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  ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN
DU CORPS DIPLOMATIQUE PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
S.E.MR. LUIS AMADO-BLANCO,
AMBASSADEUR DE CUBA*

Samedi 9 janvier 1971

 

Sainteté,

Permettez-nous avant de commencer cet acte solennel d’aujourd’hui, de Vous présenter avec la plus profonde émotion nos plus sincères condoléances pour le décès inattendu de Votre Frère bien-aimé, le Docteur Francesco Montini. Qu’il repose en paix.

C’est la vie et nous devons l’accepter ainsi. Nous savons que Votre Sainteté l’a déjà acceptée et saura surmonter sa grande douleur et à l’unisson de nos cœurs affligés, Elle puisse se sentir consolée et réconfortée.

Dieu veuille qu’il en soit ainsi.

Très Saint-Père,

Tout le Cosmos est mouvement et rotation, translation des astres, des systèmes et même des particules qui le composent. Changement de position dans une trajectoire planifiée. Et de même nous voici aujourd’hui à nouveau ici, amenés par ce tournoiement merveilleux de la roue du temps, au solennel rendez-vous pour rendre au Souverain Pontife de la Chrétienté le chaleureux, fervent hommage traditionnel du Corps Diplomatique qui devant Votre Sainteté, représente un très digne collier de nations. Sommes-nous les mêmes de l’an dernier, les mêmes d’il y a des centaines d’années? Peut-être d’autres visages, d’autres yeux, d’autres mains, d’autres voix; peut-être parés d’une autre façon, entourés d’une pompe minime en comparaison avec celle d’antan mais en réalité les mêmes ouailles devant le Pasteur d’hommes et de Pays qui attendent le don divin d’une occasion de Paix et de justice Sociale pour l’Humanité entière. Cette même soif de Paix que Votre Sainteté est allée proclamer depuis le commencement de son Pontificat jusqu’aux plus lointains confins de la terre, mettant en relief infatigablement les principes et exigences que les individus, communautés et nations devraient suivre et pratiquer afin d’obtenir une harmonie et un progrès intégraux, pacifiques, stables et fructueux. Parce que l’étrangeté du problème est la suivante: collectivement parlant, tous les êtres humains veulent la paix et la justice et la réclament ardemment, mais ensuite, en détail, cet idéal se voit compromis par des hermétiques points de vue, par des intérêts excessivement personnels. Ce qui veut dire qu’il faut appliquer plus profondément et chaque jour avec davantage de cohérence, avec plus d’énergie et plus de courage, ce difficile trait transitoire du Moi » au nous, si fondamental dans les notions d’une réelle et vraie vie chrétienne en commun.

Résistante, constante, amoureuse lutte de Votre Sainteté pour améliorer le visage de notre histoire. Même lorsque nous eûmes le grand honneur de Vous offrir notre filial témoignage à l’occasion du cinquantenaire de Votre ordination sacerdotale, Votre Sainteté n’a pas manqué de nous rappeler tout cela sur un doux ton « familier que nous n’oublierons jamais. Pas même alors comme maintenant, il y a quelques jours dans Votre déjà fameuse Homélie pendant la Messe dédiée à la jeunesse de Sydney, jeunesse d’un monde dans lequel nous vivons, et pendant laquelle Vous proclamiez le manque d’aucun complexe pour aller vers eux comme étant la grande espérance du monde, « pour les valeurs que vous possédez, la force de votre nombre, votre enthousiasme en l’avenir, votre soif de justice et de vérité, votre aversion pour la haine et la guerre, qui en est sa pire expression, et aussi celui de repousser les éléments caducs de la civilisation actuelle ».

Très Saint-Père, avec encore le doux écho des jours de la Nativité dans les oreilles, avec une espérance renouvelée dans les cœurs, nous souhaitons que notre présence ici aujourd’hui serve de stimulant à Votre infatigable, tenace et permanente bataille pour un banquet de concorde. Répétons presque comme une prière le paragraphe si émouvant de Votre Message pour la célébration de la Journée de la Paix que nous avons pu écouter dans la soirée du 1er de l’An: «Celui qui travaille pour instruire les nouvelles générations avec la conviction que chaque homme est notre frère, construit le bâtiment de la Paix depuis ses bases. Celui qui introduit dans l’opinion publique le sentiment de la fraternité humaine sans limites, prépare le monde pour des temps meilleurs. Celui qui conçoit la tutelle des intérêts politiques comme une nécessité dialectique et organique d’un mode de vie sociale sans le stimulant de la haine et de la guerre, ouvre à la vie en commun de l’humanité le progrès toujours plus actif du bien commun. Celui qui aide à découvrir dans chaque homme, au-delà des caractères somatiques, ethniques et raciaux, l’existence d’un être semblable à lui-même, transforme la terre d’un épicentre de divisions, d’antagonismes, de pièges et de vengeances, en un champ de travail organique de collaboration civile. Parce que la Paix est radicalement ruinée où l’on ignore radicalement la fraternité entre les hommes. En échange la Paix est le miroir de la vraie humanité, moderne, victorieuse de toute auto-détérioration anachronique. La Paix est la grande idée pour célébrer l’amour entre les hommes qui se découvrent frères et décident de vivre comme tels».


*L’Osservatore Romano, 10.1.1971, p.1.

Insegnamenti di Paolo VI, vol. IX, p.26-28.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française, n°? p.?

 

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