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OFFICE DES CÉLÉBRATIONS LITURGIQUES
DU SOUVERAIN PONTIFE

CHEMIN DE CROIX
AU COLISÉE

PRESIDÉ PAR LE PAPE
JEAN-PAUL II

VENDREDI SAINT 2002

Ilustrazione tratta da una serie di 18 smalti di Limoges dipinti su piastre di rame conservati nei Musei Vaticani.

TEXTES DE MÉDITATIONS PRÉPARÉS PAR:

John M. Thavis (États-Unis d’Amérique)
Alexej Bukalov (Fédération de Russie)
Henri Tincq (France)
Gregory Burke (États-Unis d’Amérique)
Angel Gómez Fuentes (Espagne)
Erich Kusch (République Fédérale d’Allemagne)
Hiroshi Miyahira (Japon)
Jacek Moskwa (Pologne)
Marina Ricci (Italie)
Aura Miguel (Portugal)
Luigi Accattoli (Italie)
Sophie de Ravinel (France)
Valentina Alazraki (Mexique)
Maria Czernin (République Fédérale d’Allemagne)

—————

PRÉSENTATION

Chaque année, la communauté chrétienne de Rome, accompagnée de nombreux pèlerins venant du monde entier, se réunit autour du Successeur de Pierre au Colisée, le soir du Vendredi saint, mémoire liturgique de la Passion du Seigneur, pour l’exercice religieux traditionnel du Chemin de Croix.

Grâce à la télévision, des millions de fidèles participent à ce moment de contemplation et de prière. La Ville et le monde entier sont en quelque sorte réunis autour du mystère de la passion et de la mort du Seigneur, dont la représentation est scandée par des lectures bibliques, des prières, des commentaires et des chants. Le chemin de Croix se déroule de l’intérieur du Colisée jusque sur les pentes du Palatin.

Les quatorze stations, comme cela s’est déjà fait d’autres fois ces dernières années, se succèdent selon un schéma rigoureusement biblique, avec des textes tirés surtout de l’Évangile de Marc.

Chaque année, le Saint-Père invite des personnes de différentes nationalités et de diverses Églises ou Communautés ecclésiales à commenter les stations du Chemin de Croix. La nouveauté des textes du Chemin de Croix 2002 vient de la multiplicité des auteurs : quatorze journalistes et professionnels des communications sociales, hommes et femmes, tous laïcs, accrédités auprès de la Salle de Presse du Saint-Siège, de différents pays, représentants de titres connus de journaux ou de chaînes de télévision, attentifs aux événements de la chronique quotidienne mais sensibles aussi à l’univers spirituel, formés au langage clair et essentiel des médias, habitués à la transmission des nouvelles quotidiennes. Ils ont su établir un lien entre le mystère de Jésus de Nazareth et les faits de l’histoire contemporaine : personnes et visages, circonstances et lieux de notre monde, constituent eux aussi un Chemin de Croix quotidien, où le Christ vit et souffre encore dans beaucoup de nos frères et sœurs : dans les petits et les pauvres, dans les déshérités et les malades, dans les prisonniers et les persécutés, dans les sans-abri et les sans-patrie. Aux diverses stations, la méditation relie souvent l’histoire de Jésus de Nazareth à celle des hommes et des femmes de notre temps, victimes de la violence, de la guerre, de la persécution, du terrorisme.

Aux journalistes femmes a été confié le commentaire des stations où les femmes – Marie, la mère de Jésus, les femmes disciples qui ont suivi le Maître jusqu’au Calvaire, les filles de Jérusalem – sont protagonistes et témoins de certains épisodes de la passion du Seigneur.

Aujourd’hui encore – comme l’ont bien exprimé les commentateurs de ce Chemin de Croix 2002 –, dans le visage du Christ resplendit le visage de Dieu. Dans sa passion, on lit les souffrances de l’humanité. Dans les visages torturés d’hommes et de femmes de notre temps, on distingue le visage du Christ accusé, tourné en dérision, crucifié. Mais sa victoire pascale, son triomphe sur le mal et sur la mort, est une espérance pour l’humanité entière, c’est la promesse et l’anticipation d’une vie nouvelle.

PRIÈRE INITIALE

Le Saint-Père:

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

R.Amen.

Frères et sœurs,

les ombres du soir sont déjà descendues,
ce soir du Vendredi saint 2002.
De nouveau, l’Église de Rome
s’apprête à revivre, en écoutant la Parole,
les derniers moments de la vie du Christ,
du Jardin des Oliviers à la tombe creusée dans le Jardin.

***

Via Crucis

Chemin de souffrance,
que le Christ parcourt dans l’obéissance
au projet salvifique de son Père.
C’est son chemin et le nôtre:
«Si quelqu’un veut marcher derrière moi,
qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive» (Mt 16, 24).

 

Via Crucis

Lieu de la révélation de l’Amour trinitaire :
du Père, qui «a tant aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique» (Jn 3, 16);
du Fils, qui a aimé ses amis jusqu’à donner sa vie pour eux (cf. Jn 15, 13);
de l’Esprit de paix, de miséricorde et de consolation.

