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  ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN
DU CORPS DIPLOMATIQUE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
 
S.E. Mr. JOSEPH AMICHIA,
AMBASSADEUR DE CÔTE D'IVOIRE*

Samedi 15 janvier 1994

 

Très Saint-Père,

C’est pour le Corps diplomatique accrédité auprès du Siège apostolique une grande joie de se retrouver ce matin autour de Votre Sainteté et, de par ma voix, lui présenter ses vœux déférents de bonne et heureuse année.

Très Saint-Père,

Il y a quelques semaines seulement le monde entier a célébré le 15e anniversaire de votre accession au Trône de Pierre. A cette occasion, les catholiques ont rendu gloire au Seigneur pour tout ce qu’il fait pour son Eglise à travers Votre Sainteté. Les autres croyants, et même les incroyants — eux aussi — vous ont exprimé leur reconnaissance pour le rôle très important que Votre Sainteté n’a cessé de jouer dans l’évolution du monde ces quinze dernières années et, en particulier, pour la défense des droits de l’homme. Nous qui avons la chance d’accomplir notre mission auprès du Siège apostolique, nous savons combien les activités de Votre Sainteté sont nombreuses, intenses et épuisantes ; elles touchent à des domaines qui échappent aux statistiques et aux sondages. Aussi, n’aurons-nous pas la témérité de vouloir en faire un bilan même si de multiples signes extérieurs nous en donnent l’opportunité, tels que le nombre de plus en plus élevé de pèlerins à Rome et de ceux qui accourent à vos audiences pour écouter vos enseignements, toutes les visites que vous rendent les chefs d’État, les souverains et dignitaires, l’enthousiasme avec lequel les populations accueillent Votre Sainteté lors de ses visites pastorales à Rome, en Italie et dans les autres pays, les vocations sacerdotales de plus en plus nombreuses dans votre diocèse de Rome, l’accueil toujours favorable réservé à vos messages, à vos dix encycliques et au récent Catéchisme de l’Eglise catholique. Bref, pour ce 15e anniversaire, le Corps diplomatique vous renouvelle aujourd’hui ses très respectueuses félicitations et vous exprime toute sa gratitude. Fasse le Seigneur que vous puissiez continuer longtemps encore votre ministère pastoral indispensable à l’humanité.

Très Saint-Père,

Avec la fin de la guerre froide on a pensé que le monde connaîtrait une ère de paix ; hélas, il n’en est rien.

La course aux armements nucléaires qui a été arrêtée grâce aux accords entre les deux superpuissances risque de reprendre avec la prolifération de ces armes par de nouvelles puissances. Il y a actuellement plus de 50 conflits armés dans divers pays du Nord et du Sud : guerres civiles par ci, rébellions par là, massacres de populations pour des raisons politiques, raciales et économiques, atrocités de tout genre sur des innocents...

L’Eglise elle-même n’a pas échappé à la violence. Le terrorisme aveugle n’a pas hésité à frapper par un attentat ignoble votre Siège épiscopal de Rome : la Basilique de Saint-Jean-de-Latran, la « Mère de toutes les Eglises ». Dans plusieurs pays, des ecclésiastiques ont payé de leur vie leur dévouement à la cause des nécessiteux et des plus faibles.

Très Saint-Père,

La crise qui frappe durement toutes les économies est cause de beaucoup de misères dans le monde. Le chômage qui en est l’une des conséquences est devenu un véritable fléau il atteint déjà un taux très élevé dans les pays du Nord industrialisés et a pris des proportions catastrophiques dans ceux du Sud. Quant aux populations rurales elles subissent toujours la dégradation des prix des matières premières. Mais, s’il est heureux de constater que cette crise favorise des regroupements, des unions et même des intégrations dans certaines régions comme par exemple en Europe avec le Traité de Maastricht dans le cadre de l’Union européenne, et en Amérique avec le Traité de l’ALENA, il n’en demeure pas moins vrai que le sort des pays en voie de développement reste des plus incertains et, l’on se demande même ce que l’Accord sur le Commerce international signé récemment à Genève pourrait apporter à ces pays. Nous sommes très reconnaissants à Votre Sainteté pour les incessants appels à la concorde, à la solidarité, à la fraternité et à la paix. Nous vous exprimons également notre gratitude pour les encouragements que vous ne cessez d’apporter à toutes les Organisations qui œuvrent pour la défense des minorités telle que le Conseil sur la Sécurité et la Coopération en Europe.

Très Saint-Père,

Nous savons combien Votre Sainteté fait siennes les souffrances de l’humanité. C’est au cours de l’une de ces rencontres où sont évoquées certaines misères de notre temps que vous avez été victime de l’accident qui vous a fait payer une fois de plus dans votre chair un lourd tribut pour la cause des pauvres. Le courage et l’abnégation dont Votre Sainteté a fait encore preuve nous a tous édifiés. Le Corps diplomatique tient à vous renouveler ses vœux de parfaite santé pour la poursuite de votre apostolat.

