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Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People People on the Move N° 96, December 2004 PASTORALE OECUMÉNIQUE DE L'AVIATION CIVILE R. P. Herman BOON Aumônier National de lÂÂÂAviation Civil Zaventem-Bruxelles Pendant la semaine de prière pour l'unité des Eglise, le dimanche 16 janvier 2000, un service ÂÂÂcuménique a été diffusé par la télévision nationale flamande, à partir de la chapelle catholique de lÂÂÂAnge Raphael dans la salle dÂÂÂarrivées de lÂÂÂaéroport de Zaventem-Bruxelles. En collaboration avec le régisseur de la télévision les trois aumôniers chrétiens de lÂÂÂaviation civile à lÂÂÂaéroport de Zaventem, lÂÂÂaumônier catholique Herman Boon, lÂÂÂaumônier protestant Patricia Forceville, lÂÂÂaumônier orthodoxe Athenagoras Peckstadt, ont élaboré cette émission télévisée de 55 minutes. Le prêtre de lÂÂÂéglise anglicane Erwin Lammens, était invité et présent. Ce service ÂÂÂcuménique de la Parole était présidé par ces quatre pasteurs. Les membres de l'église anglicane ne sont pas présents dans la pastorale de lÂÂÂaéroport. Ils ne sont pas membre de lÂÂÂunion des églises protestantes, représentée, par l'aumônier protestant. Pendant trois réunions, dans mon bureau, nous avons préparé ce service: lÂÂÂintroduction, les lectures, les prières, les chants, lÂÂÂenvoi. LÂÂÂaumônier catholique lisait et méditait un passage de la Bible concernant les chercheurs dÂÂÂasile et priait pour eux et leur accompagnateurs, lÂÂÂaumônier protestant lisait la Bible et priait pour le personnel, lÂÂÂaumônier orthodoxe pour les voyageurs, le prêtre anglican pour les visiteurs de lÂÂÂaéroport. Nous avons confessé ensemble notre foi chrétienne par le Credo de Nicée-Constantinople. Nous avons prié le Notre Père. Après le don de la paix du Christ, les quatre officiants ont béni ensemble, les mains étendues, les personnes présentes dans la chapelle et les téléspectateurs en Belgique et en Hollande. Les chants étaient soutenus par l'orgue de la chapelle, les trois organistes, les trois chorales (catholique, protestante et orthodoxe). Des images filmées dÂÂÂavance des gens, dans lÂÂÂaéroport, des avions, des oeuvres dÂÂÂart, des différentes chapelles, étaient mélangées aux images directes des trois caméras. Le symbole oecuménique ÂÂÂla croix, la barque des pêcheursÂÂÂet les paroles "que tous soient un" décoraient le fond. Cette célébration télévisée nous a donné lÂÂÂoccasion de se rencontrer fraternellement plusieurs fois, de parler de notre foi, de notre vie de pasteur, de lÂÂÂÂÂÂcuménicité, des hommes et femmes dans lÂÂÂaéroport. Mais cela nous a donné aussi, une fois de plus, lÂÂÂexpérience que souvent dans cet oecuménisme, nous les catholiques sommes les perdants, à nous de céder, à ne pas célébrer lÂÂÂeucharistie ce dimanche dans notre chapelle. II me reste la tristesse quÂÂÂaprès ce service, nous ne nous sommes plus jamais réunis pour prier. Parfois il y a une réunion des aumôniers, mais comme lÂÂÂimam est là, et le rabbin et le conseiller humaniste, il nÂÂÂy a pas un moment de prière. Aussi nos visions pastorales sont très différentes. Il y a seize ans, quand notre évêque mÂÂÂa envoyé à lÂÂÂaviation civile, jÂÂÂai changé le nom existant de lÂÂÂaumônerie ÂÂÂcommunauté de lÂÂÂaéronautique civileÂÂÂ en ÂÂÂPastorale Catholique de lÂÂÂaéronautique civileÂÂÂ. Ainsi je marquais clairement notre identité et notre mission. Avant, pendant 18 ans jÂÂÂai appris à mes séminaristes au séminaire Jean XXIII à Leuven, que ÂÂÂpastoralÂÂÂ signifie toujours: annoncer le Christ, construire son Eglise, en union avec lÂÂÂévêque. Cela est vrai aussi dans lÂÂÂaéronautique civile. Cette description de la pastorale ne pourrait pas donner des difficultés dans la collaboration oecuménique et pourtant, on éprouve toujours les différences des visions théologiques, ecclésiales et pastorales. Nous, à Zaventem, nous indiquons quÂÂÂun prêtre -aumônier rend Jésus présent dans lÂÂÂaviation civile, par lÂÂÂEucharistie journalier, souvent par les sacrements, le baptême, la réconciliation, la confirmation, le