MESSAGE AUX BOUDDHISTES
POUR LA FÊTE DU VESAKH 2006

Bouddhistes et chrétiens au service de lÂ’humanité

Chers amis bouddhistes,

1. Au nom du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, je vous offre, ainsi quÂ’à toutes les communautés bouddhistes de par le monde, mes meilleurs vÂœux pour le Vesakh. Je vous souhaite de célébrer joyeusement cette fête.

2. Comme à lÂ’accoutumée, jÂ’aimerais que ce soit une occasion pour partager quelques pensées pouvant aider à affermir les relations entre nos deux communautés. Ces réflexions sÂ’inspirent cette année de la première lettre du Pape Benoît XVI aux catholiques du monde entier. Cette lettre Dieu est Amour, ou Deus caritas est (DCE) selon le titre latin, sÂ’interroge sur la nature de lÂ’amour. Sa Sainteté le Pape a la conviction quÂ’il est nécessaire que ce mot, si fréquemment utilisé et pourtant si souvent incompris, soit ramener à son vrai sens afin dÂ’être une balise lumineuse pour la vie de tous les jours.

3. Le Pape Benoît XVI parle de deux formes dÂ’amour: tout dÂ’abord eros, lÂ’amour entre un homme et une femme, un amour à la recherche dÂ’une satisfaction personnelle; puis agapè, un amour qui cherche le bien de lÂ’autre, quand bien même la personne est différente, voire inconnue. Pour les chrétiens, cette deuxième forme dÂ’amour nÂ’est possible quÂ’à travers un enracinement dans lÂ’amour pour Dieu comme réponse à lÂ’amour même de Dieu pour les êtres humains. Ainsi, lÂ’amour pour Dieu et lÂ’amour pour nos frères sont inséparables car ils relèvent dÂ’un unique commandement. « LÂ’amour grandit par lÂ’amour. LÂ’amour est « divin » parce quÂ’il vient de Dieu et quÂ’il nous unit à Dieu » (DCE 18).

4. Nous chrétiens, nous croyons que la manifestation parfaite dÂ’agapè se fonde en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme qui, par ses paroles et ses actes, a consacré sa vie entière à répandre la Bonne Nouvelle de lÂ’amour de Dieu. En donnant sa vie pour lÂ’humanité tout entière, Jésus a offert lÂ’expression ultime de cet amour. Plus encore, par le don particulier de lui-même dans lÂ’eucharistie, Jésus est la source de lÂ’agapè. Abreuvés à cette source, les chrétiens sÂ’efforcent de suivre les traces de Jésus en témoignant leur amour à leurs frères et à leurs sÂœurs, spécialement aux pauvres et à ceux qui souffrent.

5. À travers notre dialogue, nous avons pu apprécier lÂ’importance que vous les bouddhistes, vous accordez à lÂ’amour pour vos semblables et qui sÂ’exprime dans le concept de metta, un amour excluant tout désir de possession mais uniquement tourné vers lÂ’aide dÂ’autrui. CÂ’est un amour qui est prêt à sacrifier lÂ’intérêt personnel au bénéfice de toute lÂ’humanité. Ainsi, metta, selon lÂ’enseignement bouddhiste, ne se limite pas à une pensée bienveillante mais sÂ’ouvre à lÂ’accomplissement dÂ’actes charitables, au service de lÂ’individu et de tous. CÂ’est à vrai dire une bonté universelle. Il ne faut pas non plus oublier une autre vertu, karuna, à travers laquelle sÂ’exprime une compassion aimante à lÂ’égard de tous les êtres vivants.

6. Dans ce monde où le mot amour est si souvent utilisé et galvaudé, ne serait-il pas utile aux bouddhistes et aux chrétiens de redécouvrir son sens original, selon leurs traditions respectives, et partager les uns avec les autres sa compréhension ? Cela pourrait être un encouragement pour les fidèles des deux traditions à travailler ensemble à la construction de relations fondées sur lÂ’amour et la vérité, à nourrir un respect mutuel, à promouvoir le dialogue et à favoriser la collaboration au service de ceux qui sont dans le besoin.

7. Ces considérations me conduisent à émettre un dernier vÂœux: que la fête de Vesakh puisse être un temps au cours duquel lÂ’amitié entre bouddhistes et chrétiens se consolide et où la collaboration, dans un esprit dÂ’agapè et de metta, se renforce. Dans cet esprit, je vous souhaite un très Joyeux Vesakh.