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  ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN
DU CORPS DIPLOMATIQUE PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
S.E. LE BARON PROSPER POSWICK,
AMBASSADEUR DE BELGIQUE*

Samedi 8 janvier 1966

 

Très Saint Père,

Les représentants des nations accrédités auprès de Votre Sainteté sont heureux de saisir l’occasion que leur apporte le renouvellement de l’année pour exprimer les vœux qu’ils forment pour Elle, pour Sa santé, pour l’œuvre de paix qu’Elle poursuit infatigablement, pour la maturation des fruits du Concile, cet événement qui marquera dans l’histoire du monde, et dont ils ont eu le privilège de voir célébrer la clôture, au cours de cérémonies inoubliables: chacun de nous est fier de porter la médaille commémorative que Votre Sainteté a eu la bonté de décerner à tous les membres du corps diplomatique, dont le doyen est heureux d’exprimer la gratitude.

Le moment paraît plus solennel que de coutume, car il y a un mois aujourd’hui, le Pape remettait à une délégation d’entre nous, un message de la grande assemblée aux gouvernants du monde entier. Nous souhaitons que Votre Sainteté daigne voir dans la démarche du corps diplomatique une réponse à son message; que nos vœux, comme le message lui-même, débordent le cadre de notre compagnie; qu’ils débordent même celui des quatre-vingt-neuf missions extraordinaires présentes à la cérémonie; qu’ils se fassent l’interprète de tous les gouvernants qui en ont apprécié l’intention et la grandeur, comme ils avaient apprécié naguère, au cours d’une fin d’année fertile en fécondes initiatives de Votre Sainteté, le beau discours, plein de richesse, prononcé par Elle aux Nations-Unies.

Cette sollicitude constante du Pape pour ceux, comme Il l’a dit Lui-même, "qui tiennent en mains le destin des hommes sur cette terre" nous touche profondément. Dans un autre message, celui de Noël, Votre Sainteté disait notamment: "La rencontre de l’Église avec le monde moderne a été décrite en des pages admirables par la dernière constitution du Concile", et Elle ajoutait: "Tout homme intelligent, toute âme honnête doit connaître ces pages". Nous avons hâte de répondre à l’invitation du Saint-Père, car le document nous concerne directement, et conduit au cœur de nos préoccupations. Certes la presse avait permis d’en suivre l’élaboration, comme elle l’avait fait pour d’autres documents conciliaires, la presse, cette privilégiée, à laquelle selon les paroles de Votre Sainteté, "l’Église du Concile... si jalouse autrefois de sa "discipline du secret"... a permis de voir et de parler". Mais avant même de connaître l’état définitif de la constitution "De l’Église dans le monde d’aujourd’hui", les gouvernants ont eu la satisfaction de trouver dans le discours de New York les vues de Votre Sainteté sur un sujet qui préoccupe la conscience de tant d’entre eux, celui du périlleux équilibre de la paix. Vues combien précieuses, car elles viennent de la plus haute autorité morale de l’univers!

"Les terribles armes que la science moderne nous a données" notait justement le Pape, "engendrent de mauvais rêves, alimentent de mauvais sentiments, créent des cauchemars, des défiances, de sombres résolutions,... elles faussent la psychologie des peuples". Votre Sainteté poursuivait: "Tant que l’homme restera l’être faible, changeant, et même méchant qu’il se montre souvent, les armes défensives seront, hélas! nécessaires". Et dans Son message de Noël, Elle a précisé: "Les armes toujours plus puissantes et terrifiantes deviennent la seule garantie, si l’on peut ainsi parler, d’une paix peu sûre et précaire". Combien juste est cette triste constatation, car des esprits qui n’ont pas la sagesse de Votre Sainteté pourraient en supprimant ce qui dissuade, autoriser l’horreur que l’on veut interdire! La voie à suivre pour sortir d’une situation aussi tragique est celle que le Saint-Père a maintes fois recommandée dans Ses discours, c’est-à-dire un désarmement équilibré et contrôlé, avant tout en ce qui concerne les armes scientifiques, en même temps qu’un renforcement des institutions internationales.

La célébration qui nous réunit aujourd’hui au pied du trône pontifical nous incite cependant à mettre l’accent davantage sur nos espoirs que sur nos alarmes.

Nous voulons dire à Votre Sainteté le réconfort que nous puisons dans Ses paroles et dans Ses actes, dans cette recherche infatigable de la paix, dont nous voyons les fruits et qui réchauffe les cœurs, dans cette affirmation de la liberté que le Concile proclame pour les consciences, et que le message aux gouvernants réclame si justement pour l’Église, dans cet immense effort pour secourir la misère dans le monde et pour aider à s’établir dans la dignité les pays qui en ont besoin.

Voilà des promesses exaltantes, et plus que des promesses, car le Pape a apporté au monde le témoignage concret de Sa volonté de paix, par Ses appels à la trêve et à la négociation, qui ne sont pas restés sans écho, mettant le Saint- Siège au centre de l’activité diplomatique et au cœur des espoirs de l’humanité.

Le Corps diplomatique est heureux d’exprimer aujourd’hui à Votre Sainteté sa profonde et respectueuse admiration, ainsi que son désir de collaborer à Son action bienfaisante.


*L’Osservatore Romano, 9.1.1966 p.2.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. IV, p.19-20.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n°2 p.4.

P. Poswick, Un journal du Concile Vatican II vu par un diplomate belge, Paris: F.-X. de Guibert, 2005, p.658-659.

 

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