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 Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People

People on the Move - N° 81, December 1999

La migration des compétences: enjeu de justice et de solidarité internationale[1].

Frère Daniel Boulier
Aumônier d'Etudiante, Université de Bordeaux France

[Italian summary, German summary]

Le processus actuel de mondialisation accélère la circulation des capitaux et des hommes. Il serait vain de tenter de l’empêcher. Il reste qu'il nous paraît de notre devoir de Chrétien de faire en sorte que mondialisation ne soit pas synonyme de renforcement des injustices et d'oubli des solidarités entre Etats au nom du règne des seules lois du marché.

Le temps du Jubilé est propice pour nous rappeler les exigences de la justice et de la solidarité, en particulier des plus riches envers les plus pauvres. A cet égard, le mouvement en faveur de la diminution ou de l'annulation de la dette financière qui entrave la plupart des pays en développement est venu bien à propos et l'on voit que des résultats tangibles ont pu être obtenus auprès des pays du G 8 et des organisations internationale

Mais il est une autre situation d'injustice qui n'est pas suffisamment dénoncée et qui est masquée la plupart du temps, c'est celle de la captation des compétences (diplômés, techniciens et chercheurs) subie aujourd'hui et de plus en plus, semble-t-il, par les pays en développement au profit des pays les plus développés.

Il est vrai que ce phénomène, connu le plus souvent sous le nom de "fuite ou exode des cerveaux" ("brain drain" en anglais) recouvre une réalité très complexe et difficile à mesurer, faute de statistiques précises disponibles. 

C'est la raison pour laquelle, nous allons essayer d'y apporter un peu de clarté, en dressant un rapide historique de la "fuite des cerveaux" depuis son apparition, il y a environ 40 ans. Nous nous interrogerons ensuite sur les atouts ou les entraves que la migration des compétences apportent aux pays en développement. Enfin, nous indiquerons les actions qui sont déjà entreprises en lien avec le Conseil Pontifical des Migrants et celles qui paraissent souhaitables. 

I De la fuite des cerveaux à la mobilité des élites.

A. Apparition du concept de " fuite des cerveaux"

La circulation des élites est un phénomène qui existe depuis des siècles. Nous avons tous à la pensée l'attraction exercée par les Universités médiévales où se pressaient des étudiants venus de l'Europe entière pour suivre les enseignements de professeurs de nationalités différentes.

Il faut attendre la fin des années 1950 pour que ce phénomène, regardé jusqu'alors plutôt positivement, pose question et fasse problème. C'est en 1963 que le terme de “brain drain” apparaît dans la revue scientifique britannique “The Royal Society”[2]et il vise les migrations de scientifiques et d'intellectuels britanniques vers les USA, particulièrement les médecins et chercheurs en sciences médicales.

Le terme ne s'appliquait pas, alors, à la venue d'étudiants originaires des pays en voie de développement vers les Universités des pays développés. En effet, en 1960, les étudiants étrangers n'étaient que 245000 et ce n'est que dans les années 1970 et 1980 que leur nombre s'accrut considérablement puisqu'en 30 ans, il a été multiplié par 5, pour atteindre 1178000 en 1990[3](parmi lesquels, au moins les 2/3 proviennent des pays en développement).

Comme dans le même temps, il apparaissait que de plus en plus de ces étudiants restaient dans les pays du Nord, une fois leur diplôme obtenu, le terme de “brain drain” leur a aussi été appliqué alors qu'il n'était, au départ, utilisé que pour les migrations de scientifiques et professionnels d'Europe vers les USA.

B. Les années 70, polémique sur "la fuite des cerveaux"

A partir de la fin des années 1960, un débat a opposé défenseurs du Tiers-Monde considéré comme pillé de ses élites et défenseurs d'un libéralisme où le marché est censé diriger les talents vers les lieux de leur meilleure rémunération et utilisation.

La polémique s'est développée dans les années 1970 et des mesures drastiques furent même proposées pour lutter contre la "fuite des cerveaux", telle que la taxation des pays qui en sont bénéficiaires, au profit des pays/victimes[4]. Mais les mesures proposées pour arrêter l'exode ne donnèrent pas les résultats attendus, faute d’être réellement applicables et appliquées.

