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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move

N° 101 (Suppl.), August 2006

 

 

Document final

 

 

L’événement 

Signe des temps, le phénomène de la mobilité humaine pose de nombreux problèmes, notamment religieux et spirituels, en plus des problèmes sociaux, économiques et politiques. Quand il s’agit de « Migration et déplacement à partir et vers les pays à majorité islamique », la complexité, l’actualité et l’importance du sujet se présentent de plus aux yeux de tous. C’est sur cette problématique qu’a porté la XVIIème Session Plénière du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement, avec la participation des membres et des consulteurs du Dicastère, ainsi que d’agents pastoraux et d’experts.

En saluant les participants, au Vatican, Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a affirmé que le dialogue interreligieux fait partie intégrante de l’engagement ecclésial au service de l’humanité aujourd’hui et constitue presque le « pain quotidien » de ceux qui œuvrent au contact des migrants, des réfugiés et des itinérants. « Chaque chrétien – a ajouté le Saint-Père – est appelé à ouvrir ses bras et son coeur à chaque personne, – en particulier aux petits et aux pauvres – quel que soit le pays dont elle provient, en laissant ensuite aux autorités responsables de la vie publique le soin d'établir dans ce domaine les lois considérées comme opportunes pour une saine coexistence », dans le respect des droits humains de tous. Le Pape Benoît XVI a ainsi conclu : « Il faut bien sûr espérer que les chrétiens qui émigrent vers les pays à majorité islamique y trouvent l’accueil et le respect de leur identité religieuse ». Il a également qualifié la pastorale pour les migrants et les personnes en déplacement de « frontière significative de la nouvelle évangélisation dans l’univers actuel mondialisé ».

Dans la lignée de ce qu’a affirmé le Saint-Père, le Président du Dicastère, le Cardinal Renato Raffaele Martino, introduisant les travaux avec un discours intitulé «Le thème de la Plénière, à partir de nos documents et congrès récents », a relevé que pour résoudre positivement les problèmes soulevés par le nombre toujours croissant de migrants et de personnes en déplacement à partir et vers les pays à majorité islamique, un dialogue interreligieux franc et loyal, un témoignage vécu de charité et d’accueil, le respect scrupuleux de la liberté religieuse, une juste intégration sociale et culturelle, en observant les lois civiles en vigueur, et une réciprocité correctement comprise sont nécessaires. Parmi les points marquants du discours du Cardinal, soulignons le souhait que, non seulement du côté catholique, mais aussi du côté musulman, il y ait « une prise de conscience toujours plus grande qu’on ne peut remettre en question l’exercice des libertés fondamentales, des droits inviolables de la personne, de l’égale dignité de l’homme et de la femme, du principe démocratique du gouvernement de la société et d’une saine laïcité de l’État » (Erga migrantes caritas Christi – que l’on désignera par EMCC – 66).

Pour sa part, le Secrétaire-Archevêque du Conseil Pontifical, S. Exc. Mgr Agostino Marchetto, dans son intervention intitulée « Les changements, la pensée et l’œuvre du Conseil Pontifical depuis la dernière Session Plénière », a souligné que parmi les objectifs de cette réunion figurait celui de convaincre de l’importance d’un vrai dialogue, au rayonnement toujours plus vaste, permettant de tirer des conclusions concrètes pour garantir l’accueil et la compréhension de ceux qui vivent une mobilité humaine à partir et vers les pays à majorité islamique. A ces personnes, ou groupes, il est par ailleurs demandé d’offrir leur contribution loyale et généreuse au bien de la communauté qui les accueille et à l’Eglise locale elle-même. Mgr Marchetto a ensuite ajouté que les communautés les plus stables sont invitées à comprendre les besoins particuliers des « hôtes » ou des immigrés, en développant un grand sens de solidarité. De la sorte, tous ensemble, habitants du lieu et nouveaux arrivants, peuvent contribuer à réaliser une culture de coexistence, de compréhension et de paix, dans le respect des droits humains de chacun. Partant d’une analyse plus critique des événements historiques qui conditionnent aujourd’hui encore la mobilité, le Secrétaire du Dicastère a attesté qu’il est possible pour les Eglises (a qua et ad quam) d’apporter leur contribution indispensable à la société, pour un juste règlement de la mobilité et pour la protection des personnes qui y sont impliquées, et à tous. Avec pour fondements le respect réciproque et la justice dans les traitements juridico-religieux. « La réciprocité est aussi une attitude du cœur et de l’esprit qui permet de vivre ensemble et en étant partout à parité de droits et de devoirs » (EMCC 64).

