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SYNODUS EPISCOPORUM
BULLETIN

XIII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DU SYNODE DES ÉVÊQUES
7-28 OCTOBRE 2012

La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne


Ce Bulletin est seulement un instrument de travail à usage journalistique.
Les traductions n'ont pas de caractère officiel.


Édition française

10 - 11.10.2012

RÉSUMÉ


- CARREFOURS - PREMIÈRE SESSION (MERCREDI 10 OCTOBRE 2012, MATIN)
- CINQUIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (MERCREDI 10 OCTOBRE 2012, APRÈS-MIDI)
- AVIS

CARREFOURS - PREMIÈRE SESSION (MERCREDI 10 OCTOBRE 2012, MATIN)


Ce matin, mercredi 10 octobre 2012, ont débuté les travaux des Carrefours de
la XIII Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, auxquels étaient présents 250 Pères synodaux, pour l’élection des Modérateurs et des Rapporteurs des Carrefours et pour le début de la discussion sur le thème synodal.

Les noms des Modérateurs et des Rapporteurs des Carrefours élus, communiqués par le Secrétaire général du Synode des Évêques au cours de la Cinquième Congrégation générale de cet après-midi, sont publiés dans ce Bulletin.

CINQUIÈME CONGRÉGATION GÉNÉRALE (MERCREDI 10 OCTOBRE 2012, APRÈS-MIDI)


-
LISTE DES MODÉRATEURS ET DES RAPPORTEURS DES CARREFOURS
- INTERVENTIONS EN SALLE (SUITE)

- INTERVENTION DE
S.G. ROWAN DOUGLAS WILLIAMS, ARCHEVÊQUE DE CANTERBURY, PRIMAT DE TOUTE L'ANGLETERRE ET DE LA COMMUNION ANGLICANE (GRANDE-BRETAGNE)

À 16h30 aujourd’hui, mercredi 10 octobre 2012, avec la récitation du Psaume 22 (23), a débuté la Cinquième Congrégation générale, pour la suite des interventions en salle des Pères synodaux sur le thème «La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne».

Le Président délégué du jour était: S.Ém. le Card. Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de Kinshasa (RÉP. DEM. DU CONGO).

À 18h00, en présence du Saint-Père, le Président délégué a donné la parole à S.G. Rowan Douglas WILLIAMS, Archevêque de Canterbury, Primat de toute l'Angleterre et de la Communion anglicane (GRANDE-BRETAGNE).

Au terme de la Congrégation, l’Archevêque de Canterbury a été reçu en audience par le Saint-Père dans le bureau de la salle du Synode.

A suivi un temps pour les interventions libres.

À cette Congrégation générale, qui s’est achevée à 19h00 par la prière de l’Angelus Domini, ineétaient présents 250 Pères.


LISTE DES MODÉRATEURS ET DES RAPPORTEURS DES CARREFOURS

À l’ouverture de la Cinquième Congrégation générale, le Secrétaire général du Synode des Évêques,
S.Exc. Mgr Nikola ETEROVIĆ, Archevêque titulaire de Cibale (CITÉ DU VATICAN), a lu la Liste des Modérateurs et des Rapporteurs des Carrefours élus au cours de la Première Session de ce matin:

Modérateurs

Anglicus A
- S. Ém. Rév. le Card. Wilfrid Matthew NAPIER, O.F.M., Archevêque de Durban (AFRIQUE DU SUD)

Anglicus B
- S. Exc. Rév. Mgr Diarmuid MARTIN, Archevêque de Dublin (IRLANDE)

Anglicus C
- S. Ém. Rév. le Card. Oswald GRACIAS, Archevêque de Bombay, Secrétaire général de la "Fédération des Conférences Épiscopales d'Asie" (FABC) (INDE)

Anglicus D
- S. Ém. Rév. le Card. George PELL, Archevêque de Sydney (AUSTRALIE)

Gallicus A
- S. Ém. Rév. le Card. Jean-Louis TAURAN, Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux (CITÉ DU VATICAN)

Gallicus B
- S. Exc. Rév. Mgr Yves PATENÔTRE, Archevêque de Sens (FRANCE)

Germanicus
- S. Exc. Rév. Mgr Ägidius Johann ZSIFKOVICS, Évêque d'Eisenstadt (AUTRICHE)

Hispanicus A
- S. Exc. Rév. Mgr Carlos AGUIAR RETES, Archevêque de Tlalnepantla, Président de la Conférence Épiscopale, Président du Conseil épiscopal latino-américain (C.E.L.AM.) (MEXIQUE)

Hispanicus B
- S. Exc. Rév. Mgr Julio César TERÁN DUTARI, S.I., Évêque d'Ibarra (ÉQUATEUR)
Italicus A- S. Ém. Rév. le Card. Leonardo SANDRI, Préfet de la Congrégation pour les Églises Orientales (CITÉ DU VATICAN)

Italicus B
- S. Ém. Rév. le Card. Angelo BAGNASCO, Archevêque de Gênes, Président de la Conférence Épiscopale (ITALIE)

Italicus C
- S. Ém. Rév. le Card. Fernando FILONI, Préfet de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples (CITÉ DU VATICAN)

Rapporteurs

Anglicus A
- S. Exc. Rév. Mgr Joseph Edward KURTZ, Archevêque de Louisville, Vice-Président de la Conférence épiscopale (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)

Anglicus B
- S. Exc. Rév. Mgr Bernard LONGLEY, Archevêque de Birmingham (GRANDE-BRETAGNE (ANGLETERRE ET PAYS DE GALLES)

Anglicus C
- S. Exc. Rév. Mgr Philip TARTAGLIA, Archevêque de Glasgow (ÉCOSSE)

Anglicus D
- S. Exc. Rév. Mgr Kieran O'REILLY, S.M.A., Évêque de Killaloe (IRLANDE)

Gallicus A
- S. Exc. Rév. Mgr Dominique REY, Évêque de Fréjus-Toulon (FRANCE)

Gallicus B
- S. Exc. Rév. Mgr Claude DAGENS, Archevêque d'Angoulême (FRANCE)

Germanicus
- S. Exc. Rév. Mgr Ladislav NEMET, S.V.D., Évêque de Zrenjanin (SERBIE ET MONTÉNÉGRO)

Hispanicus A
- S. Exc. Rév. Mgr Ricardo BLÁZQUEZ PÉREZ, Archevêque de Valladolid (ESPAGNE)

Hispanicus B
- S. Exc. Rév. Mgr Santiago Jaime SILVA RETAMALES, Évêque titulaire de Bela, Évêque auxiliaire de Valparaíso, Secrétaire général du Conseil épiscopal latino-américain (C.E.L.AM.) (COLOMBIE)

Italicus A
- S. Exc. Rév. Mgr Salvatore FISICHELLA, Archevêque titulaire de Voghenza, Président du Conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation (CITÉ DU VATICAN)
Italicus B

- S. Exc. Rév. Mgr Bruno FORTE, Archevêque de Chieti-Vasto (ITALIE)

Italicus C
- Rév. P. Renato SALVATORE, M.I., Supérieur général des Clercs réguliers ministres des infirmes (Camilliens) (ITALIE)

INTERVENTIONS EN SALLE (SUITE)

Sont intervenus les Pères suivants:

