Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 96 (Suppl.), December 2004

LA DIMENSION SOCIALE ET CULTURELLE

DU TOURISME INTERNATIONAL

Dr. Francesco FRANGIALLI

Secrétaire Général de

lÂÂ’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT)

CÂÂ’est un véritable plaisir pour moi de me trouver à nouveau parmi vous aujourdÂÂ’hui et dÂÂ’avoir lÂÂ’occasion de participer, pour la troisième fois, au Congrès mondial de la Pastorale du Tourisme organisé par le Conseil Pontifical pour les migrants et itinérants.

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En ce début du vingt et unième siècle, alors que les sociétés doivent relever plus que jamais les défis de la paix et du développement dans le contexte de la mondialisation, les relations entre lÂÂ’essor du tourisme et les répercussions quÂÂ’il suscite au niveau social et culturel et environnemental sont devenus un enjeu majeur.

Le thème qui nous réunit aujourdÂÂ’hui à Bangkok, à savoir: « le tourisme au service de la rencontre entre les peuples », touche à ce qui est lÂÂ’essence même du tourisme. Par le contact direct et non médiatisé quÂÂ’il permet entre des personnes dÂÂ’origines, de croyances et de cultures différentes, le tourisme contribue dans une large mesure, au rapprochement entre les peuples, à la compréhension et au respect mutuels entre hommes et sociétés, à la paix entre les États. Les Statuts de lÂÂ’Organisation mondiale du tourisme soulignent cette donnée essentielle.

John Steinbeck écrivait déjà en 1956: « en dehors du fait quÂÂ’ils laissent leurs économies là où ils passent, je crois que les touristes sont très utiles au monde moderne: il est très difficile de haïr les gens que lÂÂ’on connaît ».

Dans son message à lÂÂ’occasion de la célébration de la Journée mondiale du tourisme, le 27 septembre dernier, Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, a rappelé que lÂÂ’activité touristique devait être considérée comme « une expression particulière de la vie sociale, ayant des implications économiques, financières, culturelles et des conséquences décisives pour les individus et les peuples ».

CÂÂ’est là une heureuse définition.

Désormais globalisé dans sa distribution géographique, le tourisme a pris de nos jours, une place prépondérante dans lÂÂ’économie mondiale. Mais sa dimension économique, commerciale et financière nÂÂ’est pas seule en cause. La démocratisation des loisirs et lÂÂ’élargissement de lÂÂ’accès aux vacances, rendus possibles par lÂÂ’accroissement du pouvoir dÂÂ’achat, lÂÂ’élargissement du temps libre, les innovations technologiques et la baisse relative du coût du transport aérien, font de lui un phénomène, social, culturel et environnemental majeur de notre époque. LÂÂ’ignorer, cÂÂ’est ne pas bien comprendre le monde dans lequel nous vivons.

Les arrivées internationales de touristes ont atteint lÂÂ’année dernière 694 millions; ceci sans inclure les touristes nationaux, bien plus nombreux, qui voyagent à lÂÂ’intérieur de leurs pays respectifs. Et cette croissance va continuer: 900 millions dÂÂ’arrivées internationales sont attendues à lÂÂ’horizon 2010. En termes de recettes, ces déplacements ont généré un total de 514 milliards de dollars en 2003. Les échanges touristiques représentent lÂÂ’un des tout premiers postes du commerce international, à lÂÂ’égal des exportations de pétrole, de produits alimentaires ou dÂÂ’automobiles.

Le choc du 11 septembre, le terrorisme, le conflit de lÂÂ’Iraq, lÂÂ’épidémie du SRAS ont ébranlé cette activité sans pourtant provoquer son effondrement, et déjà en ce milieu dÂÂ’année 2004, la croissance y est de retour.

Une telle reprise peut sÂÂ’expliquer en grande partie par le fait que le tourisme est devenu lÂÂ’une des réalités incontournables de notre société. Il repose sur un besoin essentiel de lÂÂ’être humain, celui de voyager, sur le désir des hommes et des femmes de se rencontrer, sur la nécessité quÂÂ’ils ont de commercer ensemble, et sur le plaisir, aussi, quÂÂ’ils éprouvent à découvrir des lieux inconnus, des anciennes cultures toujours vivantes, et les traces de civilisations disparues.

