Cultures et foi - Cultures and Faith - Culturas y fe - 3/1995 - Notitiae
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CULTURELINK: Première Conférence Mondiale, Zagreb, 8-11 juin 1995

La Première Conférence Mondiale de Culturelink, qui est un réseau de réseaux culturels, s'est tenue à Zagreb, du 8 au 11 juin 1995, sur le thème: «Dynamics of Communication and Cultural Change. The Role of Networks». Le Père Bernard Ardura, Sous-Secrétaire du Conseil Pontifical de la Culture, y participait et donnait une conférence sur «Les mutations culturelles, chances et défis pour l'Europe». La Conférence accueillait 85 participants représentant 33 pays et 14 organisations internationales.

Les sujets proposés à l'intérieur du thème principal permettaient aux participants d'aborder nombre de questions importantes et très actuelles, notamment le rapport entre les mutations culturelles et les nouvelles identités culturelles. La transition culturelle à l'intérieur des sociétés post-communistes d'Europe centrale ou orientale, et l'établissement progressif de nouvelles identités à travers une interaction entre les valeurs traditionnelles et les difficultés liées à la vie quotidienne dans ces pays ouvrent davantage de questions qu'elles n'en résolvent. Ces questions et ces incertitudes se retrouvent mutatis mutandis en Amérique Latine, où le développement des identités culturelles s'inscrit dans un contexte d'intégrations ou de désintégrations culturelles. Il arrive parfois, comme au Paraguay, que les moyens de communication sociale, souvent accusés de provoquer un nivellement culturel et de hâter la disparition des cultures minoritaires, apportent une contribution notable au développement et à la préservation des identités culturelles variées à l'intérieur du même pays. De toute évidence, les mutations culturelles engendrées par les contacts entre des courants différents comportent de multiples scénarios: rejet, soumission, dualisme culturel, fusion des valeurs, etc... Or, chacune de ces mutations produit des effets souvent considérables sur les artistes et leur statut, sur le concept même de culture et sur les rapports entre culture et économie.

La communication et le dialogue entre les cultures constituent deux approches mais aussi deux enjeux par leur impact respectif sur chacune des cultures intéressées par ces rapports. En effet, les rapports interculturels, comme les rapports interpersonnels, exercent une influence sur les termes mis en relation, et déterminent des modifications culturelles parfois substantielles. A vrai dire, communication et dialogue des cultures supposeraient des cultures autonomes, et reconnues d'égale dignité. En réalité, dans la majeure partie des cas, on considère que l'Occident est plus préoccupé de transférer ses concepts culturels dans les autres cultures que de dialoguer avec elles. A ce titre, Culturelink jouit d'une réputation méritée: ce réseau cherche à établir des relations entre différentes cultures et différents contextes culturels, et n'entend nullement imposer des modèles de communications aux diverses cultures.

Les politiques culturelles nationales et la coopération culturelle internationale jouent un rôle essentiel dans la communication interculturelle. Il n'est pas rare toutefois de constater une utilisation de la coopération culturelle comme moyen d'influence économique, et une réduction du développement culturel au développement technique et matériel. De toute évidence, le rôle des entreprises privées dans les échanges culturels est en croissance continuelle. D'un côté, cette participation du secteur privé devrait assurer une certaine indépendance de la coopération culturelle par rapport aux ambitions politiques, mais, d'autre part, le risque d'utilisation de cette coopération à des fins privées - zones d'influence culturelle et économique - ne saurait être sous-estimé.

Dans la conclusion de son intervention, le P. Ardura affirmait notamment: «Nos réseaux de coopération culturelle internationale se doivent de prendre en considération un appel de nos sociétés contemporaines, exprimé de façon diverse et souvent confuse mais de plus en plus forte: un besoin d'éclairage et de repères en matière éthique, dans les domaines de la santé, de l'économie, de la communication, de la politique. Ce que l'on pourrait qualifier de «demande d'éthique» s'exprime dans la plupart des milieux et notamment chez les jeunes. C'est un fait, il nous interroge.

Les valeurs constituent une référence souvent implicite mais toujours présente dans les choix vraiment humains, c'est-à-dire dans les choix qui impliquent la personne humaine, sa conscience et sa liberté. Ces valeurs unanimement proclamées ont pour nom solidarité, justice, vérité, reconnaissance de l'autre, respect de la vie et de la dignité humaine. Or, ces valeurs ne sont pas seules en jeu. Il existe aussi des contre-valeurs, des anti-cultures, qui ne font pas droit à la dignité de l'homme: l'appétit immodéré du pouvoir, du plaisir égoïste ou de l'argent, le goût de la violence et de la domination des autres, le repli et l'enfermement individualistes. Ceci montre à l'évidence l'enjeu représenté par l'éducation qui est une sensibilisation aux valeurs. La coopération culturelle remplira son rôle dans la mesure où elle permettra de prendre conscience de ce que l'action n'est pas seulement déterminée par une rationalité scientifique et analytique, mais qu'elle est aussi inspirée et guidée par des éléments de caractère normatif qui font référence au caractère unique de la personne humaine.

L'éducation au caractère essentiellement éthique de la culture éclaire et stimule les consciences et fait appel à la créativité de la personne qui assume ses choix en harmonie avec la nature et la vocation de l'homme. La culture, du fait même des mutations culturelles, a besoin d'un complément d'éthique. Voilà l'enjeu de notre coopération culturelle, voilà l'un des buts majeurs que se sont fixés les Centres Culturels Catholiques réunis en réseaux internationaux».

Adresse: Culturelink. Network of Networks for research and cooperation in cultural development, Vukotinoviceva 2, P.O. Box 303, 41000 Zagreb, Croatia. Fax: (385 41) 44.40.59.

CONSEIL DE L'EUROPE

La politique culturelle de l'Italie

Récemment, le Comité de la Culture du Conseil de l'Europe a reçu les résultats d'un long examen consacré à la politique culturelle promue par le Gouvernement italien. Cette évaluation s'inscrit dans un programme européen dont nous rendons compte régulièrement dans ces pages. L'exercice consiste pour le Gouvernement intéressé à réaliser une enquête en vue de la publication d'un Rapport final. De son côté, le Conseil de l'Europe confie à un certain nombre de ses experts une mission semblable dont les conclusions sont elles aussi publiées, de façon à permettre une confrontation des observations et des recommandations.

Les experts du Conseil de l'Europe soulignent de nombreux aspects positifs de la société italienne contemporaine, spécialement le rôle croissant de la société civile, et en donnent plusieurs exemples saisissants: la restauration du centre historique de Naples illustre parfaitement un type de coopération exemplaire entre les divers secteurs de la société pour créer une véritable nouvelle physionomie de Naples. Toute l'entreprise de renouvellement passe à travers une coopération culturelle orientée vers une nouvelle image de la Ville.

