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Congrégation pour le clergé

SYMPOSIUM INTERNATIONAL
À l'occasion du XXXe anniversaire

de la promulgation

du décret conciliaire

Presbyterorum Ordinis

 

Message final

à tous les prêtres

du monde


Cité du Vatican

23 – 28 octobre 1995

 

 

MESSAGE FINAL

 

Depuis trente ans, le Décret conciliaire Presbyterorum Ordinis marque le chemin de l’Eglise dans le but de définir l’identité, le ministère et la vie des prêtres et reflète les joies, les espoirs, les difficultés et les inquiétudes des prêtres qui ont consacré leur vie au Christ, Chef et Pasteur, Prêtre Suprême et Eternel.

Encouragés par les vœux du Saint-Père, en participant à ce Symposium international promu par la Congrégation pour le Clergé à l’occasion du XXXe anniversaire de la promulgation du décret conciliaire Presbyterorum Ordinis, nous avons réfléchi sur la figure du prêtre au seuil du Troisième Millénaire, engagé dans la nouvelle évangélisation. Dans la prière, la réflexion et les communications réciproques – cum Petro et sub Petro – nous avons pensé à tous les prêtres de par le monde, qui sans bruit, dans leur travail quotidien, exercent avec joie le ministère presbytéral au service des communautés chrétiennes. Nous avons gardé présents dans le cœur et l’esprit les prêtres isolés, éprouvés par la maladie, âgés ; les prêtres persécutés à cause du Christ et de son Eglise, ou victimes de la guerre et de la violence ; les prêtres qui, pour une raison ou une autre, vivent avec quelque difficulté leur service à Dieu et à l’Eglise.

Notre présence d’Evêques présidents des Commissions épiscopales pour le Clergé du monde entier, et des prêtres délégués de ces Conférences épiscopales, a renouvelé notre foi dans le Christ Seigneur et Maître, qui est le centre et la fin de l’histoire, le Seigneur du temps.

Nous sommes conscients de ce que les difficultés et les défis ne manquent pas. La transformation historique des trente dernières années et l’ouverture du Troisième Millénaire de l’ère chrétienne appellent tous les prêtres à se faire les hérauts de la nouvelle évangélisation, les témoins intrépides de l’amour avec lequel Dieu aime chaque créature, joyeux dans leur fidélité quotidienne et dans la disponibilité prompte et heureuse au Seigneur, le Maître de la moisson.

Nous confirmons que l’être et l’agir des prêtres dans l’Eglise et dans le monde sont indispensables et irremplaçables. Ministres de l’Eucharistie, dispensateurs de la miséricorde divine dans le sacrement de la Réconciliation, Consolateurs des âmes, guides de tous les fidèles dans les moments difficiles et tumultueux de la vie, les prêtres agissent sur mandat et « in persona Christi Capitis ».

Au cours de ce Symposium, nous avons pris encore plus conscience de notre devoir de marcher constamment vers la pleine réalisation de notre identité sacerdotale. Notre spiritualité nous pousse à renouveler en Dieu la foi, l’espérance et la charité.

Nous sommes convaincus que la formation permanente est une tâche prioritaire et urgente. Serviteurs du ministère, enracinés dans la Parole de Dieu, nous sommes appelés à croître chaque jour dans la grâce pour être véritablement des témoins de l’Evangile.

Serviteurs de la communion, nous devons réaliser continuellement une plus grande intégration personnelle et communautaire pour le service de l’Eglise qui est la famille des enfants de Dieu. Serviteurs de la mission, nous sommes appelés à répondre avec enthousiasme aux signes des temps, en essayant de comprendre et d’évaluer, grâce à des critères de discernement évangélique, les circonstances culturelles et sociales qui changent rapidement et qui sont un défi pour notre mission de service à toute l’humanité.

Dans la générosité, le sérieux, la continuité de notre dévouement, nous aurons toujours la certitude de la gratuité de l’appel dans nos vies et nous découvrirons qu’il n’y a point de place pour le découragement ; que notre service est toujours un don joyeux qui attire l’amour et la bénédiction de Dieu.