En 1978, une étude menée dans le cadre de l'Unitar (Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche), à partir d'une enquête effectuée dans 11 pays, montra que, contrairement aux idées les plus courantes à l'époque, les étudiants restés dans les pays où ils avaient fait leurs études projetaient malgré tout de rentrer dans leurs pays d'origine et aussi que ceux qui restaient à l'étranger n'étaient pas forcément les meilleurs étudiants. Il n'y aurait donc pas eu de "fuite" ni d'"exode" mais une migration seulement temporaire !

C. Les années 80 et 90, politiques de retour et mobilité des élites 

A partir de ce rapport de l'Unitar qui a fait autorité pendant très longtemps, les polémiques se calmèrent et la migration des compétences cessa, pour un temps, d'apparaître comme globalement négative mais pouvant apporter de réels avantages aux pays d'origine des étudiants, en matière de transfert de technologie. Les efforts se concentrèrent, alors, dans de nombreux pays, sur la mise en place de politiques favorisant le retour des étudiants.

Aujourd'hui, le terme “brain drain” traduit en français par “exode” ou “fuite des cerveaux” continue d'être utilisé bien que de nombreux chercheurs en contestent la pertinence. Il est surtout employé comme un terme générique qui décrit des réalités migratoires aux formes et causes diverses, par exemple : séjour long pour des études ou séjour de courte durée qui se multiplient, ces dernières années, recherche de travail ou de meilleures conditions de vie, éloignement d'un pays en guerre ou de persécutions...

On lui préfère souvent, actuellement, le terme de “mobilité” des compétences, des talents ou des élites, une mobilité qui va de pair avec la globalisation de l'économie mondiale et la constitution d'une communauté scientifique internationale. Ainsi, les langages scientifiques et techniques se standardisent de plus en plus et les chercheurs travaillent en réseaux reliés par Internet, partout dans le monde. 

Dans le même temps, les grandes entreprises devenues mondiales recrutent des diplômés et des cadres de haut niveau dans tous les pays et développent un réseau international de laboratoires y compris dans les pays du Sud, pour profiter le mieux possible des talents, où qu'ils soient dans le monde[5].

Les concepts de “ fuite des cerveaux”, “ exode des compétences Â” peuvent donc sembler ne plus être très pertinents, à l'heure de la mondialisation économique et de la coopération internationale entre chercheurs. 

Mais cet "exode" transmué en "mobilité" est-il, pour autant, favorable aux pays en voie de développement et, en particulier, aux plus pauvres d'entre eux ? 

II L'exode/mobilité des compétences, un atout ou une entrave pour les pays en développement ?

A. Les difficultés d'appréciation du phénomène 

Ce qui rend les appréciations difficiles tient d'abord au fait qu'il recouvre des formes multiples, selon les pays et selon les moments. Il peut donc être perçu favorablement ou défavorablement selon la perspective prise. Ainsi, un pays peut, à certains moments, dans certains secteurs, disposer de plus de diplômés qu'il ne peut en absorber. On est alors dans une situation de surplus dite de "brain overflow". Cela peut expliquer une certaine indifférence de la part de ces pays face à l'"exode". Par contre, d'autres pays en développement peuvent, dans le même temps, souffrir d'un manque de médecins, de chercheurs de haut niveau ou de cadres pour leur économie.

Une autre difficulté tient à l'identification de ces "cerveaux". On a été jusqu'à y inclure des ouvriers et employés qualifiés. En fait, la plupart des statistiques retiennent les personnes ayant suivi des études post-secondaires et délimitent une catégorie dite "intellectuelle, scientifique et technique". On retient donc dans ces chiffres, à la fois les professionnels qui partent à l'étranger et les étudiants diplômés qui y restent.

Enfin, il est très difficile de mesurer les flux de façon précise, car il y a peu de statistiques aussi bien dans les pays d'origine que dans les pays d'accueil, pour cette catégorie de migrants. Ce qui complique la tache est que, d'un pays à l'autre, on ne mesure pas exactement la même chose et que, pour le même pays, les catégories comptabilisées peuvent changer d'une année à l'autre.

Les recommandations faites aux Nations Unies, dès 1953, en vue d'une homogénéisation des concepts en matière de statistiques des migrations internationales n'ont pas eu les effets escomptés.[6]Il en résulte que les chercheurs sont aujourd'hui réduits à ne disposer que d’études partielles et ne peuvent dresser un état fiable et complet de la situation de ces migrations internationales des compétences. 

