CONGRÉGATION POUR L'EVANGÉLISATION DES PEUPLES

PRÉSENTATION DU MESSAGE POUR 
LA JOURNÉE MONDIALE DES MISSION 2003

I. Préambule

Avant de vous présenter brièvement le contenu du Message pour la prochaine Journée mondiale des missions qui, comme vous le savez, sera célébrée l'avant-dernier dimanche d'octobre, je désire vous informer que, à partir de cette année, le Saint-Père a voulu anticiper la diffusion du texte. En effet, jusqu'à l'année dernière celui-ci était publié en la solennité de la Pentecôte. Dorénavant, il sera rendu public lors de la Fête du Baptême du Seigneur. Cette anticipation a pour but de permettre aux diocèses du monde entier, aux Conférences épiscopales internationales et nationales, aux Familles religieuses et aux Instituts missionnaires qui oeuvrent dans le monde, de disposer dès le mois de janvier du Message du Pape, de façon à pouvoir l'étudier et à l'appliquer à leur propre réalité, en l'intégrant de façon harmonieuse dans le service pastoral que tout organisme est appelé à rendre dans son propre domaine de compétence.

Par cette initiative, on a voulu éviter que la Missio ad gentes soit vécue en terme d'événement exceptionnel ou extraordinaire. On ne peut pas permettre, au risque de trahir l'Evangile de Jésus-Christ, que la dimension missionnaire soir perçue comme une sorte de Cendrillon de l'expérience de la foi, ou de la pratique pastorale des évêques et des prêtres. La mission est, en effet, la partie cruciale de l'itinéraire de chaque communauté chrétienne:  "L'Eglise est missionnaire par nature, car le précepte du Christ n'est pas quelque chose de contingent ni d'extérieur, mais il est au coeur même de l'Eglise. Il en résulte que toute l'Eglise, que chaque Eglise, est envoyée aux païens" (Redemptoris missio, n. 62).

De fait, le mandat missionnaire a été la préoccupation de Jésus, avant son retour définitif au Père. En Galilée, lors du rendez-vous final avec les Apôtres, après la résurrection, le Christ commanda:  "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Mt 28, 19-20). Tel est le Testament que le Seigneur a remis à l'Eglise et que l'Eglise a vécu au cours des deux mille ans de son histoire.

Ainsi, en obéissance au Seigneur Jésus, et soutenus par l'Esprit Paraclet, les premiers disciples du Seigneur se sont avancés sur la route de la Mission, dans toutes les directions du monde connu. Au cours de ces vingt siècles, de très nombreux martyrs sont restés fidèles, au temps de l'épreuve, à la Bonne Nouvelle, se rappelant des paroles de l'Apôtre des Nations au disciple Timothée:  "Ne rougis donc pas du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi son prisonnier, mais souffre plutôt avec moi pour l'Evangile, soutenu par la force de Dieu" (2 Tm 1, 8).

Et aujourd'hui, au début du XXI siècle, l'Eglise catholique repart avec confiance pour accomplir une nouvelle partie du chemin à la rencontre du monde, également parce que le chemin est encore long et la route à parcourir semée d'embûches. Il s'agit d'un parcours rempli de mystère, mais fascinant; plein de menaces, mais en même temps sûr, car la Très Sainte Vierge Marie, Etoile de l'Evangélisation nous accompagne.

II. Les contenus du Message

Cette année, la Journée missionnaire mondiale, qui tombe le dimanche 19 octobre 2003, coïncidera également avec la célébration du XXV anniversaire du pontificat du Pape Jean-Paul II, avec la béatification de Mère Teresa de Calcutta et avec la clôture de l'Année du Rosaire.

Dans cette perspective, le Saint-Père a voulu indiquer la "Prière du Rosaire" comme thème de réflexion pour la Journée missionnaire mondiale. La proposition prend donc place dans l'itinéraire souhaité par le Pape pour vivre la dévotion à l'égard du Rosaire:  "une année à vivre sous le regard de Celle qui, selon le mystérieux dessein divin, en prononçant son "oui", a rendu possible le salut de l'humanité".

La Journée missionnaire mondiale pourra donner une impulsion plus généreuse à cet engagement de prière de la Communauté ecclésiale.

Les objectifs, indiqués par le Message du Pape sont au nombre de trois:  "Une Eglise plus contemplative", "Une Eglise plus sainte", "Une Eglise plus missionnaire", toujours accompagnée par la Très Sainte Vierge, Etoile de la nouvelle Evangélisation, aurore lumineuse et guide sûr pour notre chemin (Message, n. 1).

1. Contemplation. La récitation quotidienne du Rosaire ouvre et rend praticable aux hérauts de l'Evangile les voies de la Mission. En effet, le Rosaire n'est autre qu'un pèlerinage sur les routes du salut, effectué avec la Très Sainte Vierge Marie, pour contempler à travers ses yeux de croyante le véritable visage du Christ. Marie s'offre comme missionnaire et devient la "narratrice" de l'Evangile de Jésus-Christ, à partir de la singulière expérience de Dieu, qu'elle a eu l'occasion de vivre en tant que femme de foi et Mère de Dieu.

2. Sainteté. La Très Sainte Vierge Marie est un authentique "modèle" de foi. En effet, en Elle, les paroles de l'Evangile ont non seulement trouvé un écho extraordinaire, mais elle est devenue, par vocation, le véritable tabernacle de Dieu. En vivant à ses côtés, en contemplant les mystères du salut, l'Eglise devient sainte. Sainteté et mission - dit le Pape - forment un binôme inséparable de la vocation de tout baptisé. En contemplant les mystères du Rosaire - qui refait le parcours de l'économie salvifique - le missionnaire est encouragé à suivre le Christ et à en partager la vie. De façon semblable au mystère de l'incarnation vécu en Marie, le Christ devient dans chaque croyant "chair de sa chair", au point de faire dire à l'Apôtre Paul:  "ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi" (Ga 2, 20).

