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RÉFLEXION DU CADINAL STAFFORD 
SUR L'HISTOIRE DES JMJ DE DENVER À TORONTO


Les Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), instituées par le Pape Jean-Paul II en 1985, ne connaissent pas de précédent dans l'histoire de l'Eglise.

En règle générale, les JMJ ont été uniques, tant par leur objectif que par le nombre de jeunes qui ont parcouru les nouveaux chemins de pèlerinage du monde. Pas même les immenses foules qui répondirent à l'appel d'Urbain II, au XIème siècle, ne sont comparables. En 1095, en Auvergne, en France, le Pape demanda aux 100.000 personnes présentes d'aider les chrétiens d'Orient face aux nouveaux dangers qu'ils devaient affronter. Cet événement est rappelé par une statue en bronze du XIXème siècle exposée dans les jardins du Vatican, qui représente le Pape tandis qu'il prononce son message. Son public était composé en majorité de "nobles, chevaliers et membres du peuple", et était motivé par son appel à soutenir par la force militaire l'Eglise et l'Empire byzantin, afin de reconquérir les territoires d'Asie mineure, de Syrie et de Terre Sainte. Au cours des Journées mondiales de la Jeunesse 1995 à Manille, cinq millions de jeunes, qui ont constitué le plus grand rassemblement de la planète, ont répondu à l'appel du Pape Jean-Paul II.

Et sa vision est différente de celle du Pape Urbain II. Dans sa Lettre apostolique aux Jeunes du monde, datant de 1985, le Pape Jean-Paul II décrit l'objectif de chaque Journée mondiale de la Jeunesse, en lançant un défi aux jeunes afin de s'engager dans un dialogue saint. Il le considère comme un dialogue avec Jésus, semblable à celui qu'Il eut avec le jeune homme riche (cf. Mc 10, 17-22; Mt 19, 16-22; Lc 18, 18-23). Les jeunes d'aujourd'hui sont invités à poser la même question que celle que le jeune homme riche a posée à Jésus:  "Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle?". Le jeune homme riche est conscient que son existence a un destin qui va au-delà de la vie terrestre. Dans son coeur croît la conscience du désir de transcendance.

Le Pape souhaite qu'à travers la Journée mondiale de la Jeunesse, chaque jeune devienne conscient de ce désir typiquement humain semé dans chaque coeur. Pourquoi? Parce qu'être conscients du désir de Dieu signifie être réveillés à la dignité transcendante de la personne humaine. Le Pape approfondit ultérieurement la raison d'inaugurer les Journées mondiales de la Jeunesse:  "Chers jeunes amis! La réponse que Jésus donne à son interlocuteur de l'Evangile s'adresse à chacun et à chacune de vous. Le Christ demande à quel point vous en êtes de votre discernement moral, et il demande en même temps à quel point vous en êtes dans votre conscience" (cf. ORLF n. 13 du 26 mars 1985). Les jeunes d'aujourd'hui ont besoin du temps, de l'espace et de l'opportunité d'écouter la réponse de Jésus à la question du jeune homme riche.

De Denver 1993, en passant par Manille 1995, Paris 1997 et Rome 2000, jusqu'à Toronto 2002, le Pape a toujours été guidé par la même vision fondamentale. Il désire que les jeunes du monde se retrouvent, qu'ils prient ensemble, qu'ils reçoivent la catéchèse de leurs Evêques et, enfin, qu'ils le rencontrent au cours de la veillée du samedi soir et l'Eucharistie du dimanche matin. Tout cela vise à engager les jeunes dans un dialogue saint avec Jésus.

La courtoisie a été l'un des éléments principaux qui a caractérisé ces pèlerinages difficiles. Le long de leur chemin, les jeunes s'accompagnent de leur chant. Ils se saluent avec respect. Il se présentent avec enthousiasme aux étrangers. Ils sont toujours prêts à répondre aux questions et donnent des informations utiles. Ils sont unis par des liens de bonne volonté réciproque. Il existe un échange de prière et d'amour sous la forme la plus élevée de la charité. Au cours de leur pèlerinage, ils doivent faire face à des difficultés et même à la douleur. Ces jeunes garçons et filles ne semblent pas avoir consacré beaucoup de temps, au cours de leur enfance, en faveur de la "lumière d'un jour commun". Il s'agit d'expériences fondamentales pour les futurs guides du nouveau siècle.

