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  CONFÉRENCE DE PRESSE POUR LA PRÉSENTATION DU MESSAGE DE CARÊME 2015
(27 janvier 2015)

  • Ce matin près la Salle de Presse, Mgr.Giampietro Dal Toso, Secrétaire du Conseil pontifical Cor Unum, assisté de Mgr.Segundo Tejado Muñoz, Sous Secrétaire du Dicastère, avec M. Michel Roy, Secrétaire Général de Caritas Internationalis, ont présenté le message de Carême du Pape François.


    Discours de Mgr. Giampietro Dal Toso


    Mesdames, Messieurs,
    Le thème du message de carême de cette année, dont le titre est « tenez ferme » (Jc 5,8), concerne l’indifférence. Déjà, dans diverses occasions, le Pape François est revenu sur le thème de la globalisation de l’indifférence. Le Secrétaire d’Etat, le Cardinal Parolin, a mis en relief, lui-aussi, à l’occasion de son intervention à l’ONU en septembre dernier, « le danger d’une indifférence généralisée » qu’il a assimilé à une apathie qui parfois est « synonyme d’irresponsabilité » (29.9.2014)
    Il s’agit donc d’un concept important pour éclairer les différents phénomènes du monde moderne, concept que nous pouvons essayer de comprendre en l’insérant dans une lecture, certainement partielle, d’une certaine culture. L’indifférence vient d’une absence de différence. D’une non-considération de la différence. Ceci peut être observé au moins à trois niveaux.
    C’est au niveau des relations interpersonnelles, que ce jeu entre différence et indifférence peut être le plus facilement compréhensible. D’un côté on insiste beaucoup sur la différence pour provoquer une division. D’un autre coté le manque d’attention à la différence qui existe entre moi et l’autre, aplatit l’autre sur mes propres caractéristiques et l’efface.
    Au niveau culturel, c’est-à-dire dans l’air du temps que nous respirons et qui contribuent à forger notre façon de penser et de juger, il me semble remarquer une indifférence vis-à-vis des valeurs. Il ne s’agit pas seulement d’une méconnaissance des valeurs ou d’une lacune dans leur observance, mais principalement d’une absence de jugement sur celles-ci. De sorte que tout choix devient interchangeable, toute hypothèse peut être parcourue, et qu’ainsi toute évaluation du bien ou du mal, du vrai ou du faux, devient inutile. Car s’il n’y a pas de différence, tout devient équivalent, et par conséquent personne n’a le droit de proposer ce qui est plus connaturel ou moins connaturel à la personne. A mon avis, l’homologation globale, le nivellement des valeurs causé par l’absence de différence est lié à l’expérience du manque de sens que font nombreux de nos contemporains. Si tout se vaut, si rien n’est différent et donc qu’il n’existe rien qui vaille la peine, en vue de quoi alors peut-on engager sa vie ? Si tout est équivalent, alors rien n’a vraiment de valeur et donc rien non plus, ne mérite pleinement mon don.
    Vous avez compris que nous avons atteint ici un troisième niveau, celui qui concerne plus proprement les principes - celui métaphysique, si vous voulez. Il y a à ce stade la plus grande indifférence, la forme la plus forte, la plus déterminante de manque d’attention à la différence qui s’appelle indifférence à Dieu et qui implique un manque d’attention à la différence entre Créateur et créature, ce qui fait tant de mal à l’homme, car elle l’induit à se prendre pour Dieu, alors qu’il se heurte constamment à ses limites.
    Je voudrais donc lire la globalisation de l’indifférence non seulement comme un phénomène géographique mais aussi comme un phénomène culturel qui se propage d’autant plus que se développe une certaine Weltanschauung occidentale ; le regarder non seulement en tant que phénomène qui touche aux relations personnelles, mais aussi en tant qu’attitude existentielle. Vous savez aussi que l’Eglise ne dénonce pas certains situations simplement pour les stigmatiser mais pour offrir également des voies de guérison. C’est pourquoi le temps de carême est toujours un temps de conversion, c’est-à-dire un temps de changement et de renouvellement pour dépasser cette globalisation de l’indifférence et entrer dans une nouvelle phase où nous reconnaissons la différence qui existe entre nous-mêmes et l’autre ; entre un style de vie et un autre ; entre soi et Dieu. Le message de carême de cette année propose trois lieux où dépasser l’indifférence : l’Eglise, la communauté et la personne singulière. Je voudrais commenter rapidement ces trois niveaux en partant de la personne singulière. Je pars de celle-ci.