- S. Ém. Rév. le Card.
Jean-Louis TAURAN, Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux (CITÉ DU VATICAN)
- S. Exc. Rév. Mgr Pascal WINTZER, Archevêque de Poitiers (FRANCE)
- S. Exc. Rév. Mgr Louis PELÂTRE, A.A., Évêque titulaire de Sasima, Vicaire apostolique d'Istanbul, Administrateur apostolique de l'Exarchat apostolique d'Istanbul (TURQUIE)
- S. Exc. Rév. Mgr Luis Augusto CASTRO QUIROGA, I.M.C., Archevêque de Tunja (COLOMBIE)
- S. Exc. Rév. Mgr Christopher Charles PROWSE, Évêque de Sale (AUSTRALIE)
- Rév. P. Adolfo NICOLÁS PACHÓN, S.I., Preposé Général de la Compagnie de Jésus
- S. Exc. Rév. Mgr Joseph KALLARANGATT, Évêque de Palai des Syro-Malabares (INDE)
-
S. Ém. Rév. le Card. Vinko PULJIĆ, Archevêque de Vrhbosna (BOSNIE ET HERZÉGOVINE)
- S. Exc. Rév. Mgr Joseph ATANGA, S.I., Archevêque de Bertoua, Président de la Conférence Épiscopale (CAMEROUN)
- S. Exc. Rév. Mgr Sérgio DA ROCHA, Archevêque de Brasília (BRÉSIL)
- S. Exc. Rév. Mgr Ricardo BLÁZQUEZ PÉREZ, Archevêque de Valladolid (ESPAGNE)
- S. Exc. Rév. Mgr Héctor Rubén AGUER, Archevêque de La Plata (ARGENTINE)
- S. Exc. Rév. Mgr Benedito Beni DOS SANTOS, Évêque de Lorena (BRÉSIL)
- S. Exc. Rév. Mgr William Charles SKURLA, Archevêque de Pittsburg des Byzantins, Président du Conseil de l'Église ruthène (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)
- Rév. P. Josep María ABELLA BATLLE, C.M.F., Supérieur Général de la Congrégation des Missionaires Fils du Coeur Immaculé de Marie
-
S. Ém. Rév. le Card. Stanisław DZIWISZ, Archevêque de Cracovie (POLOGNE)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des interventions:

- S. Ém. Rév. le Card. Jean-Louis TAURAN, Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux (CITÉ DU VATICAN)

Je me réfère au n° 73 de l' Instrumentum laboris.
On y lit : “le contexte interreligieux et la confrontation avec les grandes religions de l'Orient sont accueillis favorablement comme une occasion donnée à nos communautés chrétiennes pour approfondir la compréhension de notre foi grâce aux questions qu'une telle confrontation suscite en nous”.
Des chrétiens, ignorant souvent le contenu de leur foi et incapables pour cela de la vivre et d'en vivre, ne sont pas aptes au dialogue interreligieux qui commence toujours par l'affirmation de ses propres convictions: aucune place pour le syncrétisme ou le relativisme! Face à des adeptes d'autres religions à l'identité religieuse forte, il est nécessaire de présenter des chrétiens motivés et doctrinalement équipés. Ce qui rend la nouvelle évangélisation une priorité, afin de former des chrétiens cohérents, capables de rendre compte de leur foi, avec des mots simples et sans peur.
Le dialogue interreligieux devient ainsi une occasion d'approfondissement et de témoignage de sa foi. Il me semble qu’aujourd’hui les croyants doivent relever trois défis :
Le défi de l'identité: qui est mon Dieu? Ma vie est-elle en harmonie avec mes convictions?
Le défi de l'altérité: celui qui pratique une religion autre que la mienne n'est pas nécessairement un adversaire, mais plutôt un pèlerin de la vérité;
Le défi du pluralisme :Dieu est à l'œuvre en chaque personne, par des voies connues de Lui seul (AG 7).
Certes, il ne s'agit pas de mettre notre foi entre parenthèses, de plier face aux persécutions et discriminations dont sont victimes tant de nos frères et sœurs de par le monde, en particulier chrétiens. Il faut au contraire dénoncer avec la plus grande vigueur la violence qui blesse et qui tue. Elle est d'autant plus injustifiable quand elle se pare du bouclier d'une religion.
Cependant, on doit évoquer également des aspects positifs, tels que l'amitié au quotidien qui s'exprime par des gestes de fraternité et de proximité. L'harmonie entre croyants apporte souvent aux sociétés dont ils sont membres une dimension spirituelle de la vie, antidote à la déshumanisation et aux conflits.
Je pense, par exemple aux journées que nous venons de vivre au Liban.
Vous y avez rappelé, très Saint-Père, que le vivre ensemble suppose la confiance en l'autre, le refus de la vengeance, la reconnaissance de ses torts et le courage du pardon. Alors, et je vous cite, " alors seulement peut croître la bonne entente entre les cultures et les religions, la considération sans condescendance, des unes pour les autres, et le respect des droits de chacune" (Palais présidentiel de Baabda 15 IX.12). Et nous avons entendu le Mufti de la République affirmer: “pour nous, musulmans, les chrétiens sont une richesse”. Il faut mentionner aussi que tlinela télévision Al Jazeera a pratiquement transmis en direct les divers rendez-vous de ce voyage apostolique dont le message a pu ainsi rejoindre des millions de familles musulmanes.
Au milieu de tant d'appréhensions, il est salutaire de mentionner ces signes positifs qui pavent le long chemin qui mène au dialogue serein et fécond.
Le 28 octobre 1965, les Pères conciliaires, se référant aux traditions religieuses orientales, n'hésitaient à affirmer que “l'Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est bon et saint dans ces religions... qui apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes” (Nostra Aetate, 2). On peut sans doute appliquer ce principe à d'autres religions.
En tous les cas, malgré les difficultés, les ambiguïtés et les reculs, aucun des partenaires engagés dans ce dialogue entre croyants ne l'a remis en question! Peut-être parce que ici ou là, des hommes et des femmes ont eu le courage de persévérer, montrant ainsi que la croyance religieuse inspire la paix, encourage la solidarité, promeut la justice et défend la liberté.

[00102-03.03] [IN074] [Texte original: français]

- S. Exc. Rév. Mgr Pascal WINTZER, Archevêque de Poitiers (FRANCE)

L’Église dans le monde de ce temps a la mission d’annoncer l’Évangile aux hommes de ce temps.
En 50 ans, la notion de " monde" est passée du singulier au pluriel : nous sommes dans un monde globalisé certes, mais aussi éclaté. D’où un enjeu essentiel, celui de l’unité, de la communion, des sociétés, des personnes, et bien sûr de l’unique Église de Jésus-Christ.
En 2012, tout au moins en Occident, l’Église catholique se sait distincte de la société; présente en elle, mais sans totalement la recouvrir.
Tout comme le Seigneur se met à l’écoute de ce qui est dit de lui: " pour les hommes, qui suis-je? " (Mt 16, 13), l’Eglise doit aussi entendre ce qui est dit d’elle; elle est moins celle qui se donne une identité que celle qui la reçoit: de son Seigneur avant tout, mais aussi de ce que les hommes disent d’elle.
Je pense que le terme de communauté ne doit pas être employé de manière exclusive. Parmi ceux qui suivent le Seigneur, dans l’Evangile, il y a les disciples, mais il y a aussi les foules.
Les évêques ne peuvent s’adresser qu’au seul premier groupe, à la suite du Seigneur, ils parlent à tous, particulièrement aux autres.
Le discours communautaire me semble dangereux et faux s’il est le seul dans lequel nous nous situons.
Le monde a changé, et aussi la place de l’Église dans le monde; rêver d’un retour de la chrétienté est un leurre, une illusion, et repose sur la sacralisation d’une forme historique de la présence de l’Église catholique.
L’Église ne doit pas craindre de se montrer au monde, de s’exposer au regard de la société. Celle-ci doit alors, dans ses institutions, ses finances, sa manière de se dire avec clarté, être un témoin audible et crédible.
Il s’agit de se tourner vers l’avant, de vivre et de dire ce q ui fait la joie de l’Église: son Seigneur.

