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SYNODE DES ÉVEQUES

ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L'ASIE

JÉSUS-CHRIST, LE SAUVEUR,
ET SA MISSION D'AMOUR ET
DE SERVICE EN ASIE:
«...POUR QU'ILS
AIENT LA VIE, ET QU'ILS
L'AIENT EN ABONDANCE» (JN 10,10).

LINEAMENTA

PRÉFACE

Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, dans sa Lettre Apostolique Tertio millenio adveniente, 38 (10 novembre 1994), a exprimé son intention de convoquer une Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l'Asie. Peu de temps après cette annonce, le Saint-Père a nommé un Conseil pré- synodal de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques pour l'Assemblée Spéciale pour l'Asie, composé pour la plus grande partie d'évêques d'Asie. La Secrétairerie Générale a dès lors commencé immédiatement le processus de préparation de cette Assemblée Spéciale en envoyant une lettre de consultation à toutes les parties intéressées du continent asiatique, à savoir les Conférences épiscopales et les Églises orientales, ainsi que les membres de la Curie Romaine et l'Union des Supérieurs Majeurs, dans le but de définir un thème qui ait une importance actuelle, un intérêt universel et une urgence particulière et qui devra être traité au cours de cette Assemblée synodale spéciale. Les résultats de cette consultation furent ensuite analysés et discutés par le Conseil pré-synodal de l'Assemblée Spéciale pour l'Asie, et une série de recommandations furent formulées pour être soumises au Saint Père.

Prenant en considération les propositions du Conseil, le Saint-Père fit ensuite le choix suivant du thème de l'Assemblée Spéciale: Jésus-Christ, le Sauveur, et sa mission d'amour et de service en Asie: «... Pour qu'ils aient la vie, et qu'ils l'aient en abondance»(Jn 10, 10). La formulation du thème a pour intention de répondre aux circonstances actuelles dans lesquelles se trouve l'Église en Asie, aussi bien que d'évaluer les circonstances actuelles qui touchent tous les peuples et les cultures du continent asiatique. En mettant en pleine lumière la centralité de la Personne du Christ, Sa Mission comme Médiateur et comme Seul et Unique Sauveur dans le Plan éternel du Salut de Dieu, l'Église en Asie et tous ses membres seront mieux préparés à remplir la mission d'évangélisation, d'amour et de service, du Christ en Asie, «pour qu'ils aient la vie et l'aient en abondance» (Jn10, 10).

Afin de présenter ce thème du Synode d'une manière générale, la Secrétairerie Générale, en collaboration avec les membres de Conseil pré- synodal et de théologiens du continent asiatique, ont rédigé les Lineamenta, le premier d'une série de documents relatifs à l'Assemblée Spéciale pour l'Asie. Comme son nom l'indique, le présent document est un exposé sur les grandes lignes du thème. Le seul but de ce texte est de favoriser une réflexion commune sur le thème, et de faire naître des suggestions ou des observations. Pour cette raison, une série de Questions apparaît à la fin du document.

Dans l'espoir que ces Lineamenta engendreront beaucoup d'observations et de suggestions de toutes les composantes de l'Église en Asie de telle sorte que les Conférences épiscopales, les Patriarches et les Archevêques Majeurs des Églises Orientales puissent avoir les informations nécessaires pour rédiger leurs réponses officielles. Donc, les Lineamenta en eux-mêmes ne font pas partie des travaux de l'Assemblée Spéciale. Un «Document de travail» ou Instrumentum laboris sera rédigé plus tard sur la base des réponses officielles venant du continent asiatique et de celles des Dicastères de la Curie Romaine et de l'Union des Supérieurs Majeurs. Ces groupes auront la tâche d'extraire l'essentiel des nombreuses contributions qu'ils recevront et de l'utiliser pour la préparation de leurs rapports officiels qu'ils devront soumettre à la Secrétairerie Générale. Des réponses substantielles permettront aux Pères du Synode, réunis en Assemblée Spéciale, de disposer de la matière nécessaire pour approfondir ce thème qui est d'une grande importance pour l'Église en Asie.

Par conséquent, toute l'Église en Asie est invitée à y participer: prêtres religieux et diocésains, religieux et religieuses, laïcs hommes et femmes, séminaires et instituts de théologie, conseils pastoraux, mouvements et groupes catholiques, communautés paroissiales ainsi que toutes les organisations ecclésiales. Plus nombreuses seront les réponses, plus complètes et substantielles seront les informations pour ceux qui auront la responsabilité de la rédaction des rapports officiels. Cela permettra en outre d'assurer et de compléter le caractère essentiel du texte de l'Instumentum laboris, document qui sera le centre de l'attention et de la discussion à l'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l'Asie.

En préparant une réponse aux Lineamenta, il faut garder à l'esprit les points suivants: le nombre et la variété des questions dressées dans la section finale du document ont été délibérément choisis pour servir de guide en structurant les réflexions sur le thème de l'Assemblée Spéciale pour l'Asie. Ces questions donc, et non le texte des Lineamenta, doivent servir de base à toutes les réponses. À ce propos, toutes les observations devraient se référer explicitement aux questions concernées. De même, il n'est pas nécessaire de répondre à toutes les questions. Cela dépend des circonstances individuelles concrètes, et ceux qui répondent sont libres de choisir les questions qui leur paraissent importantes.

Sur le continent asiatique, les réponses des communautés et des groupes ecclésiaux à l'intérieur d'un archidiocèse ou d'un diocèse, sont envoyées à l'évêque local qui utilisera de telles informations pour rédiger sa réponse. La réponse de l'évêque est ensuite communiquée au corps épiscopal dont il est membre. Les propositions de ces corps épiscopaux, et celles de la Curie Romaine et de l'Union des Supérieurs Majeurs, devraient parvenir à la Secrétairerie Générale au plus tard le 1 août 1997. Cette date prévue doit être gardée à l'esprit de tous ceux qui souhaitent contribuer de quelque manière que ce soit à ce processus de réflexion.

Avec la publication des Lineamenta une étape cruciale de la préparation de l'Assemblée Spéciale commence, un moment qui repose sur la coopération et les prières de chacun des membres de l'Église. Le mystère de la communion enseigne que l'Église s'étend au-delà des frontières d'une nation ou d'un continent même au-delà du monde tel que nous le connaissons – à travers le temps et l'éternité. Comme l'Église en Asie se prépare pour cette célébration spéciale de la communion des évêques, elle doit le faire en communion mystique avec toute l'Église. Dans cet esprit, elle est soutenue au cours de cette période de préparation par les prières et les bonnes oeuvres de tous les membres de l'Église, particulièrement par celles de la communauté céleste des Saints et des Martyrs d'Asie, et, comme dans toute entreprise, elle se tourne sur la Vierge Marie pour obtenir son indéfectible assistance.

Jan P. Cardinal Schotte, C.I.C.M.
Secrétaire Général


INTRODUCTION

1. L'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l'Asie est un moment de grâce particulier pour l'Église dans le continent asiatique. Étymologiquement, le mot «synode» signifie «marcher ensemble». Les Églises particulières d'Asie ont besoin de marcher ensemble. Dans le contexte asiatique, cela signifie avancer ensemble comme Église vers le Troisième Millénaire et proclamer le Seigneur Jésus-Christ, en paroles et en actes, non seulement à tous les frères et soeurs qui sont à l'intérieur de l'Église en Asie, mais à tous les peuples du continent.

En premier lieu, l'Église en Asie a besoin de marcher ensemble avec le Seigneur Jésus-Christ ressuscité, comme le firent les disciples d'Emmaüs, et de lui demander d'ouvrir tous les coeurs aux Écritures de sorte que chaque personne puisse voir le sens toujours nouveau et l'application de la Parole de Dieu aux situations actuelles variées en Asie. Elle prie aussi pour que l'Asie vienne à Le reconnaître dans la fraction du pain comme la source de la vie et de toute plénitude offertes partout à tous les peuples.

En se préparant pour le Synode, l'Église en Asie cherche «à marcher selon l'Esprit» (Gal 5, 16), lui qui, à travers l'histoire, a illuminé les sages et les saints de l'Asie dans la recherche de la plénitude de la vérité et de la vie, et qui a rendu le peuple d'Asie capable de reconnaître sa présence et d'en profiter par les rayons de vérité présents dans leurs philosophies et leurs religions.

En «marchant ensemble», l'Église souhaite continuer d'avancer dans la tradition vivante de l'Église qui est, dans l'Église des Apôtres et leurs enseignements, l'Église des Pères et leur patrimoine théologique et spirituel précieux, l'Église des grands missionnaires de l'Europe et de l'Asie, l'Église des Saints du Moyen-Âge et des théologiens, l'Église de la réforme et du renouveau amené par les Conciles de Trente, de Vatican I et de Vatican II.

Dans son cheminement synodal, l'Église en Asie n'est pas seule. Elle est accompagnée par le Saint-Père, le Pasteur de l'Église universelle, par son Magistère, et par tous les membres de l'Église qui sont hors du continent asiatique et qui, à travers la communion mystique, sont unis à leurs frères et soeurs d'Asie par la solidarité et la prière.

Outre son caractère universel, le cheminement synodal a une dimension asiatique particulière. L'Église en Asie, fidèle à son Seigneur, cherche à marcher avec tous les peuples de l'Asie – frères et soeurs – unis à travers des vies et des cultures communes, dont les destinées sont reliées entre elles, dont la richesse religieuse et spirituelle est nécessaire à l'Église pour qu'elle accomplisse son propre chemin, et avec qui elle veut partager l'inépuisable richesse du salut de Jésus-Christ. L'Église en Asie veut accompagner les cultures et les coutumes sociales des peuples asiatiques, et les purifier de tout ce qui est contraire à l'Évangile du Christ, de telle sorte qu'elle n'apparaisse pas comme une étrangère sur le continent sur lequel elle vit, et où, en union avec son Seigneur, elle fait siennes «les joies et les espoirs, les souffrances et les anxiétés du peuple».(1)

CHAPITRE I

RÉALITÉS ASIATIQUES

UN CONTINENT VASTE AVEC D'ABONDANTES RESSOURCE

Les grandes religions et les cultures

2. Géographiquement parlant, il est difficile de déterminer la liste des pays qui constituent le continent asiatique. Cependant, en ce qui concerne le Synode, le continent asiatique peut être considéré comme la vaste surface s'étendant entre le Moyen-Orient et l'Extrême-Orient. Ceci comprend le Moyen-Orient, les pays du Golfe, les pays du Sud asiatique, les pays du Centre asiatique, les pays du Sud-Est asiatique, la Sibérie asiatique, et les pays de l'Extrême-Orient.

Cette grande étendue a été la mère de nombreuses races et de peuples nombreux, et le panthéon de grandes religions mondiales qui ont résultées de la longue recherche des peuples d'Asie sur le sens et la destinée de l'humanité et de l'univers. Sans aucun doute, quelques-uns des systèmes religieux, philosophiques, sociaux et linguistiques et quelques-unes des organisations connues de l'histoire les plus profonds et les plus élaborés, proviennent des sages asiatiques, des saints et des visionnaires religieux depuis les temps immémoriaux. Ceux-ci ont guidé les destinées de millions de peuples à travers les siècles et les millénaires.

Le Judaïsme, quoique peu représenté en Asie, est vraiment une religion mondiale, ayant ses enseignements sur Dieu, le créateur et le miséricordieux, sur la personne humaine, qui possède la liberté et la dignité, et qui pourtant a besoin de la Rédemption du péché, et sur l'eschatologie. L'Hindouisme est implacable dans sa recherche de l'ultime réalité, de l'Absolu, et de la libération de la personne du mal sous toutes ses formes, par le chemin de la connaissance désintéressée et du dévouement. Il met l'accent sur le silence, la contemplation, le détachement et la non-violence. Le Bouddhisme cherche à indiquer à l'individu un chemin en dehors de la situation existentielle de souffrance à travers les Huit Nobles Chemins menant finalement à la totale libération. Il insiste sur la compassion comme vertu primordiale. Le Bouddhisme a été modifié dans plusieurs pays par l'influence des grands idéaux éthiques et mystiques du Confucianisme et du Taoïsme. Ceux-ci accordent une grande importance aux relations harmonieuses dans la société. L'Islam est marquée par sa doctrine du Dieu unique, le créateur, qui est tout miséricordieux et qui pardonne. Il appelle à la totale soumission à ses commandements à travers l'obéissance, la prière, l'aumône, le jeûne et le pélerinage à La Mecque. La Religion Traditionnelle voit le tout du cosmos, c'est à dire le monde visible de la nature et des êtres humains et le monde invisible des esprits, comme «s'interpénétrant». La Religion Traditionnelle insiste sur la communion et l'harmonie avec Dieu, les esprits, la nature et les membres proches de la famille, du clan et de la tribu.

Les peuples d'Asie

3. La plus grande richesse de l'Asie vient de ses peuples pourvus de cultures riches et vieilles de plusieurs millénaires, généralement connues pour leur insistance sur les habitudes frugales et industrieuses, aussi bien que pour leur persévérance et leur courage.

Les valeurs religieuses et culturelles, comme l'amour de la recherche philosophique, de la contemplation, de la simplicité, du détachement, du silence, de la non-violence, etc., sont considérées par les peuples asiatiques comme de puissants atouts. Le sens profond de la religion, l'amour de la famille, le respect de la vie, la compassion pour tous les êtres, l'amour et la proximité de la nature, le respect des parents, des aînés et des ancêtres, et le sens de la communauté sont d'autres sources de force pour les peuples d'Asie.

La pluralité des religions a été un fait constant de l'histoire en Asie. En dépit des tensions occasionnelles et même des guerres, l'Asie a démontré un haut degré de tolérance religieuse et de coexistence pacifique. Il y a eu en tout temps un dialogue vital entre les religions, un sens de l'accommodation et un désir d'enrichissement mutuel. En dépit du procès de modernisation et de sécularisation, les religions asiatiques manifestent de la vitalité et une capacité à se renouveler comme il apparaît dans des mouvements de réforme. Ces groupes vont vers plus de concertation maintenant que dans le passé. Il y a aussi des signes d'une soif profonde pour les valeurs spirituelles connues par les peuples dans tous les chemins de la vie, spécialement par les jeunes. Ce phénomène est aussi accompagné par l'apparition de nouveaux mouvements religieux.

Une conscience asiatique grandissante

4. Le sens d'«être asiatique» grandit dans les peuples d'Asie, résultant d'une prise de conscience partagée de la richesse et de la variété des cultures de l'Asie, d'un héritage religieux et culturel commun, de l'expérience vécue du colonialisme, de la possession commune des valeurs religieuses, de l'héritage asiatique de sagesse contenu dans les livres des grands fondateurs religieux, des hommes réfléchis et des sages, comme par exemple de Confucius, et des intérêts économiques mutuels.

Bien qu'ancienne, l'Asie est en même temps un continent très jeune. Plus de 60% de la population est composée de jeunes. Ils constituent l'espoir et l'avenir de l'Asie. Une nouvelle génération de travailleurs compétents, de scientifiques, et de techniciens grandit chaque jour et laisse augurer de bonnes choses pour le développement de l'Asie.

À différents niveaux, les peuples d'Asie ont commencé à travailler ensemble et à coopérer pour une Asie meilleure. Au niveau gouvernemental, des groupements continentaux comme l'Association du Sud-Est Asiatique (ASEAN), la Conférence Régionale Sud-Asiatique (SARC) et d'autres associations économiques et culturelles de nations contribuent déjà au progrès des peuples d'Asie. À des niveaux non gouvernementaux, beaucoup d'initiatives privées sont en train de faire progresser le sort des pauvres.

Même si les signes des temps sont parfois différents d'un pays à l'autre en Asie, des modèles communs sont discernables partout. Dans toute l'Asie, il y a une conscience du pouvoir des peuples pour changer les structures injustes qui existent dans la société. On oeuvre pour une plus grande justice sociale, pour une participation plus importante dans le gouvernement et l'industrie, pour l'égalité des chances dans l'éducation et le travail, ainsi que pour une juste participation aux ressources de la nation. Les peuples deviennent de plus en plus conscients de leur dignité et droits humains, de leurs droits légaux, etc. Les minorités ethniques, sociales et culturelles longtemps assoupies, prennent conscience de leur capacité à devenir des agents de changement de la société. L'Esprit de Dieu est réellement à l'oeuvre dans la transformation de la société en général, et, en particulier, dans l'aspiration du peuple à la plénitude de vie.

Les autres aspects relatifs au continent asiatique, comme le développement socio-économique, la situation politique et l'impact qui en résulte sont plus difficiles à décrire.

ÉPREUVES ET LUTTES

Développement socio-économique

5. Dans le domaine du développement, les situations sur le continent asiatique sont si diverses qu'elles défient toute classification sous une seule catégorie. Quelques pays d'Asie sont extrêmement développés, tandis que d'autres sont encore en phase de développement au moyen de politiques économiques réalisables. En certains cas, un pareil développement a coûté la perte des valeurs sociales et religieuses traditionnelles. Cependant, quelques pays asiatiques ont pu adapter ces principes à l'économie moderne et à la vie politique sans effets contraires. Pourtant d'autres ont été moins heureux dans le domaine du développement et restent parmi les quelques pays les plus pauvres du monde. Dans le processus du développement, le matérialisme et la sécularisation gagnent aussi du terrain, spécialement dans les centres urbains. Ces idéologies qui détruisent les valeurs sociales et religieuses traditionnelles, menacent les grandes cultures de l'Asie avec un dommage incalculable.

