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P. Philippe LAURENT, S.J.

Intervention à la 18e session de la Conférence générale de l’UNESCO, en séance plénière (point 124: nouvel ordre économique)*

13 novembre 1974



Monsieur le Président, l’instauration d’un ordre économique international nouveau rejoint les préoccupations maintes fois affirmées depuis plus de dix ans par le Saint-Siège c’est pourquoi notre délégation accueille avec grande satisfaction le document 180/103 du directeur général. L’urgence du problème, l’ampleur de la mutation à opérer invitent à bien réfléchir sur les orientations à proposer, afin que tous puissent, sans réserve, donner leur adhésion – non pas une adhésion de principe, mais un appui effectif. Que signifierait en effet l’adoption de principes qui ne viendraient pas ensuite transformer les relations internationales, et d’abord les mentalités et les comportements des Etats et des peuples ?

La délégation du Saint-Siège voudrait apporter ici une contribution positive «dans le cadre du mandat intellectuel et éthique» de l’UNESCO et «dans le sens d’un double effort d’objectivité scientifique et de promotion de la justice», comme le note le document C/103. Pour être brefs, nous vous soumettrons cinq réflexions.

1. Tout d’abord, il nous semble qu’il conviendrait de mieux préciser aujourd’hui le concept global de «pays en voie de développement». Les situations, en effet, sont diverses. Certains pays sont particulièrement défavorisés par leur position géographique, par leur climat, par la faiblesse de leurs ressources naturelles et maintenant par les conséquences de l’inflation. Par contre, dans le même ensemble de pays en voie de développement, certains sont aujourd’hui riches en ressources naturelles – spécialement énergétiques – et en capitaux. Entre les deux extrêmes, Il y a toute une gamme de positions. Sans nier, certes, les liens historiques qui unissent actuellement tous ces pays, il convient de garder présent à l’esprit que leurs situations – pour le présent et surtout pour l’avenir – sont devenues différentes dans le rapport des forces économiques internationales.

De même, le groupe des pays développés n’est aucunement homogène. Certaines grandes puissances peuvent se tenir davantage à l’abri de la crise, tandis que des moyennes puissances se trouvent plus atteintes.

Nous avions pris l’habitude de faire une analyse simple en mettant en face deux groupes les pays en voie de développement, menant le combat pour une plus grande justice, et les pays développés, cherchant à maintenir leurs pouvoirs et leurs privilèges. Peut-on en rester à cette vision? Il faut, nous semble-t-il, entrer dans une analyse plus fine, plus réelle, des pouvoirs, des privilèges et ces rapports de forces. Le nouvel ordre économique international doit s’appuyer sur une telle analyse et préciser dés lors un système diversifié et complexe de responsabilités réciproques.

2. Notre deuxième observation rejoint ce que d’autres ont déjà mentionné ici, en particulier M. le Directeur général. La déclaration concernant l’instauration d’un nouvel ordre économique comporte une lacune sérieuse l’omission de la dimension socioculturelle du développement. Privilégiée, la dimension économique est sans doute un souci de l’heure mais il y aurait danger à ignorer les conditions sociales. culturelles et même politiques qui accompagneront ce nouvel ordre économique et en permettront la réalisation. Bien plus, un nouvel ordre qui serait seulement économique, qui ne viserait qu’à mieux répartir les richesses et les coûts, serait fondamentalement insuffisant. Comme l’a souvent souligné  l’UNESCO, le développement ne peut se réduire à une simple croissance économique. Il s’agit aujourd’hui d’établir de nouvelles relations d’égalité, de confiance, de dialogue et de coopération entre les peuples. Alors qu’en matière économique les pays connaissent le plus souvent des relations de lutte. des rencontres d’intérêts ou des recherches de compromis, on peut espérer que les relations sociales et culturelles permettront d’ouvrir un dialogue plus désintéressé et plus facile.