De nombreuses innovations dans les JMJ ont aidé les jeunes pèlerins dans leur dialogue saint, leur sacra conversio, avec Jésus. L'exposition d'oeuvres d'art du Vatican, commencée à Denver, s'est poursuivie dans tous les autres lieux. L'exposition de cette année à Toronto, Images du salut, est de très grande qualité, tant du point de vue artistique que religieux. Sa forme exclusivement théologique et esthétique rend visible le thème du pèlerinage de cette année:  "Vous êtes le sel de la terre... vous êtes la lumière du monde".

Chaque Journée mondiale de la Jeunesse apporte sa contribution à la pratique pastorale. Le Saint-Père a souligné l'importance d'avoir le plus grand nombre prossible d'Evêques qui prononcent des catéchèses. Ces rencontres ont commencé à Denver et au cours de chaque Journée mondiale de la Jeunesse, au moins 260 évêques ont joué le rôle de catéchistes. Cette expérience pastorale a renforcé leur confiance dans la proclamation aux jeunes du Mystère pascal.

En outre, après les JMJ de 1993 de Denver, les jeunes Américains ont embrassé avec enthousiasme la grande tradition catholique du pèlerinage. La majorité d'entre eux en ont fait l'expérience pour la première fois au cours du voyage à Denver et de la rencontre avec le Saint-Père aux environs de Butterfly Hill, au Cherry Creek State Park. Quelques années plus tard, une personne du Colorado m'a écrit à propos de ce pèlerinage:  "[C'est à] Butterfly Hill que le Colorado a donné au monde la mesure de l'espérance".

Le soleil de l'été a joué un rôle important dans ces pèlerinages. Les jeunes ont fait l'expérience d'un voyage spirituel d'un lieu de lumière atténuée, comme la veillée du samedi soir, à un lieu où ils ont commencé à percevoir que toutes les choses de la création trouvent leur splendeur dans la lumière de Dieu. "Dans ta lumière, nous voyons la lumière".

Un grand nombre d'entre eux sont devenus plus conscients de leur besoin d'être purifiés de toute trace de péché. Ils sont conscients de l'affaiblissement de la conscience morale et de l'obscurcissement de l'esprit et de l'imagination provoqués par les habitudes de péché.

Les JMJ de 1997 à Paris ont développé l'élément central, exploré plus profondément au cours des années qui ont suivi, du chemin du chrétien vers la lumière, à travers les sacrements de l'Initiation. Les jeunes s'identifient plus facilement avec la description que fait saint Jérôme de l'expérience chrétienne d'émerger des eaux du baptême, "tant que nous étions dans le monde, nos yeux regardaient les abysses et nous vivions dans l'immondice. Après avoir été sauvés par les vagues, nous avons commencé à regarder le soleil et la lumière véritable. Confus par la présence de tant de joie, nous disons:  "Espère en Dieu, car je le louerai, en présence de mon Sauveur et mon Dieu"".

Les Journées mondiales de la Jeunesse 1997 à Paris ont développé également ce que l'on a appelé les "Journées dans les diocèses", au cours desquelles les jeunes ont participé à la vie catholique dans les divers diocèses du pays d'accueil. Cela s'est poursuivi et amplifié lors de chaque Journée mondiale de la Jeunesse qui a suivi.

Rome 2000 a apporté une contribution unique. Le renouveau du sacrement de la Réconciliation au Circo Massimo a été significatif. Dans Novo millennio ineunte, le Saint-Père fait référence à l'expérience positive de ce sacrement au cours de l'Année Sainte:  de nombreux fidèles sont revenus à la pratique du sacrement de la Réconciliation. Les organisateurs romains des JMJ ont utilisé une approche créative qui s'est révéle très efficace pour renouveler le sacrement. Celle-ci a fait l'objet d'études et de réflexions.

Toronto 2002 a déjà apporté sa contribution créative en incluant le pèlerinage de la Sainte Croix à travers ce vaste pays. Pendant toute l'année qui vient de s'écouler, son pèlerinage a eu un profond impact sur la vie et l'identité catholique canadienne. La croix a été confiée initialement aux jeunes par le Pape Jean-Paul II, en 1985.

De Denver à Toronto, les jeunes pèlerins du monde catholique ont vécu une nouvelle réalité à travers l'invitation du Pape Jean-Paul II à s'unir à lui à l'occasion du pèlerinage des JMJ. A présent, ils ne conçoivent l'amour qui régit tout chose qu'à la lumière de l'amour de la Croix, qui englobe tout.

Francis Card. STAFFORD
Président du Conseil pontifical pour les Laïcs

 

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