[00063-03.03] [IN040] [Texte original: français]

- S. Exc. Rév. Mgr Louis PELÂTRE, A.A., Évêque titulaire de Sasima, Vicaire apostolique d'Istanbul, Administrateur apostolique de l'Exarchat apostolique d'Istanbul (TURQUIE)

L'Église de Turquie est dans la continuité de la 1
ère évangélisation de l'Asie Mineure par les Apôtres. Après des périodes de prospérité, les aléas de l'histoire ont réduit au début du 20e siècle, le nombre des chrétiens à moins de 1 % de la population.
Les destinataires de l'évangélisation sont aujourd'hui: le petit troupeau des fidèles pratiquants, la masse des Catholiques non-pratiquants, les autres confessions chrétiennes et la quasi-totalité des habitants du pays, pratiquants ou sociologiquement musulmans.
Pour ces derniers, nous nous sentons concernés par le N° 74 de l’Instrumentum Laboris: “Il ne faut pas uniquement mesurer l'évangélisation sur les paramètres quantitatifs de réussite”. La Redemptoris Missio N° 55&56 affirme clairement que “le dialogue est un chemin vers le Royaume”. C'est ce que nous constatons quand nous voyons des activités interreligieuses se mettre en place, telle cette chorale qui se compose de 5 confessions exécutant ensemble les chants religieux des uns et des autres.
Dans certaines circonstances, l'annonce de Jésus-Christ est également possible. Le Catéchisme de l'Église catholique a été traduit en turc avec d'autres publications. La jeune génération s'instruit de la foi chrétienne sur internet. N'ayant pratiquement pas accès aux radios et télévisions publiques on peut cependant utiliser les réseaux privés beaucoup plus utilisés par les Protestants évangéliques que par les Catholiques.
D'où la nécessité d'ouvriers bien préparés et qualifiés pour la moisson qui nous attend. Cet apostolat spécifique ne peut se satisfaire de bonne volonté et d'improvisation.

[00064-03.03] [IN044] [Texte original: français]


- S. Exc. Rév. Mgr Luis Augusto CASTRO QUIROGA, I.M.C., Archevêque de Tunja (COLOMBIE)

Le coeur parle au coeur. La première annonce est issue d’un coeur qui a vécu personnellement l’expérience de Jésus et, par des chemins divers, parvient à un autre coeur, pour lequel c’est une nouveauté et un défi. Dans ce processus, trois étapes indispensables peuvent être résumées par la formule RRM.
R: Rencontre du disciple avec Jésus, une rencontre d’amour, surprenante, transformante et personnelle.
R: Ressembler à Jésus. Origène notait que la tâche de l’Esprit Saint est de nous porter à ce que nous ressemblions à Jésus.
M: Montrer, comme de bons témoins, cette expérience de Jésus aux autres. C’est rendre public ce qui est privé. C’est communiquer le vécu. C’est vivre l’expérience mais pour la raconter, pour la répandre, non pas sur la terre fertile, mais sur une terre aride qui manque de foi en Jésus. C’est la tâche de l’Esprit Saint que cette première annonce simple se transforme en porte de la foi. Cette formule si simple du RRM: rencontre, ressembler, montrer, doit être accompagnée d’une autre formule: AFD: Allez, faites des disciples. C’est un commandement de Jésus. Je me réfère seulement au début de la nouvelle évangélisation, aux aspects les plus négligés, les plus oubliés, au fait qu’il faille recommencer à sentir en profondeur. C’est comme le premier appel avant tous les autres. C’est comme la phrase de Jésus à Zachée: “il me faut aujourd'hui demeurer chez toi”. Les premiers chrétiens, grâce à la force de la première annonce portèrent Jésus partout sans privilégier ni la culture, ni l’État, ni la religion, ni l’opinion publique. Ainsi, l’Église est aujourd’hui présente dans de nombreux lieux de la terre. Inventons, construisons des chemins et des formes nouvelles qui aident à semer le grain de la première annonce de Jésus dans la vie de ceux qui ne croient pas encore en Lui.

[00065-03.06] [IN042] [Texte original: espagnol]

- S. Exc. Rév. Mgr Christopher Charles PROWSE, Évêque de Sale (AUSTRALIE)

Tant les Orientations (n° 19) que le Document de travail (n° 139, 140) font la distinction entre la proclamation initiale de l’Évangile et la catéchèse. La proclamation kérygmatique appelle à la conversion au Seigneur Jésus ressuscité par le Baptême. La catéchèse, d’une manière distincte mais non séparée, favorise la croissance et l’instruction dans la vie chrétienne. Toutes deux constituent deux aspects d’une même action pastorale.
Manifestement, avec le très important document que représente le Catéchisme de l’Église catholique, beaucoup a été fait au cours de ces 20 dernières années pour exprimer en abrégé les enseignements de l’Église catholique. Cela a été une grâce particulière de l’Esprit Saint. Il continue à inspirer la catéchèse partout dans l’Église.
Le temps est-il désormais venu pour tenter une compilation similaire en ce qui concerne la proclamation initiale de l’Église catholique? Au cours des siècles, comment la proclamation initiale de l’Évangile a-t-elle été exprimée? Quels ont été les exemples de l’intervention de l’Esprit Saint dans notre histoire catholique? Quelles ont été les grandes approches de la proclamation initiale exprimées par les Saints et par les missionnaires? A notre époque même, quels sont les exemples de la “nouvelle” évangélisation?
À propos de ce dernier point, le Document de travail (n° 141-146) cite, par exemple, les Journées mondiales de la Jeunesse, les voyages apostoliques du Pape, les missions populaires nationales et locales et les rassemblements dévotionnels, les prédications, le Sacrement de la Réconciliation, etc. Il y a aussi le grand don de l’Esprit Saint que sont les nouveaux mouvements ecclésiaux. Ils aident à développer une “Culture de Pentecôte”.
Tant la proclamation initiale que la catéchèse doivent chanter ensemble, dans une harmonie parfaite, au monde, un duo qui réponde à nouveau au commandement du Seigneur Jésus: “Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la création” (Mc 16, 15).

[00066-03.04] [IN043] [Texte original: anglais]

- Rév. P. Adolfo NICOLÁS PACHÓN, S.I., Preposé Général de la Compagnie de Jésus

La nouvelle évangélisation a beaucoup à apprendre des points positifs et moins positifs de la première évangélisation. Je proviens d’une tradition d’évangélisation et de spiritualité qui encourage “Trouver Dieu en toute chose”.
Je crains que nous, les missionnaires, ne l’avons pas fait suffisamment en profondeur, et ainsi nous n’avons pas enrichi l’Église universelle comme l’Église aurait pu s’y attendre venant de nous. Nous avons cherché des signes occidentaux de foi et de sainteté et nous n’avons pas découvert comment Dieu a agit sur les autres populations. Et cela a tout appauvri. Nous sommes passés à côté d’indices importants, d’idées et de découvertes.
Nous avons appris des leçons du passé ce qui est efficace pour communiquer l’Évangile: le chemin de l’humilité, la conscience des limites humaines lorsqu’il s’agit d’exprimer l’Esprit, la simplicité du message, la générosité et la joie en reconnaissant la bonté et la sainteté, notre vie comme facteur de crédibilité, de pardon et de Réconciliation, le message de la Croix dans le propre reniement de nous-même.

[00067-03.03] [IN044] [Texte original: anglais]

- S. Exc. Rév. Mgr Joseph KALLARANGATT, Évêque de Palai des Syro-Malabares (INDE)

La mission des apôtres et sa continuation dans l’Église des origines restent le modèle fondamental de l’évangélisation pour tous les temps: une mission souvent caractérisée par le martyre...(IL 35). En parlant de la nouvelle évangélisation, les Pères de l’Église de Syrie ont un rôle unique car ils représentent un monde extraordinaire d’évangélisation. D’un point de vue historique et culturel, l’Orient syriaque est directement lié à l’atmosphère spirituelle du monde biblique. Dans la période de formation du Christianisme, ils avaient une suprématie dynamique et créative dans le service en faveur de l’Évangile et de la culture humaine. Les Pères de la Syrie avaient une grande passion pour la Bible et ses interprétations. Aphrahat, Ephrem, Cyrillona, etc ont produit toute une mosaïque de modèles dans le domaine de l’évangélisation. Leurs commentaires sont d’authentiques interprétations de foi de la Bible qui utilisent une grande richesse de symboles pour véhiculer différents niveaux de signification. Leurs commentaires bibliques sont mystiques, holistiques, mystagogiques, symboliques et allégoriques. Ce sont pratiquement des homélies catéchéticales. Ils ont aussi utilisé la poésie comme un instrument idéal pour l’évangélisation.
Dans les Orientations, quelques Pères sont cités ( notes 7, et 19) alors que dans le Document de travail il n’y a qu’une remarque en passant “Les Pères de l’Église” (IL n°40). Il est vrai que les Pères ne sont pas des catégories éternelles mais ce sont des modèles. Chez les Orientaux, il y a un dicton : que l’Église est apostolique car elle est patristique. Le sens est que ce sont les Pères de l’Église qui ont révélé la véritable nature du caractère apostolique de l’Église. Sans une forte base patristique, les nouvelles méthodes d’évangélisation peuvent dé-générer en de simples stratagèmes de modernisation.
Notre regard sur le monde a un rôle déterminant dans nos positions théologiques. Pour une nouvelle évangélisation, il est impératif de se ré-approprier de la philosophie et de la vision du monde des Pères de l’Église. Ceci nous aidera à avancer et à préparer l’avenir.

