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XI JOURNÉE MONDIALE DU MALADE

HOMÉLIE DE L'ARCHEVÊQUE JAVIER LOZANO BARRAGÁN

Washington D.C.
Basilique du Sanctuaire national de l'Immaculée Conception

Mardi 11 février 2003

 

Eminences, Excellences, 
chers prêtres et religieuses, 
frères et soeurs!

C'est pour moi un grand honneur de représenter le Saint-Père Jean-Paul II à l'occasion de cette XI Journée mondiale du Malade. Il est de mon devoir de vous apporter sa Bénédiction et ses salutations. Son témoignage de souffrance et de joie reflète le visage souffrant et joyeux du Christ et nous donne le courage de vaincre la maladie et même la mort, à travers la solide espérance de la résurrection, et de proclamer avec le Pape l'Evangile de la Vie.

Permettez-moi d'étendre mes salutations cordiales à la Conférence épiscopale des Etats-Unis et aux vingt-trois autres Conférences épiscopales d'Amérique, représentées ici à l'occasion de cette célébration de la XI Journée mondiale du Malade. Cette Journée concerne sans aucun doute le monde entier, mais le choix de la célébrer en Amérique reflète le désir du Pape qu'elle se déroule chaque année sur un continent différent. C'est cette année le tour de l'Amérique. C'est la deuxième fois qu'elle est célébrée en Amérique, puisqu'il y a sept ans, la Journée avait eu lieu dans le Sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, au Mexique.

En accord avec le Saint-Père, nous avions proposé de célébrer cette Journée en Argentine ou aux Etats-Unis. La Conférence épiscopale des Etats-Unis a accueilli cette proposition avec plaisir et s'est occupée de toute l'organisation pour la célébration. Nous sommes en particulier reconnaissants à S.Exc. Mgr Fiorenza, à l'époque Président de cette Conférence épiscopale, ainsi qu'au Président actuel, S.Exc. Mgr Gregory; tous deux ont travaillé avec un grand enthousiasme à la concrétisation de cet événement. J'adresse notre salut et un remerciement particulier à l'archidiocèse de Washington et à son digne et dynamique pasteur, S.Em. le Card. Théodore MacCarrick. Avec son équipe, sous la direction du R.P. Michael Place, Président de l'Association des Hôpitaux catholiques des Etats-Unis, et de Mme Jane Golden Beldford, Chancelier de la Curie, ils ont entrepris la tâche importante et difficile de faire du projet de la XI Journée mondiale du Malade, une réalité. Je me dois d'exprimer à Votre Eminence et à son équipe la plus sincère gratitude de la part du Saint-Père et du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé.

Je désire également saluer cordialement chacun de vous, prêtres et religieuses qui travaillez plus particulièrement au service de la Pastorale de la Santé, ainsi que tous les agents du monde de la santé, tous les volontaires d'Amérique et vous tous, frères et soeurs ici présents dans le Sanctuaire national de l'Immaculée Conception. C'est un grand honneur d'être avec vous, en travaillant ensemble au service du bien-être de nos frères et soeurs qui souffrent toutes sortes de tourments et au service du monde entier empli de souffrances et de douleur qui nous conduisent à la mort. A travers votre rôle actif, au sein de l'Eglise, vous êtes toujours engagés à trouver des réponses adaptées aux grands et importants problèmes de l'humanité, que sont les maladies, les douleurs, les souffrances, le mal sous toutes ses formes et, enfin, la mort. Notre monde néglige fréquemment ces problèmes et désire les recouvrir d'un rideau de fumée, ou tout simplement les occulter. Nous sommes ici pour les affronter courageusement et pour offrir des solutions concrètes. Tel est le ministère de l'Eglise; telle est la signification de la rédemption et du salut. Le Conseil pontifical plonge son regard au coeur du problème et offre sa collaboration à l'effort de trouver des solutions valables à travers son devoir spécifique:  la Pastorale du monde de la Santé.

Dans le Message de cette année pour la Journée mondiale du Malade, le Pape commence par une citation de la première Epître de saint Jean, où l'Apôtre rappelle que:  "Nous, nous avons contemplé et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde... et nous, nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru" (1 Jn 4, 14.16).

Aussi célébrons-nous la Journée mondiale du Malade sous le signe de l'amour. Mais cette célébration n'est pas seulement une commémoration ou une occasion de rappeler que nous devons tous être emplis de compassion pour un monde de souffrance; cela serait plein de bonté, mais encore vide de contenu. Nous n'avons pas seulement le pouvoir d'être emplis de compassion, mais aussi celui de prendre en charge les douleurs et les souffrances de ce monde et de les soigner.