L’après-midi du premier jour, dans son intervention, le P. Maurice Borrmans, M. Afr., professeur émérite de l’Institut Pontifical d’Etudes Arabes et Islamiques, a fourni un cadre complet (numériquement et géographiquement) et détaillé (statistiquement) des dimensions actuelles du « Â“ vivre ensemble Â” dans les pays de population musulmane majoritaire et de présences chrétiennes minoritaires, anciennes ou récentes ». Selon le P. Borrmans, à l’avenir, la possibilité de ce « vivre ensemble » est rendue très précaire par les heurts entre diverses factions et par les attentats terroristes de ces dernières années. De fait – a-t-il affirmé – « ce sont toujours les minoritaires qui risquent de devenir des “ boucs émissaires ”, suite aux généralisations faciles et aux amalgames simplistes qui redonnent vie aux vieux préjugés et aux rêves de croisades ou de jihâd ». Le monde islamique n’est pas monolithique. La mobilité humaine a renouvelé les problématiques du « vivre ensemble ». Il en résulte un rapport original et parfois contradictoire entre religion, culture, Etat et ordonnancement juridique, d’autant plus que dans l’accueil de la modernité, de la démocratie et de la laïcité chaque pays réalise une synthèse totalement contextualisée.

Le Secrétaire du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, S. Exc. Mgr Pier Luigi Celata, qui est intervenu ensuite, a fait observer que « le phénomène croissant de la mobilité humaine continue de déterminer le dépassement des frontières géopolitiques qui constituaient autrefois, dans bien des cas, les lignes de séparation entre le monde chrétien et le monde islamique ». Pour parvenir à une coexistence pacifique, l’archevêque a rappelé cette affirmation du Pape Benoît XVI : « Le dialogue est une nécessité vitale », surtout pour les chrétiens, qui sont appelés à aimer le prochain, avec la force et à l’exemple du Christ. Se référant à l’enseignement du Saint-Père dans son discours adressé aux musulmans à Cologne l’an dernier, Mgr Celata a mis en lumière les défis communs auxquels les chrétiens sont appelés à apporter une réponse. Parmi ceux-ci figure, avant tout, le terrorisme. Pour le combattre, il faut parvenir à « extirper des cœurs le sentiment de rancœur, à combattre toute forme d’intolérance et à nous opposer à toute manifestation de violence ». Il a ensuite souligné l’importance de la collaboration entre chrétiens et musulmans pour garantir les valeurs qui portent atteinte à la dignité de la personne humaine, comme la liberté religieuse, le respect réciproque, la solidarité et la paix. Se référant ensuite aux tensions héritées du passé, le Secrétaire du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux a invité à faire nôtre la volonté exprimée par le Saint-Père de « rechercher des voies de conciliation et apprendre à vivre en respectant chacun l’identité de l’autre ». En outre, dans le relativisme cognitif et moral et dans le sécularisme immanentiste, si diffus aujourd’hui dans nos sociétés, Mgr Celata a vu un défi, pour les chrétiens et les musulmans, à témoigner ensemble du transcendant. Par ailleurs, face à la difficulté, assez répandue parmi les musulmans, de comprendre et de vivre le principe d’une saine laïcité, ainsi qu’en considération de la nécessité de leur intégration correcte dans les sociétés occidentales, nous sommes interpellés en tant que chrétiens et en tant que Â‘citoyens’ « pour leur offrir, grâce à une œuvre adéquate de dialogue et dans une attitude de respectueuse amitié, le témoignage de notre expérience ».

Au cours de la deuxième journée de la Plénière, affrontant le thème des migrations à partir des pays à majorité islamique, le Secrétaire Général du Conseil des Conférences Episcopales Européennes, Mgr Aldo Giordano, au nom du P. Hans Vöcking, M. Afr., empêché de participer à la Session, a présenté la situation des immigrés musulmans en Europe. Leur présence s’est en effet accrue fortement, en contribuant à rendre la société européenne multi-religieuse. Le point fort auquel les musulmans sont confrontés dans la diaspora européenne est celui de la modernité et de la post-modernité. Bien sûr, certains musulmans entrevoient la voie d’une « inculturation » dans la société européenne (« Islam des lumières »), mais la majorité considèrent en termes très problématiques la culture européenne et aspirent à un retour au modèle médiéval de l’islam, avec un lien fort entre la religion, la société et la politique. Selon le P. Vöcking, pour trouver un chemin d’intégration, la garantie de la liberté religieuse apparaît importante, de même que l’indépendance par rapport aux financements étrangers, la création de structures pour la formation des responsables, l’attention à l’éducation civique, à la démocratie et aux droits de l’homme, le dialogue entre les religions, ainsi qu’une information correcte dans les médias. De la sorte – a-t-il conclu – on trouvera la voie d’une interprétation de l’islam qui tienne compte des valeurs plus que des lois, des choix personnels plus que de la nostalgie d’un « âge d’or ».

Au Brunei, la présence des migrants représente pour l’Eglise locale un défi pour exprimer sa solidarité de façon tangible et fraternelle, et – a souligné S. Exc. Mgr Cornelius Sim, Vicaire Apostolique – même l’Eglise, répondant à leurs besoins spirituels, garantit un service encore plus nécessaire que l’aide matérielle. « Les travailleurs migrants trouvent dans l’Eglise une voie pour servir leurs compagnons catholiques, enrichissant ainsi l’expérience mutuelle du fait d’être Eglise » et participant à la promotion culturelle et économique du pays.