B. La mobilité, un atout pour les pays émergents. Les diasporas 

Comme on l'a vu plus haut, depuis une vingtaine d'années, beaucoup de pays s'efforcent de favoriser le retour de leurs talents expatriés. Ces politiques ont porté des fruits, en particulier pour les pays émergents d'Asie du Sud-Est, tels Taïwan ou la Corée du Sud. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) financent des programmes d'aide au retour. En fait, le succès de ces politiques apparaît lié au rythme de développement des pays et à l'existence d'un système de recherche assez attractif pour les chercheurs expatriés.

Quand retour il y a, il est très positif pour le développement du pays dans le sens d'une accélération du développement scientifique et technique et d'une internationalisation des activités.

Conjointement à leurs efforts pour favoriser les retours, les pays victimes de l'"exode" des compétences ont cherché à transformer cette difficulté en atout en menant une politique volontariste de constitution de diasporas scientifiques et techniques, c’est-à-dire d’une mise en réseaux des cadres scientifiques et techniques expatriés, autour des laboratoires et Instituts de recherche du pays. Ces réseaux sont facilités par les techniques modernes de communication comme Internet et par la connexion devenue habituelle, à travers le monde, entre chercheurs de la même discipline. Le plus connu de ces réseaux constitutifs d'une diaspora scientifique et technique est sans doute le réseau colombien CALDAS qui réunissait 1000 scientifiques et étudiants expatriés, en 1995. Le but est, à travers ces réseaux, de maintenir les liens avec les nationaux pour parfaire l'information scientifique et technique dans le pays, contribuer à l'internationalisation des communautés scientifiques nationales et on peut également faire appel aux expatriés en cas de besoin. Ainsi le "brain overflow" devient un "brain pool", une réserve.

Mais, pour qu'une telle politique réussisse à transformer l'"exode" en atout pour le développement des pays, cela suppose qu'ils aient atteint un niveau de développement économique suffisant et possèdent une communauté scientifique et technique importante. Sans cela, comment organiser des échanges scientifiques, monter des projets ?

Autre ombre au tableau : la privatisation croissante des activités scientifiques et techniques dans le monde. La connaissance scientifique va-t-elle rester encore longtemps un bien universel disponible pour tous ? Ne va-t-elle pas, de plus en plus, devenir une arme commerciale aux mains des firmes transnationales, un bien privé que l’on ne partage pas ? Si cela se confirmait, les diasporas scientifiques et techniques verraient leurs échanges grandement limités.

C. Les méfaits de la "fuite des cerveaux" continuent pour les pays les moins développés 

Comme on l'a vu ci-dessus, à propos des pays émergents, les retours et l'organisation efficace de diasporas supposent un niveau de développement et un potentiel de recherche dont ne disposent pas beaucoup de pays en développement, particulièrement en Afrique. En effet, aussi importantes soient les diasporas, jamais elles ne pourront remplacer une communauté scientifique et technique nationale. 

Une fois de plus, nous sommes en face d'un de ces cercles vicieux qui bloquent le processus de développement : les cadres et les chercheurs sont nécessaires à ce processus mais il faut une économie suffisamment développée et un potentiel de recherche assez important pour permettre l'embauche et le travail de ces cadres et de ces chercheurs. 

En attendant, les pays les moins développés continuent de souffrir fortement de l'absence de cadres et de chercheurs, alors que, dans le même temps, leurs nationaux contribuent à un plus grand développement des pays du Nord et permettent de remplacer les classes démographiques du "baby boom " qui partent peu à peu à la retraite. Hélas, nous ne disposons de peu de chiffres pour soutenir nos allégations mais les quelques études de cas qui ont été faite confirment bien la déperdition dont les pays les moins développés sont victimes. Ainsi, 60000 médecins, professeurs d'Université et ingénieurs africains se seraient expatriés entre 1985 et 1990[7].On estime qu’au moins 60% des étrangers ayant obtenu un doctorat américain restent aux USA après l’obtention du diplôme[8] 