3. Notre troisième remarque concerne le mot «ordre» («nouvel ordre économique» ). Même si ce terme, dans sa brièveté, séduit, il n’est pas exempt, nous semble-t-il, d’une certaine ambiguïté. Faut-il lui donner un sens juridique et définir alors un nouveau système de droits? Cette démarche, nécessaire, est insuffisante pour deux raisons. En premier lieu, l’affirmation de droits nouveaux, de droits plus nombreux risque, si elle n’est tempérée par la notion corrélative de responsabilités et de devoirs, d’aboutir à un affrontement des droits, à une société bloquée, voire violente. D’autre part, dans un monde en mutation rapide, un ordre juridique trop statique sera vite dépassé; il faudrait plutôt introduire, nous semble-t-il, la notion ce dynamique des droits telle qu’elle est bien mise en valeur dans le document C/4. Aussi serait-il préférable de prendre le concept d’ordre dans un sens plus éthique, comme un ensemble de principes, comme un système de valeurs sur lesquels chacun s’accorderait et qui orienteraient les relations économiques à leurs différents niveaux, national autant qu’interna­tional: justice, solidarité, amitié et fraternité entre les peuples, participation de chacun aux décisions communes.

Mais allons plus loin. Au lieu d’essayer de régler les relations internationales en fonction des besoins actuels des peuples et des nouveaux rapports de forces entre les pays, il conviendrait aussi d’avoir un regard plus prospectif et de regarder ensemble les défis communs de l’avenir, qui déjà s’accumulent à l’horizon de l’an 2000: pollution, rareté relative des ressources naturelles, croissance de la population mondiale, etc. Ces défis, qu’il faut relever dés maintenant, demandent une action concertée, une gestion commune et équitable des ressources matérielles et l’humaines de la planète. La cassure d’aujourd’hui, la nécessité d’inventer un nouvel ordre économique international nous obligent à voir plus loin que la crise actuelle, à être vraiment prospectifs.

4. Quatrième remarque. Nous sommes à un tournant difficile mais plein d’espérance de l’histoire humaine. Les peuples se sont constitués en nations, souveraines, égales, indépendantes. Mais souveraineté et indépendance ne veulent pas dire isolement, autonomie, nationalisme fermé sur lui-même. «Le nationalisme isole les peuples contre leur bien véritable» disait déjà Paul VI en 1967. Un nouvel ordre économique requiert la reconnais­sance de l’existence d’un bien commun de toute l’humanité et une volonté de concertation entre toutes les nations pour le réaliser. Il suppose la conscience, l’éducation d’une solidarité non seulement internationale mais mondiale: entre les deux termes «international» et «mondial», il y a plus qu’une nuance subtile de vocabulaire, il y a une différence profonde d’attitude et de finalité.

Si, juridiquement, la souveraineté permanente et intégrale de chaque Etat sur les ressources natu­relles de son territoire national ne saurait être contestée, les nations Ont cependant le devoir moral de partager ces richesses, de telle sorte que les nations défavorisées par la nature ne soient pas dans une situation d’excessive inégalité. Le droit souverain des Etats sur leurs richesses naturelles doit être tempéré par la perspective de la destination universelle des biens de la terre Et dés aujourd’hui, la question est soulevée, car à côte des richesses naturelles, qui sans conteste apparaissent appartenir à un Etat déterminé, il y en a d’autres qui ne sauraient faire l’objet de l’appropriation par un seul Etat: telles sont par exemple les ressources en eaux fluviales (lorsqu’un fleuve traverse plusieurs Etats), l’atmosphère (en raison de sa relative rareté et des pollutions possibles), les richesses de la mer (comme en témoignent les débats de Caracas). Il s’agit là d’un patrimoine commun de l’humanité, à l’égard duquel l’exclusivité de l’une ou l’autre nation serait injustifiée et incompatible avec le nouvel ordre économique que nous voulons instaurer.

5. Il me reste un point particulier à signaler brièvement: il concerne les sociétés multinationales. Selon le paragraphe 27 du document C/103, l’UNESCO n’est pas directement concernée par ces formes d’activité économique. Le problème présente cependant un aspect culturel global que je voudrais signaler. En effet, ces entités – les sociétés multinationales – qui débordent les limites des Etats et en viennent à contrecarrer les souverainetés nationales, ne sont pas seulement des empires économiques. A entendre certains de leurs dirigeants, elles prétendent à une mission plus large d’instauration d’un nouvel ordre mondial; elles pensent, disent-elles, être porteuses de valeurs universelles mondiales, plus que les nations elles-mêmes, et avoir la possibilité de les promouvoir, plus que les Etats opposés par leurs luttes politiques et idéologiques. Naturellement, nous ne prenons pas à notre compte ces prétentions, mais nous les relevons et nous pensons qu’elles doivent être discutées et critiquées. Sous cet angle, l’UNESCO pourrait, semble-t-il, entreprendre des études et des recherches objectives et critiques, jusqu’ici absentes des documents présentés à l’ECOSOC.

