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Mgr Achille SILVESTRINI

Intervention à la séance d’ouverture de la Conférence de Stockholm (CSCE)*

Vendredi 20 janvier 1984



Ma délégation désire avant tout adresser ses hommages déférents à Sa Majesté le roi de Suède et exprimer sa vive reconnaissance au gouvernement et au peuple suédois pour l’accueil cordial et l’excellente organisation avec lesquels ils nous ont reçus. Je voudrais aussi remercier le gouvernement de Finlande pour sa collaboration à la réunion préparatoire qui a eu lieu en octobre-novembre, à Helsinki.

Stockholm est devenu ces jours-ci la ville de l’espoir. L’opinion publique en Europe et dans le monde regarde cette conférence – en dépassant même la portée de la finalité et du mandat que lui assigne le document final de Madrid – avec une attente et des exigences chargées d’une émotion bien compréhensible.

Tout le monde se rend compte que la situation mondiale est très sérieuse. Pour la première fois depuis bien des années, on a assisté, dans les secteurs internationaux les plus délicats, à une réduction draconienne des instruments de dialogue et de médiation: les deux négociations de Genève sur les armements nucléaires ont été interrompues et les négociations de Vienne sur une réduction équilibrée des forces conventionnelles ont également été suspendues. En quittant les sièges officiels pour les négociations, on a aussi remis en discussion les méthodes et les limites d’une éventuelle perspective de désarmement. Au même moment, les moyens normaux de communication bilatérale se sont réduits ou sont devenus moins crédibles.

D’autre part, on perçoit nettement un accroissement correspondant des tensions et des risques: la course aux armements pourra devenir incontrôlable, la peur et l’agressivité – aiguisées par l’incertitude et la méfiance – ont déjà augmenté tandis que deviennent plus vives les polémiques et les oppositions idéologiques qui attisent certains conflits locaux, proches ou éloignes du territoire européen, mais influencés par la tension Est-Ouest.

Les gens les moins au fait du débat politique devinent que ce qui est encore le plus à craindre, c’est le risque d’une erreur. Le perfectionnement scientifique et technologique continuel qui accroît les niveaux de précision et la rapidité d’utilisation des armes les plus meurtrières, réduit à des limites presque infra-humaines les marges de réflexion et de délibération dont devraient jouir les agents humains responsables de décisions qui, en moins d’une demi+heure, pourraient avoir les effets d’une destruction apocalyptique pour leurs propres peuples et les autres. Le risque d’erreur apparaît encore plus grave si l’on analyse la logique interne qui est à la base de la course aux armements; chacun dit qu’il ne veut pas agresser mais seulement se défendre: c’est pour sa propre défense qu’il recherche une plus grande sécurité mais, fondamentalement, il ne se sent vraiment sûr que s’il dispose d’une supériorité, même limitée. Un tel processus, amorcé des deux ou de plusieurs côtés, entraîne cette logique de la peur non pas a prendre position sur un équilibre, mais à déchaîner une course aux réarmements, illusoire et ruineuse.

L’acte final d’Helsinki de 1975 reconnaissait «la nécessité de réduire les dangers d’un conflit armé» et «les malentendus et les erreurs d’appréciation par rapport aux activités militaires qui pourraient donner lieu à une inquiétude», et il engageait les États membres à observer certaines mesures au sujet des manœuvres et des mouvements militaires d’une certaine envergure.

Ce «code de confiance» partiel, mais significatif, a été suivi, grâce au document final de Madrid, d’un projet sur «une série de mesures complémentaires pour renforcer la confiance et la sécurité destinées à réduire le risque d’un affrontement militaire en Europe».

