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RÉFLEXION DU R.P. FRANCIS KOHN, 
RESPONSABLE DE LA SECTION JEUNES 
DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏCS 
À PROPOS DES JMJ 2002

Mardi 23 juillet 2002


Les XVIIèmes Journées mondiales de la Jeunesse, qui ont lieu à Toronto du 23 au 28 juillet 2002, revêtent un caractère particulier. D'abord parce que ce rassemblement du Saint-Père avec les jeunes du monde entier est le premier du IIIème millénaire. Ensuite, parce qu'il a lieu après les dramatiques événements du 11 septembre dernier, qui pèsent lourdement sur le monde.

Dans le contexte international actuel, incertain et angoissant, les JMJ 2002 sont appelées à être un signe d'espérance pour le monde. A travers leur présence à Toronto, les jeunes de tous les continents, unis dans la foi et dans la prière, témoignent de façon concrète que leur volonté de réconciliation est plus forte que la tentation de la violence et du désespoir.

Les défis des JMJ 2002

Dans la lignée des rencontres précédentes, Buenos Aires, Saint-Jacques-de-Compostelle, Czestochowa, Denver, Manille, Paris et Rome, Toronto est la nouvelle étape américaine de ce grand pèlerinage dans le monde contemporain que le Pape et les jeunes effectuent ensemble, depuis près de vingt ans désormais, grâce aux Journées mondiales de la Jeunesse.

Il est certain que Jean Paul II a présents dans le coeur et dans la mémoire les moments extraordinaires vécus à Rome, à Tor Vergata avec les jeunes, au cours desquels il les a invités à être les "sentinelles du matin" à l'aube du IIIème millénaire.

Après le retour aux sources du christianisme, à Rome, lors du grand Jubilé de l'An 2000, nous nous dirigeons à présent vers la frontière de la modernité, vers une métropole jeune, comptant à peine plus de deux cents ans d'histoire, dans un important centre d'affaires, dans un pays dynamique qui regarde l'avenir avec confiance.

En choisissant pour les JMJ la ville de Toronto, proche des Etats-Unis, le Pape projette les jeunes vers l'avenir, en les encourageant à édifier "la civilisation de l'amour et de la vérité". Cette invitation constitue un véritale défi à témoigner de la pertinence et de l'actualité des valeurs évangéliques au coeur de notre société, traversée par les tensions et les conflits, dans laquelle les intérêts financiers prévalent trop souvent au détriment des derniers et de ceux qui restent en marge de la croissance économique.

Comme tout le Canada, la ville de Toronto est elle aussi caractérisée par une grande diversité et un grand mélange de peuples, races et cultures, dans un pluralisme culturel, linguistique et religieux qui constitue une véritable richesse, porteuse d'initiatives et d'ouverture au monde. La double culture anglophone et francophone du pays rappelle en outre l'héritage spirituel de la vieille Europe, qui a apporté la foi chrétienne sur ce vaste territoire, en particulier aux populations autochtones. Enrichi par diverses vagues d'émigrants provenant de tous les continents, le Canada est devenu un extraordinaire "carrefour humain". Cette situation soulève également les défis de l'intolérance, de la coexistence pacifique, du respect réciproque et, dans le même temps, du maintien des solides racines chrétiennes dans les valeurs traditionnelles de chacun. Toronto est une ville qui se tourne vers les espaces naturels et purs du Nord, une autre richesse qui permet aux hommes de lire la présence de Dieu dans le miroir de la création et que nous devons apprendre toujours plus à respecter et à préserver.