mariage et le sacrement des malades, des mourants dans les avions et lÂÂÂaéroport. La collègue protestante offre la lecture, la prière, et lé bénédiction de la Bible, le confrère orthodoxe a une fois par an une liturgie dans ses deux chapelles. Je fais lÂÂÂexpérience aussi que les orthodoxes russes et bulgares ne se sentent pas chez eux dans la chapelle orthodoxe grecque. LÂÂÂhistoire de nos chapelles à lÂÂÂaéroport international de Zaventem Bruxelles nous apprend beaucoup concernant lÂÂÂÂÂÂcuménicité dans lÂÂÂaéronautique civile. A lÂÂÂouverture de lÂÂÂaéroport en 1958, lors de lÂÂÂexposition universelle; une chapelle catholique et une chapelle protestante, plus modeste, ont été mises à notre disposition. Une chapelle catholique nÂÂÂexiste pas par la présence de personnes catholiques dans cet endroit, mais par la présence Eucharistique à lÂÂÂautel et au tabernacle. La qualité de notre travail pastoral catholique est proportionnelle à la qualité de notre adoration de Jésus Eucharistie, de notre Communion Eucharistique et notre vie de prière, de notre union avec lÂÂÂéglise universelle missionnaire. La chapelle protestante dans la salle dÂÂÂarrivées est fermée depuis un an, là il y avait des bibles, mais Rien ne sÂÂÂy passait liturgiquement, cÂÂÂétait devenu un lieu de rencontre des amoureux ou des errants en détresse, un coin pour dormir. Une annonce renvoie vers les autres chapelles protestantes du côté air. En 2001 un de nos artistes Paul De Bont a réalisé un nouveau tabernacle monumental pour notre chapelle. Le ÂÂÂbuisson ardentÂÂÂ et ÂÂÂla transfiguration au TaborÂÂÂ ont donné lÂÂÂinspiration. En 1989, pour la nouvelle jetée des vols intercontinentaux un lieu de culte nÂÂÂétait pas prévu. Avec lÂÂÂaumônier protestant Patricia Forceville jÂÂÂai pris contact avec lÂÂÂadministrateur de BIAC, Brussels International Airport Company -Premier entretien: rien nÂÂÂest prévu, rien nÂÂÂest nécessaire. Deuxième entretien: Vous pouvez louer, comme les magasins de vente, à des prix très élevés. Troisième entretien: un endroit de 200 m2 est utilisable comme lieu de méditation, commune pour tout le monde, toutes les églises, toutes religions et les noncroyants. Ma collègue protestante nÂÂÂy voyait pas dÂÂÂobstacle. Les Juifs se montraient négatifs, les musulmans hésitaient, les libres penseurs étaient satisfaits. En concertation avec mon évêque, le cardinal Godfried Danneels, que je vois de temps à autre dans notre aéroport, jÂÂÂai insisté sur le respect de lÂÂÂidentité, de chacun, du contenu propre de sa foi et des symboles des signes, jÂÂÂai plaidé pour une zone des croyants. A partir dÂÂÂune identité claire et marquée, il y a ouverture dÂÂÂamour vers que lÂÂÂautre et ainsi il y un service de tout-couleur, pour chaque prochain. Les 200 m2 étaient partagés: une espace pour les catholiques, une pour les protestants, entre les deux une espace de à peine 15 m2 pour la synagogue, de même pour la mosquée. JÂÂÂai insisté pour que ces deux derniers soient, avec dÂÂÂavantage dÂÂÂespaces, situés à un autre endroit dans cette même zone. Ce qui a été réalisé plus tard. Ainsi il y avait un endroit de 30 m2 libre. JÂÂÂai proposé de le donner à lÂÂÂéglise orthodoxe. Cela créait un meilleur équilibre: église catholique, orthodoxe et protestante. Le délégué de Biac, Etienne Mangé, libre penseur et ami, me proposait dÂÂÂen parler avec le représentant de lÂÂÂEglise Orthodoxe en Belgique, qui sont des Grecs. Je lÂÂÂai fait le même jour. Le Metropolite Panteleimon sÂÂÂest réjoui de ma proposition, reconnaissant dÂÂÂacquérir une chapelle orthodoxe à lÂÂÂaéroport, la première au monde. Plus tard un aumônier de leur église a été nommé. A Moscou, ni à Athène, il nÂÂÂy a pas de chapelle, ni dÂÂÂaumônier pour les chrétiens orthodoxes dans les aéroports. Etienne Mangé de Biac exigeait en même temps un lieu de rencontres pour les noncroyants humanistes. Cela aussi est unique au monde. Nous voilà avec six espaces dans cette zone. Le 8 décembre 1995 notre chapelle ÂÂÂNotre Dame de lÂÂÂEuropeÂÂÂ a été bénie par notre Cardinal Danneels, ceci au trentième