Déjà, dans les déclarations que nous avons entendues ces jours-ci, des hypothèses et des propositions d’un grand intérêt ont été formulées par quelques pays. Le Saint-Siège regarde ces efforts avec une extrême bienveillance. Il n’intervient pas dans le débat technico-militaire qui n’est pas de son ressort: il se rend compte de la complexité et de la délicatesse de ce genre d’initiatives, il les encourage car il en apprécie surtout:

a) Le critère de base, c’est-à-dire la réciprocité et la validité erga omnes pour tous les États-membres, qu’ils soient grands ou petits, faisant partie d’alliances militaires, non alignés ou neutres;
b) La finalité consistant à renforcer la confiance et la sécurité entre tous;
c) La motivation, c’est-à-dire le fait de chercher à réduire le risque d’un affrontement militaire en Europe.

En même temps, le Saint-Siège juge utile d’apporter sa contribution propre en mettant en lumière et en encourageant le facteur psychologique et moral qui, allant de pair avec les mesures technico-militaires, peut augmenter et même fonder encore plus nettement cette fameuse confiance que tous appellent.

Il est communément admis que la force de dissuasion représente un facteur de sécurité dans la mesure où elle détourne l’adversaire potentiel de la tentation d’attaquer; elle peut donc être, temporairement et faute d’autres remèdes, une nécessité. Mais tout le monde reconnaît qu’un critère de ce genre, à part les problèmes, même moraux, qu’il soulève, n’est certainement pas quelque chose qui puisse alimenter la confiance. A notre avis, il faut considérer la situation de fond, morale et psychologique, des tensions existantes. Il est évident qu’aujourd’hui les peuples se trouvent pris dans un étau: ils sentent le danger de perdre leur propre identité et leur liberté ainsi que l’ensemble des valeurs qui donnent son sens à la vie et qui font naître l’instinct de défense; et la panique devant une «escalade» ruineuse des armements, aussi bien nucléaires que conventionnels, qui brûle les ressources, réduit les Etats à devenir des arsenaux insensés et les hommes à vivre dans des conditions d’angoisse et de terreur croissantes.

Il semble donc indispensable de réfléchir sur la nature des valeurs et des biens que l’on craint de perdre et pour la défense desquels on pense être obligé de s’armer, et de voir quelles pourraient être les façons plus vraies et plus efficaces de préserver et de garantir la jouissance de ces biens sans qu’il soit pour cela nécessaire de continuer à accumuler des armements. Il est intéressant d’observer que, dans l’acte final d’Helsinki, les peuples d’Europe, des États-Unis et du Canada reconnaissent avoir une «histoire commune» et «des éléments communs dans leurs traditions et dans leurs valeurs». Or, ce sont justement ces peuples qui sont actuellement les protagonistes de la plus grave tension mondiale.

Ils ont dans leur histoire, un patrimoine commun d’idées, de valeurs morales, de culture et d’art qui est l’un des plus créatifs, ainsi qu’une expérience de souffrances, a la suite de divisions et de luttes séculaires entre eux, qui ont appris à ces peuples à connaître les avantages de la coopération et de la paix.

Cette leçon est résumée dans l’acte final: respect des nations dans leur souveraineté et leur égalité, dans leurs frontières et leur intégrité territoriale, refus de la menace ou du recours à la force, arrangement pacifique des litiges, respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, à commencer par la liberté de conscience et de religion, respect de la vie interne des États et droits des peuples à établir leur propre régime et à poursuivre comme ils l’entendent leur propre développement politique, économique et culturel, satisfaction des obligations internationales et coopération entre les États.

Si l’on faisait un référendum au niveau de l’homme de la rue de Paris ou de New York, de Moscou ou de Vienne, de Rome ou de Londres, pour savoir si les gens sont prêts à faire un effort pour qu’un tel ensemble de valeurs soit assuré également pour l’avenir, dans une mesure égale et avec une garantie semblable aussi bien pour eux que pour les autres peuples, je pense que la réponse affirmative serait plébiscitaire.