Ces quelques réflexions, Monsieur le Président, montrent tout l’intérêt que notre délégation porte à l’instauration de ce nouvel ordre économique international.

Je vous remercie, Monsieur le Président.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°48, p.5.

La Documentation catholique, 1975, n°1669, p.135-136.



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P. Philippe LAURENT, S.J.

Intervention à la 18e session de la Conférence générale de l’UNESCO, en séance plénière (point 124: nouvel ordre économique)**

13 novembre 1974

 

President,

The setting up of a new International economic order falls in completely with the concerns repeatedly expressed by the Holy See in the last ten years (as early as 1967 Pope Paul VI stressed the urgency of doing so in his document on "The development or peoples"). It is therefore with great satisfaction that our delegation welcomes document 18 C/103 of the Director General on the contribution of UNESCO to this new economic order.

The urgency of the problem the vastness of the transformation to be carried out, are an invitation to meditate on the policies to propose in order that everyone may give, unreservedly, his adherence, not a theoretical adherence, but real support. What meaning would it have, in fact, to adopt principles if they did not subsequently change International relations, and in the first place the out-look and behaviour of States and peoples?

The Holy See delegation would like to make here a positive contribution in the "line of the intellectual and ethical mandate of UNESCO" and "in the direc­tion of a double effort of scientific objectivity and promotion of justice", as docu­ment 18 C/ 103, n.14 says.

1. In the first place a suggestion. It would be useful, it seems to us, to define better the global concept or developing country" today. The situations are, in fact, very different. Certain countries are particularly handicapped by their geographical position (without a coast-line) of their climate, by the scarcity of their natural resources; and, now, by the consequences of inflation. On the other hand, in the same set of "developing countries", some are rich today in natural resources, especially energy, and capital. Between these two extremes there is a whole range of positions. Without denying the ties between all these countries in the past and at present, their situations – now and above all as regards the future – have become different, as regards international economic forces.

Likewise, the group of developed countries is not homogeneous. Certain great powers can defend themselves better against the crisis, while average powers are more affected by it.

We were accustomed to make a simple analysts, contrasting two groups, the de­veloping countries fighting for greater justice, and the developed countries trying to keep their powers and privileges. Can we remain with this over-simplified view? It is necessary, it seems to us, to make a finer and more diversified analysts of powers, privileges and relations or strength: The new international economic order must be based on this analysis and therefore specify a diversified and complex system of mutual responsibilities.

2. As the Director General stresses (18 C/103, n 17), there is a serious gap in the Declaration for the new economic order: the importance or the Socio-cultural dimension of development. To attach more importance to the economic dimension is certainly a concern of the present time – but, as has been said repeatedly, it would be dangerous to ignore the social, cultural and even political conditions that will accompany this new economic order and make its implementation possible.

Moreover, a new order, that was merely economic, aiming at a better distribution of wealth and costs, would be fundamentally insufficient. Development – as UNESCO has often stressed – cannot be reduced to mere economic growth. What has to be done today is to establish new relations of equality, trust and cooperation among the peoples.

In the economic field, the relations maintained are, as often as not, relations of struggle, coinciding interests or compromise efforts. On the contrary, social or cultural relations do not make it possible to open a more disinterested and easier dialogue.

3. Furthermore the word "order” (new economic order), though it has the advantage of brevity, is open to ambiguity.

Are we to give it a legal sense and therefore define a new system of rights? This step is necessary, but it is insufficient for two reasons. In the first place, the affirmation of new rights, more numerous rights, if unaccompanied by the correlative notion of responsibilities and duties, may lead to a conflict or rights, bringing society to a standstill.

Secondly, in a rapidly changing world, a juridical order, too static, will soon become out-of-date, it would therefore be necessary to take rather the concept of the "dynamics of rights" (18 C/4).