[00068-03.03] [IN045] [Texte original: anglais]

- S. Ém. Rév. le Card. Vinko PULJIĆ, Archevêque de Vrhbosna (BOSNIE ET HERZÉGOVINE)

Aujourd’hui, nous avons les douloureuses expériences de la guerre, où la moitié des catholiques sont littéralement chassés de leurs maisons et de leur terre. Après la guerre, avec les jeux des hommes politiques locaux et internationaux, les catholiques ne pouvaient pas revenir, et puis nous avons été inondés par la démocratie européenne et par le relativisme qui ont fait s’affaiblir les valeurs de la famille de sorte que, nous aussi aujourd’hui, nous ressentons fortement le besoin de la nouvelle évangélisation.
Tout l’enseignement et l’annonce des vérités de l’Évangile passent régulièrement par la voie de la connaissance, alors que la famille transmet la foi avec le coeur, avec la vie et avec la pratique. Cela motive sur le chemin de la foi ce que l’on accepte avec l’amour et ce que l’on connaît par la raison.
Cependant, j’affirme que le premier succès de la nouvelle évangélisation sera le retour de la dignité de la famille, en incorporant en elle les valeurs qui en font le vrai nid d’amour, de solidarité et d’unité. En cela se manifestera le plus fort sens de l’évangélisation. Comme curé, j’ai fait l’expérience du fait que mon travail pastoral est seulement une surélévation de ce que la famille a déjà construit. Là, j’obtenais d’excellents résultats tant avec les jeunes qu’avec les enfants. Cela valait également pour le réveil des nouvelles vocations, parce que la famille était la première école de la foi et qu’elle portait sincèrement à la rencontre personnelle avec le Christ. La famille était également le premier séminaire. Disons que cela est mon expérience personnelle et je la porte dans ma vie.
La nouvelle évangélisation aura du succès si elle parvient à faire revenir la valeur de la sacralité du mariage, qui est le nid familial de l’amour, qui deviendra ainsi petite Église. Alors, la communauté paroissiale sera un fort moteur de l’évangélisation, parce qu’elle aura de forts conducteurs vers le Christ.
Dans l’évangélisation, ce qu’il y a de plus fort, c’est la rencontre avec le Christ, savoir aimer et accepter le Christ. Ceci intervient à travers le plus profond témoignage de la foi. La famille est le plus fort témoin de la foi, qui la transmet avec le coeur. Après la famille, en tant que témoin de la foi, suit le prêtre. Je peux dire qu’il transmet la foi beaucoup plus par ce qu’il est que par ce qu’il dit. La vérité de la vie est que l’on se sacrifie pour ce que l’on aime et si cela peut servir on peut même arriver à en mourir. Ce pour quoi on est prêt à donner la vie ne peut jamais mourir parce que la force de l’amour est plus forte que la mort.

[00078-03.04] [IN046] [Texte original: italien]


- S. Exc. Rév. Mgr Joseph ATANGA, S.I., Archevêque de Bertoua, Président de la Conférence Épiscopale (CAMEROUN)

Une grande étape de l'Evangélisation fut inaugurée pour notre Église locale par l'événement de grâce que constitue le Concile Vatican II et l'horizon ecclésial et pastoral esquissé et mis en œuvre par les Papes Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean Paul II, jusqu'à aujourd'hui par Benoît XVI.
Assumant l'héritage de ce grand Concile des temps (post-) modernes, les apports des enseignements des Papes depuis 50 ans sur l'urgence et la permanence de la mission chrétienne ad intra et ad extra (Ad Gentes, Evangelii Nuntiandi), sur l'actualité de la mission rédemptrice du Christ (Redemptoris Missio Christi), sur le témoignage et l'illustration de l'amour de Dieu (Deus caritas est) et des œuvres de la foi (Caritas in veritate), ont voulu tenir compte des défis et des enjeux de la manifestation de cette foi chrétienne à l'heure de Ecclesia in Africa. Ces défis et ces enjeux décrivent les nouveaux espaces de la mission et de la nouvelle évangélisation aujourd'hui et dans l'avenir, au Cameroun et en Afrique. On doit le comprendre, cette Nouvelle Evangélisation portant le souci de la transmission de la foi chrétienne, revêt dès lors des aspects et un visage concret dans le contexte précis qui est le nôtre. Ceci se caractérise par l'indissoluble lien entre la destinée de l'homme africain en situation et l'aventure de la foi chrétienne pour celui qui l'embrasse. Ce lien correspond existentiellement à cette quête fondamentale de la vie et à ce souci extrême à son sujet, dans toutes ses formes: religieuses, culturelles, socio-économiques, éthiques.
En prenant appui sur les paragraphes n° 130 et n° 131, entre autres, de l'Instrumentum Laboris, nous voulons faire retentir l'exigence aujourd'hui, en contexte africain de la Nouvelle Evangélisation, où la foi chrétienne est sommée de faire ses preuves comme dynamique d'une vie en plénitude en Jésus-Christ, à travers une foi proclamée, célébrée et vécue.

[00074-03.04] [IN047] [Texte original: français]

- S. Exc. Rév. Mgr Sérgio DA ROCHA, Archevêque de Brasília (BRÉSIL)

Les catéchistes occupent une place d’une importance particulière dans la mission de transmettre la foi et d’éduquer à la vie chrétienne, de manière tout à fait spéciale dans le contexte de la nouvelle évangélisation. Nous louons le Seigneur pour le précieux “don” que les catéchistes représentent pour l’Église. En même temps, nous reconnaissons avec le Document de travail (108), la nécessité de réfléchir “plus en profondeur sur leur tâche, leur conférant une plus grande stabilité, une visibilité ministérielle et une formation”. Différents facteurs qui émergent du contexte socio-culturel et ecclésial actuel nous portent à reconnaître et à promouvoir, avec une attention particulière, la valeur de la catéchèse et le service pastoral généreusement prêté par les innombrables catéchistes dans toute l’Église. Nous avons besoin de développer l’initiation chrétienne avec un plus grand engagement en tant qu’authentique processus évangélisateur, ainsi que l’a souligné le Document de travail (131-137). Faisant suite à la réflexion qui s’est développée au cours de ces dernières décennies, en particulier à la lumière du Magistère post-conciliaire, il est important de “configurer pour le catéchiste un ministère stable et institué au sein de l'Église” ainsi que le suggère le Document de travail lui-même (108).

[00075-03.04] [IN048] [Texte original: italien]


- S. Exc. Rév. Mgr Ricardo BLÁZQUEZ PÉREZ, Archevêque de Valladolid (ESPAGNE)

Les catéchumènes unissent de manière claire et profonde la dimension personnelle à la dimension ecclésiale de la foi chrétienne. Ils découvrent le véritable sens de l’Église dans la participation communautaire assidue. Ainsi se crée une fraternité profonde qui a aussi un effet sur les relations humaines et sociales. La personne se sent soutenue par ses autres frères pour pouvoir vivre chrétiennement dans une société souvent indifférente et parfois même hostile à la foi chrétienne et à l’Église. À travers le catéchuménat, les participants découvrent les réalités fondamentales de la foi chrétienne: le Credo, les Commandements de Dieu avec l’esprit du Discours sur la Montagne, la prière du Notre-Père et les Psaumes, les Sacrements et en particulier, l’Eucharistie et la Pénitence, la dimension apostolique de la vie chrétienne. On ne commence pas par des aspects particuliers, complémentaires ou de dévotion, mais par les réalités fondamentales de la foi, que nous ne devons pas considérer comme acquises. Pour la plupart des participants, il s’agit d’un catéchuménat post-baptismal, qui leur permet de redécouvrir le sens du baptême à peine reçu.
La célébration liturgique est renforcée dans chacun par la connaissance et la lecture orante de la Sainte Écriture. Pendant longtemps, l’extranéité du latin dissimulait l’ignorance de la Sainte Écriture, mais aujourd’hui cette lacune devient visible. L’évangélisation requiert d’unir Bible, Sacrements et vie chrétienne.