Si tel est sans aucun doute le sentiment général en faveur de la paix, les responsables des gouvernements auraient-ils une volonté préconçue de pousser leurs propres peuples à la guerre? Notre délégation pense que non et elle est prête à apporter sa contribution pour que ce soupçon puisse être dissipe. Mais notre délégation est convaincue qu’un travail de clarification et de vérité est nécessaire de la part de tous; et tout d’abord en résistant à la tentation de faire de l’adversaire quelque chose de diabolique en lui attribuant des machinations pour faire naître les tensions.

A travers les mass media, les peuples prennent part avec une attention de plus en plus vive au débat international: il est urgent de leur dire la vérité sans leur imposer des images manipulées ou déformées, mais en les aidant à saisir la complexité des situations la pluralité des requêtes légitimes, la nécessité qu’il y a à s’ouvrir à la solidarité envers les peuples les moins bien pourvus.

Ce que le Pape Jean-Paul II, dans son message pour la Journée mondiale de la paix du 1 janvier de cette année, a appelé «la séduction des systèmes sociopolitiques et idéologiques» est en contraste avec cette ouverture, dans la mesure où ces systèmes «présentent une vision globale exclusive et presque manichéenne de l’humanité et font de la lutte contre les autres, de leur élimination ou de leur asservissement la condition du progrès».

Il est clair que cette conception, reportée au niveau des rapports internationaux, non seulement réduit et tend à annuler la possibilité même d’une «coexistence pacifique» entre les Etats – ce qui est l’une des structures de base de l’acte final d’Helsinki – mais prive les peuples de valeurs fondamentales pour leur propre vie, telles que la vérité, la justice, le respect des droits de l’homme, le sentiment de solidarité avec les autres.

Ce n’est que si les systèmes sont disposés à s’ouvrir à une confrontation amicale et à un échange utile de valeurs – dans le respect de l’identité de chacun, avec la conscience d’un héritage historique et d’une espérance commune – que les méfiances pourront tomber et que les arsenaux deviendront inutiles, que les ressources seront mises à la disposition pour être utilisées, en coopération, par les énergies créatrices.

C’est «la liberté d’esprit» que le Pape a souhaitée aux hommes et aux peuples du monde, c’est «le retour à la vérité» qui pourrait, pris comme mesure effective de confiance, imprimer un tournant décisif à la ligne de base des relations entre les Etats.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°6, p.2,11.

La Documentation catholique n°1872, p.430-432

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Mgr Achille SILVESTRINI

Intervention à la séance d’ouverture de la Conférence de Stockholm (CSCE)**

Vendredi 20 janvier 1984


First of all, my Delegation wishes to address a thought of respectful homage to His Majesty the King of Sweden and a thought of deep gratitude to the Swedish government and people for the cordial welcome and efficient organization they have reserved to all of us. I would also like to thank the government of Finland for the collaboration given to the preparatory meeting which took place in October-November in Helsinki.

Mr. President, Stockholm has in these days become the city of hope. Public opinion in Europe and in the world have made converge on this conference – even surpassing the importance of the aim and the charge given to it by the concluding document in Madrid – an easily understood emotional charge of expectation and demand.

People feel that the world situation is very grave. For the first time in many years a drastic reduction in the instruments for dialogue and mediation has taken place in the most delicate international sectors: the two nuclear arms negotiating sessions in Geneva were broken off, and the Vienna negotiations for balanced reduction in conventional forces has also been suspended. The desertion of the institutionalized seats of negotiations has also caused the questioning of the methods and the sphere of a possible prospect of disarmament. At the same time, the normal channels of bilateral communication have been reduced or have become less credible.

On the other hand, the corresponding increase in tensions and risks is clearly felt: the arms race can become uncontrollable; fear and aggression have already increased – stimulated by uncertainty and mistrust – while polemics and ideological oppositions are becoming more heated, and these act as incentives in some local conflicts, near or far from the European area, but influenced by the East – West tension.

Even those persons who are most unaware of the political debate sense that the risk of error is even more dreadful.