Via Crucis

École de vie évangélique,
où le disciple, tournant les yeux vers le Crucifié,
apprend qu’il faut aimer Dieu par-dessus tout
et donner sa vie pour ses frères;
que le pardon doit l’emporter sur l’offense
et que l’on doit rendre le bien pour le mal,
qu’il faut ouvrir son cœur à l’ami
et soulager la peine de l’affligé

 

Via Crucis

Supplication pour la réconciliation et la paix,
pour qu’en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient,
cessent les graves conflits en cours,
pour que cesse l’effusion de sang
et que, par l’action de l’Esprit,
soit brisée la dureté du cœur,
que «les ennemis se parlent,
les adversaires se tendent la main
et les peuples qui s’opposaient
acceptent de faire ensemble une partie du chemin» (Lit. Rom.).

 

***

Le Saint-Père:

Paix à ceux qui sont proches et à ceux qui sont loin !
Paix à toi, Jérusalem,
Ville aimée du Seigneur !
Paix à toi, Rome,
ville d’innombrables martyrs,
racine de la civilisation !

Prions.

Bref moment de silence.

Père saint et miséricordieux,
donne-nous de parcourir à nouveau dans la foi et dans l’amour
le chemin de la Croix,
afin qu’en prenant part à la passion du Christ,
nous puissions parvenir avec lui
à la gloire de ton Royaume.

Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

R.Amen.

PREMIÈRE STATION

Jésus en agonie au Jardin des Oliviers

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc 14,32-36

Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani, Jésus emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : «Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez.» S’écartant un peu, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui. Il disait: «Abba... Père ! Tout est possible pour toi, éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux !» 
 

MÉDITATION

Ce soir, le jardin rempli d’oliviers n’offre aucun réconfort.
Il fait peine à voir, ce visage écrasé à terre,
déchiré par l’angoisse qui oppresse lourdement le cœur.
Ils dorment, les amis choisis comme compagnons,
ceux-là mêmes qui avaient promis :
Nous serons toujours avec toi, Jésus.
Même les promesses dorment maintenant.
Tout à l’heure, après la cène, Pierre se vantait :
Quand bien même tous fuiraient, moi je resterai.
Mais maintenant il n’arrive même pas à garder les yeux ouverts.
Ces derniers pas, Jésus devait les parcourir tout seul.
La longue route de paroles et de miracles,
une route si remplie de gens,
l’a conduit ici :
dans un coin de terre pierreux,
dans une solitude immense, qui fait peur.
Face à terre : rien de majestueux dans cette scène,
à part la sincérité d’un homme qui reconnaît :
Mon âme est triste à mourir.
Lui qui calmait les eaux agitées par le vent
ne peut plus maintenant se donner la paix à lui-même.
La tempête, c’est l’angoisse
qui ébranle son esprit et son cœur,
comme elle ébranle l’esprit de millions d’hommes et de femmes,
hier, aujourd’hui et demain. 

Le combat peut durer longtemps,
et dans ce jardin il ne finira
que lorsque le Fils dira à son Père :
«Ce que tu veux, toi».
Une paix profonde
suivra la prière.

PRIÈRE

Jésus,
toi qui es entré à Gethsémani plein d’angoisse
et qui en es sorti l’esprit déterminé et pacifié,
fortifie ceux qui sont accablés par la peur ou ébranlés par le doute. 

Toi qui as fait l’expérience de notre faiblesse,
accorde force et espérance
à tous les désespérés de la terre. 

Toi qui chemines chaque jour
à côté de ceux qui sont écrasés par le poids de la vie,
marche à côté de chacun de nous,
pas à pas. 

À toi, Jésus,
prostré sur le sol, le visage maculé de sang,
honneur et gloire
avec le Père et l’Esprit Saint,
pour les siècles sans fin.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Stabat mater dolorosa
iuxta crucem lacrimosa,
dum pendebat Filius.
Debout, la Mère douloureuse
près de la Croix était en larmes
devant son Fils suspendu.

DEUXIÈME STATION

Jésus, trahi par Judas, est arrêté

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc 14,43.45-46

Judas, l’un des Douze, arriva avec une bande armée d’épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres, les scribes et les anciens. Judas, s’approchant de Jésus, lui dit: «Rabbi !» Et il l’embrassa.Les autres lui mirent la main dessus et l’arrêtèrent.
 

MÉDITATION

Dès que le traître-disciple est tombé de l’arbre,
le diable s’est envolé, à son tour il s’est approché ...
par un baiser il a brûlé de part en part les lèvres
qui dans la nuit de la trahison avaient embrassé le Christ.