L'Italie ne manque pas de personnes hautement qualifiées pour travailler sans relâche à la restauration d'un patrimoine exceptionnel, voire unique. En fait, nombre d'administrateurs sont avant tout de prestigieux historiens de l'art. Pour toutes ces raisons, les restaurations italiennes sont toujours de grande qualité. Actuellement, la seule ville de Rome ne compte pas moins de 220 chantiers subventionnés par un mécénat qui, depuis déjà longtemps, est l'oeuvre des grandes banques et de l'industrie. Les experts notent une profonde volonté de réforme administrative qui, toutefois, ne s'est pas encore manifestée au Parlement. Le Jubilé de l'An 2 000 constitue une occasion providentielle de renouveler une certaine conception de la politique culturelle.

Comment ne pas souligner l'une des caractéristiques principales de l'Italie, à savoir sa grande diversité culturelle, dont les langues et les dialectes sont les véhicules et les témoins privilégiés? Relevons quelques observations et orientations proposées par les experts du Conseil de l'Europe: la consommation très élevée de Télévision nuit à la conservation des cultures locales et même à la création artistique. Dans le domaine des institutions lyriques, on note quelques bons exemples, hélas trop rares, car il y a, de fait, une très grande disparité entre les institutions du pays. Il serait sans doute utile de réviser les compétences nationales et régionales, compte tenu de la disparité exagérée entre les institutions culturelles des grandes villes et celles répandues sur l'ensemble de l'Italie. De plus, la coordination générale est rendue très problématique par la division des compétences entre de trop nombreuses instances gouvernementales et administratives. Il faut noter avec satisfaction la préparation de projets de lois en vue d'une plus grande indépendance des institutions culturelles, comme les Musées, dont les règlements administratifs sont encore trop rigides et complexes. En somme, il s'agit de dépolitiser le domaine culturel.

Le Ministre Antonio Paolucci, qui était auparavant Surintendant des Biens Culturels de la ville de Florence, insiste sur la spécificité de la situation culturelle italienne, soulignant la richesse patrimoniale du pays, qui englobe tous les aspects des Beaux-Arts. Selon le Ministre, des motifs politiques et historiques ont empêché la question culturelle de prendre la place centrale qui lui revenait dans l'Italie moderne. De plus, la politique culturelle actuellement en vigueur ne saurait prétendre sauver et promouvoir la richesse et la variété du patrimoine culturel italien. Toutefois, au jugement du Ministre Paolucci, la centralisation de la politique culturelle italienne est rendue nécessaire par sa complexité: interviennent l'État, les régions, les communes, l'Église, les banques et l'industrie. D'autre part, cette centralisation est nécessaire pour sauvegarder l'identité culturelle nationale, sans nuire à la variété culturelle régionale et locale.

Une donnée s'impose: 40% du patrimoine culturel mondial est conservé en Italie. Ceci représente certes une richesse unique, mais aussi un poids énorme. Les nécessités de restauration et de conservation ne permettent pas l'instauration d'une véritable politique pour l'art contemporain et pour la création artistique. Le Rapport des experts met en lumière la lenteur des travaux de restauration et d'entretien d'un tel patrimoine qui comprend, par exemple, plus de 30 000 églises. A ce propos, le Ministre des Biens culturels insiste sur les 30 000 clercs, religieux, religieuses, membres de confréries, qui exercent en fait les fonctions de gardiens des grandes oeuvres d'art italiennes. Il souhaite le regroupement des oeuvres précieuses dans de petits musées à l'intérieur des doyennés, lorsque leur sécurité n'est plus assurée dans les petites églises, ce qui permettrait des les conserver dans le voisinage de leur lieu de conservation traditionnel.

Vers un Ministère de la Culture en Italie? Le Ministre Paolucci n'y est guère favorable. Il rappelle comment l'Italie fasciste s'était dotée d'un Ministère de l'art culturel... Après la Deuxième Guerre Mondiale, ce type d'institution déclencha une véritable allergie, spécialement dans le domaine de la création contemporaine. Certes, il ne s'agit pas de revenir au régime de l'art subventionné, mais on pourrait assurément mieux utiliser des instruments particulièrement bien adaptés, comme la Galerie d'Art Moderne de Rome, ou la Biennale de Venise, pour valoriser l'art contemporain.

Source: La politique culturelle en Italie. Rapport national présenté par le Ministère des Affaires Étrangères d'Italie, CC-CULT (95) 8 A, Comité de la Culture, Strasbourg, 1995, 558 p.

Éducation des adultes, pluralisme culturel, minorités et migrations

Le Père Antonio Perotti, scalabrinien, a fourni une contribution significative aux travaux du Conseil de l'Europe, en présentant un document sur l'apprentissage de la diversité culturelle chez les adultes.

Un préalable s'impose: l'apprentissage interculturel des adultes ne saurait reposer seulement sur une argumentation rationnelle, il suppose l'expérience de situations concrètes. En d'autres termes, il ne suffit pas - quoique ce soit utile - d'avoir des aperçus sur les autres cultures, il est nécessaire d'y ajouter l'expérimentation individuelle dans des situations pluriculturelles. Dans cet apprentissage, chacun doit faire l'expérience de ses propres préjugés culturels, les plus difficiles sans doute à extirper: «Personne n'est sans préjugé et lorsque quelqu'un prétend ne pas en avoir, cette prétention même est sans doute le pire des préjugés» (John Dewey). Le problème majeur de l'apprentissage interculturel réside en ce fait: il est pratiquement impossible de neutraliser ce type de préjugés par une argumentation rationnelle. Il est nécessaire de faire appel à des situations nouvelles et concrètes pour les bousculer.

Le Père Perotti propose un certain nombre d'objectifs pédagogiques majeurs à atteindre:

1. Apprendre à distinguer diversité culturelle et inégalité socio-économique ou politique, en faisant l'expérience de leur interaction. La diversité peut être un élément positif à reconnaître, mais aussi une carence à combler et une réalité négative à transformer.

2. Apprendre à dépasser la mauvaise perception de notre identité culturelle comme un ensemble unique, figé, totalisant, lorsque nous l'identifions à notre identité ethnique. L'identité culturelle d'une personne est en effet la constellation de plusieurs identifications liées à des appartenances culturelles distinctes. De fait, il y a toujours un certain décalage entre l'identité ethnique et l'identité culturelle. Réduire l'identité culturelle à l'identité ethnique reviendrait à anéantir l'identité réelle de la personne qui appartient à une race, à une ethnie avec sa langue, son histoire et son patrimoine culturel, à un sexe, à un territoire urbain ou rural, à une religion, à une nationalité, etc...