Un pèlerinage de la foi

Le programme de chaque JMJ est conçu comme un pèlerinage visant à favoriser un itinéraire personnel de conversion et de réconciliation qui permette une rencontre avec le Christ. Pour de nombreux jeunes, ce pèlerinage de la foi a débuté par l'accueil dans les diocèses canadiens (du 18 au 21 juillet), qui est également le moment de la rencontre avec le peuple canadien et de la découverte du pays. Le lundi 22 juillet, les jeunes se sont dirigés vers la ville de Toronto, où ils ont été accueillis au sein des familles locales ou dans les écoles. Aujourd'hui, 23 juillet, la messe d'ouverture a été célébrée par le Cardinal Aloysius Ambrozic, Archevêque de Toronto, à 17h00 à Exhibition Place (un vaste espace d'exposition près du lac Ontario). C'est également là que se déroulera la célébration d'accueil du Saint-Père, le jeudi 25 juillet à 17h00.

Au cours des années, les catéchèses sont également devenues un élément important du pèlerinage, permettant aux jeunes d'approfondir les points les plus importants de la foi catholique, liés au thème proposé par le Saint-Père.

A Toronto, les catéchèses seront tenues du 24 au 26 juillet, chaque matin, par plus de 260 évêques, provenant des cinq continents dans environ 140 églises et salles de la ville, dans 25 langues différentes. Des catéchèses sont également prévues pour les jeunes mal-entendants, avec l'utilisation du langage des signes.

Certaines catéchèses sont consacrées de façon particulière aux jeunes catholiques de rite oritental, qui auront la possibilité de célébrer la liturgie eucharistique selon leur tradition.

Parmi les éléments-clé des JMJ, il faut en effet citer les célébrations eucharistiques qui suivent les catéchèses, où la messe devient synonyme de joie, ce que les jeunes apprécient beaucoup. Dans ce but, une liturgie à la fois respectueuse et joyeuse, vivante et orante, constitue un élément essentiel de cette "pédagogie de la foi".

Les observateurs des précédentes JMJ ont souligné également l'importance des temps d'adoration eucharistique et du sacrement de la Réconciliation sur ce chemin spirituel. Ceux qui ont vu à Rome les longues files de jeunes attendant de se confesser et leur visage radieux après avoir reçu le pardon de Dieu dans le sacrement de la pénitence, peuvent témoigner que cette joie était authentique. Joie des jeunes de se savoir pardonnés et aimés personnellement de Dieu, joie des prêtres d'être des instruments de sa miséricorde.

Les jeunes générations ne veulent pas se contenter d'une religion vécue par devoir, car ils ont fait (ou veulent faire) l'expérience de la joie de croire. Cette joie qui provient de la rencontre personnelle avec le Christ dans la prière et les sacrements, s'approfondit ensuite en une expérience d'Eglise, découverte dans son unité (autour du Saint-Père) et dans sa diversité (parmi les jeunes du monde entier).

Les JMJ fournissent de nombreuses occasions de vivre concrètement l'accueil réciproque, dans le respect de chacun. Le "Festival de la Jeunesse" ("Youth Festival"), qui aura lieu chaque après-midi, sera une occasion privilégiée de rencontres et de découvertes de multiples expressions de l'universalité de l'Eglise. Outre les rencontres dans les cafés, les débats et groupes de discussions, les jeunes pourront choisir parmi des activités de type spirituel, artistique ou social. La communion qui sera ainsi créée, vécue au-delà des différences de culture, de langue ou de nationalité, sera un chemin privilégié pour découvrir l'universalité et la "catholicité" de l'Eglise.

Les JMJ représentent pour les jeunes une véritable "pédagogie de la communion" et une parabole concrète de pardon et de réconciliation, au-delà des frontières.

Toutes ces activités prépareront le coeur des jeunes aux deux moments culminants de ces XVIIèmes JMJ:  les deux célébrations qu'ils vivront avec le Pape Jean-Paul  II pendant le week-end, à Downsview Park (un ancien aéroport militaire qui, avec ses 260 hectares, est aujourd'hui le premier parc urbain national). En effet, le samedi 27 juillet, à 20h00, le Saint-Père conduira une veillée de prière selon la liturgie des Vêpres; dimanche 28 juillet, à 9h30, Jean-Paul II présidera la messe de clôture en présence des jeunes qui auront dormi sur place, et d'un grand nombre de pèlerins canadiens qui s'uniront à eux pour participer à l'Eucharistie.

