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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
AU "FORUM MONDIAL SUR MIGRATIONS ET DÉVELOPPEMENT"

DISCOURS DE S.Exc. Mgr AGOSTINO MARCHETTO*

Bruxelles
Mardi 10 juillet 2007  

 

Monsieur le Président,

Aujourd'hui, le lien existant entre migration et développement rappelle toujours plus l'attention de toutes les parties du monde. A cet égard, ma délégation, adressant ses remerciements sincères au gouvernement belge pour l'effort réalisé dans la préparation de ce Forum, désire souligner que, qu'ils soient migrants ou membres de la population locale, les êtres humains ne sont pas avant tout ou uniquement un facteur économique, mais des personnes humaines, dotées d'une dignité innée et de droits égaux et inaliénables.

Dans le même temps, on ne peut affirmer que le développement est authentique s'il est obtenu aux dépens des personnes communes (1). Pour être authentique, le développement doit concerner chaque personne et toute la personne (2), c'est-à-dire être intégral, et avoir une vision d'ensemble. Aussi longtemps que les exigences morales, culturelles, spirituelles et religieuses des personnes et des communautés ne seront pas respectées, le bien-être matériel ne sera pas satisfaisant (3)

En ce qui concerne les migrations, les personnes ont sans aucun doute, avant tout, le droit de vivre dans la paix et la dignité dans leur propre pays. Par conséquent, les pays d'origine ont la grave responsabilité de mettre tout en œuvre pour accroître leur développement, afin que leurs citoyens ne soient pas contraints de quitter leur pays pour chercher une vie digne ailleurs.

Toutefois, l'objectif du bien commun universel (sous-entendu de l'humanité tout entière), exige le soutien, la solidarité, l'assistance et la coopération des autres, en particulier lorsqu'une nation ne réussit pas à affronter avec succès le processus de développement et la lutte pour la paix et la sécurité.

Malheureusement, aujourd'hui encore, les personnes émigrent, entre autres, pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille, qui est, en effet, la cellule naturelle et fondamentale de la société. Les migrants, comme les autres, ont besoin de vivre au sein d'une famille. Mais plus encore, car pour ceux qui sont éloignés de leur patrie, le soutien de la famille est essentiel (4). Par conséquent, les familles ne doivent pas être dispersées et affaiblies, en laissant leurs membres dans un état de vulnérabilité, en particulier les femmes et les enfants.

Dans une autre perspective, la migration est également provoquée par l'exigence, dans les pays industrialisés, du travail des migrants, un phénomène lié à la mondialisation. Ainsi, les migrants contribuent au bien-être du pays d'accueil et, également en raison de leur dignité humaine, doivent être respectés et voir leurs libertés garanties:  le droit à une vie digne, et à un traitement égal sur le lieu de travail, à avoir accès à l'éducation, aux services de santé et aux autres avantages sociaux, à développer leur compétences, à croître d'un point de vue humain, à manifester librement leur culture et à mettre en pratique leur religion. Mais les droits et les devoirs vont de pair. C'est pourquoi, dans le même temps, les migrants ont le devoir de respecter l'identité et les lois du pays de résidence, de lutter pour une juste intégration (et non pas assimilation) dans la société d'accueil et d'apprendre sa langue. Ils doivent favoriser l'estime et le respect pour le pays d'accueil allant jusqu'à l'aimer et le défendre (5).

Malheureusement, parmi eux, se trouvent des migrants en situation irrégulière, qui toutefois, indépendamment de leur statut juridique, possèdent une dignité humain inaliénable. Par conséquent, leurs droits doivent être protégés et non pas ignorés ou violés (6). En effet, le statut de migrant en situation irrégulière n'est pas synonyme de criminalité. La solution est celle d'une meilleure coopération internationale, qui décourage la clandestinité et intensifie les voies légales pour les migrations.

Permettez-moi de faire écho, à cet égard, à l'appel du Pape, adressé aux gouvernements qui ne l'ont pas encore fait, à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs immigrés et des membres de leur famille.

Merci.

___________________________

Notes

1) Cf. Jean-Paul II, Sollicitudo rei socialis (SRS) n. 9.

2) Cf Paul VI, Populorum progressio, n. 14.

3) Cf. SRS, n. 33.

4) Cf. Benoît XVI, Message pontifical pour la Journée  mondiale  du  Migrant et du Réfugié.

5) Cf. Conseil pontifical pour les Migrants et les Personnes en Déplacement, Instruction Erga migrantes caritas Christi (EMCC) (La charité du Christ envers les migrants), n. 77; cf. ORLF n. 21 du 25 mai 2004.

6) Cf. EMCC, n. 29.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.34 p.8.

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