anniversaire de lÂÂÂacceptation officielle du drapeau de lÂÂÂEurope. Ce drapeau était inspiré du verset du chapitre 12 de lÂÂÂApocalypse et de la Médaille miraculeuse des apparitions de Sainte Vierge à sÂÂÂur Catherine Labouré dans la chapelle de la rue du Bac à Paris en 1830, les douze étoiles. Certains membres de la direction de BIAC nÂÂÂétaient pas heureux de cette perte dÂÂÂespaces commerciales, occupés par trois chapelles chrétiennes, une synagogue, une mosquée, une chambre des noncroyants. Plus tard ils ont récusant de félicitations internationales: unique au monde! Bruxelles donne le bon exemple! Pendant la construction de la plus récente jetée A pour les vols Europe-Schengen, Biac -même nous a proposé six lieux identiques pour prier, méditer, célébrer converser. Les protestants accédaient à lÂÂÂinvitation des humanistes librepenseurs de partager un même espace. Finalement cela nÂÂÂa pas été fait. Mgr Faustino Sainz Munos, nonce apostolique pour la Communauté Européenne, a béni notre troisième chapelle catholique. Pour meubler cette chapelle jÂÂÂai contacté nos artistes. Dieu est beau! CÂÂÂest appréciable que le personnel et les voyageurs de toutes cultures puisent voir notre art liturgique actuel. Paul De Bont a forgé de fer et de feu notre statue de ÂÂÂNotre Dame de lÂÂÂaviation civileÂÂÂ. Dans la même après-midi les chapelles protestantes et orthodoxes ont été bénies en chantant, de même que la mosquée et la chambre des humanistes. BIAC a offert une gracieuse réception. Quelques semaines plus tard jÂÂÂai assisté à lÂÂÂouverture de la synagogue. Au bâtiment principal de CARGO nous avons une espace de prière et de célébration, surtout pour la liturgie, des funérailles. Mille deux cents dépouilles mortelles passent chaque année par Cargo Zaventem-Bruxelles. Pour un sur dix on demande un service de prière ou lÂÂÂEucharistie, surtout les africains, souvent avec leur propres prêtres. Les protestants y sont exceptionnellement, parfois une secte, très rarement un service dÂÂÂIslam, jamais un service judaïque. Le 21 septembre nous y célébrons lÂÂÂEucharistie à la fête de lÂÂÂapôtre Matthieu, patron des douaniers. Un jour Tiroler-Air a invité les aumôniers catholiques et protestants à bénir ensemble un nouvel avion. Dans une ambiance de musique tyrolienne quel chaleureux service ÂÂÂcuménique de lectures, prières, bénédiction! LÂÂÂeau bénite fut spécifiquement catholique. La diaconie de lÂÂÂEglise à lÂÂÂaéroport est une histoire colorée: écouter et accompagner le personnel et les voyageurs, des missionaires et des personnes dÂÂÂEglise universelle, peuple en détresse spirituellement et physiquement, les angoisses et solitudes, besoins matériels, financiers, religieux; donner de la nourriture, des boissons, des couvertures, payer un ticket pour le train. Nous pouvons partager joie et tristesse, espoirs et désespoirs, être prés des personnes en deuil ou dans lÂÂÂallégresse, comme lors de lÂÂÂarrivée des enfants adoptés de Chine, Vietnam, Amérique du Sud. Il y a le besoin dÂÂÂaider à résoudre des problèmes, comme pour les sans logis du côté terre de l'aéroport- Nous vivons une très bonne relation avec les services de sécurité. Nous sommes, la pour les chercheurs dÂÂÂasile et ceux qui les accompagnent. Nous les rencontrons dans le ÂÂÂcentre InadsÂÂÂ- inadmissibles passengers - le centre de transit 127 pour ceux qui demandent lÂÂÂasile et le centre de rapatriement 127 bis. Les protestants et les humanistes, font là aussi un service humanitaire; parfois nous le faisons ensemble, parfois on sÂÂÂoriente mutuellement. Quand nous rencontrons des orthodoxes, surtout parmi les chercheurs dÂÂÂasile de lÂÂÂEurope de lÂÂÂEst, nous le signalons à lÂÂÂaumônier orthodoxe. Les musulmans sÂÂÂoccupent dÂÂÂautres musulmans, les juifs dÂÂÂautres juifs. A lÂÂÂaéroport tout le monde sait que lÂÂÂaumônier et les soeurs catholiques y sont pour chaque personne sans distinction, aussi pendant les fins de semaine. Nous connaissons nos limites et impuissances humaines, mais aussi notre confiance et espérance évangélique. Contrairement à dÂÂÂautres