    Le Pape François (au point 3) parle de la nécessité de la conversion et du cœur nouveau qui peut battre en chacun de nous. Le chemin fondamental de toute reconstruction sociale et de tout renouvellement culturel passe par la conversion personnelle de chacun. Et l’évangile nous donne les clefs pour vraiment effectuer ce changement personnel, changement qui a, par la suite, un impact sur tout le tissus social. Toutefois il faut faire attention : la conversion ne trouve pas sa finalité dans une société meilleure, mais elle a pour fin la connaissance du Christ, et lui devenir semblable. Comme nous le voyons bien dans le magistère du Pape François, le Souverain Pontife nous appelle à dépasser une foi qui n’est qu’au service de soi-même et du propre bien-être. L’indifférence naît d’une attitude existentielle où l’altérité n’est pas constitutive de différence, ce qui conduit la personne à s’enfermer sur elle-même. Même la foi peut devenir un outil au service de cette recherche de soi. Le parcours consiste à aller outre, à sortir de soi, à vivre la foi en regardant le Christ, et en Lui nous découvrons le Père et des frères qui nous attendent. C’est dans ce sens, que s’insère, par exemple, l’initiative promue par le Conseil pontifical pour la Nouvelle Evangélisation, 24 heures pour le Seigneur. Mais c’est toute la période du carême qui est offert au fidèle pour qu’il se renouvelle intérieurement afin que le mystère pascal du Christ mort et ressuscité se reproduise en lui.
    La deuxième exhortation concerne nos communautés chrétiennes qui sont appelées à devenir des îles de miséricorde dans un monde dominé par la globalisation de l’indifférence. Il y a donc une distinction entre l’Eglise et le monde, la cité céleste et la cité terrestre, et celle-ci doit apparaître toujours davantage. Il s’agit de transformer nos lieux chrétiens – paroisses communautés, groupes – en des lieux où se manifeste la miséricorde de Dieu. D’aucuns pourraient se décourager face à la globalisation de l’indifférence, parce qu’il semble que rien ne puisse changer étant donné que nous sommes au sein d’un énorme processus social et économique qui nous dépasse. Eh bien, non !: la communauté ecclésiale peut dès à présent vivre en dépassant l’indifférence, elle peut déjà montrer au monde que l’on peut vivre différemment, qu’elle peut déjà être cette cité sur la montagne dont parle l’évangile (cf Mt 5,14). A partir de ce carême, la vie chrétienne en communauté, où chacun vit pour l’autre, peut devenir autre chose qu’une chimère, elle peut être une réalité vécue, autre chose qu’un beau rêve, elle peut être le signe vivant de la présence de la miséricorde de Dieu en Christ.
    Enfin le troisième niveau concerne l’Eglise dans sa réalité globale. Malheureusement on a tendance à ne considérer l’Eglise que comme une institution, une structure. Elle est au contraire le corps vivant de ceux qui croient en Jésus Christ. C’est cette totalité qui doit être renouvelée. Parce qu’elle est un corps, elle montre précisément sa vitalité par son changement, sa croissance, son développement. Dans ce corps les membres prennent soin les uns des autres, ou mieux, ils vivent les uns grâce aux autres. Vivre en Eglise est déjà en soi une rupture avec l’individualisme, avec l’indifférence, avec l’enfermement sur soi qui conduit à la mort. En ce qui nous concerne, Cor Unum a toujours été l’instrument de la proximité du Saint Père envers les plus délaissés. Je voudrais l’illustrer avec trois exemples. Tout récemment comme vous le savez, nous avons réuni, avec la Commission pontificale pour l’Amérique latine, les différents organismes qui œuvrent en Haïti. On calcule par exemple que dans ces cinq dernières années, l’Eglise catholique a dépensé 21,5 millions de US$ pour financer des projets de reconstruction dans le pays. Par ailleurs nous continuons à garder une vigilance spéciale sur la crise qui s’est développée au Moyen-Orient, plus particulièrement en Irak et en Syrie et où les grandes victimes de cette guerre sont les populations civiles, plus spécialement les minorités les plus faibles comme celles formées par les chrétiens. Ces minorités sont devenues des jouets dans les mains des puissants. Enfin le Pape est revenu d’un voyage aux Philippines où l’on a pu voir concrètement ce que signifie « tenir ferme », «raffermir les cœurs » lorsqu’il n’y a plus d’espoir. Dans la ville de Tacloban, où le Pape s’est rendu, Cor Unum a construit un grand centre d’assistance pour les jeunes et les personnes âgées qui porte le nom du Pape François. Notre dicastère veut être une grande expression globale de combien l’Eglise soit un corps où chaque membre peut faire l’expérience de la charité de l’autre. Je vous remercie.

