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SYNODUS EPISCOPORUM

II COETUS SPECIALIS PRO AFRICA

_______________________

 

L’Église en Afrique
au service de la réconciliation,
de la justice et de la paix.
« Vous êtes le sel de la terre …
Vous êtes la lumière du monde » (Mt
5, 13.14)

 

RELATIO SECRETARII GENERALIS

 

 De Laboris Secretariae Generalis
Eiusque Consilii
in Praeparando II Coetu Speciali pro Africa
1994-2009

 

 

Textus Gallicus
e civitate vaticana
2009

 

© Copyright Secretaria Generalis Synodi Episcoporum - Libreria Editrice Vaticana.

TYPIS VATICANIS
2009

_______________________

 

Table des matières

Introduction

I. Sens de la Visite Apostolique en Afrique

II. Quelques données statistiques

III. Convocation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique

IV. Préparation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l'Afrique

V. Observations de caractère méthodologique

VI. Conclusion

 


 


DE LABORIS SECRETARIAE GENERALIS
EIUSQUE CONSILII
IN PRAEPARANDO II COETU SPECIALI PRO AFRICA
1994-2009

 

 

Très Saint-Père,
Éminences, Excellences,
Chers Frères et Sœurs,

« Avec la force de l’Esprit Saint, j’adresse à tous cet appel : ‘Laissez-vous réconcilier !’ (2 Co 5, 20). Aucune différence ethnique ou culturelle, de race, de sexe ou de religion ne doit devenir entre vous un motif d’affrontement. Vous êtes tous fils de l’unique Dieu, notre Père, qui est aux cieux. Avec cette conviction, il sera alors possible de construire une Afrique plus juste et pacifique, à la hauteur des attentes légitimes de tous ses fils » [1].

Inspiré par l’Esprit Saint qui guide les croyants dans leur approche de l’Écriture Sainte, vous avez, Très Saint-Père, par ces mots qui montrent votre prévenance apostolique dans l’exercice de la sollicitude envers toute l’Église, exprimé votre amour pour l’Église qui pèlerine dans 53 pays africains, comme aussi pour toute l’Afrique, continent d’un grand dynamisme mais également aux nombreux défis. Vous l’avez fait à Yaoundé, capitale du Cameroun, durant votre première Visite Apostolique en Afrique qui a eu lieu du 17 au 23 mars 2009. En cette occasion, vous avez idéalement ouvert les travaux de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. En effet, au terme de la Sainte Messe célébrée dans le stade Amadou Ahidjo, en la solennité de Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie, vous avez remis aux Présidents des 36 Conférences épiscopales de l’Afrique et aux Chefs de 2 Synodes des Évêques des Églises catholiques orientales sui iuris, ainsi que de l’Assemblée de la Hiérarchie catholique d’Égypte, l’Instrumentum laboris, le document de travail de la présente Assise synodale. Le stade de Yaoundé était devenu le cœur du continent parce qu’autour de vous, l’Évêque de Rome et le Pasteur universel de l’Église, s’étaient rassemblés les évêques des Églises particulières, « représentant en quelque sorte l’Église présente parmi tous les peuples de l’Afrique » [2]. En cette circonstance, vous avez invité tous les fidèles à accompagner par la prière leurs Pasteurs dans la préparation et surtout dans le déroulement des travaux du grand événement ecclésial qu’est la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Vous avez confié la célébration de l’Assise synodale à la protection de la Bienheureuse Vierge Marie, Notre-Dame d’Afrique, invoquant son intercession pour que « la Reine de la Paix soutienne les efforts de tous les artisans de réconciliation, de justice et de paix! » [3]. Durant la rencontre avec le Conseil Spécial pour l’Afrique, en la Nonciature Apostolique de Yaoundé, vous avez, Très Saint-Père, été le premier à réciter la prière mariale que vous avez voulu rédiger pour accompagner la préparation de l’Assise synodale et pour implorer l’abondance de grâces de l’Esprit Saint pour obtenir un dynamisme renouvelé de l’Église, disposée à servir toujours mieux les hommes de bonne volonté du continent africain. Au commencement des travaux synodaux, nous faisons nôtre cette prière afin que les réflexions de l’Assemblée synodale contribuent à faire grandir l’espérance pour les peuples africains et pour le continent dans son ensemble; qu’elles contribuent à insuffler à chacune des Églises locales en Afrique «un nouvel élan évangélique et missionnaire au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, selon le programme de vie donné par le Seigneur lui-même : ‘Vous êtes le sel de la terre…vous êtes la lumière du monde’(Mt 5,13.14)’. Que la joie de l’Église en Afrique de célébrer de Synode soit aussi la joie de l’Église universelle! » [4].

Le souhait de votre Sainteté est en train de se réaliser. En sont témoins les représentants des Épiscopats de tous les continents qui ont accepté volontiers la nomination pontificale pour participer à l’Assise synodale, signifiant leur proximité de l’Église catholique en Afrique, portion pleine de promesse de l’Église universelle. Je salue donc les représentants des Conférences épiscopales des 4 autres continents, tout comme les évêques provenant de 17 pays. Avec leur confrères d’Afrique, ils sont disposés à prier, à dialoguer, à réfléchir sur le présent et le futur de l’Église catholique sur le continent africain. De cette manière, ils s’insèrent dans le processus synodal consistant à donner et à recevoir, à participer aux joies et aux douleurs, aux espérances et aux préoccupations, partageant les dons spirituels pour l’édification non seulement de quelques Églises particulières d’Afrique mais aussi de toute la Sainte Église de Dieu répandue dans le monde entier.

Je salue cordialement tous les 244 membres de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, dont 79 participants en raison de leur charge (ex officio), 129 élus et 36 de nomination pontificale. Parmi eux il y a 33 cardinaux, 75 archevêques, 120 évêques et 8 religieux, élus par l’Union des Supérieurs Généraux. Quant à leurs charges 37 sont Présidents de Conférence épiscopale, 189 Évêques Ordinaires, 4 Évêques Coadjuteurs, 2 Évêques Auxiliaires et 8 Évêques émérites.

Je souhaite un cordial accueil aux Délégués fraternels, représentants 5 Églises et Communautés ecclésiales, les remerciant d’avoir accepté l’invitation de prendre part à cet événement ecclésial.

J’adresse aussi un salut aux 29 Experts et aux 49 Auditeurs, disposés à fournir leur contribution au bon déroulement des travaux synodaux, enrichissant la réflexion par leurs importants témoignages.

