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INTERVENTION DU CARDINAL SECRÉTAIRE D'ÉTAT 
ANGELO SODANO 
AU SOMMET DE L'O.S.C.E. À ISTANBUL

 Jeudi 18 novembre 1999 


Monsieur le Président, 
Excellences, 
Mesdames et Messieurs!


Je suis heureux de vous apporter le salut le plus cordial du Pape Jean-Paul II à vous tous, illustres chefs d'Etat et de gouvernement réunis ici pour cette rencontre importante. En tant que Secrétaire d'Etat de Sa Sainteté, je voudrais vous assurer de la profonde attention avec laquelle l'Evêque de Rome, au nom de l'Eglise catholique, suit les travaux de ce sommet, qui peut tant contribuer à l'avènement d'une paix durable en Europe. Au gouvernement et au peuple de Turquie, je voudrais renouveler l'expression de notre plus profonde solidarité pour les graves épreuves subies au cours des récents tremblements de terre.

En réalité, de la Conférence d'Helsinki, en 1975, à aujourd'hui, de nombreux pas ont été accomplis. De profondes transformations ont également eu lieu en Europe, au cours des dix dernières années, après l'écroulement du Mur de Berlin. Nous allons vers un nouvel ordre européen, mais le chemin à parcourir reste encore long.

Pour ma part, au nom du Saint-Siège, je voudrais rappeler ici qu'il est impossible de penser à une sécurité stable en Europe sans établir des bases morales certaines.


1. Une base certaine est, en premier lieu, la reconnaissance d'une loi naturelle, qui règlemente tous les rapports entre les hommes, antérieure à toute loi positive des Etats. S'il n'existe aucune vérité ultime qui guide l'action politique, alors les idées peuvent également être utilisées à des fins de pouvoir. Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme ouvert ou insidieux, comme cela a été démontré par l'histoire (cf. Jean-Paul II, Encyclique Evangelium vitae, n. 101).
La loi naturelle est une grammaire commune à tous les responsables des destins des peuples, condition "sine qua non" d'un dialogue international fécond.


2. Une base certaine pour la sécurité en Europe est également la reconnaissance des droits inaliénables des personnes et des peuples. La sécurité et le respect des droits humains sont réciproquement la cause et l'effet. La sécurité favorise le respect des droits humains mais, à son tour, le respect de ces droits favorise la sécurité.


3. Une autre base pour la sécurité en Europe est le respect des minorités, que celles-ci soient le résultat de différentes  appartenances  ethniques  ou croyances religieuses; chaque minorité a le droit de préserver et de développer sa propre culture. Dans ce contexte, le rappel à la nécessité de la liberté religieuse, qui doit être un point ferme et essentiel de la civilisation européenne, est toujours actuel également en Europe.

A un siècle de contraintes, doit succéder un siècle de persuasions:  mais cela n'est pas possible sans une étoile polaire qui nous guide:  l'étoile de la liberté.

Excellences,

que de défis nous attendent pour une coexistence sûre en Europe! Il y a ensuite tant d'autres problèmes moraux, comme la défense de la vie, la promotion de la famille, la lutte contre la drogue, la corruption et le terrorisme. Il existe tout un tissu social à édifier parmi les jeunes générations. Je voudrais vous assurer que l'Eglise catholique est proche de vous dans une telle oeuvre de construction d'une nouvelle Europe, l'Europe du troisième millénaire, qui soit meilleure que celle du passé. Notre Organisation doit également y contribuer.

Le Saint-Siège donnera volontiers son accord aux conclusions pratiques qui verront le jour ici pour une plus grande sécurité sur notre continent.

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