Tel est exactement notre devoir à travers la célébration liturgique de la Journée mondiale du Malade. Lors de la Messe, nous faisons l'expérience de la plénitude du salut. Selon notre Foi, ici, dans le saint Sacrifice, nous offrons au monde l'unique véritable solution à ses maux, à ses souffrances et ses douleurs, en un mot, la solution à la mort. Nous n'occultons pas la mort, ni ne la minimisons, nous savons qu'elle est le plus grand des maux; toutefois, dans la réalité de la Messe, en tant que mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, la mort elle-même se convertit en source de vie et de bonheur.

Nous parlons souvent de nos jours de la qualité de la vie. A travers l'Eucharistie, notre vie reçoit sa véritable qualité, c'est là que nous trouvons l'authentique  qualité de vie. Notre qualité de vie consiste à traverser les frontières obscures de la mort et acquérir ainsi la vie pour l'éternité. La véritable qualité de vie dérive de notre participation au mystère du Christ qui nous donne le pouvoir d'être le reflet du Visage du Christ, joyeux et souffrant dans le même temps. Il s'agit de la victoire sur le paradoxe:  la victoire sur la mort à travers la mort elle-même. Dans la liturgie de Pâques, nous chantons:  "Mors et vita duello confixere mirando, et dux vitae mortus regnat vivus" (Séquence du Dimanche de Pâques).

Dans le mystère de la foi et de la charité, le Christ prend en charge nos souffrances et les transforme en joie; mais à la condition que nous adhérions avec fermeté à la vertu de l'espérance. De cette manière, nous devenons membres du Corps du Christ et toute l'Eglise, avec son Chef, le Christ, assume la mort de l'humanité et la transforme en résurrection. C'est précisément en cela que consiste la Pastorale de la Santé. Telle est la puissance infinie de l'Amour de Dieu qui, du "néant coupable" de l'humanité dans la croix, crée à nouveau la nouvelle humanité dans la plénitude de la vie de la résurrection du Christ.

Si nous nous posons des questions à propos de l'identité de la Pastorale catholique de la Santé, ce paradoxe est le signe distinctif des Institutions et des agents du monde de la santé qui veulent être considérés comme catholiques.

Le trouble le plus profond, c'est la mort, qui provoque angoisse et absence d'harmonie. Si la mort était détruite, nous connaîtrions l'harmonie et la paix. En détruisant la mort, nous alimentons la santé et la vie. Nous aurons la vie parce que l'harmonie édifie l'unité et que la vie est unité, en revanche, la mort est désintégration. Telle est la raison pour laquelle la santé est la tension vers l'harmonie. La Pastorale de la Santé est donc le chemin qui conduit à trouver l'harmonie, l'unité, la paix, la santé et la vie.

Le chemin qui conduit à l'harmonie est long. Il signifie marcher sur les pas du Christ afin d'édifier la personne humaine. La norme de la Pastorale de la Santé est donc la continuelle édification de la personne. A partir de ce point de vue, nous pouvons énoncer le premier des principes de l'éthique chrétienne:  ce qui édifie l'homme est bon, ce qui le détruit est mal. Comme je le disais précédemment, le paradoxe est que le seul chemin à travers lequel la mort peut édifier l'homme est d'accepter d'être avec le Christ sur la croix. Telle est l'unique forme pour convertir la mort en source de vie et de résurrection.

C'est pourquoi, étant réunis pour célébrer l'Eucharistie non pas seulement afin d'éveiller en nous des sentiments de compassion envers les personnes qui souffrent, nous nous réjouissons de célébrer la guérison la plus profonde que nous offre le Seigneur.

Nous célébrons cette Journée à l'occasion de la commémoration des apparitions de Notre-Dame à Lourdes; à Lourdes, Elle nous a dit qu'elle était l'Immaculée Conception et nous nous trouvons précisément dans son Sanctuaire  de  l'Immaculée Conception, Sanctuaire national des catholiques des Etats-Unis.

En effet, l'Immaculée Conception signifie le commencement de la création de la femme parfaite, Marie, ainsi que Dieu l'a pensé dans son Décret éternel. Elle est le modèle de l'harmonie humaine, unité, vie et santé. Grâce à son Immaculée Conception, son harmonie est due au plein accueil de l'Amour du Saint-Esprit. L'Esprit Saint est la force de la résurrection du Christ. L'amour de l'Esprit Saint nous donne le pouvoir unique  de  croire,  de vaincre le paradoxe de la mort, de communier avec le Christ, c'est-à-dire l'unique voie pour obtenir la santé véritable. Ainsi prions-nous Marie, qui en vertu de son Immaculée Conception intercède pour nous afin que nous puissions recevoir l'Esprit Saint. Ainsi pourrons-nous offrir au monde  un  témoignage  crédible  du moyen de vaincre la mort et d'obtenir la santé véritable. Avec l'amour de l'Esprit et l'intercession de la Vierge, nous comprendrons mieux qu'il n'y a qu'à travers la foi, la charité et l'espérance que nous pouvons vaincre la mort. De cette manière, nous pouvons parvenir aux racines de la vie tout entière et acquérir la solide conviction que seul l'amour est crédible.