C’est pourquoi nous autres, évêques et prêtres, représentants des Conférences épiscopales du monde :

- nous exprimons notre reconnaissance au Saint Père et à la Congrégation pour le Clergé pour l’occasion qui nous a été offerte d’approfondir le Décret conciliaire, en tenant compte du chemin parcouru par le Magistère au cours des trente dernières années ;

- nous constatons avec joie que les travaux se sont déroulés dans un climat de communion authentique et de fraternité sacerdotale et que les thèmes traités ont été riches d’enseignements théologiques, spirituels et pastoraux ;

- par ce Message, nous nous adressons à tous les prêtres du monde, pour leur proposer quelques points de réflexion :

 

Identité du prêtre

 

L’office des prêtres, en tant qu’il est lié à l’Ordre épiscopal, participe à l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps. C’est pourquoi le sacerdoce des prêtres, s’il suppose les sacrements de l’initiation chrétienne, est cependant conféré au moyen du sacrement particulier qui, par l’onction du Saint-Esprit, les marque d’un caractère spécial, et les configure ainsi au Christ Prêtre, pour les rendre capables d’agir « en personne du Christ Tête ».

Presbyterorum Ordinis 2

 

La connaissance de la nature et de la mission du sacerdoce ministériel est le présupposé nécessaire et en même temps le guide le plus sûr et le stimulant le plus fort pour développer dans l’Eglise l’action pastorale, en vue de la promotion et du discernement des vocations sacerdotales et de la formation de ceux qui sont appelés au ministère ordonné.

Pastores dabo vobis, 11

 

Le sacerdoce ministériel rend tangible l’activité propre du Christ-Tête, et prouve que le Christ n’a pas abandonné son Église mais qu’il continue à lui donner la vie grâce à son sacerdoce éternel.

Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, 1

 

Afin que le prêtre puisse être « le sel et le levain » dans les conditions sociales et culturelles actuelles, nous recommandons un approfondissement permanent de l’identité du prêtre. Ce sont la clarté et la conscience continue de sa propre identité qui déterminent l’équilibre de la vie sacerdotale et la fécondité du ministère pastoral qui en découle. À cette fin, il est suggéré ce qui suit :

 

1. Que les prêtres réfléchissent devant Dieu, dans un climat de silence contemplatif, sur le fait que leur vocation est un don et un mystère : don pour lequel remercier et mystère à découvrir et à apprécier.

 

2. Pour réaliser cette vocation, il est nécessaire de se configurer dans son essence à l’image du Christ prêtre ; les traits spécifiques de cette image se révèlent dans le témoignage de la fidélité et dans le don joyeux de soi au ministère.

 

3. Un aspect important et décisif de l’identité du prêtre est constitué par la dimension ecclésiologique qui s’exprime dans la communion et dans la fraternité sacramentelle. Elle se réalise dans la communion avec la vie trinitaire, avec le Christ et, dans l’Eglise, avec le Souverain Pontife, avec le Collège épiscopal, avec les fidèles laïcs, avec les religieux et religieuses et, de façon spéciale, avec son propre évêque et les confrères du ministère, de façon visible et significative. Communion donc, qui n’est pas à rechercher dans le consensus humain et dans les majorités, mais bien en Celui qui est la Vérité et l’Amour.

 

4. À cette fin, les évêques, pères et pasteurs, sont invités à offrir à leurs prêtres toujours plus d’occasions de réfléchir sur leur identité sacerdotale, en faisant recours aux moyens les plus efficaces : retraites, journées d’approfondissement et de rencontre fraternelle, conférences. Ils sauront en outre favoriser une familiarité respectueuse autant qu’affectueuse avec leurs prêtres. Il est recommandé de veiller particulièrement à présenter aux prêtres, de façon adaptée, tous les documents pontificaux et des dicastères du Saint-Siège concernant le ministère et la vie des prêtres, en choisissant des orateurs compétents et à l’orthodoxie manifeste.

 

5. Il est indispensable de s’engager dans l’approfondissement et l’étude systématique de la théologie sacramentelle de l’Ordre, aussi bien dans la période de formation au séminaire que dans les programmes de formation permanente. Le prêtre acquiert ainsi une connaissance non seulement théorique, mais également concrète de son identité, de sorte que ces idées trouvent un répondant dans toutes les exigences de sa vie et de son ministère.