Le recrutement des cadres et étudiants étrangers récemment diplômés est devenu un enjeu très important pour les pays les plus développés, qui se livrent à une véritable concurrence sur ce qui peut s'analyser comme un marché mondial de la matière grise. Un signe qui ne trompe pas : des pays développés qui étaient jusque là très restrictifs pour la venue d'étudiants étrangers, à cause du gonflement possible des chiffres du chômage et de l'immigration, changent de politique et favorisent maintenant l'accueil des étudiants, en particulier ceux qui sont en fin d'études. Ainsi, la France a mis en place un nouveau visa appelé "visa scientifique" et le Ministre de l'Education Nationale français a récemment déclaré qu'il fallait multiplier par 4 le nombre des étudiants étrangers en France ![9] 

Dans le même temps, aux USA, on simplifie les règles d'immigration pour attirer encore plus de cerveaux étrangers. "Nous manquons de capital humain" déclarait en octobre 1999, au cours d'un séminaire, le directeur pour la technologie à la Maison Blanche, Duncan Moore[10]. Par contre, le Ministre de l'emploi et du développement du Maroc se plaignait récemment que des entreprises françaises pré-recrutent les étudiants en informatique marocains en leur fournissant visa et contrat d'embauche avant même qu'ils aient obtenu leurs diplômes[11]

Cette politique menée par la plupart des pays hautement développés pour recruter des scientifiques et techniciens de haut niveau est très préjudiciable aux pays les plus démunis qui se voient privés des moyens de leur développement. En effet, ils ne disposent pas, nous l'avons dit plus haut, comme beaucoup de pays émergents, des moyens de transformer cet handicap en atout.

A l'heure où les Etats du G8 et les organisations financières internationales s'accordent pour réduire ou annuler la dette financière des pays les plus démunis de la planète, il nous semblerait souhaitable et logique que les Etats les plus développés reconnaissent l'apport en cadres qualifiés scientifiques et techniques que leur fournissent ces pays les plus démunis : c'est là une véritable dette en capital humain qu'ils contractent vis à vis d'eux.

C'est à ce niveau, qu'il nous paraît essentiel que la communauté internationale et tout particulièrement l'Eglise intervienne pour obtenir que, d'une part, conscience soit prise de l'injustice qui est faite aux plus pauvres, privés de leurs cadres au profit des plus riches et d'autre part, de la nécessaire correction à y apporter par la mise en oeuvre d'une solidarité renouvelée entre Etats, en faveur du développement.

III Les actions entreprises et à entreprendre pour remédier aux effets néfastes de l'exode/mobilité des compétences

A. Partir des causes 

On l'a vu, les causes de l'"exode des compétences" sont multiples. Ce sont d'abord les causes économiques, avec les inégalités ou les insuffisances de développement, qui font que des cadres ne trouvent pas d'emploi dans leur pays d'origine ou préfèrent aller travailler, au moins temporairement, dans un pays plus développé. Ce sont aussi les causes politiques, avec les contraintes d'un régime dictatorial ou la guerre, qui forcent les cadres à l'exil.

Les remèdes sont connus, ce sont le développement, la démocratie et la paix. Tout un programme ! Et l'on peut dire en effet que tout ce qui va dans ce sens aura de bons effets sur l'exode des compétences, permettant un retour des expatriés et de moindres départs.

Il n'en reste pas moins que dire cela ne fait guère avancer les choses et que, s'il s'agit bien de l'horizon à atteindre, tout le problème est justement de s'en donner les moyens. 

C'est ce que nous allons voir maintenant. 

B. Actions engagées sous l'impulsion et en collaboration avec le Conseil Pontifical des Migrants.

1. Un projet de Charte de l'étudiant international : 

En septembre 1996, s'est tenu à Rome, le premier Congrès de Pastorale des étudiants étrangers avec pour thème : "le rôle de l'Eglise dans le domaine des étudiants étrangers". Il a réuni une cinquantaine de délégués d'une vingtaine de pays. Dans le document final du Congrès, les participants préconisaient, entre autres, l'élaboration d'une "Charte de l'étudiant international qui affirme le droit international à l'étude" pour le faire ensuite reconnaître par les organisations internationales et particulièrement l'Unesco.

