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II Rencontre internationale des prêtres

Yamoussoukro, 8-13 juillet 1997

Vendredi 11 juillet

CONCLUSION

S.E. Mgr. Crescenzio Sepe

Secrétaire de la Congrégation pour le Clergé

 

 

Éminences, Excellences, chers prêtres, le programme prévoit une synthèse des travaux de ces journées intenses, dans le but de rassembler, ne serait-ce que partiellement, ce qui est apparu à l’issue des diverses rencontres. Je le fais volontiers, tout en sachant bien que la meilleure synthèse est bien sûr celle que chacun a réalisée en son cœur, et qu’il conserve comme une grâce personnelle reçue du Seigneur.

 

1. La première journée nous a plongés dans le mystère du Christ Prêtre, en rapport avec le thème christologique voulu par le Saint-Père pour cette année dans « Tertio millenio adveniente ».

 

Jésus-Christ est la vérité de notre être, et, plus encore en tant que prêtres, nous ne trouvons qu’en lui notre identité, et en elle le sens et le style de notre mission. Nous sommes des images vivantes et transparentes du Christ prêtre, une représentation sacramentelle du bon Pasteur. Bien sûr, le devoir pastoral nous impose de connaître et de savoir lire avec une sagesse critique les contingences historiques, et ces circonstances sont changeantes. Pourtant ce qui est essentiel ne pourra jamais changer, et nous devrons toujours nous rappeler que tout progrès, pour être tel, doit demeurer fidèle à l’essence même du sacerdoce tel qu’il a été voulu par Jésus-Christ.

 

Nous devons en arriver à pouvoir dire en toute vérité, par notre vie, ce que disait l’apôtre Paul : « pour moi vivre c’est le Christ » !

 

2. La seconde journée a été consacrée à la réflexion sur la dimension mariale du sacerdoce. Il ne pouvait en être autrement puisque c’est par volonté du Christ que Marie a été associée de façon toute particulière au mystère de la Rédemption dont nous sommes les serviteurs. Ce précieux testament du crucifié a été souligné plusieurs fois : « Voici ta Mère ... Voici ton fils ... » Si en la confiant ainsi, le Seigneur a remis à sa mère toute l’Église, nous ses ministres, configurés ontologiquement au Christ, nous sommes dépositaires d’un lien aussi tendre que réel avec Marie. Nous nous sommes aussi identifiés avec Jean en accueillant Marie avec une émotion reconnaissante dans notre « demeure » et dans notre vie. Avec elle, nous voulons prononcer notre « me voici » en toute circonstance de notre vie quotidienne ; avec elle, nous sentons notre « Magnificat » de gratitude envers Dieu, pour les grandes choses qu’il réalise par le biais de notre ministère, malgré notre petitesse. C’est à elle que nous confions notre vocation et le don immérité d’être « d’autres Christs ».

 

3. Le troisième jour, nous avons repensé à la dimension missionnaire qui est au cœur de notre être sacerdotal. Elle est constitutive du ministère sacré et elle tire sa force du sacrifice du Christ qui est offert « pour la vie du monde ». Chaque célébration de l’Eucharistie nous incite à la mission universelle au-delà de tout particularisme ou de tout repli. La mission pour le troisième millénaire demande en outre que l’on sache dépasser, dans la lumière de l’Esprit Saint, tout désarroi ou tout doute face à un monde qui se présente à nous souvent indifférent, ou souffrant de difficultés angoissantes ; et c’est justement pour cela qu’il est plus que jamais assoiffé de vérité et d’amour. Ici, en terre africaine, dans le continent évangélisé et évangélisant, nous sommes particulièrement encouragés à prendre le style du premier évangélisateur qui vit en nous : le Christ lui-même, l’envoyé du Père ; et pour déclarer notre absolue disponibilité comme nous l’enseigne Marie : « Qu’il me soit fait selon ta parole ».