[00076-03.03] [IN049] [Texte original: espagnol]


- S. Exc. Rév. Mgr Héctor Rubén AGUER, Archevêque de La Plata (ARGENTINE)

Les erreurs théologiques et philosophiques qui circulent dans les centres universitaires, dans les séminaires et dans les noviciats et qui se diffusent à travers la prédication et la catéchèse, provoquant la confusion au sein du peuple de Dieu, doivent être comptées au nombre des causes de la situation actuelle de la foi. La nouvelle évangélisation requiert le dépassement de ces défauts qui affaiblissent la certitude de la foi. C’est pourquoi, il faut faire en sorte que la formation des agents pastoraux corresponde au Magistère de l’Église.
Face à l’urgence de la question anthropologique, il est important de souligner la médiation de la philosophie, d’une considération métaphysique de la personne qui recueille et dépasse les contributions scientifiques valides. À partir de là, à travers la participation, s’ouvre l’accès au fondement absolu, à Dieu. Dans la pensée chrétienne, le théocentrisme et la centralité de l’homme s’harmonisent, alternative à l’anthropocentrisme radical avancé par certains courants contemporains.
Il est nécessaire de développer une nouvelle apologétique, un discours en faveur de la foi chrétienne, tant au niveau universitaire que catéchétique et populaire, qui constitue un itinéraire proposé à l’intelligence et au coeur des hommes et des femmes d’aujourd’hui.

[00077-03.04] [IN050] [Texte original: espagnol]

- S. Exc. Rév. Mgr Benedito Beni DOS SANTOS, Évêque de Lorena (BRÉSIL)

Le Pape Paul VI a dit dans la lettre post-synodale Evangelii Nutiandi qu’évangéliser c’est annoncer l’événement Jésus Christ, Fils de Dieu: sa vie, sa Parole, l’apparition de son Règne, sa mort et sa résurrection (cf n.22). C’est là le contenu permanent de l’évangélisation. La méthode varie selon les défis lancés par le contexte culturel et selon la réalité qui change. La mission évangélisatrice de l’Église trouve toujours des obstacles et relève toujours des défis. Au temps des Apôtres - les premiers missionnaires - les obstacles et les défis étaient l’idolâtrie, la magie, les grandes distances et surtout la persécution. Aujourd’hui, la culture du changement de l’époque présente d’autres défis: la difficulté à accepter Dieu comme Fondement de la conduite humaine, ainsi que comme Fondement de la justice, de la paix, de la fraternité; la difficulté de concilier l’expérience démocratique et le respect des valeurs morales.
Dans le substrat culturel des peuples d’Amérique Latine, dans lequel demeurent encore des valeurs de l’évangélisation, de la première évangélisation aussi, ont été introduits des concepts inacceptables:
rationalisme ou subjectivisme qui vident l’éthique naturelle et justifient les pires attaques à la dignité de la personne et à la vie humaine, prétendant fonder l’ordre moral sur le consensus social, sans aucune référence à la nature de la personne et de ses actes. Sur la base de cette position, on trouve l’opacification de la dimension transcendante de l’homme, c’est-à-dire l’exclusion de Dieu et de la religion, qui sont des conséquences de la sécularisation.
Face à ces défis culturels, le bienheureux Jean Paul II a fait référence à la nouvelle évangélisation comme synonyme de nouvelle missionarité, qui n’est pas la tâche d’un cercle restreint de spécialistes mais de tous les baptisés.
La nouvelle évangélisation est en phase de développement en Amérique Latine dans les projets de mission permanente. Au Brésil: dans les mouvements et dans les nouvelles communautés comme Canção Nova et Hérauts de l’Évangile. Dans cette tâche d’évangélisation, les chrétiens laïcs ont un rôle de protagonistes, un rôle important. Un grand nombre d’entre eux consacrent leur vie à la mission évangélisatrice de l’Église. Ils utilisent non seulement les moyens de communication sociale moderne, mais aussi le contact direct avec les personnes des différentes catégories, les jeunes surtout. En plus de la musique, ils utilisent comme méthode la prédication kérygmatique, les visites dans les écoles et des groupes de prière en famille.

[00079-03.04] [IN051] [Texte original: italien]

- S. Exc. Rév. Mgr William Charles SKURLA, Archevêque de Pittsburg des Byzantins, Président du Conseil de l'Église ruthène (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE)

L’intervention réfléchit sur le processus d’évangélisation de l’individu. Il y a différentes étapes de la vie avant de devenir un adulte catholique engagé.

[00080-03.04] [IN052] [Texte original: anglais]

- Rév. P. Josep María ABELLA BATLLE, C.M.F., Supérieur Général de la Congrégation des Missionaires Fils du Coeur Immaculé de Marie

L’appel à la nouvelle évangélisation est d’abord et avant tout un appel à être des chrétiens joyeux et responsables au XXI° siècle, dans une grande fidélité à l’Évangile et aux gens de notre temps ainsi qu’avec un nouveau style de mission.
Il ne s’agit donc pas d’une action ponctuelle ou d’une série d’activités mais bien d’un “processus” dans lequel interviennent différents éléments.
La nouvelle évangélisation part toujours de la réalité, observée avec le coeur compatissant de Jésus puisque, de la dialectique constante entre l’Esprit et la réalité se lèveront sa nouveauté et les lignes directrices qui l’orienteront.
Elle se concentre sur l’annonce du Mystère intégral proclamé par le Christ de par sa vie et sa parole, c’est-à-dire l’Évangile du Royaume pour tous, en particulier les pauvres, en tant que libération intégrale de l’homme.
Elle a tout le Peuple de Dieu comme sujet actif et responsable, hommes et femmes, avec leurs différents charismes et ministères.
Elle demande, pour être réalisée, des évangélisateurs complètement centrés en Dieu le Père, sollicités par la charité du Christ, guidés par son Esprit et passionnés par leurs frères.
Elle implique donc un fort appel à la conversion personnelle, communautaire et institutionnelle, dans le contexte des signes de notre temps.
Elle demande une plus grande attention à la qualité plutôt qu’à la quantité, à ce qui est essentiel plutôt qu’à ce qui est accidentel, et elle promeut un dialogue infatigable.
Elle donne de l’élan au renouvellement de la dimension missionnaire dans l’annonce de l’Évangile, éduquant au dialogue avec les cultures et avec les traditions religieuses des nations.
Elle s’engage à travailler en réseau avec d’autres personnes et groupes qui, à leur tour, recherchent la transformation du monde selon le dessein de Dieu, ce qui, pour nous, équivaut à édifier le Royaume.
Pour toutes ces raisons, la nouvelle évangélisation, est une “aventure spirituelle” qui s’exprimera sous la forme de choix apostoliques différents selon les contextes. Toutefois, sans une profonde “sensibilité évangélique”, il sera très difficile de lire les signes des temps et d’adopter des initiatives apostoliques adéquates et crédibles.

