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ADRESSE D'HOMMAGE DU DOYEN
DU CORPS DIPLOMATIQUE
PRÈS LE SAINT-SIÈGE*

Lundi, 11 janvier 2010


 
 
Très Saint-Père,

C’est avec une émotion renouvelée que je me fais l’interprète du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège pour présenter à Votre Sainteté, en cette nouvelle année, les voeux les plus fervents que nous formons pour Sa santé, Son bonheur personnel et pour l’heureuse et féconde continuation de Son Ministère Apostolique.

J’aurais tant voulu qu’aujourd’hui mon adresse à Votre Auguste Personne soit porteuse de nouvelles encourageantes sur le devenir si incertain de notre Monde. Hélas, le doute voire l’inquiétude continuent de prévaloir même si quelques signes positifs nous permettent de croire encore dans la capacité de l’homme, de vaincre l’adversité et d’oeuvrer pour la paix, le bien de son prochain et l’avenir de l’humanité.

Dans le discours qu’Elle avait prononcé, le 8 janvier 2009, devant notre Assemblée, Votre Sainteté avait condamné le recours aux armes pour résoudre les problèmes qui, depuis les temps les plus reculés, assaillent notre planète.

Malheureusement, au cours des douze derniers mois, Son appel n’a pas été entendu. Les conflits qui, depuis quelques années déjà, meurtrissent de nombreux endroits de la Terre, continuent de semer la mort et la désolation.

S’y sont ajoutés de nouveaux affrontements et l’expression d’une violence toujours plus aveugle et cruelle qui plongent dans le désespoir des hommes, des femmes et des enfants, prêts au pire pour recouvrer un peu plus de liberté et aspirer à un peu moins de misère.

Les mass-medias se font trop souvent l’écho de ces situations dramatiques avec une complaisance parfois coupable.

Au cours de l’année passée, la terre et les éléments ont manifesté leur colère. Tremblements de terre, cyclones, inondations se sont succédés. Ces catastrophes naturelles donnent à refléchir, même si, à l’évidence, elles ne sont pas l’expression de la revanche de notre planète inconsidérément surexploitée et polluée depuis des décennies. A cet égard, nous fondions, tous, de sérieux espoirs dans les travaux de la Conférence sur le réchauffement climatique de Copenhague, où se sont réunis un nombre jamais atteint de Chefs d’Etat ou de Gouvernement. Les bonnes volontés n’ont pas manqué mais les résultats sont bien en retrait de ceux que l’on était légitimement en droit d’attendre. Il est clair cependant que les uns comme les autres, les pays riches ou émergents comme les pays en voie de développement, ont pris conscience des efforts indispensables qu’il faudrait faire pour sauvegarder notre planète. C’est là un signe rassurant pour l’issue des réunions déjà programmées dans les mois à venir.

Dans le même temps, une crise financière et économique sans précédent, a montré, s’il était encore besoin, que l’homme devait travailler à l’établissement d’un nouvel ordre économique mondial plus juste et plus équitable. Notre société, dépassée par l’évolution sans doute trop rapide de la science, de la technique et des moeurs, doit réagir au risque de voir disparaître à terme les valeurs morales et humaines qui en constituent les éléments structurels sans lesquels elle risque de sombrer. Au cours de l’année 2009, Votre Sainteté a effectué des voyages dont le retentissement a marqué l’opinion mondiale. Elle a reçu de nombreux responsables politiques à qui Elle a exprimé le message de paix, de tolérance, d’amour de l’Eglise catholique.

La dernière Encyclique de Votre Sainteté “Caritas in Veritate” éclaire avec bonheur le sens de tout amour par la lumière qui rayonne en plénitude dans la Personne de Notre Seigneur Jésus Christ car “l’action sans le savoir est aveugle et le savoir sans amour est stérile”. En cette période de grave crise spirituelle, culturelle, économique et sociale, loin de tout sentimentalisme et au-delà même d’une indispensable justice enracinée dans le mérite, les solutions réellement épanouissantes pour l’homme ne se trouvent que dans le don total de soi à l’autre reflet du Tout Autre, dans sa diversité souvent dérangeante.  Telle est la Vérité que l’Eglise a toujours souhaité révéler à tout homme et à l’homme dans sa totalité pour qu’il puisse réaliser pleinement sa vocation transcendentale.

Ce développement intégral de l’humanité, depuis le nécessaire respect de la nature et de sa loi jusqu’à celui dû à chaque conscience, est en définitive le respect de toute vie humaine dans sa complexité métaphysique, physique et sociale. En vérité n’est-ce pas là le but de toute Encyclique? Au delà de l’adresse faite aux différents responsables des communautés chrétiennes, c’est l’ensemble de l’humanité que la parole de Votre Sainteté a voulu atteindre pour éveiller les consciences et réjouir les cœurs. En effet comment ne pas reconnaître que l’intelligence et l’amour sont des dons merveilleux que le Seigneur a fait à tous et à chacun. Lorsque ces deux facultés se rejoignent pour donner naissance àl’intelligence du coeur elles reflètent au coeur même de l’intelligence universelle la capacité donnée à l’homme par Son Créateur de lire à travers les lignes de la complexité cosmique, historique et personnelle, les désirs ainsi révélés de chacun d’entre nous qui ne sont autres que ceux de l’amour reçu, donné et partagé.

Les fruits bien visibles de l’effort oecuménique et du dialogue interreligieux témoignent, depuis des décennies, du souci du Siège apostostolique de respecter la volonté de notre Seigneur que “ tous soient un comme moi et le Père sommes un”. Votre Sainteté me permettra de conclure en reprenant Son invite aux croyants dans son message pour la Journée Mondiale de la Paix 2010 “Elevons notre fervente prière vers Dieu Créateur tout puissant et Père miséricordieux afin qu’au coeur de tout homme et de toute femme résonne, soit accueilli et vécu cet appel pressant: Si tu veux construire la paix, protège la création.” Bonne et heureuse année, Très Saint-Père.


*L'Osservatore Romano 11-12.1.2010 p.7.



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