Alexandr Pouchkine, poète russe (1836)

Dans cette nuit obscure et tragique de Gethsémani,
«la nuit même où il était livré»
(1 Co 11, 23),
le Fils de Dieu suscite en nous, par ses paroles et par ses gestes,
des sentiments divers, parfois opposés :
nous saisissons la richesse du dialogue spirituel avec les disciples
et nous éprouvons la joie du repas en commun;
nous contemplons les sommets d’intentions pures
et nous frémissons devant la mesquinerie de la trahison.
Jésus, le sage, celui qui voit tout,
suivant le dessein salvifique du Père,
marche vers le sacrifice pour la libération du genre humain.
Au traître-disciple il ne reste que le mépris universel pour la suite des siècles,
la «malédiction de Judas»,
l’abîme de ténèbres.
De la mort du Christ
jaillit la vie nouvelle,
mémoire et annonce d’une espérance impérissable:
le salut universel.

 

PRIÈRE

Seigneur Jésus,
dans nos divisions, fruit amer du péché,
montre-nous la route vers l’unité,
la voie qui conduit à la richesse indicible
de l’Évangile et de la Rédemption.
Le temps établi par le Père doit venir,
ce temps où se manifestera l’amour qui pardonne et qui unit.
Toi, sage Maître de vie,
toi, bon et patient,
face à la trahison du disciple
et à la domination des gouvernants,
donne-nous, en ces jours de violence inouïe
et de brutale opposition entre les hommes,
un rayon de ton calme et de ta sérénité. 
Donne-nous des sentiments de paix et de pardon,
car il n’y a pas de paix sans pardon,
il n’y a pas de pardon sans compassion. 
À toi, Jésus,
qui montres ton doux visage
à l’ami qui te trahit,
à toi la louange et l’honneur,
avec le Père et l’Esprit Saint,
aujourd’hui et dans le jour qui n’aura pas de fin.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Cuius animam gementem,
contristatam et dolentem
pertransivit gladius.
Dans son âme qui gémissait,
toute brisée, endolorie,
le glaive était enfoncé.

TROISIÈME STATION

Jésus est condamné par le Sanhédrin

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 14,55.60-62.64

Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire condamner à mort, et ils n’en trouvaient pas. Alors le grand prêtre se leva devant l’assemblée et interrogea Jésus: «Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ?» Jésus lui dit: «Je le suis.»Tous prononcèrent qu’il méritait la mort.
 

MÉDITATION

La machine judiciaire est en marche.
Celle qui condamne sans preuves, accuse sans motif,
juge sans appel, écrase l’innocent.
Justice sommaire, expéditive,
des dictatures modernes
et des situations de guerre.
Justice rendue parfois – suprême blasphème –
au nom du Dieu qui pardonne et qui gracie.
Jésus à la barre.
Comme toutes les victimes de l’arbitraire,
les présumés coupables de délits de conscience.
Ils résistent, refusent de ployer sous le joug du système,
du commandement qui écrase,
broie la personnalité et l’identité.
Contrôle d’identité : «Qui es-tu ?»
Tout homme qui arrive en prison reçoit un numéro.
À chaque instant, il doit montrer son matricule,
livrer sa fiche.
À l’heure de l’arbitraire,
la tâche et la gloire de l’Église, c’est de lui dire
qu’il n’est pas un numéro,
que tout homme a le droit d’être appelé par son nom.
«Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ?»
(Mc 14, 61).
La réponse est lumineuse : «Je le suis.» (Mc 14, 62).
Décliner son identité, annoncer sa foi,
sont parfois des actes passibles de mort.
Combien sont-ils pourtant à chercher Dieu ?
Combien le cherchent derrière des barreaux ?
Ou dans la prison de leur vie, de leurs souffrances ?
De la moquerie endurée, de la torture subie ?
Hommes et femmes de toutes les prisons,
traqués, marqués, blessés,
dépouillés face aux questions primordiales
du sens de la vie, du mal,
du repentir, du pardon et du salut,
du mystère de la Croix et de la Rédemption.
Peuple de chair et de sang.
Terre de rencontres, de visages, de voix, de cris.
Terre d’Évangile.

 

PRIÈRE

Jésus, il suffit que tu dises : «Je suis»
pour que nous venions.
Dans les prisons, des hommes et des femmes t’implorent,
veillent et prient dans la nuit.
Ils nous apprennent l’air qu’on respire,
le mal qui opprime,
la liberté qui se cherche.
Écoute leur supplication !
S’ils ne se savent pas pardonnés, aimés de toi et de nous,
si l’espérance leur est interdite,
ils sont doublement condamnés, enfermés dans les bras de la mort.
Accorde-leur ce que tu nous as donné :
la foi en toi et en ta présence,
l’amour de la vie,
l’espérance d’un monde nouveau.
Donne-nous et donne-leur les moyens de te chercher,
d’accepter l’attente, de te trouver. 
À toi, Jésus,
Bon Pasteur et Maître de nos vies,
Ami au visage clément,
la louange pure et reconnaissante,
avec le Père et l’Esprit Saint,
dans le temps et dans l’éternité.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

O quam tristis et afflicta
fuit illa benedicta
mater Unigeniti!
Qu'elle était triste et affligée,
la Mère entre toutes bénie,
la Mère du Fils unique!