3. Privilégier les relations sociales par rapport aux identités culturelles, en évitant de souligner les éléments de différenciation collective symbolique, souvent les plus chargés de préjugés et stéréotypes.

4. Prendre en compte ce qui fait interagir les individus. D'abord ce qui les unit, ensuite ce qui les différencie et les caractérise, enfin ce qui les oppose.

De toute évidence, l'apprentissage interculturel n'est ni un processus irénique, ni une sorte de négociation pour atteindre un compromis, un équilibre en un point équidistant de deux positions de départ. En effet, l'interaction entre individus et communautés s'opère dans des conditions concrètes d'inégalité du statut juridique, social, culturel et politique. L'obstacle majeur à l'apprentissage interculturel est précisément le manque d'égalité de chances entre les individus et les groupes: aussi cette égalisation des chances est-elle le préalable indispensable pour réaliser l'interaction telle que nous l'avons conçue. L'égalisation des chances est un objectif prioritaire, qui suppose un engagement actif et persévérant. Ce dernier dépend de deux catégories de facteurs: les objectifs, espérances et motivations de la personne, et les conditions de l'environnement politique, social et culturel. En d'autres termes, la visée politique de la majorité culturelle est très importante pour la décision des groupes minoritaires de se positionner par rapport à la société de résidence. Les formateurs des adultes à l'apprentissage interculturel se doivent d'en tenir compte.

Source: CDCC, Adult Education, Democracy and Development, Conseil de l'Europe, Strasbourg, DECS/AE (94) Misc.5.

Les moyens de communication sociale, aspects éthiques

La IV Conférence des Ministres européens responsables des Moyens de communication de masse, qui s'est tenue voici quelques mois à Prague, a abordé un certain nombre de questions d'ordre éthique, dans le contexte spécifique des pays d'Europe centrale et orientale, mais aussi dans le cadre plus large de l'Europe. Démocratie et respect de la liberté d'expression constituent le fil conducteur de cette démarche.

Le Service Public joue un rôle de première importance du point de vue culturel: il exprime, cimente et soude l'identité culturelle d'un pays, d'un groupe ethnique, notamment dans les petits pays dont la production doit être soutenue, pour protéger leur identité face à des cultures dotées de moyens plus puissants, et pour maintenir sinon développer l'expression de la diversité culturelle européenne. Ceci est également vrai à l'intérieur de chaque pays pour les minorités qui ne sauraient avoir les moyens d'intervenir sur les chaînes commerciales. Le Service Public représente donc un contrepoids au risque toujours plus grand de fragmentation des audiences. Toutefois, on attend légitimement du Service Public qu'il refuse de suivre les stéréotypes sociaux trop souvent présentés par les média commerciaux: la concentration n'est pas seulement un problème de capitaux, c'est tout autant un risque d'uniformisation des mentalités. Aussi le Service Public se doit-il d'assurer à la fois un rôle d'intégration sociale et de pluralisme.

Sa responsabilité première est d'exprimer les valeurs éthiques d'une société et d'un peuple, au jugement desquels il est soumis. Les citoyens peuvent exercer sur lui un contrôle effectif, bien plus que sur les chaînes commerciales, car ils sont soucieux de voir exprimées les valeurs auxquelles ils tiennent.

Le pluralisme dans le Service Public s'exerce surtout et en premier lieu dans le domaine de l'information, ce qui implique le souci de couvrir des domaines qui ne sont pas forcément les plus populaires, et surtout une réelle indépendance par rapport aux pouvoirs économiques et politiques: le financement par les pouvoirs publics ne saurait autoriser la moindre ingérence dans l'information du Service Public.

La survie du Service Public dans le contexte actuel de concurrence demande une volonté politique qui se traduise notamment par des financements sûrs et permanents, car, face aux attaques actuelles des télévisions commerciales, le Service Public ne doit pas avoir à justifier son existence. Ce point de vue des Ministres des pays membres du Conseil de l'Europe témoigne d'une conception sensiblement différente des options de la Commission de Bruxelles, qui refuse le principe des aides publiques au Service Public au nom des règles du libre marché, sans toutefois exclure d'éventuelles exonérations ou dérogations admises au titre de compensation financière des charges et missions spécifiques du Service Public.

Le sujet Libertés journalistiques et Droits de l'Homme recouvre une question majeure: assurer le droit à la liberté d'expression et en même temps le respect des autres droits, notamment le droit à la vie privée, qui sont autant de limitations à l'exercice du droit d'expression. Les média ont la capacité de léser les droits de tiers de façon plus grave que ne pourraient le faire de simples citoyens. Ils représentent d'un côté une garantie des droits fondamentaux, mais peuvent aussi représenter une menace pour ces mêmes droits en certaines circonstances. Tout droit implique une responsabilité équivalente: d'où la nécessité pour les média d'une responsabilité d'ordre éthique, assurée par une autorégulation de la profession à travers des codes de déontologie. Au cas où cette déontologie serait en défaut, l'État devrait instituer un cadre réglementaire minimum.

Comme il n'existe pas de journaliste sans sources, la question de la protection de la confidentialité des sources revient continuellement dans les discussions. Les Ministres réunis à Prague ont rejeté un amendement italien demandant une protection complète, car le secret professionnel est loin d'être reconnu aux journalistes: les États, devant certains problèmes de sécurité publique, tiennent à garder les mains libres.

Source: 4th European Ministerial Conference on Mass Media Policy, The media in a democratic society, Conseil de l'Europe, Strasbourg, 1994.

ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Décennie Internationale des Indigènes du Monde

La Conférence mondiale sur les Droits de l'Homme, réunie à Vienne en juin 1993, décida la mise en oeuvre d'une Décennie Internationale des Indigènes du Monde, incluant des programmes d'action à décider de commun accord avec les Indigènes, dont on estime la population à 300 millions répartis en plus de 78 pays. La Décennie s'est ouverte le 1er janvier 1994. Parmi les buts qui lui ont été assignés, retenons celui de mettre sur pied une coopération internationale pour la solution des problèmes auxquels sont confrontés les Indigènes dans les domaines comme les droits de l'homme, l'environnement, le développement, l'éducation et la santé. Le mot d'ordre de la Décennie se résume en quelques mots: «Coopération dans l'action».

