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Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People People on the Move - N° 91-92, April - August 2003, p. 439-442 Rencontre de la section nomade desPetites Soeurs de Jesus*(Rome, du 27 Janvier au 3 Février 2003)
Petite Sur Joël Fraternité des Petites Soeurs de Jésus Nous étions une quarantaine avec nos cours enracinés dans des peuples nomades, voyageurs, réunies à Némi, en dehors de Rome, pendant six jours. Et pendant que nous étions là, dans un seul endroit, une seule grande pièce, nous avons pris la route ensemble, la quarantaine que nous étions une quarantaine entre vingt et quatre-vingt et quelques années dâge, quelques-unes fraîches et prêtes à tout, quelques-unes un peu fatiguées et épuisées, et dautres simplement plus lentes avec lâge et les années.
Il y en a parmi nous qui sont venues de loin, du Japon et dAmérique du Nord, dAngleterre et dInde, du Niger et du Cameroun, de Pologne, de Slovaquie, et aussi de Mallemort, Paris, St Dizier, de Bologne et de Rome. Et il y en a dautres qui ont préparé le chemin bien des mois en avance: Hélène-Renée et Luna Park, et un comité représentatif.
La plupart dentre nous étant venues de loin, étaient fatiguées, fatiguées du voyage, ou fatiguées à la pensée dune réunion, et quelques-unes simplement fatiguées par le rythme du voyage constant, ou par la maladie ou par lâge. Quelques-unes étaient fraîches et prêtes a tout. Mais aucune de nous ne sattendait à reprendre la route cette semaine-là!
Et ce fut pourtant un voyage, non pas de kilomètres mais de compréhension seule et ensemble dans lequel chacune a entendu de nouveau son appel et a essayé de faire une relecture des cheminements parcourus par la section et par nous-mêmes jusquà aujourdhui. Et comment nous avons rencontré Dieu tout au long du chemin, un Dieu qui fait route avec nous. Cétait un voyage de compréhension et quelques-unes dentre nous ont découvert des choses que nous navions jamais vues auparavant.
Il y avait des adieux, des pertes et des deuils, et des «lâcher prise», des détachements Parce que, comme pour nimporte quel voyage, nous devions tout démonter et enlever tous les piquets avant de pouvoir repartir.
Il nétait pas question doublier ou de nier tous les parcours, mais plutôt de les voir avec des yeux nouveaux, des yeux prêts à avancer, des yeux prêts à voir les choses dans une lumière nouvelle, des yeux de gratitude.
Bien sur, des vagues de peur et de tristesse, de solitude et de colère, ont essayé de nous retenir. Cest toujours difficile de sembarquer vers linconnu Nous devions faire face à nos limites et à nos faiblesses, « lâcher prise » du désir de contrôler et de lenvie de sinstaller.
Mais ce quil faut, cest se remettre toujours en route Et poursuivre son chemin Et repartir suppose avoir tout démonté, oui, tout!
Et alors nous sommes sorties vers un pays nouveau Nous avons pris le risque, avec peur et espoir, et le Die de lExode est sorti avec nous le Dieu qui nous appelle sans cesse à un « ailleurs ».
Et lAnge de lExode était là pour nous encourager Nous ne manquions pas de guide pour le voyage.
Pia[1]tenait la carte et préparait la route en détail et, malgré le fait que, comme nous, elle navait jamais encore parcouru cette route particulière, elle savait bien comment la lire. Cétait la première fois que nous faisions cette route toutes ensemble mais elle savait bien les moments où nous avions besoin dune pause, de ravitaillement, ou de prier le long du chemin.
De temps en temps nous avons voyagé par petits groupes de six environ, à dautres moment, simplement toutes ensemble écoutant les pas de chacune, tenant compte de la vitesse et des rythmes de chacune. Et, en fin de compte, notre voyage a pris son propre rythme, sa propre musique, sa propre danse, lui donnant son propre caractère, un voyage pareil à aucun autre, le rendant « notre Route ».
Et chaque soir, nous nous retrouvions autour du feu pour «fêter» Et nous étions chez nous autour du feu.
Chaque jour avait sa nouveauté Et chaque soir son feu nouveau. Il y avait déserts et des vallées à traverser et des montagnes à grimper, des obstacles et des nuages sur la route, des déserts de ressentiment et de peur, des vallées de pardon où nous avons barboté, non en vue de loubli mais de la guérison des blessures et des souffrances. Non pour excuser ceux qui nous avaient fait souffrir mais pour essayer de comprendre et de voir avec leurs yeux à eux, et de leur souhaiter toutes sortes de bien, et des montagnes de gratitude dans la découverte du sens de nos blessures, pour la croissance et la vie.
Et nous avons dit «arigato», «merci», « grazie », « danke », « dziękuję » « gracias », « thank you », « palikeraw », « dakujem » Et nous nous sommes senties libérées et rendues plus capables de vivre le moment présent.
Il y a eu des moments de fatigue Des moments où nous nous sommes senties perdues, où nous ne savions pas où nous allions, des moments où le froid et la neige du dehors étaient reflétés dans nos curs et avaient besoin du feu pour les réchauffer et pour les faire fondre.
Et le feu est venu pas tellement dans les décisions prises ou les solutions trouvées, mais dans le fait de cheminer ensemble. et nous nous sentions chez nous autour du feu[2] Et nous avons redécouvert nos racines dans le voyage en cheminant ensemble.
Nous avions fait des recherches sur nos racines, pensé que nous allions parler du charisme, partager sur le charisme[3] Mais ce que nous avons fait cest un « voyage ensemble » qui, malgré nos limites et nos faiblesses, est devenu « charisme ».
Nos curs de nomades sont de nouveau devenus feu rassemblés autour du feu, « chez nous » autour du feu « un » dans le même feu.
* S. E. Mgr Hamao Président du Conseil Pontifical pour la pastorale des Migrants et Personnes en déplacement accompagné par Sur Alessandra Pander (Officier
de ce Conseil) et par Don Piergiorgio Saviola (Aumônier pour les cirques et forains en Italie), est venu un jour avec nous pour la célébration de lEucharistie, suivie du repas.
[1]Pia Barberis, mère de famille, de Turin, qui aide des familles en difficulté. Elle a vécu toute la semaine avec nous.
[2]Pte sr Jeanne, venue avec pte sr Annette, a partagé toute la semaine avec nous. Autour du feu, elle a fait revivre nos sources.
[3]Chaque matin, la prière nous faisait méditer un texte biblique et un texte de pte sr Magdeleine: lumières pour la journée. Pte sr Raymonde-Andrée a pu venir une journée avec nous. Pte sr Mercedes est restée la semaine entière.
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