[00081-03.05] [IN053] [Texte original: espagnol]

- S. Ém. Rév. le Card. Stanisław DZIWISZ, Archevêque de Cracovie (POLOGNE)

Le Document de travail présente la situation de l’homme contemporain comme celle d’un “prisonnier d’un monde qui a pratiquement supprimé la question de Dieu de son horizon”. La nouvelle évangélisation - affirme le document - devrait oser rétablir cette question sur Dieu et aider l’homme à sortir du “désert intérieur” (cf. n° 86).
La question est de savoir comment faire sortir l’homme de ce désert. Une chose est certaine. La science ne suffit pas. Les documents ne suffisent pas. Nos structures ecclésiastiques ne suffisent pas. En tant que telles, elles n’atteignent pas encore le coeur de l’homme.
Un signe caractéristique de notre époque est que l’Église parle aujourd’hui d’une manière plus efficace lorsqu’elle s’exprime à travers le message de la Divine Miséricorde. Il semble que ce discours touche davantage le coeur de l’homme renfermé sur lui-même, empêtré dans le péché et dans une apparente autosuffisance, mais en revanche à la recherche du sens de la vie et de motifs d’espérance.
L’Église de Cracovie est le lieu et le centre privilégié où, au siècle passé - marqué par la domination de systèmes totalitaires athées et en tant que tels inhumains - se fit entendre l’invocation de la miséricorde. Dieu s’est servi d’une humble religieuse, Sainte Faustine Kowalska, tout comme d’un sage et saint pasteur, le Cardinal Karol Wojtila - Jean Paul II, afin que la vérité éternelle sur Dieu “riche en miséricorde” (Ep 2, 4) résonne de manière plus importante dans le monde agité d’aujourd’hui. “L'humanité ne trouvera pas la paix tant qu'elle ne se tournera pas avec confiance vers ma miséricorde”, qui est Jésus (Soeur Faustine, Journal, n°699). Il semble que l’homme d’aujourd’hui soit parvenu à sauver en lui-même la sensibilité envers une miséricorde désintéressée. C’est justement elle - la miséricorde de Dieu qui se penche sur son sort - qui est en mesure de se faire sentir et de toucher les cordes les plus profondes du coeur humain.
La dévotion à la Divine Miséricorde est devenue une méthode de formation de chrétiens zélés et responsables.
J’en parle et en rend témoignage pour indiquer l’une des voies attestées à notre époque à travers laquelle nous pouvons entreprendre la nouvelle évangélisation. Cor ad cor loquitur. Le coeur de Dieu miséricordieux parle au coeur de l’homme.

[00082-03.04] [IN054] [Texte original: italien]

INTERVENTION DE S.G. ROWAN DOUGLAS WILLIAMS, ARCHEVÊQUE DE CANTERBURY, PRIMAT DE TOUTE L'ANGLETERRE ET DE LA COMMUNION ANGLICANE (GRANDE-BRETAGNE)

L’ Archevêque de Canterbury est introduit par le Président délégué en ces termes:

Sa Grâce Rowan Douglas Williams est un Évêque anglican, théologien, poète et écrivain prolifique et doué. Il est le 104ème et actuel Archevêque de Canterbury, Primat de toute l’Angleterre et de la Communion anglicane, charges qu’il occupe depuis le début de l’année 2003. L’Archevêque Williams a été évêque pendant vingt ans, dix comme évêque de Monmouth et Archevêque de Wales (ce qui fait de lui le premier Archevêque de Canterbury des temps modernes à ne pas provenir de l’église d’Angleterre) et dix ans dans ses fonctions actuelles. Il a passé la majorité de sa carrière précédente comme universitaire successivement des Universités de Cambridge et d’Oxford. Depuis sa désignation comme Archevêque de Canterbury, il s’est engagé avec passion dans l’évangélisation et pour rendre plus crédible la foi dans le monde contemporain. Le 16 mars 2012, est survenue l’annonce de son acceptation à la charge de Directeur du “Magdalene College” à l’Université de Cambridge à partir du mois de janvier 2013. Il devrait démissionner de sa charge d’Archevêque de Canterbury en décembre 2012.
Nous souhaitons aussi donner la bienvenue à ceux qui accompagnent Sa Grâce: S.Exc. Mgr Vincent Nichols, Archevêque catholique romain de Westminster, S.Exc. M. Nigel Marcus Baker, Ambassadeur de Grande-Bretagne près le Saint-Siège, le chanoine David Richardson, Directeur du Centre anglican de Rome, Mme Margaret Richardson, son épouse, le chanoine Jonathan Goodall, Secrétaire de l’Archevêque Williams et le Père John O’Leary, secrétaire de S.Exc. Mgr Nichols.
Et maintenant, je passe la parole à l’Archevêque Williams.

[00130-03.05] [NNNNN] [Texte original: anglais]

Ensuite, l’Archevêque de Canterbury prononce son intervention.