Intervenant sur l’accueil de nos jours d’un grand nombre de réfugiés musulmans, le prof. Stefano Zamagni, Président de la Commission Catholique Internationale pour les Migrations, a fait remarquer en revanche qu’ils apportent avec eux des conceptions de vie et des croyances religieuses profondément différentes de celles des autochtones. Il a donc invité à éviter les deux écueils qui entravent leur insertion harmonieuse dans le tissu social, à savoir le syncrétisme relativiste – pour lequel toutes les religions se vaudraient – et l’assimiliationnisme plus ou moins forcé. Il a ensuite incité à élaborer un modèle de dialogue interculturel pour proportionner la réponse, notamment en ressources publiques, au degré d’« acceptabilité » (« morale conséquentielle ») de leurs requêtes.

L’archevêque de Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, S. Exc. Mgr Anselme T. Sanon – dans l’impossibilité d’être présent – a envoyé son exposé sur le thème de l’accueil des réfugiés chrétiens dans les pays d’Afrique de l’Ouest à majorité islamique. Il a été lu par S. Exc. Mgr Béchara Raï, évêque de Jbeil, au Liban. L’intervention a mis en évidence et synthétisé, dans une perspective structurée, les diverses situations qui caractérisent ces entrées. En outre, soulignant le rôle important qui revient à l’Eglise dans ce contexte, une gamme de réponses pastorales à apporter a été offerte, notamment la création, en particulier dans les diocèses, d’une aumônerie pour les réfugiés, afin de chercher à répondre à leurs besoins. En même temps, un engagement responsable de la part des Institutions internationales et une œuvre précieuse de sensibilisation des moyens de communication ont été sollicités.

Le Dr Michael Galligan-Stierle, Secrétaire adjoint pour la Pastorale Universitaire de la Conférence épiscopale des Etats-Unis d’Amérique, a présenté la situation des étudiants étrangers (internationaux) aux EE.UU. qui proviennent des pays islamiques. Il a brièvement résumé l’histoire des multiples rencontres, des consultations et des déclarations conjointes dans le dialogue entre musulmans et catholiques, à partir de 1987. Il a ensuite souligné les données statistiques relatives aux 16.300.000 étudiants de son pays, dont 591.188 sont étrangers (internationaux). Il a ensuite indiqué certaines des principales préoccupations qui concernent les musulmans, avec une considération prioritaire pour le lieu où prier sur les Campus, mentionnant un grand nombre de programmes offerts à la population estudiantine musulmane, grâce aux réponses à un questionnaire envoyé aux 1200 aumôniers de la pastorale universitaire. Enfin, il a recommandé que tous les projets pastoraux pour les étudiants étrangers (internationaux) soient une expression de respect, de dialogue, d’ouverture culturelle et de liberté.

Illustrant la situation des étudiants étrangers (internationaux) en Algérie, dont le nombre est en augmentation, le P. Bernard Lapize de Salée, S.J., a rapporté que là-bas l’Eglise considère leur présence comme une grande grâce et un excellent témoignage dans l’Algérie musulmane. De fait, même si les musulmans sont les plus nombreux, beaucoup d’étudiants sont chrétiens, en provenance essentiellement des pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Ils participent activement à la vie de l’Eglise et constituent l’élément le plus jeune des communautés chrétiennes dans le pays. En outre, ils offrent leur expérience directe avec la jeunesse algérienne musulmane, avec laquelle ils sont en contact dans les cités universitaires. Le P. Lapize de Salée a conclu qu’une collaboration – ou au moins des contacts - serait souhaitable entre les Eglises des pays d’origine et celles du Maghreb (Afrique du nord), collaboration qui existe déjà en partie.

Passant aux personnes en déplacement à partir et vers les pays à majorité islamique, sur la problématique des Roms, Mme Hannelore Valier, de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, a relevé que la majeure partie d’entre eux, si l’on exclut l’Inde, vit en Europe centrale et en Europe de l’Est. Bien qu’ils soient communément associés au nomadisme, ils vivent de façon stable dans des pays européens depuis des centaines d’années. Parmi les problèmes auxquels ils doivent faire face figurent la marginalisation, la xénophobie et le racisme, ainsi que le bas niveau d’instruction, le chômage élevé (de 50% à 90%), l’assistance santé insuffisante et les conditions de logement très pauvres. Malgré tout cela, la volonté de survivre a constitué l’élan qui a guidé les Roms au cours des siècles. Quoi qu’il en soit, la communauté internationale travaille actuellement à améliorer leur intégration sociale, dans le respect de leur identité culturelle, en se basant sur le principe d’un traitement équitable. Il est donc nécessaire de renforcer la maturité des sociétés démocratiques et leur capacité de comprendre et de respecter la diversité sociale, culturelle et religieuse des Tsiganes.