Enfin, je remercie également de leur précieuse collaboration les Assistants, les Traducteurs et le personnel technique, tout comme les généreux Collaborateurs de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques. Sans leur assistance qualifiée et dévouée, il n’aurait pas été possible d’organiser cette Assise synodale.

Ce Rapport se compose de VI parties :

I. Sens de la Visite Apostolique en Afrique.
II. Quelques données statistiques.
III. Convocation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique.
IV. Préparation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique.
V. Observations de caractère méthodologique.
VI. Conclusion.

 

I. Sens de la Visite Apostolique en Afrique

Je salue tout particulièrement les 197 Pères synodaux provenant de pays d’Afrique. En leur nom je vous remercie, Très Saint-Père, de la Visite Apostolique en Afrique qui a été organisée en vue de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique. En témoigne la devise que vous avez choisi pour votre première Visite pastorale sur le continent africain : «‘Vous êtes le sel de la terre…vous êtes la lumière du monde’(Mt 5,13.14) », la même que la présente Assemblée synodale.

Merci surtout, Très Saint-Père, pour le Magistère éclairant imparti durant cette Visite Apostolique. Même si elle s’est réalisée concrètement dans deux pays : le Cameroun et l’Angola, celle-ci a englobée toute l’Afrique. En outre, elle a ultérieurement renforcé les liens d’unité qui, dans la foi, l’espérance et la charité, caractérisent les rapports entre l’Évêque de Rome et ses frères dans l’Épiscopat, placés à la tête des Églises particulières d’Afrique, tout comme entre ces derniers et les fidèles confiés à leurs attentions pastorales, et d’une manière idéale avec tous les hommes de bonne volonté du grand continent africain. En effet, l’Évangile, la Bonne Nouvelle, a été adressée à tous les habitants de l’Afrique et du monde. En se référant à la vie de sainte Josephina Bakhita, que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a canonisé le 1er octobre 2000, vous avez proposé, Très Saint-Père, sa magnifique figure comme exemple de la transformation souhaitée pour les femmes et les hommes de ce continent, résultant de rencontre avec le Dieu vivant.

Encore aujourd’hui, « le message de salut de l’Évangile doit être proclamé de manière forte et claire afin que la lumière du Christ puisse briller dans les ténèbres où les gens sont plongés » [5].La lumière de l’Évangile dissipe les ténèbres du péché aussi en Afrique où les femmes et les hommes sont disposés à se laisser transformer par le Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avide d’entendre une parole de pardon et d’espérance. « Devant la souffrance ou la violence, devant la pauvreté ou la faim, devant la corruption ou l’abus de pouvoir, un chrétien ne peut jamais garder le silence » [6]. De tels maux impliquent tous les habitants de l’Afrique qui « crient leur besoin de réconciliation, de justice et de paix, et c’est ce que l’Église leur offre. Non pas de nouvelles formes d’oppression économique ou politique, mais la glorieuse liberté des enfants de Dieu (cf. Rm 8, 21) » [7]. Les hommes d’Église sont donc appelés à se faire les apôtres de l’Évangile, Bonne Nouvelle aussi pour l’homme africain. « à presque dix ans de l’entrée dans le nouveau millénaire, ce moment de grâce est un appel pour l’ensemble des évêques, des prêtres, des religieux et des religieuses ainsi que des fidèles laïcs de ce continent à se consacrer avec un élan nouveau à la mission de l’Église : apporter l’espérance au cœur des peuples de l’Afrique et des peuples du monde entier » [8].

Vue l’importance d’un tel Message Apostolique pour toute l’Afrique ainsi que pour les réflexions synodales, avec l’Instrumentum laboris, il a semblé assez utile de remettre aux Pères synodaux vos discours, Très Saint-Père, dans les langues disponibles, à savoir, français, anglais, italien, portugais et espagnol. Sans aucun doute ces documents seront d’une grande aide aux Pères synodaux et permettront l’approfondissement de certains arguments de fond, en lien avec le thème de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique.

 

II. Quelques données statistiques

Soyons reconnaissants envers le Dieu bon et miséricordieux pour les nombreux dons que l’Église en Afrique a reçu et a mis au service de tous, spécialement des plus pauvres et des nécessiteux. Rendons grâce, en particulier, pour son grand dynamisme qui peut être indiqué par les statistiques suivantes.

Sur une population mondiale de 6.617.097.000 habitants, les catholiques sont 1.146.656.000, c'est-à-dire 17,3 %. En Afrique, en revanche, ce pourcentage est désormais dépassé. En effet, sur 943.743.000 habitants, les catholiques sont 164.925.000, soit 17,5 %. La croissance est pour le moins conséquente si l’on tient compte qu’en 1978, par exemple, au début du pontificat du Pape Jean-Paul II, les catholiques africains étaient au nombre d’environ 55.000.000. En 1994, année durant laquelle a été célébrée la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, leur nombre était de 102.878.000, soit 14,6 % de la population africaine.

Durant la même période, notons également pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée une augmentation importante. Dans tous les secteurs, on enregistre, grâce à Dieu, un accroissement consistant. Celui-ci concerne surtout les agents pastoraux : évêques, prêtres, diacres, religieuses, laïcs engagés, parmi lesquels les catéchistes occupent une place de choix. Comparer les données statistiques de 1994 avec celles de 2007, qui sont les dernières disponibles, peut être instructif.

 

1994 [9]

2007 [10] %
Circonscriptions ecclésiastiques

444

516

+ 16,25

Évêques 513 657 + 28,07
Prêtres 23.263 34.658 + 49,09
  diocésains 12.937 23.154

+ 78,97

  réguliers 10.326 11.504 + 11,40
Diacres permanents 326 403 + 23,61
Religieux non prêtres 6.448 7.921 + 22,84
Consacrées 46.664 61.886 + 32,62
Membres d’instituts séculiers 390 578 + 48,20
Missionnaires laïcs 1.847 3.590

+ 94,36

Catéchistes 299.994 399.932 + 33,31
Séminaristes 17.125 24.729 + 44,40

Il est de notre devoir de rappeler ici les agents pastoraux qui ont confirmé leur service ecclésial par le sacrifice de la vie. En Afrique, de 1994 à 2008, sont morts 521 agents pastoraux. Ce nombre comprend aussi les 248 victimes de la tragédie de 1994 au Rwanda et les 40 petits séminaristes tués en 1997 au Burundi. Il s’agit de personnel non seulement africain mais aussi de missionnaires provenant d’autres pays. Par exemple, en 2006, 11 agents pastoraux ont été tués : 5 prêtres diocésains, dont un péruvien et 4 religieux, dont un portugais et un brésilien, 1 religieuse italienne et une missionnaire laïque portugaise; en 2007, 4 agents pastoraux ont perdus la vie : 1 prêtre diocésain, 2 religieux et 1 sœur suisse; en 2008, 5 agents pastoraux missionnaires sont morts, dont un religieux d’Angleterre et un frère français.