Il ne faut pas sous-estimer l'impact des moyens de communication sociale dans les changements rapides qui ont eu lieu dans le continent asiatique. Le Pape Paul VI, voyant de loin ses effets, les décrivait comme un moyen de transformation sociale très puissant.(2) Là où les mass-média ont contribuées très positivement au développement dans nombre de pays d'Asie, les effets bénéfiques peuvent parfois être contrebalancés par le fait que ces moyens risquent d'être manipulés par ceux qui y sont directement intéressés. En certains cas, les mass-média sont contrôlées par de puissantes forces politiques, économiques et idéologiques. Puisque les moyens de communication sociale peuvent être quelques fois un moyen d'invasion culturelle détruisant les valeurs religieuses et familiales traditionnelles de l'Asie, l'éducation et la formation à leur usage est très important.(3)

Certains éléments socio-économiques s'entrelacent autour des éléments positifs qui inffluent sur le changement dans le continent asiatique. En dépit de plusieurs décennies d'indépendance, de plans économiques et d'un juste partage d'une bonne partie des ressources naturelles et humaines, beaucoup de gouvernements asiatiques n'ont même pas réussi à créer les conditions minimales de vie humaine pour leurs peuples. Réfléchissant sur cette situation, le Pape Jean-Paul II remarquait: «Je pense à l'exploitation des travailleurs, à l'exclusion d'un grand nombre de gens des avantages d'une société avancée, au manque de protection sociale, à l'analphabétisme, à l'usage de la drogue et d'autres "paradis artificiels", à la diffusion des jeux d'argent et de la violence, à la corruption que l'on rencontre dans les grandes villes et aux conditions de vie inhumaines que des millions de gens sont obligés de supporter dans les banlieues surpeuplées des centres urbains».(4)

Plusieurs pays d'Asie sont pris dans le cercle vicieux de la malnutrition, de la sous-nutrition, de l'explosion incontrôlée de la population et de l'urbanisation non-planifiée avec tous les maux sociaux et moraux qui l'accompagnent, en plus des problèmes politiques. Dans beaucoup de pays asiatiques, plus de 50% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Il y a, en Asie, un grand nombre d'handicapés physiques, d'aveugles, de sourds et de maladies contagieuses.

Même si le respect pour les femmes, les liens de famille étroits, le soin des personnes âgées et l'amour des enfants sont parmi les valeurs culturelles de l'Asie profondément enracinées, certaines femmes sont parfois traitées comme des êtres humains de seconde classe, et souffrent de discrimination sous diverses formes. La prostitution féminine organisée, et même celle d'enfants, augmente dans certaines régions d'Asie. Une telle situation tragique semble s'accroître dans quelques pays, avec quasiment l'approbation de la société en général et le consentement des pouvoirs religieux et politiques.

Dans le même temps, il y a des millions de Dalits (de «marginalisés») qui, pendant des siècles et voire des millénaires, ont été tenus économiquement, culturellement et politiquement en marge de la société. En outre, des peuples indigènes et des tribus de toute l'Asie ont aussi vécu depuis des temps immémoriaux, dans un isolement social, culturel et politique par rapport à la majorité de la population. Cependant, aux niveaux national, régional et international ces peuples obtiennent une reconnaissance croissante.(5)

La situation politique

6. La situation politique sur le continent asiatique est aussi variée que ses dimensions sociales et économiques. Beaucoup de teintes idéologiques forment le spectre politique de l'Asie. Il y a des formes théocratiques de gouvernement avec une religion officielle d'État, et des systèmes légaux qui laissent peu d'espace à la liberté religieuse. Quelques pays, bien que ne se déclarant pas ouvertement théocratiques, réduisent les minorités, pour tous les aspects pratiques de la vie quotidienne, à l'état de citoyens de seconde classe ayant peu de considération pour leurs droits humains fondamentaux. Dans d'autres pays d'Asie, la liberté religieuse est niée. Les croyants qui sont dans cette situation sont regardés comme traîtres à leur pays; ils subissent la persécution et doivent se cacher. Génocides, déportation de populations à une grande échelle, imposition de cultures et de règles étrangères, élimination ou suppression de toutes les voix dissidentes ou critiques, ont été exercés par quelques gouvernements. Dans certains cas, ce triste état de fait se poursuit. Cette situation politique fait obstacle au développement intégral de la personne, comme l'affirme le Pape Jean-Paul II: «Il fait obstacle au développement humain intégral en exigeant une rupture, souvent imposée par la force, avec les traditions, et inflige à un grand nombre de personnes une grande souffrance, y compris la faim, par des plans économiques qui manquent de réalisme et des priorités malencontreuses, telles que de coûteux armements».(6)

Dans le même temps, beaucoup de pays en Asie se caractérisent par une corruption endémique à tous les niveaux du gouvernement et de la société. Il en résulte que les gens semblent être sans aide, même pour s'élever contre les politiciens corrompus, les représentants de justice, les administrateurs et les bureaucrates. Cette situation se complique davantage par les divisions au sein du peuple. Dans de nombreux cas, des organisations multinationales et nationales, des agences et des entreprises industrielles tendent à se rejoindre pour créer un progrès unilatéral dont les bénéfices n'atteignent pas les pauvres. Ainsi, les pauvres stagnent dans leur pauvreté, ou même, deviennent encore plus pauvres.

Ces facteurs conduisent inévitablement à des situations de conflit comme on en est témoin en Asie au niveau régional, national et international. Ces conflits ont pris des formes ethniques, religieuses, politiques et économiques. Tous ces conflits retardent le développement intégral et le progrès des peuples. Les plus affectés sont les pauvres. En Asie, de tels combats ont eu pour résultat des millions d'immigrés: travailleurs, réfugiés et demandeurs d'asile. Ces personnes en quête de survie et de perspectives d'avenir ont souvent à faire face à l'hostilité, la discrimination et un futur incertain. Leurs liens familiaux sont souvent brisés, ce qui crée des problèmes moraux et sociaux plus graves.

D'autre part, le développement non-planifié et incontrôlé de beaucoup de pays en Asie conduit à un désastre écologique. L'avidité et la gabegie dans l'exploitation des ressources naturelles par des puissants en collusion avec des gouvernements, des bureaucrates, des complexes industriels militaires, épuisent les précieuses ressources naturelles desquelles dépendent les générations présentes et futures.

Beaucoup de pays d'Asie sont grevés du lourd fardeau d'une dette internationale qui détourne leur revenu national vers les intérêts à verser pour la dette. Entre la médiocre gestion économique, la corruption et les intérêts de la dette, il ne reste que peu de moyens pour la croissance économique nationale et pour les services sociaux dont on a grandement besoin.

La globalisation de l'économie et le processus de modernisation ne prennent pas toujours en compte les besoins fondamentaux de la population. Dans ce processus, les pauvres sont encore les laissés pour compte sur le chemin d'une société plus égalitariste. Une telle situation conduit aussi à un boulversement culturel, social et démographique.

RÉDEMPTION EN JÉSUS-CHRIST

7. Chacune des réalités de l'Asie sont des situations vivantes et des contextes dans lesquels la mission salvifique de l'Église doit s'accomplir. C'est dans cette même Asie – avec ses ressources, ses forces et ses défis – que les disciples de Jésus-Christ sont envoyés, de telle sorte que tous les peuples d'Asie puissent avoir la vie et l'aient en abondance, c'est-à-dire, à la fois dans sa dimension horizontale et transcendentale. Comme disciples de Jésus-Christ, les membres de l'Église s'approchent de la situation asiatique avec la puissance qui vient de la Croix du Christ. Jésus-Christ a porté les fardeaux de tous les peuples de tous les temps. Il les a rachetés et sanctifiés pour le salut de tous. Ceci est la source de la puissance et de l'inspiration pour l'Église. Humblement, l'Église veut prendre sur elle les fardeaux de la vie et les porter avec ses frères et soeurs, et les faire racheter par Jésus- Christ à travers sa mort salvatrice et sa résurrection.

La mort et la résurrection de Jésus-Christ remplit d'espoir et de force le coeur de ses disciples en Asie pour qu'ils se renouvellent, et par là, renouvellent le continent asiatique. L'Église en Asie, quoique numériquement un petit troupeau, veut faire siennes les réalités, les potentialités et les espoirs de l'Asie.(7) Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour qu'il puisse avoir la vie. L'Asie est une partie de ce «monde» où il continue à être présent: «Ce Fils demeure au coeur de l'histoire de l'humanité comme le Rédempteur. La Rédemption imprègne toute l'histoire humaine, y compris celle qui se situe avant le Christ, elle prépare l'avenir eschatologique de l'homme. Elle est cette lumière qui "brille dans les ténèbres et que les ténèbres ne parviennent pas à étouffer" (Jn 1,5). La puissance de la Croix du Christ et de sa Résurrection est toujours plus grande que tout le mal dont l'homme pourrait et devrait avoir peur».(8)

CHAPITRE II

ÉVANGÉLISATION EN ASIE

CHRISTIANISME EN ASIE

Les origines apostoliques

8. S. Paul écrivit aux Galates: «Mais quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale» (Gal 4, 4-5). C'est en Asie que Jésus-Christ est né selon la chair. C'est en Asie qu'il a prêché la Bonne Nouvelle, qu'il a souffert, qu'il est mort, qu'il est ressuscité, qu'il a envoyé le Saint-Esprit sur ses disciples, et les a envoyés aux extrémités du monde proclamer la Bonne Nouvelle et réunir les communautés de croyants.

L'histoire de l'évangélisation commença à Jérusalem le jour de la Pentecôte. La première communauté chrétienne s'est formée là. De Jérusalem, elle s'étendit à Antioche. De là, elle s'étendit vers l'Ouest et vers l'Est. Quelques-uns des premiers Conciles se tinrent en Asie. Plusieurs des grands Pères de l'Église étaient des asiatiques. La plupart des premières traditions liturgiques, des familles et des patriarchats ont leurs origines en Asie. C'est en Asie que Pierre, Jacques et Jean et les autres Apôtres de Jésus ont prêché l'Évangile et fondé les premières Églises telles que les Églises de Jérusalem et d'Antioche.

Suivant la tradition, la Mésopotamie et la Babylonie furent évangélisées par les Apôtres Barthélemy et Thomas. Une tradition semblable soutient qu'après l'établissement de l'Église de Babylonie (Chaldée), Barthélemy prit la route de terre vers le Sud-Ouest de l'Inde et y prêcha l'Évangile. L'Apôtre Thomas prit la route de la mer vers l'Inde du Sud et fonda l'Église sur la côte de Malabar vers les années 50 après Jésus-Christ.

La tradition selon laquelle S. Thomas l'Apôtre fonda la communauté chrétienne sur la côte des Malabars en Inde du Sud est beaucoup plus probante que la tradition de Barthélemy. Bien qu'il n'y ait pas d'évidence historique absolument convaincante, l'existence d'une communauté chrétienne là-bas vers la fin du premier siècle, témoigne favorablement en faveur de son historicité. D'ailleurs, leur liturgie, leur langage liturgique, leur organisation ecclésiale, leur théologie et leur spiritualité ont été largement influencées par l'Église syriaque.

Expansion missionnaire

9. Le chrétienté syriaque a été un mouvement missionnaire qui s'étendit non seulement en Asie du Sud, mais aussi à travers l'Asie centrale jusqu'à la Chine. Entre le IVème siècle et le VIIème siècle, luttant contre nombre d'obstacles géographiques et politiques, ils portèrent l'Évangile dans la vaste région du Turkistan, de la Mongolie et de la Chine. C'était réellement une «Église en feu» avec un zèle missionnaire. La «stèle de Hsianfu», monument de pierre découvert en 1625 en Chine du Nord avec des écrits chinois et syriaques, donne un indice de la diffusion du christianisme en Chine par les soins des missionnaires syriaques orientaux.

La plupart de ces premiers missionnaires et de ces évêques étaient des moines; d'autres étaient des marchands et des chrétiens ordinaires. Ils utilisaient la Bible pour éduquer les gens. Ils employaient des symboles bouddhistes , confucianistes et taoïstes pour exprimer leur foi chrétienne et ainsi, rendaient le message chrétien intelligible aux hommes dans leurs cultures propres.

Au XIIIème siècle, un essai d'évangélisation de l'Asie fut tenté par les franciscains. Le plus célèbre missionnaire de cette époque fut Jean de Montecorvino en Chine. Il eut pour successeur Jean de Marignoli qui passa par l'Inde et y établit quelques communautés chrétiennes. Même si les communautés fondées par les franciscains moururent finalement à cause des persécutions, l'héroïsme des missionnaires ainsi que leur amour pour Jésus- Christ et pour le peuple, sont dignes d'admiration et source d'inspiration.

MISSION CHRÉTIENNE MODERNE EN ASIE: XVIÈME–XVIIÈME SIÈCLE

Témoignage missionnaire remarquable

10. Au XIIIème siècle, des navigateurs, des explorateurs, des mercenaires, des commerçants et des compagnies de commerce furent guidés par l'esprit d'exploration, le goût de l'aventure et le sens du profit. Tout d'abord avec Marco Polo et avec Vasco de Gama (1498), ils débutèrent une longue période d'exploration coloniale qui mis la plupart des pays d'Asie sous la coupe coloniale du Portugal, de l'Espagne, de la Hollande, de la France et de l'Angleterre. Ce fut aussi une période de grande entreprise missionnaire. Avec l'éveil de l'expansion coloniale et l'établissement de centres de commerce en Asie, les missionnaires commencèrent à affluer dans nombre de parties de l'Asie. Ainsi les franciscains, les jésuites, les dominicains, les augustiniens, les carmes et les théatins établirent des maisons en Asie entre 1510 et 1640.

S. François-Xavier se détache comme le plus grand des missionnaires modernes. Durant le court laps de temps de 10 ans, il fonda des Églises le long de la côte de l'Ouest de l'Inde, de Goa au Cap Comorien, au Sri Lanka, en la presqu'île malaise et finalement au Japon. Là, il adopta des méthodes différentes de celles qu'il employait parmi les pêcheurs de l'Inde du Sud. Sa sainteté transparente, son activité infatigable, sa vie de prière et sa catéchèse constante, constituaient les raisons de son succès comme missionnaire.

La voie missionnaire tracée par François-Xavier fut également suivie en Asie, du XVIème au XVIIIème siècle, par des missionnaires brillants, instruits et saints. Ainsi, Alexandre Valignano, Matteo Ricci, Ferdinand Verbiest, Adam Schall, Bento de Gomes et Vincent Lebbe en Chine et au Japon essayèrent d'entrer en dialogue avec les cultures et les religions de ces pays, et essayèrent d'inculturer l'Évangile, la liturgie et le langage théologique d'une manière qui leur soit intelligible. Des efforts similaires furent faits en Inde par des missionnaires aussi importants que Robert de Nobili, Constant Beschi et Jean de Britto, qui cherchèrent à appliquer le christianisme au système des castes prévalant en Inde. Quelque chose d'équivlalent fut fait par Alexandre Rhodes au Vietnam.

D'autres efforts importants d'évangélisation furent ceux de Rodolphe Aquaviva et de ses compagnons à la cour mongole d'Akbar. Bien que ces essais aient échoué, leur portée pour l'avenir de la mission ne peut pas être niée. Les entreprises de Joseph Vaz, un prêtre oratorien indien, connu comme l'apôtre du Sri Lanka, firent beaucoup pour l'implantation de la foi catholique en dépit de la persécution des colons hollandais. Sa sainteté et l'originalité de ses méthodes missionnaires étaient le secret de son succès.

L'évangélisation de la Corée fut lancée par Pierre Ly, un laïc, et ses compagnons. De là, le christianisme en Corée eut pour caractéristique d'être fondé par des laïcs. Depuis ce temps, les laïcs ont joué un rôle très important dans l'évangélisation du peuple coréen. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants portèrent témoignage de leur foi à travers le martyr pendant les persécutions à intervalle du XIIIème et XIXème siècle. De même, au Japon la foi fut conservée vivante par des laïcs pendant des périodes considérablement longues au cours des persécutions du XVIIème au XIXème siècle. Des exemples similaires d'héroïsme et de martyre sont multiples, même aujourd'hui, en Corée et dans d'autres pays subissant la persécution.

Le plus grand succès de l'histoire de l'évangélisation en Asie au cours de cette période est celle des Philippines. Le mérite devrait en revenir tout d'abord aux missionnaires espagnols. Aujourd'hui, les Philippines sont le seul pays en Asie où le catholicisme est prédominant, comptant près de la moitié de la population catholique de l'Asie.

Difficultés et obstacles de la mission

11. Les efforts missionnaires modernes en Asie, comme toutes les autres entreprises humaines, ont eu leur défauts et leurs obstacles. Le manque de place nous empêche d'entrer dans les détails, les descriptions des mérites ou des démérites des différents événements et controverses. Et ceci ne peut pas être non plus l'occasion d'une évaluation convenable de l'évangélisation globale de l'Asie. Ceci doit être fait par chaque Église locale d'Asie. Mais dans une présentation de ce genre, certains événements méritent d'être rappelés.

En premier lieu le système du Patroado - patronage de la mission par le gouvernement et le souverain portugais- avec ses droits concernant l'érection des diocèses et les nominations ecclésiastiques, bien que d'abord bien intentionné, devint plus un obstacle qu'une aide au libre développement des tentatives missionnaires dans différentes parties de l'Asie. La condamnation des audacieux efforts missionnaires quant à l'inculturation, à l'adaptation et au dialogue mirent aussi fin à un début très prometteur.

La suppression de la Compagnie de Jésus pendant environ quarante ans priva les jeunes communautés chrétiennes d'Asie de soin pastoral pendant un long laps de temps et retarda le progrès de l'évangélisation. Quelquefois, les rivalités entre les instituts missionnaires, les ordres religieux et les tendances nationalistes s'élevèrent comme un obstacle au progrès de la mission comme les recommandations du Pape Benoît XV l'ont clairement établi.(9) De la même façon, l'hésitation de quelques missionnaires à promouvoir le clergé indigène dans les premiers siècles de la mission en Asie, n'a pas aidé le progrès de la mission.(10)

L'imposition de la juridiction de l'Église latine sur les chrétiens de l'Église de S. Thomas en Inde du Sud, conduisit à la malheureuse division en plusieurs Églises et causa des tensions entre l'Église latine et l'Église syro-malabare. Ces divisions et ces tensions inter-ecclésiales – qui dans quelques cas se poursuivent encore – ont nuit au progrès de la mission en Inde et ailleurs.

Le grand siècle de la mission

12. Pour différentes raisons, la première période de la mission chrétienne sembla se terminer par un échec presque total, à l'exception des Philippines. Cependant, après les efforts missionnaires du XVIème au XIXème siècle, un nouveau réveil et élan missionnaire apparut à la fois en Asie et en Europe. De nombreuses Congrégations religieuses à la mentalité missionnaire surgirent en Europe durant les XIXème et XXème siècle. Plusieurs de ces congrégations oeuvrent encore en Asie. Pendant la même période, un certain nombre de Congrégations religieuses indigènes d'hommes et de femmes furent fondées en Asie, et particulièrement en Inde et aux Philippines.

Pendant le XIXème siècle, pour la première fois dans l'histoire des missions, des femmes s'aventurèrent dans des pays lointains en Asie pour porter témoignage au Christ et à son Évangile et pour servir les pauvres, les orphelins, les handicapés, les lépreux, etc. Elles devinrent ainsi une partie essentielle de la mission en Asie, spécialement pour la préparation des catéchumènes et l'éducation des enfants. La valeur de leur témoignage a été crucial dans le progrès de l'évangélisation en Asie.