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Mais, chacun le sait, lÂÂ’activité touristique nÂÂ’est pas toujours conduite en harmonie avec les traditions des pays récepteurs. Elle est souvent loin de respecter les normes et les pratiques morales et culturelles des populations visitées et lÂÂ’intégrité des sites où elle se déploie. Son mode de développement nÂÂ’est pas uniformément bénéfique pour les communautés dÂÂ’accueil. Lorsque le touriste venu de lÂÂ’extérieur, se trouve face-à-face avec lÂÂ’habitant du pays visité, deux modes de vie sont mis en confrontation, parfois brutalement, pouvant ainsi créer des relations dÂÂ’inégalités génératrices dÂÂ’exploitation, et des conflits entre modernité et tradition.

Le tourisme est ainsi source dÂÂ’autant de chances que de risques pour les communautés dÂÂ’accueil, dÂÂ’autant dÂÂ’espoirs que de préoccupations pour lÂÂ’humanité toute entière.

Les effets négatifs du tourisme ont été maintes fois décrits: imposition dÂÂ’un modèle de consommation importé qui bouleverse les circuits économiques préexistants et avive les frustrations, confinement des employés locaux dans des fonctions subalternes, appauvrissement des productions artistiques traditionnelles, relâchement des valeurs morales et religieuses, développement du parasitisme, de la mendicité, de la prostitution, apparition de la délinquance, exode rural accéléré vers les zones touristiques, regroupement des émigrants dans des habitats précaires à la périphérie des stations; le tourisme peut être tout cela pour lÂÂ’homme, lorsque lÂÂ’homme ne se domine pas et lorsque la société ne domine pas le tourisme.

Dans le même temps, comme tout phénomène économique et social de grande ampleur impliquant des concentrations de populations sur des surfaces réduites, le tourisme, lorsquÂÂ’il ignore la capacité de charge des sites, tend inévitablement à altérer son environnement naturel, surtout dans les milieux les plus fragiles. Il menace les espaces particulièrement sensibles, de la haute montagne, des zones littorales ou humides, de la forêt primaire ou des déserts; il porte atteinte à la biodiversité; il accélère le phénomène de changement climatique, dont il se révèle dans le même temps la victime.

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Dès sa création, et tout particulièrement depuis sa récente transformation en institution spécialisée des Nations Unies, lÂÂ’OMT sÂÂ’est efforcée de promouvoir des stratégies qui répondent à une préoccupation de développement équitable, responsable et durable du tourisme.

De tels principes avaient déjà été largement énoncés par lÂÂ’OMT tant dans la Déclaration de Manille de 1980 sur le tourisme mondial, que dans une autre postérieure, adoptée dans cette même ville en 1997, sur lÂÂ’impact du tourisme dans la société.

Ultérieurement, le Code mondial dÂÂ’éthique du tourisme, approuvé par lÂÂ’Assemblée générale de lÂÂ’OMT réunie à Santiago du Chili en 1999, a réaffirmé avec vigueur cette même approche. Déclaration solennelle mais aussi instrument pour lÂÂ’action, le Code mondial dÂÂ’éthique du tourisme vis-à-vis duquel lÂÂ’Assemblée générale des Nations Unies a manifesté un grand intérêt, constitue incontestablement le document le plus fort et le plus complet existant actuellement sur le tourisme moderne

LÂÂ’ambition du Code dÂÂ’éthique est de faire ressortir dans un même texte, un large ensemble des valeurs se rapportant aux touristes et aux voyages - des valeurs qui sont communes à lÂÂ’humanité et universellement acceptées, en particulier celles partagées par les grandes religions monothéistes. Il nÂÂ’est pas anecdotique de rappeler que le Saint-Siège et lÂÂ’Iran furent deux des pays les plus actifs dans lÂÂ’adoption par lÂÂ’OMT du Code mondial dÂÂ’éthique du tourisme.

Celui-ci énonce, de manière équilibrée, les droits et obligations respectifs de tous ceux qui sont parties prenantes à lÂÂ’activité touristique. Il embrasse un large éventail de thèmes, tant économiques que culturels, environnementaux et sociaux. Il prétend, dÂÂ’une part, réduire au minimum les effets négatifs du tourisme sur lÂÂ’environnement, les communautés dÂÂ’accueil et le patrimoine culturel et, dÂÂ’autre part, maximiser les bénéfices que peuvent espérer les habitants des zones visitées tout comme les entreprises des pays tant récepteurs quÂÂ’émetteurs de touristes.

CÂÂ’est dans lÂÂ’esprit du Code mondial dÂÂ’éthique et à la demande de lÂÂ’Assemblée générale des Nations Unies que lÂÂ’OMT, de concert avec le Programme des Nations Unies pour lÂÂ’environnement, a coordonné en 2002, les activités de lÂÂ’Année mondiale de lÂÂ’écotourisme. Ce dernier, forme achevée du tourisme de nature, souvent lié au tourisme culturel, sportif, dÂÂ’aventure ou de découverte, constitue lÂÂ’une des facettes les plus enrichissantes de cette activité.