Avec les yeux de la foi, derrière les données statistiques, nous pouvons reconnaître le grand dynamisme d’évangélisation du continent africain qui pousse les agents pastoraux à un engagement généreux et total, jusqu’au don de la propre vie dans le martyre. Tout en rendant grâce au Dieu Tout-Puissant pour ce don de son infinie miséricorde, prions pour qu’un tel dynamisme se poursuive, et même se renforce, pour le bien des Églises particulières en Afrique et dans le monde entier. Les Pasteurs des Églises particulières ne manqueront pas de reconnaître parmi ce nombre d’élus de serviteurs de l’Évangile ceux qui pourraient être canonisés, selon les normes de l’Église, non seulement pour augmenter le nombre des saints africains, parmi lesquels il y a de nombreux martyrs, mais aussi pour obtenir plus d’intercesseurs au ciel afin que les chères Églises particulières du continent continuent, avec un zèle renouvelé, leur pèlerinage terrestre dans la louange de Dieu et au service du prochain.

En plus de l’évangélisation, qui est sa mission principale, l’Église catholique est également assez active dans les domaines de la charité, de la santé, de l’éducation et, en général, pour de nombreuses initiatives de promotion humaine. À titre d’exemples significatifs, citons pour mémoire la Fondation pour le Sahel, instituée par le Pape Jean-Paul II le 22 février 1984 [11]. Année Sainte de la Rédemption, à la suite de sa Visite Apostolique au Burkina Faso et au mémorable Appel de Ouagadougou du 10 mai 1980. Il y a huit ans, le 12 février 2001, le regretté Pape Jean-Paul II constitua la Fondation du Bon Samaritain dont la finalité est de soutenir les infirmes les plus nécessiteux, surtout les malades du SIDA [12].

Puis, sur le continent africain, il y a :

Les Caritas nationales et la Caritas Internationale. Sur le continent africain sont en fonction 53 Caritas nationales dont 20 ont également une finalité annexe, ayant trait généralement à la promotion de la solidarité et au développement intégral de l’homme et de la société. Donc, il n’est pas rare que les Caritas jouent ensemble la mission qui est celle-là même des Commissions Justice et Paix dans certains pays. Il y a ensuite les Caritas du Moyen-Orient et celle de l’Afrique du Nord. Toutes les organisations nationales sont coordonnées par la Caritas Africa qui a son centre à Kampala en Ouganda.

Les Commissions Justice et Paix. Outre le Secrétariat Justice et Paix du SCEAM, il y a 8 Commissions régionales et 34 Commissions nationales auprès des respectives Conférences épiscopales. En plus, de nombreuses organisations internationales et nationales catholiques se dépensent pour aider la population africaine [13]. Il y a aussi 12 Instituts et Centres de promotion de la Doctrine sociale de l’Église [14].

Pastorale des Services de la santé. La Pastorale de la santé est un domaine où l’Église catholique est assez présente. Selon les dernières données datant de 2007 [15],il y a, sur tout le continent africain, 16.178 centres de santé soit : 1.074 hôpitaux, 5.373 dispensaires, 186 léproseries, 743 maisons pour personnes âgées et invalides, 979 orphelinats, 1997 crèches pour enfants, 1.590 centres de conseillers conjugaux, 2.947 centres de rééducation sociale, 1.279 centres divers de santé. Bien évidemment, de ces données apparaît le témoignage louable et significatif de nombreux chrétiens, et surtout de personnes de la vie consacrée et de laïcs catholiques, engagés dans les structures de santé susmentionnées. En ce qui concerne le type de maladies, les statistiques signalent parmi les urgences de santé les plus alarmantes celles qui dérivent du VIH/SIDA. C’est avec gratitude que l’on peut relever que, selon les chiffres fournis par l’UnAids, bien 26 % des structures de santé dans le monde qui s’intéressent au phénomène du SIDA sont gérées par des organisations catholiques [16]. L’Église catholique est en première ligne dans la lutte contre la contagion de cette maladie. Elle est aussi assez active dans le soin des malades du SIDA, comme le montre, par exemple, la méthode DREAM, promue avec succès par la communauté de S. Egidio.

Toutefois, il ne faut pas oublier que les données statistiques montrent que le paludisme est la cause principale des décès sur le continent africain. Les personnes qualifiées de la communauté internationale devraient consacrer plus d’énergie et de moyens tant pour prévenir la diffusion que pour trouver un remède valable à cette maladie si terrible et si répandue qui provoque chaque année le décès d’environ 1.000.000 de personnes, dont 85% sont des enfants de moins de cinq ans.

Les écoles catholiques. L’Église catholique comme mater et magistra, de concert avec l’annonce de l’Évangile, a toujours promu l’éducation intégrale des personnes au moyen de ses écoles. Cette œuvre importante se poursuit encore aujourd’hui. En effet, sur le continent africain il y a 12.496 écoles maternelles avec 1.266.44 inscrits; 33.263 écoles élémentaires avec 14.061.806 élèves; 9.838 collèges et lycées avec 3.738.238 élèves. Dans les Instituts d’études supérieures étudient 54.263 étudiants; dans les Universités, 11.011 étudiants fréquentent les études ecclésiastiques et 76.432 d’autres disciplines.

 

III. Convocation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l'Afrique

L’idée de convoquer la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques mûrissait au cours des années. Une telle possibilité fut prise en considération durant les dernières années du Pontificat du Pape Jean-Paul II quand le Cardinal Jan Pieter Schotte était le Secrétaire Général du Synode des Évêques. Plus particulièrement cette idée fut débattue à diverses reprises durant les réunions du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques.

Donc, même après ma nomination comme Secrétaire Général en 2004, le thème a continué à être d’actualité. En particulier, le Pape Jean-Paul II lui-même en a parlé publiquement le 15 juin 2004, à l’occasion de l’audience concédée au Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale formulant la question suivante : « le moment ne serait-il pas venu, ainsi que le sollicite de nombreux pasteurs d’Afrique d’approfondir cette expérience synodale africaine? La croissance exceptionnelle de l’Église en Afrique, le renouvellement rapide des pasteurs, les nouveaux défis à relever sur le contient demandent des réponses que seule la poursuite de la mise en œuvre d’Ecclesia in Africa pourrait offrir, redonnant ainsi une vigueur renouvelée et une espérance renforcée à ce continent en difficulté » [17].