Beaucoup de facteurs tels que les grandes distances, le manque de connaissance de tant de langues locales et de dialectes, des coutumes populaires, etc. menèrent à la formation et au développement de catéchètes pour l'évangélisation. Une grande partie du succès de la mission en Asie doit être attribuée à leurs efforts. Beaucoup d'entre eux ont été des exemples éclatants de vie chrétienne et de sainteté.

Un bon nombre de séminaires se consacrèrent spécifiquement à la formation de missionnaires et s'établirent tant en Europe qu'en Asie. Le premier d'entre eux fut le séminaire de Propaganda Fide fondé à Rome en 1628. Le séminaire de Kandi (Sri Lanka) fut fondé en 1893 pour l'Asie du Sud. Le premier noviciat jésuite fut ouvert en Inde en 1847. Le séminaire de Penang en Malaisie fut ouvert durant la première moitié du XIXème siècle.

Vers la fin du XIXème siècle, l'évangélisation progressa dans plusieurs parties de l'Asie. Pendant cette période, Constant Lieven et ses compagnons jésuites obtinrent la conversion en masse des Adivasis de la zone de Chotanagpur en Inde centrale. Cette jeune Église compte actuellement environ deux millions de catholiques.

Événements significatifs

13. Le rétablissement de la hiérarchie syro-malabare par le Pape Léon XIII est un événement important dans la vie de l'Église tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Inde, parce qu'un très grand nombre de missionnaires et de religieux opérant en des diocèses latins de l'Inde proviennent de cette Église. Nombre de prêtres et de religieux ayant leur ministère dans des pays d'Asie et d'Afrique proviennent aussi de cette Église. En outre, un grand nombre de travailleurs migrants appartenant à cette Église est présent dans toute l'Inde et les États du Golfe.

Cette période, dans l'histoire de la mission chrétienne en Asie coïncide avec les mouvements d'indépendance dans toute l'Asie. Dans la plupart des pays asiatiques, l'Église s'est accrue numériquement pendant cette période, et est devenue, en certains lieux, une minorité ayant une influence notable. Ces Églises se sont investies principalement dans les domaines de l'éducation, du développement des programmes de santé et des oeuvres de charité.

L'Église en Indonésie, qui a commencé avec l'apostolat de S. François-Xavier, a fait des progrès impressionnants pendant les cent dernières années à cause des efforts missionnaires significatifs des Pères du Verbe Divin. L'Indonésie a un grand nombre de laïcs bien instruits et bien formés, un beau réseau d'écoles, d'universités, et une presse qui recueille beaucoup d'attention dans le pays.

La Corée du Sud a témoigné d'un extraordinaire mouvement de conversion à l'Église durant les dernières décennies à tous les niveaux de la société. Bien que le mouvement se soit ralenti, il se poursuit encore. Un mouvement similaire de conversion a eu lieu au Sud-Vietnam en dépit de la prise de pouvoir du communisme en 1975.

Au Nord-est de l'Inde, pendant les cent dernières années, le mouvement de conversion qui a débuté avec l'arrivée des premiers missionnaires salvatoriens a été poursuivi principalement par les salésiens de Don Bosco. On compte aujourd'hui environ un million de chrétiens en ce lieu, et leur nombre croît rapidement.

La prise de pouvoir du communisme en Chine a conduit à une persécution renouvelée et à l'exode de nombreux catholiques du continent vers Taiwan et ailleurs. Un exode semblable sur une large échelle a eu lieu de la Corée du Nord vers la Corée du Sud, et du Nord-Vietnam vers le Sud- Vietnam. Au Cambodge, la plupart des catholiques a péri dans le génocide effrayant sous le régime des Khmers rouges.

Selon les estimations, il y a près d'un million d'ouvriers catholiques migrants dans les États du Golfe, la plupart provenant de l'Inde et des Philippines. La liberté religieuse de ce groupe est sévèrement restreinte.

Les années de l'après-concile ont été marquées par un changement dramatique dans la compréhension de la mission, de sa méthode et de la plupart de ses comportements. Les incertitudes théologiques de Vatican II se sentent dans les incertitudes missiologiques. Celles-ci, à leur tour, se reflètent dans le champ concret de la mission. Est-ce que la mission consiste à annoncer Jésus-Christ et à rassembler des communautés chrétiennes? Est- ce la promotion du Royaume de Dieu et de ses valeurs de Justice et de Paix? Est-ce l'inculturation? Est-ce une promotion humaine et la libération? Et si ce sont toutes ces choses ensemble, quelle est la principale? D'autres questions théologiques et christologiques, telles que le salut des adeptes d'autres religions et leur relation à Jésus-Christ et à son Église, sont actuellement débattues par les missiologues et les missionnaires.

LEÇONS APPRISES DE L'HISTOIRE DE LA MISSION EN ASIE

Contributions significatives

14. L'histoire de la mission catholique en Asie serait incomplète sans une brève mention de la contribution de la Congrégation de Propaganda Fide appelée aujourd'hui Congrégation pour l'Évangélisation des Peuples. Pendant près de cinq siècles d'évangélisation en Asie Propaganda Fide a fortement soutenu la promotion du clergé indigène à travers des documents variés, des décrets et des recommandations. Elle a encouragé la nomination de membres du clergé indigène comme évêques et la création de nombreux nouveaux diocèses. Elle a aussi encouragé l'implantation de séminaires et de congrégations religieuses. C'est aussi cette même Congrégation qui a demandé aux congrégations religieuses de prendre en charge des territoires de mission pour l'évangélisation.

Beaucoup de Papes ont manifesté un intérêt personnel pour l'oeuvre de l'évangélisation en Asie. Ceci se reflète spécialement dans une série d'encycliques missionnaires et de documents sur la théologie de la mission, ses méthodes, ses relations oecuméniques, la relation du Christianisme avec les religions présentes à l'échelon mondial, la relation entre la mission et la justice sociale, le développement humain, la libération et la promotion.(11) Le premier de ceux-ci fut Maximum illud qui a été appelée la grande charte de la mission catholique moderne. Fidei donum de Pie XII a stimulé la croissance des sociétés missionnaires en Asie et un mouvement missionnaire de ces jeunes Églises vers d'autres pays.

La mission de l'Église et son activité missionnaire sont le travail de l'Esprit Saint qui est son agent transcendant.(12) En même temps, c'est aussi une entreprise humaine. Comme n'importe quelle autre entreprise humaine, elle a eu ses limites et ses échecs. Donc, la mission est semper reformanda, autrement dit, elle doit toujours se renouveler et se réformer pour s'adapter aux temps et aux besoins des peuples. Un tel processus exige un examen de conscience, un repentir pour les erreurs du passé et un renouveau pour la mission du Christ dans le Troisième Millénaire. Il faut aussi rendre grâce à Dieu pour ce qui a été accompli dans le passé par les missionnaires, tant étrangers que locaux.

À part quelques exceptions, l'Église en Asie est principalement le résultat des sacrifices héroïques, de la sainteté et du zèle des missionnaires des temps passés. Aujourd'hui, dans presque tous les pays d'Asie, l'Église est présente et peut donner le témoignage de Jésus-Christ. Les jeunes Églises d'Asie sont devenues majeures avec leurs propres hiérarchies, leur clergé, leurs religieux et leur laïcat. Elles ont aussi les structures nécessaires telles que les séminaires, les centres de formation, les centres de pastorale, les instituts de théologie, les revues théologiques, une formation qualifiée et un personnel enseignant. Elles ont une présence significative dans les mass- médias avec un bon nombre d'hebdomadaires et même de quotidiens dans quelques pays. Il y a un relativement bon nombre de vocations aux ministères variés de l'Église. Les structures continentales pour les évêques d'Asie, comme la Fédération des Conférences des Évêques d'Asie (FABC), et d'autres pour les religieux en Asie, comme l'Asian Meeting of Religious (AMOR), réunissent ces Églises particulières d'Asie et les aident à coordonner leurs activités missionnaires et pastorales.

Signes positifs pour l'avenir

15. Vatican II a été, et est encore, une grande source de renouveau dans les Églises particulières asiatiques. Des événements ecclésiaux d'importance majeure en Asie, tels que les Congrès eucharistiques internationaux et les visites du Pape Paul VI et Jean-Paul II ont été des moments significatifs qui ont stimulé la croissance de l'Église en Asie.

Il y a aussi beaucoup de signes positifs pour la mission en Asie. Le laïcat et sa formation font l'objet d'une plus grande attention aujourd'hui. Ceci signifie aussi que les Églises locales deviennent plus conscientes de leur vocation missionnaire et de leur responsabilité. Beaucoup de nouveaux domaines de la mission, tels que la vie en Ashram sont sous expérimentation. Ainsi, un bon nombre d'Ashrams ont surgi en Asie, spécialement en Inde, au Japon et aux Philippines sous des noms et des structures variés. Ils sont devenus des centres de dialogue, d'inculturation, de spiritualité asiatique, de contemplation, d'expérience de Dieu, de partage d'expérience spirituelle et de contact avec les adeptes d'autres religions. Les Églises particulières d'Asie sont maintenant profondément enracinées dans l'oeuvre de la promotion humaine et de la libération. Elles soutiennent les réfugiés, les migrants, les couches sociales opprimées, les tribus et les prolétaires. Elles promeuvent et défendent les droits légaux des minorités et des marginalisés comme faisant partie de la mission de l'Église.

Un signe important que les Églises locales deviennent maintenant des «Églises qui envoient des missionnaires» au lieu d'être exclusivement ou presque des «Églises qui reçoivent des missionnaires», est la naissance de nouvelles Sociétés missionnaires asiatiques. Durant les quatre premiers siècles de la mission en Asie, les agents de la mission étaient principalement des membres d'ordres religieux de congrégations et d'instituts missionnaires. Aujourd'hui, les Églises locales d'Asie ont de nombreux instituts missionnaires asiatiques. La Société des missions étrangères des Philippines, la Société missionnaire de S. Thomas et les Hérauts de la Bonne Nouvelle en Inde, la Société missionnaire coréenne et la Société missionnaire thaï sont des exemples d'Églises locales devenant des «Églises en mission».

L'Église en Asie, bien que «petit troupeau», est appelée à être le levain parmi les peuples d'autres religions et de traditions séculaires. Sa source d'inspiration et sa puissance est le Seigneur crucifié et ressuscité et le don de son Esprit Saint. Toute réalité asiatique est un défi et une opportunité à transformer par la mission d'amour et de service de l'Église pour la vie dans toute sa plénitude.

CHAPITRE III

LE DESSIN DE DIEU DANS L'HISTOIRE

L'ESPRIT DE DIEU DANS LA CRÉATION

16. L'ensemble de la création a son origine en Dieu. L'auteur sacré commence à juste raison son récit de la création par les mots: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1, 1). Ce n'est pas tant la chronologie de l'univers ni l'histoire de l'humanité qu'il avait à l'esprit, que la théologie et l'eschatologie de toutes choses comme la base de la propre révélation progressive du salut et d'une communication personnelle de Dieu à l'humanité. En même temps, Dieu a ordonné toutes choses pour partager sa gloire, sa vérité, sa bonté et son harmonie avec toutes les créatures, mais d'une manière unique avec l'humanité. Cette action divine est un effet de l'infinie sagesse de Dieu et de sa bonté: «Par une disposition absolument libre et mystérieuse de sa sagesse et de sa bonté, le Père éternel a créé l'univers. Il a voulu élever les hommes jusqu'au partage de la vie divine».(13) Il est dit que la gloire de Dieu est le but de la création. Mais en réalité, la gloire divine consiste à partager sa vie avec l'humanité. S. Irénée dit: «La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant».(14) Un passage de S. Bonaventure exprime bien cela: «Dieu créa toutes choses non pas pour accroître sa gloire mais pour la manifester et la communiquer».(15) Le dernier but de la création est la gloire de Dieu, dans la mesure où elle est partagée par les hommes, de telle sorte que Dieu soit tout en tous.

Le récit la Genèse de la création de l'univers et de l'homme sert d'introduction aux Écritures dans le but d'exprimer et de définir les dimensions religieuses essentielles de la personne humaine, c'est à dire son origine, sa destinée, sa nature, son image transcendante, le besoin existentiel de Dieu pour être vraiment homme, la bonté essentielle de toute créature, la vocation de la réalisation de soi en Dieu, la désobéissance à Dieu, et la bonté essentielle de toute créature, le mystère du péché et du mal dans le monde, le drame stupéfiant de l'ignorance religieuse et morale, le rejet par l'homme du plan salvifique de Dieu, l'origine de la souffrance, la souffrance et la mort, et l'aspiration personnelle à la plénitude de vie, de vérité et d'harmonie.(16) Les premiers chapitres de la Genèse sont vraiment un grand drame en même temps qu'un exposé profond, théologique, spirituel et anthropologique qui explique l'origine de l'humanité, sa situation présente et sa vocation dernière.

TOUCHÉ PAR L'ESPRIT TRANSCENDANT DE DIEU

Une anthropologie chrétienne

17. Toute l'activité créatrice et salvifique du monde provient du Dieu Un. C'est seulement par l'appropriation qu'une activité particulière est attribuée à l'une des Trois Personnes divines dans la lumière de la révélation du Nouveau Testament. De là, partout où l'Esprit de Dieu est présent, on comprend que le Logos est aussi présent.

Toutes les personnes sont essentiellement et essentiellement touchées par l'Esprit transcendant de Dieu. Elles sont en constante recherche, interrogation et ont un ardent désir de la plénitude de vie. L'Esprit de Dieu les pousse et les conduit à la communion avec lui. De ce point de vue, le Pape Jean-Paul II dit: «L'Esprit est donc à l'origine même de l'interrogation existentielle et religieuse de l'homme qui ne naît pas seulement de conditions contingentes mais aussi de la structure même de son être».(17)

L'Esprit de Dieu, donc, est montré comme agissant dès l'origine de la création, faisant surgir l'ordre, l'harmonie et la beauté à partir du chaos (cf. Gn 1, 1 sq.). Le domaine de son activité est l'ensemble de la Création et particulièrement la famille humaine. La manifestation spécifique et historique de l'activité salvifique de l'Esprit en Israël et dans la pratique chrétienne ne fait que poursuivre et perfectionner l'oeuvre créatrice-salvifique des origines.(18) L'Esprit a jeté la semence de la vérité salvifique et de la grâce parmi tous les peuples, leurs cultures, leurs philosophies et leurs religions comme l'enseigne Vatican II: «Il a répandu sur nous sans compter sa miséricorde et ne cesse de la répandre, en sorte que lui, qui est le créateur de tous les êtres, devienne enfin "tout en tous"».(19)

Les profonds désirs du coeur

18. L'activité salvifique de l'Esprit est en quelque manière présente dans les différentes religions et philosophies du continent asiatique à travers lesquelles les peuples de toutes croyances ont trouvé leur chemin vers Dieu. L'Église veut respecter et bâtir sur cette présence salvifique de l'Esprit de Dieu parmi les peuples de l'Asie. De ce point de vue, le Pape Jean-Paul II a dit: «L'approche de l'Église envers les autres religions est dictée par un double respect: respect pour l'homme dans sa quête de réponses aux questions les plus profondes de sa vie, et respect pour l'action du Saint Esprit dans l'homme».(20)

Le désir et la recherche de l'accomplissement, de la libération et de la plénitude de vie n'ont pas été mieux exprimés que dans certaines prières traditionnelles si familières aux asiatiques. Le Pape Paul VI a cité une de ces prières lors d'une visite au continent asiatique:

«De l'irréel, conduis-moi au réel;
De l'obscurité, conduis-moi à la lumière;
De la mort, conduis-moi à l'immortalité (Br 1, 3, 28)».(21)

Le désir humain de la vie et de la plénitude, de l'amour et de la communion rend possible aux personnes d'accepter la communication personnelle de Dieu non seulement dans la Création mais aussi dans l'histoire quand Dieu choisit de se révéler et de se communiquer comme leur Voie, leur Vérité et leur Vie (cf. Jn 14, 6).

Le désir de Dieu et de plénitude de vie qu'a l'homme est constamment frustré par le péché. Bien que créé à l'image de Dieu, les personnes ne reconnaissent pas toujours et n'aiment pas leur Créateur et n'obéissent pas à ses commandements inscrits dans leur conscience. Le récit du péché originel illustre la présence du mal sous quelques formes dans le monde depuis le commencement, quelque désaccord radical, une rupture ou une déviation existentielle, quelque ignorance coupable de l'humanité depuis son origine et une inexplicable insubordination au plan salvifique de Dieu.

LE PLAN DU SALUT DE DIEU DANS L'HISTOIRE

L'Esprit de Dieu à l'oeuvre

19. En dépit de la présence du péché, reconnu comme la racine de la condition présente de l'humanité, les personnes ne sont pas laissées sans les rayons de la vérité de Dieu et la grâce salvifique: «Lui-même donne à tous la vie et le souffle et toutes choses».(22) «En lui nous avons la vie, le mouvement et l'être [...] nous sommes aussi de sa race» (Ac 17, 25-28). Le Concile Oecuménique Vatican II enseigne: «Sans arrêt, il montra sa sollicitude pour le genre humain, afin de donner la vie éternelle à tous ceux qui par la constance dans le bien cherchent le salut».(23) Les semences de la Parole cachées parmi les nations ou manifestement connues, les richesses spirituelles qu'il a communiqué aux nations,(24) et les éléments de vérité et de grâce qu'il a accordés aux peuples(25) sont tous des moyens de salut pour tous les peuples, et c'est à travers ceux-ci que l'Esprit de Dieu les conduit au salut.

La révélation salvifique et le salut de Dieu ne sont pas restés un «ensemble vague et incertain de vérités religieuses, à l'origine venant de Dieu, mais s'égarant sans la sanction du miracle, ou sans un lieu fixe comme des pèlerins voyageant de partout dans le monde».(26) Elle n'est pas restée un mystère caché. Elle trouve une expression concrète dans la continuité de l'histoire du salut. C'est le même Esprit de Dieu à l'oeuvre de la création et dans le monde «pécheur» des hommes qui a révélé Jésus-Christ, lorsqu'il est venu. Une telle révélation de salut n'est pas une addition accidentelle à l'action salvifique de l'Esprit de Dieu dans le monde, mais son achèvement et son authentification. Le péché ne pouvait pas pour toujours faire échouer le plan de Dieu dans la création d'êtres humains à sa propre image. Dieu a continué son oeuvre créatrice jusqu'à ce que le nouvel Adam, Jésus-Christ, soit révélé à l'humanité.

