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CATÉCHÈSE PRONONCÉE 
PAR
S. EXC. MONSEIGNEUR PIERRE MOLÈRES

Dans sa méditation nocturne sur la foi de Thomas, le Pape a parlé à la foule des jeunes jubilaires du Cénacle comme du "laboratoire de la foi". Expression audacieusement moderne pour évoquer les attitudes du croyant, avec ses tâtonnements et ses hypothèses, ses expérimentations et ses élans, ses découvertes et ses nouveaux champs d'exploration, son humilité et son esprit d'équipe.. Cette expression éclairait à sa manière la question d'un jeune après la catéchèse:  "Peut-on être saint sans croire en Dieu, et bon chrétien sans être saint?". Question radicale que la logique française excelle à poser. Question de jeunes de notre temps sécularisé mais insatisfait, en quête d'horizon.

Il m'a paru qu'un éclairage symbolique était donné à ce type de questions par la première séquence de la veillée nocturne:  On y a vu un homme âgé donnant la main à deux jeunes pour l'aider à franchir une porte. Or, cet homme à la démarche incertaine était le Pape. Qui étaient ces deux jeunes? Peu importait au fond. Ce qui comptait, c'était le fait que le Successeur de Pierre avait besoin de s'appuyer, pour assurer sa marche, sur la jeunesse. La Porte était celle du Jubilé, symbole d'un seuil à franchir, d'une nouvelle étape. Ainsi y a-t-il des actions humaines d'une telle qualité qu'en silence, on peut y découvrir la présence agissante de l'Esprit Saint. Encore faudra-t-il que l'Eglise, par telle ou telle de ses interventions, tel ou tel de ses membres, exerce sa fonction de signe de salut et de messagère de l'Evangile du Christ pour ouvrir les personnes de bonne volonté à la rencontre de ce dernier.

Car la sainteté est une expériene comblante de connaissance et d'amour.

Marcher sur le chemin de la sainteté, c'est rencontrer le Christ sur nos routes, quelles qu'elles soient, comme Saul sur le chemin de Damas ou les disciples d'Emmaüs. Le Seigneur n'a pas son pareil pour se faire connaître et se proposer à nos libertés fragiles et rebelles. Les itinéraires des catéchumènes sont là pour le manifester.

D'autre part, marcher dans cette voie de sainteté suppose une vie d'Eglise. La rencontre du Christ, dans sa fulgurance ou sa pénombre, appelle à vivre dans l'Eglise. Or, pour nos jeunes d'aujourd'hui, souvent peu instruits ou désinformés, l'Eglise paraît lointaine et inadaptée; son histoire, celle de raideurs, de turpitudes, ou d'erreurs.

Comment donc la reconnaître sainte? Question de beaucoup de jeunes aujourd'hui. Le catéchisme des évêques de France y répond nettement.

- L'Eglise est sainte par son origine et sa nature mêmes qui lui viennent de Dieu.
- sainte par son message présenté dans l'Ecriture et ses Credos.
- sainte par ses sacrements qui sont les signes d'alliance et de salut, chargés de la présence vivante du Christ.
- sainte encore par ses ministères, qui contribuent à en faire une nation sainte, un peuple prophétique et royal, capable de s'opposer à bien des obstacles pour servir et relever la personne humaine tellement défigurée dans tous les domaines.
- sainte, enfin, par la communion des saints, faite de gens innombrables et divers qui ont en commun, au cours des âges, d'être traversés par ces grandes forces spirituelles, infusées par Dieu, que sont les vertus théologales de Foi, d'Espérance et de Charité.

Telle est la demande de sainteté:  une rencontre et une vie ecclésiale à l'intérieur du quotidien.
Pour terminer, une autre question de jeunes:  "la sainteté n'est-elle pas une vertu que notre égoïsme nous pousse à rechercher?

Non, non, la sainteté n'est pas une affaire d'esthétique, ni d'image à plaire. Bien loin d'être narcissique, elle nous ouvre aux autres et à Dieu. Elle nous incite à entrer dans le coeur du Christ pour lui plaire et explorer sans cesse ses richesses inépuisables.

Le Docteur Faust, dans son laboratoire, cherchait en vain le secret de la jeunesse.

Jean-Paul II veut, plus humblement, introduire la jeunesse de ce temps dans ce laboratoire de foi, ou l'Apôtre Thomas, appelé Didyme, c'est-à-dire le jumeau, propose à ses cadets de faire l'expérience du Christ aux cicatrices et au coeur ouvert. A eux comme à Thomas, il ne cesse de dire:  "Heureux ceux qui croient sans voir; heureux ceux qui sont capables de reconnaître l'Amour qui passe sur leur route pour les guider vers le bonheur". C'est là le but de son "laboratoire", qui, loin de détruire la vie ou de la manipuler, la respecte et la promeut. "Je suis venu, dit-il toujours, pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance". Puissent les chrétiens de France bénéficier d'un tel laboratoire qui donne toutes ses chances à la vie et à la vie de Foi.

 

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