 

QUATRIÈME STATION

Jésus est renié par Pierre

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 14,72

Un coq chanta pour la seconde fois. Alors Pierre se souvint de la parole de Jésus: «Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois.»Et il se mit à pleurer.
 

MÉDITATION

Le coq chante pour la seconde fois,
et les larmes de Pierre tombent sur le sol.
Qu’est-il arrivé à Céphas, le Roc ?
Il a renié son Rédempteur,
non pas une, ni deux, mais trois fois. 

De même que sa foi avait vacillé
quand il avait voulu marcher sur l’eau,
de même, une fois encore, Pierre révèle sa faiblesse.
Il avait inconsidérément promis de mourir
plutôt que de renier son Maître.
Mais finalement il a suffi d’une jeune servante
pour qu’il ait honte
de son amitié avec Jésus.
Mais dès que le regard de Jésus croise celui de Pierre,
l’Apôtre reconnaît sa triste erreur.
Humilié, il pleure et demande pardon à Dieu.
C’est une forte leçon que Pierre nous donne:
même les plus proches offenseront Jésus par leur péché.
Le chant du coq
ne sera jamais plus le même pour le Prince des Apôtres:
il lui rappellera à jamais
sa peur et sa fragilité.

 

PRIÈRE

Seigneur,
Donne-nous un cœur humble et contrit.
Fais que nous sachions verser des larmes pour nos fautes,
pour revenir nous faire embrasser tendrement par toi
chaque fois que nous t’avons tourné le dos.
Fais que nous apprenions de Pierre
à ne pas penser que notre foi est sûre
et à ne pas avoir la présomption de nous croire meilleurs que les autres.
Aide-nous à nous connaître nous-mêmes tels que nous sommes réellement,
fragiles, pécheurs,
ayant constamment besoin de ton pardon. 

À toi, Jésus,
qui regardes ton ami avec un visage serein,
la louange et la gloire,
avec le Père et l’Esprit Saint,
pour les siècles sans fin.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Quæ mærebat et dolebat
pia mater, cum videbat
Nati pœnas incliti.
Qu'elle avait mal, qu'elle souffrait
la tendre Mère, en contemplant
son divin Fils tourmenté!

CINQUIÈME STATION

Jésus est jugé par Pilate

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 15,14-15

Ils crièrent encore plus fort : «Crucifie-le !» Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas. Et après avoir fait flageller Jésus,il le leur livra pour qu’il soit crucifié.
 

MÉDITATION

«Qu’on le crucifie !»(Mt 27, 22).

Ce cri résonne avec force
chaque fois qu’un être humain est maltraité.
Chaque jour, chacun de nous se transforme en juge.
Nous pensons avoir le droit de juger
et de condamner le comportement des autres,
mais nous refusons d’être l’objet
du blâme et du jugement d’autrui.
Nous trouvons toujours une justification
pour nos fautes et nos erreurs. 

Jésus répond par le silence
face à l’hypocrisie et à l’orgueil du pouvoir,
à l’indifférence de ceux
qui fuient leurs propres responsabilités.
Il confirme ainsi l’enseignement donné à ses disciples :
«Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés;
ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés»
(Lc 6, 37).
Jésus a les mains liées,
mais il se sent libre.
Quand il accepte le mystère de la Croix,
il nous indique le véritable amour et la vraie justice.

PRIÈRE

Seigneur Jésus,
libère-nous de l’hypocrisie et de l’indifférence,
de la tentation de nous laver les mains
face à l’injustice. 

Accorde-nous l’humilité nécessaire
pour reconnaître nos erreurs.
Apprends-nous à refuser tout compromis
avec l’injustice et avec le mensonge. 

Aide-nous à faire régner le silence en nous
pour écouter le cri de ceux qui souffrent.
Éclaire ceux qui cherchent toujours
une justification pour leurs fautes. 

À nous tous, Seigneur,
toi qui as versé ton sang
pour prix de notre liberté,
donne ta voix,
afin que nous élevions la voix pour défendre les opprimés,
ceux qui souffrent en silence,
et que deviennent ainsi une réalité dans le monde
la paix, la justice et le pardon. 

À toi, Jésus,
le Condamné au visage innocent,
la louange pure et reconnaissante,
avec le Père et l’Esprit Saint,
dans le temps et pour l’éternité.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Quis est homo qui non fleret,
matrem Christi si videret
in tanto supplicio?
Quel est celui qui sans pleurer
pourrait voir la Mère du Christ
dans un supplice pareil ?

SIXIÈME STATION

Jésus est flagellé et couronné d’épines

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 15,17-19

Ils lui mettent un manteau rouge et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des révérences: «Salut, roi des Juifs.» Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui,et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.
 