La mission de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, doit être placée dans le contexte de la volonté salvifique universelle de Dieu à l'oeuvre dans le monde depuis le commencement. Ainsi les Pères de l'Église ont parlé de l'Esprit précédant, accompagnant et suivant la mission de Jésus-Christ dans l'histoire. Et l'Esprit précède, accompagne et suit la mission de Jésus parce qu'il n'y a qu'un seul plan de salut, à savoir la participation à la vie trinitaire de Dieu. Le Père a commencé ce dessein de salut déjà dans la création par la mission de l'Esprit et le logos, il l'a continuée dans la mission de Jésus- Christ qui était accompagné de l'Esprit.

L'Incarnation du Fils a eu lieu sous la puissance du Saint-Esprit (cf.Mt 1, 18). Jésus est oint par l'Esprit de Dieu dans le Jourdain, et conduit à son expérience du désert. Jésus est oint par l'Esprit et commence son ministère salvifique en paroles et en actions dans la puissance de l'Esprit. Le ministère public d'annonce du Règne de Dieu, d'enseignement, de guérison et de restauration de la multitude et la vie de ceux qui étaient malades était fait sous la puissance de l'Esprit. Les Actes disent: «Vous savez ce qui s'est passé dans toute la Judée: Jésus de Nazareth, ses débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean: comment Dieu l'a oint de l'Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable, car Dieu était avec lui» (Ac 10, 37-38).

La révélation salvifique de Dieu trouve son accomplissement dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Sa mort sur la Croix fut un sacrifice offert dans l'Esprit comme la Lettre aux Hébreux nous le dit: «Combien plus le sang du Christ, qui par un Esprit éternel s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des oeuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant» (Hb 9, 14).

La mission de Jésus et de l'Esprit

20. Un des effets de la vie et de la mort salvifique de Jésus fut le don de l'Esprit Saint à ses disciples. Le jour de sa Résurrection, Jésus se tint au milieu de ses disciples et leur insuffla le Saint-Esprit en disant: «Recevez l'Esprit Saint» (Jn 20, 22). À partir de ce jour de la Pentecôte, l'Esprit poursuit l'oeuvre salvifique de Jésus dans l'Église. L'Esprit fut déversé sur les disciples pour continuer l'action salvifique de Jésus, en rendant présent sa Parole et sa mort et sa résurrection salvifiques dans les sacrements de l'Église de sorte que les gens de tout temps et de tout lieux puissent participer au mystère Pascal de Jésus. La tâche de l'Esprit est de modeler tous les peuples à l'image de Jésus-Christ dans son obéissance à la volonté du Père, et ainsi de recréer l'image de Dieu dans les personnes de telle sorte qu'elles puissent trouver la plénitude de communion avec Dieu.

En ceci, il y a un cycle salvifique et non des parallèles salvifiques: le Père envoyant le Logos et l'Esprit dans la création et ensuite à Israël, et le même Esprit accompagnant la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Jésus, à son tour, envoie le même Esprit sur ses disciples dans un acte salvifique définitif. L'Esprit est à l'oeuvre dans l'annonce de Jésus-Christ, recréant chaque personne dans la ressemblance à Jésus-Christ de sorte que tous puissent partager la vie du Père, du Fils et de l'Esprit.

La présence de l'Esprit dans la création et dans l'histoire humaine n'était pas une fin en elle-même, isolée de la mission de Jésus-Christ. La présence salvifique de l'Esprit dans l'humanité était de conduire tous les peuples à la pleine participation de la vie de Dieu en Jésus-Christ, son Fils. Toute l'activité divine – créatrice, salvifique et sanctifiante – est toujours l'activité de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et l'Esprit. C'est seulement par appropriation qu'une activité particulière peut être attribuée à une personne de la Trinité ou à une autre. Ainsi, partout où l'Esprit est présent, le Logos est aussi présent. Mais cette présence salvifique secrète est maintenant rendue manifeste en Jésus-Christ et son Église comme S. Paul le dit: «Ce mystère resté caché depuis les siècles et les générations et qui maintenant vient d'être manifesté à ses saints» (Col 1, 26). Comme ministre dans le plan divin de Dieu, S. Paul devait prêcher afin «qu'ils aient maintenant connaissance, par le moyen de l'Église, de la sagesse infinie de Dieu» (Ep 3, 10).

Les Pères de l'Église s'opposèrent à une division de l'économie du salut en trois époques et sous la direction d'une seule des trois personnes divines. Toutes les trois sont impliquées, disent-ils, dans chacune et dans toutes les opérations divines.(27) On peut conclure que la présence salvifique de l'Esprit parmi les peuples d'Asie avec ses dons multiples a pour but de les conduire tous à Jésus-Christ et de les rendre conformes à son image.

PAR L'ESPRIT VERS LE CHRIST, PLÉNITUDE DE VIE

21. D'une part, il peut y avoir lieu de se réjouir pour n'importe quelle vérité de salut et de grâce que l'Esprit a accordée aux peuples asiatiques dans leur sens profond de la religion, des philosophies et des cultures, comme le Pape Jean-Paul II le dit: «Il faut accueillir toutes les formes de la présence de l'Esprit avec respect et reconnaissance».(28) Ces manifestations de l'Esprit sont abordées avec grand respect. D'autre part, il faut admettre que l'Esprit est présent dans tous les peuples dans le but de les conduire à Jésus- Christ. Le résultat est que l'Église a proclamé Jésus-Christ et continue de le faire de telle sorte que tous les peuples d'Asie puissent recevoir de Lui la plénitude de l'Esprit et arriver à la plénitude du salut, qui est la participation à la vie du Dieu Trinitaire.

La mission du Logos et de l'Esprit dans l'histoire de l'humanité et de ses religions, loin de vanifier ou marginaliser de quelque manière que ce soit la mission de Jésus-Christ, est précisément de conduire à Jésus-Christ. Le Pape Jean-Paul II le dit dans les termes suivants: «Il ne se substitue donc pas au Christ, et il ne remplit pas une sorte de vide, comme, suivant une hypothèse parfois avancée, il en existerait entre le Christ et le Logos».(29) Les «semences du Verbe» jetées par l'Esprit mûrissent pour la vie éternelle à travers le Verbe incarné, crucifié et ressuscité. La mission de l'Esprit et le Verbe dans l'histoire constituent une unique mission. La volonté salvifique universelle de Dieu et la volonté particulière de Dieu révélées en Jésus-Christ se complètent. S'il n'y avait pas l'universel, les êtres ne seraient pas capables de recevoir le particulier, et si le particulier n'était pas là, le général n'aurait pas de substance ou de crédibilité.

Le plan universel de Dieu pour le salut et la plénitude de vie ont une forme concrète et une forme humaine dans l'incarnation de son Fils, Jésus- Christ. Le Concile Oecuménique Vatican II avait ceci présent à l'esprit quand il déclarait: «Ce dessein universel de Dieu pour le salut du genre humain ne se réalise pas seulement d'une manière pour ainsi dire secrète dans l'âme des hommes, ou encore par des initiatives, même religieuses, au moyen desquelles ils cherchent Dieu de bien des manières [...] ces initiatives ont besoin d'être éclairées et redressées [...] Dieu a décidé d'entrer dans l'histoire humaine d'une façon nouvelle et définitive, en envoyant son Fils dans notre chair».(30)

Tout ceci est très vrai dans la situation asiatique. C'est pourquoi l'Église en Asie doit, et veut proclamer Jésus-Christ à ses frères et soeurs dans le continent de telle sorte qu'ils puissent être enrichis par les inépuisables richesses de Jésus-Christ. À son tour, l'Église sera enrichie par les profondes semences de vérité et de bonté présentes parmi eux à travers le dialogue. À ce propos, le Pape Jean-Paul II a déclaré: «En réalité, c'est toujours l'Esprit qui agit quand il vivifie l'Église et la pousse à annoncer le Christ, ou quand il répand et fait croître ses dons en tous les hommes et en tous les peuples, amenant l'Église à les découvrir, à les promouvoir et à les recevoir par le dialogue».(31)

CHAPITRE IV

JÉSUS-CHRIST, LA BONNE NOUVELLE DE DIEU DU SALUT POUR TOUS

LA PERSONNE DU CHRIST

Plénitude et plénitude de vie

22. Jésus-Christ est la Bonne Nouvelle du salut de Dieu au monde entier. La foi enseigne que Dieu L'a envoyé dans le monde pour sauver l'humanité et qu'il est vraiment le Fils de Dieu. Il est venu pour que tous les peuples puissent avoir la vie et l'avoir en abondance. Il est venu de Dieu. Mais Il est venu aussi du continent asiatique. Il a fait l'expérience des conditions et de réalités asiatiques. Il est né pauvre dans une étable. Il fut un réfugié en Afrique. Sa vie fut constamment menacée depuis son tout début. Il vécu du travail de ses mains. Il passa en faisant le bien. Il était un messager itinérant de Dieu, proclamant le Règne de Dieu, un règne de paix entre Dieu et tous les êtres humains.

La foi proclame que Jésus-Christ est la plénitude de vie, de vérité et de bonté. Tous les espoirs et les désirs du coeur humain trouvent leur accomplissement en Lui. Toutes les aspirations spirituelles à la guérison et à la plénitude, à la liberté et à la justice, à la dignité humaine et à l'amour trouvent leur accomplissement en Lui. C'est également en Lui que se réalisent la quête de la libération finale, l'accomplissement et la libération de tous les genres d'ignorance, la libération du péché et la libération de tout égoïsme, qui est la source de tout péché et de tout mal dans le monde. Il accomplit tout ceci par le don parfait de lui-même à Dieu le Père dans sa kénose ou en «se vidant de lui-même» par obéissance, même jusqu'à la mort. La résurrection de Jésus est la garantie que Dieu a mis son sceau sur la mission de Jésus-Christ envers l'humanité, une mission de Rédemption et de salut pour tous les peuples du monde. Le Pape Jean-Paul II nous enseigne que: «Dans cette Parole définitive de sa Révélation, Dieu s'est fait connaître en plénitude: il a dit à l'humanité qui il est. Et cette Révélation définitive que Dieu fait de lui-même est la raison fondamentale pour laquelle l'Église est missionnaire par sa nature. Elle ne peut pas ne pas proclamer l'Évangile, c'est-à-dire la plénitude de la vérité que Dieu nous a fait connaître sur lui- même».(32)

Jésus-Christ n'est pas seulement la plénitude de la Révélation de Dieu, mais aussi la plénitude de la révélation pour chaque personne. La plénitude de la divinité était heureuse d'habiter en Lui comme dit S. Paul: «Car Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix» (Col 1, 19-20). En Lui, l'humanité atteint son expression la plus haute possible. Jésus-Christ est la définition nouvelle, définitive et parfaite de ce que chaque personne est. Dans ce sens, il est la plénitude de la révélation de l'homme aussi, comme le Concile OecuméniqueVatican II l'a très justement dit: «Telle est la qualité et la grandeur du mystère de l'homme, ce mystère que la Révélation chrétienne fait briller aux yeux des croyants. C'est donc par le Christ et dans le Christ que s'éclaire l'énigme de la souffrance et de la mort qui, hors de son Évangile, nous écrase».(33) Le Pape Jean-Paul II réitère le fait que le sens définitif de l'homme devient clair en Jésus-Christ, sa mort et sa résurrection dans les termes suivants: «Le Christ Rédempteur révèle pleinement l'homme à lui-même [...] L'homme qui veut se comprendre lui-même jusqu'au fond [...] doit s'approcher du Christ [...] La Rédemption réalisée au moyen de la Croix a définitivement redonné à l'homme sa dignité et le sens de son existence dans le monde».(34)

Jésus-Christ: le Seul et l'Unique Sauveur

23. Jésus-Christ est le Fils de Dieu envoyé par le Père pour apporter la vie et la plénitude à l'humanité. Le terme traditionnel de cet acte est «Rédemption». Jésus est la sagesse de Dieu pour le salut humain comme nous le dit S. Paul: «nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c'est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu» (1 Cor 1, 23- 24).

Suivant la Révélation chrétienne, Jésus-Christ est la voie, la vérité et la vie. En d'autres termes, tout le salut vient de Lui, passe par Lui et est en Lui. Lui seul est le médiateur. Ceci ne doit pas être un obstacle à d'autres voies de médiation de salut: «La médiation unique et universelle du Christ, loin d'être un obstacle sur le chemin qui conduit vers Dieu, est la voie tracée par Dieu lui-même».(35) La médiation de salut par Jésus-Christ n'exclue pas que d'autres formes de médiations, de degrés et de formes différentes, participent de Sa seule et unique médiation. Ainsi, dans cette perspective, elles acquièrent un nouveau sens et une nouvelle valeur. Mais il faut en même temps soutenir qu'elles ne sont pas une médiation parallèle ou complémentaire de la sienne.(36)

Différentes christologies contemporaines ont une valeur positive: elles aident à relire les Évangiles et le Nouveau Testament et à les appliquer au présent. Ces christologies cherchent à prendre en compte les implications sociales de l'Évangile de Jésus-Christ. Là où une telle relecture de l'Évangile peut conduire à détruire n'importe quelle léthargie spirituelle et sociale, ou autosatisfaction ou complaisance dans la présentation de la personne du Christ, la re-écriture des Évangiles basée sur un programme social, politique et culturel est une injustice à la foi. L'histoire enseigne que de telles relectures sont vite écartées avec les idéologies qui les inspirent. Les Évangiles ont besoin d'être relus avec les Apôtres, l'Église primitive, le Magistère de l'Église, les cultures et les peuples du continent asiatique, mais jamais unilatéralement.

Un tel problème existe bien en Asie aujourd'hui comme le reconnaît la Fédération des Conférences des Évêques d'Asie dans ses documents. Par exemple, l'introduction aux Documents de la Fédération des Conférences des Évêques d'Asie (FABC) de 1970 à 1991 dit que ce n'est pas un secret que des questions radicales avaient été soulevées au sujet de l'unicité de Jésus- Christ dans l'histoire du salut et du soi-disant «mythe de l'unicité chrétienne».(37) Ceci a été traité à nouveau dans la Cinquième Assemblée plénière du FABC: «Ces théologiens sont peut être une minorité, mais ils sont une minorité qui fait du bruit. L'inspiration intérieure, la ligne de force et la motivation pour la mission chrétienne – qui sont inséparablement reliées à l'affirmation de l'unicité et la centralité du Christ comme Sauveur – doivent être sauvegardées».(38)

Adapter la foi chrétienne aux cultures d'Asie n'est pas vouloir proclamer un Jésus-Christ partiel ou un Jésus-Christ réduit aux dimensions humaines et culturelles. Tandis que les christologies asiatiques doivent interpréter Jésus-Christ pour les asiatiques, comme cela a été fait par d'autres durant les vingt siècles d'existence de l'Église, toutes les christologies doivent être mesurées par rapport à la foi des Apôtres, l'Église apostolique et le témoignage du Nouveau Testament. Aucune christologie sectaire ou partiale ne peut s'opposer au véritable Jésus-Christ des Évangiles. Il est plus qu'un réformateur social, un libérateur politique, le maître d'une spiritualité, un champion des droits de l'homme ou un libérateur des marginalisés.

JÉSUS CHRIST: LE DON DE L'ÉGLISE À L'ASIE

Proclamer le Christ

24. Le don du salut de Dieu n'est pas un ensemble de doctrines, si élevées soient-elles, ni même un code de principes ascétiques. Ils ne provient pas de l'adoration que les hommes offrent à Dieu. C'est un don unique de Dieu parce que c'est la personne de Jésus lui-même. En lui, la divinité et l'humanité se rencontrent dans une union salvifique. Il accomplit le salut en lui-même, et donc accomplit le salut en sa propre personne. En effet, S. Paul le dit explicitement: «le Christ Jésus qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et rédemption» (1 Cor 1, 30).

La foi de l'Église en Jésus-Christ est née de son expérience du Seigneur ressuscité et du don du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte. En ce sens, elle est une foi en un Dieu trinitaire comme en témoigne la plus ancienne tradition de l'Église et des Écritures. Ce n'est pas le résultat d'un cheminement théologique et christologique rendu nécessaire par la philosophie grecque ou par d'autres philosophies plus tardives. La formulation de cette expérience en formules de foi et en propositions dogmatiques a pris beaucoup de temps, mais le point constant de référence était la Tradition apostolique et les Écritures.

L'Église ne peut abandonner sa foi en Jésus-Christ par égard pour une fausse inculturation ou un irénisme, en dépit du fait que l'Asie ait une telle variété de cultures et de religions. Si elle le faisait, l'Église ne serait pas fidèle à elle-même. Il faut admettre que la foi trinitaire puisse être une pierre d'achoppement pour des cultures si divergentes. Pourtant, si cette foi est vécue dans l'amour, le service et l'humilité, elle recevra une acceptation croissante, comme cela en a été de tous temps dans l'histoire de l'évangélisation. Ceci donne une lourde responsabilité aux chefs de l'Église pour qu'ils deviennent vraiment conformes au Christ dans leurs vies. C'est une vie de témoignage qui gagne les coeurs, et pas les enseignements abstraits.

Par sa vie, ses paroles, sa passion, sa mort et sa résurrection, Jésus a révélé aussi ce que la Rédemption, le salut humain signifie, et comment il faut l'atteindre. Par conséquent, l'événement de Jésus-Christ a une application universelle au-delà des frontières de l'Église. Ceci est la raison pour laquelle l'Église veut proclamer Jésus-Christ au monde, parce qu'elle croit que c'est en lui que le salut humain trouve son accomplissement et à travers lui que ce salut vient à tous.

La société pluri-culturelle et pluri-religieuse d'Asie, cherche la vraie humanité, la totale libération de toutes ces forces oppressives et la plénitude de vie. Jésus-Christ est celui qui offre toutes ces choses et plus encore. Les peuples d'Asie ont toujours accueilli les saints, les sages et les visionnaires qui leur ont apporté le message de la vérité et de la vie. Il n'y a aucun doute que l'Asie accueillera de plus en plus Jésus-Christ pourvu que les membres de l'Église cherche à devenir des hommes et des femmes de Dieu qui ont vu et touché ce qu'ils proclament comme le dit S. Jean: «Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie [...] nous vous l'annonçons» (1 Jn 1, 1-2).

