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  ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN
DU CORPS DIPLOMATIQUE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
 
S.E. Mr. JOSEPH AMICHIA,
AMBASSADEUR DE CÔTE D'IVOIRE*

Samedi 13 janvier 1996

 

Très Saint-Père,

Ce matin encore, j’ai le grand honneur et l’immense privilège de prendre la parole en cette occasion solennelle tant attendue. C’est avec une vive émotion – émotion que je partage d’ailleurs avec tous mes collègues ici présents anciens et nouveaux – que j’accomplis cette tâche. Cette année encore, nous sommes plus nombreux à cette cérémonie car de nouveaux pays viennent de nouer des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, signe évident – s’il en était encore besoin – de l’intérêt que tous les pays portent à l’action de Votre Sainteté. Au nom de tout le Corps diplomatique accrédité auprès du Siège apostolique, je vous adresse, Très Saint-Père, mes vœux déférents de Bonne et Heureuse Année. Fasse le Très-Haut que vous jouissiez d’une excellente santé pour poursuivre votre noble mission à la tête de l’Eglise universelle.

Très Saint-Père,

Dans un monde où les conflits ont tendance à se multiplier, à se compliquer, et où la misère, le chômage, la drogue, l’exclusion gagnent du terrain, comment ne pas se réjouir des quelques résultats heureux qui ont été obtenus l’année écoulée grâce aux efforts conjugués de la Communauté internationale et de Votre Sainteté ! Nous relevons en tout premier lieu la Signature des Accords de Dayton et de Paris qui ont mis fin aux hostilités dans les Balkans, l’accalmie constatée au Libéria le jour de Noël après six années de guerre fratricide, l’espoir de paix en Irlande, la poursuite du processus de paix au Moyen-Orient après la tragique disparition du Premier Ministre israélien Yitzhak Rabin, la célébration de la fête de Noël à Bethléem en présence du Président de l’Autorité palestinienne avec la participation de nombreux fidèles catholiques, juifs et musulmans et enfin, l’Assemblée spéciale pour le Liban du Synode des Evêques, présidée par Votre Sainteté et qui ouvre une ère nouvelle pour ce pays si longtemps déchiré par la guerre.

Très Saint-Père,

Evoquer, même succinctement, vos activités et celles du Saint-Siège serait très long, mais il me tient à cœur d’en souligner ici quelques-unes : la célébration de la Xe Journée mondiale de la Jeunesse à Manille qui a rassemblé autour de Votre Sainteté un nombre jamais atteint de jeunes, la forte participation du Saint-Siège à la IVe Conférence mondiale des Nations unies sur la Femme à Pékin, la Lettre de Votre Sainteté aux Femmes, votre présence parmi les jeunes d’Europe réunis à Lorette en Italie, votre Message pour la Journée mondiale de la Paix le 1" janvier 1996, intitulé «Donnons aux enfants un avenir de paix I».

Très Saint-Père,

Dans le courant de l’année 1995, plusieurs célébrations ont eu lieu pour commémorer certains grands événements qui ont marqué l’histoire du siècle finissant. Ce sont notamment le 50’ anniversaire de la libération d’Auschwitz, de la fin de la Seconde Guerre mondiale, du lancement de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki, de la création- de l’ONU, de l’UNESCO, de la FAO, de l’UNICEF...

A toutes ces occasions, Votre Sainteté a adressé des messages ou a envoyé des délégations du Saint-Siège. Pour le 50e anniversaire de la fondation de l’Organisation des Nations unies Votre Sainteté a marqué de sa présence cette manifestation et a prononcé un discours riche d’enseigne¬ments qui a suscité un vif intérêt dans la Communauté internationale.