Sa Sainteté, Révérends Pères,
Frères et soeurs dans le Christ,
Chers amis

1. Je suis très honoré d’avoir été invité par le Saint-Père à intervenir dans cette assemblée: comme dit le psalmiste: “Ecce quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum”. Le rassemblement des évêques dans un Synode pour le bien de tout le peuple du Christ est l’une des disciplines qui entretiennent la santé de Son Église. Aujourd’hui, en particulier, nous ne pouvons pas oublier ce grand rassemblement de “fratres in unum” que fut le Concile Vatican II, qui tant a fait pour la santé de l’Église et l’a aidée à retrouver toute l’énergie nécessaire pour annoncer de façon efficace la Bonne Nouvelle de Jésus Christ à notre époque. Pour beaucoup de ma génération, même en dehors de l’Église catholique romaine, ce Concile a été un signe de grande promesse, un signe que l’Église était suffisamment forte pour se poser des questions ardues, à savoir si sa culture et ses structures étaient adéquates à la tâche consistant à partager l’Évangile dans l’esprit complexe, souvent rebelle, toujours fiévreux du monde moderne.
2. Le Concile a été, à tant d’égards, une redécouverte de l’intérêt et de la passion pour l’Évangile, se focalisant non seulement sur le renouveau de la vie même de l’Église mais aussi sur sa crédibilité dans le monde. Des textes tels que
Lumen gentium et Gaudium et spes présentent une vision nouvelle et joyeuse de comment la réalité immuable du Christ, vivant dans son Corps sur terre grâce au don du Saint-Esprit, pourrait prononcer des paroles nouvelles à la société de notre époque et même à ceux appartenant à d’autres religions. Il n’est pas surprenant que, cinquante ans plus tard, nous soyons encore aux prises avec tant de questions et d’implications du Concile; et je présume que l’intérêt de ce Synode pour l’évangélisation s’inscrit dans la continuité de cette recherche que le Concile nous a léguée.
3. Or, l’un des aspects les plus importants de la théologie de Vatican II a été le renouveau de l’anthropologie chrétienne. Au lieu du récit néo-scolastique, souvent forcé et artificiel, expliquant les relations entre la grâce et la nature dans la constitution des êtres humains, le Concile se base sur les meilleures intuitions d’une théologie qui était revenue à ses sources les plus anciennes et les plus riches: la théologie de génies spirituels comme Henri de Lubac, qui nous a rappelé ce que cela voulait dire pour la Chrétienté primitive et médiévale parler d’humanité faite à l’image de Dieu et de grâce qui perfectionne et transfigure cette image si longtemps enduite de notre ‘inhumanité’ habituelle. Dans cette perspective, proclamer l’Évangile, c’est proclamer qu’il est enfin possible d’être complètement humain: la foi catholique et chrétienne est un “vrai humanisme”, pour emprunter les mots d’un autre génie du siècle dernier, Jacques Maritain.
4. De Lubac est pourtant clair sur ce que cela ne veut pas dire: nous ne remplaçons pas la tâche évangélisatrice par une campagne d’“humanisation”. “Humaniser avant de christianiser?” demande-t-il. “Si l'entreprise réussit, le christianisme viendra trop tard : la place sera prise. Et pense-t-on que le christianisme n'ait point valeur humanisante ?”. C’est ce qu’il écrit dans son magnifique recueil d’aphorismes, Paradoxes. C’est la foi même qui détermine l’oeuvre d’humanisation, mais sans la définition de l’humanité donnée dans le deuxième Adam, l’entreprise humanisante sera creuse. L’évangélisation, ancienne ou nouvelle, doit être ancrée dans la conviction profonde que nous avons une destinée humaine qui nous distingue et que nous devons montrer et partager avec le monde. Ce concept peut être expliqué de différentes façons, mais dans ces brèves remarques, je me concentrerai sur un aspect en particulier.
5. Le fait d’être pleinement humain signifie être recréé à l’image de l’humanité du Christ; et cette humanité est la parfaite “traduction” humaine de la relation du Fils éternel et du Père éternel, une relation se basant sur le don de soi dans l’amour et l’adoration, un torrent de vie envers l’Autre. Ainsi, l’humanité où nous grandissons avec l’Esprit, l’humanité que nous cherchons à partager avec le monde comme le fruit de l’oeuvre rédemptrice du Christ, est une humanité contemplative. Sainte Edith Stein a observé que nous commençons à comprendre la théologie quand nous voyons Dieu comme le “Premier Théologien”, le premier à nous parler de la réalité de la vie divine, puisque “tout ce que l’on dit de Dieu présuppose que c’est Dieu lui-même qui parle”; de façon analogue nous pouvons dire que nous commençons à comprendre la contemplation quand nous voyons Dieu comme premier contemplatif, l’éternel paradigme de cette attention désintéressée portée à l’Autre, qui n’apporte pas la mort mais la vie. Toute la contemplation de Dieu présuppose la connaissance, absorbée et joyeuse, que Dieu a de Lui-même et la contemplation de Lui-même dans la vie trinitaire.
6. Être contemplatif comme l’est le Christ signifie être ouverts à toute la plénitude que le Père veut insuffler à nos coeurs. Par nos esprits rendus silencieux et prêts à recevoir, par nos fantaisies auto-générées sur Dieu et sur nous-mêmes réduits au silence, nous avons enfin atteint le point à partir duquel nous pouvons commencer à grandir. Et le visage que nous devons montrer à notre monde est le visage d’une humanité sans cesse en croissance vers l’amour, une humanité si enchantée et engagée par la gloire de ce vers quoi nous tendons que nous sommes prêts à entreprendre un voyage sans fin pour trouver la voie qui nous conduit plus en profondeur dans le coeur de la vie trinitaire. Saint Paul dit (2 Co 3,18) “et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur”, nous sommes transfigurés par un éclat toujours plus fort. C’est cela le visage que nous cherchons à montrer à nos semblables.
7. Nous recherchons cela non pas parce que nous cherchons une quelconque “expérience religieuse” privée qui nous fera nous sentir sûrs et saints. Nous le recherchons parce que par cet oubli de soi, tourné vers la lumière de Dieu dans le Christ, nous apprenons comment regarder l’autre, et toute la création de Dieu. Dans l’ancienne Église, nous comprenions clairement que nous devions partir d’une compréhension de soi ou d’une auto-contemplation, qui nous enseignait à réfréner nos instincts avides et nos désirs en faveur d’une “contemplation naturelle”. Cela nous permettait de percevoir et vénérer la sagesse de Dieu dans l’ordre du monde, et de voir la réalité telle qu’elle était créée, telle qu’elle était vraiment dans la vision de Dieu, plutôt que comment l’utiliser ou la dominer. À partir de là, la grâce pourrait nous conduire vers la véritable “théologie”, le regard silencieux de Dieu, qui est notre objectif en tant que disciples.
8. Dans cette perspective, la contemplation est très loin d’être une de ces choses que font les chrétiens: elle est la clé de la prière, de la liturgie, de l’art et de l’éthique, la clé de l’essence d’une humanité renouvelée qui est capable de percevoir le monde et les autres sujets dans le monde avec liberté: liberté des habitudes égoïstes et avides, et de la mauvaise compréhension qui en émane. Pour l’expliquer plus nettement, la contemplation est l’unique et dernière réponse au monde irréel et insensé que nos systèmes financiers et notre culture de la publicité, que nos émotions chaotiques et non réfléchies nous encouragent à habiter. Le fait d’apprendre la pratique contemplative revient à apprendre ce dont nous avons besoin afin de vivre authentiquement, honnêtement, et dans l’amour. C’est un sujet profondément révolutionnaire.
9. Dans son autobiographie, Thomas Merton décrit une expérience qu’il a vécue peu après avoir intégré le monastère où il devait passer le reste de sa vie (Elected Silence, p. 303). Ayant attrapé la grippe et étant confiné à l’infirmerie pour quelques jours, dit-il, il a ressenti une “joie secrète” pour cette occasion de prier qui lui était offerte - et “de faire tout ce que je veux, sans avoir à courir partout pour répondre au son des cloches”. Il est forcé de reconnaître que cette attitude révèle que “toutes mes mauvais habitudes... s’étaient faufilées dans le monastère, avec moi, et ont reçu l’habit religieux en même temps que moi: gloutonnerie spirituelle, sensualité spirituelle, fierté spirituelle.” En d’autres termes, il essaye de vivre la vie chrétienne avec l’ensemble des émotions vécues par quelqu’un qui est encore profondément lié à la recherche de la satisfaction personnelle. C’est un avertissement percutant: nous devons bien veiller dans notre évangélisation à ne pas simplement persuader les gens à appliquer à Dieu et à la vie de l’esprit tous nos désirs de drame, d’excitation et d’auto-complaisance, auxquels nous cédons si souvent dans la vie quotidienne. Cela a été exprimé avec encore plus de force il y a quelques décennies par le spécialiste américain de la religion, Jacob Needleman, dans un livre controversé et provocateur, intitulé À la Recherche du christianisme perdu: les paroles de l’Évangile, dit-il, s’adressent à des personnes qui “n’existent pas encore”; c’est-à-dire que répondre à ce que l’Évangile attend de nous par le don de sa propre vie suppose une transformation de tout notre être, de nos sentiments, de nos pensées et de nos imaginations. Le fait d’être convertis à la foi ne signifie pas simplement acquérir un nouveau code de croyances, mais devenir une personne nouvelle, une personne en communion avec Dieu et les autres par le biais de Jésus Christ.