 

4. Les trois journées ont toujours eu ces points focaux :

 

a) L’Eucharistie, concélébrée avec une foi profonde, a mis en lumière combien la fraternité sacerdotale était un élément fondamental et « sacramentel ». Le rite célébré en latin pour souligner l’universalité et la catholicité a aussi été enrichie de quelques éléments typiquement africains dans leur expression, signes d’une dévotion populaire authentique. Nous avons ainsi pu apprécier la religiosité sincère propre à ce continent. Les temps d’adoration silencieuse devant le Saint Sacrement exposé solennellement, nous les avons savourés comme exprimant notre foi dans le « sacramentum permanens » en vertu duquel, y compris après la messe, le Christ demeure avec nous et avec son peuple comme une consolante présence divine. Cela nous engage à renouveler toujours notre amour pour ce tabernacle, qui est le centre rayonnant de nos églises et de nos cœurs.

 

b) La confession sacramentelle nous a touchés en tant que ministres et en tant que pénitents. Ce moment intense, aussi substantiel pour la vie chrétienne et pour la vigueur de notre ministère, ne peut que nous pousser à être toujours plus fidèles tant à nous confesser personnellement et régulièrement, qu’à être généreusement disponibles pour ce ministère ardu et pourtant consolant, dont notre époque a particulièrement besoin. Notre effort pour promouvoir la confession régulière et la direction spirituelle sera le lieu privilégié pour une authentique pastorale des vocations, ce qui nous concerne tous.

 

c) La célébration en commun de la liturgie des heures a rythmé nos journées, nous rappelant sa valeur de « laus perennis » dans laquelle s’enracinent nos actions quotidiennes, en sanctifiant notre journée tout entière. Nous ne pourrons oublier également, une fois de retour à notre ministère quotidien, son importance au titre du lien fraternel : elle fait de nous une seule voix, qui dans le Christ, avec le Christ, et par le Christ, remonte vers le Père, au nom de toute l’Église et de toute la création. Acceptons-nous de renouveler l’engagement d’être fidèle à ce devoir quotidien ?

 

d) L’expérience du chemin de croix qui nous a rassemblés derrière la croix de la Rédemption, pour méditer les étapes du sacrifice du Seigneur en un lieu aussi suggestif et en un espace presque sans limites, nous a fait reconsidérer la disponibilité nécessaire pour aller à la suite du Christ, et toutes ses exigences : cela va jusqu’à savoir donner notre vie, de la façon voulue par la Providence, en faveur des âmes que le Christ a rachetées de son sang. Vraiment nous nous sommes sentis interpellés sur la radicalité de notre charité pastorale.

 

e) Pendant la récitation du chapelet et au chant du Salve Regina, alors que nous étions comme illuminés par la splendeur de ce vitrail de Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro qui met en évidence la présence radieuse de Marie dans l’Église, nous avons vraiment compris ce que signifie prononcer le « Totus Tuus » que le Saint-Père nous enseigne par sa vie.

 

5. Je n’ai cherché à souligner que quelques éléments, mais il s’est agi d’une expérience inoubliable qui nous a fait vivre la communion sacerdotale comme une fraternité goûtée spirituellement et existentiellement. Certains parmi vous ont aussi enrichi de leur témoignage personnel ou de leurs interventions les divers moments de ces journées. Nous ne pouvons pas oublier que de nombreux confrères qui étaient dans l’impossibilité de venir ont aussi participé à cette expérience fraternelle en s’engageant dans la prière pour la bonne réussite de notre rencontre. L’un en faisant tous les jours une heure d’adoration pour nous ; l’autre, malade, en offrant ses souffrances pour le bon fruit de ce rassemblement de prêtres. À cet égard, j’ai le plaisir de vous confier comment je suis témoin de gestes de générosité bouleversante de la part de nombreux prêtres qui ont voulu envoyer à la Congrégation leur contribution pour participer aux frais de voyage et de séjour des confrères qui en auraient besoin. Certaines de ces offrandes sont le fruit d’authentiques sacrifices personnels. Le Seigneur qui ne se laisse pas surpasser en générosité saura bien récompenser !

