55ème commission des droits de l'homme (1999) - les droits de l'enfant
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NATIONS-UNIES - À GENÈVE LA 55ème COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME: INTERVENTION DU SAINT SIÈGE

Les droits de l'enfant 

Jeudi 15 avril 1999

 

Madame la Présidente,

Le 10 novembre 1989, l'Assemblée générale approuvait à l'unanimité la Convention sur les droits de l'enfant. Il s'agissait de l'aboutissement d'un long chemin de la Communauté internationale, commencé en 1924 avec la première Déclaration des droits de l'enfant, ainsi que d'un nouveau départ pour le respect et la protection des mineurs en vue d'un développement intégral des potentialités de l'homme, dès l'aube de son existence, dans un climat de dignité, de liberté et de justice.

En effet, la Convention n'est pas seulement une énonciation de principes mais elle constitue un lien juridique pour les pays qui l'ont ratifiée. Elle essaie de repérer, d'une manière plus complète que par le passé, toute la gamme des droits, qui doivent être reconnus aux enfants et, en même temps, d'indiquer les instruments pour les protéger et les promouvoir.

Le Saint-Siège, conscient des contributions positives que ce document peut offrir au bien-être des enfants, a participé activement, dès le début des travaux, à la discussion et à la rédaction de cet instrument international, réaffirmant ainsi l'importance que depuis toujours il accorde à la reconnaissance de la dignité propre de l'enfant, comme en témoignent partout dans le monde les nombreuses oeuvres de l'Eglise catholique dans les domaines de l'assistance et de l'éducation.

Depuis quelques années, la Commission des droits de l'homme a créé deux groupes de travail, chargés de préparer deux projets de protocole facultatif concernant l'engagement d'enfants dans les conflits armés et la vente, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants ainsi que les mesures de base nécessaires pour prévenir et éliminer ces pratiques.

L'abus des enfants, exploités sexuellement à des fins commerciales, est un crime grave et il est ressenti comme tel par l'opinion publique parce qu'un petit être est saccagé dans ce qu'il a de plus authentique: son innocence. Le mal transforme la beauté en horreur et en oppression sauvage.

L'adoption d'un protocole facultatif serait avant tout une réponse adéquate aux exigences de clarté et de justice en faveur de ces victimes, mais aussi un geste de solidarité et de sympathie, un sursaut éthique rappelant à la société qu'elle doit protéger et soutenir avec tous les moyens la personnalité encore fragile de l'enfant au lieu de le maltraiter, de le violenter ou d'abuser de sa vulnérabilité.

Dans le monde, on compte par dizaines de milliers les enfants qui sont employés comme soldats dans les conflits armés. Les structures politiques et sociales des pays, ravagés par des conflits internes, ont éclaté. Les familles sont démembrées et les enfants se retrouvent souvent orphelins ou abandonnés. Dans ces situations, ils deviennent particulièrement vulnérables et leur recrutement pour les combats n'en est que plus facile. S'il est vrai que certains d'entre eux sont enrôlés par la force ou contraints avec des menaces contre leurs familles ou leurs parents, il est vrai aussi que d'autres adhèrent «volontairement» parce qu'ils croient qu'ils seront protégés, qu'ils auront la nourriture nécessaire ou encore parce qu'ils sont alléchés par des promesses d'éducation, d'argent ou d'un futur meilleur.

Les conséquences sont dramatiques: ces enfants sont privés d'une enfance et d'une éducation normales, auxquelles ils auraient droit; ils apprennent à tuer et à affronter avec agressivité la violence qui les entoure tous les jours et qu'ils sont obligés de subir; ils n'ont ni relations affectives ni lieux où se réfugier.

Comme disait le Pape Jean-Paul II dans son dernier Message pour la Journée mondiale de la Paix, «ces enfants... ne pourront pas ne pas avoir de graves problèmes quand il leur faudra s'intégrer dans la société civile. On interrompt leur éducation et l'on porte atteinte à leurs capacités de travail: quelles conséquences pour leur avenir! Les enfants ont besoin de paix; ils y ont droit» (D.C. n. 2195, pag. 6).

L'adoption d'un protocole facultatif dans ce domaine revêt donc une importance fondamentale et, de l'avis de la délégation du Saint-Siège, urgente pour la protection des enfants, surtout les plus pauvres et les plus démunis.

Madame la Présidente,

Après cinq sessions, les deux groupes ne semblent pas être loin de la conclusion de leur travail, mais il y a le risque qu'on ne puisse pas arriver à atteindre l'objectif de mettre au point ces projets de protocole avant le dixième anniversaire de la Convention.

Le Saint-Siège est heureux de pouvoir collaborer avec les Nations unies et la Communauté internationale pour créer un environnement qui favorise l'épanouissement de l'enfant dès sa conception, dans toutes ses dimensions et la mise en oeuvre de ses droits. Les deux protocoles facultatifs seraient un moyen efficace et approprié et apporteraient sans doute un enrichissement précieux au texte de la Convention.

Renouvelant son appui aux deux projets, ma délégation souhaite que tous les participants aux groupes de travail, fassent montre de la flexibilité et de la capacité de compromis nécessaires pour aboutir à des textes, qui puissent bientôt être acceptés par consensus.

S.E. Mgr Giuseppe Bertello, Observateur Permanent.

 


*L'Osservatore Romano 18.4.1999 p.2.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.18 p.10.

 

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