Le thème des JMJ

Jean Paul II nous appelle à Toronto avec les paroles de Jésus:  "Vous êtes le sel de la terre... vous êtes la lumière du monde" (Mt 5, 13-14). Des paroles exigeantes, que l'évangéliste place tout de suite après le célèbre "discours sur la montagne" des Béatitudes. La rencontre avec Jésus a apporté un vent nouveau dans notre vie, nous devons faire fructifier les dons que nous avons reçus à travers le Baptême, la lumière ne doit pas être cachée, elle doit briller même dans la nuit la plus noire.

Le Saint-Père a développé ce thème dans son Message aux Jeunes du monde (25 juillet 2001) en préparation aux XVIIèmes Journées mondiales de la Jeunesse:  renouvelés par notre baptême, nous sommes tous appelés à la sainteté et à la mission. Jean Paul II invite les jeunes à prendre conscience de leur identité chrétienne de façon nouvelle, suite au baptême qui a profondément marqué leur existence. En effet, nous avons été renouvelés par le baptême qui est une vocation à la sainteté et à la mission, comme l'a affirmé le Pape dans sa Lettre encyclique Redemptoris missio "La vocation universelle à la sainteté est étroitement liée à la vocation universelle à la mission:  tout fidèle est appelé à la sainteté et à la mission" (RM n. 90). Ce thème constitue une sorte de fil conducteur qui est approfondi à Toronto au cours des journées de préparation et que le Saint-Père reprendra dans ses discours.

C'est en effet cette double vocation des chrétiens qui sera développée dans les deux premières catéchèses (24 et 25 juillet).

Dans  le  prolongement  de  cette réflexion, la troisième catéchèse (26 juillet) développera le thème de la réconciliation, en lien avec la recherche de l'unité et de la paix entre les hommes.
"Vous êtes le sel de la terre..." (Mt 5, 13):  en partant de l'image du sel qui donne du goût aux aliments et qui sert aussi à les conserver, dans la première catéchèse, les évêques catéchistes souligneront en quoi, par la grâce, le baptême a profondément transformé notre nature humaine et comment nous pouvons vivre de façon concrète l'appel à la sainteté. A la lumière du Concile Vatican II, les catéchistes souligneront le fait que la vocation des baptisés est non seulement de sanctifier le monde, mais aussi de se sanctifier dans le monde. Leur vocation spécifique ne doit pas se laisser dénaturer par l'environnement fortement sécularisé dans lequel nous vivons.

"Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5, 14):  en s'inspirant de la lumière qui illumine et éclaire, la seconde catéchèse développera la nécessité et l'urgence de la mission, qui est la vocation de chaque baptisé et qui "constitue la mission essentielle de l'Eglise" (Paul VI, Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, n. 14). Pourquoi la mission? Comment évangéliser dans le monde d'aujourd'hui? Dans quelle mesure le témoignage de vie et l'annonce explicite de la Bonne Nouvelle constituent-ils deux éléments complémentaires et indissociables de la mission? On tentera de répondre à ces questions le jour de la fête de saint Jacques Apôtre, au cours de laquelle les textes de la Messe nous rappellent que le chrétien doit se laisser conduire par l'Esprit Saint en s'efforçant de vivre la mission comme un service qui implique le don désintéressé de soi.

La troisième catéchèse développera le verset de saint Paul:  "Laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2 Co 5, 20). Chaque chrétien est en effet appelé à vivre en permanence un chemin de conversion et de réconciliation avec Dieu et avec les autres, devenant ainsi, à son tour, un instrument de réconciliation et un artisan de paix au sein de l'Eglise et de la société. Le pardon, qui est une spécificité du christianisme, doit se traduire par différentes attitudes et actions concrètes qui favoriseront la réconciliation, l'unité et la paix. Seule une Eglise "réconciliée" et "réconciliatrice" peut contribuer à la constuction de la paix, pour laquelle le Saint-Père ne cesse de demander aux chrétiens de s'engager activement dans le jeûne, la prière, la pénitence et la charité en actes, comme il l'a rappelé dans son Message pour la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2002, intitulé:  "Il n'y a pas de paix sans justice, il n'y a pas de justice sans pardon".