But it would be preferable, it seems to us, to understand the concept of order in an ethical sense, that is, as a set of principles and a system of values on which everyone would agree and which would direct economic relations at their different levels, both national and international, the values of justice, solidarity, friendship and brotherhood among peoples, the participation of each one in joint decision.

Moreover, instead of trying to regulate international relations in terms of the present-day needs of peoples and the new relations, or strength between countries, it would be advisable to look forward together at the common challenges of the future pollution, relative scarcity of natural resources, growth of the world population. These challenges, which must be met now, call for concerted action, and a joint and fair management of the material and human resources of the planet. The breakdown today the necessity of inventing a new international economic order, oblige us to look ahead, beyond the crisis really forecasting the future and not just being better managers.

4 We are, indeed, at a decisive turning-point in human history, but one that is also full of hope. The peoples have formed nations sovereign, equal and independent. But sovereignty and independence does not mean isolation, autonomy, nationalism withdrawn itself. "Nationalism isolates peoples contrary to their real good", Paul VI said as early as 1967. A new economic order calls for recognition of the existence of a common good of the whole of mankind and a determination to unite, among all the nations, in order to bring it about. It presupposes awareness of an education, a solidarity that is not only international but worldwide. Between the two terms there is more than a fine shade of meaning, there is a deep difference of attitude and purpose, a subtle distinction.

If juridically the permanent and complete sovereignty of every State over the natural resources of its national territory cannot be questioned; it is, however, the moral duty of nations to share these riches so that the nations less favoured by nature will not be in an excessive situation of inequality. The sovereign right of States over their natural riches must be tempered by the perspective of the universal purpose of the goods of the earth. The question is already raised today, for alongside natural riches which belong unquestionably to a given State, there are others that cannot be appropriated by a single State such are river water resources (when the river flows through several States), the atmosphere (owing to its relative rarity and possible pollutions), the riches of the sea (as the Caracas discussions testify) etc. It is a question of joint patrimony of mankind with regard to which the exclusiveness of one nation or other would be unjustified and incompatible with this new economic order.

5. Brief mention should be made of one particular point: it concerns the multinational companies. Document 18 C/103, n, 27, is of the opinion that UNESCO is not directory concerned by these forms of economic activities. This problem has, however, an overall cultural aspect that I would like to point out. In fact, these entities, the multinational companies, which go beyond the limits of States and even oppose national sovereignties, are not just economic empires, but according to some of their leaders, they claim they have a wider mission to set up a new world order. They think they are bearers of universal worldwide values, more than the nations themselves, they say, and that they have a possibility of promoting them, more than the States, separated by their political and ideological struggles. Of course, we do not recognize these claims, but we note that they exist, and they must be discussed and criticized. But from this cultural point of view, UNESCO could, it seems, undertake objective and critical studies and researches, which are so far lacking in the documents presented to the ECOSOC on this matter.

These few reflections, Mr. President, show the great interest our delegation takes in the setting up of this new international economic order


**L'Osservatore Romano. Weekly Edition in English n°49, p.5, 9.

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INTERVENTO DELLA SANTA SEDE ALLA 18ª SESSIONE
DELLA CONFERENZA GENERALE DELL'UNESCO IN SEDUTA PLENARIA

(punto 124 : nuovo ordine economico)

INTERVENTO DI P. PHILIPPE LAURENT, S.J.,
OSSERVATORE PERMANENTE DELLA SANTA SEDE
PRESSO L'UFFICIO DELLE NAZIONI UNITE***

Mercoledì, 13 novembre 1974

 


Signor Presidente,

L’instaurazione di un nuovo ordine economico internazionale corrisponde pienamente alle preoccupazioni della Santa Sede, molte volte espresse da dieci anni a questa parte (fin dal 1967, il Papa Paolo VI ne sottolineava l’urgenza nel suo documento su “Lo sviluppo dei popoli”). Per questo la nostra Delegazione accoglie con grande soddisfazione il documento 18 C/103 del Direttore generale, concernente il Contributo dell’UNESCO a questo nuovo ordine economico.

L’urgenza del problema e la vastità del cambiamento da operare, invitano a ben riflettere sugli orientamenti da proporre affinché tutti possano, senza riserva, dare la propria adesione; non un’adesione di principio, ma un appoggio effettivo. Che significato avrebbe, infatti, l’adozione di principi che non giungessero a trasformare, in seguito, le relazioni internazionali, e prima di tutto le mentalità e i comportamenti degli Stati e dei popoli ?

