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  ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN
DU CORPS DIPLOMATIQUE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
 
S.E. Mr. JOSEPH AMICHIA,
AMBASSADEUR DE CÔTE D'IVOIRE*

Samedi 12 janvier 1991

 

Très Saint-Père,

Une fois encore, j’ai le grand honneur et l’immense privilège de prendre la parole au nom du Corps diplomatique accrédité auprès du Siege apostolique, pour présenter a Votre Sainteté nos vœux fervents de Bonne et Herseuse Année. Nous prions le Tout-Puissant de vous assister de sa lumière, tout au long de cette année, pour que vous puissiez continuer votre important ministère en faveur de toute l’humanité.

Très Saint-Père,

Notre satisfaction est grande ce matin car déjà l’an dernier nous étions heureux de compter parmi nous le représentant de votre pays natal, cette année ce sont ceux de la quasi-totalité des pays de centrale et orientale qui sont avec nous. Cette présence est la preuve évidente des grands changements qui sont intervenus ces temps derniers dans cette partie de l’Europe et qui ont eu des répercussions dans tous les continents. C’est pour nous l’occasion, ici, de remercier très respectueusement Votre Sainteté pour la part considérable qu’Elle a prise dans ce mouvement qui marquera l’Histoire contemporaine. En effet, nul ne peut nier que l’Eglise, sous votre pontificat, et tout en restant dans le domaine qui lui est propre, ait joué un rôle très important pour que de nombreux peuples connaissent aujourd’hui plus de liberté, de démocratie et de justice. Point n’est besoin de dire à ce sujet que l’on médite encore les précieux documents de Votre Sainteté, plus particulièrement, votre Lettre apostolique Euntes in Mundum, votre Message Magnum Baptismi Donum, vos discours au Parlement européen à Strasbourg et vos exhortations pour la dévotion aux Saints Cyrille, Méthode et Benoît, proclamés patrons de toute l’Europe. De même, c’est avec un vif intérêt que l’on suit la préparation du prochain Synode pour les Eglises d’Europe que Votre Sainteté a convoqué. Cette importante rencontre permettra, sans aucun doute, à toutes les Eglises du continent européen de mettre en commun les expériences qu’elles ont vécues pendant une cinquantaine d’armées sous des systèmes politiques divers, sur le triple plan humain, moral et spirituel. Ce sont l’Eglise Universelle et l’humanité entière qui en bénéficieront.

Très Saint-Père,

L’armée qui vient de s’écouler a été marquée par la réunion à Paris de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe, qui a abouti à l’accord, entre les dirigeants des pays de l’OTAN et ceux du Pacte de Varsovie, pour la réduction des armements conventionnels, ainsi qu’à la signature de la Charte de Paris qui met fin à la guerre froide. Nous nous réjouissons de cet événement qui permet d’augurer une ère de paix dans le monde, et vous exprimons notre reconnaissance pour la participation du Saint-Siège aux différentes phases préparatoires de cette historique rencontre.

Très Saint-Père,

Si la détente Est-Ouest, les changements intervenus en Europe centrale et orientale, l’accord pour la réduction des armements conventionnels et la signature de la Charte de Paris nous réjouissent, beaucoup d’autres sujets préoccupent encore la communauté internationale :

– la crise dans le golfe arabo-persique qui inquiète toutes les consciences et les graves conséquences économiques qui en résultent déjà;

– les conflits régionaux dont on espérait la fin, mais qui persistent malheureusement encore et gagnent même en ampleur ;

– le chômage qui s’étend dans tous les pays; – la famine qui sévit à l’état endémique dans beaucoup de pays du Tiers- Monde; – la drogue qui fait toujours ses ravages; – le sida qui se répand partout, sur tout dans les pays en voie de développement ; – l’augmentation du nombre des immigrés et des réfugiés avec les graves problèmes qu’elle pose aux pays d’accueil.

Très Saint-Père,

Le Tiers-Monde est écrasé actuelle; ment par le poids de la dette et se trouve dans une situation de plus en plus difficile avec la baisse constante des prix des matières premières, qu’elles soient agricoles ou minières. Beaucoup de réunions à ce sujet se tiennent et certaines solutions sont appliquées, mais nous croyons que le moment est venu pour une action globale, plus vigoureuse et plus profonde, pour une solution définitive de ce problème. Comme Votre Sainteté ne cesse de le souligner, c’est une nouvelle éthique qui doit être à la base de la coopéra¬tion Nord-Sud, accompagnée d’une refonte radicale du système des échanges commerciaux, car, comment peut-on appliquer intégralement la loi du marché à des pays d’inégal développement ou à des économies qui ont été très souvent conçues par les pays développés au profit de leurs propres économies ? A ce propos, Votre Sainteté a bien résumé la question lorsqu’elle s’est adressée aux paysans du Rwanda en déclarant : «La communauté internationale doit, elle aussi, dans un souci de justice, contribuer au développement du monde paysan.

D’abord en assurant l’écoulement des cultures qu’elle transforme pour son plus grand profit ». Nous sommes très reconnaissants à Votre Sainteté pour les appels incessants qu’elle lance aux pays industrialisés du Nord pour une coopération basée sur la solidarité avec les pays pauvres du Sud. Serait-ce une utopie de penser que cette solidarité pourrait se concrétiser déjà maintenant, avec l’utilisation, au profit de tous, des économies réalisées grâce à la réduction des armements, car, n’est-ce pas toute la communauté internationale qui a supporté d’une manière ou d’une autre le prix de la course aux armements!

Très Saint-Père,

En 1990, Votre Sainteté a effectué des voyages apostoliques qui l’ont amenée successive¬ment au Cap-Vert, en Guinée- Bissau, au Mali, au Burkina-Faso, au Tchad, en République fédérative tchèque et slovaque, au Mexique, à Curaçao, en République de Malte, en Tanzanie, au Burundi, au Rwanda et en Côte-d’Ivoire. Nous ne cesserons de le rappeler, ces voyages sont d’une grande importance, aussi bien pour les chrétiens des pays visités que pour la communauté internationale. Nous souhaitons que cette année Votre Sainteté puisse en effectuer d’autres dans les nombreux pays qui le désirent ardemment. Avec la permission de mes ‘collègues, je voudrais remercier très sincèrement Votre Sainteté d’avoir visité une fois encore mon pays pour y présider la réunion préparatoire du Synode africain qui se tenait pour la première fois en Terre Africaine et pour consacrer la Basilique Notre-Dame de la Paix à Yamoussoukro.

Très Saint-Père,

L’année qui vient de s’écouler a été une année d’intense activité pour l’Eglise. Je mentionnerai seulement ici la double célébration du 25e anniversaire de la Clôture du Concile Vatican II et de l’institution du Synode, et la tenue de la VIIIème Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques sur la formation du prêtre. En cette année 1991, dans les prochains mois, l’Eglise vivra encore des moments très importants avec notamment les rencontres préparatoires des Synodes pour les Eglises d’Europe, d’Afrique, du Verne centenaire de l’Evangélisation du Nouveau Monde, la célébration de la Journée Mondiale de la Jeunesse qui se déroulera pour la première fois dans un pays de l’Europe de l’Est, la Pologne.

Très Saint-Père,

Tous ces événements de la vie de l’Eglise intéressent la communauté internationale car ils concernent tous la personne humaine et traitent de l’avènement d’un monde plus juste, plus fraternel, plus solidaire et de paix.

Très Saint-Père, encore une fois, Bonne, Heureuse et Sainte Année.


*L’Osservatore Romano, 13.1.1991 p./7.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°2, p.8.

 

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