De leur côté, les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique ont remercié le Saint-Père pour une telle sollicitude apostolique envers leurs Églises particulières et se sont engagés, avec une ardeur renouvelée, à bien préparer l’Assise synodale. Durant la Réunion du Conseil Spécial pour l’Afrique des 15 et 15 juin 2004, il a été décidé de soumettre à la bienveillante décision du Pape Jean-Paul II la proposition de convoquer officiellement la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique. Les Membres du Conseil ont chargé le Secrétaire Général de proposer au Saint-Père d’annoncer cette décision lors du 10ème anniversaire de la célébration de la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Plus particulièrement, il a été suggéré d’en faire l’annonce le 13 novembre 2004, jour commémoratif du 1650ème anniversaire de la naissance de Saint Augustin, grand africain et gloire de l’Église universelle. L’occasion était propice également en raison du fait qu’à cette date se réunissait à Rome le Symposium des Évêques du S.C.E.A.M. (Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et Madagascar) et du C.C.E.E. (Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe), pour célébrer le 10ème anniversaire du Synode pour l’Afrique. Le sentiment des Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique était qu’il fallait un temps suffisant pour la préparation de l’Assise synodale qui donc aurait pu avoir lieu en octobre 2009, lors du 15ème anniversaire de la célébration de la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Le thème pouvait s’intéresser à l’Église en Afrique comprise comme Famille de Dieu appelée à annoncer l’Évangile de Jésus-Christ pour le salut et la réconciliation, la justice et la paix.

Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II avait bien volontiers accueilli cette proposition. À l’occasion de l’Audience Pontificale aux participants au Symposium des Évêques d’Afrique et d’Europe réunis à Rome, il a annoncé : « accueillant les vœux du Conseil Post-synodal, interprète des désirs des pasteurs africains, je saisis l’occasion pour annoncer mon intention de convoquer une Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques » [18]. Dans le même temps, il a confié ce projet à la prière des fidèles alors qu’il invitait « avec ferveur à implorer du Seigneur le don précieux de la communion et de la paix pour la bien-aimée terre africaine » [19].

Le regretté Pontife a exprimé en plus d’une occasion son soutien à l’idée d’une Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Dans la lettre qu’il a bien voulu adressé au Secrétaire Général à l’occasion de la Treizième Réunion du Conseil Spécial pour l’Afrique des 24 et 25 février 2005, le Pape Jean-Paul II a, entre autres choses, exprimé sa vision de la Deuxième Assise synodale. « Prenant acte du dynamisme né de la première expérience synodale africaine, cette Assemblée cherchera à l’approfondir et à la prolonger, s’appuyant sur l’Exhortation Apostolique Post-synodale Ecclesia in Africa, et tenant compte des nouvelles données ecclésiales et sociales du continent. Elle aura pour tâche de soutenir les Églises locales et leurs pasteurs, et de les aider dans leurs projets pastoraux, préparant ainsi l’avenir de l’Église sur le continent africain, qui vit des situations difficiles, tant sur les plans politique, économique et social qu’en ce qui concerne la paix» [20]. Par la suite, le Pape Jean-Paul II a cité quelques-unes de ces difficultés : conflits armés, pauvreté persistante, les maladies et leurs conséquences dévastantes, à commencer par le drame du SIDA, la corruption et le sentiment diffus d’insécurité dans diverses régions. Les fidèles, de concert avec tous les hommes de bonne volonté, doivent se prodiguer à œuvrer pour construire une société prospère et stable, assurant un avenir digne pour les nouvelles générations. L’Église catholique, qui durant les dernières décennies à connu un grand essor, en rend grâce à Dieu. Dans le même temps, le Pontife précisait : « Pour que se poursuive cette croissance, j’encourage les évêques à veiller à l’approfondissement spirituel de ce qui a été réalisé ainsi qu’à la maturation humaine et chrétienne du clergé et des laïcs » [21]. À la fin de la lettre, confiant la préparation de l’événement ecclésial à l’intercession maternelle de Notre-Dame d’Afrique, le Pape Jean-Paul II exprimait un désir : « Puisse la future Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l’Afrique, favoriser aussi un affermissement de la foi dans le Christ Sauveur et une authentique réconciliation!» [22].

La Divine Providence a voulu que le Pape Jean-Paul II passât à une vie meilleure le 2 avril 2005. Durant le Conclave du même mois, les Cardinaux ont élu, le 19 avril 2005, comme Évêque de Rome, le Saint-Père Benoît XVI. Deux mois après son élection au seuil pontifical, Sa Sainteté Benoît XVI s’est prononcé aussi à propos de la convocation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. Après avoir étudié la question, le Saint-Père a confirmé la décision de son Prédécesseur. Saluant les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques, le Souverain Pontife a dit : « confirmant ce que mon vénéré et cher prédécesseur […] avait décidé le 13 novembre de l’an dernier, je désire annoncer mon intention de convoquer la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques. J’ai la certitude que cette Assemblée apportera un élan supplémentaire, sur le continent africain, à l’évangélisation, à la consolidation et à la croissance de l’Église, ainsi qu’à la promotion de la réconciliation et de la paix » [23].

La convocation officielle de l’Assise synodale a eu lieu le 28 juin 2007, veille de la Solennité des Saints Pierre et Paul. En cette occasion, le thème et la date de la célébration ont été indiqués : « le Saint-Père Benoît XVI a convoqué la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques sur le thème «L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. ‘Vous êtes le sel de la terre …Vous êtes la lumière du monde’ (Mt 5, 13.14, qui se tiendra au Vatican du 4 au 25 octobre de l’année 2009 » [24].

Après la décision du Saint-Père, les Membres du Conseil Spécial se sont diligentés pour le travail de préparation de l’Assise synodale.

 

IV. Préparation de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l'Afrique

Une fois qu’a mûri l’idée d’une Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, les Membres du Conseil Spécial ont eu pour tâche de préparer de la meilleure façon possible la célébration de cet événement ecclésial. Tout d’abord, il fallait rédiger les Lineamenta, document préliminaire à l’Assise synodale. À cette préparation ont été consacrées diverses réunions du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale.