Dans le secteur de l’Apostolat de la Mer, le diacre Ricardo Rodriguez Martos, de Barcelone (Espagne), a rapporté que cette action pastorale offre des services fondamentalement égaux pour tous les marins, quelle que soit leur religion. Selon les calculs statistiques, 18% des marins marchands seraient musulmans, soit environ 200.000 personnes. En général, ils sont très religieux et pratiquants. Les musulmans ne demandent cependant pas d’assistance spirituelle aux chrétiens et, si elle leur est proposée, (par exemple en fournissant un contact avec une mosquée), ils la déclinent généralement. Ils apprécient toutefois une aide matérielle – lorsqu’elle est nécessaire – et les témoignages de charité et d’amitié. Ces dernières années, l’Apostolat de la Mer a sollicité, en vain, la coopération des mosquées de Barcelone. Toutefois, le Conseil Islamique de la ville s’est récemment montré favorable à une collaboration qui conduira l’Apostolat de la Mer à orienter vers leur communauté locale les marins musulmans qui demandent une assistance.

Pour sa part, le Rév. P. Xavier Pinto, C.Ss.R., Directeur national de l’Apostolat de la Mer en Inde, a déclaré que 70% des marins qui visitent là-bas les centres Stella Maris sont Philippins, tandis que les Indiens, les Bangladais et les Pakistanais – dans l’ordre – se partagent la majeure partie des 30% restants. Selon le conférencier, pour de nombreux musulmans Jésus est un exemple de sainteté et de piété, qui aurait vécu l’Islam véritable. Ce serait le point de départ permettant une interaction avec les musulmans et un travail ensemble. Il a ajouté que pour pouvoir exercer l’apostolat pour les marins en navigation et dans les ports, il est avant tout nécessaire de respecter les lois du pays d’accueil et de réussir à intégrer l’Apostolat de la Mer dans la pastorale d’ensemble de l’Eglise locale, dans les pays à majorité islamique aussi.

Sœur Patricia Ebegbulem, SSL, s’intéressant à l’assistance des « femmes de la rue » nigérianes, aussi bien dans leur pays qu’en terre étrangère, a expliqué que la plupart d’entre elles s’orientent vers le triste commerce de leur corps pour des raisons de pauvreté et de discrimination. L’Eglise catholique est à l’avant-garde dans la réhabilitation et la promotion de la dignité des femmes et de la féminité (avec citation de l’Exhortation apostolique de Jean-Paul II Ecclesia in Africa, n° 121). Sœur Patricia a proposé que l’année 2010 soit proclamée année de la Dignité des Femmes et a invité à soutenir cette proposition.

Le P. Martin McDermott, S.J., qui se référait au Liban, a relevé qu’actuellement il existe deux sortes de « femmes de la rue » dans le pays : les anciennes domestiques à la merci de leur « protecteurs », aussi bien musulmans que chrétiens, et celles qu’on appelle les artistes. La prostitution est théoriquement interdite, mais en pratique elle est réglementée. Une fois parvenues au Liban, ces femmes se trouvent dans l’impossibilité de changer de vie et même de se déplacer à l’intérieur du pays, avec un mécanisme qui les prive de leurs droits, de leurs papiers et donc de liberté.

Dans son intervention, Mme Thérèse Farra, Libanaise, a désigné les pèlerinages « partagés » – c’est-à-dire faits ensemble – comprenant chrétiens et musulmans, comme une occasion de tisser des amitiés durables et d’établir un réseau de relations constructives. L’organisation « Darb Maryam » (Le chemin de Marie), qui travaille dans ce domaine, se propose d’offrir un milieu de rencontres pour pratiquer le « dialogue de vie » et encourager la recherche des valeurs communes. Les participants y découvrent la religion des autres, en cheminant et en priant ensemble pour la paix, côte à côte, en essayant de la construire entre eux et de la répandre autour d’eux.

Mgr Liberio Andreatta, Administrateur délégué de l’« Opera Romana Pellegrinaggi », affrontant le thème des pèlerinages catholiques dans les pays à majorité islamique, a fait remarquer que la rencontre avec les musulmans est assez fréquente à différentes étapes du pèlerinage. Ces occasions permettent de nouer des conversations, dialogues, parfois même des discussions, qui ne conduisent cependant pas à un rapprochement des positions religieuses ou des idées, tant les convictions sont profondément enracinées. En outre, il est possible, et c’est même un devoir, que les chrétiens en pèlerinage redécouvrent leur identité de disciples de Jésus-Christ, engagés dans la « mission ad gentes ». Il est certain que l’archétype du pèlerinage réside dans le fait d’aller à la recherche du visage du Christ en la personne des frères.

