La Santa Sede Menu Ricerca
La Curia Romana  
 

 

 
 
 

  CONFÉRENCE DE PRESSE POUR LA PRÉSENTATION DU MESSAGE DE CARÊME 2016
(26 janvier 2016)

  • Ce matin près la Salle de Presse, le Cardinal Francesco Montenegro, Archevêque d'Agrigento, Président de Caritas Italiana et membre du Conseil pontifical Cor Unum, Mgr.Giampietro Dal Toso, Secrétaire du Conseil pontifical Cor Unum, assisté de Mgr.Segundo Tejado Muñoz, Sous Secrétaire du Dicastère, a ont présenté le message de Carême du Pape François.


    Discours de Mgr. Giampietro Dal Toso



    Mesdames et Messieurs,
    Tout d’abord je vous remercie de votre présence et je remercie en particulier Monsieur le Cardinal Francesco Montenegro, Archevêque d’Agrigente, Président de Caritas Italiana et membre de Notre Conseil pontifical depuis quelques mois.
    Cor Unum diffuse chaque année le message de Carême et, en ce Jubilé, le thème choisi ne pouvait être que lié à la miséricorde et - plus particulièrement- aux œuvres de miséricorde au sujet desquelles le Saint-Père avait déjà écrit dans la Bulle d’Indiction du Jubilé. Il s’agit en détail de: donner à manger aux affamés ; donner à boire à ceux qui ont soif ; vêtir ceux qui sont nus ; accueillir les étrangers ; assister les malades ;visiter les prisonniers ; ensevelir les morts - conseiller ceux qui sont dans le doute ; enseigner les ignorants ; avertir les pécheurs ; consoler les affligés ; pardonner les offenses ; supporter patiemment les personnes ennuyeuses ; prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
    Les œuvres de miséricorde expriment-elles uniquement un bon sens humain ? Certains pourraient dire que nous sommes déjà tous d’accord sur le fait qu’il faut donner à manger aux affamés et enseigner les ignorants. Alors pourquoi le Pape a- t-il voulu dépoussiérer ces œuvres ? Œuvres que je soupçonne avoir été oubliées pendant longtemps, voire même banalisées du fait qu’on a peut-être estimé que ce n’était plus à la mode de parler de la vie simple et quotidienne du croyant ou peut-être parce que notre praxis ecclésiale s’est en un certain sens institutionnalisée ou politisée.
    Je pense qu’il nous les a rappelées parce qu’elles sont signe non pas tant d’une action mais plutôt d’une relation. C’est-à-dire qu’elles ne sont pas un moyen pour s’affirmer nous-même mais pour dire par qui et pour qui nous vivons. Pour un chrétien, les œuvres de miséricorde expriment une relation, c’est-à-dire comment celui-ci se situe face à Dieu et face à sa vie ; elles ne s’épuisent pas simplement dans des bonnes actions. Le Message [de Carême] voit dans la miséricorde le drame d’amour entre Dieu, Père et Epoux trahi, et son peuple, fils et épouse infidèles. La miséricorde " rétablit la relation ". Ceci ne vaut pas seulement pour la relation avec Dieu mais aussi pour celle avec notre frère. C’est une chose que de dire : donnons le wireless à tous » ; et autre chose que de dire : « enseigner les ignorants ». Entre les deux il y a la personne. Elle est si importante qu’une des œuvres de miséricorde consiste à ensevelir les morts : qu’y a-t-il de plus gratuit que d’honorer le corps d’un défunt ?
    En raison de ce rapport à la personne, je suis particulièrement reconnaissant au Pape François de nous rappeler de ces œuvres de miséricorde dans le contexte de ce jubilé. Lui-même en est le témoignage vivant. Remettre en lumière les œuvres de miséricorde signifie donner un souffle nouveau à ce que Benoît XVI avait anticipé, lorsque dans son introduction (§1) à de l’encyclique Deus caritas est, il soulignait que la foi se qualifiait surtout à cause de la rencontre personnelle avec le Christ. Permettez-moi également de rappeler une observation du Cardinal Montenegro, faite au cours d’une de nos premières rencontres et qui m’a frappée, selon laquelle lorsqu’on parle de la charité de l’Eglise, il nous faut apprendre à parler de personne savant de parler de services.
    Concernant les œuvres de miséricorde, je voudrais émettre trois considérations :
    a. Elles sont corporelles et spirituelles. Derrière cette simple affirmation il y a tout un univers: l’homme est en même temps corps et âme. Cette affirmation chrétienne n’est pas du tout évidente : Le Christ est vrai homme et vrai Dieu. Par l’incarnation, le corps humain a été divinisé et c’est pourquoi l’Eglise a toujours aimé et défendu le corps et l’âme ensemble. La tentation de séparer le corps de l’âme est une constante au cours de l’histoire et elle se présente à nouveau de nos jours. Par ex : La liberté de l’homme trouve-t-elle sa limite dans le corps ou non ? Ou bien : notre action en faveur du développement peut-elle s’abstraire de toute dimension spirituelle ou non ? Il s’agit- là de sujets très graves et la vision unitaire de la personne humaine que véhiculent les œuvres de miséricorde est également une indication très claire pour notre action ecclésiale.