Dans la perspective dÂÂ’assurer une large diffusion et une meilleure connaissance du Code à lÂÂ’échelle mondiale, lÂÂ’OMT a mis en place à lÂÂ’automne de 2003, le Comité mondial dÂÂ’éthique du tourisme dont la fonction principale sera de promouvoir cet instrument dÂÂ’une manière universelle. Le Comité veillera à la mise en application du Code tant au niveau des États, quÂÂ’à celui de lÂÂ’industrie touristique, et notamment à lÂÂ’intégration des principes dÂÂ’éthique posés par le Code dans le cadre des lois, règlements et codes déontologiques y afférents. Je suis heureux dÂÂ’annoncer ici, à Bangkok, que le Gouvernement de la Thaïlande a fait part récemment à lÂÂ’OMT de son intention de fonder à lÂÂ’avenir sa politique touristique sur les principes énoncés par le Code mondial dÂÂ’éthique et quÂÂ’en conséquence, celui-ci fait lÂÂ’objet dÂÂ’une traduction en langue thaï.

Je voudrais, ne fut ce que sommairement, énoncer ici les trois lignes de forces sous-jacentes au Code mondial dÂÂ’éthique et aux principes quÂÂ’il pose.

En premier lieu, le tourisme apparaît comme un véhicule privilégié dÂÂ’utilisation et de valorisation du patrimoine monumental, culturel et artistique des destinations visitées. À ce titre, il constitue un instrument à la disposition des peuples qui souhaitent valoriser pacifiquement leur diversité culturelle. Grâce aux recettes tirées de la fréquentation des sites, il contribue à lÂÂ’entretien et à lÂÂ’enrichissement de ce patrimoine. Il permet la survie et lÂÂ’épanouissement des productions artisanales traditionnelles en leur offrant de nouvelles clientèles.

À moins de deux heures dÂÂ’avion dÂÂ’ici, lÂÂ’immense complexe des temples dÂÂ’Angkor serait sans doute en déshérence sans la ressource du tourisme, et la population des zones rurales pauvres de la province de Siem Reap nÂÂ’aurait guère de raison dÂÂ’espérer des lendemains meilleurs.

Car le tourisme culturel ne se limite pas à la fréquentation des musées, monuments, centre-villes historiques, ou lieux de culte ouverts aux visiteurs. Il naît aussi de la découverte de pratiques culturelles vivantes, qui sÂÂ’expriment par lÂÂ’artisanat, le folklore, les arts et traditions populaires transmis, souvent oralement, de génération en génération.

La coopération active que lÂÂ’OMT maintient avec lÂÂ’UNESCO pour la mise en valeur de grands itinéraires culturels, tels que la Route de la Soie, ou encore en vue dÂÂ’une meilleure gestion à des fins touristiques des monuments et sites classés au patrimoine mondial, illustre cette dimension du tourisme, nullement contradictoire avec la préoccupation de conservation de ces mêmes biens culturels.

En deuxième lieu, le tourisme se révèle être un vecteur remarquable de lÂÂ’épanouissement individuel et collectif. CÂÂ’est ce que le Saint-Père avait souligné en 1982, en visitant le siège de lÂÂ’OMT à Madrid. « Le tourisme », avait-il dit, « en soi est une valeur et non pas un acte banal de consommation ». Il est généralement associé à dÂÂ’autres valeurs telles que lÂÂ’échange, lÂÂ’hospitalité, lÂÂ’ouverture aux autres, lÂÂ’égalité, et la tolérance, sur lesquelles doit reposer la relation « visiteurs-visités ». Il constitue un facteur irremplaçable dÂÂ’auto éducation personnelle.

La curiosité guide les pas du touriste, la curiosité des lieux et la curiosité des êtres. La rencontre est lÂÂ’un des motifs du déplacement: les hommes aiment découvrir ailleurs ceux qui leur ressemblent - ou ceux qui ne leur ressemblent pas.

Malheureusement, la rencontre entre le touriste et la communauté dÂÂ’accueil nÂÂ’est pas toujours aussi facile quÂÂ’on le souhaiterait, surtout lorsque les modes de vie et les pouvoirs dÂÂ’achat diffèrent trop les uns des autres. Alors, se produisent des situations de dépendance et dÂÂ’inégalité dans lesquelles les droits humains les plus élémentaires, particulièrement ceux des groupes les plus vulnérables, ne sont pas respectés. Différentes formes dÂÂ’abus et dÂÂ’exploitation peuvent en découler, dont sont dÂÂ’abord victimes les femmes et les enfants des communautés pauvres et les membres des peuples autochtones.