Enfin, dans le domaine de l’aviation civile, le P. Paschal Ryan, aumônier de l’aéroport de Heathrow, à Londres, a fait observer qu’en raison de la mondialisation les aéroports sont devenus des carrefours de la civilisation contemporaine. Ils ne reflètent pas seulement leur communauté locale, mais aussi la communauté globale. Les aéroports voient également transiter de nombreux croyants de diverses religions, qui voyagent aussi pour motifs religieux, dans la mesure où la notion de pèlerinage est commune aux chrétiens, aux juifs, aux hindous, aux musulmans et à d’autres. En outre, dans l’islam, les croyants sont fortement invités à se rendre dans les sanctuaires liés au prophète Muhammad, au moins une fois dans leur vie. Par ailleurs, 65/70.000 personnes travaillent à l’aéroport de Heathrow. La caractéristique des aéroports réside certainement dans la nature fugace de tant de rencontres entre les personnes, puisque des millions de passagers y transitent rapidement chaque année. Malgré cela, cette situation insolite permet de rencontrer l’étranger et de comprendre que les contacts entre chrétiens et croyants d’autres religions peuvent mener à une collaboration féconde. En outre, en voyant des hommes et des femmes de diverses religions, races et classes sociales travailler ensemble, ou bien en partageant le même espace de prière multi-religieuse, on peut imaginer comment pourrait, ou mieux, comment devrait être le monde.

Au cours de la journée finale de la Plénière, S. Exc. Mgr Giovanni Lajolo, Secrétaire pour les Rapports avec les Etats de la Secrétairerie d’Etat, a affirmé qu’au-delà des craintes et des perplexités, une gestion prudente et transparente des migrations pourrait être profitable aussi bien aux pays d’origine qu’à ceux de destination. Il a abordé le thème débattu dans différentes nations européennes, qui craignent d’ouvrir leur territoire tout en ayant des besoins chroniques de main d’œuvre jeune, flexible et à bon marché, et dont l’embauche semble n’avoir que des retombées limitées sur l’emploi des travailleurs autochtones. « L’Eglise – a dit l’archevêque – conformément à la nature catholique de sa mission et à son choix préférentiel pour les pauvres, est en faveur de l’affirmation du droit d’émigrer et de la tutelle des droits des migrants. Cela n’ôte en rien aux hommes politiques le grave devoir de régler l’importance et la forme des flux migratoires, de sorte que les immigrés puissent se sentir accueillis humainement avec dignité et que la population du pays qui les reçoit ne soit pas placée dans des conditions objectivement favorables au rejet, avec les conséquences néfastes pour les immigrés, ni même pour la culture humaine de la population d’accueil et pour les rapports entre les peuples ». Remarquant que la religion constitue pour beaucoup de gens en provenance des pays à majorité islamique un élément de profonde identification, l’archevêque a réaffirmé la nécessité d’un respect rigoureux et réciproque de la liberté religieuse, impliquant la défense des minorités et de leurs droits humains. « Si de différentes parts – a relevé Mgr Lajolo – on invoque au moins la réciprocité du respect et des concessions (liberté de culte, construction de lieux de culte, …), toutefois ce concept, parmi de nombreux Etats de divers continents, semble pour l’heure étranger en matière religieuse à une grande partie des pays musulmans, qui invoquent pour les citoyens à l’étranger la plénitude des droits qu’ils ne reconnaissent pas, en revanche, aux migrants d’autres religions sur leur propre territoire ». Selon Mgr Lajolo, le Saint-Siège continuera d’affirmer sa ferme opposition à toute tentative d’utiliser la religion pour justifier le terrorisme et la violence. Enfin, le Secrétaire pour les Rapports avec les Etats a évoqué le délicat problème de la protection des chrétiens en pays à majorité islamique, car l’absence de cette protection est en train de pousser des milliers de fidèles à quitter leur patrie.

Enfin, le Secrétaire de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, S.E. Mgr Robert Sarah, après avoir tracé un profil des migrants en provenance d’Afrique subsaharienne, a expliqué que les causes de leur exode étaient liées à l’histoire, à la situation socio-politique, à des situations dramatiques d’insécurité et de guerre, aux conditions économiques et à des phénomènes culturels comme la mondialisation. Par ailleurs, à la suite des guerres civiles dans certains pays, plus de 4 millions de personnes ont fui. Mgr Sarah a donc expliqué que l’état chronique de pauvreté et d’insécurité, qui maintient le continent africain dans un état de sous-développement permanent, influe négativement sur les personnes et les institutions, réduit les investissements étrangers, fait croître la criminalité, etc. … Retraçant ensuite le parcours que les migrants effectuent pour se rendre au Maghreb, il a qualifié de véritable chemin de croix la tragédie vécue par ces personnes, traitées à leur arrivée de façon humiliante et inhumaine. Après avoir mentionné les principaux problèmes que doivent affronter les migrants, Mgr Sarah a livré quelques solutions et perspectives. « L’Eglise, en particulier celle d’Afrique, a le devoir d’assumer toujours plus intégralement le rôle du bon Samaritain ». Pour leur part, les chrétiens sont invités à jouer leur rôle à l’égard des immigrés et des réfugiés, avec clarté et dévouement. Les Conférences épiscopales des pays de départ et d’arrivée pourraient apporter leur contribution en aidant et en accompagnant ceux qui veulent émigrer en toute légalité. Une attention particulière devrait être accordée à l’aide à l’intégration, dans le respect de la culture, de la religion et des valeurs humaines fondamentales. Mgr Sarah a donc invité à encourager le dialogue social, interculturel, ainsi que le dialogue interreligieux.

Au terme de ces interventions, les participants à la Plénière ont dialogué sur le thème qui leur était proposé cette année en vue de la rédaction de certaines conclusions et recommandations, et ont approuvé le texte qui suit.