aéroports il nÂÂÂest plus permis, depuis la direction Biac, de placer une crèche, de Noël dans la zone publique, salle de départ. Il faut la cacher dans les chapelles. La direction, dont quelques francs-maçons et librepenseurs, appellent cela: la neutralité dans lÂÂÂaéroport. Le Père Noël y est pourtant présent. Le Halloween Keltic et le lapin de pâque sont introduits à force de publicité commerciale. Un aéroport est aussi un monde païen, matérialiste et capitaliste. Le défi: être chrétien dans cet aéroport. Nous sommes zélés pour distribuer des Bibles. Dans nos trois chapelles catholiques il y a des Bibles en plusieurs langues, pour lire sur place ou pour prendre avec. Le personnel et les voyageurs trouvent chez nous une Bible dans leur propre langue, du lingala au japonais. Nos chauffeurs de taxi, nos policiers, notre personnel de bord en profitent. Lors, des baptêmes et mariages nous offrons une Bible. Nous donnons des Bibles en différentes langues a nos demandeurs dÂÂÂasile dans les centres, à des passagers qui doivent attendre longtemps à lÂÂÂaéroport. Ainsi nous offrons à tous la Parole de Vie. Les chrétiens de lÂÂÂAfrique se sentent à lÂÂÂaise avec la Bible, aussi avec lÂÂÂAncien Testament. Là nous reconnaissons le travail de nos missionnaires et des églises locales. Dans les deux centres des chercheurs dÂÂÂasile nous prions et nous célébrons lÂÂÂeucharistie en différentes langues, chacun sa Bible en main. La première chose quÂÂÂils nous demandent cÂÂÂest la Bible. Aux catholiques nous donnons un chapelet. Pour ce service biblique nous sommes aidés par ÂÂÂThe, Gideons InternationalÂÂÂ dont quelques membres travaillent à lÂÂÂaéroport. Ils nous donnent un tas dÂÂÂexemplaires du Nouveau Testament. Dommage que les traductions sont un peu passées. Nous achetons des Bibles en différentes langues dans deux centres protestants, Bibles sans ou avec les livres deutero-canoniques. Ceci est une collaboration ÂÂÂcuménique joyeuse. ÂÂÂLÂÂÂEglise en détresseÂÂÂ nous offre des Bibles, bellement illustrées, en plusieurs langues, pour les enfants. Parfois on nous donne une Bible en cadeau. LÂÂÂachat de ces Bibles reste un souci financier. Comme aumônier catholique je suis aumônier du syndicat chrétien à lÂÂÂaéroport, un groupe dynamique et valable. Il y a 250 entreprises à notre aéroport. Je participe à leurs réunions générales. Là jÂÂÂentends et jÂÂÂapprends beaucoup sur ce qui se passe avec les personnes travaillant dans lÂÂÂaéroport. JÂÂÂy reçois beaucoup dÂÂÂamitié et la possibilité de communiquer mes idées, je peux nourrir et stimuler lÂÂÂesprit chrétien du syndicat, selon lÂÂÂenseignement social de lÂÂÂEglise. Dans leur publication trimestrielle distribuée dans tout lÂÂÂaéroport, je publie le mot de lÂÂÂaumônier. JÂÂÂai beaucoup de bonnes relations avec les chrétiens dÂÂÂautres églises, mais aussi avec les musulmans au travail ou en voyage. Des conversations avec eux sont fréquentes par exemple quand ils partent ou reviennent de leur pèlerinage à La Mecque. Nous vivons un dialogue cordial avec les libre-penseurs humanistes. De temps à autre on rencontre des boudhistes ou des hindous, siks, shintoïstes. Très souvent je réfléchis sur ma tâche dÂÂÂaumônier-prêtre à lÂÂÂaviation civile, et je prie le Saint Esprit de mÂÂÂéclairer. Être pasteur avec le Bon Pasteur, apporter Jésus aux hommes au milieu des avions et des bagages, désirer lÂÂÂunité entre les Eglises, entre les, hommes, dans le même amour de Dieu-Trinité, en charité fraternelle, uni avec les Juifs, les Musulmans, les librepenseurs, les noncroyants, les boudhistes, les hindous, les animistes, les shintoïstes, chaque personne humaine. Dieu nous donne son Unité. Dans ma spiritualité jÂÂÂai annulé le mot ÂÂÂétrangerÂÂÂ de mon vocabulaire. Chaque homme est mon co-homme, lÂÂÂautre homme, tous les hommes du monde entier, mes prochains, mes frères et sÂÂÂurs avec la richesse, de nos différences, lÂÂÂimmense oecuménicité. Tous enfants de Dieu, Pere, Fils, Saint Esprit, Dieu-Trols-Un, projet, modèle et source de tout ÂÂÂcuménisme et dialogue, fraternité évangélique. |