10. La contemplation est un élément intrinsèque dans ce processus de transformation. Apprendre à regarder Dieu sans considérer ma satisfaction personnelle immédiate, apprendre à examiner et à relativiser les désirs et les rêves qui grandissent en moi, c’est permettre à Dieu d’être Dieu et, par conséquent, à la prière de Jésus, la relation de Dieu avec Dieu, de vivre en moi. L’invocation de l’Esprit-Saint revient à demander à la troisième personne de la Trinité de pénétrer mon esprit et d’y apporter la clarté dont j’ai besoin pour voir où j’en suis dans mon assujettissement à mes désirs et mes fantasmes, et de m’accorder ainsi la patience et le calme, alors que la lumière et l’amour de Dieu pénètrent ma vie intérieure. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me libérerai de l’idée que les dons de Dieu sont des biens dont je peux m’approprier pour être heureux ou pour dominer d’autres personnes. À mesure que ce processus se déploie, je deviens plus libre - pour emprunter une phrase de saint Augustin (Confessions IV,7) - “d’aimer les êtres humains de façon humaine”, de les aimer non pas pour ce qu’ils pourraient me promettre, de les aimer non pas comme s’ils étaient là pour me fournir une sécurité et un confort durable, mais en tant que créatures fragiles qui, comme moi, sont soutenues par l’amour de Dieu. Je découvre (comme nous l’avons remarqué ci-dessus) comment voir les autres personnes et les choses pour ce qu’elles sont par rapport à Dieu, et non à moi. Et c’est là que la vraie justice, tout comme le véritable amour, a ses racines.
11. Le visage humain que les chrétiens veulent montrer au monde est un visage marqué par cette justice et cet amour, un visage forgé donc par la contemplation, par les disciplines du silence et le détachement de soi des objets qui l’assujettissent et des instincts non contrôlés qui peuvent le tromper. Si l’évangélisation revient à montrer au monde le visage humain “dévoilé”, reflétant le visage du Fils tourné vers le Père, cela doit comporter aussi un sérieux engagement à promouvoir et à nourrir cette prière et cette pratique. Il n’est sans doute pas nécessaire de préciser que cela ne veut pas du tout à dire que la transformation “interne” est plus importante que l’action en faveur de la justice; il faut plutôt insister sur le fait que la clarté et l’énergie dont nous avons besoin pour faire justice implique que nous fassions place à la vérité, afin que la réalité de Dieu puisse entrer. Autrement, notre recherche de justice et de paix devient un nouvel exercice de la volonté humaine, minée par notre propre duperie. Les deux appels sont indissociables, l’appel à la “prière et à l’action juste”, comme l’a écrit le martyr protestant Dietrich Bonhoeffer, depuis sa prison en 1944. La vraie prière purifie la motivation, la vraie justice est le tâche nécessaire qui consiste à partager avec les autres et à dégager en eux l’humanité que nous avons découverte dans notre rencontre contemplative.
12. Ceux qui connaissent peu les institutions et les hiérarchies de l’Église et qui s’en soucient moins sont, ces jours-ci, souvent attirés et interpellés par les vies qui révèlent un peu de cela. Ce sont les nouvelles communautés religieuses, ou celles qui ont été renouvelées, qui établissent des contacts plus efficaces avec ceux qui n’ont jamais eu de foi ou bien ceux qui l’ont abandonnée la jugeant vide et dépassée. Lorsqu’on écrit l’histoire chrétienne de notre époque, - spécialement mais pas seulement concernant l’Europe et l’Amérique du Nord - nous devons constater combien le témoignage d’endroits comme Taizé ou Bose est important et vital, ainsi que celui de communautés plus traditionnelles qui sont devenues des points centraux pour une étude de l’humanité plus élargie et approfondie, que celle encouragée par les habitudes sociales. Les principaux réseaux spirituels aussi, tels que Sant’Egidio, le mouvement des Focolari, Communion et Libération, décrivent les mêmes phénomènes; ils ont une vision humaine plus profonde car, de manière différente, ils offrent tous une discipline de vie personnelle et en commun qui consent à la réalité de Jésus de devenir vivante en nous.
13. Ainsi, comme le montrent ces exemples, l’attrait et le défi dont nous parlons peuvent générer des engagements et des enthousiasmes qui suivent des lignes confessionnelles historiques. Nous nous sommes habitués à parler, ces jours-ci, de l’importance impérieuse de “l’oecuménisme spirituel”; mais cela ne doit en aucune manière s’opposer à tout ce qui est spirituel ou institutionnel, ou remplacer les engagements spécifiques par un sens général de solidarité chrétienne. Si nous avons une explication exhaustive et bien fondée de ce que le terme “spirituel” signifie en lui-même, se basant sur des intuitions scripturaires comme celles des passages de la Deuxième Épître aux Corinthiens que nous avons citée précédemment, nous comprendrons l’oecuménisme spirituel au sens de recherche partagée pour nourrir et soutenir les disciplines de contemplation dans l’espoir de dévoiler le véritable visage de l’humanité. Or, plus nous, les chrétiens de différentes confessions, restons séparés les uns des autres, moins ce véritable visage de l’humanité semblera convaincant. Je viens de citer le mouvement des Focolari: vous vous souvenez que l’impératif de base dans la spiritualité de Chiara Lubich est celui de “devenir un”: un avec le Christ crucifié et abandonné, un à travers lui avec le Père, un avec tous ceux appelés à cette unité et donc un avec les besoins les plus profonds du monde. “Ceux qui vivent l’unité... vivent en essayant de pénétrer toujours plus en Dieu. Ils se rapprochent toujours plus de Dieu... et plus ils s’en approchent plus ils se rapprochent des coeurs de leurs frères et de leurs soeurs” (Chiara Lubich: Écrits essentiels, p. 37). L’habitude de la contemplation démasque une supériorité inconsidérée envers d’autres croyants baptisés et la supposition que je n’ai rien à apprendre d’eux. Dans la mesure où l’habitude à la contemplation nous aide à approcher toute expérience comme un don, nous devons toujours nous demander ce qu’un frère ou une soeur ont à partager avec nous - même le frère ou la soeur qui est d’une manière ou d’une autre séparé de nous ou de ce que nous supposons être la plénitude de la communion. “Quam bonum et quam jucundum...”
14. En pratique, cela peut suggérer que quel que soit l’endroit où des initiatives sont prises pour établir de nouveaux contacts avec un public de chrétiens qui ne pratiquent plus ou post-chrétien, un travail sérieux devrait être fait pour comprendre comment pouvoir prendre pied dans des pratiques contemplatives partagées de manière oeucuménique. En plus de la manière étonnante par laquelle Taizé a développé une “culture” liturgique internationale accessible à une grande variété de personnes, un réseau comme celui de la Communauté mondiale pour la méditation chrétienne, avec ses fortes racines et affiliations bénédictines, a ouvert de nouvelles possibilités. De plus, cette communauté a travaillé dur pour rendre la pratique contemplative accessible aux enfants et aux jeunes gens, et ceci doit vraiment être encouragé. Ayant constaté personnellement, dans les écoles anglicanes en Grande-Bretagne, la réponse chaleureuse des jeunes enfants à cette invitation offerte par la méditation dans cette tradition, je crois que son potentiel est immense pour introduire les jeunes gens aux profondeurs de notre foi. Et pour ceux qui se sont éloignés de la pratique habituelle de la foi sacramentelle, les rythmes et les pratiques de Taizé ou de la CMMC sont souvent un retour au coeur et au foyer du sacrement.
15. Ce que les gens de tout temps reconnaissent dans ces pratiques, c’est tout simplement, la possibilité de vivre de manière plus humaine: vivre avec mois de frénésie de posséder, vivre des moments de calme, vivre dans l’attente d’apprendre et, vivre en ayant conscience qu’il y a une joie solide et durable à découvrir dans les disciplines de l’oubli de soi, ce qui est bien différent de la gratification de telle ou telle impulsion. Si notre évangélisation n’ouvre pas la porte à tout cela, on risque de tenter de baser notre foi sur un ensemble d’habitudes humaines difficiles à transformer, avec le résultat, ô combien familier, que l’Église apparaisse malheureusement comme beaucoup d’autres institutions purement humaines: anxieuse, occupée, compétitive et voulant avoir le contrôle. Il est très important de souligner qu’une véritable mission d’évangélisation sera toujours une re-évangélisation de nous-mêmes en tant que chrétiens, une redécouverte de la raison pour laquelle notre foi est différente, transfigurant un rétablissement de notre propre nouvelle humanité.
16. Et bien sûr cela arrive le plus souvent lorsque nous ne l’avons pas planifié ou cherché. Pour en revenir à de Lubac encore une fois: “Celui qui répondra le mieux aux besoins de son temps sera celui qui n’aura pas essayé d’abord d’y répondre” (op.cit. p.111-2); et “L’homme qui cherche la sincérité, au lieu de chercher la vérité dans son désintéressement, est comme un homme qui cherche à être détaché au lieu de se disposer à s’ouvrir à l’amour” (p.114). L’ennemi de toute proclamation de l’Évangile est la conscience de sa propre image, et, par définition, nous ne pouvons résoudre cela en étant encore plus conscients. Nous devons revenir à Saint Paul et nous demander “Que cherchons-nous?”. Considérons-nous avec anxiété les problèmes quotidiens, les diverses infidélités ou menaces à la foi et à la morale, la faiblesse des institutions? Ou bien essayons-nous de chercher Jésus, dans le visage dévoilé de l’image de Dieu à la lumière duquel nous voyons l’image qui se reflète en nous-mêmes et en notre prochain?
17. Ceci nous rappelle simplement que l’évangélisation découle toujours de quelque chose d’autre: le voyage du disciple vers la maturité en Christ, un voyage qui n’est pas organisé par l’ambition de l’ego mais qui est le résultat de l’impulsion et du dessin de l’Esprit en nous. Dans nos réflexions sur la manière de rendre encore une fois l’Évangile incontestablement irrésistible pour les hommes et les femmes de notre temps, je souhaite que nous ne perdions jamais de vue ce qui le rend convaincant à nos yeux et pour chacun d’entre nous dans nos différents ministères. Je vous souhaite donc de la joie pendant ces discussions - et pas seulement de la clarté ou de l’efficacité dans nos travaux - la joie que comporte la promesse de la vision du visage du Christ, et la préfiguration de l’accomplissement d’une communion dans la joie entre nous, ici et maintenant.

[00115-03.21] [NNNNN] [Texte original: anglais]

AVIS

- “BRIEFING”

“BRIEFING”

Les Briefing de jeudi 11 octobre 2012 sont annulés.

Les Briefing de vendredi 12 octobre 2012 sont anticipés à 12.30 pour les Groupes linguistiques italien, anglais, français et espagnol.
Le Briefing destiné au Groupe linguistique allemand est confirmé à 13.30.

 

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