3. Caractère missionnaire. Enfin, Marie donne à l'Eglise un caractère plus missionnaire. C'est elle qui dit aux serviteurs:  "Tout ce qu'il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5). C'est elle qui marque le début de l'oeuvre de Jésus et qui soutient le pas des missionnaires. Et c'est toujours Marie qui, par sa présence au Cénacle, prépare les apôtres à l'événement de la Pentecôte et les invite au "départ". Elle encourage et accompagne non seulement chaque missionnaire, mais aussi toute la communauté chrétienne, à partir et à annoncer l'Evangile. La foi doit être transmise, sinon elle s'éteint. Et jamais autant qu'aujourd'hui nos communautés chrétiennes n'ont eu besoin d'"annoncer-témoigner" la foi.

III. Quelle est, aujourd'hui, la réalité de l'Eglise en "mission" ?

Déléguant à mes collaborateurs la présentation de la vie de l'Eglise sur les continents où se déroule l'activité missionnaire, je désire vous présenter plusieurs chiffres qui, sans prétendre vouloir exprimer tout l'engagement et le zèle des ouvriers de l'Evangile, aident à comprendre l'orientation de la diffusion de l'Evangile dans le monde. Ces chiffres concernent spécifiquement le monde de la Missio ad gentes.

Les données de Propaganda Fide

Circonscriptions confiées au dicastère missionnaire. Le 31 décembre 2000 le total des circonscriptions ecclésiastiques (archidiocèses, diocèses, vicariats apostoliques, préfectures apostoliques, Missio sui iuris, administrations apostoliques, ordinariats militaires, abbayes territoriales) dépendant de Propaganda étaient de 1.075, presque 39% de toutes les circonscriptions ecclésiastiques de l'Eglise catholique dans le monde. 478 de celles-ci se trouvent en Afrique; 85 en Amérique; 453 en Asie; 14 en Europe; 56 en Océanie. Les archidiocèses sont au nombre de 177; les diocèses 755; les vicariats apostoliques 74; les préfectures apostoliques 45; les Missio sui iuris 11; les administrations apostoliques 6; les ordinariats militaires 6; une abbaye territoriale.

Le personnel apostolique. 85.000 prêtres environ travaillent au service de la Missio ad gentes, dont 52.000 appartiennent au clergé diocésain; 33.000 sont religieux.

En ce qui concerne la répartition territoriale, 27.000 travaillent en Afrique; 44.000 en Asie; 6.000 en Amérique; 5.000 en Océanie; 3.000 en Europe. Leur activité missionnaire est soutenue, en outre, par 28.000 religieux non prêtres; par 450.000 soeurs et par 1.650.000 catéchistes.

Les petits et les grands séminaires. Dans les lieux où elle exerce son oeuvre, Propaganda Fide accompagne ensuite la formation spirituelle et académique de 280 grands séminaires interdiocésains, et de 110 petits séminaires, pour un total de 65.000 séminaristes du grand séminaire et de 85.000 séminaristes du petit séminaire, en leur assurant également une assistance économique.

Une autre donnée porte sur les ordinations sacerdotales qui, au cours de la dernière décennie, se sont élevées au nombre d'environ 1.900 par an.

Activités sociales et d'assistance. Il faut également rappeler l'engagement pour construire d'innombrables églises-chapelles (en particulier dans les petites communautés dispersées dans les zones rurales). Il faut y ajouter les activités éducatives (environ 42.000 écoles); les activités médicales (1.600 hôpitaux, plus de 6.000 dispensaires, 780 léproseries); les activités caritatives et sociales (12.000 initiatives).

Les activités à Rome. A ce domaine immense de l'activité missionnaire, il faut ajouter quelques institutions et initiatives de la Congrégation, à Rome:  l'Université pontificale urbanienne (unique Université exclusivement missionnaire dans le monde, avec environ 1.300 élèves et 110 professeurs); le Collège pontifical Saint-Pierre et le Collège pontifical international Saint-Paul (deux instituts pour les prêtres provenant de pays de mission, qui font des études supérieures) (340 élèves); le Collège pontifical urbanien pour les séminaristes (140 élèves); le Foyer Paul VI pour la formation des religieuses (80 religieuses); le Collège Mater Ecclesiae de Castel Gandolfo, pour la formation des catéchistes (90 laïcs); le Centre international d'animation missionnaire (C.I.A.M.) pour la Missio ad gentes.

Mais le chiffre le plus important et le plus significatif est celui concernant le nombre de missionnaires (évêques, prêtres, religieux, religieuses, laïcs) qui ont témoigné au prix de leur vie leur fidélité au Christ et à l'Eglise. Selon les statistiques, le nombre de ces témoins au cours des dernières années tourne autour d'un millier. Ce chiffre est sans doute inférieur à la réalité, car il se réfère uniquement à certains pays, aux cas certifiés et dont on a eu connaissance.

IV. Conclusion

Comme vous pouvez le constater nous nous trouvons face à des chantiers en plein travail; face à des stratégies et des programmes missionnaires. Les défis lancés à l'Evangile sont nombreux et toujours nouveaux. La moisson est encore abondante et demande des ouvriers zélés et généreux, prêts à partir. C'est précisément parce qu'il y a tant de travail, que les missionnaires hommes et femmes sont invités à joindre leurs mains, à fixer le regard sur Marie et à prier avec le Rosaire. Le secret de la mission repose également là.

Sur le vaste océan de la mission, l'Eglise hisse les voiles, poussée par la force de l'Esprit Saint, et guidée par la Mère du Sauveur, Etoile de l'Evangélisation.