Durant la réunion qui s’est tenue les 25 et 26 février 2005, les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique se sont mis d’accord sur le schéma des Lineamenta et également sur des indications précises de son contenu. Durant la réunion suivante des 21 et 22 juin 2005, une ébauche du document a été étudiée en profondeur. Ensuite, le 13 janvier 2006, le Saint-Père Benoît XVI a défini le thème de l’Assemblée synodale. C’est pourquoi les Membres du Conseil Spécial ont pu réfléchir avec plus de précision sur le projet du Document, apportant diverses modifications qui ont été ensuite insérées dans le texte. Celui-ci a été envoyé par courrier électronique aux Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique pour une ultime approbation, les priant d’envoyer leurs éventuelles remarques avant le 24 avril 2006. Les 27 et 28 avril 2006, deux Membres du Conseil, représentant respectivement les groupes francophone et anglophone, ont, avec la Secrétairerie Générale, examiné et intégré les observations reçues. Puis, le document a pu être traduit en 4 langues : anglais, français, italien et portugais auxquelles s’est ajoutée une version en arabe.

Les Lineamenta ont été publiés le 27 juin 2006. Le texte a été présenté en la Salle de Presse du Saint-Siège par le Cardinal Francis Arinze, alors Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des sacrements, et par S. Ex. Mgr Nikola Eterović, Secrétaire Général du Synode des Évêques. Le Document a été largement diffusé, y compris à travers le site internet du Vatican sous la page de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques.

Les Conférences épiscopales, les Églises orientales catholiques sui iuris et les autres Organismes intéressés ont eu jusqu’à la fin du mois d’octobre 2008 pour envoyer leurs réponses au Questionnaire des Lineamenta à la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques. Celles-ci ont été utilisées pour rédiger l’Instrumentum laboris, document de travail de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques.

 

L’Instrumentum laboris

Le pourcentage des réponses aux Lineamenta a été réparti selon les diverses catégories d’institutions avec lesquelles la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques a des rapports officiels.

Institution

  Réponse  
Conférences épiscopales 36 [25] 30 83,33 %
Réunions de Conférences épiscopales

06 [26]

01

16,66 %

Églises orientales catholiques sui iuris 02 [27] 01 50 %
Assemblée de la Hiérarchie Catholique d’Égypte 01 00

-

Dicastères de la Curie Romaine

25 [28]

14 56 %
Union des Supérieurs Généraux

01

01

100 %

La Secrétairerie Générale du Synode des Évêques a également reçu des contributions de quelques Universités catholiques et d’Instituts d’Études Supérieures tout comme d’autres personnes, y compris des laïcs, qui ont à cœur le présent et l’avenir de l’Église catholique en Afrique.

Les réponses parvenues ont été examinées par le Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques durant la réunion des 27 et 28 octobre 2008. Les Membres du Conseil se sont mis d’accord sur le schéma du Document, fournissant des indications précises sur le contenu, tout en respectant bien évidemment les contributions des Épiscopats des divers pays. La Secrétairerie Générale, avec l’assistance de quelques experts, a rédigé le projet du Document qui a été examiné durant la XVIIIème Réunion du Conseil Spécial pour l’Afrique qui a eu lieu les 23 et 24 janvier 2009. Après avoir apporté diverses retouches, dans le but d’améliorer le texte, le Document a reçu un consensus unanime.

L’Instrumentum laboris a donc été traduit en quatre langues : anglais, français, italien et portugais. Le 19 mars 2009, le Saint-Père Benoît XVI, à qui nous renouvelons nos plus vifs remerciements, a eu la bonté de la remettre personnellement à Yaoundé, au Cameroun, aux Chefs des Synodes des Évêques des Églises catholiques orientales sui iuris et aux Présidents des Conférences épiscopales d’Afrique. Par la suite, la Secrétairerie Générale du Synode a favorisé une ample diffusion du Document. Celle-ci sera approfondie au cours de la présente Assemblée synodale.

 

Nomination des Membres de la Présidence de l’Assise synodale

Le 14 février 2009, le Souverain Pontife, le Pape Benoît XVI a nommé les trois Présidents Délégués de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques : leurs Éminences les Cardinaux Francis Arinze, Préfet émérite de la Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des sacrements; Théodore-Adrien Sarr, Archevêque de Dakar au Sénégal et Wilfrid Fox Napier, o.f.m., Archevêque de Durban en Afrique du Sud. Dans le même temps, le Saint-Père a nommé le Rapporteur Général, S. Éminence le Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, Archevêque de Cape Town au Ghana et deux Secrétaires Spéciaux, Leurs Excellences Mgr António Damião Franklin, Archevêque de Luanda en Angola et Mgr Edmond Djitangar, Évêque de Sahr au Tchad [29].

 

Remerciements aux Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique

Des trois Cardinaux Présidents Délégués nommés par le Saint-Père Benoît XVI, deux ont été Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques. Je suis certain d’interpréter le sentiment des Pères synodaux présents en remerciant cordialement tous les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique pour leur inestimable service ecclésial. Des 12 Membres élus le 7 mai 1994, au terme de la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique, 9 ont persévéré jusqu’au bout. Entre-temps, S. Ém. le Cardinal Hyacinthe Thiandoum, Archevêque émérite de Dakar, est décédé en 2003, nous le recommandons volontiers à l’infinie miséricorde de Dieu. Un autre s’est retiré en 2006 ayant atteint la limite d’âge, S. Ém. le Cardinal Armand Gaétan Razafindratandra, Archevêque émérite d’Antanarivo et un autre encore en 2007, S. Ex. Mgr Paul Verdzekov, Archevêque émérite de Bamenda au Cameroun, pour raison de santé. Ces derniers ont été remplacés respectivement par S. Ex. Mgr Anselme Titianma Sanon, Archevêque de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, par S. Ex. Mgr Odon Marie Arsène Razanakolona, Archevêque d’Antanarivo à Madagascar et par S. Ex. Mgr Cornelius Fontem Esua, Archevêque de Bamenda au Cameroun.

Avec le début des travaux de la présente Assemblée, les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques terminent leur mandat, exercé pendant 15 ans. Durant cette période, ils ont pris part à 19 Réunions. Le précieux service du Conseil Spécial à l’Église qui pèlerine en Afrique peut être divisée en trois phases. Durant la première, suite à la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, le Conseil avait comme objectif la préparation du projet d’Exhortation Apostolique Post-synodale, assistant le Saint-Père dans ce délicat exercice. Le Pape signa l’Exhortation Apostolique Post-synodale Ecclesia in Africa à Yaoundé le 14 septembre 1995, en la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix. Ensuite, le Conseil Spécial a encouragé la mise en œuvre de cet important Document. La troisième phase a coïncidé avec la préparation de la présente Assise synodale.