Descendants des premiers hommes connus dans leurs régions respectives, de l'Amazonie au Cercle Artique, ils ont vécu des existences isolées, libres d'être différents dans leurs cultures, leurs religions, et leurs organisations économiques ou sociales. Depuis des décennies, le monde moderne et industrialisé presse de toutes parts les Indigènes. Parmi eux, plusieurs millions sont affrontés à une dure réalité: acculés aux marges de la vie nationale et internationale, ils risquent leur extinction comme peuples distincts.

Pour cette raison, les Nations Unies accordent une grande importance à la Déclaration des Droits des Indigènes, qui défend particulièrement:

1. Le droit des Indigènes d'être libres et égaux à toutes les autres personnes.

2. Le droit à l'auto-détermination, dans leurs rapports avec les États, dans le choix de leur statut politique, et la poursuite de leur développement économique, social et culturel.

3. Le droit des Indigènes sur leurs terres, leurs territoires et leurs ressources.

4. Le droit de maintenir leurs identités et leurs caractéristiques particulières.

En écho à la détermination de nombreux partenaires pour sauvegarder les droits des Indigènes, plusieurs pays ont accompli des actes symboliques, politiques ou économiques, dont la portée n'échappe à personne.

En Australie, le Parlement a adopté le Native Title Acte 1993, par lequel il reconnaît que l'Australie n'était pas terra nullius, terre de personne, quand s'y établirent les premiers Britanniques, à la fin du XVIIIe siècle.

La Colombie a établi un Comité Permanent sur les Droits de l'Homme des Indigènes, et elle a créé un Conseil destiné à assister et guider l'exploitation des mines sur les aires indigènes. Le Gouvernement a doté les communautés indigènes d'assistance légale dans leurs négociations avec les entreprises privées pour l'exploitation des ressources minérales de leurs territoires.

En Nouvelle Zélande, le Gouvernement a encouragé et aidé de nombreuses initiatives Maori dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'environnement. Il a en outre mis en place une assistance financière pour des projets en relation avec ces domaines.

La Suède a mis en place un Parlement pour les Indigènes Saami, dont les premières élections se sont déroulées en 1993. Ce Parlement joue un rôle de premier plan dans l'élaboration des politiques relatives aux Indigènes.

Le lancement de cette nouvelle Décennie représente une occasion exceptionnelle de réflexion, de collaboration et d'action en vue d'un développement intégral des populations indigènes, dans le respect et pour la promotion de leur patrimoine culturel.

Source: General Assembly of the United Nations, Preliminary report on a comprehensive programme of action for the International Decade of the World's Indigenous People, General Assembly, 49th session. - Seeds of a New Partnership. Indigenous Peoples and the United Nations, New York, United Nations, 1994.

UNESCO

«Mémoire du Monde»

L'UNESCO a créé en 1992 le programme «Mémoire du Monde», destiné à protéger et diffuser le patrimoine documentaire mondial. Des journaux latino-américains du XIXe siècle, aux manuscrits séculaires de Sana'a au Yémen, en passant par les milliers de kilomètres de films traités à la nitrocellulose, le problème de la conservation de ce patrimoine extrêmement fragile se fait de plus en plus aigu. En août 1992, une attaque au mortier a provoqué la destruction de deux millions de livres dans la Bibliothèque nationale et universitaire de Sarajevo. Les experts estiment qu'en Europe centrale et orientale, près de 80% du patrimoine documentaire risquent de tomber en lambeaux.

Les experts en charge de «Mémoire du Monde» entendent mettre en place un instrument juridique international visant à protéger le patrimoine documentaire, à l'instar de la Convention sur la patrimoine mondial de l'UNESCO qui protège les sites naturels et culturels. L'inscription au Registre mondial présuppose sept critères: le document doit avoir eu une importance majeure pour l'histoire du monde, transcendant les frontières nationales ou les cultures. Il doit refléter une période de l'humanité marquée par des changements considérables ou contribuer à notre compréhension de cette époque. Il doit aussi contenir des informations importantes au sujet d'une localité ou d'une région qui a joué un rôle significatif dans des événements mémorables de l'histoire ou de la culture.

Des techniques utilisant la photographie, les microfilms, l'enregistrement ou des technologies de pointe comme la numérisation, permettront d'assurer la survie de ces documents rares, tout en facilitant une diffusion plus large. La numérisation des manuscrits anciens facilitera l'accès à ces trésors sans exposer les originaux à des utilisations trop fréquentes, ce qui contribuera à leur sauvegarde. Alors que les couleurs et l'encre s'altèrent sur le papier, le parchemin, la soie et autres supports d'information classiques, l'information numérisée ne s'efface pas et pourra donc être facilement transférée dans l'avenir sur des média plus durables. Toutefois la numérisation a ses limites et ne peut remplacer le travail classique de préservation. Certaines de ces techniques de conservation soulèvent cependant des problèmes éthiques et juridiques, en particulier dans le domaine des droits d'auteur détenus par les propriétaires des collections.

La Bibliothèque nationale tchèque, à Prague, a réalisé un programme de numérisation qui permet l'accès à quelques-uns de ses incunables et contribue à la préservation des originaux. En Russie, la Bibliothèque de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg numérise la Chronique de Radzivill, le plus ancien exemple de chronique médiévale russe illustrée existant, qui retrace l'origine des peuples européens. Au Yémen, un disque de démonstration constituant une introduction à la variété et à la richesse des collections manuscrites du pays est en cours de réalisation, en collaboration avec le Centre régional d'information et d'ingénierie de logiciels du Caire en Égypte. Il présentera des fragments de parchemin et de papier dont les plus anciens remontent aux premiers siècles de l'hégire, le début de l'ère de l'Islam. Ces manuscrits ont été découverts en 1972 dans les débris d'un mur de la Grande mosquée de Sana'a partiellement effondré à la suite de pluies torrentielles. Les bibliothèques nationales de sept pays d'Amérique Latine ont achevé un inventaire informatique de quelque 2.000 titres de journaux et autres média datant du XIXe siècle, première étape d'un plan à long terme de sauvegarde et de promotion de ces collections.

Source: «Un programme de l'UNESCO pour protéger et diffuser le patrimoine documentaire mondial», UNESCOPRESSE, 19 mai 1995.

Le cinéma est-il un art?

Le réalisateur et scénariste polonais Krzysztof Zanussi, Consulteur du Conseil Pontifical de la Culture, propose une réflexion à l'occasion du Centenaire du Cinéma: Inutile comme Mozart. Pas d'art qui tienne sans poser les questions essentielles. Le cinéma les pose-t-il encore?

