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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 96, December 2004

 

LA PASTORALE DES MIGRANTS ET DES PERSONNES EN DEPLACEMENT DANS LE DIALOGUE ET 

LA COLLABORATION OECUMENIQUES

- L'expérience espagnole-

 

P. Vicente J. Sastre García, S.J.

Templo y Centro Ecumenico el Salvador

 Introduction

L'Espagne est actuellement la deuxième destination touristique mondiale. Le nombre de visiteurs étrangers représente 110% des résidants. Elle constitue en outre la destination principale des européens qui changent de résidence, et, au cours des dernières années, le pays d'Europe qui reçoit le plus haut pourcentage d'immigrants provenant des pays de l'Est.

Le diocèse de Valence se trouve dans la partie centrale de la côte méditerranéenne entre Barcelone et Almería, et à la même distance de Madrid. L'archidiocèse comprend le territoire de la province de Valence et la partie nord de la province d'Alicante. Plus de 30% des nuitées des touristes et des visiteurs que l'Espagne reçoit se font dans la Comunidad Valenciana. Au total, 129 nuitées annuelles par habitant, une donnée inférieure seulement au nuitées de la Province de Majorque. Pour imaginer ce que représente cette donnée, on peut dire que pour chaque famille valencienne il y a annuellement, de façon permanente, en moyenne un autre visiteur.

A ces mouvements de population correspondent de nouvelles zones d'établissement de populations de visiteurs ou de nouvelle résidence. Des grandes urbanisations, avec de nouvelles agglomérations et de nouveaux habitants, se forment sur la frange côtière, s'étendant jusqu'à l'intérieur. La pénurie de structures sociales et d'activités pastorales ou liturgiques constituent une évidence.

Le phénomène du changement social et culturel, associé à la mobilité de la population est un des faits qui affecte davantage la vie de l'Eglise. Et non seulement de l'Eglise valencienne et de ses communautés qui, de façon permanente ou temporaire, se dépeuplent. Dans les temps forts de la vie de l'Eglise comme par exemple la Semaine Sainte, il y a des villes espagnoles ou de l'Europe du Nord qui perdent une partie importante de leur population en faveur des zones touristiques de Valence. Seulement en Espagne, plus d'un tiers de la population abandonne sa résidence habituelle.

La population et le territoire

Depuis plusieurs années la population est en train de perdre ses liens locaux de cohabitation, de culture, de solidarité et de pratique religieuse. Cette perte de relations avec le territoire se produit à cause de la facilité dans les déplacements, de l'augmentation du temps libre et du besoin d'évasion des contextes culturels habituels.

Depuis près de 30 ans, les territoires traditionnels de cohabitation se dépeuplent lorsque leurs habitants peuvent bénéficier de quelques jours de repos. L'Espagne est le pays d'Europe avec le plus grand nombre de familles qui disposent d'une résidence secondaire. Pendant la haute saison des vacances, nombre de ces résidences peuvent être louées et les revenus couvrent les frais de toute l'année[1].

Mais le développement des moyens de communication sociale affaiblit les relations avec le territoire. On constate que depuis environ 10 ans les relations avec le territoire de résidence habituel ne sont plus tellement étroites sous l'aspect du maintien des relations avec la communauté culturelle d'appartenance. La présence virtuelle de la réalité provoque un détachement du territoire sur lequel se fonde la pastorale générale de l'Eglise. Les populations foraines du diocèse de Valence n'ont pas besoin d'avoir des relations avec les personnes habitant le territoire car dans les hôtels et dans les maisons en location il est actuellement commun de pouvoir disposer d'une antenne parabolique qui leur permet d'avoir à domicile les événements culturels et religieux de leurs pays d'origine. Les journaux gratuits en plusieurs langues qui sont distribués dans les supermarchés complètent les nécessités culturelles des populations. N'importe quel logement en Europe, situé dans n'importe quel endroit, peut substituer leur espace de culture et de connaissances par la simple réception du signal d'un des 30 satellites de communication, dont chacun dispose de plus de 30 canaux. Cette situation est évidente dans les établissements de population des résidences secondaires et des logements touristiques du diocèse de Valence.

Même si l'impact des médias sur la culture en général et sur la conscience chrétienne en particulier est évident, il existe également la nécessité de cultiver les relations primaires et de trouver des espaces de communication directe avec la réalité sociale. C'est ainsi que se créent également des points de rencontre et de cohabitation dans le cadre desquels la proposition active devient urgente, du moins en ce qui se réfère aux structures sociales, culturelles et religieuses. Il est très difficile de maintenir la foi du peuple chrétien sans qu'il y ait des lieux de prière et de célébration de la foi.

Il est évident que la révolution culturelle commencée avec le siècle actuel est particulièrement évidente dans le diocèse de Valence, et qu'elle implique un nouveau défi à la conscience chrétienne. Les nouveaux habitants, temporaires ou permanents, arrivent dans le territoire avec des traditions chrétiennes différentes. Etant donné que la mission de l'Eglise est de promouvoir l'unité, il est impensable qu'elle ne reste pas en contact avec cette pastorale nouvelle. Il existe donc la nécessité d'un travail pastoral partagé avec les autres confessions, qui soit utile à la foi de l'Eglise. Ce travail pastoral doit être entrepris en commun car il affecte la foi du peuple chrétien dans son ensemble et sa façon de la partager et de la célébrer.