    [01045-03.01] [Texte original: Italien]


    Discours de M. Michel Roy [disponible seulement en Italien]

    Ringrazio il Pontificio Consiglio COR UNUM che mi ha dato l’opportunità di partecipare, in qualità di Segretario Generale di Caritas Internationalis, alla presentazione del messaggio del Santo Padre Francesco per la Quaresima del 2015.
    Caritas Internationalis è una Confederazione di organizzazioni cattoliche che si impegnano per la carità e la giustizia sociale in nome del Vangelo e della Dottrina Sociale della Chiesa. Attualmente si contano 164 Organizzazioni Membro, che operano in 200 paesi e territori in tutto il mondo, impegnandosi assieme e in comunione con le chiese locali al fine di rispondere alle situazioni di emergenza e sostenere gli sforzi delle comunità locali nel migliorare le proprie condizioni di vita.
    Nel suo messaggio di quest’anno il Papa ci ricorda che la Quaresima è un tempo di invito al rinnovamento per la Chiesa, le comunità e i fedeli.
    In risposta a tale invito, Papa Francesco insiste nuovamente sulla globalizzazione dell’indifferenza, chiedendo alla Chiesa e ai suoi dirigenti, alle comunità cristiane e a ciascuno di noi di impegnarsi a superarla con la forza della fede, della preghiera e della carità fraterna, ascoltando il grido di coloro che soffrono ogni forma di povertà, di esclusione e di oppressione. Si tratta di imitare Dio stesso, un Dio che rende giustizia agli oppressi, protegge lo straniero, sostiene l’orfano e la vedova … (Cfr. Salmi, 146). Si tratta di agire in suo nome, Lui che si è manifestato a noi in Gesù che si è identificato con i poveri e gli oppressi (Cf. Mt 25) ed è venuto perché tutti abbiano la vita in abbondanza (Cf. Gv, 10:10). Si tratta di opporre alla globalizzazione dell’indifferenza la globalizzazione della solidarietà!
    In questo senso occorre ascoltare i profeti dei nostri tempi, nella Chiesa e nella società. Soprattutto i poveri stessi e coloro che agiscono accanto a loro per sfidare, contestare il dominio del denaro, la distruzione dell’ambiente, lo sfruttamento delle risorse dei paesi più poveri, il traffico degli esseri umani, il commercio delle armi, e così via. Alcuni di questi profeti rischiano quotidianamente la loro vita o sono semplicemente accusati d’ignoranza!
    Il Papa ci invita ad essere una Chiesa in uscita per andare nelle periferie, per confrontarci con le realtà del nostro mondo e per evangelizzarle con gioia.
    E proprio tale esempio che ci sta mostrando Papa Francesco con la sua vita, il suo ministero, i suoi gesti, le sue parole, il suo desiderio di una Chiesa povera per i poveri! Ci sta insegnando a vivere come una Chiesa che sia una famiglia solidale, una comunità d’amore più che una ONG.
    Alla sequela di Gesù, che non si è mai mostrato indifferente verso alcuna forma di sofferenza, di miseria e di oppressione, il Santo Padre ci ha appena donato, in occasione dei suoi recenti viaggi apostolici nello Sri Lanka e nelle Filippine, tanti segni concreti per vincere la globalizzazione dell’indifferenza. I suoi appelli per la pace e la riconciliazione, per il dialogo tra le religione nello Sri Lanka, un paese che ha vissuto la tragedia dello tsunami 10 anni fa e diversi anni di un conflitto e una guerra sanguinosa le cui piaghe sono ancora aperte.