 

6. En ce moment de la vie de l’Eglise et du monde, les conseils évangéliques de pauvreté, d’obéissance et de chasteté acquièrent un relief particulier. Quant au célibat, nous reconnaissons qu’il doit être accepté et vécu comme un don et un charisme, tel que l’apprécie la Tradition entière, et tel que le reçoit providentiellement l’Eglise latine comme condition nécessaire pour l’accès à la prêtrise. C’est là un précieux don du Seigneur à son Eglise. Approfondir ses motivations bibliques, théologiques et pastorales, dans la ligne tracée par le Magistère le plus récent, doit être partie intégrante de l’étude et de l’enseignement sur l’identité et la spiritualité du sacerdoce. Que ceux qui sont appelés à ce charisme le vivent avec joie, dans une attitude de reconnaissance envers le Seigneur et de donation totale à ses frères.

 

7. Nous souhaitons que la prochaine Assemblée plénière de la Congrégation pour le Clergé sur le diaconat permanent puisse contribuer à définir plus clairement le rapport des prêtres aux autres degrés de l’Ordre. De cette façon, des éléments supplémentaires apparaîtront pour présenter et comprendre l’identité du prêtre.

 

8. L’approfondissement renouvelé et organique de la réflexion théologique, s’il tient compte des traditions de l’Eglise catholique et des vénérables Eglises orthodoxes en ce qui concerne l’identité, la spiritualité et le service pastoral des prêtres, permettra dans ce domaine également l’échange souhaité de dons et la communion d’intentions.

 

9. Il est aujourd’hui urgent, au plan théologique et au plan opératoire, d’approfondir la distinction entre sacerdoce baptismal et sacerdoce ordonné. Étant donné que dans certains pays, en raison du manque de prêtres la participation des diacres, des religieux et des laïcs dans la direction des communautés paroissiales devient toujours plus fréquente, il est nécessaire d’élaborer des normes afin de comprendre et d’appliquer correctement le canon 517, § 2, du Code de Droit Canon. À cet égard, un document est souhaité, qui, en valorisant pleinement chaque vocation et la nécessaire intégralité du ministère sacerdotal, garantisse la fécondité apostolique de la nouvelle évangélisation.

 

10. Tout en reconnaissant la préciosité de l’œuvre qu’accomplissent avec mérite les Instituts de Vie Consacrée, on souhaite que dans le cadre de la formation des futurs prêtres diocésains, – et dans la limite du possible étant donné également la réalité concrète de chaque diocèse – soit assurée une présence plus importante du clergé diocésain dans l’équipe de formateurs ; il s’agit de permettre un témoignage personnel et vivant de la spiritualité diocésaine propre au sacerdoce inséré dans une Eglise particulière.

 

La mission et le ministère du prêtre dans l’Eglise et dans le monde en mutation, pour une nouvelle évangélisation

 

Exerçant, pour la part d’autorité qui est la leur, la charge du Christ Chef et Pasteur, les prêtres, au nom de l’évêque, rassemblent la famille de Dieu comme une fraternité qui n’a qu’une âme, et par le Christ dans l’Esprit, ils la conduisent à Dieu le Père. Pour exercer ce ministère, comme pour les autres charges du prêtre, ils reçoivent un pouvoir spirituel, qui est donné pour construire (cf. 2 Cor 10, 8 ; 13, 10).

Presbyterorum Ordinis, 6

 

Les prêtres sont ainsi appelés à prolonger la présence du Christ, unique et souverain Pasteur, en retrouvant son style de vie et en se rendant en quelque sorte transparents à lui au milieu du troupeau qui leur est confié.

Pastores dabo vobis, 15

 

Le prêtre, « comme prolongement visible et sacramentel du Christ, et à sa propre place en face de l’Église et du monde, comme origine permanente et toujours nouvelle du salut », se trouve inséré avec une responsabilité particulière dans la dynamique trinitaire. Son identité provient du ministerium Verbi et sacramentorum.

Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, 4

 

Dans la perspective de l’ecclésiologie de communion, dans laquelle doit être considéré le ministère sacerdotal, il nous semble utile d’avancer quelques propositions, afin de rendre plus efficace l’action missionnaire des prêtres qui, au seuil du Troisième Millénaire, sont engagés dans la nouvelle évangélisation.

 

1. Si l’on veut que l’effort apostolique soit efficace, il est indispensable d’établir un programme de travail intense, qui soit véritablement ouvert aux desseins du Seigneur. Ce projet devrait être conduit tant au niveau des Conférences épiscopales que des diocèses, des paroisses et des communautés. Une fois les lignes de travail déterminées, en conformité avec le Magistère de l’Eglise, il est également indispensable d’établir des échéances précises pour atteindre les objectifs fixés, en contrôlant périodiquement les progrès accomplis.