Conclusions et Recommandations

Migrants musulmans dans les pays à majorité chrétienne

1) A ce propos, on a observé une augmentation de l’immigration des musulmans vers les pays européens et l’Amérique du Nord, de vieille tradition chrétienne (cf. EMCC 59 et 65), en quête de travail ou de démocratie ou pour des raisons de regroupement familial.

2) Ceci a fait apparaître l’encouragement en faveur d’une intégration (pas assimilation) des musulmans immigrés (cf. EMCC 2, 60-61).

3) En conséquence, les catholiques en particulier sont appelés à être solidaires et ouverts au partage avec les immigrés musulmans, à la fois en connaissant mieux leur culture et leur religion et en témoignant de leurs valeurs chrétiennes, notamment dans la perspective d’une nouvelle évangélisation, respectueuse – certes – de la liberté de conscience et de religion (cf. EMCC 59 et 69).

4) Les chrétiens doivent donc approfondir leur identité (cf. EMCC 60) de disciples du Christ, en la témoignant dans la vie et en redécouvrant leur rôle dans cette nouvelle évangélisation (cf. EMCC 86-88).

5) Il est donc apparu important d’affirmer la nécessité du respect mutuel et de la solidarité humaine, dans un climat de paix, basé sur le caractère central de la personne humaine, de sa dignité et de ses droits-devoirs.

6) Naturellement les droits de l’homme et les libertés de chacun vont de pair avec ceux des autres personnes.

Dialogue

7) Parmi les participants à la Plénière s’est manifestée fortement la conscience de la nécessité d’un dialogue authentique entre croyants de diverses religions et, en particulier, entre chrétiens et musulmans (cf. EMCC 69).

8) Dans ce contexte, un rapport basé sur l’« émulation spirituelle » a été considéré comme étant important.

9) Ainsi, si le dialogue entre chrétiens et musulmans est partout nécessaire, il l’est spécialement dans les sociétés occidentales pour y améliorer la connaissance réciproque, la compréhension, le respect mutuel et la paix.

10) En tous les cas, alors qu’il est nécessaire d’accueillir les immigrés musulmans en respectant leur liberté religieuse, il apparaît également indéniable qu’ils respectent l’identité culturelle et religieuse des sociétés qui les accueille.

11) En outre, l’importance de savoir distinguer ce que ces sociétés peuvent tolérer ou non de la culture islamique est clairement ressorti, de même que ce qui doit être respecté ou partagé en ce qui concerne les croyants d’autres religions (cf. EMCC 65 et 66), avec la possibilité de fournir des indications à cet égard, notamment aux hommes politiques, pour une juste formulation de la législation civile, dans le respect des compétences de chacun.

12) Cela signifie qu’il faille aussi proposer un modèle de dialogue religieux qui ne soit pas une simple conversation, ou une simple écoute réciproque, mais qui parvienne à révéler réciproquement les profondes convictions spirituelles de chacun.

13) Il est donc important d’accompagner le partenaire du dialogue dans le processus de réflexion sur les dimensions éthiques et actuelles, et non seulement théologiques et religieuses, des conséquences des demandes faites à la société civile, dans le respect naturellement de la distinction entre le dialogue civil et le dialogue religieux.

14) Etant donné l’importance, réaffirmée, du principe de réciprocité (cf. EMCC 64) confirmé par le Saint-Père dans son discours aux participants à la Plénière, il résulte donc nécessaire de procéder à une distinction entre la sphère civile et la sphère religieuse dans les pays islamiques aussi.

15) En tous les cas, il est fondamental, dans ce contexte, de distinguer Occident et Christianisme, car souvent les valeurs chrétiennes n’inspirent plus des attitudes, des positions ou des actions (en lien notamment avec l’opinion publique) dans ce qu’on appelle le monde occidental (cf. EMCC 60).

16) Les participants à la Plénière ont également exprimé l’espoir que là où chrétiens et musulmans vivent ensemble, ils puissent unir leurs efforts à ceux des autres concitoyens pour garantir à chacun, sans distinction de religion, le plein exercice de ses droits et de ses libertés individuelles, en tant que personne et en tant que membre d’une communauté. 

Situation dans certains pays à majorité islamique

17) D’autre part, dans des pays à majorité islamique, il ressort que les chrétiens, et en général les travailleurs immigrés pauvres et sans véritable pouvoir contractuel, connaissent de graves difficultés pour la reconnaissance de leurs droits humains. En outre, ces derniers ont peu de possibilités de faire valoir leur cause en justice, car ils peuvent facilement être punis ou expulsés.

18) L’Eglise est donc appelée à aider les migrants chrétiens dans ces pays, ainsi que dans l’univers monde, dans le respect de la légalité et en manifestant son intérêt pour la rédaction d’une juste législation ayant trait à la mobilité humaine et pour la protection légale de ceux qui sont concernés. Certains n’ont pas manqué de rappeler qu’à l’intérieur des différents pays il devrait y avoir une situation telle qu’elle ne pousse pas ses propres citoyens à se rendre à l’étranger pour survivre.