Des services d'Eglise de plusieurs pays d'Europe ont travaillé ensemble sur ce projet avec des organisations catholiques internationales, comme le Centre catholique international pour l'Unesco (CCIC), la Fédération internationale des Universités catholiques (FIUC) ou les organisations internationales d'étudiants catholiques (Jeci/Miec). Avec l'aide d'organisations étudiantes protestantes, musulmanes et juives, elles ont préparé une enquête qui a été diffusée, à 4000 exemplaires, dans la plupart des pays du monde, auprès d'étudiants, professeurs et administrateurs d'Université. De cette enquête, il ressort que l'immense majorité est favorable à la mise en place d'une Charte de l'étudiant international intervenant en trois domaines principaux :

  • Favoriser un meilleur accueil des étudiants.
  • Favoriser le séjour des étudiants.
  • Favoriser le retour des étudiants dans leurs pays d'origine. 

Pour ce dernier point, qui nous intéresse ici, les enquêtés préconisent l'extension et l'application des Conventions internationales de reconnaissance des diplômes entre Etats et une aide à l'insertion professionnelle dans le pays d'origine.

Le projet de Charte, soutenu activement par la Direction de l'Enseignement supérieur de l'Unesco, a été présenté lors de la Conférence mondiale de l'Enseignement supérieur, à l’Unesco, en octobre 1998. La Déclaration finale de cette Conférence n'a pas repris leprojet comme tel mais va dans le même sens. Ainsi, elle appelle à une "campagne vigoureuse pour atténuer les effets négatifs de l'exode des compétences" et à "inverser la tendance"en ce domaine.

Même si l'adoption d'une Charte de l'étudiant international ne paraît pas envisageable dans l'immédiat, il est bon de continuer à proposer cette voie qui rencontre l'assentiment de beaucoup d'Etats. Pour obtenir un résultat , il faudra y mettre de la patience et travailler activement, en lien avec les Organisations catholiques internationales et l'Unesco. 

2 Une action au niveau des Institutions européennes 

Le Congrès de septembre 1996 a permis à de nombreux représentants d'organisations catholiques en charge des étudiants internationaux en Europe de se rencontrer. Il en est résulté l'habitude de se retrouver, chaque année, pour des colloques où s'échangent des informations et se travaillent des thèmes. Une association de Droit belge est en cours de constitution sous le nom de "Service européen des Eglises pour les étudiants internationaux" (SECIS, selon les initiales, en anglais). 

Le but de ce Service européen est, en lien avec le Conseil Pontifical des Migrants et la Commission des Episcopats auprès de l'Union Européenne (Comece) de favoriser un meilleur accueil des étudiants internationaux présents en Europe et, pour ce qui concerne le sujet de cet article, de favoriser une meilleure solidarité entre les pays de l'Union Européenne et les pays en développement, particulièrement pour aider au retour des étudiants dans leurs pays d'origine.

C. Autres actions souhaitables 

1. Auprès de l'opinion publique internationale :

Les organisations catholiques nationales et internationales concernées par cette question de l'"exode/mobilité des compétences" doivent, selon nous, avoir à coeur de faire connaître (médias, colloques, conférences..) l'injustice dont sont victimes les pays les moins développés, du fait de la captation de leurs élites par les pays déjà développés. 

2. Auprès des institutions internationales :

Ces mêmes organisations doivent demander 

  • que soient mieux étudiées les migrations des compétences, avec les implications positives et négatives qui en résultent pour les pays du Nord et ceux du Sud.
  • qu'une aide plus massive soit apportée par la communauté internationale et particulièrement, par les pays du Nord bénéficiaires des flux de compétences venus du Sud, pour créer et renforcer des centres d'excellence pour les études universitaires et la recherche, dans les pays les moins avancés.

Pour nous, Chrétiens et pour l'Eglise, qui se comprend comme communion entre tous les hommes de toute culture dans le monde, l'internationalisation croissante des Universités et centres de recherche est une bonne chose. Elle sert la paix et la solidarité pour le développement dans la transmission des savoirs et des technologies. 

Cependant, on constate que, malheureusement, beaucoup de ces étudiants et chercheurs ne retournent pas dans leurs pays après leur formation et sont retenus au service des entreprises, Universités et laboratoires des pays industrialisés du Nord. Comme Chrétiens, comme Eglise, nous devons dénoncer cet état de fait injuste.

La Célébration du Jubilé est un moment privilégié pour favoriser une meilleure solidarité et un plus grand respect des personnes pour le service du développement.