Aucun des arts classiques ne doit sa naissance à un instrument ou à une découverte. Voilà pourquoi un doute plane sur le cinéma depuis sa naissance: s'agit-il vraiment d'un art? Ce doute ne vient pas seulement de son rapport suspect avec une machine. Il s'étend aussi à ses origines sociales et artistiques. Dès le départ, le cinéma a enregistré des faits objectifs (L'arrivée d'un train à La Ciotat) et inventé, à l'intention du public, une action (L'arroseur arrosé). Mais ce qui a joué un rôle prépondérant dans l'histoire du cinéma, c'est la fiction, un procédé dont on rattache les débuts à la littérature et qui a trouvé son expression visuelle au théâtre. Toutefois, resté muet pendant ses trente premières années, le cinéma se rapprochait alors davantage de la pantomime, et soutenu comme elle par la musique.

Les racines populaires du cinéma ont contribué, dès l'origine, à l'exclure des autres arts familiers des salons. Le XIXe siècle, siècle immense de la littérature et des Beaux-Arts dans leur ensemble, estime, comme jamais on ne l'a fait, les artistes. L'art témoigne alors des progrès de l'humanité et de l'évolution de l'homme sous la forme la plus haute. Pour ces élites, c'est l'opéra qui fait la synthèse de toutes les formes de l'art contemporain. La naissance du cinéma n'a pu que leur paraître une chose insignifiante.

En perte de vitesse, le cinéma, responsable du passage de la culture du mot à celle de l'image, donne l'impression, cent ans après sa naissance, d'être une discipline sur son déclin. L'entrée des films dans les foyers par la multiplication des téléviseurs et des magnétoscopes ne signifie pas pour le cinéma gagner du terrain. À l'expansion de la production audiovisuelle correspond le déclin de son potentiel artistique, sa régression esthétique, l'indigence de l'offre spirituelle, «sans parler de la nullité grandissante des idées exprimées». La défaite du cinéma correspond à celle des autres formes de l'art: les hommes n'attendent plus de l'art ce qui fut sa tâche pendant des siècles. Ils n'attendent plus de l'art les réponses aux grandes questions sur le sens de la vie et de l'amour, de l'existence et du bonheur, de la souffrance et de la mort. «Sans ces questions, l'art peut-il survivre? Je suis persuadé que non. Et sans elles, l'humanité peut-elle survivre?»

Une réflexion sur la vie. L'art s'est toujours apparenté à l'inutile, au divertissement. Au XIXe siècle, on n'hésitait pas à dire en montrant un bel objet: «Il ne sert à rien, comme Mozart». Le divertissement avec ses actes désintéressés et improductifs est un lieu d'expression de l'art qui rejoint les questions de tout homme, les questions liées à sa nature et à sa culture. Dans le passé, cette réflexion se retrouvait aussi bien dans la culture populaire que dans les salons. Ce qui différait, c'était le langage, pas le message. Toutefois, la situation s'est profondément modifiée. La personne qui regarde aujourd'hui un téléfilm stupide ou un épisode de soap opera à la télévision, n'est pas moins stupide que les spectateurs d'il y a trente ans, qui faisaient la queue pour voir un film de Fellini ou de Bergman. Alors que s'est-il passé?

«Je rattache le déclin du cinéma au changement du rôle de la culture. Le langage des images mobiles a encore des ressources, mais les questions que l'on pourrait discuter dans ce langage ont disparu. Le centenaire du cinéma est donc lié à son enterrement. Et pourtant, peut-être que nous enterrons trop tôt le défunt, peut-être que son coeur bat encore? Peut-être enterrons-nous trop tôt cette Europe qui a connu tant de déclins dont elle s'est toujours relevée pour redevenir le moteur de l'évolution de l'humanité? La seule chose qui compte, à mes yeux, c'est de savoir si l'on offrira ces questions éternelles, ou seulement cette "bouillie médiatique" qui anesthésie notre imagination».

Source: K. ZANUSSI, «Inutile comme Mozart. Pas d'art qui tienne sans poser les questions essentielles. Le cinéma les pose-t-il encore?», Le Courrier de l'UNESCO, juillet-août 1995, p. 9-11.

GATHERING OF JESUITS CULTURAL CENTRES IN SPAIN

The annual meeting of Jesuit Cultural Centres in Spain took place in Granada from 31 May to 2 June 1995. Attending were representatives of fifteen centres from thirteen different Spanish cities.

Elsewhere in the Studia section of this issue one will find the text of the opening lecture on "New Horizons in the Challenge of Unbelief", given by Fr. M. P. Gallagher of the staff of the Pontifical Council for Culture. Following this input there was a length discussion on how the new "cultural unbelief" of today needs a different pastoral response. In particular it was stressed that an integrated evangelization is needed, involving at least four principal elements. These can be visualized in a diagram with a vertical and a horizontal axis. The northern point would be "interiority" or "contemplation", the southern "the quest for meaning", the western "community", and the eastern "commitment". Faith maturity, capable of confronting the secular pressures of contemporary culture, needs growth in all four dimensions, but in fact a gradual entry from "cultural unbelief" into the possibility of faith can happen through any of the four "doors". This model also allows for the a gradualism of Christian initiation that can meet the realities of spiritual searchers in today's culture.

Attention was also directed to the lack of basic faith language in the new generation, not simply on the level of doctrine, but rather on the level of potential conversion moments or experiences of grace. In some areas whole groups of marginalized people remain on the level of low self-esteem in a way that inevitably reduces their faith potentials on a religious level. In addition it was stressed that theology has to open itself not only to other religions but to a genuine dialogue with "profane alternatives" to religious commitment, acknowledging also that dimension of unbelief that is present in the believer's experience of faith.

Different Kinds of Cultural Centres

Another stage of the meeting gave time to an exchange of information between the various centres concerning their activities and goals, and here a healthy diversity of approaches was obvious. The centres can loosely be grouped in three families: theological reflection on culture, social analysis or social commitment, and cultural presence in the university world.

One group is principally academic or reflective or theological in orientation. Several centres undertake research on some area of culture that is relevant to faith, publishing various periodicals including for example Reseña which offers reviews in such fields as cinema, literature and theatre. In this respect the Instituto Fe y Seculadidad in Madrid offers a series of seminars on such themes as Science and Faith, Culture and Development, Anthropology and Women, and it also published a series of "quadernos" or short booklets on such themes as faith and postmodernity. Another Centre in Madrid, the "Aula Pedro Arrupe" specializes in lectures on a wide range of religious and cultural themes, and within the last year a series on suffering and happiness attracted an audience of 500 to 600 people on three successive evenings.