Cette annonce n'est pas faite pour un motif terrestre, mais pour partager avec d'autres la vie nouvelle que Jésus a apportée, ainsi que la communion partagée dans l'Église. L'Église cherche à proclamer le Christ parce qu'elle a expérimenté l'amour salvifique de Dieu. S. Jean dit encore: «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle» (Jn 3, 16). L'Église le fait parce qu'elle a besoin de partager sa communion avec le Dieu Trinité dont jouissent ses membres: «ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous» (1 Jn 1, 3). Une telle communion ne pourra qu'accroître, et en aucune manière détruire, l'unité de l'Asie.

Le salut offert à tous

25. Le salut de Jésus-Christ est offert à tous. Il n'est le privilège d'aucun groupe particulier, parce que le salut vient de Dieu et est donné gratuitement. Jésus a envoyé ses disciples avec la mission de le proclamer à tous les peuples: «Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit» (Mt 28, 19). Partout où les êtres humains l'acceptent dans leurs coeurs en soumission à la loi de Dieu et la vivent dans la charité, d'une certaine manière ils participent à l'obéissance de Jésus et à son amour. Tandis que Dieu veut que tous les peuples viennent à la connaissance de son Fils à travers la foi et le baptême, il veut aussi que son salut ne soit pas refusé à ceux qui ne le connaissent pas, sans faute de leur part, mais à cause de raisons historiques et culturelles. Il offre à tous la possibilité d'être associés à son Mystère Pascal.(39)

Le Mystère Pascal de Jésus-Christ consiste en sa passion, sa mort et sa résurrection. Ce mystère découle de son obéissance suprême à son Père et de son amour pour ses disciples et tous les hommes. C'est pourquoi partout où les peuples obéissent à la volonté de Dieu et montrent de l'amour pour leur prochain à travers des actes concrets, ils participent à leur manière au Mystère Pascal de Jésus. En même temps, cette tâche de la sequela et de l'imitation du Christ est rendue difficile à cause de la présence du péché. On a besoin de la grâce de Dieu. Une telle grâce est offerte à tous par le Saint- Esprit, mais elle demeure toujours la grâce salvifique de Jésus-Christ.

Le salut en Jésus-Christ a une nouveauté et une puissance particulière parce que c'est Dieu qui l'offre. Son but ultime est la participation à la vie même de Dieu. Il concerne le salut de la personne humaine toute entière. Il répond aux désirs les plus profonds du coeur. De là, il doit être proclamé aux peuples de toutes les religions, races, nationalités et cultures, aux hommes de tous temps et de tous lieux. Il ne peut y avoir ni changement, ni addition au plan salvifique de Dieu en Jésus-Christ pour l'humanité: Christus heri et hodie, ipse et in saecula, «Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et pour toujours» (Hb 13, 8).

Ceci est la foi des Apôtres, la foi des martyrs des premiers siècles, la foi des chrétiens de tous les temps. Ceci est la foi prêchée même dans les situations culturelles difficiles de l'Asie. Avec S. Pierre, l'Église porte témoignage à son Seigneur avec les mots: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» (Mt 16, 16).

L'Église offre aux peuples d'Asie son unique et plus grand trésor, Jésus-Christ. Tout ce que l'Église offre par ailleurs n'est qu'à cause de Jésus- Christ. Le Pape Jean-Paul II a mis en évidence que «c'est la lumière du Christ qui permet à l'Église de proclamer hardiment la dignité et les droits fondamentaux de chacun et de tous devant de grandes injustices. C'est l'amour de Dieu révélé dans le Christ qui la conduit à appliquer avec courage l'enseignement social de l'Église aux situations concrètes des peuples de l'Asie et à promouvoir le progrès social et un plus grand développement matériel et culturel. C'est le service du Christ qui soutient ses institutions éducatives et caritatives».(40)

Les peuples d'Asie cherchent la libération et la plénitude de vie. Une telle quête de liberté, de dignité, de communion et de plénitude de vie ne peut trouver son achèvement qu'en Jésus-Christ, comme les évêques d'Asie l'ont affirmé dans leur Première Assemblée Générale à Taipé: «Nous croyons que c'est seulement dans et à travers Jésus-Christ et son Évangile et par la vertu du Saint-Esprit que ces recherches peuvent mener à leur réalisation. Car le Christ seul, nous le croyons, est pour chaque homme "le Chemin, la Vérité et la Vie" (Jn 14, 6), "la vraie lumière qui éclaire tout homme" (Jn 1, 9)».(41)

Tandis que l'Église loue Dieu pour sa présence salvifique et son activité parmi les peuples asiatiques, elle n'est pas inattentive à la présence du péché et à ses effets à tous les niveaux de la société asiatique, maintenant des centaines de millions de gens esclaves de beaucoup de maux sociaux. C'est dans ce contexte qu'elle a besoin de proclamer aux peuples d'Asie la dignité, la liberté et la paix que Jésus-Christ a conquise. Il a partagé l'humble état du peuple asiatique. Il a pris sur lui la condition humaine, dans toute sa faiblesse et l'a élevée à la droite de Dieu en gloire et en plénitude de Vie. Son Évangile a toujours été un levain dans chaque société. Son Évangile a inspiré des dizaines de milliers de missionnaires – en dépit de leurs limites humaines –, à venir en Asie pour oeuvrer pour tous, spécialement les illettrés, les malades et les pauvres. L'Église est convaincue qu'en offrant Jésus-Christ, elle offre le levain de la dignité humaine dans toutes ses dimensions temporelle et eschatologique.

Jésus-Christ est au centre de la vie et du ministère de l'Église. Il est au centre des vies de chacun de ses membres parce qu'il est le chemin vers Dieu et vers le salut. Il est le centre du ministère de l'Église parce que le ministère de l'Église consiste à offrir Jésus-Christ aux peuples de l'Asie. Jésus-Christ est la route à double voie – vers Dieu et vers les peuples de l'Asie –, comme le dit Jean-Paul II: «Jésus-Christ est la route principale de l'Église. Lui-même est notre route vers "la maison du Père" et il est aussi la route de tout homme».(42) En Jésus-Christ la recherche asiatique du salut trouvera son achèvement temporel et eschatologique. De ce point de vue, Jean-Paul II a dit aux évêques d'Asie: «Le salut qui vous concerne en tant qu'évêques est le salut réalisé et offert par le Christ: le salut de la personne toute entière, un salut qui est complet et universel, unique et absolu, plénier et total. L'apôtre chrétien n'est pas simplement un travailleur social; la foi chrétienne n'est pas une simple idéologie ou un programme humanitaire».(43)

CHAPITRE V

L'ÉGLISE COMME COMMUNION

POURSUIVRE LA MISSION DE JÉSUS-CHRIST ET DE L'ESPRIT

Conduire toutes choses à leur achèvement

26. Le dessein salvifique de Dieu ne s'épuise pas dans la mission du Christ et de l'Esprit. Une fois leur mission accomplie, les effets du salut devaient être accessibles à tous les peuples de tous les temps. Ceci fut fait par la fondation de l'Église, la communauté des croyants réunis en Jésus- Christ par le ministère de Jésus et l'oeuvre de l'Esprit. La communauté des disciples est venue à l'existence par la puissance du Seigneur ressuscité, Jésus-Christ, et par le Saint-Esprit descendu sur eux. Comme le dit le Catéchisme de l'Église Catholique: «La mission du Christ et de l'Esprit Saint s'accomplit dans l'Église, Corps du Christ et Temple de l'Esprit Saint».(44)

L'Église est le corollaire nécessaire à la mission du Fils et de l'Esprit et leur activité salvifique dans le monde. Elle n'est, en aucune façon, un appendice à leur mission ou quelque chose de marginal ou de complémentaire. L'Église est la conséquence nécessaire et essentielle de la divine mission salvifique: «Ainsi la mission de l'Église ne s'ajoute pas à celle du Christ et de l'Esprit Saint, mais elle en est le sacrement».(45) Son seul but est de continuer la mission salvifique de l'Esprit dans le monde. Sa mission est unique de plusieurs façons: être le messager des paroles de Jésus et le canal des effets salivifiques de sa mort et de sa résurrection de telle sorte que les peuples de tous les temps puissent entrer en contact avec les paroles et les actions salvifiques de Jésus et trouver leur salut: «par tout son être et dans tous ses membres elle est envoyée pour annoncer et témoigner, actualiser et répandre le mystère de la communion de la Sainte Trinité».(46)

Dans l'Église, le dessein de salut du Père, les paroles et les actions salvatrices de Jésus et la puissance de salut de l'Esprit sont gardés vivants, rendus présents, vécus et proclamés. C'est à l'Église qu'est confiée la mission de salut du Fils par l'Esprit. En effet, Jésus dit à ses disciples, après sa résurrection: «Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit: "Recevez l'Esprit Saint"» (Jn 20, 21-22). Ceci signifie que la mission de l'Église est analogue à la mission du Fils puisque son but est de continuer sa mission.

La présence de l'Esprit dans le monde, dans les cultures et les religions a pour but de conduire tous les hommes au mystère de Jésus-Christ: «L'Esprit prépare les hommes, les prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ. Il leur manifeste le Seigneur ressuscité, Il leur rappelle sa parole et leur ouvre l'esprit à l'intelligence de sa Mort et de sa Résurrection. Il leur rend présent le mystère du Christ».(47)

La mission originelle de l'Église ne peut pas être différente de la mission du Fils reçue du Père par l'Esprit. La mission du Père consistait tout d'abord à communiquer sa vie divine à tous par son Fils dans l'Esprit. Le Père a envoyé le Fils de telle sorte que tous puissent avoir la vie et l'avoir en abondance. Il est clair, d'après le Nouveau Testament, que la vie à laquelle Jésus se réfère, est avant tout la vie de l'Esprit. C'est la vie éternelle ou la vie de la grâce.

L'Église est née de la mission du Fils par le Saint-Esprit. À partir du jour de la Pentecôte, la mission du Christ devient la mission de l'Église.(48) L'Église a, sur la terre, une double mission: être le Royaume de Dieu comme l'était Jésus; et le proclamer et le porter dans le coeur de tous les hommes. Sa mission est d'être le Royaume, de le faire grandir jusqu'à sa plénitude, et d'être à son service. Ceci signifie que l'Église est quotidiennement appelée à devenir de plus en plus le Règne de Dieu par son écoute constante de la parole de Dieu, par la célébration du mystère de Jésus dans l'Eucharistie et les sacrements, par la prière, la contemplation et les oeuvres de charité et de justice. D'autre part, elle peut proclamer le Royaume très concrètement, c'est-à-dire en proclamant Jésus-Christ comme le Royaume, et en invitant tous les hommes à l'accepter dans la foi.(49)

L'Église est ainsi le signe et l'instrument du Règne de Dieu pour tous les peuples du monde, car Dieu veut que tous les peuples soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité à travers l'unique médiateur, Jésus- Christ (cf. 1 Tm 2, 5).

L'Église est née de la mission et pour la mission. C'est pourquoi l'Église est dite missionnaire dans sa propre nature.(50) Son existence découle de la mission et la conduit à la mission. Ceci est la raison pour laquelle le Pape Paul VI reprit les paroles des Pères synodaux de la IIIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques (1974): «Nous souhaitons réaffirmer que le mandat d'évangéliser tout homme constitue la mission essentielle de l'Église».(51) Ce sens de la mission dérive de la propre communication par Dieu de sa vie trinitaire à l'Église.

La mission dans le mystère de la Communion

27. L'Église est principalement le mystère du dessein divin d'amour et de salut.(52) Avant toutes choses, l'Église est le lieu de sa rencontre avec l'humanité en Jésus-Christ par l'Esprit Saint. L'Église est la communauté où Dieu réalise son plan d'amour et de salut, où il révèle le mystère intime de sa vie et le communique à tous les hommes. L'Église n'est pas essentiellement une organisation, une institution de bienfaisance ou une entreprise efficace, mais le mystère de la Communion trinitaire: «Ô Trinité lumière bienheureuse, Ô primordiale Unité! Dieu est éternelle béatitude, vie immortelle, lumière sans déclin. Dieu est Amour: Père, Fils et Esprit Saint. Librement, Dieu veut communiquer la gloire de sa vie bienheureuse».(53) Le plan du salut de Dieu en Jésus-Christ provient de cet amour trinitaire: «Il se déploie dans l'oeuvre de la création, dans toute l'histoire du salut après la chute, dans les missions du Fils et de l'Esprit, que prolonge la mission de l'Église».(54)

La koïnonia de l'Église avec la vie de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, conduit à la koïnonia ecclésiale, à la fraternité, à la communion. L'Assemblée Extraordinaire du Synode des Évêques de 1985 a parlé de l'ecclésiologie de la communion comme étant la notion centrale de tous les documents conciliaires et la force qui motive tout le renouveau postconciliaire. Le Document final du Synode résume les principaux points d'une telle ecclésiologie: 1) l'ecclésiologie de la communion est fondée sur la Communion trinitaire; 2) l'Église, peuple de la nouvelle assemblée, est le signe et la force qui relie la communion entre Dieu et l'humanité; 3) l'Église est essentiellement une communion de tous les disciples de Jésus en Lui et entre eux; 4) l'Église est le lieu et le symbole de la communion de tous les peuples.

La participation à la Communion trinitaire relie tous les membres de l'Église dans une communion unique que l'on appelle le Corps du Christ. Mais l'Église a une dimension humaine et ainsi est sujette au péché de division. Beaucoup de divisions dans l'histoire ont blessé la communion des Églises particulières en Asie. Ainsi, les relations inter-ecclésiales ont été gâtées pendant des siècles entre des Églises de différentes traditions liturgiques et ecclésiales, les juridictions ecclésiastiques, les méthodes missionnaires et l'attention pastorale. Ces blessures ont été partiellement guéries, mais une guérison complète doit encore venir. Partout où la communion est affaiblie, le témoignage de l'Église, sa puissance d'évangélisation et son efficacité sont aussi affaiblies.

Ce que le Pape Jean-Paul II a dit aux évêques de l'Église Syro- Malabare à propos de la communion ecclésiale et du dialogue constant avec les évêques de l'Église latine, est applicable à toute l'Église en Asie d'une façon ou d'une autre: «La première forme de communion est celle qui unit tous ceux qui croient au Christ, fils de l'unique Église du Christ. Il faut entreprendre chaque chose dans une atmosphère de confiance et d'objectif commun, en examinant les différentes situations avec objectivité et en s'efforçant de les résoudre dans un esprit de collaboration sincère. Les conflits doivent être écartés, car le bien ne peut provenir que de l'amour».(55)

La plupart des communautés ecclésiales d'Asie est composée de différents groupes ethniques, linguistiques, culturels et sociaux. Dans la plupart des pays d'Asie, les communautés homogènes sont rares. Ainsi, les émigrés chrétiens, chinois, philippins, coréens et indiens, constituent une partie des communautés chrétiennes locales en beaucoup d'endroits d'Asie. De même, les chrétiens vivants ou non en tribu, les communautés multi- tribales, les chrétiens Dalits ou non, forment une part de nombre de communautés chrétiennes. Des tensions et des rivalités parmi les différents groupes de chrétiens qui composent les communautés hétérogènes et entre le clergé et le laïcat sont un contre-témoignage à la nature tout à fait essentielle de l'Église comme communion avec la Trinité et entre eux.(56)

Le témoignage crédible de l'Église comme communion dépend du dépassement des divisions susmentionnées de telle sorte qu'elle puisse être un signe effectif et un instrument de communion pour les peuples de l'Asie. L'Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laïci l'a si bien exprimé: «la communion engendre la communion et se présente essentiellement comme communion missionnaire [...]La communion et la mission sont profondément unies entre elles, elles se compénètrent et s'impliquent mutuellement, au point que la communion représente la source et tout à la fois le fruit de la mission: la communion est missionnaire et la mission est pour la communion».(57)

VERS UNE COMMUNION PARTAGÉE

La mission vers les autres

28. La communion avec les autres Églises chrétiennes pour porter un témoignage commun à Jésus-Christ est très importante aujourd'hui. Dans le passé, les hostilités et les rivalités entre les catholiques et les différentes Communautés ecclésiales issues de la Réforme en Europe furent importées en Asie dans le sillage de l'expansion coloniale. Les Églises particulières catholiques en Asie ont pour tâche spécifique le développement d'un esprit oecuménique en Asie pour porter un témoignage commun à Jésus-Christ comme le recommande le Comité de Conseil théologique de la FABC dans la Thèse II: «En Asie aujourd'hui, les chrétiens, bien qu'ils soient un "petit troupeau" en beaucoup d'endroits, animés par l'Esprit qui récapitule toutes choses dans l'unité, sont appelés à jouer un rôle de service et de catalyseur qui facilite la collaboration inter-religieuse. Ce défit demande à toutes les Églises de porter le même témoignage qu'elles croissent ensemble vers une plus grande communion oecuménique».(58)

À l'approche du Troisième Millénaire, l'Église en Asie cherche à se décharger du fardeau de la division et à marcher vers une unité plus grande sinon une complète unité. Ceci requiert un examen de conscience sincère et l'acceptation de la responsabilité des erreurs du passé dans lesquelles, par moment, toutes les parties étaient impliquées.(59) Tous les croyants, d'une certaine manière, sont responsables des péchés de division de l'Église, du passé et du présent. Tous ont besoin de se repentir des blessures douloureuses portées à la communion ecclésiale lors du dernier millénaire et au-delà. Tous ont besoin de croître vers une plus grande unité des chrétiens.(60)

L'Église en Asie est un «petit troupeau», une très petite minorité, excepté aux Philippines. Elle vit parmi des centaines et des milliers de frères hindous, bouddhistes, musulmans et d'adeptes de la Religion Traditionnelle. L'Église en Asie a pour tâche très spéciale d'être un sacrement d'unité parmi les adeptes de toutes les religions. La communion est nourrie par un vrai dialogue, souvent abordé dans de nombreux documents de la FABC dans le passé.(61)

L'Église doit devenir vraiment universelle, catholique. Être catholique est la vraie nature de l'Église. C'est un don du Seigneur. Bien que l'Église ait une communion très particulière et donc une unité qui lui est propre, elle n'est pas une communion et une unité exclusives. Elle doit être une unité inclusive puisque l'Esprit de Dieu et sa Parole, le Logos, étaient déjà présents dans le monde, conduisant tout à son but final: le caractère d'universalité qui orne le peuple de Dieu est un don de l'Esprit du Seigneur lui-même par lequel l'Église catholique, sans cesse et efficacement, cherche le retour de toute l'humanité et de tous ses biens sous l'empire du Christ- Tête dans l'unité de son Esprit.(62)

La communion avec la Sainte Trinité ne devrait pas affaiblir la communion déjà existante et l'harmonie avec les frères parmi lesquels elle vit. Ceci est ce que le pape Paul VI a dit: «L'Église respecte et estime ces religions non-chrétiennes parce qu'elles sont l'expression vivante de l'âme de vastes groupes humains. Elles portent en elles l'écho de millénaires de recherche de Dieu, recherche incomplète mais réalisée souvent avec sincérité et droiture de coeur. Elles possèdent un patrimoine impressionnant de textes profondément religieux. Elles ont appris à des générations de personnes à prier».(63)

Dans son activité d'évangélisation, l'Église cherche à guérir les divisions séculaires dans la société asiatique par son propre exemple de communion vécue, montrant ainsi que l'unité est possible. De même, elle cherche les moyens de promouvoir une telle communion parmi les peuples par le dialogue et la collaboration.(64)

De là, la mission chrétienne respecte toutes les religions et leurs adeptes. Dans le passé, la mission chrétienne, la proclamation de Jésus-Christ et la conversion signifiait parfois aussi une séparation de son propre peuple et de sa culture. La mission chrétienne ne veut pas être une aliénation, mais une plus grande communion et harmonie avec tous les frères. La fin ultime de toute mission est la communion avec Dieu et avec les autres: «Le dernier but de la mission est de faire participer les hommes à la communion qui existe entre le Père et le Fils».(65)

La mission comme Sacrement de l'unité

29. L'Église est souvent appelée aussi le Royaume de Dieu, c'est-à-dire, le Règne de Dieu. La vie du Christ est vécue dans la communauté où ses enseignements sont reçus et vécus. Par la puissance de sa mort et de sa résurrection et celle de son Esprit, l'Église est capable d'accepter la volonté du Père et d'aimer les autres comme l'a fait Jésus. À travers son obéissance jusque dans la mort, Jésus est devenu le parfait Royaume ou Règne de Dieu. De même, par la suite, l'Église est appelée à devenir le Règne de Dieu.

