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Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move - N° 90,  December 2002, p. 241-243.

Sécurité Routière : un défi évangélique

Déclaration de la Commission Sociale

des Evêques de France

Autos, motos, cyclos, vélos, les véhicules jouent aujourdÂ’hui un rôle central dans la vie quotidienne des citoyens. Leur usage est source de plaisir, de confort. Ils sont des outils indispensables dans le travail ou la recherche dÂ’un emploi. Ils réduisent les distances entre les hommes, facilitent la vie pratique, permettent les voyages, offrent à beaucoup une liberté accrue. Le progrès technique a permis, grâce a une meilleure qualité des véhicules, une plus grande sécurité, un meilleur respect de lÂ’environnement. Mais ces magnifiques outils, remis entre nos mains, ne doivent pas devenir des instruments de mort.

Or, selon les psychologues, les conducteurs utilisent leur véhicule de façon irresponsable, voire dangereuse. La voiture, le camion, la moto deviennent lÂ’expression de la puissance, de lÂ’intolérance, de lÂ’exhibition, quelquefois même de la violence. Le conducteur peut manifester des sentiments et des attitudes quÂ’il nÂ’adopte pas dans la vie habituelle. Le budget quÂ’il consacre à son véhicule est souvent sans rapport avec les capacités financières familiales. CÂ’est une question dÂ’image de soi et dÂ’honorabilité sociale.

Les accidents de la circulation provoquent 8000 morts par an sur les routes de France : cÂ’est la première cause de décès des moins de 25 ans. Ils entraînent également 150.000 blessés dont 12.000 seront a tout jamais invalides et dépendants. Qui mesurera les souffrances des familles frappées par ces malheurs ?

Cette insécurité routière est un scandale qui doit provoquer la réflexion de tous les conducteurs de véhicule et les inciter à une conversion de leurs comportements. Par le nombre de victimes des accidents de la route, la France se trouve parmi les plus mal classeés au niveau européen. Nos voisins le savent. Ils ne comprennent pas. CÂ’est une bien triste « exception culturelle ».

Responsabilité

Il ne suffit pas dÂ’avoir le permis de conduire. Il faut savoir conduire pour avoir le droit de prendre la route. Il faut être en état de conduire et respecter les limitations de vitesse. La fatigue ou lÂ’alcool, lÂ’excitation ou la somnolence, les médicaments ou les drogues peuvent interdire le départ.

Il y a une responsabilité de tous engagée dans ce domaine. Interdire le volant à quelquÂ’un est une atteinte à la liberté dÂ’un proche, dÂ’un client ou dÂ’un voisin. CÂ’est donc une responsabilité délicate à exercer. Pourtant on ne peut laisser personne prendre des risques inconsidérés par rapport à lui-même et par rapport aux autres.

Les éducateurs, parents, prêtres, enseignants, entraîneurs sportifs, journalistes, et tant dÂ’autres qui modèlent la culture des jeunes, se doivent dÂ’attacher une importance capitale à ces questions. Trop souvent leur comportement, observable par les jeunes, est en contradiction avec les discours de prudence, de responsabilité, de relation aux autres par ailleurs développés comme si chacun se comportait en complice. On admire souvent la vitesse, la prise de risque, lÂ’audace et la transgression plus que la prudence, lÂ’attention aux autres et le respect de la loi !

Solidarité

La solidarité avec les victimes, et les familles des victimes, est difficilement mise en ouvre. CÂ’est vrai au institutionnel. CÂ’est même souvent vrai au niveau familial ou dans le cercle des amis. Les victimes ou leurs proches ont besoin dÂ’écoute, de contacts humains, dÂ’aide matérielle et juridique.

Il ne faut pas oublier le sentiment de culpabilité des personnes en cause qui complique presque  toujours lÂ’épreuve. La victime et lÂ’agresseur ne sont pas face à face. Il est important dÂ’aider chacun à faire la clarté sur la situation réelle et de permettre aux protagonistes de se rencontrer, de se parler, de reconnaître les torts commis. Alors, ils pourront faire lÂ’expérience libératrice du pardon !

Le système des assurances est indispensable et cÂ’est un devoir dÂ’y avoir recours. Mais on sera attentif aux dérives qui mènent parfois à une déresponsabilisation des personnes. On ne saurait tout régler par des compensations financières.

LÂ’Etat investit des sommes considérables pour la sécurité. CÂ’est son devoir. A lui lÂ’équipement routier, le contrôle des règles de conduite, lÂ’éducation des conducteurs et les propositions des constructeurs. Il doit imposer le bien commun aux intérêts particuliers.

CÂ’est à lÂ’Etat également de définir une politique de la route pour demain. LÂ’automobile pourrait nous enfermer dans sa logique et conduire notre société jusquÂ’à la paralysieÂ… ce qui serait un comble.

A chacun dÂ’être responsable et solidaire

Chacun dÂ’entre nous, depuis lÂ’adolescent sur sa mobylette jusquÂ’au conducteur dÂ’un âge avance au volant de sa voiture, est responsable de lui-même et des autres. Piétons et rollers sont eux-mêmes invités à la prudence. Nul ne peut se contenter de rejeter la responsabilité sur le prochain. Chacun est responsable de sa conduite. Cela réclame une véritable ascèse, un combat spirituel. Chacun est responsable des autres : sa famille, ses passagers, les passants, les autres chauffeurs. Cela demande davantage : lÂ’amour dÂ’autrui.

« Tu ne tueras point » : ce commandement des origines garde aujourdÂ’hui toute son actualité, y compris sur la route. Mais lÂ’Evangile nous donne dÂ’entendre un appel du Christ qui va plus loin encore, celui de la conversion de nos mentalités. Il sÂ’agit dÂ’adopter, dans ce domaine comme en dÂ’autres, des attitudes inspirées par la charité ! La route ne se prend pas, elle se partage. Elle est un lieu de rencontre des autres. Elle doit laisser la place aux plus faibles, pour quÂ’ils soient respectés et libres dÂ’en profiter dans un espace social digne de ce nom. Se mettre à lÂ’école de lÂ’Evangile suppose donc maîtrise de soi, entraide, conscience de ses responsabilités.  La route devient alors le lieu de lÂ’expression de la fraternité.
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