Another group of centres is more particularly concerned with issues of justice or with social analysis. Some specialised in research in and for the world of trade unions. Others who were present were mainly working in the world of drug addiction and rehabilitation. As an example of an important initiative in the social approach to culture, the Barcelona centre entitled "Cristianisme i Justicia" issues an end-of-year report on the Spanish social situation and one that had wide impact in the media.

A third group is explicitly directed to the university world and to students in particular. For example, the "Centro Universitario Francisco Suarez" in Granada was well represented at the meeting, and in one session several of the students involved gave their testimony of what they appreciate in the activities on offer there. They stressed the need for a space of welcome, open to a wide diversity of students, and not too explicitly religious. This generation seeks a flexible "menu" of searching, and significantly one of their most successful weekly groups is called "Autobus", because it allows people to come and go whenever they want and has no fixed programme of themes. More structured series of evening lectures are also provided on such themes as youth and faith, God and psychoanalysis, Jesus and the marginalized.

Evaluating the work of the Centres

Having listened to the developments happening in various centres, the meeting moved on to another area: evaluation. Some instruments of analysis were proposed, including a way of seeing cultural centres as tending to specialize in one or other of four approaches: service or meeting needs; dialectic, or exposing the deceptions of a culture; dialogue or listening in order to understand better; and revolution or commitment to prophetic change.

At the end of the meeting the Jesuit Provincial of Spain, Fr Melecio Agúndez, offered some reflections on the proceedings of the meeting and on the general situation of these Cultural Centres. He stressed that it was impossible to have one single approach and that only an a posteriori definition was possible, allowing for the history of involvement of each centre and their different ways of creating spaces of encounter and dialogue. He also highlighted the crucial role of lay collaborators in the work of these centres. Among objectives for the future he listed four principal ones:

1. to review the structures of the centres as well as the influences that shape their priorities.

2. to evaluate the means or mode of operation, with the aim of revising the focus or the range of contacts.

3. to take into account the understanding of mission offered in the recent 34th General Congregation of Jesuits, especially concerning "visibility" in the urban world.

4. to encourage more coordination and cooperation between centres, so that they develop towards a linked "network" in spite of their necessary diversity.

THE WOMAN IN ASIAN CULTURES CHALLENGES WOMEN RELIGIOUS WORKING IN ASIA

A seminar was organised by the International Union of Major Superiors and the Pontifical Missionary Works on «The Woman in Asian Cultures Challenges Women Religious Working in the Continent», at the Urbaniana University, Rome. The participants adopted a final motion to send an interpellation to the IV World Conference on Women promoted by the United Nations to be held at Beijing from 4 to 15 September this year.

The five topics pertaining to women's issues dealt with were: Violence on Women in all its forms, be it at home or in society; the problem of migration, a phenomenon that determines the solitude of the woman as regards the maintenance and education of the children; the problem of women's work that is unrecognised and underpaid; the exploitation of women for the purposes of advertising and publicity; the equality of access to women to education in any institute at different levels. The said document will be sent to all the generalates of the women's congregations with the proposal that as many religious women as possible may sign it.

Consecrated women religious in the Catholic Church total 680 thousand. Many of these live and work in the forefront sharing the poverty, suffering and expectations of the people. Their encounter with women does not limit itself to academic research, but to a daily accompanying, a testimony of love, a dialogue of life. The meeting, the first in a series of missionary animation, aims to promote a wider knowledge of the people of Asia in their cultures and religions in view of the new evangelisation.

Asia will constitute the great missionary challenge of the Third Millennium. It is a challenge that appeals to all the charisms of the women consecrated life which are the gift of the Holy Spirit to the Church. The openness to mission and the sending of missionaries have meant for quite a number of women's congregations a reflowering of the spirit, of generosity and of vocations.

The Federation of Asian Bishops' Conferences at their VI General Assembly held at Manila in January 1995 speaks of Asia as awakening and marching forwards to an unprecedented development. Asia is confronted by a technological civilisation, based on a free market and the promotion of consumerism, factors that favour the subculture of corruption and neo-capitalism to the loss of the more poor and weak areas of the population.

In this context, it is woman who is most hurt, who loses her subjectivity and her social relevance. The wave of economic progressivism has brought in its wake evils like child prostitution, the break up of the family and forced migrations. It is necessary that all the religions of Asia ought to engage themselves to give back a soul to the life of woman, crushed under economic unidimensionality, and to abandon the interpretation of religious laws that are still discredited by an animosity against women, the prejudices of sex, fundamentalist ideologies and confessional lobbyism of an islamic, hindu or christian or other matrix.

The Church, particularly with the presence of women religious, ought to remain in the forefront of the battle to create a new cultural and religious turning point that affirms and safeguards the equal dignity of men and women at the personal, collective and social level.

Woman in Asia today finds herself confronted by new challenges which shake her from her ancestral torpor of submission and resignation. She is called upon to assume new responsibilities in the family and in society as a leader and as a new talent in the new world which is coming to birth freeing herself from the injustices and from being marginalised, factors that prevent her from exercising a joint role in the challenges when compared with man in history. Christianity offers important values for an integral and definitive liberation of the woman in all the cultural and religious contexts of the world.

The problem of educating women in Asia and its relevance in the process of development of the continent was treated next. The high level of female illiteracy in Asian countries -65% of women in Asia are illiterate -- is one of the reasons that confine women to a state of inferiority.

This seminar held at Rome on the Asian woman must provoke the missionary Church to take further steps for a knowledge and a deepening of the cultural and religious worlds of Asia as the territory for the proclamation of the Christian message, the inculturation of the faith and of interreligious dialogue.

(Excerpted from L'Osservatore Romano, Wednesday 5 July, 1995, p. 6).

SIMPOSIO INTERNACIONAL SOBRE POLÍTICA, ÉTICA Y ECONOMÍA

En la ciudad de Brasilia, del 6 al 10 de marzo de 1995, el Consejo Episcopal Latinoamericano (CELAM), convocó y realizó un encuentro sobre política, ética y economía, con el patrocinio de la fundación Konrad Adenauer. Con esta ocasión, obispos, presbíteros y laicos de América Latina, peritos en economía, política, sociología y ciencias afines, después de amplio diálogo llegaron a algunas conclusiones que resumimos así:

Los principios de la Doctrina Social de la Iglesia son orientaciones universales. Las comunidades locales tienen la tarea de discernir la manera de aplicarlos, transformándolos en principios de vida y acción. Se percibe que haría falta una mayor difusión de la Doctrina Social de la Iglesia, sobre todo para la formación de líderes en el campo político y para la formación de cristianos adultos, responsables y solidarios, en las áreas respectivas de sus actividades. Es recomendable que se incluya este tema en los institutos de enseñanza religiosos (seminarios, universidades, colegios, escuelas) y se divulgue a través de diálogos, artículos, libros, folletos, conferencias, cursos, seminarios y programas en los medios de comunicación social.