MÉDITATION

Ô Christ, tu es le vrai Roi,
mais les hommes se sont moqués de toi,
ils t’ont couronné,
non pour t’adorer, mais pour te dénigrer.
Nous souffrons avec toi parce que les hommes
sont aveugles et sourds à ton message de salut.
Ton Royaume n’est pas de ce monde,
mais nous, les hommes, nous attendons faveurs, pouvoir, succès, richesses:
un monde sans souffrances.
Cependant nous provoquons la souffrance chez les autres,
même chez ceux qui ne sont pas nés, même chez les animaux. 

Par ton sacrifice,
tu nous a appris à rompre la spirale de la violence.
Vrai homme, tu as supporté des souffrances indicibles;
en contemplant ton visage,
nous arrivons à supporter nos souffrances,
dans l’espérance d’être accueillis dans ton Royaume,
le véritable et l’unique Royaume.

 

PRIÈRE

Ô Jésus, notre Roi,
pardonne notre incohérence:
nous pleurons sur tes souffrances
et nous frappons les autres pour faire prévaloir notre égoïsme. 

Sois pour nous, qui sommes égarés, un guide sûr,
pour nous, qui sommes faibles, une force dans l’épreuve,
pour nous, qui sommes inconstants, la fermeté dans la marche à ta suite. 

Fais que la violence des hommes
sois vaincue par ta douceur,
et que la souffrance incompréhensible, accueillie dans la foi,
devienne instrument de paix et de salut. 

À toi, Jésus,
Roi couronné d’épines, au visage doux et pacifique,
honneur et gloire,
avec le Père et l’Esprit Saint,
dans le temps éphémère et dans le jour qui ne finit pas.

 

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Quis non posset contristari,
piam matrem contemplari
dolentem cum Filio?
Qui pourrait sans souffrir comme elle
contempler la Mère du Christ
douloureuse avec son Fils ?

SEPTIÈME STATION

Jésus est chargé de sa croix

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 15,20-21a

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau rouge, et lui remirent ses vêtements.Puis ils l’emmenèrent pour le crucifier.
 

MÉDITATION

Jésus a pris sur lui
cette Croix qui était destinée
à chacun de nous.
Elle apparaît, à nos yeux,
comme le symbole du paradoxe et de la contradiction. 

Bien qu’il fût revêtu de la gloire
et du pouvoir qu’il a reçus du Père,
Jésus avait accepté une mort horrible, peu glorieuse,
pour le moins honteuse.
Il savait que la Croix était l’unique chemin
pour entrer dans l’intimité de l’homme;
une mort violente, l’unique moyen
de pénétrer nos cœurs avec douceur. 

Il est difficile de porter cette Croix du paradoxe
dans la société contemporaine, mondialisée,
dominée par le pouvoir économique, politique et militaire. 

Les puissants du monde se liguent
pour exercer des représailles,
pour frapper les populations pauvres et à bout de forces. 

On va jusqu’à justifier le terrorisme
au nom de la «justice» et de la «défense» des pauvres.
C’est un message violent que celui des puissants:
il envahit violemment notre cœur,
qui devient un cœur de pierre. 

C’est aussi pour cette grande part de l’humanité souffrante,
pour les victimes de la violence et de l’injustice,
que Jésus porte sa Croix.

 

PRIÈRE

Seigneur,

donne-nous la force et le courage
de prendre notre part de ta Croix et de tes souffrances
dans notre vie quotidienne et dans nos engagements professionnels. 

Répands sur nous l’esprit de service et de sacrifice,
afin que nous ne recherchions ni le pouvoir ni la gloire,
mais que nous devenions des instruments de solidarité et de paix
pour ceux qui sont accablés par la violence
et par l’injustice des puissants de ce monde. 

À toi, Jésus,
chargé de la Croix, le visage marqué par la fatigue,
notre salutation pleine d’admiration reconnaissante
ainsi qu’au Père et à l’Esprit Saint,
pour les siècles des siècles.

 

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Pro peccatis suæ gentis
vidit Iesum in tormentis

et flagellis subditum.
Pour les péchés de tout son peuple
elle le vit dans ses tourments,
subissant les coups de fouet.

HUITIÈME STATION

Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa Croix

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 15,21

Et ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus,qui revenait des champs.
 

MÉDITATION

Un homme qui revenait des champs
entra à Jérusalem pour affaires.
Un étrange cortège lui barra la route.
Dans une rue étroite et bondée,
des soldats, des femmes qui pleurent,
quelques fanatiques aux yeux remplis de haine
et un condamné qui n’avait plus la force
de porter sur ses épaules le bois de la honte.
Les soldats cherchent quelqu’un
pour le soulager de ce poids.
Ils ne le font pas par pitié :
ils doivent respecter l’heure de l’exécution.
Ils choisissent le premier qui se présente
parce qu’il semble assez robuste. 

Un homme qui revenait des champs
entra à Jérusalem pour affaires.
Il y a gagné :
cinq minutes dans l’histoire du salut,
une phrase dans l’Évangile.
Il a connu gratuitement le poids de la Croix.
Voici que le mystère est dévoilé.
La Croix est trop lourde pour Dieu,
qui s’est fait homme.
Jésus a besoin de solidarité.
L’homme a besoin de solidarité.
Il nous a été dit:
«Portez les fardeaux les uns des autres» (Ga 6, 2).
Solidarité.