Très Saint-Père,

Votre Sainteté a décidé de faire de 1994 l’Année de la Famille, simultanément avec l’Année internationale de la Famille proclamée par les Nations unies. Votre Sainteté y a aussi dédié le thème de son message pour la 27e Journée mondiale de la Paix et, a annoncé en outre, la publication prochaine d’une lettre sur ce sujet. Nous sommes convaincus que l’Eglise qui a toujours accordé une grande importance à la famille saura, tout au long de cette année, aider celle-ci à combattre toutes les agressions tant intérieures qu’extérieures dont elle est victime. En choisissant la ville de Nazareth pour débuter cette Année de la Famille, Votre Sainteté a une fois de plus attiré tous les regards vers cette région si chère aux trois grandes religions monothéistes. Nous souhaitons que les lueurs d’espoir qui sont nées l’année dernière avec la signature des Accords entre Israël et l’Organisation pour la Libération de la Palestine d’une part et, entre Israël et le Saint- Siège d’autre part, deviennent des réalités et apportent rapidement une paix durable dans cette région si longtemps troublée et que dans un avenir très proche leurs représentants soient parmi nous.

Très Saint-Père,

Au début de l’année dernière Votre Sainteté a présidé de nouveau à Assise une rencontre de prières pour la paix dans le monde et plus particulièrement, dans les pays de l’ex-Yougoslavie. De5 journées interreligieuses de prière et de réflexion sur la paix ont-été organisées à Milan. D’autres rencontres avec la participation notamment de chrétiens et de musulmans se sont tenues en Autriche. en Allemagne et dans plusieurs autres pays. Le Conseil pontifical pour l’Unité des Chrétiens a publié récemment un directoire portant sur l’application des principes et des normes sur l’œcuménisme. Votre Sainteté a annoncé pour cette année une journée de jeûne pour la paix à laquelle seront conviés tous les croyants. Nous sommes convaincus que toutes ces initiatives concourent véritablement à la cause de la paix par une plus grande tolérance entre les croyants. A ce propos nous nous souvenons tous des paroles que Votre Sainteté a prononcées lors de son voyage à Khartoum l’an dernier sur les libertés religieuses et le respect des droits des minorités.

Très Saint-Père,

Cette année deux événements majeurs marqueront le continent africain il s’agit du Synode des Evêques pour l’Afrique et de la fin officielle de l’apartheid en Afrique du Sud. Ces événements auront lieu au mois d’avril ; cette coïncidence est-elle due au hasard ou à une disposition de la Providence ? Le Synode des Evêques pour l’Afrique, préparé minutieusement depuis plusieurs années, permettra aux Evêques d’Afrique et de Madagascar — nous en sommes sûrs — d’aborder la nouvelle évangélisation en tenant davantage compte des valeurs qui sont contenues dans la culture, la mentalité et les réalités africaines. En ce qui concerne la fin de l’apartheid qui est précédée malheureusement par des violences qui ont déjà fait de nombreuses victimes, nous souhaitons qu’elle se réalise comme prévu afin que les noirs de cette partie de l’Afrique soient enfin reconnus comme les égaux de tous les hommes !

Très Saint-Père,

L’année dernière encore certains pays ont pu bénéficier de vos Voyages apostoliques, ce sont: le Bénin, l’Ouganda, le Soudan, l’Albanie, l’Espagne, la Jamaïque, Merida, les Etats-Unis, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie. Nous savons avec quels soins Votre Sainteté prépare personnellement ces voyages pour qu’ils soient profitables aux populations visitées. En plus de la connaissance approfondie de l’histoire, de la vie et des problèmes des peuples concernés, Votre Sainteté n’hésite pas à apprendre leurs langues et même leurs idiomes.

A Denver où les jeunes du monde entier sont venus plus nombreux que prévu, Votre Sainteté a su une fois encore toucher leur cœur. Sainteté, nous vous disons merci pour tous ceux qui ont eu la joie de vous accueillir durant ces voyages et souhaitons que cette année vous puissiez visiter d’autres pays.

Très Saint-Père,

Pour terminer, nous voudrions vous remercier pour votre dernière Encyclique « Veritatis Splendor » qui est arrivée à une époque où des valeurs sont bafouées, la dignité de l’homme outragée, en un mot, où le discernement entre le bien et le mal se fait difficilement. Nous sommes persuadés que cet inestimable document servira de phare à tous les hommes de bonne volonté.

Bonne et heureuse année Saint-Père et que le Seigneur vous donne force et santé.


*L’Osservatore Romano, 16.1.1994, p.8.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°3, p.4.

 

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