Notes:
[1]Notre article doit beaucoup, pour sa 1ère et 2ème partie § A et B, à l’excellent livre de Anne-Marie et Jacques Gaillard, spécialistes des migrations internationales : Â“ Les enjeux des migrations scientifiques internationales. De la quête du savoir à la circulation des compétences Â”, Paris, 1999, L’Harmattan..
[2]"Emigration of scientists from the United Kingdom, Report of a Committee appointed by the Council of the Royal Society". Londres : The Royal Society, 1963.
[3]Pour les statistiques concernant les étudiants internationaux , voir Unesco “ L’enseignement supérieur au 21ème siècle. Vision et action Â” Statistiques 1980-1995.
[4]cf Bhagwati J.N. Dellafar W. "The brain Drain and Income Taxation. Theory and empirical Analysis" Amsterdam : North Holland Publishing Co. 1976.
[5]Enquête Journal “Le Monde” 3 novembre 1999.
[6]Certains se demandent si les Etats font beaucoup d'efforts en la matière, préférant peut-être garder une zone de flou autour d'un sujet considéré comme "politiquement sensible".
[7]Le Courrier ACP/UEcité par Jeune Afrique Economie,décembre 1997.
[8]Stewart, D.W. 1993.”Immigration and Education : The crisis and the opportunities”, New-York : Lexington Books.Cité in A.M Gaillard et J. Gaillard, 1999, op cit .
[9]Journal Le Monde 12 janvier 1999.
[10]Journal Le Monde 19 octobre 1999.
[11]Journal Le Monde 16 juin 1999

La migrazione delle competenze, sfida alla giustizia e alla solidarietà internazionale.

Riassunto

“La migrazione delle competenze” è l’espressione odierna in sostituzione del termine “fuga dei cervelli” (brain drain in inglese). Questo termine indicava originariamente (1963) l’esodo degli scienziati britannici verso gli Stati Uniti. A partire dagli anni 70 è stato utilizzato anche per determinare il problema del crescente gruppo di studenti, provenienti dai paesi poveri, che rimanevano là dove avevano studiato, tagliando così la fascia intellettuale di questi paesi. In questi anni sono state proposte misure per stimolare il ritorno; ma con scarsi risultati. Uno studio del 1978 dimostrava che i presupposti intorno alla fuga dei cervelli erano falsi e che i risultati non erano così negativi per questi paesi. La discussione si calmava e l’espressione “fuga dei cervelli” diventava un termine generico. Oggi si preferisce più parlare della “mobilità delle competenze” e non ci sono più queste connotazioni negative. Sembra che tutte le ingiustizie siano sciolte.

Guardando più da vicino si scoprono molteplici forme di questa mobilità. Non esiste un solo punto di vista ne una misura standardizzata, in più si utilizzano definizioni differenti per indicare questi “cervelli”. Per quello i dati statistici sono scarsi e difficili ad interpretare.

In alcuni paesi emergenti si è constatato una crescita dell’economia che ha favorito il ritorno degli studenti. In alcuni casi gli scienziati che stanno all’estero rimangono collegati con i loro colleghi nel paese e fecondano così lo sviluppo delle scienze. C’è però bisogno di un nucleo di scienziati e di un minimo di possibilità scientifiche ed economiche prima che gli scienziati all’estero possano contribuire allo sviluppo e siano attirati a tornare. Altrimenti tutti gli studenti capaci tenderanno a specializzarsi all’estero.

Questa tendenza insieme alla carenza di personale qualificato nei paesi ricchi (a causa dello sviluppo demografico) favorisce la formazione di un mercato mondiale della materia grigia. Sono i paesi ricchi che cercano di reclutare i più capaci dai paesi poveri per inserirli nei loro centri di ricerca. Sarebbe giusto se questo flusso di capacità dai paesi poveri ai paesi ricchi fosse preso in considerazione nel dibattito sui debiti finanziari di questi paesi.

La prima causa da trattare è il livello troppo basso dello sviluppo di questi paesi. Il sostegno allo sviluppo, alla democratizzazione e alla pace è il programma di base e chiede la solidarietà.

