political difficulties, others will like this opportunity to draw nearer one another in fields that seem foreign to the causes of their opposition and divisions. In the same spirit of openness this Delegation thanks ECE (Economic Commission for Europe), UNPE (United Nations Programme for Environment) and UNESCO for their substantial contributions, and deeply hopes that they will be able to serve usefully the purposes of our meeting.

Madam President the Holy See wishes, further, to recall the human stakes of our work. There is no doubt that by working lo weave ties of economic, scientific, and cultural cooperation, the spectre of war among peoples is kept at a distance; for these bonds gradually and concretely create trust among them, the condition of peace. Such efforts of rapprochement among countries at different economic levels are a verification of the well-known expression in the Encyclical Populorum Progressio: development is the new name of peace.

On the other hand, the threefold aim of the meeting is, as it were, an appeal not to limit development to mere economic grown. With your permission we will quote here for the second time the Encyclical on the development of peoples: «In order to be authentic it (development) must be complete: integral, that is, it has to promote the good of every man and of the whole man. As an eminent specialist, Fr L.J. Lebret, has very rightly and emphatically declared: ‘We do not believe in separating the economic from the human, nor development from the civilizations in which it exists. What we hold important is man, each man and each group of man, and we even include the whole of humanity». (n. 14).

Finally, among the subjects that might be tackled during the weeks to come, there is one to which our Delegation attaches particular importance: the problem of migrant workers. The latter do not always enjoy ideal conditions on the cultural plane, especially as regards education in all fields, including the religious one. Any initiative likely to contribute to a positive solution of these questions, decisive for the complete development of the human person, could draw much closer together the peoples of the Europe of tomorrow.

As Pope John Paul II stressed in his Message to the Government of Malta on the occasion of the opening of this meeting, this island and the people that inhabits it have particular historical and geographical reasons to invoke in order to welcome Delegations called to examine the possibilities and the means calculated to promote concrete initiatives of mutually advantageous cooperation concerning different economic, scientific and cultural fields in the Mediterranean.



**L'Osservatore Romano. Weekly Edition in English n.11 p.11.

 

 

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