Depuis une dizaine dÂÂ’années, lÂÂ’OMT sÂÂ’efforce ainsi de lutter contre lÂÂ’une des déviations les plus aberrantes de notre temps: le tourisme dit « sexuel » impliquant des enfants.

LÂÂ’OMT sÂÂ’est engagée très tôt à combattre ce fléau, répondant ainsi aux attentes exprimées par différentes organisations non gouvernementales (ONG) et associations ÂÂœcuméniques alertées par lÂÂ’ampleur que prenait ce phénomène, notamment en Asie, mais également en Europe orientale, dans les Amériques et dans certains pays dÂÂ’Afrique.

Parmi les multiples actions entreprises par notre Organisation, je voudrais mentionner trois dÂÂ’entre elles: lÂÂ’adoption, en 1995, lors de notre Assemblée générale du Caire, de la Déclaration sur la prévention du tourisme sexuel organisé; nos contributions aux deux conférences mondiales sur les enfants tenues respectivement à Stockholm en 1996 et à Yokohama en 2001; et enfin, lÂÂ’intense campagne internationale en faveur de la protection des enfants, conduite depuis 1997 en collaboration avec de nombreuses associations du secteur touristique, des entreprises, notamment du transport aérien, des ONG et des institutions internationales qui nous ont rejoint, comme lÂÂ’UNICEF, lÂÂ’UNESCO ou lÂÂ’Union européenne; cette dernière nous a apporté ces dernières années, des ressources financières significatives pour mettre en ÂÂœuvre une série de projets concrets et ciblés de sensibilisation, dÂÂ’éducation et de formation.

La campagne ainsi conduite a permis, entre autres, lÂÂ’adoption ou le renforcement des législations pénales de nombreux États. Ces dernières permettent désormais de sanctionner les abus sexuels commis sur des mineurs dans les pays de destination où les faits ont été commis, mais aussi, ce qui est souvent plus dissuasif, dans les pays dÂÂ’origine des acteurs de tels actes.

Grâce aux résultats de cette campagne, les professionnels du tourisme sont devenus davantage conscients des dangers que cette pratique représente pour les destinations, mais aussi - et ce nÂÂ’est pas négligeable! - pour leurs propres intérêts. Beaucoup ont adopté des mesures dÂÂ’auto réglementation ou adhéré à des codes de conduite déontologiques. Je crois quÂÂ’il est possible dÂÂ’affirmer aujourdÂÂ’hui que le tourisme sexuel organisé par des opérateurs ayant pignon sur rue a pour lÂÂ’essentiel disparu comme conséquence de ces efforts. Demeure le problème difficile des réseaux pédophiles souterrains utilisant le vecteur de lÂÂ’Internet.

Enfin, le tourisme, constitue incontestablement un facteur croissant de développement, de diversification et dÂÂ’intégration économiques.

Les pays pauvres trouvent en lui, de manière inespérée, les ressources en devises dont ils ont un urgent besoin pour réduire leur dette extérieure et payer leurs importations. Des emplois en grand nombre sont créés comme résultat des dépenses effectuées par les visiteurs dans les économies locales: des emplois pour les jeunes, pour les femmes, et pour les membres des groupes autochtones, des emplois très qualifiés et dÂÂ’autres moins, des emplois permanents et dÂÂ’autres à temps partiel, des emplois dans les groupes multinationaux comme dans les entreprises locales sous-traitantes, des emplois dans les stations qui se créent comme dans les zones rurales pauvres menacées par le déclin de lÂÂ’agriculture traditionnelle.

On le voit, le bilan apparaît contrasté, et le tableau est loin dÂÂ’être uniformément sombre.

Bien géré et convenablement ordonné, le tourisme se révèle lÂÂ’un des meilleurs amis de lÂÂ’environnement. Industrie bien moins polluante que dÂÂ’autres à niveau de création de valeur ajoutée comparable, il est susceptible de générer les ressources fiscales dont bien des États sont cruellement dépourvus.

