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  ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN
DU CORPS DIPLOMATIQUE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
 
S.E. Mr. JOSEPH AMICHIA,
AMBASSADEUR DE CÔTE D'IVOIRE*

Samedi 16 janvier 1993

 

Très Saint-Père,

Le privilège et l’honneur m’échoient cette année encore de prendre la parole au nom de tout le Corps diplomatique accrédité auprès du Siège apostolique, à l’occasion de cette solennelle cérémonie de présentation de vœux. Notre joie est très grande ce matin, d’autant plus qu’elle est à la mesure de l’inquiétude qui s’était emparée de nous lorsque, en ce dimanche du 12 juillet dernier, Votre Sainteté annonça très simplement et avec une grande humilité qu’Elle allait se soumettre à des contrôles médicaux. Depuis lors, les prières soutenues de tous les croyants, les nombreux messages et les manifestations de tous genres qui vous sont parvenus du monde entier témoignent de l’estime dont jouit Votre Sainteté à travers tous les continents et de l’intérêt qui est porté à votre Apostolat. C’est donc avec une ferveur particulière que ce matin le Corps diplomatique dans son ensemble souhaite à Votre Sainteté une bonne et heureuse année 1993. Nous demandons au Tout-Puissant de vous donner la santé et la force nécessaires pour continuer votre important Ministère pastoral à la tête de l’Eglise universelle.

Très Saint-Père,

Sous votre haute autorité le Saint- Siège a poursuivi inlassablement en 1992 son intense activité pour la paix, la justice et la solidarité entre tous les peuples. Vos messages adressés à l’occasion d’événements joyeux ou tristes touchant tous les pays ont été très appréciés. Il en est de même pour vos incessantes interventions pour la solution aux conflits existant dans les pays de l’ex-Yougoslavie, au Liberia, en Angola, au Mozambique, au Rwanda, au Viêtnam, au Cambodge et au Moyen-Orient, pour ne citer que ceux-là. Les images que les mass media projettent de ces conflits révoltent la conscience humaine, non seulement pour les horreurs qu’elles présentent, mais aussi pour le spectacle de ces hommes — voire de ces gamins en haillons, affamés, ... mais qui portent dans les mains des armes de guerre des plus sophistiquées! C’est pourquoi, je pense que la communauté internationale, en plus de la nécessaire ingérence humanitaire qu’elle a entreprise ici et là pour sauver les populations, devrait étendre son action auprès de tous ceux qui fabriquent et commercialisent ces armes.

Nous sommes particulièrement reconnaissants à Votre Sainteté pour les messages adressés récemment à la CNUCED et à la FAO. Les problèmes de la faim et des matières premières agricoles et minières, voient encore leurs efforts anéantis du fait de la dette et de la baisse constante des prix de ces matières.

Au cours de l’année écoulée des représentants du Saint-Siège ont apporté une contribution importante en faisant connaître le point de vue de l’Eglise au cours de nombreuses réunions internationales telles que la Conférence de Rio sur l’environnement, la Conférence des Nations unies pour les Réfugiés, la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU, et la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe.

Très Saint-Père,

L’année 1992 a été marquée par la célébration du Ve centenaire du début de l’évangélisation en Amérique latine. Votre Sainteté, en présidant les cérémonies de cette commémoration sur les lieux mêmes où la croix du Christ fut plantée pour la première fois, en a souligné l’importance et, en insistant sur la nécessité d’une intégration des peuples de ce continent, a donné à toute l’Eglise une orientation précieuse pour la Nouvelle Evangélisation. A l’occasion de cette célébration et à l’instar de ce qui a déjà été fait pour les pays du Sahel durement frappés par la sécheresse, Votre Sainteté a créé la fondation « Populorum Progressio » pour venir en aide aux paysans indigènes de l’Amérique latine. De tout cœur nous vous en remercions. Nous sommes également reconnaissants à Votre Sainteté pour l’acte sans précédent qu’Elle a accompli lors de son 8e voyage en Afrique en février dernier en se rendant sur l’île de Gorée au Sénégal, l’un de ces tristes lieux d’où sont partis des millions d’Africains vers le Nouveau Monde. Votre geste et les paroles que vous avez prononcées ont touché profondément les peuples d’Afrique.

Très Saint-Père,

Les pauvres ont toujours occupé une place de choix dans votre Ministère pastoral. Au cours de vos voyages apostoliques en Italie ou dans les nombreux pays déjà visités, Votre Sainteté a manifesté beaucoup de sollicitude à leur endroit. Aussi, votre message pour la 2e Journée mondiale de la Paix intitulé « Si tu cherches la paix, va à la rencontre des pauvres » en est-il une éloquente nouvelle illustration. Oui, Saint-Père, il y a de plus en plus de pauvres partout et cela est très inquiétant ; le chômage qu’entraîne la crise économique, la marginalisation de certaines couches de la société, la baisse des prix des matières premières, les difficultés du monde paysan en sont les principales causes aussi bien dans les pays industrialisés que dans ceux du tiers monde. Dans le message adressé en janvier de l’année dernière au Secrétaire général de la CNUCED Votre Sainteté écrivait, je cite : « Il est immoral d’ignorer la barrière de la misère qui sépare ceux qui sont bien pourvus de ceux qui sont dépourvus, car tous les hommes sont égaux en dignité ; ils doivent obtenir les moyens de vivre dans la vérité, la liberté et la justice ; ils ont le droit de compter sur la solidarité des autres » fin de citation. Comme pour donner un autre témoignage de votre amour pour les pauvres, Votre Sainteté vient de partager un repas avec ceux de son diocèse de Rome, dont des réfugiés de toutes origines, des sans-abri et de nombreux clochards.

Très Saint-Père,

Le monde de la science a suivi avec un intérêt remarqué les travaux de la Commission créée par votre Sainteté sur le « cas Galilée ». Nous nous réjouissons de ce que vos enseignements à cette occasion aient levé définitivement toutes les équivoques qui ont pu faire croire en une incompatibilité entre la foi et la science.

En octobre 1986 Votre Sainteté avait invité les croyants de toutes confessions et de toutes origines à une rencontre de prière pour la paix dans le monde. Cette année encore, dans la même ville d’Assise et pendant deux jours, de nombreux responsables religieux ont prié et jeûné avec Votre Sainteté pour la paix en Europe. Veuille le Tout-Puissant exaucer ces prières pour que cette Europe qui cherche à retrouver ses racines connaisse une paix véritable et durable.

En nous réjouissant pour la paix qui est revenue au Salvador après tant d’années d’une guerre fratricide et de la récente signature de Salt 2 sur la réduction de l’arsenal nucléaire entre les Etats-Unis et la Russie, nous formulons le vœu que l’année 1993 voie s’éteindre les foyers de guerre et de tensions dans toutes les régions troublées du monde.

Très Saint-Père,

Je ne saurais terminer mon intervention sans mentionner l’intérêt que nous portons au Catéchisme de l’Eglise catholique qui vient d’être publié. Nous sommes persuadés que ce Catéchisme, qui résume l’essentiel des riches enseignements du Concile Vatican II, contribuera efficacement entre autres à la formation des générations présentes et futures pour plus de fraternité, de solidarité, de tolérance, en un mot, pour plus de paix entre les hommes.

Encore une fois, nous vous souhaitons, Très Saint-Père, une bonne et heureuse année.


*L’Osservatore Romano, 17.1.1993, p.8.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°3, p.5.

 

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