Très Saint-Père,

La défense des Droits de l’Homme et l’œcuménisme ont été encore au centre de vos préoccupations. Votre Sainteté y a consacré deux importantes Lettres encycliques «Evangelium vitae» sur la valeur et l’inviolabilité de la vie humaine et « Ut unum sint » sur l’engagement oecuménique. A propos de l’œcuménisme, nous avons encore en mémoire l’historique rencontre à Rome de Votre Sainteté avec le Patriarche Bartholomaios lei, les importantes allocutions prononcées ainsi que les gestes de fraternité que vous avez eus à cette occasion. Nous nous souvenons aussi de l’appel lancé par Votre Sainteté à l’occasion de l’inauguration de la. Mosquée de Rome afin que les croyants de toute religion puissent pratiquer librement leur foi partout où ils se trouvent.

Très Saint-Père,

L’année dernière Votre Sainteté a poursuivi ses voyages apostoliques en visitant les Philippines, la Papouasie Nouvelle-Guinée, l’Australie, le Sri Lanka, la République tchèque, la Pologne, la Belgique, la République slovaque, le Cameroun, l’Afrique du Sud, le Kenya et les Etats-Unis. C’est avec joie que nous apprenons que Votre Sainteté visitera cette année d’autres pays. Ces voyages, on ne le dira jamais assez, sont d’une très grande importance, non seulement pour l’Église mais aussi pour toutes les populations des- pays visités. Très Saint-Père,

L’année 1996 nous rapproche du Grand Jubilé de l’An 2000. Nous savons tout l’intérêt que Votre Sainteté attache à cet événement, à la préparation duquel Votre Sainteté a mobilisé son propre diocèse de Rome et l’Eglise universelle. A ce sujet, nous sommes heureux de la récente déclaration commune des Chefs de toutes les Églises catholiques, protestantes et orthodoxes de la Terre Sainte, de s’unir pour préparer et célébrer ensemble Noël de l’An 2000 de la naissance du Christ.

Très Saint-Père,

Nous nous réjouissons de la tenue prochaine au Mexique, au célèbre sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, de la IV° Journée mondiale du Malade, après celles célébrées à Lourdes en France, à Czestochowa en Pologne et l’année dernière à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire.

Nous exprimons également notre gratitude à Votre Sainteté pour ses encouragements aux efforts de coopération interrégionale entre l’Union européenne et le Mercosur (Argentine, Paraguay, Uruguay et Brésil).

Très Saint-Père,

L’avenir est bien sombre pour les pays du tiers-monde en général et de l’Afrique en particulier ; toutes les prévisions de croissance sont des plus pessimistes pour ces pays qui connaissent une pauvreté toujours plus grande : la dette extérieure, malgré quelques mesures d’allègement, continue de peser lourdement sur leurs fragiles économies, les prix des matières premières qui avaient enregistré une légère hausse, stagnent actuellement. En tirant les conclusions de votre onzième Voyage apostolique en Afrique, au cours duquel Votre Sainteté a publié l’Exhortation apostolique post-synpdale «Ecclesia in Africa», Votre Sainteté a déclaré : « Tout le continent est comme écrasé sous le poids énorme de la pauvreté, de la malnutrition, des maladies endémiques, de l’analphabétisme. A cela s’ajoute le poids d’un endettement qui semble empêcher toute issue » (Allocution à l’Angelus du 24 septembre 1995). Oui, Très Saint-Père, telle est la situation en Afrique, telle est aussi la situation en Amérique latine, en Asie, dans le tiers-monde.

Dans votre homélie du 1er janvier de cette année, reprenant la célèbre expression de votre illustre prédécesseur Paul VI: « Le développement est le nouveau nom de la Paix », Votre Sainteté a dit : «La paix est le nouveau nom du développement et de l’ordre social». Fasse le Tout-Puissant en cette période préparatoire du Grand Jubilé de l’An 2000, que votre voix soit entendue afin que la solidarité agissante entre les nations, les peuples et les personnes devienne davantage effective pour un monde plus fraternel, plus libre où règnent la justice et la paix.

Très Saint-Père, Bonne et Heureuse Année.


*L’Osservatore Romano, 14.1.1996 p.8.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°3, p.2, 4.

 

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