 

V. Observations de caractère méthodologique

Durant l’Audience que le Saint-Père Benoît XVI a bien voulu me concéder le 23 juin 2007, il a approuvé les critères de participation à l’Assise synodale. Ces derniers avaient été mis au point par le Conseil Spécial pour l’Afrique de la Secrétairerie Générale du Synode des Évêques lors de leur Réunion des 15 et 16 février 2007. Après l’approbation par le Souverain Pontife, ces critères ont été communiqués aux Présidents des Conférences épiscopales et aux Chefs des Synodes des Évêques des Églises orientales catholiques sui iuris.

Suivant la décision du Saint-Père Benoît XVI, participeront à l’Assise synodale ex officio tous les Cardinaux africains, sans limite d’âge, les Présidents des Conférences épiscopales des 36 Conférences épiscopales et les Chefs des Églises orientales catholiques sui iuris (copte et éthiopienne). Pour assurer une représentation adéquate de l’épiscopat, il était prévu d’élire un évêque sur 5 ou fraction de 5. En outre, il fallait que chaque pays d’Afrique ait au moins un représentant.

En conformité avec les normes de l’Ordo Synodi Episcoporum, le Saint-Père a complété le nombre des Pères synodaux. En particulier, il a nommé les représentants des épiscopats des autres continents ou de pays où il y a un nombre considérable de catholique d’origine africaine. Sont aussi présents quelques évêques représentants de pays qui offrent une assistance importante à l’Église en Afrique soit en personnel, comme missionnaires hommes et femmes, soit en moyens financiers. En plus, comme geste de reconnaissance pour le travail accompli, Sa Sainteté a inclus parmi les Pères synodaux les Membres du Conseil Spécial pour l’Afrique qui pour diverses raisons n’ont pas été élus par leurs confrères.

Le Saint-Père Benoît XVI a ensuite accepté la proposition du Conseil Spécial d’inviter un nombre consistant d’Auditeurs, hommes et femmes, engagés dans l’évangélisation et la promotion humaine en Afrique. De cette manière, on espère avoir une vision plus vaste de la vie ecclésiale et sociale du continent, depuis le point de vue de laïcs chrétiens. Bien évidemment, la tâche des Experts est aussi importante surtout dans l’assistance qu’ils offriront aux deux Secrétaires Spéciaux au cours des travaux synodaux.

Arrivé à ce point, il me semble utile de signaler certaines procédures méthodologiques dont la mise en pratique devrait faciliter les travaux de cette Assemblée synodale et renforcer encore plus les liens de communion ecclésiale entre les Pères synodaux.

1) Au début de cette Assise synodale, la lecture du Vademecum Synodi Episcoporum est vivement recommandée. Chaque participant en a reçu un exemplaire. Y est indiqué en détail la manière de procéder, selon les normes de la Lettre Apostolique Apostolica sollicitudo et de l’Ordo Synodi Episcoporum, et selon les usages expérimentés lors des Synodes précédents.

2) Comme le montre le Calendrier des travaux, inséré en latin à la fin du Vademecum, 20 Congrégations générales et 9 sessions de Carrefours sont prévues.

3) Pour faciliter une plus grande participation de la part de tous, chaque Père synodal pourra intervenir dans la Salle du Synode pendant 5 minutes.

4) En outre, à la fin des Congrégations générales de l’après-midi, il y aura une heure de débat libre de 18h00 à 19h00. Le premier jour la discussion aura plus de temps à disposition pour réfléchir sur l’application d’Ecclesia in Africa. Après une présentation systématique faite par un Père synodal, S. Ex. Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa, s’ouvrira un dialogue qui devrait permettre de revivre l’enthousiasme avec lequel la Première Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques a été célébrée. D’ailleurs, cela donnera ainsi l’occasion d’en signaler les résultats positifs, tout comme les aspects qui n’ont pas été suffisamment mis en œuvre ou qui devraient être appliqués plus en profondeur. Ce débat servira d’introduction aux travaux qui s’inscrivent idéalement dans la continuité de l’Assise synodale célébrée il y a 15 ans.

5) Il est assez important de souligner que la discussion libre devra se limiter au thème du Synode : « L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. « Vous êtes le sel de la terre …Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13.14) ». Il s’agit d’un sujet assez important et au riche contenu qu’il faudra approfondir sous les divers aspects ecclésiaux et chercher à traduire en initiatives pastorales. Les Présidents Délégués sont donc priés d’être attentifs à ce que le débat ne sorte pas du thème fixé.

6) De même, les Pères synodaux devraient suivre, si possible, pour leurs interventions la structure de l’Instrumentum laboris, afin de rendre la discussion plus ordonnée. Ils sont cordialement invités à indiquer dans leurs interventions le numéro ou au moins la partie de l’Instrumentum laboris à laquelle ils se réfèrent. La Secrétairerie Générale cherchera à en tenir compte pour établir la liste des intervenants. Donc, devraient prendre la parole tout d’abord ceux qui traiteront du premier chapitre de l’Instrumentum laboris, puis du deuxième, du troisième et enfin du quatrième. Bien évidemment, les Pères peuvent déjà s’inscrire en indiquant la partie du Document sur laquelle ils entendent intervenir.

7) Les résumés des textes prononcés, établis par les Pères synodaux eux-mêmes, sont normalement rendus publics. Si quelqu’un ne souhaite pas que son intervention soit diffusée, il est prié de le signaler à la Secrétairerie Générale. Comme vous le savez, il est toujours possible de remettre les textes « in scriptis », ceux-ci recevront de la part de la Présidence de l’Assise synodale la considération qui leur est due.

8) Les langues utilisées pour les débats sont au nombre de quatre : anglais, français, italien et portugais. La traduction simultanée est assurée dans ces langues.

9) Les Propositions pourront être faites dans les langues susmentionnées. Vous êtes priés de rédiger chaque proposition de manière brève et concise, ne traitant que d’un seul argument. Il ne serait guère utile de répéter toute la doctrine connue de l’Église. Les Pères synodaux devraient plutôt proposer des conseils visant à favoriser une renouveau de la vie ecclésiale et de la pastorale pour promouvoir l’évangélisation et la promotion humaine, spécialement en ce qui concerne la réconciliation, la justice et la paix.