Nel terzo punto l’Autore presenta alcuni progetti che promuovono questa solidarietà mondiale. La “Carta dello Studente Internazionale” è stata presentata alla Conferenza Mondiale dell’UNESCO sull’educazione universitaria del 1998. Il Servizio europeo delle Chiese per gli Studenti Internazionali (SECIS) favorisce l’accoglienza, il soggiorno e il ritorno di questi studiosi al livello concreto della vita quotidiana ed al livello istituzionale delle organizzazioni europee ed internazionali.


"Die Migration der Kompetenzen", eine Herausforderung an die Gerechtigkeit und die internationale Solidarität.

Zusammenfassung

"Die Migration der Kompetenzen". Durch diesen Ausdruck wird heute der Begriff "Flucht der Intelligenz" (brain drain) ersetzt. Diese Bezeichnung bezog sich ursprünglich (1963) auf die Auswanderung der englischen Wissenschaftler in die Vereinigten Staaten. Von der 70er Jahren an benutze man ihn auch, um das Problem der wachsenden Zahl der Studierenden aus den ärmeren Ländern zu beschreiben, die meistens in dem Land blieben, in dem sie studiert hatten. Dadurch beraubten sie ihre Heimatländer der intellektuellen Schicht. In diesen Jahren sind Wege vorgeschlagen worden, einen Anreiz für eine Rückkehr zu geben, doch leider mit wenig Erfolg. Eine Untersuchung von 1978 zeigte, dass die Voraussetzungen um die Flucht der Intelligenz falsch waren, und dass die Ergebnisse für jene Länder nicht so negativ waren. Die Diskussion schwächte ab und der Ausdruck "brain drain" wurde ein allgemeiner Ausdruck. Heute zieht man es vor von der "Mobilität der Kompetenzen" zu sprechen, und diese negativen Kennzeichen existieren nicht mehr. Alle Ungerechtigkeiten scheinen aufgelöst zu sein.

Schaut man aber etwas näher hin so kann man die verschiedenartigen Formen dieser Mobilität entdecken. Es gibt nicht nur einen Gesichtspunkt oder ein Standardmaß, zudem kann man unterschiedliche Bestimmungen benutzen, um diese "Intelligenz" zu beschreiben. Deshalb sind die statistischen Daten unzureichend und auch schwer zu interpretieren.

In einigen der aufsteigenden Länder konnte ein wirtschaftliches Wachstum verzeichnet werden, welches die Rückkehr der Studenten begünstigt hat. In einigen Fällen bleiben die Wissenschaftlicher im Ausland mit ihren Kollegen im Heimatland verbunden und helfen so der dortigen Entwicklung der Wissenschaften. Man bracht aber einen Kern von Wissenschaftler und auch ein Minimum an wirtschaftlichen Voraussetzungen und Forschungs-Möglichkeiten, bevor die Forscher im Ausland zur Entwicklung beitragen können und eine Rückkehr als anziehend beurteilen. Andernfalls versuchen alle fähigen Studenten im Ausland eine Fachausbildung durchzumachen.

Diese Tendenz und der Mangel an qualifizierten Personen in den reichen Ländern (aufgrund der demographischen Entwicklung) begünstigt den international 'Markt der Intelligenz'. Es sind die reichen Länder, welche versuchen die Fähigsten der armen Länder auszuwählen und sie in ihr Forschungsprogramm einzugliedern. Es wäre wichtig, diesen Strom der Intelligenz aus den armen Ländern in die reichen Länder auch bei der Diskussion über den Schuldenerlass dieser Länder einzuschließen.

Die erste Ursache, die behandelt werden müsste ist das zu niedrige Entwicklungs-Niveau dieser Länder. Die Unterstutzung der Entwicklung, die Demokratisierung und der Friede ist das Grundprogramm und verlangt Solidarität.

In einem weiteren Punkt zeigt der Autor einige Projekte auf, die diese weltweite Solidarität fördern. Die "Charta des Internationalen Studenten", sie wurde bei der Weltkonferenz der UNESCO über die Universitätsausbildung 1998 vorgestellt. Der Dienst der europäischen Kirchen für den internationalen Studenten (SECIS) befürwortet die Aufnahme, den Aufenthalt und die Rückkehr dieser Studierenden auf dem konkreten Niveau des täglichen Lebens und auf den Vorschriften der europäischen und internationalen Organisationen.

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