Continual scientific and technological perfection, which increases levels of precision and speed in the use of the most deadly weapons, reduces to almost infra – human limits the room for reflection and rethinking which should be at the disposal of the human agents who are responsible for decisions which, in less than a half hour’s time, could have apocalyptically destructive effects for their own people as well as others ‑ The risk of error appears to be so much graver when analysing the internal logic which inspires the arms race: each side says that it would not want to attack, but only defend itself; for its own defence it seeks greater security, but fundamentally it feels truly secure only if it possesses superiority, even if limited.

Such a process, begun by both or more sides, leads this logic of fear not to establishing a balance, but to unleashing an illusory and destructive arms race.

Mr President, the Helsinki Final Act of 1975 recognized «the need to reduce the dangers of armed conflict» and «the misunderstandings and evaluation errors relative to military activity which could cause apprehension», and committed the participating nations to observe some measures for conducting maneuvers and military movements of a certain importance.

To this partial but significant «code of confidence», the Madrid final document has now added the project for «a series of complementary measures to strengthen trust and security, measures aimed at reducing the risk of a military conflict in Europe».

 In the statements we have already heard during these days, hypotheses and proposals of great interest have been formulated by some countries. The Holy See looks upon this process with great favour. It does not join in the technical military debate, which does not fall within its competence; it realizes the complexity and delicacy of these initiatives and encourages them with conviction because it appreciates above all: a) the basic criterion, that is, the reciprocity and the validity erga omnes with regard to the participating nations, large and small, involved in military, non-aligned or neutral alliances; b) the aim of strengthening trust and security among everyone; c) the motivation, that is, of reducing the risk of a military confrontation in Europe, At the same time, the Holy See feels that it is useful to make its own contribution by emphasizing and stimulating the psychological-moral factor which, at an equal pace with technical-military measures, can increase, and even more decisively lay the foundations for that trust which is so much sought after.

It is commonly admitted that deterrence represents a safety factor, since it dissuades the potential adversary from the temptation to attack and therefore can be, temporarily and in the absence of other remedies, a fact of necessity. But everyone recognizes that a criterion of that kind, aside from the moral questions it raises as well, is certainly not designed to increase trust. We believe that it is necessary to consider the basic moral and psychological conditions of existing tensions. It is evident that nations today find themselves ever more in a vice-like grip: the feeling of the danger of losing their own identity and freedom and the complex of values which give life meaning and from which springs the defence instinct: and the nightmare of a disastrous «escalation» of weapons, both nuclear and conventional, which may destroy resources, reduce nations to absurd arsenals and men to a condition of ever greater anguish and terror.

It therefore seems proper to reflect on the nature of the values and goods which one is afraid to lose and in defence of which it is thought necessary to arm oneself: and see what could be the truest and most effective ways to preserve and guarantee the enjoyment of these goods without the necessity of continuing to accumulate weapons. It is interesting to observe that in the Helsinki Final Act the peoples of Europe, the United States and Canada recognize they have a «common history» and «common elements in their traditions and values», even though these very peoples are presently the protagonists in the gravest world tension.

In their history they have a heritage of ideas, of moral values, of culture and art which are among the most creative, as well as an experience of suffering, the result of age-old divisions and strife between them which have led these peoples to understand the advantages of cooperation and peace.

This lesson is condensed in the principles of the Final Act: respect for nations’ sovereignty and equality; for their frontiers and territorial integrity; renouncement of threat or use of force; peaceful settlement of controversies; respect for human rights and basic freedoms, beginning with the freedom of conscience and religious belief; respect for the internal life of nations and for the rights of peoples to establish their own governments and to pursue their own political, economic and social development as they see fit; fulfilling in good faith international obligations and cooperation among nations.

If the people in the street, men and women, in Paris or New York, Moscow or Venice, Rome or London, were to be asked if they were willing to commit themselves to ensuring this set of values, also for the future, in equal measure and with an equal guarantee to them as well as to other peoples, I think an affirmative response would be unanimous.

If this is surely the peaceful sentiment of the people, will those responsible in the governments have a pre-established desire to push their own people to war?