Cette troisième catéchèse sur la réconciliation se tiendra le 26 juillet, jour où nous célébrerons la fête liturgique de sainte Anne et saint Joachim, parents de la Vierge Marie (sainte Anne est patronne du Québec). C'est à eux que nous confierons l'Eglise, cette grande famille, afin qu'elle puisse jouer un rôle positif poiur résoudre le conflit des générations, qui provoque parfois des tensions et des violences dans la société. Cette journée, qui sera également celle du Chemin de Croix le long de University Avenue (de 19h30 à 22h00), sera consacrée en particulier au sacrement de la pénitence, étape fondamentale sur l'itinéraire de conversion que les jeunes sont appelés à vivre au cours de ces jours de pèlerinage. De nombreux prêtres seront disponibles dans les églises, en particulier au cours des catéchèses, mais également l'après-midi, dans un grand espace vert situé sur les rives du lac Ontario, rebaptisé "Duc in Altum Park". Avant ou après s'être confessés, les jeunes pourront se recueillir en ce lieu, au pied de la Croix des JMJ, ou prier en silence devant le Très Saint Sacrement qui y sera exposé.

Un encouragement précieux

"Vous êtes le sel de la terre... vous êtes la lumière du monde!" Vivre dans la lumière du Christ, donner goût à notre vie et à celle de ceux qui nous sont proches:  tous ces désirs profonds de notre coeur peuvent être réalisés si nous nous laissons bouleverser par l'amour de Jésus, si nous laissons la foi illuminer et guider notre vie. Certes, les jeunes doivent accomplir tout cela chaque jour, dans leur existence quotidienne, là où ils vivent et où ils sont le "sel" et la "lumière". Mais nous savons qu'il existe tant d'obstacles. Contrairement à leurs parents, qui étaient pour la plupart catholiques par tradition, sinon par convention, les jeunes de la "génération Jean-Paul II" doivent accomplir un acte de liberté pour être chrétiens dans un monde qui n'est plus chrétien.
Pour un jeune d'aujourd'hui, l'acte de croire ne coïncide plus avec un conformisme social, mais avec la volonté d'être différent dans notre société post-moderne.

La XVIIème Journée mondiale de la Jeunesse représente une occasion unique pour encourager la foi des jeunes catholiques, en particulier des Canadiens, qui nous accueilleront. Elle peut être également une étape importante le long de notre route, une rencontre extraordinaire qui, une fois encore, peut permettre  aux jeunes de chaque coin de la terre de se retrouver dans la foi commune et de faire entendre leur voix d'espérance.

Suite à cette expérience revitalisante, ils se sentiront plus forts pour résister à la tentation de "laisser tomber", lorsqu'ils seront isolés dans leur travail ou à l'université. Confirmés dans leur foi et dans l'espérance, ils repartiront renouvelés dans leur désir de témoigner.

Comme l'écrit Jean-Paul II à la fin de son Message aux jeunes du monde:  "Venez faire résonner dans les grandes artères de Toronto l'annonce joyeuse du Christ qui aime tous les hommes et porte à son accomplissement tout signe de bien, de beauté et de vérité présent dans la cité des hommes. Venez dire dans le monde votre joie d'avoir rencontré Jésus-Christ, votre désir de le connaître toujours mieux, votre engagement d'annoncer son Evangile jusqu'aux extrémités de la terre!".

R.P. Francis KOHN
Responsable de la Section Jeunes du Conseil pontifical pour les Laïcs

 

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