La Delegazione della Santa Sede desidera apportare qui un contributo positivo, nella “linea del mandato intellettuale ed etico dell’UNESCO” e “nel senso di un duplice sforzo di obiettività scientifica e di promozione della giustizia”, come afferma il documento 19 C/103, al n. 14.

1. Innanzitutto un suggerimento. Sarebbe conveniente, ci sembra, precisare meglio oggi il concetto globale di “Paese in via di sviluppo”. In effetti, le situazioni sono molto diverse. Certi Paesi sono particolarmente sfavoriti dalla loro situazione geografica (senza litorale), o a causa del clima, o per la scarsità di risorse naturali e, attualmente, per le conseguenze dell’inflazione. Al contrario, nello stesso insieme dei”Paesi in via di sviluppo”, alcuni sono oggi ricchi di risorse naturali, specialmente energetiche e di capitali. Tra questi due estremi, c’è tutta una gamma di posizioni. Senza negare i legami storici e attuali tra tutti questi Paesi, le loro situazioni – per il presente e soprattutto per l’avvenire – sono diventate differenti nel rapporto delle forze economiche internazionali.

Allo stesso modo, il gruppo dei Paesi sviluppati non é omogeneo. Alcune grandi potenze possono tenersi maggiormente al riparo dalla, crisi, mentre le medie potenze si trovano più colpite.

Eravamo abituati a fare un’analisi facile, mettendo di fronte due gruppi: i Paesi in via di sviluppo, che conducono la lotta per una maggiore giustizia, e i Paesi progrediti, che cercano di mantenere i loro poteri e i loro privilegi. Ci si può arrestare a questa veduta schematica? A noi sembra che occorra entrare in una analisi più sottile e più diversificata dei poteri, dei privilegi e dei rapporti delle forze. Il nuovo ordine economico internazionale deve poggiare su una tale analisi e precisare allora un sistema diversificato e complesso di responsabilità reciproche.

2. Come rileva il Direttore generale (18 C/103, n. 17), la Dichiarazione per il nuovo ordine economico comporta una seria lacuna: é l’importanza della dimensione socio-culturale dello sviluppo. Privilegiare la dimensione economica è senza dubbio una preoccupazione del momento; ma, come è stato detto a più riprese, sarebbe pericoloso ignorare le condizioni sociali, culturali ed anche politiche che accompagneranno questo nuovo ordine economico e ne permetteranno la realizzazione.

Per di più, un nuovo ordine che fosse "soltanto economico, che tendesse a meglio ripartire le ricchezze e le spese, sarebbe fondamentalmente insufficiente. Lo sviluppo – come ha spesso rilevato l’UNESCO – non può ridursi ad una semplice crescita economica. Si tratta oggi di stabilire nuove relazioni di uguaglianza, di fiducia e di cooperazione tra i popoli.

Mentre nella sfera economica si constata che la maggior parte dei Paesi conoscano relazioni contrastanti, riunioni di interessi o di ricerca di compromesso, si spera che in ambito sociale e culturale, le relazioni favoriscano un dialogo più disinteressato e più facile.

3. Inoltre, la parola “ordine” (nuovo ordine economico), anche se la sua brevità è seducente, può prestarsi ad ambiguità. Le si deve attribuire un senso giuridico, e definire quindi un nuovo sistema di diritti? Questa specificazione è necessaria, ma è insufficiente per due ragioni. Primo: l’affermazione di nuovi diritti, di diritti più numerosi, se non è temperata dalla nozione correlativa di responsabilità e di doveri, rischia di sfociare in un conflitto di diritti, in una società bloccata, anzi violenta. D’altra parte, in un mondo in rapido mutamento, un ordine giuridico troppo statico sarebbe presto superato: bisognerebbe piuttosto basarsi, allora, sulla nozione della “dinamica dei diritti” (18 C/4).

Ma sarebbe meglio assumere il concetto di ordine più in senso etico, come un insieme di principi e un sistema di valori sui quali ciascuno concordasse e che orientassero le relazioni economiche nei diversi livelli, tanto nazionali che internazionali: giustizia, solidarietà, amicizia, fraternità tra i popoli, partecipazione di ciascuno alle decisioni comuni.