19) En outre, conformément aux prescriptions du Décret conciliaire Christus Dominus (n°18), l’Eglise doit garantir, même à ceux qui éprouvent des difficultés ou qui ne peuvent pas bénéficier de la pastorale ordinaire, c’est-à-dire territoriale, à cause de leur mobilité, une pastorale spécifique et même intégrée. Ceci vaut aussi pour les pays à majorité islamique.

20) Dans ces pays, la tâche de l’Eglise locale consiste à accueillir les immigrés et itinérants, malgré le manque de personnel et, peut-être même, de structures adéquates.

21) A cet égard, le dialogue et la collaboration entre les Eglises locales d’origine des migrants et des itinérants et celles de destination sont nécessaires pour leur assistance spirituelle, ce qui, du reste, est une règle générale pour tous les pays (cf. EMCC 70 et 50-55).

22) Il faut, en outre, aider les migrants internationaux à apporter leur contribution à la communauté au sein de laquelle ils vivent et à la portion locale du Peuple de Dieu.

23) En même temps, la communauté d’accueil doit développer un sens de solidarité à l’égard des immigrés ou de ceux qui se trouvent dans des circonstances semblables.

Sollicitude de l’Église dans les différents

secteurs de la mobilité humaine

Par ailleurs, les participants à la Plénière ont attentivement considéré les différents secteurs de migration et de déplacement. Tous ont la conviction que pour les migrants :

24) L’Eglise doit veiller à leur juste intégration, avec le nécessaire respect de la culture et de la religion de chacun (cf. Message du Saint-Père pour la Journée Mondiale de la Paix 2001, n° 8 et Message du Saint-Père pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2005, n° 3).

25) Par conséquent, l’Eglise encourage un dialogue à la fois interculturel, social et religieux, dans le respect des distinctions qui doivent être faites (cf. Message du Saint-Père pour la Journée Mondiale de la Paix 2001, n° 12).

Pour les différents secteurs, il a surtout été relevé :

26) La nécessité de créer des liens d’amitié, dans une atmosphère de considération pour les différences culturelles et religieuses, même avec ceux qui pensent, en tant que migrants, à un retour vers leur lieu d’origine, ou avec les étudiants étrangers (internationaux), qui seront les futurs leaders de leurs pays.

27) Pour les réfugiés et les étudiants étrangers, mais pas seulement, la création d’aumôneries a été souhaitée.

28) Pour les pèlerinages, la nécessité a été soulignée que les pèlerins soient invités à chercher aussi le visage de Dieu dans les croyances des autres religions.

29) Dans les aéroports, carrefours de gens différents, et dans les gares ferroviaires, a été souhaitée la présence de chapelles spécifiquement catholiques, ou de lieux de prière, même multi-religieux, lorsque seulement cela est possible.

30) Dans les centres « Stella Maris » (Apostolat de la Mer) il faudra continuer à accueillir les marins, même musulmans, avec une aide spirituelle respectueuse lorsque celle-ci est requise.

31) A l’égard de la population tsigane, objet de marginalisation, de xénophobie et de racisme, on estime nécessaire de renforcer la maturité cohérente des sociétés démocratiques, ainsi que leur capacité à comprendre et à respecter la diversité sociale, culturelle et religieuse des Tziganes (cf. Orientations pour une pastorale des Tsiganes 50).

32) Pour les « femmes de la rue » – considérant que la plupart du temps la pauvreté et le trafic d’êtres humains conduisent au commerce de leur propre corps et que la prostitution peut dépendre de chrétiens comme de musulmans – on estime nécessaire de former une conscience qui vise toute la société.

33) Quoi qu’il en soit, un engagement renouvelé doit avoir lieu pour faire participer les femmes, en particulier aux décisions qui les concernent, ainsi que dans le travail pour convaincre les parents à donner aussi aux filles une éducation équivalente à celle des garçons, incluant naturellement la formation éthique. 

École et éducation

Les participants à la Plénière ont fortement souligné le fait que :

34) Il est important de garantir l’éducation des nouvelles générations, notamment parce que l’école joue un rôle fondamental pour vaincre le conflit de l’ignorance et des préjugés et pour connaître correctement et objectivement la religion d’autrui, avec une attention spéciale à la liberté de conscience et de religion (cf. EMCC 62). De plus, pour les chrétiens, on aura soin de fournir la base d’un discernement évangélique de l’expérience religieuse des autres croyants (cf. EMCC 65) et des signes des temps.

35) Il apparaît donc indispensable de travailler pour une vérification des textes scolaires, notamment pour la présentation historique liée aux religions, qui forge l’identité personnelle et transmet une image de l’identité religieuse d’autrui.

36) En tous les cas, on estime nécessaire d’approfondir les études, les enseignements et les recherches concernant les différents visages de l’Islam historique et/ou contemporain, ainsi que dans son acceptation diversifiée d’une saine modernité (cf. EMCC 66).