Un espace nouveau de responsabilité oecuménique

La conviction que la pastorale du tourisme se doit de participer à la collaboration oecuménique s'est déjà manifestée en mai 1986 à l'occasion de l'Assemblée des Délégués de la Pastorale du Tourisme des diocèses espagnols, célébrée dans le diocèse de Castellón, à la limite nord du diocèse de Valence. Déjà l'Assemblée qui s'était tenue à Almería en mai 1984 avait vu la tenue d'un séminaire sur le Tourisme et l'Oecuménisme. 

La nécessité de promouvoir une pastorale oecuménique conjointe est évidente dans de nombreuses zones touristiques où des équipements et des réalisations conjointes se sont avérés nécessaires. Il n'est pas possible de faire de la discrimination en encourageant des initiatives s'adressant exclusivement aux chrétiens d'une confession déterminée. L'Eglise, qui est maintenant présente dans les endroits d'affluence des forains, ne devrait pas s'y montrer désunie. C'est ainsi qu'ont surgi en Espagne des Centres et des Temples Oecuméniques. Cette expérience a démontré qu'il s'agissait d'une initiative opportune. On peut dire la même chose pour le Temple Oecuménique "El Salvador" qui a été crée dans l'île de la Grande Canarie. Le Centre et le Temple sont situés dans le centre de la zone touristique; ils connaissent une vitalité extraordinaire et constituent un important espace de la présence de l'Eglise catholique et de ses bons services et relations avec d'autres confessions oecuméniques. Il convient également de signaler le Centre Oecuménique de Malaga et la collaboration entre les Eglises d'Europe qui caractérise la pastorale du tourisme à Majorque.

Le Temple et le Centre Oecuméniques de Valence

Sur l'initiative de son Archevêque, S.E. Mgr Augustín García Casco, le diocèse de Valence a entrepris en 1998 la promotion d'un Temple et d'un Centre Oecuméniques dénommés "El Salvador de Oliva". L'initiative a été longuement préparée et a été communiquée aux confessions chrétiennes présentes dans la zone. Le Saint-Père a donné sa bénédiction au projet et à sa première pierre, qui a été posée par le Cardinal Cassidy. Un symposium sur Tourisme et Oecuménisme a été organisé à l'occasion de cette cérémonie symbolique, qui a vu la participation du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement et des représentants des confessions chrétiennes oecuméniques présentes dans la zone. Les actes de ce symposium, qui s'est déroulé dans le diocèse de Valence, mettent en relief que la promotion de l'unité entre les Eglises doit être particulièrement associée à la pastorale du tourisme et vice-versa. 

Les lignes directrices de ce projet devraient respecter les conditions suivantes: Un maximum de visibilité du Centre et du Temple pour les personnes de passage dans la zone (environ 20 millions entre tourisme intérieur et extérieur). Un maximum d'accessibilité à travers les différentes voies de communications (routes, autoroutes, voie ferrée et accès par la mer). Un maximum de capacité d'accueil au point de vue des espaces et des structures. Un maximum de capacité et d'offre pour ce qui est des espaces liturgiques, touristiques, culturels et sociaux. Un maximum de capacité symbolique d'inspiration chrétienne. Tous ces "maximum" correspondent à la réalité de la zone et à son expansion prévisible.

Le projet en question a été amplement partagé avec les confessions non catholiques qui, dès le début, avaient manifesté leur disponibilité à sa réalisation. La Auslandseesorge, un organisme de l'Eglise catholique allemande, a accueilli le projet avec un grand intérêt, en déclarant sa disponibilité à une collaboration économique. Le même accueil lui a été réservé par la EKD. L'Eglise de Valence a pu compter sur le soutien de l'Administration publique à ce projet d'intérêt général.

Au moment où nous écrivons (mai 2004), un tiers des constructions prévues par le projet est déjà réalisé, dans l'attente de recevoir les contributions promises.

L'importance de ce projet pour la pastorale des personnes en déplacement européennes exige un effort de la part des Eglises européennes. Le projet, même s'il est localisé dans le diocèse de Valence, constitue un signe de la présence de l'Eglise dans les nouveaux espaces d'évangélisation où la population se déplace à l'occasion des moments de repos, de la retraite ou dans les circonstances particulières des célébrations chrétiennes dans les moments de temps libre.

Dans le cadre de la perspective pastorale qui se réfère au Temple et du Centre Oecuméniques "El Salvador" de Valence, il est à signaler de façon particulière que son existence est en fonction non seulement de la célébration liturgique, mais également de la prière, de la rencontre et de la communication à travers la culture. Nombre d'européens admirent les cathédrales et les temples du passé, leur art et leurs expressions culturelles. A notre époque, ce ne sont pas les villes qui s'attendent à de nouvelles initiatives de l'Eglise catholique et des autres Eglises et communautés ecclésiales européennes, mais ce sont plutôt les nouveaux espaces, où les personnes se concentrent au moment du temps libre, qui ont besoin d'une présence significative des Eglises et des communautés ecclésiales.

Enfin, étant donné que nous avons fait référence aux moyens de communications comme nouvelle forme de développement culturel, nous pensons que le Temple et le Centre Oecuménique "El Salvador" devraient comprendre à l'avenir une centre de communication et de diffusion culturelle et religieuse qui soit en mesure d'assurer une présence dans le monde des communications sociales. Ceci pourra se réaliser quand les revenus des visites touristiques pourront fournir un soutien économique à cette nouvelle voie d'évangélisation de la culture. Pour le moment, le projet peut être visité sur le site internet www.tecsal.org.

 
[1] Sastre GarcíaVicente J., La Cultura del Ocio, - implications sociales et ecclésiales, Université Pontificale Comillas. Madrid 1984, 362 p.

 

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