 

PRIÈRE

Seigneur,
tu as dit: «Si quelqu’un veut marcher derrière moi,
qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix,
et qu’il me suive
» (Mc 8, 34).
Comme puis-je le faire ?
Enseigne-le moi,
et puisses-tu par ta grâce vaincre en moi
la peur de la haine d’autrui,
la peur de la souffrance,
la peur d’une mort solitaire,
la peur de la peur. 

Seigneur, prends pitié de ma faiblesse ! 

À toi, Jésus,
abattu par la peine, le visage marqué par la fatigue,
notre amour compatissant et reconnaissant,
avec le Père et l’Esprit Saint,
avec lesquels tu ne fais qu’un,
dans le temps qui passe et dans l’éternité immuable.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Tui Nati vulnerati,
tam dignati pro me pati
pœnas mecum divide.
Ton enfant n'était que blessures,
lui qui daigna souffrir pour moi;
donne-moi part à ses peines.

NEUVIÈME STATION

Jésus rencontre les femmes de Jérusalem

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Luc. 23,27-28.31

Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit: «Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Car si l’on traite ainsi l’arbre vert,que deviendra l’arbre sec ?»
 

MÉDITATION

Un chant funèbre accompagne
la marche du Condamné à mort.
Le long du chemin qui mène au Calvaire
les femmes pleurent et se frappent la poitrine.
Elles ne savent pas qu’en échange de leurs larmes,
elles recevront la terrible prophétie
du temps à venir. 

Ne pleurez pas sur moi.
Gardez vos pleurs
pour les années et les jours à venir,
car, s’ils traitent ainsi l’Innocent,
qu’en sera-t-il de vous et de vos enfants ?
Jésus connaît la réponse à la question
qu’il pose aux femmes de Jérusalem. 

Lui, chargé de la Croix,
chancelle sous le poids du péché et de la souffrance des hommes,
qu’il a voulus comme frères.
Il sait déjà combien est longue dans l’histoire
la voie douloureuse qui conduit aux «Calvaires» du monde.

 

PRIÈRE

Seigneur Jésus Christ,
tu nous connais au plus profond de notre cœur,
tu connais la capacité de bien et de mal qui réside en chaque homme:
apprends-nous à pardonner
et à demander pardon,
à avoir pitié de nous-mêmes et des autres. 

Souviens-toi de Jérusalem,
bénie par ton amour, déchirée par la haine des hommes.
Donne paix et résurrection 
aux hommes et aux femmes de cette Terre sainte. 

À toi, Jésus,
dont le visage resplendit de la lumière du Père
et de la tendresse de la Mère,
louange et gloire
avec la Lumière éternelle et l’éternel Amour,
au temps de l’attente et jusque dans l’accomplissement éternel.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Eia, mater, fons amoris,
me sentire vim doloris
fac, ut tecum lugeam.
Daigne, ô Mère, source d'amour,
me faire éprouver tes souffrances
pour que je pleure avec toi.

DIXIÈME STATION

Jésus est crucifié

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 15,24

Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
 

MÉDITATION

Jésus est crucifié.
Ses mains et ses pieds sont transpercés par des clous implacables.
Dépouillé de ses vêtements,
il est alors couvert par les péchés du monde.
Par amour, il se laisse crucifier,
dans l’amour, la souffrance humaine acquiert une valeur salvifique.
Soutenues par cette certitude,
des générations d’hommes et de femmes, jeunes et vieux,
suivent le Crucifié
dans cette radicale expérience d’amour. 

Aujourd’hui, les plaies du Sauveur continuent de saigner,
envenimées par les clous de l’injustice,
du mensonge et de la haine,
des outrages, des sacrilèges et de l’indifférence.
Sur les paumes de ses mains transpercées par les clous
est inscrit le nom de ceux qui,
avec lui, continuent d’être crucifiés.

PRIÈRE

Seigneur Jésus,
cloué sur le bois par amour pour nous,
donne-nous ta liberté. 

Enseigne-nous à vaincre la peur de la souffrance
avec la force qui jaillit de ta Croix.
Fais-nous pénétrer dans ce mystère d’amour,
qui transforme en moments de grâce
même les humbles instants de chaque jour. 

Jésus, élevé sur la Croix,
attire à toi ceux qui cherchent ton visage;
viens en aide à ceux qui ont part à tes souffrances
afin qu’ils découvrent le sens du mystérieux appel
qui les invite à partager ta passion et la souffrance du monde. 

À toi, Jésus,
le Crucifié, sur le visage duquel resplendit la miséricorde,
notre adoration reconnaissante
avec le Père et l’Esprit Saint,
aujourd’hui et pour les siècles éternels.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Fac ut ardeat cor meum
in amando Christum Deum,
ut sibi complaceam.
Fais qu'en mon coeur brûle un grand feu
pour mieux aimer le Christ mon dieu
et que je puisse lui plaire.