La vie du Christ est communiquée à l'Église par la Parole, les sacrements et une vie chrétienne de telle sorte que l'imitation du Christ puisse se former graduellement chez les croyants: «Tous les membres doivent tendre à lui ressembler, jusqu'à ce que le Christ soit formé en eux (cf. Gal 4, 19)».(66) C'est la vocation première de l'Église que de se conformer à l'image de Jésus-Christ comme le dit S. Paul: «Car ceux que d'avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l'image de son Fils, afin qu'il soit l'aîné d'une multitude de frères» (Rm 8, 29).

L'Église est la communauté sur laquelle la lumière de Dieu a brillé, et à partir de laquelle la lumière du Christ se réfléchit sur le monde. De façon significative la Constitution dogmatique du Concile Vatican II sur l'Église commence par ces mots: «Lumen gentium cum sit Christus...(Puisque le Christ est la lumière des nations)».(67) L'Église est appelée à être la lumière du Christ pour le monde. Elle n'a pas d'autre lumière qui lui soit propre: «L'Église n'a pas d'autre lumière que celle du Christ; elle est, selon une image chère aux Pères de l'Église, comparable à la lune dont toute la lumière est reflet du soleil».(68) L'Église existe pour transmettre la lumière du Christ à tous les peuples de la terre: «Elle désire ardemment illuminer tous les hommes de la lumière du Christ qui brille sur le visage de l'Église».(69)

Dans la mesure où l'Église est conformée à l'image du Christ, elle est l'Église et ainsi est capable de devenir une lumière pour les nations. Sa mission première est d'être semblable au Christ et de faire son possible pour le devenir davantage. Ainsi, l'Église devient ainsi un sacrement du Christ. Ceci signifie d'une certaine façon que l'Église est un signe efficace de Jésus- Christ. Ceux qui sincèrement cherchent sa face peuvent le reconnaître dans le visage de la communauté ecclésiale. En elle et à travers elle, ils peuvent entendre sa parole, faire l'expérience de son amour, de sa miséricorde, de son pardon et de sa bonté. C'est ce qu'entend le Concile lorsqu'il affirme que: «L'Église, pour sa part, est dans le Christ comme un sacrement ou, si l'on veut, un signe et un moyen d'opérer l'union intime avec Dieu et l'unité de tout le genre humain».(70)

CHAPITRE VI

LA MISSION D'AMOUR ET DE SERVICE DE L'ÉGLISE EN ASIE

L'ÉVANGÉLISATION EN ASIE AUJOURD'HUI

Compréhension renouvelée

30. Il est vrai que l'évangélisation aujourd'hui s'entend dans un sens plus large que par le passé. L'évangélisation est une réalité complète, et comprend beaucoup d'éléments qui lui sont essentiels tels que le fait de rendre témoignage à l'Évangile, de travailler pour les valeurs du Royaume, de lutter pour la libération et la promotion de l'homme, le dialogue, le partage mutuel de l'expérience de Dieu, l'inculturation, le dialogue avec d'autres religions, etc.(71) Au cours des siècles, les parties accidentelles de la mission de l'Église, la façon dont elle s'inculture et ses méthodes changent. Il y a toujours besoin d'une nouvelle évangélisation. Et Jésus-Christ reste le centre et le sommet de sa mission et de sa proclamation.

Pour plusieurs raisons théoriques et historiques, dans certaines parties de l'Asie on a exprimé l'opinion, ces trois dernières décennies, que l'heure de la mission était révolue. Maintenant, l'heure est au dialogue et à l'inculturation. Le pluralisme radical de la religion et du salut semble être devenu lui-même un dogme. Parfois, la culture individuelle est tellement absolutisée que la conversion est considérée comme une violence faite à l'autre. D'autres réclament que la mission de l'Église consiste seulement en l'annonce des valeurs du Royaume, de la promotion humaine et de la libération.

Se référant à de telles tendances, Paul VI avait déjà réaffirmé, en 1975, la nécessité et l'urgence de l'annonce de Jésus-Christ: «Nous voulons relever surtout aujourd'hui que ni le respect et l'estime envers ces religions, ni la complexité des questions soulevées ne sont pour l'Église une invitation à taire devant les non-chrétiens l'annonce de Jésus-Christ».(72)

Jésus-Christ: le message de l'évangélisation

31. Jésus-Christ est la Parole du Père au monde, pour la vie du monde. Jésus-Christ est l'annonce salvifique du Père au monde. De même, Jésus- Christ est l'annonce de l'Esprit Saint au monde. Au baptême de Jésus dans le Jourdain, le Père et l'Esprit, de façons différentes, ont proclamé Jésus- Christ comme le Fils bien aimé envoyé dans le monde pour le salut de tous (cf. Mt 3, 13-17). Dès lors, la tâche principale de l'Église est d'annoncer Jésus-Christ pour la vie du monde.

La priorité de l'annonce de Jésus-Christ parmi toutes les activités de l'évangélisation a été soulignée à plusieurs reprises par le Concile et le Magistère de l'Église, parce que c'est l'essence de la foi et la continuation même de l'oeuvre du salut de Jésus-Christ. L'annonce est l'essence même de l'expérience ecclésiale du Dieu-Trine. Abandonner l'annonce, c'est abandonner cette expérience unique de Dieu. Ceci a été écrit en des termes très explicites par Paul VI: «Il n'y a pas d'évangélisation vraie si le nom, l'enseignement, la vie, les promesses, le Royaume, le mystère de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, ne sont pas annoncés».(73)

Les différents aspects de l'évangélisation sont reliés entre eux par l'élément central qu'est l'annonce de Jésus-Christ: «La proclamation de Jésus-Christ est le centre et l'élément primordial de l'évangélisation sans lequel tous les autres éléments perdraient leur cohésion et leur validité».(74) Ainsi, l'évangélisation est avant tout l'offre, de la part de Dieu, du salut en Jésus-Christ qui peut être acceptée ou refusée. On ne peut pas picorer et choisir. La raison de la nécessité, de l'urgence et de la motivation de cette annonce de Jésus-Christ tient au fait que c'est en Lui que le salut de Dieu est offert. Le Pape Paul VI a rendu ceci très clair dans Evangelii nuntiandi: «L'évangélisation contiendra aussi toujours – comme base, centre et sommet à la fois de son dynamisme – une claire proclamation que, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité, le salut est offert à tout homme, comme don de grâce et de miséricorde».(75)

La raison de cette insistance sur Jésus-Christ n'est pas une manie sectaire, mais parce que le salut de Dieu n'est pas un salut immanent, comme le Pape Paul VI le dit ensuite. Ce n'est pas la rencontre des besoins matériels ou même spirituels de l'homme. Il n'est pas réduit au cadre de l'existence temporelle et de tous les désirs humains. Le salut offert par Dieu en Jésus- Christ dépasse toutes ces limites pour atteindre la plénitude dans une communion avec le seul et l'unique Absolu divin: le salut transcendant et eschatologique qui a été déjà réalisé en Jésus-Christ.(76)

Les agents de l'évangélisation

32. Dans les premiers siècles, l'Église se considérait elle-même comme le sujet de la mission. On a récemment remis l'accent sur la compréhension originelle de l'Église comme missionnaire. Si l'Église est missionnaire dans sa nature propre, alors l'Église toute entière est missionnaire. Ainsi, par exemple, la communauté entière d'Antioche était concernée dans l'envoi de Paul et de Barnabé pour évangéliser les Nations.(77) Le présupposé – comme le soutient Jean-Paul Ier – est que ce qui fut fait au commencement du christianisme est valide et urgent pour la mission de l'Église aujourd'hui. La mission universelle de l'Église est confiée à l'Église universelle et chaque Église particulière est envoyée à tous les peuples.(78)

À l'intérieur de la communauté ecclésiale, les premiers agents de la mission sont les évêques car Jésus a donné aux Douze Apôtres le mandat d'aller dans le monde entier et de prêcher l'Évangile (cf. Jn 20, 21; Mt 16, 15; Lc 24, 47; Ac 1, 8).(79) Les évêques sont consacrés pour la mission étendue au monde entier.(80) L'activité missionnaire est le devoir le plus grand et le plus saint de l'Église.(81)

Dans la situation théologique, «missiologique» et missionnaire actuelle de l'Asie, la proclamation de Jésus-Christ est l'aspect central de la foi et de la vie de l'Église. Il incombe aux pasteurs de l'Église de donner la priorité à la proclamation dans tous leurs plans pastoraux. Ils doivent d'abord être vus comme des évangélisateurs et seulement en second lieu comme des administrateurs. C'est ce qu'ont dit les Apôtres au sujet de l'annonce: «Il n'est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables [...] Quand à nous, nous resterons assidus à la prière et au service de la parole» (Ac 6, 2-4). L'expression «parole de Dieu» renvoie non à une homélie ou à un sermon, mais à l'annonce de Jésus-Christ dans le sens strict du mot.

Tous les prêtres partagent avec l'évêque la mission universelle ad gentes de l'Église. «Le don spirituel que les prêtres ont reçu à l'ordination les prépare non pas à une mission limitée et restreinte, mais à une mission de salut d'ampleur universelle, "jusqu'aux extrémités de la terre"(Ac 1, 8); n'importe quel ministère sacerdotal participe, en effet, aux dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux Apôtres».(82) Leur mission transcende les frontières de leur paroisse, leur diocèse, de leur pays ou de leur Église sui iuris, et ils sont appelés à prêcher l'Évangile au monde entier. Cela est spécialement vrai, comme le dit Jean-Paul II, dans les régions où les chrétiens sont en minorité.(83) Chaque prêtre doit avoir «un coeur de missionnaire».(84)

C'est quelque chose de très réconfortante de noter que beaucoup d'Églises particulières asiatiques ont déjà fondé des Instituts missionnaires pour envoyer des missionnaires dans d'autres pays, même si elles-mêmes ont besoin de missionnaires pour leur propre pays. Les évêques asiatiques ont pour responsabilité particulière de promouvoir des instituts missionnaires et d'être généreux en personnel pour les pays de mission.(85)

Les Ordres religieux, les Congrégations et les Instituts missionnaires ont joué un rôle remarquable dans l'évangélisation de l'Asie depuis les origines. La vie consacrée est un moyen d'évangélisation particulièrement privilégié, comme l'a dit Paul VI.(86) Les personnes consacrées par les voeux religieux peuvent s'adonner pleinement au travail de l'évangélisation en raison du choix radical des conseils évangéliques, leur disponibilité totale, leur l'originalité dans les méthodes missionnaires – comme le montre l'histoire de l'évangélisation –, leur générosité et leur grande mobilité.(87)

L'Asie a été, et est encore, bénie avec un nombre relativement important de vocations dans les congrégations religieuses, les instituts missionnaires, et spécialement les frères et les soeurs. Parmi eux, il y a un immense potentiel d'évangélisation pour la mission qui doit encore être pleinement exploité. Vatican II et le Magistère de l'Église demande même aux Instituts religieux de vie active d'envisager l'élargissement des apostolats traditionnels pour y inclure l'activité missionnaire: «Ces Instituts, qu'ils poursuivent ou non une fin strictement missionnaire, doivent se demander s'ils peuvent et s'ils veulent étendre leur activité en vue de l'expansion du Royaume de Dieu».(88)

La mission ad gentes concerne spécialement le laïcat en Asie puisque le champ d'évangélisation est si vaste et en raison des nombreux problèmes culturels et sociaux. Il est de leur devoir d'apporter l'Évangile aux millions de gens qui ne connaissent pas encore Jésus-Christ.(89) Pour accomplir ce devoir et ce privilège d'être vraiment missionnaire, il faut être attentif aux mentalités et aux moyens de fonctionnements des Églises particulières d'Asie, spécialement aux structures et aux programmes de formation du laïcat.

L'institution de catéchistes missionnaires en Asie remonte au XVIème siècle puisqu'ils ont alors immensément contribué à la première évangélisation, au catéchuménat et à la préparation des fidèles aux différents sacrements. Sans leur contribution, l'Église en Asie ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui. Il faut accorder une grande attention à cette institution, spécialement dans le domaine des structures de formation et pour qu'ils aient une juste sécurité financière.(90)

Dans le contexte asiatique, les familles chrétiennes ont un rôle spécial à jouer dans la mission évangélisatrice de l'Église. De même, les femmes et la jeunesse ont un rôle spécial à jouer puisqu'ils peuvent avoir accès à des groupes sociaux que les missionnaires professionnels ne peuvent approcher.

Le Saint-Esprit est toujours au travail dans l'Église, inspirant de nouveaux mouvements pour la vie chrétienne et la mission. Parmi eux, il y a les communautés chrétiennes de base, les Focolarini, les mouvements charismatiques, etc. Leur potentiel évangélisateur et missionnaire doit encore pleinement utilisé. Il y a plusieurs mouvements ecclésiaux de cette sorte en Asie aujourd'hui, qui peuvent être impliqués dans la mission ad gentes. Le Pape Jean-Paul II affirme qu'ils sont un élément essentiel et indéniable dans la fondation de nouvelles Églises.(91) Le Pape les recommande à l'attention missionnaire et pastorale de tous: «Je recommande donc qu'on les développe et que l'on recoure à eux pour redonner de la vigueur, surtout chez les jeunes, à la vie chrétienne et à l'évangélisation, dans une vision pluraliste des formes d'association et d'expression».(92)

L'Église en Asie attend un renouveau missionnaire de telle sorte que chacun s'aperçoive qu'il est un agent de mission: évêques, prêtres diocésains, religieux -frères et soeurs- et toutes les parties du peuple de Dieu.

Les pistes de l'évangélisation

33. La mission d'évangélisation de l'Église dépend entièrement de la crédibilité donnée par le témoignage de vie de l'évangélisateur. Jésus est venu comme le témoin vivant de l'amour de Dieu et de son pardon. Les premiers chrétiens ont prêché l'Évangile par le témoignage de leur vie et par la parole. Beaucoup de missionnaires en Asie, dans le passé, ont donné un héroïque témoignage à l'amour de Dieu et à la compassion au milieu de leur peuple. Les Églises particulières d'Asie sont appelées à être des Églises qui témoignent.

Le premier commandement missionnaire de Jésus à ses disciples fut d'être ses témoins: «et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre» (Ac 1, 8). Il n'y a pas de mission sans témoignage adéquat. Les asiatiques ne se convainquent ni par une logique, une doctrine ou une quelconque autorité, mais par la puissance du témoignage et de la sainteté.(93) Le Pape Paul VI a appelé le témoignage «le test de la vérité, la pierre de touche de l'évangélisation».(94)

La mission chrétienne en Asie demande le témoignage individuel et communautaire tant en étant semblable au Christ qu'en accomplissant des actions similaires à celles du Christ.(95) Jésus est appelé «le témoin fidèle» (Ap 1, 5), et «le témoin fidèle et véridique» (Ap 3, 14). L'Église en Asie cherche à être le témoin fidèle et vrai de Jésus-Christ de telle sorte qu'elle puisse poursuivre effectivement sa mission. Les premiers disciples de Jésus allèrent à leur mission armés seulement de la puissance du Saint-Esprit et de la Parole de Dieu: «Pour eux, ils s'en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant» (Mc 16, 20). La Parole de Dieu qui a d'abord été proférée et ensuite mise par écrit comme «Écriture», et de nouveau proclamée, avait, de tout temps, la première place dans l'évangélisation. La Parole a une puissance en elle-même pour l'Évangile: «il est une force de Dieu pour le salut» (Rm 1, 16). Toute prédication, y compris la proclamation missionnaire, a besoin d'être nourrie par la Parole de Dieu.(96)

Le missionnaire aime profondément la Parole de Dieu, la méditant et la proclamant avec la conviction de quelqu'un qui en vit. Les peuples d'Asie aiment leurs écritures. Ils sont aussi fascinés par la Bible. C'est pour cela que la Parole de Dieu et la Bible sont au centre de toute activité évangélisatrice.

La source secrète de la puissance et de l'efficacité de la mission salvatrice de Jésus était sa contemplation quotidienne et sa communion avec le Père, dans la prière. La mission est la contemplation en action. Ceci est particulièrement vrai dans un continent où l'expérience de Dieu est d'avantage prisée que les doctrines religieuses ou les oeuvres. Donc, si le missionnaire n'a pas une profonde expérience de Dieu dans la prière et la contemplation, il aura peu d'influence spirituelle et portera peu de fruit.