La solidaridad es una de las consecuencias de una vida auténticamente cristiana, es expresión agradecida que refleja la verdad del encuentro con Dios, que se ha solidarizado con la humanidad. La solidaridad exige un estilo de vida austero en lo que es propio, y al mismo tiempo generoso frente a las necesidades de los demás. Los hechos evangelizan.

Desafíos sociales prioritarios

Los valores éticos son la base de una sana y justa convivencia. Es necesario promover los valores a partir de la familia, las instituciones educativas y los medios de comunicación social.

Es necesaria una mayor y mejor participación política, que se facilite por la descentralización estatal, de tal forma que el sistema democrático sea un proceso efectivo, solidario y corresponsable.

El individualismo, el aislamiento y la dependencia, en el contexto de la actual transformación cultural que predomina en el continente latinoamericano, entran en conflicto con los valores de la solidaridad, el espíritu comunitario y la responsabilidad.

Es necesario entender el progreso en términos de desarrollo humano integral, que comprenda todas las dimensiones de la persona y que incluya todas las personas y todos los grupos sociales y étnicos. Cuando el progreso es patrimonio sólo de algunos, la sociedad es injusta.

La lucha contra la corrupción exige un trabajo pedagógico, juntamente con la formación de líderes en el campo político y económico, teniendo en cuenta que detrás de la corrupción pública se encuentran intereses privados que la mantienen. El narcotráfico agrava y fomenta la corrupción en todos los niveles.

Al mismo tiempo que cada vez se abre más la brecha entre ricos y pobres, muchas personas son excluidas de la sociedad. Los excluidos son personas que no tienen nada, en contraposición con quienes aún careciendo de lo suficiente, tienen algo. Los excluidos padecen hambre, no tienen asistencia médica, son analfabetos, no tienen casa ni dirección, no tienen medios para circular en las grandes metrópolis. El clamor de estos debe resonar en la Iglesia.

Considerar la propiedad privada como un derecho casi absoluto lleva a la acumulación y concentración de los bienes, contradiciendo el principio primario del destino universal de los bienes; valorando a las personas por lo que tienen y no por lo que son, y engendrando un consumismo materialista y esclavizante. La competición como ley reguladora de las relaciones económicas entre los hombres produce exclusión (cf. Mater et Magistra, 11). La dinámica del mercado y la tendencia a entender lo social (salud, educación, etc.) sólo en términos económicos, reduce a la persona humana a un mero instrumento de mercado y deshumaniza la sociedad.

La promoción del bien común es tarea del Estado y de todos los sectores de la sociedad. La creciente presencia de organizaciones intermedias (sindicatos, asociaciones, grupos, etc) es una ocasión importante para practicar el principio de subsidiaridad. El Estado, sin embrago, tiene un papel de protagonista en la sociedad, para hacer efectiva la solidaridad, posibilitando y promoviendo la participación de todos los sectores para el bien común, y para que todos se beneficien de los medios de producción y de los servicios sociales.

Una sociedad injusta se manifiesta en un sistema distorsionado de administración pública de justicia, donde no todos tienen acceso a ella. Esta exclusión por razones —entre otras— económicas y étnicas, se ve agravada por la presencia de la corrupción y de la impunidad. Es indispensable educar para la justicia, formar profesionales competentes con un profundo sentido ético, ampliar su servicio, asegurar una mayor agilidad y realizar un proceso de reestructuración y modernización del sistema, fortalecer la autonomía de la instancia judicial y controlar su ejercicio, seguir estudiando las prácticas alternativas (conciliación, arbitraje, jueces de paz, etc).

La misión profética del cristiano implica una actitud crítica y creativa en la defensa y promoción de la dignidad de la persona humana, por su condición de hijo de Dios, en todo tiempo y circunstancia, y al mismo tiempo un compromiso fraterno con los demás miembros de la sociedad. Esto implica un discernimiento, una actitud crítica y un espíritu de colaboración para construir una sociedad cada vez más humana y justa.

El neoliberalismo indica un sistema económico que se basa en el mecanismo irrestricto del mercado, pidiendo la libertad individual, que se expresa en la iniciativa privada sin referencia alguna al bien común, privilegiando la exclusión de toda regulación y el predominio unilateral de las consideraciones económicas en la concepción de la persona y de la sociedad.

Desde una visión cristiana, es un imperativo subrayar que dentro del contexto neoliberal no se puede entender la libertad sin la solidaridad, a no ser que se pretenda una libertad sólo para algunos privilegiados. El mecanismo de mercado libre es válido en una sociedad, cuando un número creciente puede participar y beneficiarse de él. Es necesario precisar la función social de la propiedad.

Un modelo económico es excluyente —y por consiguiente, éticamente condenable— cuando de manera sistemática y programática impide la participación en la distribución de las riquezas y en las decisiones de los grandes sectores empobrecidos de las sociedades latinoamericanas.

Para vencer la pobreza y alcanzar una distribución equitativa de la riqueza, es necesario involucrar al pobre en el proceso de producción de bienes. Esto hace necesario la capacitación de todos, para que puedan tener iguales oportunidades. La capacidad de crear fuentes de trabajo y pagar salarios justos, que permitan una cualidad de vida digna para el trabajador y su familia, es un gesto de respeto a la dignidad de las personas, y asegura, al menos parcialmente, una equitativa distribución de la riqueza.

Una economía solidaria requiere mecanismos correspondientes que hagan efectivo el principio primario del destino universal de los bienes. En este aspecto existen experiencias creativas en algunos países del continente. La capacitación de los profesionales según las nuevas exigencias, es una tarea prioritaria.

FORMACION DE LOS PRESBITEROS DE LA IGLESIA EN EL BRASIL

El pasado 6 de junio la Conferencia Episcopal Nacional de los Obispos del Brasil, promulgaba las Diretrizes básicas da formação dos presbíteros da Igreja no Brasil, teniendo en cuenta las exigencias del momento actual y los recientes documentos del Magisterio sobre la formación de los futuros sacerdotes, y especialmente las orientaciones de la Exhortación Apostólica Post-sinodal Pastores dabo vobis, del Papa Juan Pablo II.

Cabe destacar diversos puntos importantes en relación con la cultura, la inculturación y sus relaciones con la nueva evangelización.