 

2. La pastorale des vocations mérite une place privilégiée dans le cadre de toute la pastorale ordinaire. C’est pourquoi il est suggéré que dans chaque diocèse, certains prêtres se consacrent à temps complet aux vocations destinées tant au petit séminaire qu’au grand séminaire. Ceci provient de la conscience profonde de ce que les vocations constituent un don de Dieu, que tout le peuple doit demander par une prière constante. Il faudra promouvoir une sensibilisation tout à fait particulière dans les domaines de la sainteté des clercs, de la pastorale des confessions et de la direction spirituelle (cf. Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, nn. 53 et 54).

 

3. Afin de favoriser un partage apostolique et de stimuler l’aide réciproque entre les prêtres dans l’accomplissement de leur mission, il est suggéré de créer des structures diocésaines et interdiocésaines (si possible également nationales et internationales), qui montrent une fidélité exemplaire au Magistère et à la discipline ecclésiastique, et qui aident chaque prêtre à se sentir membre de l’Eglise universelle.

 

4. La formation de la conscience des baptisés est une partie fondamentale de la mission pastorale, dans notre situation culturelle où s’affaiblit le sens du discernement éthique. En particulier, que les prêtres se sentent responsables de la transmission claire des enseignements de l’Eglise concernant le divorce, l’avortement et l’euthanasie ; il n’est permis à personne de tuer un être humain, qui reste tel de sa conception jusqu’à sa mort naturelle.

 

5. En ce qui concerne le rapport avec les laïcs, il est suggéré :

a. dans la formation des prêtres : de les préparer à un travail d’équipe à accomplir avec les laïcs, en tenant bien compte de l’identité et de la spécificité des rôles de chacun ;

b. de destiner certains prêtres à la formation des fidèles laïcs, à l’insertion de ceux-ci dans la vie apostolique pour l’animation des réalités temporelles, et à leur constante attention spirituelle ;

c. que chaque curé sache également distinguer les personnes, particulièrement parmi les jeunes, qu’il considère comme plus aptes à une collaboration dans la paroisse : d’un côté, ce système allège le poids des occupations du prêtre, et de l’autre, il offre une occasion précieuse d’orienter les âmes les plus sensibles à une plus grande conscience des responsabilités baptismales, et il peut être une excellente occasion de discerner ceux qui se sentent appelés à un engagement spécial dans la vie consacrée.

 

6. Dans le domaine des mass media : pour pouvoir bénéficier de ce puissant moyen d’évangélisation, il est nécessaire que les Conférences épiscopales se chargent de préparer avec professionnalité les prêtres et les laïcs les plus aptes à accomplir ce ministère.

 

7. Dans chaque diocèse et paroisse, il convient de tenir compte de toutes les exigences qui caractérisent une société en mutation constante : l’immigration, le tourisme, les situations de guerre, la violence en général, les divers types de pauvreté, en commençant par celles de l’esprit. Il faut aussi porter une attention spéciale aux chrétiens qui se trouvent dans des situations pastorales complexes et irrégulières. Que l’on cherche une réponse pastorale adaptée et toujours clairement conforme à la mission de salut que le Rédempteur a confiée a son Eglise.

 

8. Sans jamais perdre de vue l’authenticité du message évangélique, et avec la prudence nécessaire, que l’on cherche les formes d’inculturation légitimes qui assument les valeurs culturelles et les caractéristiques de chaque peuple, à la lumière de la pleine Révélation qui est dans le Christ.

 

La spiritualité sacerdotale

 

« Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mat. 5,48). Mais cette perfection, les prêtres sont tenus de l’acquérir à un titre particulier : en recevant l’Ordre, ils ont été consacrés à Dieu d’une manière nouvelle pour être les instruments vivants du Christ Prêtre éternel, habilités à poursuivre au long du temps l’action admirable par laquelle, dans sa puissance souveraine, il a restauré la communauté chrétienne tout entière. Dès lors qu’il tient à sa manière la place de la personne du Christ lui-même, tout prêtre est, de ce fait, doté aussi d’une grâce particulière ; elle vise à ce qu’en servant le peuple qui lui est confié et le peuple de Dieu tout entier, il puisse mieux tendre vers la perfection de Celui qu’il représente, et pour que sa faiblesse d’homme charnel se trouve guérie par la sainteté de Celui qui est devenu pour nous le Grand Prêtre « saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs » (Héb. 7, 26).