Onzième station

Jésus promet son Royaume au bon larron

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Luc. 23,39-43

L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait: «N’es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même, et nous avec!» Mais l’autre lui fit de vifs reproches: «Tu n’as donc aucune crainte de Dieu! Tu es pourtant un condamné, toi aussi! Et puis, pour nous, c’est juste: après de ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal.» Et il lui disait: «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne.» Jésus lui répondit: «Amen, je te le déclare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.»
 

MÉDITATION

«Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis» (Lc 23, 43):
c’est la parole la plus consolante
que Jésus prononce dans l’Évangile.
Elle est d’autant plus encourageante
qu’il l’adresse à un malfaiteur.
Certes, le bon larron avait tué,
peut-être plus d’une fois,
et il ne savait rien de Jésus,
sinon ce qu’il avait entendu crier par la foule. 

Mais voici qu’il écoute les paroles de pardon
que le Nazaréen adresse aux crucifiés
et il perçoit, en un éclair,
quel est ce Royaume dont le «prophète» a parlé.
Aussitôt il le défend des moqueries de l’autre malfaiteur,
et aussitôt il invoque le salut.
Un sentiment de solidarité
et un appel à l’aide ont suffi pour le sauver. 

Ce larron nous représente tous.
Ce bref épisode nous enseigne
que le Royaume prêché par Jésus
n’est pas difficile à atteindre
pour celui qui l’invoque.

 

PRIÈRE

Seigneur Jésus,
toi qui as promis le paradis
au malfaiteur qui, de sa croix voisine de la tienne, s’adressait à toi,
souviens-toi aussi de nous, maintenant que tu es dans ton Royaume.
Fais descendre ta promesse réconfortante de vie éternelle et d’éternel amour
sur toute femme et sur tout homme
qui affronte le moment de la mort. 

À toi, Jésus,
le Condamné au visage accueillant,
louange et remerciement éternel,
avec le Père et l’Esprit Saint,
aujourd’hui et pour les siècles éternels.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Sancta mater, istud agas,
Crucifixi fige plagas
cordi meo valide.
Ô sainte Mère, daigne donc
graver les plaies du Crucifié
profondément dans mon cœur.

DOUXIÈME STATION

Jésus en Croix, sa Mère et le Disciple

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Jean. 19,26-27

Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : «Femme, voici ton fils.» Puis il dit au disciple : «Voici ta mère.»Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
 

MÉDITATION

Marie, tu es debout au pied de la Croix;
et le disciple le plus jeune
se tient auprès de toi.
Au cœur de la rumeur des soldats et de la foule,
vos regards silencieux sont levés vers le Christ. 

Marie, as-tu levé les mains,
pour recueillir le sang sur le bois,
la sève de l’arbre de vie ?
Tes larmes ont-elles irrigué la terre,
cette terre où tant de mères déposent leur fils ? 

Toi qui, dès le commencement,
as médité toutes choses dans ton cœur,
dans le silence et l’abandon,
dans la paix et la confiance...
Maintenant, tu donnes ton fils au monde,
et tu reçois le disciple qu’il aimait. 

Dès cet instant, Jean t’accueille
dans son âme et dans sa vie,
et cette force de l’Amour se répand en lui.
Il est désormais dans l’Église le témoin de la lumière,
qui, par son Évangile, déploie l’Amour du Sauveur.

 

PRIÈRE

Ô Christ qui, de la Croix, contemples ta mère et ton disciple,
donne-nous, au cœur des souffrances,
l’audace et la joie de te recevoir
et de te suivre dans l’abandon. 

Ô Christ, source de toute vie,
de toute grâce et de toute beauté,
donne-nous de contempler ton visage souriant,
toi qui sauves le monde et le mènes vers ton Père. 

Ô Christ, notre louange monte vers toi,
guidée par l’Église et par ta Mère,
donne-nous de voir dans la folie de la Croix
la promesse de notre résurrection. 

À toi, Jésus,
dont le visage resplendit à l’heure des ténèbres
comme celui du Maître, du Fils et de l’Ami,
notre amour et notre reconnaissance,
ainsi qu’au Père et à l’Esprit Saint,
dans le temps qui passe et dans l’éternité immuable.

 

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Vidit suum dulcem Natum
morientem desolatum,
cum emisit spiritum.
Elle vit son enfant très cher
mourir dans la désolation
alors qu'il rendait l'esprit.

TREIZIÈME STATION

Jésus meurt sur la Croix

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 15,34.36-37

Et à trois heures, Jésus cria d’une voix forte : «Éloï, Éloï, lama sabactani ?», ce qui veut dire : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire en disant : «Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là !»Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.
 

MÉDITATION

Jamais,
comme à l’heure de sa mort,
l’heure la plus importante de l’histoire de l’humanité,
Jésus ne nous a été plus proche. 

Comme l’un de nous, au moment de sa fin,
Jésus est dans l’impuissance, en proie à l’angoisse.
On meurt seul.
Les clous transpercent sa chair,
mais surtout son esprit.
Le Père l’aurait-il abandonné ?
Il souffre pour le supplice de sa Mère,
choisie pour donner la vie à un fils
qu’elle verra mourir. 