Bien géré et convenablement ordonné, le tourisme se révèle vital pour le maintien de lÂÂ’agriculture et de la pêche locales auxquelles il offre de nouveaux débouchés, au lieu que la première continue de sÂÂ’épuiser à fournir le marché mondial en produits excédentaires. De plus en plus structuré autour des grands groupes jouant un rôle dÂÂ’entraînement vis-à-vis de tout un réseau et de petites et moyennes entreprises et de travailleurs indépendants, il diffuse une croissance externe dans nombre de secteurs connexes, au premier rang desquels celui du bâtiment, des travaux publics et de la construction.

Dans ce contexte, lÂÂ’une des missions essentielles de lÂÂ’OMT, reflétée dans ses Statuts, est de faire bénéficier les pays les plus pauvres de lÂÂ’essentiel des retombées économiques quÂÂ’engendre le développement du tourisme. Il faut pour cela maintenir la richesse quÂÂ’il créée dans les économies locales, et, à cet effet, éviter lÂÂ’apparition de « fuites » - rapatriements de bénéfices ou exportations induites - trop marquées, lesquelles conduisent à une inversion des flux financiers au profit des pays riches ou des groupes multinationaux.

Conformément aux Objectifs de développement du millénaire, adoptés par les Nations Unies et précisés lors du Sommet mondial du développement durable de Johannesburg en 2002, lÂÂ’OMT sÂÂ’est engagée dans la promotion dÂÂ’un développement du tourisme, qui se veut à la fois équitable et solidaire.

En lançant conjointement avec la CNUCED, en 2001, une nouvelle initiative intitulée ST-EP (Sustainable Tourism for Eliminating Poverty), et en mettant en place une Fondation pour conduire cette action, lÂÂ’OMT entend mettre à profit le potentiel du tourisme en tant quÂÂ’élément moteur de la réduction de la pauvreté, spécialement a profit des 49 pays les moins avancés. Si ici, en Asie, un pays comme les Maldives sort de la liste noire des PMAs, cÂÂ’est à son succès comme destination touristique quÂÂ’il le doit.

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Mes chers amis,

Dans le secteur du tourisme, comme dans bien dÂÂ’autres, nous sommes aujourdÂÂ’hui confrontés à des enjeux à la fois dÂÂ’éthique et de responsabilité. Il appartient donc à chacun - État, entreprise, individu - de sÂÂ’engager.

Y parviendrons-nous?

Les pays riches sont-ils disposés dans le cadre du cycle de développement de Doha de lÂÂ’Organisation mondiale du commerce, à accepter une structure des échanges touristiques qui favorise le Sud? Sont-ils prêts, dans le cadre du consensus de Monterrey et sur la base des recommandations de la Conférences de Bruxelles de 2000, à utiliser le tourisme comme un instrument dÂÂ’aide au développement en faveur des pays les plus démunis?

Les gouvernements des pays qui sÂÂ’ouvrent au tourisme ont-ils, pour leur part, la volonté dÂÂ’assumer leurs responsabilités et de rechercher lÂÂ’intérêt collectif, plutôt que de céder aux pressions de leurs propres élites soucieuses de conserver par-devers elles les fruits de cette activité, et aux sollicitations des entreprises transnationales souvent plus préoccupées de récupérer leurs profits que de les réinvestir? Auront-ils la sagesse de donner priorité à lÂÂ’économie de culture sur lÂÂ’économie de cueillette?

De la même manière, lÂÂ’industrie touristique, qui, plus que toute autre activité de services, a la possibilité de contribuer au remaillage du lien social et au renforcement du tissu économique local, voudra-t-elle sélectionner des modes de développement conduisant à de tels résultats? Saura-t-elle prendre en compte son intérêt à long terme, lequel repose sur la transmission aux générations futures du patrimoine naturel et culturel qui constitue son véritable fond de commerce, ou ne considèrera-t-elle que sa seule profitabilité à court terme?

Les touristes, eux-mêmes, car beaucoup dépend de leurs attitudes, se montreront-t-ils conscients de leurs propres responsabilités et du pouvoir qui est le leur, dÂÂ’orienter lÂÂ’activité touristique par leurs choix comme par leurs refus?

Concilier, dans une approche fondée sur la durabilité, le développement économique du tourisme avec le respect des identités sociales et culturelles, élargir, dans ce domaine, la zone de compatibilité entre économie et écologie, ne doivent pas être regardés comme des objectifs hors de portée. Tout devient possible dès lors que sont observées un certain nombre de règles fondamentales, telles que celles énoncées dans le Code mondial dÂÂ’éthique du tourisme.

Je peux vous assurer que notre Organisation fera tout ce qui est en son pouvoir pour que ces règles puissent orienter la communauté touristique internationale dans ses comportements et la guider dans la manière dont elle façonnera son avenir.