Presbyterorum Ordinis, 12

 

Par la consécration sacramentelle, le prêtre est configuré à Jésus-Christ en tant que Tête et Pasteur de l’Eglise [...] Grâce à cette consécration, opérée par l’effusion de l’Esprit dans le sacrement de l’Ordre, la vie spirituelle du prêtre est empreinte, modelée et marquée par les comportements qui sont propres au Christ Tête et Pasteur de l’Eglise et qui se résument dans sa charité pastorale.

Pastores dabo vobis, 21

 

Les prêtres maintiendront vivant leur ministère dans une vie spirituelle à laquelle ils accorderont une prééminence absolue, en évitant de la négliger par activisme. C’est justement pour pouvoir exercer fructueusement son ministère pastoral que le prêtre a besoin d’entrer dans une union particulière et profonde avec le Christ, le Bon Pasteur qui seul demeure le protagoniste principal de toute action pastorale.

Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, 38

 

Moyens de perfection spirituelle

 

1. Conscient de la nécessité urgente de l’union intime avec Dieu, le prêtre devra s’aménager des temps pour la prière personnelle, la lecture spirituelle et la récitation du chapelet. La confession périodique et la direction spirituelle sont encore des moyens indispensables pour progresser dans la propre voie spirituelle, tout comme la dimension contemplative d’adoration et d’intimité profonde avec le Seigneur, dans l’Eucharistie et l’Ecriture Sainte.

 

2. Que l’on donne une attention particulière à la dévotion à la Mère de Dieu ; comme Mère des prêtres, elle doit être toujours présente à leur mission et à leur vie spirituelle.

 

3. Il faut essayer de promouvoir également des journées de retraite et de fraternité sacerdotale au niveau local, diocésain, national et international (cf. Directoire, n. 81 ; 85).

 

Le ministère comme moyen de sanctification personnelle

4. Les prêtres doivent développer leur ministère comme moyen de sanctification personnelle, en recherchant l’équilibre entre l’intériorité et l’activité pastorale, et en faisant de leur travail pastoral une véritable prière.

 

5. Qu’ils sachent tout offrir à Dieu avec un cœur disponible, capable d’embrasser avec générosité tout sacrifice pour la réalisation de leur mission.

La charité pastorale

6. Que les prêtres vivent leur responsabilité en union avec le Christ, Bon Pasteur source de la charité. La vie eucharistique quotidienne et intime, doit constituer un encouragement à se donner avec générosité au service de son diocèse, dans le grand souffle de l’Eglise universelle.

 

7. Qu’ils soient éduqués dans la charité pastorale pour vivre l’accueil miséricordieux à l’égard de tous, particulièrement à l’égard de leurs confrères en difficulté et à l’égard de ceux qui, ne connaissant pas encore la vérité, doivent pouvoir recevoir non seulement le pain et l’assistance matérielle, mais également, et surtout, le Christ, chemin, vérité et vie.

 

 

La communion et la fraternité entre les prêtres

 

Les prêtres, constitués dans l’Ordre du presbytérat par l’Ordination, sont tous liés entre eux par une intime fraternité sacramentelle ; mais en particulier ils forment un presbyterium unique dans le diocèse au service duquel ils sont inscrits, sous un évêque propre. Certes, les tâches confiées sont diverses ; il s’agit pourtant d’un ministère sacerdotal unique exercé pour les hommes. [...] Finalement, tous visent le même but : construire le Corps du Christ ; de notre temps surtout, cette tâche réclame des fonctions multiples et des adaptations nouvelles. Il est donc bien important que tous les prêtres, diocésains aussi bien que religieux, s’aident entre eux pour être toujours coopérateurs de la vérité (cf 3 Jn 8).

Presbyterorum Ordinis, 8

 

Le ministère ordonné, de par sa nature même, ne peut être accompli que pour autant que le prêtre est uni au Christ par l’insertion sacramentelle dans l’ordre presbytéral et donc pour autant qu’il est en communion hiérarchique avec son évêque. Le ministère ordonné est radicalement de « nature communautaire » et ne peut être rempli que comme « œuvre collective ». [...] Chaque prêtre, qu’il soit diocésain ou religieux, est uni aux autres membres du presbyterium en fonction du sacrement de l’Ordre, par des liens particuliers de charité apostolique, de ministère et de fraternité.