 

6. Demain nous toucherons du doigt un aspect typique de la dimension missionnaire du sacerdoce et de son engagement dans la mission « ad gentes », une réalité cachée mais profonde. Il ne s’agira pas d’une promenade touristique. Il s’agira par contre de chercher à voir pour mieux comprendre et assimiler une réalité qui était inconnue jusqu’ici pour beaucoup d’entre nous, et qui deviendra nécessairement le motif d’une plus grande générosité quotidienne, d’une meilleure ouverture au sens catholique de notre être et d’une intense sensibilisation à la mission des communautés qui nous sont confiées.

 

7. Il ne pouvait pas y avoir de meilleure conclusion : le Saint-Père pourra s’exprimer aussi extérieurement grâce à la liaison télévisée. Ce sera une rencontre qui, à travers l’espace, nous fera expérimenter la beauté d’être des ministres de l’Église du Christ uni à Pierre.

 

8. Nous reviendrons chez nous, dans nos communautés, renforcés dans la foi en notre identité, avec le désir de vivre dans un élan extraordinaire la réalité ordinaire de tous les jours, qui est souvent ardue.

 

Tandis que s’approche le moment de prendre congé, la Congrégation pour le Clergé désire remercier comme il se doit son Excellence le Président de la République, ainsi que les autres autorités nationales et locales qui avec des marques exquises de gentillesse et de sensibilité ont favorisé de toutes les manières possibles cette présente rencontre. Notre remerciement se transforme en une prière au pied de Notre-Dame de la Paix, afin que cette noble nation vive toujours dans la tranquillité et la prospérité, pour le développement intégral de sa population.

 

Nous remercions avec une particulière déférence son Éminence le Cardinal Josef Tomko et la Congrégation pour l’évangélisation des peuples qui ont mis leur compétence très appréciée au service de la bonne réussite de notre rencontre. Ensuite, nous remercions leurs Éminences et leurs Excellences qui par leur présence et leur collaboration ont démontré leur affection envers ceux qui sont leurs premiers collaborateurs.

 

Nous remercions son Excellence le Nonce apostolique qui a facilité de toutes les façons possibles ces travaux ainsi que son Excellence l’Évêque du lieu.

 

Nous remercions le Recteur de la Basilique de Yamoussoukro ainsi que ses collaborateurs qui se sont mobilisés pour mieux organiser et solenniser ces moments de prières.

 

Je veux remercier pour son précieux travail de traduction et de collaboration en tout genre le groupe de prêtres et de séminaristes des Légionnaires du Christ ; outre l’efficacité de leur travail, leur présence discrète et édifiante nous a donné un témoignage de la joie qu’il y a à servir Dieu dans son Église.

 

Le remerciement que nous devons à l’Opera Romana Pellegrinagi, conduite avec compétence par Mgr Liberio Andreata, est une expression d’amitié et de familiarité, après que nous ayons fait route ensemble sur le chemin du pèlerinage sacerdotal qui, de Fatima et Yamoussoukro, se rendra à Guadalupe et Jérusalem et nous fera entrer ensemble par la Sainte porte du Grand Jubilé, à Rome.

 

Mais avant tout, nous vous remercions plus cordialement, vous tous prêtres d’Afrique qui nous avez donné avec la chaleur de votre accueil le témoignage d’une foi vive et d’un fort enthousiasme évangélisateur.

 

Merci à vous prêtres de l’Asie - et à vous, de Yamoussoukro : ces derniers jours, laissez-moi le dire, cette ville est presque devenue la capitale des prêtres.

 

Merci à vous prêtres des Amériques, qui nous avez donné l’exemple d’un ministère vécu dans des conditions difficiles mais avec force et enthousiasme.

 

Merci à vous tous qui représentez l’Europe. Par votre présence, vous témoignez que l’on peut affronter par les armes de la cohérence et de la fidélité un monde grandement sécularisé.

 

Or donc mes amis, toujours sous la protection maternelle et consolante de la très Sainte Vierge, Mère de tous les prêtres, et in nomine Domini, je ne vous dis pas adieu ; mais plutôt au revoir car nous nous reverrons à Guadalupe pour marcher ensemble, unis dans le sacerdoce du Christ.

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