10) L’utilisation de moyens électroniques est désormais d’usage commun. Durant l’Assise synodale aussi on cherchera à en faire un usage approprié pour faciliter le dialogue et approfondir la communion ecclésiale. Entre autre, il y aura diverses élections et votes avec l’appareil que vous avez à votre disposition. Je remercie d’avance les techniciens pour le bon fonctionnement du système et pour leur assistance. Donc, les Pères devraient s’aider mutuellement, surtout au début des sessions, en indiquant à leur voisin, si nécessaire, comment utiliser ces instruments.

11) Pour favoriser une plus grande participation des Pères synodaux, il est instamment demandé qu’un Père synodal appelé à assumer une fonction n’en accepte pas d’autre au sein du Synode.

12) Selon un usage éprouvé, prennent également part à cette Assemblée synodale un certain nombre de Délégués fraternels, représentants d’autres Églises et Communautés ecclésiales. Plus particulièrement, je suis heureux d’annoncer la participation du Patriarche de l’Église orthodoxe éthiopienne Tewahedo Sa Sainteté Abouna Paulos. Celui-ci a bien volontiers accepté l’invitation du Souverain Pontife Benoît XVI et, s’il plait à Dieu, il sera avec nous le mardi 6 octobre au matin. Nous sommes dès à présent reconnaissants envers le Seigneur qu’un si haut représentant de cette Église chrétienne, présente en Afrique de manière ininterrompue depuis les temps apostoliques, prenne part au Synode.

13) Deux invités spéciaux sont également attendus durant les travaux synodaux. Il s’agit de Monsieur Jacques Diouf, Directeur Général de la F.A.O. (Food and Agriculture Organisation) qui devrait informer les Pères synodaux sur les efforts de la F.A.O. pour garantir l’assurance de l’alimentation en Afrique. Monsieur Rudolf Adada, Ancien Chef de la Joint United Nations / African Union Peacekeeping Mission pour le Darfour, a été invité pour parler des efforts de paix dans la région du Darfour, qui intéressent divers pays africains.

 

VI. Conclusion

« Laissez-vous réconcilier » (2 Co 5,20). L’appel pressant du Saint-Père Benoît XVI aux chrétiens d’Afrique, reprend l’exhortation de Saint Paul aux chrétiens de Corinthe. Illuminé par l’Esprit Saint, don du Seigneur ressuscité, l’Apôtre des Gentils avait personnellement fait l’expérience de l’importance de la réconciliation pour la foi chrétienne : « et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation » (2 Co 5, 18). La réconciliation requiert le pardon reçu du Père et donné aux frères, selon l’enseignement du Seigneur Jésus : « remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit » (Lc 11, 4 ; cf. Mt 6, 11). L’Église annonce cette joyeuse nouvelle de la réconciliation et propose de la réaliser à travers les sacrements, en particulier celui de la pénitence. Il s’agit de la réconciliation première d'où découle tout autre geste ou acte de réconciliation, même sur le plan social » [30]. Dans cette réciprocité il faut respecter la justice, qui comprend aussi la peine pour les crimes éventuellement commis. Toutefois, ceci est la parole de notre Maître : « allez donc apprendre ce que signifie: c'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mt 9, 13). La miséricorde chrétienne n’annule pas mais dépasse la justice humaine.

L’enseignement sur la réconciliation, source de paix et de justice, devient donc le cœur de la réflexion de l’Assemblée Spéciale pour l’Afrique. Il présuppose l’Annonce de la Bonne Nouvelle et son assimilation. Dans le même temps, face à tant d’exemples de conflits, de violence, et même de haine, il semble urgent d’entreprendre une nouvelle évangélisation même là où la Parole de Dieu a déjà été annoncée. La situation varie d’un pays à l’autre. Depuis l’Égypte, l’Éthiopie et l’Érythrée où le christianisme a maintenu la continuité avec les temps apostoliques, jusqu’à l’Afrique sub-saharienne où certaines Églises particulières ont célébré les cinq cents ans de leur fondation alors que d’autres ont rappelé solennellement le premier siècle d’évangélisation. Si l’on s’enfonce depuis la côte vers l’intérieur du continent, il y a des pays où les premiers missionnaires sont arrivés il y a à peine cinquante ans. Quoi qu’il en soit, tous les chrétiens sont appelés à se réconcilier avec Dieu et avec le prochain. Dans cette tâche urgente et permanente, ils doivent être guidés par les évêques, les prêtres, les religieux, les diacres, tout comme par les personnes de la vie consacrée. La disponibilité à la réconciliation est le baromètre de la profondeur de l’évangélisation d’une personne, d’une famille, d’une communauté, d’une nation, tout comme celle des Églises particulières ou de l’Église universelle. Uniquement d’un cœur réconcilié avec Dieu peuvent naître des initiatives de charité et de justice envers le prochain et la société toute entière.

« Vous êtes le sel de la terre …Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13.14) ».Ces paroles qui engagent, qui sont dans le même temps une constatation de la dignité chrétienne et une invitation à la vivre toujours mieux, sont adressées à tous les chrétiens, aujourd’hui d’une façon particulière à ceux de l’Afrique. Ils savent, dans la grâce de l’Esprit Saint, qu’une réponse affirmative présuppose la conversion et la ferme volonté de suivre Jésus-Christ. L’Église catholique en Afrique doit illuminer encore plus les réalités complexes du continent à la lumière du Seigneur Jésus, devenant toujours plus le sel de la terre africaine, insérant la saveur du divin dans les réalités de tous les jours.

L’Église en Afrique est assez dynamique, comme du reste le montre les statistiques. Alors que nous en remercions Dieu, le cœur rempli de reconnaissance, prions le Père Tout-Puissant, le Fils et le Saint-Esprit qu’une telle croissance quantitative devienne toujours plus qualitative. De cette manière les chrétiens, conduits par leurs Pasteurs, pourront s’approcher de l’idéal auquel le Seigneur Jésus-christ appelle chacun de ses disciples, c’est-à-dire à devenir le sel de la terre et la lumière du monde (cf. Mt 5,13.14). Uniquement unis à Lui, qui donne un sens à tout ce qui existe, et surtout à l’existence humaine, les chrétiens pourront accomplir leur vocation d’être le sel de la terre, d’offrir la saveur divine, éternelle, aux réalités terrestres, aux choses matérielles dont ils doivent se servir pour vivre leur vie chrétiennement. C’est uniquement en se revêtant de Jésus-Christ, la lumière du monde, que les chrétiens peuvent refléter cette lumière dans les ténèbres du monde actuel, en conduisant tant d’hommes de bonne volonté, en recherche de la vraie lumière, vers sa source inépuisable : le Seigneur Jésus, mort et ressuscité, celui qui est « Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin » (Ap 22, 13).