Pastores dabo vobis, 17

 

En effet, il est inséré dans l’Ordo Presbyterorum, constituant une unité qui peut se définir comme une véritable famille où les liens ne viennent pas de la chair et du sang, mais de la grâce de l’Ordre.

Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, 25

 

1. En premier lieu, nous voulons rappeler l’importance de la figure authentique de l’évêque père et ami, toujours prêt à assumer des responsabilités qui ne peuvent être déléguées.

a. L’évêque est le promoteur de la communion entre les prêtres : il ne manquera pas de proposer l’organisation périodique de temps de vie en commun, de réunions, de moments de partage fraternel, de prière, de solidarité mutuelle. Ces louables initiatives doivent être ouvertes aux prêtres diocésains et religieux, jeunes et âgés, y compris les prêtres des nouveaux mouvements, dans une perspective d’accueil et de respect des charismes reconnus par l’Eglise.

b. L’évêque doit pouvoir connaître personnellement tout prêtre qui lui est confié : dans les petits diocèses, il peut le faire directement, dans les diocèses plus grands, certains prêtres pourront être nommés qui, en relation et en communion très étroite avec l’évêque, se consacrent au soin spirituel de leurs confrères dans le sacerdoce. Il serait souhaitable – dans les modes et temps que l’Autorité compétente retiendra opportuns – de procéder à la révision territoriale de ces grands diocèses afin d’en réduire la taille à des dimensions plus efficaces pastoralement.

c. L’ordinaire diocésain doit avoir soin de ses prêtres : c’est-à-dire qu’il doit s’assurer qu’aucun d’entre eux n’est abandonné à des situations à risque, comme une solitude prononcée, un abandon moral et spirituel, etc. Nous souhaitons unanimement que, dans la mesure du possible, les paroisses soient confiées à des communautés sacerdotales, restant sauf ce qu’établit le Code de Droit Canon.

 

2. Pour sa part, le prêtre peut favoriser cette rencontre filiale et fraternelle avec son évêque et avec ses confrères au moyen notamment d’un effort constant de bienveillance, « rivalisant dans l’estime mutuelle », toujours attentif à profiter des bonnes initiatives mises en place dans les divers diocèses.

 

 

La formation permanente

 

Pour pouvoir fomenter leur union au Christ dans toutes les circonstances de la vie, les prêtres jouissent, outre l’exercice conscient de leur ministère, d’un certain nombre de moyens communs et particuliers, anciens et nouveaux, que le Saint-Esprit n’a jamais manqué de susciter dans le peuple de Dieu, et que l’Eglise recommande, et parfois même impose, pour la sanctification de ses membres.

Presbyterorum Ordinis, 18

 

Le don de l’Esprit ne remplace pas mais sollicite la liberté du prêtre afin qu’il coopère d’une manière responsable et assume sa formation permanente comme une tâche qui lui est confiée. De cette façon, la formation permanente est à la fois l’expression et la condition de cette fidélité du prêtre à son ministère, plus encore à son être même. Elle est donc amour de Jésus-Christ et cohérence avec soi-même. Mais elle est aussi un acte d’amour envers le peuple de Dieu dont le prêtre est le serviteur. II s’agit même d’un véritable acte de justice : le prêtre doit en rendre compte, car il est appelé à reconnaître et à promouvoir ce « droit » fondamental du peuple de Dieu comme destinataire de la Parole de Dieu, des sacrements et du service de la charité qui forment le contenu original et irréductible de son ministère pastoral. La formation permanente est nécessaire afin que le prêtre puisse répondre de façon appropriée à ce droit du peuple de Dieu.

Pastores dabo vobis, 70

 

La formation permanente est un moyen nécessaire au prêtre d’aujourd’hui pour atteindre la fin de sa vocation, c’est-à-dire le service de Dieu et de son Peuple. En pratique, la formation permanente consiste à aider tous les prêtres à répondre généreusement à l’engagement que requiert la dignité et la responsabilité que Dieu leur a confiées par le sacrement de l’Ordre, à conserver, défendre et développer leur identité et leur vocation spécifique, à se sanctifier et à sanctifier les autres dans l’exercice de leur ministère.

Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, 71

 

1. En confirmant la priorité de la formation permanente, nous estimons qu’il est nécessaire d’avoir une solide base dans les études de philosophie et théologie du cycle institutionnel. Nous conseillons donc que le plus grand nombre possible de prêtres aille jusqu’à la licence en philosophie et en théologie. Cela peut comporter la nécessité d’investir dans les études quelques années du ministère pastoral après l’ordination. Il faut toutefois éviter la course aux titres académiques en se préoccupant plutôt du sérieux absolu de la formation intégrale.

 

2. Plus précisément, les évêques doivent se soucier de promouvoir une mentalité ouverte à la formation, dès les premières années du séminaire, comme une exigence directe du sacrement de l’Ordre. Qu’ils destinent en outre à la formation permanente certains prêtres choisis parmi les plus compétents et exemplaires. De façon concrète, il est suggéré de former des responsables qui collaborent directement et fidèlement avec l’évêque dans cette charge.

 

3. Nous considérons opportun de créer des instituts régionaux de formation permanente qui assurent la conformité aux orientations du Saint-Siège. Entre temps, il est possible de proposer des équipes de formateurs itinérants.

 

4. Des organismes doivent se constituer au niveau national et continental, pour la programmation et la coordination des divers plans de formation permanente (spirituelle, intellectuelle, humaine et pastorale).

 

5. La Congrégation pour le Clergé, dans l’accomplissement de sa tâche d’animation de la vie et du ministère des prêtres, s’engage à dédier une attention spéciale à leur formation permanente : soit en suivant attentivement les projets que proposent les conférences d’évêques, soit en leur offrant des suggestions et éventuellement des collaborations concrètes, soit encore à travers l’institut Sacrum Ministerium que le Dicastère organise à Rome pour la formation des futurs ouvriers de la formation permanente, soit enfin à travers la revue Sacrum ministerium destinée à la mise à jour du clergé.

 

6. Les évêques doivent considérer l’urgence de proposer des enseignants plus qualifiés et compétents afin d’assurer une formation permanente adaptée. De plus, ils doivent inviter leurs prêtres à se nourrir de lectures de formation spécifique et choisie. Que l’on n’oublie pas la mise à jour adaptée dans les domaines de la science et de la culture, laquelle fait partie intégrante d’une préparation au dialogue avec le monde actuel et à son évangélisation.

 

7. Que l’on constitue, là où c’est possible, des centres de spiritualité sacerdotale, des maisons pour les retraites et pour la prière, dans lesquels les prêtres puissent trouver conseil, amitié, aide spirituelle et formatrice, et être encouragés à partager leurs expériences et leurs besoins.

 

8. Il nous semble encore important qu’un prêtre ayant de l’expérience pastorale et spirituelle puisse être assigné à chaque nouveau prêtre, afin d’être pour lui un père, un ami et un guide dans les premières années de ministère.

 

9. Nous demandons également qu’aux divers niveaux ecclésiaux : Universels, nationaux et régionaux, soient institués des écoles, des services et des moyens capables de former et de soutenir les formateurs des prêtres.

 

10. Comme fondement d’une formation continue et nous basant sur des expériences positives de certains diocèses nous proposons d’introduire au séminaire, une année propédeutique, avant de commencer les études ecclésiastiques, consacrée de façon spécifique, outre la formation humaine et l’intégration de la personnalité, aussi et surtout à la vie spirituelle, à renforcer la vie d’union avec Dieu et à acquérir un niveau minimum de formation catéchétique.

 

Conclusion

 

Nous les participants à ce Symposium international, cardinaux et archevêques de la Curie romaine, Supérieurs et officiaux de la Congrégation pour le Clergé, évêques présidents des commissions pour le clergé des diverses conférences d’Evêques, prêtres représentant le clergé dans le monde entier, religieuses et laïcs collaborateurs rassemblés ici au Vatican, nous vous exprimons notre plus sincère estime, à vous les prêtres du monde entier. Nous nous faisons la voix de toute l’Eglise pour vous dire merci.

Merci à vous, prêtres, pour votre vie, consacrée au Christ à travers l’imposition des mains des évêques, marquée par le caractère sacramentel qui vous configure de façon ontologique au Christ, Pasteur et Epoux de l’Eglise, et qui, inséré « dans » l’Eglise et « devant » l’Eglise fait de vous des signes visibles de son amour sauveur et de son action sanctificatrice.