    b. Les œuvres de miséricorde sont une modalité très simple, concrète, directe, vivante, quotidienne, à la portée de tous, pour vivre la miséricorde de ce Jubilé. Les œuvres de miséricorde décrivent ce que nous pouvons faire tous les jours en tant que chrétiens ,c’est pourquoi je les trouve fascinantes. Le christianisme n’est pas la religion des idées, des grandes élaborations spéculatives, mais elle naît de l’expérience vivante et se pétrit avec le quotidien. Les idées sont vraies lorsqu’elles sont passées au crible de l’expérience. Le christianisme n’est pas non plus la religion des sentiments, et la miséricorde n’est pas simplement un sentiment de vague réconciliation universelle qui n’a aucune incidence dans la vie de tous les jours. Les œuvres de miséricorde disent que la miséricorde doit devenir chair car le christianisme est la foi en l’incarnation du Fils qui a donné son corps pour le salut du monde.

    c. Saint Thomas (S.T. IIa-IIae, q.32,1) met en relief le rapport entre la charité et les œuvres de miséricorde car la miséricorde, écrit-il, est l’effet de la charité. Il est également indicateur que Saint Thomas ait utilisé le terme d’"aumône" pour les œuvres de miséricorde, terme qui serait la version grecque de miséricorde. Aujourd’hui "aumône"  a un autre sens, de même que "charité ". Ceci me montre que nous avons malheureusement restreint tout ce domaine à " donner quelque centimes", alors que la vision chrétienne est bien plus ample. Dans cette perspective s’inscrit également notre désir de valoriser ces termes – en premier lieu celui de "charité"- pour ne pas perdre un trésor précieux et surtout pour maintenir une vision de la vie de l’Eglise qui reste fondée bibliquement et théologiquement.

    Je voudrais, en conclusion, vous parler de deux initiatives qui accompagnent le Carême du Conseil pontifical Cor Unum et je profite de cette occasion pour vous en parler. La première regarde une journée de retraite spirituelle pendant le Carême, pour tous ceux qui œuvrent au service de la charité de l’Eglise. C’est une initiative que le Pape François nous a demandé de réaliser dans le contexte du Jubilé et selon un Jubilé qui adhère à la réalité propre des divers lieux. Pour ce motif nous n’avons pas choisi une date fixe pour tous, mais nous avons laissé la liberté à chaque groupe, institution ou œuvre de fixer sa propre date selon les propres nécessités. Les nombreux organismes de charité sont en quelque sorte une cristallisation des œuvres de miséricorde. Mais nous ne pouvons pas offrir la miséricorde sans d’abord l’avoir reçue. C’est pourquoi cette journée de retraite permet aux nombreuses personnes engagées dans le service de la charité de faire l’expérience de la miséricorde de Dieu, pour pouvoir l’offrir aux autres dans des œuvres concrètes. Je tiens à souligner que l’idée à la base est de déployer cette initiative à un niveau local, dans chaque groupe Caritas paroissial, ou de la Conférence Saint Vincent ou des Miséricordes. Tout ceci est laissé à la liberté de chacun alors que Cor Unum, outre le travail de sensibilisation et de promotion de cette initiative, fournit également le matériel pour son animation, matériel en plusieurs langues que trouverez sur notre site web : www.corunumjubilaeum.va.

    La deuxième initiative concerne l’organisation d’un grand congrès international à l’occasion du dixième anniversaire de la première encyclique de Benoît XVI, Deus caritas est, qui a été publiée précisément le 25.1.2006. Le Pape François a soutenu et encouragé ce projet qui s’insère bien dans le contexte du Jubilé. La réponse à cette initiative,- qui se déroulera dans la salle du Synode les 25 et 26 février 2016,-a été surprenante et c’est pourquoi je souhaite que cet évènement puisse avoir le même retentissement aussi dans les médias. Je dois aussi ajouter que cette encyclique a eu un impact très fort dans le monde de la charité de l’Eglise et qu’elle a ouvert un chemin qui ne cesse de s’agrandir. J’ai l’impression, sans vouloir être trop audacieux, que le Saint-Père, par sa vie, donne une dimension concrète à ce que Benoît XVI a magistralement exprimé par sa parole. Cette encyclique a encore toute sa pertinence et reste une orientation fondamentale pour ceux qui œuvrent au service de la charité de l’Eglise ainsi que pour tout chrétien. Le programme de cet évènement est prêt et il sera bientôt disponible. Ce congrès sera également retransmis en direct en streaming. D’autres détails seront fournis ultérieurement, mais je peux vous annoncer d’ores et déjà la participation du Cardinal Müller, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, celle du Cardinal Tagle, Président de Caritas Internationalis qui aborderont davantage la dimension théologique, alors que les trois grands intellectuels que nous avons invités, le Rabbin David Shlomo Rosen (juif), le professeur Saeed Ahmed Khan (musulman) et le professeur Fabrice Hadjadj (catholique) traiteront du sujet selon leur propre point de vue.

    Je vous remercie d’ores et déjà de l’attention que vous porterez à ces évènements.

    [00114-FR.01] [Texte original: Français]



    Bollettino della Sala Stampa della Santa Sede
    , N. B0055, del 26.1.2016.



  •  

    top