Confions la réalisation de ce projet à l’intercession de tous les saints africains et plus particulièrement à la Bienheureuse Vierge Marie, faisant nôtre le souhait du Saint-Père Benoît XVI afin que l’Église en Afrique « puisse continuer à croître en sainteté, dans le service de la réconciliation, de la justice et de la paix […] pour que les travaux de la Deuxième Assemblée Spéciale du synode des Évêques fasse briller d’une vive flamme les dons que l’Esprit a répandus sur l’Église en Afrique […] que Dieu bénisse l’Afrique ! » [31].

Merci de votre écoute patiente. Que la grâce de l’Esprit Saint nous accompagne durant nos travaux synodaux.

 

+ Nikola ETEROVIĆ
Archevêque titulaire de Sisak
Secrétaire Général du Synode des Évêques

 


[1] Benoît XVI, Discours au Conseil spécial pour l’Afrique (Yaoundé, 19 mars 2009) : L’Osservatore Romano, 20-21 mars 2009, p. 14 ; Édition Hebdomadaire en Langue Française (E.H.L.F.) 3075 (2009) p. 13.

[2] Benoît XVI, Discours lors de la remise de l’Instrumentum laboris (Yaoundé, 19 mars 2009) : L’Osservatore Romano, 20-21 mars 2009, p. 9; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 10.

[3] Ibidem.

[4] Ibidem.

[5] Benoît XVI, Discours à l’arrivée à l’aéroport de Yaoundé (Cameroun) (Yaoundé, 17 mars 2009) : L’Osservatore Romano, 19 mars 2009, p. 5 ; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 3.

[6] Ibidem.

[7] Ibidem : L’Osservatore Romano, 19 mars 2009, p. 5 ; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 19.

[8] Ibidem : L’Osservatore Romano, 19 mars 2009, p. 5 ; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 3.

[9] Cf. Secretaria Status Rationarium Generale Ecclesiae, Annuarium statisticum Ecclesiae 1994, Città del Vaticano 1996.

[10] Cf. Secretaria Status Rationarium Generale Ecclesiae, Annuarium statisticum Ecclesiae 2007, Città del Vaticano 2009.

[11] Au cours des 25 ans de son existence, la fondation a distribué environ 40.000.000 de dollars US répartis sur 9 pays : Burkina Faso, Cap-Vert, Tchad, Gambie, Guinée Bissau, Niger, Mali, Mauritanie et Sénégal, finançant les projets d’accès à l’eau et de recouvrement des terres arables, tout comme ceux de formation et d’instruction.

[13] Mentionnons-en quelques-unes selon l’ordre alphabétique : AVSI (Association of Volunteers in International Service) ; Caritas Internationalis, CRS (Catholic Relief Services) ; Comunità di S. Egidio ; KAS (Konrad Adenauer Stiftung) ; ICCPPC (International Commission for Catholic Prison Pastoral Care) ; Misereor ; Pax Christi International ; COSMAM (Confédération des Conférences des Supérieur(e)s Majeur(e)s d’Afrique et de Madagascar) ; CCSA (Rencontre et Développement) ; Associazione nolite timere Onlus, Adoption à distance..

[14] African Forum Catholic Social Teaching, Harare (Zimbabwe); IAJP (Institut des Artisans de Justice et de Paix), Cotonou (Bénin) ; Centre Ubuntu, Bujumbura (Burundi) ; Médiation Sociale et Justice et Paix, Yaoundé (Cameroun) ; CEPAS (Centre d’Études pour l’Action Sociale), Kinshasa (R.D.Congo) ; Centre Carrefour, Port Mathurin (Île Maurice) ; Center for Social Justice and Ethics, Catholic University of Eastern Africa (CUEA), Nairobi (Kenya) ; Institute of Social Ministry in Mission, Tangaza College, Catholic University of Eastern Africa (CUEA) ; Justice and Peace Desk Conference of Major Superiors (Lesotho) ; CIDJAP (Catholic Institute for Development Justice and Peace), Enugu (Nigeria) ; CTP (Christian Professionals of Tanzania), Dar-es-Salaam (Tanzania).

[15] Cf. Secretaria Status Rationarium Generale Ecclesiae, Annuarium statisticum Ecclesiae 2007, Città del Vaticano 2009, p. 357.

[16] Cf. R. Cascioli, Aids, Africa e bugie: Avvenire, 28 mars 2009, p.3.

[19] Ibidem.

[21] Ibidem.

[22] Ibidem.

[23] Benoît XVI, Audience générale du 22 juin 2005 : L’Osservatore Romano, 23 juin 2005, p. 1 ; E.H.L.F. 2887 (2005) p. 12.

[24] L’annonce a été publiée le 29 juin 2007 sur l’édition du vendredi 29 juin 2007 de L’Osservatore Romano, p. 1.

[25] N’ont pas répondu les Conférences épiscopales de la Gambie et Sierra Leone, de la Guinée équatoriale, du Lesotho, du Malawi et de la C.E.D.O.I. (Conférence Épiscopale de l’Océan Indien).

[26] Seule l’A.M.E.C.E.A. (Association of Member Episcopal Conferences in Eastern Africa) a répondu.

[27] La réponse de l’Église Métropolitaine sui iuris Éthiopienne n’est pas parvenue.

[28] N’ont pas répondu 2 Congrégations : Cause des saints et Instituts de Vie Consacrée et Sociétés de Vie Apostolique ; 2 Tribunaux : Pénitencerie Apostolique et Tribunal suprême de la Signature Apostolique ; 5 Conseils Pontificaux : Pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, Pour l’Interprétation des Textes législatifs, Pour le Dialogue interreligieux, Pour la Culture, pour les Communications sociales ; et la Préfecture pour les Affaires économiques de l’Église.

[29] Cf. L’Osservatore Romano, 15 février 2009, p.1.

[30] Jean-Paul II, Exhortation Apostolique Post-synodale Reconciliatio et paenitentia, 4: AAS 77 (1985) 194.

[31] Benoît XVI, Discours à l’arrivée à l’aéroport de Yaoundé [Cameroun] (Yaoundé, 17 mars 2009) : L’Osservatore Romano, 19 mars 2009, p. 5 ; E.H.L.F. 3075 (2009) p. 19.

   

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