Le Pape Jean-Paul II parlant de son expérience des religions asiatiques dit: «Mon contact avec les représentants des traditions spirituelles non-chrétiennes, en particulier en Asie, m'a confirmé que l'avenir de la mission dépend en grande partie de la contemplation».(97) L'Église en Asie a besoin d'une vraie spiritualité missionnaire de prière et de contemplation. Une personne vraiment religieuse gagne rapidement du respect et des disciples en Asie. «La prière, le jeûne et les différentes formes d'ascétisme sont tenus en haute considérations. La renonciation, le détachement, l'humilité, la simplicité et le silence sont considérés comme de grandes valeurs».(98)

L'importance de la prière et de la contemplation en Asie, comme moyen de mission, est soulignée encore par l'Exhortation Apostolique post- synodale sur la Vie Consacrée: «Cela permettra de témoigner efficacement de la vigueur des traditions d'ascèse et de mystique chrétiennes et cela favorisera même le dialogue inter-religieux».(99)

La proposition de salut faite par Dieu à l'humanité est toujours une question de dialogue. Dieu a parlé dans un langage humain et a employé des symboles pour communiquer son message de salut et de vie à travers son Fils Jésus-Christ. Toute la mission de Jésus n'a été qu'un dialogue permanent avec l'humanité. C'est seulement de la manière par laquelle la mission de Dieu envers l'humanité s'est accomplie en Jésus-Christ que l'Église peut mener à bien sa mission.

Toute la mission de l'Église est ainsi une mission de dialogue. Le dialogue est donc une partie de la mission d'évangélisation de l'Église, comme moyen de connaissance mutuelle, d'enrichissement et de communication du message du salut et de la vie de Jésus-Christ.(100) Dans un dialogue vrai, on donne et on reçoit. L'Église reçoit les richesses religieuses et culturelles des nations avec qui elle dialogue, et à son tour, elle leur communique les richesses du salut en Jésus-Christ.

Même si le dialogue est essentiel et est partie prenante de toute activité évangélisatrice de l'Église, il n'épuise pas toute la réalité de l'évangélisation, n'est pas un substitut pour la mission ad gentes, et moins encore ne doit être perçu comme étant en opposition avec l'annonce de Jésus-Christ.(101)

Dans le contexte asiatique, le dialogue est de première importance pour l'avenir de la mission chrétienne puisqu'il se trouve face à des cultures et des religions millénaires. L'Église en Asie, par conséquent, doit entrer toujours plus profondément en dialogue avec les grandes religions de l'Hindouisme, du Bouddhisme, de l'Islam et de la Religion Traditionnelle, sans tomber en même temps dans le syncrétisme, l'éclectisme ou le relativisme de la foi chrétienne.(102)

Une autre piste à considérer dans la mission de l'évangélisation, est celui de l'inculturation. S. Jean commence son Évangile en disant que «le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous» (Jn 1, 14). L'incarnation est le fondement ultime et le modèle de toute inculturation de la foi chrétienne. L'Évangile et tout ce qu'il implique doit devenir véritablement incarné dans toutes les cultures et parmi tous les peuples de telle sorte que l'Évangile puisse évangéliser toutes les cultures et tous les peuples. De là, l'inculturation implique l'incarnation de l'Évangile dans une culture, et l'Évangile à son tour évangélise la culture en la purifiant de tout ce qui est pécamineux et déshumanisant, et en ennoblissant tout ce qui est bon et positif en elle.

Une telle double inculturation est un besoin urgent en Asie afin que l'Évangile puisse ne pas apparaître comme un corps étranger. L'inculturation dépasse de beaucoup la simple adaptation. C'est une véritable incarnation: «elle signifie une intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et l'enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaines».(103) C'est un processus profond, qui embrasse tout, et en même temps difficile et lent. C'est une véritable symbiose entre la culture et l'Évangile. On ne peut pas surestimer l'importance de l'inculturation dans le contexte des cultures et de l'histoire de l'Asie, puisqu'il est essentiel pour l'Église de devenir «un signe plus compréhensible de ce qu'elle est et un instrument plus adapté à sa mission».(104)

Jésus a rendu sa mission spirituelle évidente et intelligible à travers ses paroles et ses actes. L'Église, à l'exemple du Maître, s'engage en faveur de la libération de l'homme et sa promotion dans toutes ses activités d'évangélisation. Il devrait en être ainsi tout particulièrement en Asie où des centaines de millions de gens vivent encore dans une pauvreté inhumaine. La pauvreté écrasante fait partie de ces réalités asiatiques qui poussent à redéfinir et à modifier le concept de l'évangélisation en Asie.

Tous les documents de la FABC de Taïpé à Manille, ont souligné l'importance de la libération et de la promotion humaine dans l'activité évangélisatrice de l'Église en Asie. Celle-ci est appelée à être du coté des pauvres «qui luttent pour surmonter tout ce qui les condamne à rester en marge de la vie: la famine, les maladies chroniques, l'analphabétisme, la pauvreté, l'injustice [...] les situations de néocolonialisme économique et culturel».(105) La solidarité avec les pauvres, l'entraide dans leur combat pour la justice, le réveil de la conscience de la société aux besoins des pauvres, les oeuvres de charité sont tous des moyens d'exprimer le salut intégral que Dieu offre à l'humanité en Jésus-Christ.(106)

Formation à la mission

34. Une véritable théologie catholique de la mission doit nourrir tous les séminaires et les centres de formation des religieux en Asie. C'est vital pour l'avenir de la mission en Asie. Ce qui est demandé, c'est une théologie de la mission en union avec les vingt siècles de tradition chrétienne et le Magistère explicite de l'Église. Si les fondements christologiques et ecclésiologiques de la mission chrétienne s'affaiblissent, c'est alors la mission chrétienne qui en pâtira. Quelquefois, le pluralisme radical de l'Occident est répété dans un autre langage en Asie: «Tout cela a un impact fragilisant sur la motivation pour la mission comme les vocations missionnaires elles-mêmes, puisque ce n'est pas un secteur insignifiant de l'Église qui est concerné: les séminaristes en cycle d'étude sont aussi touchés».(107)

En même temps qu'une théologie positive de la mission, il est nécessaire de dispenser une formation missionnaire dans les séminaires d'Asie et les centres de formation. Une formation ordonnée vers la mission ne sera pas seulement théorique, mais comprendra aussi l'exposé de l'action concrète de la mission et de l'annonce, comprenant l'histoire de la mission, les méthodes missionnaires utilisées dans le passé, la connaissance des religions asiatiques, leurs textes sacrés, leurs coutumes, etc.

La formation missionnaire appelle à un renouveau de la mission comme l'a clairement souligné la Cinquième Assemblée Plénière de la FABC à Bandung.(108) L'étendue et la complexité du continent asiatique, les difficultés de l'évangélisation et la pauvreté des moyens créent un grave problème pour l'évangélisation. Mais ils sont aussi des défis et des opportunités pour les disciples de Jésus-Christ et ils appellent à un sens renouvelé de la mission.

En dernier lieu, la mission c'est le missionnaire. Dans toute formation à la mission, la personne de l'évangélisateur est le secret du succès ou de l'échec de la mission. Jésus s'est entièrement identifié avec sa mission. Pareillement, l'évangélisateur doit s'identifier à tout ce que la mission devrait être. Tout ce qu'elle devrait être, le missionnaire devrait l'être. Quand le missionnaire donne le témoignage vivant d'une personne pardonnée et renouvelée par Jésus-Christ, la mission devient crédible.

MARIE, MÈRE ET MODÈLE DE L'ÉVANGÉLISATION EN ASIE

Mère de l'Église

35. Il est significatif que Marie ait assisté au début de l'Église le jour de la Pentecôte où l'Esprit fut communiqué aux Apôtres et aux disciples de Jésus. Les Actes nous disent que les Onze étaient réunis en prière dans la Chambre Haute: «Tous d'un même coeur étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus et avec ses frères» (Ac 1, 14). La scène manifeste que l'Église a toujours été accompagnée par la présence maternelle et l'exemple de Marie, la Mère du Seigneur.

L'Église en Asie se réunissant à la veille du Troisième Millénaire et attendant une nouvelle Pentecôte, se tourne vers Marie, la Mère de l'Église. Il y a deux raisons pour agir ainsi: la première, parce que Marie, à travers le mystère de sa naissance virginale, est la Mère du Seigneur; la seconde, parce qu'elle est devenue en vertu de ses souffrances au pied de la Croix, la Mère mystique de tous les croyants.

En outre, le Seigneur Jésus, en mourant, a donné Marie comme Mère à Jean son disciple, pour l'accompagner dans son cheminement de disciple et d'apôtre. Jean l'Évangéliste nous dit: «Or près de la Croix de Jésus se tenait sa mère [...] Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: "Femme, voici ton Fils". Puis il dit au disciple: "Voici ta mère". Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit chez lui» (Jn 19, 25-27). De même, l'Église et les disciples du Seigneur ont pris Marie pour Mère.

Marie fut la première à recevoir l'Évangile, la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ apportée par l'ange Gabriel de la part de Dieu.(109) Sans aucune réserve, elle répondit par un «Amen» inconditionnel et irrévocable. À son exemple, les chrétiens cherchent à accueillir l'Évangile et toutes ses valeurs dans leur vie personnelle. En second lieu, Marie a partagé la Bonne Nouvelle par l'amour et le service avec Élisabeth et Zacharie. Les membres de l'Église désirent être aussi serviteurs – intérieurement et extérieurement – d'autres chrétiens et de leurs frères non-chrétiens par des actes d'amour et de service.

Modèle d'évangélisation

36. Depuis le tout début de l'Église, Marie fait partie de l'évangélisation catholique. Il suffit de lire les Pères de l'Église pour voir comment ils parlaient de Marie dans sa relation à l'Église et de la relation de l'Église à Marie. L'histoire entière de l'évangélisation dans les continents et pays est accompagnée par la figure de Marie. Il est dit que Thomas l'Apôtre, dans son périple missionnaire, emporta avec lui une image de Marie peinte par S. Luc. Cette anecdote contient un message pour tout évangélisateurs. L'existence même de la légende prouve que Marie faisait partie de la proclamation missionnaire de l'Église primitive. Depuis ce temps, les missionnaires ont emporté avec eux l'image de Marie, non sur du bois ou une toile, mais dans leur coeur, selon la théologie mariale prévalant dans leur pays. Ces mêmes missionnaires ont présenté à leurs convertis Marie comme Mère du Christ et de tous les croyants, aussi bien que comme modèle à imiter et à vénérer.

Les sanctuaires mariaux abondent dans toute l'Asie, depuis le Moyen-Orient jusqu'à l'Extrême- Orient, depuis l'Inde jusqu'aux Philippines ou à la Corée. Ces sanctuaires sont visités chaque année par des millions de non-chrétiens à travers toute l'Asie. On peut dire par conséquent que Marie conduit les gens à Jésus, car son image est inséparable du divin enfant qu'elle porte dans ses bras.

La figure de Marie a une valeur évangélisatrice et humanisante. Dans beaucoup de cultures en Asie, la mère est l'objet d'un grand respect. Des expressions telles que «Mère Inde», «Mère Dieu» ou «Mère terre» sont fréquemment entendues en Asie. D'où des vocables comme «Mère de Dieu» ou «Mère du Seigneur» ne sont pas des expressions extraordinaires pour les asiatiques. Ils évoquent dans leurs coeurs des résonances religieuses familières.

De plus, la figure de Marie peut être un symbole extrêmement puissant pour la libération des femmes en Asie. Marie occupe la place la plus élevée et la plus vénérée dans la Tradition chrétienne. Elle est le modèle de tout ce que l'Église est appelée à être et sera comme l'enseigne Vatican II: «La Mère de Dieu est la figure de l'Église, et cela dans l'ordre de la foi, de la charité et de l'union parfaite avec le Christ».(110) Ce même Concile affirme que Marie est entrée dans l'histoire du salut comme personne d'autre ne l'a fait.(111)

Partout et à chaque fois qu'elle fait l'objet de la prédication et de la vénération, elle conduit les gens vers son Fils. De même qu'elle a accompli son pèlerinage jusqu'à la condition de parfaite disciple de Jésus, elle invite tout le monde à en faire autant.(112) Ceci est la raison pour laquelle l'Église en Asie, dans ses efforts d'évangélisation, regarde vers Marie. L'Église en Asie cherche à accomplir comme Marie le même pèlerinage de foi en Jésus-Christ, un pèlerinage d'espoir, dans l'attente de l'heure de Dieu pour la récolte des semences de la Parole déjà jetée en terre, et un pèlerinage de charité dans l'humble service et le respect de tous.

Marie et les missionnaires

37. Marie a toujours inspiré la fondation de nombreuses congrégations missionnaires dans l'Église. Ceci est particulièrement vrai de centaines de milliers de religieux, frères et prêtres, et de religieuses. Des centaines de congrégations locales ont été inspirées et soutenues par l'exemple de Marie, de son service, son amour et sa charité. Le Concile dit avec raison: «La Vierge fut dans sa vie un modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l'Église, coopèrent à la régénération des hommes».(113) Ceci est quelque chose de caractéristique de l'évangélisation catholique.

L'Église en Asie, par conséquent, se tourne vers Marie pour lui demander son intercession, son exemple, sa conduite et sa force afin de continuer sa mission comme le dit le Concile: «Aussi, l'Église, en son travail apostolique également, regarde-t-elle avec raison vers celle qui engendra le Christ conçu donc de l'Esprit Saint et né de la Vierge, afin qu'il naisse et grandisse également dans le coeur des fidèles par le moyen de l'Église».(114)

À l'aube du Troisième Millénaire, l'Église en Asie se tourne par conséquent vers Marie pour une nouvelle inspiration, pour qu'elle la guide et intercède pour elle dans sa difficile mission de proclamer son Fils aux peuples de l'Asie.(115) L'Église en Asie est fortifiée par sa présence sur le chemin incertain du Troisième Millénaire de l'évangélisation. Mais dans ce voyage, elle chemine le long du sentier déjà parcouru par la Vierge Marie.(116)

CONCLUSION

38. À l'approche du Troisième Millénaire, l'Église de Jésus-Christ jette un regard tourné vers le futur pour voir ce qui pourrait lui être réservé en Asie, et ce que ce même avenir réserve à tous les peuples de l'Asie – chrétiens aussi bien qu'adeptes des autres religions. Elle remercie joyeusement le Seigneur pour le don de la foi, pour la connaissance salvatrice de Jésus-Christ, pour l'effusion du Saint-Esprit, pour tous les missionnaires qui ont apporté l'Évangile au continent asiatique, en commençant par S. Thomas l'Apôtre. Elle souhaite faire mémoire des grands apôtres et martyrs du continent asiatique: S. François-Xavier, De Britto, André Kim, Paul Miki et ses compagnons, Théophane Vénard et les martyrs thaïs, Bx Joseph Vaz, B.se Alphonse, Bx Chavara Kuriakose et des milliers d'autres.

L'Église veut être une communauté dont toutes les parole et les actions portent témoignage à la plénitude de la vie divine qui est la sienne en raison de sa communion avec la Sainte Trinité. Comme dans l'Église primitive, elle cherche à prêcher le Christ crucifié et ressuscité, de telle sorte que les richesses de sa vie puissent être communiquées à ceux qui ouvriront leur coeur aux invitations de l'Esprit pour la conversion. L'Église encourage tous ses membres en Asie à utiliser la préparation pour l'Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l'Asie comme une opportunité pour se retrouver ensemble dans la mission évangélique de l'Église en poursuivant plus intensément une vie quotidienne de renouveau spirituel et de régénération, selon l'état de vie de chacun de telle sorte que la vie du Christ puisse briller désormais à travers un véritable témoignage commun. L'Église se rend compte que le repentir est un élément important du processus de renouveau (cf. Lc 24, 47). De ce point de vue, Elle appelle tous ses membres à convertir leurs coeurs et à se repentir des fautes du passé et des divisions qui ont put rendre difficile pour les peuples d'Asie la contemplation de la face de Jésus-Christ.

Comme communauté de disciples qui ont reçu le pardon à travers une nouvelle effusion de l'Esprit promis par Jésus, l'Église désire donner le témoignage de son Seigneur dans toutes les régions de l'Asie et dans tous les secteurs de la vie: «Mais vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre» (Ac 1, 8). En raison du don de l'Esprit de Jésus-Christ, l'Église ne peut pas s'empêcher d'être une communauté missionnaire, prête à proclamer Jésus-Christ à tous les peuples d'Asie sans s'occuper de leur positon ou de leur état de vie.

Cette annonce de Jésus-Christ s'accomplit toujours dans le dialogue, qui en grande part exigera l'engagement à un échange avec les religions et les cultures des peuples d'Asie. L'Église fait ceci non comme «une étrangère au pays», mais comme quelqu'un qui va commencer le Troisième Millénaire de sa vie et de son existence sur le continent asiatique. Dans ce dialogue, l'Église veut proclamer ce que Dieu a révélé en son Fils Jésus-Christ. Ce message est un message de vie, la vie dans toute sa plénitude. Il est la réponse à ce que tous les coeurs en Asie ont désiré secrètement pendant des siècles et des millénaires.

Comme Servante du Seigneur, Servante du Royaume, et Servante des peuples de l'Asie, l'Église désire continuer à annoncer le Christ par des actions concrètes d'amour et de service des peuples d'Asie dans leur recherche de Dieu et dans leur aspiration à la dignité humaine et à une vie meilleure. «Comme servante de Yahwé et de l'humanité, l'Église invitera aussi à une participation plénière dans la communauté chrétienne ceux qui y sont conduits par l'Esprit de Dieu».(117) Ce service est fait dans un esprit de compassion pour tous, spécialement pour les plus pauvres. Dans chaque situation, l'Église cherche à être comme son Seigneur, le Bon Samaritain, qui est venu soigner et guérir les blessures du péché, de l'injustice, de l'oppression, de l'exploitation sous toutes ses formes. «Cette compassion sera même perçue plus profondément, et permettra à tout homme – spécialement les pauvres, les démunis et les opprimés – d'accueillir la personne du Christ, qui s'est uni lui-même à chaque être humain, bien qu'il puisse en être inconscient».(118)

Comme le Grand Jubilé de l'An 2000 approche, l'Église, en guise d'encouragement et de motif certain d'espérer, ne peut oublier les grands moments de l'évangélisation en Asie. Le Jubilé nous rappelle la prédication et le témoignage des Apôtres qui pour la plupart ont accompli leur ministère sur le continent asiatique. Cette période du Jubilé marque aussi le 7ème centenaire de l'évangélisation de la Chine par Jean de Montecorvino, le 5ème centenaire de S. François-Xavier et de la mission moderne en Asie, le 4ème centenaire de l'évangélisation des Philippines et le 4ème centenaire des martyrs du Japon.(119)

En rappelant le passé, l'Église cherche à avancer dans l'histoire de la mission catholique en Asie. L'occasion peut servir de nouveau départ pour l'évangélisation: «nouveau» dans ses comportement envers les religions et les cultures, «nouveau» dans ses méthodes et «nouveau» dans les pistes de mission. Cette mission d'évangélisation n'est pas entreprise dans un esprit de rivalité ou d'intérêt personnel, mais en communion et en harmonie avec tous les peuples de l'Asie. De cette manière, la face du Christ brillera à travers l'Église de telle sorte que tous les peuples de l'Asie puissent voir et croire (cf. Jn 20, 8), et par là expérimenter l'amour du Christ, son pardon et sa grâce, et partager la plénitude de vie de l'Église que le Christ est venu donner: «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle» (Jn 3, 16).