Our Delegation does not believe so, and is ready to contribute to dispelling this suspicion. lt is convinced, however, that an act of clarification and truth is needed on everyone’s part: above all, resisting the temptation to picture the enemy as a demon, blaming him for plotting to cause tensions.

Through the mass media people are taking part with ever more avid attention in the international debate: they must be spoken to truthfully, not forcing upon them manipulated or distorted images, but helping them to grasp the complexity of situations, the plurality of legitimate requests, the need to open themselves to Solidarity towards people who are less well off.

This opening is contrary to what John Paul II, in his Message on the World Day of Peace on 1 January of this year, called the seduction of «socio-political and ideological systems»... «to the extent to which... they present a global vision of humanity that is exclusive and almost Manichean, to the extent that they make the struggle against others, their elimination or enslavement the condition or progress...».

It is clear that this conception, transferred to international relations, not only reduces and tends to annul the very possibility of «peaceful coexistence» among nations – which is one of the principal concepts of the Helsinki Final Act – but deprives peoples of fundamental values for their lives, such as truth, justice, respect for human rights and the feeling of solidarity with others.

nly if political systems are willing to open themselves to a friendly confrontation and a useful exchange of values – in respect for the identity of each one, in the awareness of an historical tradition and a common hope – can mistrust vanish and arsenals become useless, resources be freed to be used, in cooperation, as creative energies.

It is the «freedom of spirit» which the Pope wishes to the people and nations of the world and «the return to truth» which could, as an effective measure of trust, give a decisive turn to the guidelines of relations among nations.


**L'Osservatore Romano. Weekly Edition in English n. 7 p.8.

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SEDUTA D'APERTURA DELLA CONFERENZA DI STOCCOLMA (CSCE)

INTERVENTO DI MONS. ACHILLE SILVESTRINI**

Venerdì, 20 gennaio 1984



Signor Presidente, la mia Delegazione desidera anzitutto rivolgere un pensiero di omaggio deferente a Sua Maestà il Re di Svezia e di viva riconoscenza al Governo e al popolo svedesi per la cordiale accoglienza e l’efficiente organizzazione che hanno riservato a tutti noi. Così pure vorrei ringraziare il Governo di Finlandia per la collaborazione data alla riunione preparatoria che si è svolta in ottobre-novembre a Helsinki.

Stoccolma in questi giorni è divenuta la città della speranza. L’opinione pubblica in Europa e nel mondo ha fatto convergere a questa Conferenza – anche superando la portata della finalità e del mandato assegnatale dal documento conclusivo di Madrid – una carica emotiva, ben comprensibile, di aspettativa e di richiesta.

La gente avverte che la situazione mondiale è molto seria. Per la prima volta, dopo molti anni, si è verificata nei più delicati settori internazionali una riduzione drastica degli strumenti di dialogo e di mediazione: i due negoziati di Ginevra sugli armamenti nucleari sono stati interrotti, anche il negoziato di Vienna sulla riduzione bilanciata delle forze convenzionali sospeso. Disertando le sedi istituzionalizzate di trattativa sono stati rimessi in discussione anche i metodi e l’ambito di una possibile prospettiva di disarmo. Nello stesso tempo, i normali canali di comunicazione bilaterale si sono ridotti o sono divenuti meno credibili.

Dall’altro lato, si avverte chiaramente il corrispondente aumento delle tensioni e dei rischi: la corsa agli armamenti potrà divenire incontrollabile: già sono cresciute la paura e l’aggressività – stimolate dall’incertezza e dalla diffidenza – mentre divengono più accese le polemiche e le contraddizioni ideologiche, le quali agiscono come incentivo di alcuni conflitti locali, vicini o lontani dall’area europea, ma influenzati dalla tensione Est-Ovest.