Inoltre, invece di cercare di regolare le relazioni internazionali in funzione dei bisogni attuali dei popoli e dei nuovi rapporti di forza tra i Paesi, sarebbe utile una visione più prospettica e considerare nel loro insieme le sfide dell’avvenire: inquinamento, relativa rarità delle risorse naturali, aumento della popolazione mondiale... Queste sfide, che bisogna tener presenti fin da ora, richiedono un’azione concertata, una gestione comune ed equa delle risorse materiali e umane del pianeta. La frattura odierna, la necessità di inventare un nuovo ordine economico internazionale, ci obbligano a guardare lontano, più lontano della crisi, e ad essere veramente prospettici, non soltanto migliori amministratori.

4. Siamo in effetti ad una svolta decisiva, ma anche piena di speranza, della storia umana. I Popoli hanno costituito le Nazioni, sovrane, con equivalenti prerogative e indipendenti. Ma sovranità e indipendenza non significa isolamento, autonomia, nazionalismo chiuso in se stesso. “Il nazionalismo isola i popoli contro il loro vero bene”, diceva già Paolo VI nel 1967. Un nuovo ordine economico richiede il riconoscimento dell’esistenza di un bene comune di tutta l’umanità e una volontà di concertazione di tutte le nazioni per realizzarlo. Richiede conoscenza e formazione alla solidarietà non solo internazionale, ma mondiale; tra i due termini vi è più d’una semplice sfumatura di vocabolario: vi è una differenza profonda di atteggiamento e di finalità, una acutezza di termine.

Se giuridicamente la “sovranità permanente e integrale di ogni Stato sulle risorse naturali del suo territorio nazionale” non può essere contestata, le Nazioni hanno tuttavia il dovere morale di condividere queste ricchezze, in modo che quelle sfavorite dalla natura non siano in una eccessiva situazione d’inferiorità. Il diritto sovrano degli Stati sulle proprie ricchezze naturali dev’essere temperato dalla prospettiva della destinazione universale dei beni della terra. La questione è già sollevata oggigiorno, poiché accanto alle ricchezze naturali che senza contestazione risultano appartenere ad un determinato Stato, ve ne sono altre che non potrebbero essere oggetto di appropriazione da parte di un solo Stato: tali sono le risorse delle acque fluviali (quando il fiume attraversa diversi Stati), dell’atmosfera (a motivo della sua rarefazione e dei possibili inquinamenti), delle ricchezze dei mare (come testimoniano i dibattiti di Caracas), eccetera... Si tratta in questi casi di un patrimonio comune dell’ umanità, riguardo al quale l’esclusività dell’una o dell’altra Nazione sarebbe ingiustificata e incompatibile con questo nuovo ordine economico.

5. Rimane un punto particolare da segnalare brevemente; concerne le società multinazionali. Il documento 18 C/103,n. 27, pensa che l’UNESCO non sia direttamente interessata da queste forme di attività economiche. Tuttavia il problema ha un aspetto culturale globale che vorrei segnalare. Infatti queste entità – le società multinazionali – che oltrepassano i confini degli Stati e vengono a contrapporsi alle stesse sovranità nazionali, non sono soltanto imperi economici ma, a sentire alcuni loro Dirigenti, pretendono di avere una missione più ampia di instaurazione di un nuovo ordine mondiale. Pensano di essere portatrici di valori universali mondiali, più che non le Nazioni stesse esse dicono, e di avere una possibilità di promuoverli maggiore degli Stati, che sono contrapposti dalle loro lotte politiche e ideologiche. Naturalmente noi non facciamo affatto nostre queste pretese, ma le rileviamo, ed esse devono essere discusse e criticate. Ma, sotto questo aspetto culturale, l’UNESCO potrebbe – sembra – intraprendere studi e ricerche obiettivi e critici che finora sono assenti nel documento presentato su questo argomento dall’ECOSOC.

Queste poche riflessioni, Signor Presidente, dimostrano il grande interesse della nostra Delegazione per l’instaurazione di questo nuovo ordine economico internazionale.


***L'Osservatore Romano 22.11.1974, p.2.

 

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