QUESTIONS

CHAPITRE I : LES RÉALITÉS DE L'ASIE

1. Pouvez-vous décrire quelques uns des aspects positifs aussi bien que des imperfections de l'évangélisation dans votre région en relation avec les réalités asiatiques, par exemple: religieuses, socio-économiques, politiques, etc.? À la lumière de ces réalités, quels sont les domaines spécifiques qui devraient recevoir une particulière attention et quelles devraient être les approches spécifiques de l'Église dans sa mission d'évangélisation en Asie?

CHAPITRE II : L'ÉVANGÉLISATION EN ASIE

2. Évaluez l'état des activités missionnaires de l'Église en Asie et dans votre région (les structures, les programmes, les mouvements, etc.). Mentionnez les manières spécifiques de promouvoir et d'aider l'activité missionnaire de l'Église en Asie.

3. Qu'est-ce qui est fait pour la formation des agents de l'activité missionnaire, par exemple les évêques, le clergé, les religieux, les séminaristes, les laïcs, les instituts missionnaires, les mouvements ecclésiaux, etc.? À votre avis, qu'est-ce qui devrait être fait dans ce domaine?

CHAPITRE III : LE DESSEIN SALVIFIQUE DE DIEU DANS L'HISTOIRE

4. Qu'est-ce qui est fait dans votre région pour aider les membres de l'Église à tirer une meilleur connaissance des traditions des autres religions en Asie? Qu'est-ce que l'Église peut apprendre de son dialogue avec les autres religions asiatiques, et de la connaissance obtenue? Jusqu'où les aspects positifs des religions asiatiques peuvent-ils être utilisés et développés dans l'accomplissement de la mission de l'Église d'apporter le salut à tous les peuples de l'Asie?

CHAPITRE IV : JÉSUS-CHRIST LE SAUVEUR: LA BONNE NOUVELLE DE DIEU À TOUS LES HOMMES

5. Dans votre région, comment est perçue la Personne du Christ et comment est-elle proposée dans la mission de l'Église de L'annoncer ainsi que son salut aux peuples d'Asie? Décrivez les moyens où l'Église peut maintenir la centralité de l'annonce de Jésus-Christ lorsqu'elle est confrontée à des situations politiques, sociales ou culturelles très difficiles? De quelle manière l'Église peut-elle présenter Jésus-Christ comme le seul et unique Sauveur ainsi que l'universalité du salut en Lui?

CHAPITRE V : L'ÉGLISE COMME COMMUNION

6. Évaluez dans votre région la compréhension qu'a l'Église du besoin et de sa responsabilité d'accomplir la mission du Christ dans l'Esprit. Comment s'accomplit la formation à ce point de vue dans les différents niveaux de la vie de l'Église? Mentionnez quelques efforts concrets entrepris par l'Église dans le domaine de la mission dans votre région, et leurs résultats. Décrivez les différents éléments qui devraient être pris en compte dans les initiatives futures dans ce secteur.

7. Faites l'évaluation de la manière dont la communion ecclésiale est vécue dans l'Église locale de votre région. Montrez comment les différentes Églises chrétiennes donnent un témoignage commun dans leurs activités missionnaires. Comment les personnes d'autres religions voient ces communautés chrétiennes? Indiquez les voies par lesquelles les communautés ecclésiales peuvent devenir plus conscientes de leur unité dans le Christ et la montrer plus concrètement dans la mission d'évangélisation en Asie de l'Église.

8. Quels efforts sont faits dans votre région pour encourager une plus grande compréhension oecuménique et une plus grande unité entre les différentes Églises et les différentes traditions ecclésiales?

9. Qu'est-ce qui est fait par l'Église en Asie pour entrer en dialogue avec les autres religions de votre région: le dialogue hindo-chrétien, islamo-chrétien, ou avec le Bouddhisme ou la Religion Traditionnelle, etc.? Quels sont les différents niveaux où s'accomplit ce dialogue? Quels en sont les résultats concrets? Quel devrait être le souci de l'Église dans ce secteur pour le futur?

CHAPITRE VI : LA MISSION D'AMOUR ET DE SERVICE DE L'ÉGLISE EN ASIE

10. Décrivez l'étendue de l'inculturation dans les différents aspects et les différents domaines de la vie de l'Église dans votre région (par exemple, la théologie chrétienne, la liturgie, la spiritualité, l'art liturgique, l'architecture, etc.), et ses effets en relation avec la mission de l'Église. Quelle est la contribution que votre région apporte aux efforts d'inculturation de l'Église universelle?

11. Comment la doctrine sociale de l'Église est-elle utilisée dans la mission d'évangélisation d'amour et de service de l'Église en Asie (la promotion humaine et le développement, les situations de guerre civile et de conflit ethnique, les réfugiés, les migrants, les marginalisés, etc.)?

12. Qu'a fait l'Église dans votre région pour utiliser les moyens de communication sociale dans sa mission d'évangélisation, spécialement la presse, la radio, la télévision, les films, la vidéo, internet, etc.? Quelles initiatives doivent être prises dans le futur?

13. Comment pourriez-vous décrire la spiritualité et la dévotion mariale de votre région comme moyen d'évangélisation et de catéchèse? La figure de Marie est perçue et appréciée comme le modèle parfait du disciple du Christ? Est-ce que la dévotion mariale conduit les gens à une vraie imitation de Jésus-Christ?

15. Faites vos suggestions et vos remarques sur d'autres sujets relatifs au thème du Synode, qui ne sont pas compris dans cette série de questions.

Cité du Vatican 1996


(1) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde de notre temps Gaudium et spes, 1.

(2) Cf. PAUL VI, Lettre apostolique Octogesimo adveniens, 20 : AAS 63 (1971) 415-416.

(3) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre au Délégués, FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE , Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-27 juillet 1990: FABC PAPERS, n. 59, p.2.

(4) Ibid.

(5) Cf. ORGANIZATION DES NATIONS UNIES, Rapport de la Conférence Internationale sur Population et Développement, Le Caire (Egypte), 5-13 spetembre 1994, D, 6.21 ff.

(6) JEAN-PAUL II, Lettre au Délégués, FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE , Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-27 juillet 1990: FABC PAPERS, n. 59, p.2.

(7) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde de notre temps Gaudium et spes, 1.

(8) JEAN-PAUL II, Entrez dans l'espérance, (Paris, Plon-Mame, 1994), p. 318.

(9) Cf. BENOIT XV, Lettre apostolique Maximum illud, 9: AAS 11 (1919) 445.

(10) Cf. ibid, 7: AAS (1919) 443.

(11) Cf. BENOÎT XV, Lettre apostolique Maximum illud, 9: AAS 11 (1919) 440-455; PIE XI, Lettre encyclique Rerum ecclesiae : AAS 18 (1926) 65-83; PIE XII, Lettre encyclique Evangelii praecones: AAS 43 (1951) 497-528; Lettre encyclique Fidei donum: AAS 49 (1957) 225-248; JEAN XXIII, Lettre encyclique Princeps pastorum: AAS 51 (1959) 833- 864; PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi: AAS 68 (1976) 5-76; JEAN- PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio: AAS 83 (1991) 249-340.

(12) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemporis missio, 21 : AAS 83 (1991) 268.

(13) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 2.

(14) S. IRÉNÉE, Adversus Haereses, 4, 20, 7: SC 100, II, pp. 648-649.

(15) S. BONAVENTURE, In Secundum Librum Sententiarum 1, 2.2.1: Opera omnia, Ad Claras Aquas (prope Florentiam), Typographia Collegii S. Bonaventurae, 1885, II, p. 44.

(16) Cf. CATÉCHISME DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE, n. 289.

(17) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 28: AAS 83 (1991) 274; cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Dominum et Vivificantem, 53: AAS 78 (1986) 875-876.

(18) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Dominum et Vivificantem, 53: AAS 78 (1986) 874-876.

(19) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur l'activité de l'Église missionnaire Ad gentes 3, 11, 15.

(20) JEAN-PAUL II, Visite apostolique en Inde (1-10 février 1986), Discours au membres des religions non chrétiennes, (3 février – Madras), 2-4: AAS 78 (1986) 762-765.

(21) PAUL VI, Enseignements, 1964, II, (Cité du Vatican: Typographie Polyglotte Vaticane, 1965), p. 693.

(22) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 16.

(23) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur la Révélation Divine Dei Verbum, 3.

(24) Cf. ibid., 11.

(25) Cf. ibid., 9.

(26) JOHN HENRY CARDINAL NEWMAN, The Arians of the 4th Century, (Longmans: London, 1872), pp. 80-81.

(27) Cf. S. JEAN CHRYSOSTOME, Homiliae in Romanos 13,8: PG 60, 519 .

(28) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 29: AAS 83 (1991) 275.

(29) Ibid.

(30) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur l'activité de l'Église missionnaire Ad gentes, 3.

(31) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 29: AAS 83 (1991) 275.

(32) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 5: AAS 83 (1991) 254.

(33) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde de notre temps Gaudium et spes, 22.

(34) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptor hominis, 10: AAS 71 (1979) 274- 275.

(35) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 5: AAS 83 (1991) 254.

(36) Cf. ibid.

(37) G. ROSALES and C.G. AREVALO, ed., For All The Peoples of Asia: Federation of Asian Bischop's Conferences Documents from 1971 to 1991, (Quezon City, Philippines, Claretian Publications, 1994), p. XXI.

(38) FEDERATION OF ASIAN BISHOPS' CONFERENCES , Report of the Workshop: The Church in Asia and Mission in the 1990's, Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-27 juillet 1990: FABC PAPERS, n. 59, p. 53.

(39) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde de notre temps Gaudium et spes, 22.

(40) JEAN-PAUL II, Lettre au Délégués, FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE , Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-27 juillet 1990 : FABC PAPERS, n. 59, p. 3.

(41) FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Première Assemblée Plénière, Taipé (Taiwan), 22-26 avril 1974, 7: G.ROSALES and C.G. AREVALO, ed., For All the Peoples of Asia: Federation of Asian Bishop's Conferences Documents from 1971 to 1991, (Quezon City, Philippines, Claretian Publications, 1994), p. 13.

(42) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptor hominis, 13: AAS 71 (1979) 282.

(43) JEAN-PAUL II, Lettre aux Délégués, FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE , Cinquième Assemblée plénière, Bandung (Indonésie), 17-27 juillet 1990: FABC PAPERS, n. 59, p. 3.

(44) CATÉCHISME DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE, n. 737.

(45) Ibid., n. 738.

(46) Ibid.

(47) Ibid., n. 737.

(48) Cf. ibid., n. 730.

(49) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 5.

(50) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur l'activité de l'Église missionnaire Ad gentes, 2.

(51) TROISIÈME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES (1974) – « L'Évangélisation dans le monde contemporain », Déclaration des Pères du Synode, 4: L'Osservatore Romano, Edition hebdomadaire en Anglais, 7 novembre 1974, p. 3 ; cf. PAUL VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi, 14 : AAS 66 (1976) 13.

(52) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 2 sq.

(53) CATÉCHISME DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE, n. 257.

(54) Ibid.

(55) JEAN-PAUL II, Discours d'ouverture du Synode de l'Église syro-malabare, 6: L'Osservatore Romano, édition hebdomadaire en langue française, 16 janvier 1996, p. 6.

(56) Cf. FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Final Statement, Troisième Assemblée Plénière, Bangkok (Thaïlande), 20-27 Octobre 1982: G. ROSALES AND C.G. AREVALO, ed., For All the Peoples of Asia: Federation of Asian Bishops' Conferences Documents from 1971 to 1991, (Quezon City, Philippines: Claretian Publications, 1994), pp. 49-65.

(57) JEAN-PAUL II, Exhortion apostolique post-synodale Christifideles laici, 32: AAS 81 (1989) 451-452.

(58) Cf. FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Bureau d'évangélisation, Conclusions of the Theological Consultation, Hua Hin (Thaïlande), 3-10 novembre 1991, 1-54: G.ROSALES and C.G. AREVALO, ed., For All the Peoples of Asia: Federation of Asian Bishop's Conferences Documents from 1971 to 1991, (Quezon City, Philippines, Claretian Publications, 1994), p. 335-347.

(59) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur l'OecuménismeUnitatis redintegratio, 3.

(60) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre apostolique Tertio millennio adveniente, 34: AAS 87 (1995) 26-27.

(61) FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, par exemple, Déclarations de la Troisième Assemblée Plénière, Bangkok (Thaïlande) 20-27 octobre 1982; Quatrième Assemblée Plénière, Tokyo (Japon) 16-25 septembre 1986; Conférence Panasiatique sur l'évangélisation, Suwon (Corée) 24-31 août 1988; Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-27 juillet 1990; Sixième Assemblée Plénière, Manille (Philippines), Janvier 1994.

(62) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 13.

(63) PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 53: AAS 68 (1976) 41.

(64) Cf. INSTITUT ÉPISCOPAL POUR LES ACTIVITÉS INTERRELIGIEUSES SUR LA THÉOLOGIE DU DIALOGUE - BIRA IV/2, Statement of the Final Assembly, Hua Hin (Thailand), 21-26 February 1991, 1-58: G.ROSALES and C.G. AREVALO, ed., For All the Peoples of Asia: Federation of Asian Bishop's Conferences Documents from 1971 to 1991, (Quezon City, Philippines: Claretian Publications, 1994), p. 325-334.

(65) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redomptoris missio, 23: AAS 83 (1991) 270.

(66) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 7.

(67) Ibid., 1.

(68) CATÉCHISME DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE, n. 748.

(69) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 1

(70) Ibid.

(71) Cf. FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Final Statement, Conférence Panasiatique sur l'évangélisation, Suwon (Corée), 24-31 août 1988: FABC PAPERS, n. 64, p.20-23; PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 17- 21: AAS 68 (1976) 17-20; JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 17, 52-59: AAS 83 (1991) 264-265, 299-308.

(72) PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 53: AAS 68 (1976) 41-42.

(73) Ibid., 22: AAS 68 (1976) 20.

(74) FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Final Statement, Conférence Panasiatique sur l'évangélisation, Suwon (Corée), 24-31 août 1988, 6: FABC PAPERS, n. 64, p. 20-21.

(75) PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 27: AAS 68 (1976) 23.

(76) Cf. ibid.

(77) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 61: AAS 83 (1991) 310.

(78) Cf. ibid., 6: AAS 83 (1991) 310.

(79) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur l'activité de l'Église missionnaire Ad gentes, 23.

(80) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 23; JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris Missio, 61, 63: AAS 83 (1991) 309-312.

(81) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur la charge Pastorale des Évêques Christus Dominus, 1 sq.

(82) CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, 10; Décret sur l'activité de l'Église missionnaire Ad gentes, 39; JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 67: AAS 83 (1991) 315.

(83) Cf. ibid.

(84) Ibid ; cf. aussi le Guide pour les activités pastorales des prêtres, CEP, 1989.

(85) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 66: AAS 83 (1991) 314; CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décret sur l'activité de l'Église missionnaire Ad gentes, 23-27.

(86) Cf. PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 69: AAS 68 (1976) 58-59.

(87) Cf. ibid.; JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 69: AAS 83 (1991) 317; CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Décr. Ad gentes, 40.

(88) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 69: AAS 83 (1991) 317.

(89) Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, 35: AAS 81 (1989) 457; Lettre encyclique Redemptoris missio, 71: AAS 83 (1991) 318.

(90) Cf. ibid., 73-74: AAS 83 (1991) 320-322.

(91) Cf. JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, 35: AAS 81 (1989) 458.

(92) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 72: AAS 83 (1991) 320.

(93) Cf. PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 41: AAS 68 (1976) 31-32.

(94) Ibid., 24: AAS 68 (1976) 21.

(95) Cf. FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Final Statement, Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-25 juillet 1990, 4.1: FABC PAPERS, n. 59, p. 34.

(96) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur la Révélation Divine Dei Verbum, 21.

(97) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 91: AAS 83 (1991) 338.

(98) FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Report of the Workshop: A Spirituality of Our 1990's, Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-25 juillet 1990, 4.1: FABC PAPERS, n. 59, p. 57.

(99) JEAN-PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata, 8: AAS 88 (1996) 383.

(100) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 55: AAS 83 (1991) 302-304.

(101) Cf. ibid.

(102) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre aux Délégués, FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-25 juillet 1990: FABC PAPERS, n. 59, p. 4 ; Lettre encyclique Redemptoris missio, 55-56 : AAS 83 (1991) 302-305.

(103) ASSEMBLÉE EXTRAORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES (1985), Rapport final, II, D, 4.

(104) JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 52: AAS 83 (1991) 300.

(105) PAUL VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, 30: AAS 68 (1976) 26.

(106) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 58-60: AAS 83 (1991) 305-309.

(107) FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Report of the Workshop: The Church in Asia and the Mission in the 1990's, Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-25 juillet 1990: FABC PAPERS, n. 59, p. 53.

(108) FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE, Final Statement, Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-25 juillet 1990, 3: FABC PAPERS, n. 59, pp. 31-33.

(109) Cf. CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l'Église Lumen gentium, 53.

(110) Ibid., 63.

(111) Cf. ibid., 65.

(112) Cf. ibid.

(113) Ibid.

(114) Ibid.

(115) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 92: AAS 83 (1991) 339.

(116) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris Mater, 25sq: AAS 79 (1987) 393sq.

(117) FÉDÉRATION DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES D'ASIE , Final Statement, Cinquième Assemblée Plénière, Bandung (Indonésie), 17-25 juillet 1990, 6.3: FABC PAPERS, n. 59, pp. 36.

(118) Ibid. 6.4; cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique Redemptoris missio, 14: AAS 83 (1991) 262-263; CONCILE OECUMÉNIQUE VATICAN II, Constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde de notre temps Gaudium et spes,22.

(119) Cf. JEAN-PAUL II, Lettre apostolique Tertio millenio adveniente, 25: AAS 87 (1995) 21.

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