Al describir la situación actual de la sociedad brasileña, los obispos perciben con una cierta preocupación que el predominio de la economía y de la tecnología han traído una supresión progresiva de los valores éticos y religiosos, que sólo vienen admitidos en el campo de la vida privada. Como consecuencia de esta pérdida de valores comunes, se difunde un pluralismo cultural que presenta un fuerte relativismo y subjetivismo, y que ha hecho que las instituciones pierdan su fuerza y no sean ya el reflejo de una concepción de los valores y de la verdad.

El mundo urbano, que en el Brasil tiene un crecimiento vertiginoso, alcanza hoy más del 75% de la población, y tiene un gran influjo sobre el mundo rural. El éxodo de éste continúa, desenraizando cientos de miles de familias, creando una situación dramática en las grandes ciudades.

En los centros urbanos se percibe una movilidad social y una diversidad de valores de referencia, que acentúan el individualismo.

La nueva evangelización no se puede inventar la sociedad a la que tiene que evangelizar. Cada hombre, que vive su humanidad como el resultado del influjo de una cultura en la que se mueve, es objeto de la acción pastoral de la Iglesia. La Iglesia no escoge a quienes quiere evangelizar: ellos están ahí, y quienes se preparan para el ministerio presbiteral, han de ser conscientes de la realidad que les espera. Ante este fenómeno de una sociedad compleja la Iglesia afronta el reto de la necesaria diversificación de su acción, buscando dar respuestas concretas en situaciones reales.

Ante el individualismo y el subjetivismo creciente, la Iglesia del Brasil se pronuncia por una acción pastoral más personalizada y atenta a la experiencia y a las exigencias de cada persona, y en particular debe promover una fuerte experiencia de Dios, una maduración de la experiencia espiritual de cada cristiano, como respuesta a la sed de comunión con lo divino.

Ante el creciente pluralismo cultural y la revaloración de las tradiciones étnicas y culturales, la acción de la Iglesia debe inculturarse de una manera más valiente; promoviendo nuevas expresiones litúrgicas y catequéticas, favoreciendo la formación de pequeñas comunidades como lugares en que se fortalece la experiencia de comunión en la fe.

Los Obispos del Brasil, al plantearse las líneas de formación de su clero, son conscientes de las esperanzas que surgen de muchos movimientos populares o de clases medias en busca de la justicia social; de la defensa de los derechos humanos fundamentales (trabajo, educación, salud...); de la conservación de la naturaleza; de la superación de las discriminaciones debidas al sexo, a la raza o a la cultura. Al mismo tiempo, después del Concilio Vaticano II, la Iglesia en el Brasil ha tenido un amplia renovación pastoral, que ha inspirado una manera nueva de hacerse presente en la sociedad. Entre estas nuevas formas que han favorecido una nueva manera de evangelizar de las Iglesia particulares, el documento de la CNBB enumera: la reforma litúrgica y la revaloración de las formas de piedad más articuladas con la liturgia y la religiosidad popular; la difusión de la Biblia y la multiplicación de los centros bíblicos; la expansión de las comunidades eclesiales de base, los nuevos ministerios y el número creciente de los agentes de pastoral, especialmente en el área catequética y social; el dinamismo de la pastoral vocacional; la acción pastoral que en los últimos tiempos ha llegado a ambientes que antes eran poco asistidos (indios, negros, pescadores, niños de las calles, mujeres marginadas, familias destruidas,...); la puesta en práctica de la pastoral de conjunto y de la planificación pastoral; la defensa de los derechos humanos; la promoción de organismos de participación y corresponsabilidad; la solidaridad entre Iglesias hermanas; las nuevas empresas misioneras; el magisterio episcopal, que se pronuncia oportunamente sobre los grandes temas nacionales.

La Iglesia en el Brasil, junto a los aspectos positivos, no oculta sus debilidades y los desafíos que el futuro pone delante. Las transformaciones negativas de la sociedad repercuten en el interior de la Iglesia, y la fragmentariedad, el pluralismo y el subjetivismo penetran en la pastoral. Son diversas las visiones de la eclesiología, que algunas veces son transportadas por algunas pastorales o movimientos transnacionales, que desconociendo los esfuerzos pastorales de la Iglesia brasileña, engendran polarizaciones y conflictos, junto con elementos que podrían ayudar a afrontar las nuevas situaciones que se presentan. La pobreza, que continúa, crece y se generaliza, es origen de grandes dificultades, haciendo más difícil la labor apostólica de los presbíteros, cuyo número no aumenta en igual proporción que el crecimiento de la población.

Al abordar más directamente la formación de los presbíteros en el Brasil, los Obispos recuerdan que de manera contundente tanto el Santo Padre como los Obispos de América Latina han insistido en el respeto de la propia especificidad y por tanto en la dimensión de la inculturación en el proceso de evangelización y formación de las vocaciones sacerdotales. Igualmente pide que se tenga en cuenta la dimensión cultural de origen de los candidatos, sobre todo los de raza negra e indígena, favoreciendo el conocimiento y la valoración de sus raíces culturales. Además durante el proceso y dentro del curriculum de estudios se favorece el conocimiento y el estudio de la cultura brasilera.

La formación de los nuevos presbíteros en el Brasil, como viene concebida desde estas Directrices básicas, pide que se le preste una gran atención a la necesidad de inculturación del mensaje cristiano, que muchas veces ha sido formulado en términos que deben ser adecuadamente interpretados e insertados en otros contextos culturales. En relación con la casa donde se forman, es deseo de los prelados del Brasil, que se compagine con la cultura de origen de los candidatos, y, sobre todo, que estos tengan la oportunidad de participar y conocer en la medida de lo posible, la cruz y el sufrimiento, las alegrías y las esperanzas del pueblo. Igualmente, cuando se aborda el tema de la elección de los formadores, uno de los criterios que debe ser tenido en cuenta es la actitud positiva, y al mismo tiempo crítica, frente a la cultura actual.

El Documento lanza una admonición a todos los que se preparan para el ministerio presbiteral en las diversas diócesis del Brasil, a promover la capacidad de diálogo para con todos, incluso con aquellos que pertenecen a tradiciones culturales o religiosas diversas, respetando las diferencias que favorecen un sano pluralismo.

En el fondo, toda la reflexión y el interés que manifiestan los pastores de las Iglesias particulares del Brasil, tienen como telón de fondo la nueva evangelización, en la que juega un papel crucial la inculturación del Evangelio. Toda la formación, tal y como la quieren afrontar los obispos, pretende ser respuesta a este proceso por el que el mensaje del Evangelio, sin renunciar a ninguno de sus elementos, transforma la cultura en su totalidad, penetrando hasta su mismo corazón, de manera que el Evangelio se haga vida en las personas desde su mismo ambiente cultural.

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