37) Les parents musulmans et leurs responsables religieux doivent être aidés à comprendre les intentions correctes des systèmes éducatifs occidentaux et les conséquences concrètes d’un refus de l’éducation impartie dans les écoles de ces systèmes, au sein desquels vivent leurs enfants. 

Les États et la liberté religieuse

38) Etant donné que c’est très souvent l’Etat qui donne « forme » à l’Islam dans une Nation déterminée à majorité islamique, qui organise le culte, en interprète l’esprit et en transmet le patrimoine, en donnant à la société un caractère globalement islamique, les non-musulmans s’y sentent très souvent des citoyens de seconde classe. Pour les immigrés chrétiens la difficulté est donc encore plus grande.

39) Par conséquent, il est nécessaire de s’engager partout pour faire prévaloir une culture de la coexistence entre autochtones et immigrés, dans un esprit de compréhension civile mutuelle et de respect des droits de l’homme de tous. Il faut chercher des voies de réconciliation et de purification des mémoires (cf. EMCC 65) et faire en sorte de devenir des avocats de la défense de la liberté religieuse – notre impératif constant – et du bien commun pour tous dans le respect des minorités. Il s’agit dans ce cas d’un signe très clair d’authentique civilisation.

40) On a constaté avec satisfaction que de nombreux Etats à majorité islamique ont établi des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, devenant ainsi plus sensibles aux droits de l’homme et se montrant désireux d’un dialogue interculturel et interreligieux, dans le cadre d’une saine pluralité.

41) Dans ce contexte, il faut déplorer, dans certains pays, les restrictions des droits de l’homme, particulièrement liés aux différences religieuses, et l’absence même de la liberté de changer de religion. Il faut espérer que les Autorités publiques des pays d’origine des émigrés chrétiens aident leurs citoyens, dans les pays islamiques, à obtenir de pouvoir exercer effectivement leur droit à la liberté religieuse.

42) Ces pays sont donc encouragés à créer des espaces de dialogue avec ceux à majorité islamique sur des questions ayant trait au bien commun universel, au respect des minorités, aux droits de l’homme et plus spécifiquement à la liberté religieuse, fondement de toutes les libertés.

43) Quoi qu’il en soit l’Eglise doit poursuivre dans ses initiatives de dialogue interculturel et interreligieux à différents niveaux, surtout lorsque ceci est facilité par les responsables politiques.

44) La coopération entre institutions chrétiennes et musulmanes pour l’aide aux populations et aux individus nécessiteux, sans aucune discrimination, est un signe efficace capable de surmonter des préjugés et des fermetures pour parvenir à une ouverture réciproque et raisonnable.

45) L’extension croissante du « vivre ensemble » de musulmans et de chrétiens peut offrir une opportunité de collaborer ensemble en vue d’un monde plus pacifique, respectueux de l’identité de chacun et plus uni au service du bien commun, étant donné que nous formons une unique famille humaine, qui a besoin d’espérance (cf. EMCC 101-103).

46) Dans ce contexte, la collaboration est d’une importance capitale, notamment entre les différents Dicastères de la Curie romaine, les Conférences épiscopales et les Eglises particulières.

47) La conscience de la dignité de chaque personne humaine, quelle que soit son ethnie, sa culture, sa citoyenneté ou sa religion, sera un facteur d’unité, dans les diversités légitimes. C’est une valeur qui s’affirme d’une façon toujours plus universelle, en dépit de nombreuses incohérences et de reniements concrets dans l’action quotidienne.

48) Dans ce contexte, les participants à la Plénière ont accordé une attention particulière au Continent africain, où le besoin de stabilité politique et de coopération multilatérale se fait spécialement sentir, en vue d’un développement pacifique et intégral.

49) A cet égard aussi, plusieurs causes de tension et de conflit ont été considérées, avec le souhait de résoudre promptement ces situations avec justice et rapidité pour prévenir les guerres, la violence et le terrorisme. Il faudra en tout cas éviter que la religion soit utilisée d’une manière abusive pour inculquer la haine envers les croyants d’autres religions ou pour des raisons politiques ou idéologiques.

50) On espère donc qu’intellectuels musulmans et chrétiens, au nom d’un humanisme commun et de leurs croyances respectives, se posent les questions dramatiques liées à l’usage de la violence, souvent encore perpétrée au nom de la religion. 

Le rôle des médias

51) Une particulière importance leur est reconnue pour la création d’un climat adéquat de compréhension et de respect dans l’information relative aux phénomènes religieux. Les journalistes et les agents des mass media en général doivent donc assumer leurs responsabilités, non seulement vis-à-vis de la liberté d’expression, dans un monde toujours plus mondialisé, en particulier en ce qui concerne l’information.

52) Les médias peuvent également offrir une importante contribution à la « formation » (et, hélas, vice-versa, à la déformation) de chrétiens et de musulmans.

           Nous concluons ce communiqué en relevant la vive satisfaction des participants pour le contenu, la méthode de travail et l’actualité de cette Session Plénière, qui a suscité un vif intérêt.

           

Cité du Vatican, le 19 juin 2006 

 

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