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Sur toute la terre un peuple en marche sur les chemins du Jubilé
+ Crescenzio Sepe
L'ouverture de la Porte Sainte de Saint-Pierre a marqué le grand début du Jubilé de l'An 2000. Et il l'a marqué, il faut bien le dire, dans le sens le plus profond, car chaque autre pas, de ces tout premiers mais essentiels pas de l'Année Sainte, a reçu la même empreinte. Aucune parole ne peut exprimer les sentiments d'émotion et de joie inspirés par les événements que nous avons vécus aussi intensément entre la Sainte Nuit de Noël 1999 et les premiers jours du troisième millénaire. Lorsque le Saint-Père s'est agenouillé et, ensuite, a franchi le seuil de la Porte Sainte, nous avons vu se profiler, presque se matérialiser, à côté de cette image - si attendrissante et si intense à la fois - un sentiment d'émerveillement et d'admiration étonnée. Devant la Porte Sainte, nous avons tous été non seulement précédés mais accompagnés, comme tenus par la main, par un père et un pasteur qui, tout au long du chemin, pensant à ce but, nous a enseigné à trouver, depuis les quatre coins du monde, la route qui conduit au Christ. "Aperite mihi portas justitiae", une invocation déjà bien connue, à côté de gestes déjà imaginés; pourtant ces paroles et ces gestes marquent le passage, le franchissement d'une époque. Un geste et des paroles qui résument l'attente d'une humanité stupéfaite, qui a été comme ravie dans l'admiration étonnée de la Sainte Nuit. Une humanité, comme le Pape l'a ensuite suggéré dans le solennel Te Deum de remerciement de fin d'année, qui au passage du millénaire effectue un bilan des lumières et des ombres, entre des conquêtes exaltantes et des bouleversements dramatiques; et retrouve, dans la foi, la perspective d'être "fils dans le Fils, héritier comme Lui du même destin de gloire". La Porte Sainte à laquelle le Pape nous a introduits est devenue tout de suite le but incessant d'une grande foule de fidèles et de pèlerins; et c'est ce qui s'est aussi passé à Saint-Jean-de-Latran, à Sainte-Marie-Majeure, en Terre Sainte et dans tous les diocèses du monde, où une humanité entière s'est mise en chemin, vers la Porte du salut, en suivant l'indication de son Pasteur, qui a voulu que la Porte de ce Grand Jubilé du millénaire ne soit pas seulement symboliquement plus grande que les autres. L'Année Sainte a ainsi commencé, et a tout de suite révélé son essence, qui est celle d'un grand événement spirituel. Quelqu'un a déjà parlé de chiffres. Je voudrais plutôt souligner le style et la sobriété ecclésiale de ce peuple de prière, animé d'une ferveur, une constante commune dans chaque coin du monde. L'Année Sainte a, peut-on dire, tout de suite pris le bon chemin, le chemin de la prière. En effet, dès le soir de Noël a déjà commencé le rassemblement de prière du soir sur la Place Saint-Pierre, qui veut être un moment communautaire pour tous les pèlerins, comme une façon de terminer chaque journée. A ce premier rendez-vous, je peux dire, en quelque sorte, d'avoir vu le départ du Jubilé ordinaire, de ce qu'il représente jour par jour, dans sa quotidienneté. Voir des dizaines de milliers de fidèles réunis pour prier, près de la Porte Sainte, et sous la fenêtre du Saint-Père, est une émotion vraiment très forte et très intense: la confirmation que le Jubilé que nous sommes en train de célébrer est l'unique à célébrer.
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