Le persone anche più ignare del dibattito politico intuiscono che più temibile ancora è il rischio dell’errore. Il continuo perfezionamento scientifico e tecnologico, che accresce i livelli di precisione e la rapidità dell’utilizzazione degli armamenti più micidiali, riduce a limiti quasi infraumani gli spazi di riflessione e di ripensamento, di cui dovrebbero disporre gli agenti umani, che sono responsabili di decisioni che, in tempi inferiori a una mezz’ora, avrebbero effetti di distruzione apocalittica, per i propri popoli e per quelli altrui. Il rischio dell’errore appare tanto più grave analizzando la logica interna che ispira la corsa agli armamenti: ognuno dice che non vorrebbe aggredire, ma solo difendersi; per la propria difesa ricerca una maggiore sicurezza, ma tendenzialmente, si sente davvero sicuro solo se dispone di una, sia anche limitata, superiorità. Un tale processo, innescato da ambedue o da più parti, conduce questa logica della paura non ad attestarsi su un equilibrio, ma a scatenare una corsa di riarmo, illusoria e rovinosa.

Signor Presidente, l’atto finale di Helsinki del 1975 riconobbe «la necessità di ridurre i pericoli di conflitto armato» e «i malintesi e gli errori di valutazione relativi ad attività militari che potrebbero dar luogo a inquietudine», e impegnò gli Stati partecipanti a osservare alcune misure di comportamento per le manovre e per i movimenti militari di un certo rilievo.

A questo parziale, ma significativo, «galateo della fiducia », il documento finale di Madrid ha fatto seguire ora il progetto di «una serie di misure complementari per rafforzare la fiducia e la sicurezza, destinata a ridurre il rischio di un confronto militare in Europa ».

Già nelle dichiarazioni che abbiamo ascoltato questi giorni Sono state formulate da alcuni Paesi ipotesi e proposte di grande interesse. La Santa Sede guarda a questo processo con estremo favore. Essa non interloquisce nel dibattito tecnico-militare, che non rientra nella sua competenza: si rende conto della complessità e delicatezza di tali iniziative, e le incoraggia con convinzione perché ne apprezza soprattutto:

a) Il criterio di base, cioè la reciprocità e la validità erga ommes nei confronti degli Stati partecipanti, grandi e piccoli, inseriti in alleanze militari, non-allineati, o neutri; b) La finalità di rafforzare la fiducia e la sicurezza fra tutti; c) La motivazione, cioè di ridurre il rischio di un confronto militare in Europa.

Nello stesso tempo, la Santa Sede ritiene utile di dare un contributo proprio mettendo in luce e stimolando il fatto psicologico-morale che, di pan passo con le misure tecnico-militari, può accrescere, e anzi fondare ancora più decisamente, quella fiducia che tanto si invoca.

È comunemente ammesso che il deterrente rappresenta un fattore di sicurezza, in quanto dissuade il potenziale avversario dalla tentazione di attaccare, e quindi può essere, temporaneamente e in mancanza di altri rimedi, un fatto di necessità. Ma tutti riconoscono che un criterio del genere, a parte gli interrogativi anche morali che suscita, non è certo fatto per alimentare la fiducia. A nostro avviso, occorre considerare la condizione di fondo, morale e psicologica, delle tensioni esistenti. È evidente che i popoli oggi si trovano sempre più stretti in una morsa:il sentimento del pericolo di perdere la propria entità e libertà e il complesso dei valori per cui la vita ha un significato, e per cui nasce l’istinto alla difesa; e l’incubo di una escalation rovinosa degli armamenti, sia nucleari sia convenzionali, che bruci le risorse, riduca gli Stati ad assurdi arsenali e gli uomini a una condizione di sempre maggiore angoscia e terrore.