Pourtant, dans l’amour et dans l’obéissance,
Jésus accepte le dessein de son Père.
Il sait que, sans le don de sa vie,
notre mort serait privée d’espérance,
les ténèbres du désespoir ne se changeraient pas en lumière,
la souffrance ne déboucherait pas sur la consolation,
sur l’espérance de l’éternité.

 

PRIÈRE

Merci, Jésus,
d’avoir, par ta mort,
vaincu notre mort.
Permets que les croix de tous ceux qui, comme toi,
meurent par les mains d’autres hommes,
se transforment en arbres de la vie. 

Merci, Jésus,
d’avoir fait de la Croix,
lieu de souffrance et de mort,
le signe de notre réconciliation avec le Père :
Fais que ton sacrifice
sèche toutes les larmes qui sont dans le monde,
en particulier les larmes de ceux qui, comme ta Mère,
portent la croix de la mort d’un innocent. 

À toi, Jésus,
la tête inclinée sur le bois et le visage désormais éteint,
la louange d’adoration et de reconnaissance,
au jour qui baisse
et au jour de la lumière qui ne s’éteint pas.

 

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Fac me vere tecum flere,
Crucifixo condolere,
donec ego vixero.
Que vraiment je pleure avec toi,
qu'avec le Christ en Croix je souffre,
chacun des jours de ma vie!

QUATORZIÈME STATION

Jésus est mis au tombeau

V.Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.

R.Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.

Évangile selon saint Marc. 15,46

Joseph d’Arimathie acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un sépulcre qui était creusé dans le roc.Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau.
 

MÉDITATION

Après le terrible coup de tonnerre survenu au moment de la mort,
le grand silence.
Les disciples de la nuit,
qui par crainte suivaient le Maître en cachette,
n’ont désormais plus peur.
À la lumière du jour,
ils demandent à Pilate le corps de Jésus pour la sépulture. 

La Vierge du grand silence,
qui a porté dans ses entrailles le Fruit béni
– Celui que l’univers ne peut contenir –,
accueille de nouveau sur son sein
le corps de Jésus descendu de la Croix :
elle le contemple en l’adorant, elle le vénère dans son immense douleur. 

Le Roi dort, mais son Épouse veille :
voici le jour du repos de Dieu.
La création dort avec son Roi
dans l’attente du réveil.
Le Fils de Dieu descend dans les enfers
pour racheter ceux que la mort retient.
Sa lumière bouleverse les ténèbres de l’Hadès.
La terre tremble et les tombeaux s’ouvrent.
Jésus vient pour libérer les justes
et les ramener à la lumière de la résurrection. 

Il a été englouti par les ténèbres de la mort,
mais pour revenir à la plénitude de la lumière et de la vie :
de même que le grand poisson retint Jonas dans son ventre,
pour le rendre, trois jours après,
de même la terre ouvrira ses entrailles
pour libérer le corps lumineux du Vivant.

 

PRIÈRE

Jésus, tu t’es fait le plus petit d’entre les hommes,
tu t’es laissé tomber en terre comme une graine.
À présent, de cette graine a germé
l’arbre de la Vie, qui embrasse l’univers. 

Seigneur, fais qu’à l’exemple
des femmes pieuses qui se rendirent au tombeau de bon matin
avec du baume et des onguents,
nous venions nous aussi à ta rencontre
avec les arômes et les parfums de notre pauvre amour. 

Jésus, dans nos églises, tu nous attends :
tu attends, inquiet, quelqu’un
qui sache se faire petit et humble comme toi dans l’Eucharistie,
qui sache t’adorer et témoigner de ton amour devant les hommes,
te reconnaître dans les pauvres et dans ceux qui souffrent. 

Fais que chacun de nous devienne
ton adorateur et ton témoin
dans le mystère du tabernacle eucharistique
et dans le sacrement de l’homme affamé, assoiffé, malade. 

À toi, Jésus,
dont le visage serein est marqué par la raideur hiératique de la mort,
notre amour et notre adoration,
en ce soir et au jour qui ne finit pas.

R.Amen.

Tous:

Pater noster, qui es in cælis:
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Quando corpus morietur,
fac ut animæ donetur
paradisi gloria. Amen.
Au moment où mon corps mourra,
fais qu'à mon âme soit donnée
la gloire du Paradis. Amen.

Le Saint-Père adresse la parole aux fidèles présents.

À la fin de l’allocution, le Saint-Père donne la Bénédiction apostolique :

V.Dominus vobiscum.

R.Et cum spiritu tuo.

V.Sit nomen Domini benedictum.

R.Ex hoc nunc et usque in sæculum.

V.Adiutorium nostrum in nomine Domini.

R.Qui fecit cælum et terram.

V.Benedicat vos omnipotens Deus,
Pater, et Filius, et + Spiritus Sanctus.

R.Amen.

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