    E che dire delle Filippine, dove il papa si è recato ad incontrare milioni di persone e dove la sua presenza, le sue parole, i suoi gesti non hanno lasciato alcuna persona indifferente!
    L’abbiamo seguito a Manila, con i bambini di strada e i giovani. L’abbiamo visto profondamente commosso, mentre ascoltava le parole di una bimba che non riusciva a comprendere come Dio possa permettere che bambini innocenti soffrano e subiscano abusi e maltrattamenti di ogni tipo.
    L’abbiamo visto a Tacloban quando ha affrontato il tifone che minacciava la regione. L’abbiamo accompagnato in tutte le indimenticabili funzioni religiose. L’abbiamo ascoltato parlare ai responsabili politici di quel paese e del mondo intero, i quali continuano ad adottare politiche economiche e sociali che accrescono le diseguaglianze e la sofferenza dei più poveri. L’abbiamo inteso denunciare "ogni forma di colonizzazione ideologica" e gli attacchi contro quei valori fondamentali di tutta la società che sono la famiglia, l’apertura alla vita, la paternità-maternità responsabile, la cura di tutta la creazione, la solidarietà, la dignità umana.
    Il papa non ha mai cessato di attirare l’attenzione su tante altre situazioni di grande sofferenza. Con lui ci sentiamo chiamati e incoraggiati ad agire su tutti i fronti per accogliere con dignità gli immigrati (ricordiamoci della sua visita a Lampedusa), per promuovere la pace in Medio Oriente, in Ucraina, in Nigeria e nella Repubblica Centroafricana, dove il papa pensa di recarsi in futuro. Siamo chiamati anche a sostenere ogni iniziativa di pace in Sudan e nel Sud Sudan, a portare aiuto umanitario agli sfollati, a non dimenticare i paesi colpiti dal virus di Ebola, a promuovere il diritto ad un’alimentazione sufficiente e di qualità per tutti. Il Papa continua a sostenere la Campagna "Una sola famiglia, Cibo per tutti", lanciata da Caritas Internationalis nel dicembre 2013.
    Quest’anno, nel mese di maggio, avrà luogo l’Assemblea Generale di Caritas Internationalis. Il filo conduttore di questo evento così significativo per tutte le Caritas del mondo sarà l’appello di papa Francesco a vivere come Chiesa povera per i poveri. Con questo appello del Santo Padre e la sua Esortazione Apostolica Evangelii gaudium, con le sue omelie, i suoi diversi interventi, i suoi viaggi apostolici, le sue parole e i suoi gesti, che il Messaggio di Quaresima di quest’anno ben illustra, l’Assemblea Generale della Caritas Internationalis avrà una risonanza tutta particolare. È una grande sfida che il papa lancia in particolare alla sua Caritas per invitarla ad essere ciò che è : un segno dell’amore di Dio per l’umanità, la carezza della Madre Chiesa per i suoi figli.
    È un onore e una responsabilità per noi contribuire a raccogliere questa sfida affinché la Caritas e tutti i suoi Membri, in comunione con gli altri organismi ecclesiali, siano l’espressione di una Chiesa povera per i poveri. Una Chiesa che ci mostra la via della conversione, del ritorno all’essenziale, alla condivisione e alla semplicità nel nostro stile di vita, sull’esempio di tanti santi.

    [00146-01.01] [Testo originale: Italiano]


    Bollettino della Sala Stampa della Santa Sede
    , N. B0072-XX.01, del 27.1.2015.



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