Merci à vous, prêtres qui vous consacrez au soin des âmes, dans les paroisses, les communautés, dans les domaines de la culture, du travail, de la souffrance, et partout où l’homme est présent. Merci pour les heures passées au confessionnal, pour le temps que vous consacrez à rencontrer et à écouter les personnes, les aidant à découvrir et à répondre aux desseins de Dieu. Merci pour l’administration des sacrements, pour la célébration quotidienne, fidèle et pieuse, de la Sainte Messe ; merci de vous faire la voix de l’Eglise et de toute la Création dans la célébration quotidienne de l’Office Divin.

Merci pour votre dévouement, vécu dans le quotidien des travaux innombrables et de votre fatigue. Nous pensons à vous tous, là où le petit nombre de prêtres accroît de façon considérable le poids quotidien et exige de vous de la générosité, parfois jusqu’à l’héroïsme.

Merci à vous, prêtres confesseurs de la foi, qui portez dans votre corps les marques de la passion du Christ et de l’Eglise. Vous êtes pour tous un rappel constant de l’essence de l’amour véritable : donner sa vie pour l’œuvre du Christ.

Merci à vous missionnaires, qui portez aux confins de la terre et aux confins de l’âme humaine, le Christ, unique salut et unique rédempteur de l’homme.

Merci à vous, membres des Instituts de Vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique, qui vivez votre sacerdoce dans la richesse des charismes de vos fondateurs. Et nous vous disons également merci à vous, prêtres contemplatifs qui, dans les monastères, faites battre le cœur du monde !

Merci à vous, jeunes prêtres qui, par votre oui, avez offert avec joie vos vies au Christ et à l’Eglise. Que votre enthousiasme se renouvelle chaque jour et dans chaque circonstance de votre existence.

Merci à vous, prêtres âgés et à vous prêtres handicapés, qui, en dépit du déclin de vos forces, vivez pleinement votre ministère dans de nouvelles conditions de vie.

Merci à vous, prêtres qui, guidés par la Doctrine Sociale de l’Eglise et en communion avec elle, témoignez d’un engagement particulier en faveur de la justice pour les pauvres, les populations autochtones, les migrants et toutes les formes de marginalisation.

Merci à vous, prêtres qui, dans cette époque marquée par la culture de la mort, faites avancer et défendez courageusement la culture et la valeur de la vie de son commencement jusqu’à son achèvement naturel.

Merci à vous prêtres qui affrontez avec force tout défi venant du monde, et saintement fiers de votre identité, en portez avec amour également le signe extérieur, ce rappel du service pastoral et ce témoignage dans un monde sécularisé.

Merci à vous, hommes et femmes qui encouragez vos prêtres grâce à votre affection et votre prière, qui les soutenez dans leur travail, offrant ainsi une collaboration bien comprise au ministère sacerdotal.

Une gratitude tout à fait particulière vous revient, mères et pères des prêtres !

Merci à toi, Pierre qui, par ton exemple de vie sacerdotale et ton magistère, confirme tes frères prêtres dans leur appartenance au Christ et dans leur service généreux à l’Eglise, et par cela même dans le service à l’homme.

Nous renouvelons une pensée particulière d’affection et de solidarité à tous les prêtres qui vivent des moments difficiles de solitude, de fatigue et de découragement. Qu’une certitude vous accompagne : Vous n’êtes pas seuls ! La présence du Christ est rendue visible dans la fraternité du presbyterium et dans le visage de votre Eglise.

Nous désirons nous engager à la prière et à la pénitence, en esprit de charité pastorale, pour les confrères qui ont quitté le ministère.

Nous sommes conscients qu’à la veille du Troisième Millénaire, la grande tâche qui attend tout prêtre est de porter la nouveauté de la personne de Jésus et de son message à un monde marqué par les contradictions, y devenant nous-mêmes des signes crédibles et visibles du Christ, Bon Pasteur. Telle est la merveilleuse aventure divine et humaine à laquelle nous avons été appelés et que nous nous engageons tous à vivre avec joie et courage.

Que Marie, la Mère du Christ et de l’Eglise que nous voulons accueillir dans notre maison et à qui nous confions tout, nous soutienne sur ce chemin.

 

 

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Ce texte a été approuvé à l’unanimité par les participants au Symposium, en conclusion de leurs travaux, le 28 octobre 1995.

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