Sembra pertanto doveroso riflettere sulla natura dei valori e dei beni che si ha timore di perdere, e per difendere i quali si ritiene di essere costretti ad armarsi: e vedere quali potrebbero essere i modi più yen e più efficaci per preservare e garantire il godimento di tali beni, senza che sia necessario continuare ad accumulare armamenti. È interessante osservare che nell’atto finale di Helsinki i popoli d’Europa, degli Stati Uniti e del Canada riconoscono di avere una «storia comune» e «elementi comuni nelle loro tradizioni e nei loro valori», eppure proprio questi popoli sono presentemente protagonisti della più grave tensione mondiale. Essi hanno nella storia un patrimonio di idee, di valori morali, di cultura e di arte fra i più creativi, e ugualmente un’esperienza di sofferenze, frutto di divisioni e di lotte secolari tra loro, che hanno portato questi popoli ad apprendere i vantaggi della cooperazione e della pace.

Questa lezione è condensata nei principi dell’Atto finale: rispetto delle nazioni nella loro sovranità e uguaglianza, nelle frontiere e nell’integrità territoriali, rinuncia alla minaccia o all’uso della forza, composizione pacifica delle contese, rispetto dei diritti dell’uomo e delle libertà fondamentali cominciando dalla libertà di coscienza e di credo religioso, rispetto della vita interna degli Stati e diritti dei popoli a stabilire il proprio regime e a perseguire come desiderano il proprio sviluppo politico, economico e culturale, esecuzione in buona fede degli obblighi internazionali e cooperazione tra gli Stati.

Se si facesse un referendum tra la gente della strada, uomini e donne, di Parigi o di New York, di Mosca o di Vienna, di Roma o di Londra, se fossero disposti ad impegnarsi perché un tale complesso di valori fosse assicurato anche per il futuro in uguale misura e con pari garanzia tanto a loro che agli altri popoli, penso che la risposta affermativa sarebbe plebiscitaria.

Se tale è certamente il sentimento pacifico della gente, forse i responsabili dei Governi avranno una volontà precostituita di spingere i propri popoli alla guerra? La nostra Delegazione crede di no, ed è pronta a contribuire perché questo sospetto possa essere fugato. Essa però, è convinta che da parte di tutti sia necessaria un’opera di chiarimento e di verità: anzitutto resistendo alla tentazione di demonizzare l’avversario, attribuendogli ogni macchinazione delle tensioni.

Tramite i mass media i popoli partecipano con sempre più avida attenzione al dibattito internazionale: urge parlare a essi con verità non imponendo immagini manipolate o distorte, ma aiutandoli a cogliere la complessità delle situazioni, la pluralità delle richieste legittime, l’esigenza di aprirsi alla solidarietà verso i popoli meno provvisti.

A tale apertura fa contrasto quello che Giovanni Paolo II nel messaggio per la Giornata mondiale della pace del 10 gennaio di quest’anno ha chiamato «la seduzione dei sistemi socio-politici e ideologici» nella misura in cui «presentano una visione globale esclusiva e quasi manichea dell’umanità e fanno della lotta contro gli altri, della loro eliminazione o del loro asservimento la condizione del progresso».

È chiaro che questa concezione, trasferita nei rapporti internazionali, non solo riduce e tende ad annullare la stessa possibilità di «coesistenza pacifica» fra gli Stati – che è una delle strutture portanti dell’atto finale di Helsinki – ma priva i popoli di valori fondamentali per la loro vita come la verità, la giustizia, il rispetto dei diritti umani, il sentimento di solidarietà con gli altri.

Solo se i sistemi saranno disposti ad aprirsi a un amichevole confronto e a un utile scambio di valori – nel rispetto della identità di ciascuno, nella consapevolezza di un retaggio storico e di una speranza comune – potranno cadere le diffidenze e divenire inutili gli arsenali, farsi libere le risorse per essere utilizzate, in cooperazione, dalle energie creatrici.

È «la libertà di spirito» che il Papa ha augurato alle persone e ai popoli del mondo, e «il ritorno alla verità» che potrebbe, come effettiva misura di fiducia, dare una svolta decisiva alla linea direttrice delle relazioni tra gli Stati.



***L'Osservatore Romano 21.1.1984, p.1, 2.

RULLI G., Per un’Europa senza frontiere. Da Yalta a Helsinki, Roma 1985, p.221-225.



 

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