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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
LORS D'UNE RÉUNION DE L' OSCE
SUR LE THÈME DE LA LIBERTÉ RELIGIEUSE

INTERVENTION DE MGR ANTHONY FRONTIERO

Varsovie
Mercredi 26 septembre 2007

 

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège réaffirme sa ferme conviction selon laquelle la dignité de la personne et la nature même de la recherche de Dieu exige pour tous les hommes l'immunité de toute obligation dans le domaine religieux. La société et l'Etat ne doivent pas contraindre une personne à agir contre sa conscience ou l'empêcher d'agir conformément à celle-ci (1). Cela étant dit, le Saint-Siège souligne que le droit à la liberté religieuse devrait faire partie de l'ordre juridique et être reconnu comme droit civil. Le Saint-Siège désire également souligner que de telles normes sont exigées par le besoin de protection effective des droits de tous les citoyens et de résolution pacifique des conflits liés aux droits, mais également par le besoin d'une attention adéquate à l'égard de la paix publique authentique, qui est réalisée lorsque les personnes vivent ensemble dans un ordre juste et dans la justice véritable (2).

Bien qu'une communauté religieuse puisse, en raison de ses liens historiques et culturels avec une nation, recevoir une reconnaissance spéciale de la part de l'Etat, une telle reconnaissance ne devrait jamais engendrer de discrimination au sein de l'ordre civil ou social pour d'autres groupes religieux. Malheureusement, toutefois, une telle vision des relations entre les Etats et les Organisations religieuses semble ne pas être toujours partagée par tous, et le droit à la liberté religieuse est, comme nous l'avons vu, violé, "au point que donner, faire donner la catéchèse, la faire donner ou la recevoir devient un délit passible de sanction" (3).

Dans son récent discours au Comité de direction de l'Internationale démocratique du Centre et démocrate chrétienne (IDC), le Pape Benoît XVI a rappelé que le droit à la liberté religieuse est fondamental, irrépressible, inaliénable et inviolable. De plus, l'exercice de cette liberté inclut le droit à changer de religion, qui devrait être garanti non seulement sur le plan juridique, mais également dans la pratique quotidienne. "La liberté religieuse répond, en effet, à l'ouverture intrinsèque de la créature humaine à Dieu, pleine Vérité et Bien suprême et sa mise en valeur constitue une expression fondamentale du respect de la raison humaine et de sa capacité de vérité. L'ouverture à la transcendance constitue une garantie indispensable pour la dignité humaine, parce que certains élans et certaines exigences du cœur de toute personne ne trouvent qu'en Dieu une compréhension et une réponse. On ne peut donc pas exclure  Dieu de l'horizon de l'homme et  de l'histoire! Voilà pourquoi il faut accueillir le désir commun à toutes les traditions authentiquement religieuses de montrer publiquement leur identité, sans être contraintes à la cacher ou à la camoufler" (4).

Alors que nous voyons les diverses réactions religieuses aux problèmes sociaux de notre temps, les faits montrent que les importantes religions mondiales, y compris le christianisme, promeuvent la paix et la justice en tant que dimensions essentielles de leur engagement  religieux.  Les  hommes et les femmes engagés dans ces mouvements reconnaissent le lien intrinsèque entre leur foi religieuse et la préoccupation active pour le bien-être de la société. Il existe des signes d'une solidarité universelle à l'horizon.

La condition de disciples chrétiens et la recherche de la sainteté personnelle comportent la responsabilité pour le monde. Les traditions de foi et l'expérience religieuse fondées sur la raison et la vérité comportent la promesse et l'espérance que la vie spirituelle doit être réalisée à travers un engagement soutenu et pratique pour le bien-être du monde de Dieu.

En 1971, dans sa Lettre apostolique Octogesima adveniens, le Pape Paul VI a affirmé que l'utopie peut être un rêve irréaliste qui empêche les personnes d'agir de façon concrète. Mais l'utopie, correctement comprise, représente une vision positive qui critique l'ordre établi, suscite une imagination clairvoyante, reconnaît les possibilités encore irréalisées du présent, et confère une énergie pour la création d'un nouvel avenir (5). La religion continuera de servir d'élément significatif, substantiel, et positif pour la recherche d'un tel avenir, en particulier si les religions sont libérées de leurs possibles manquements et échecs, et si elles respectent les aspirations authentiques. La religion, au service de la paix, des droits de l'homme et de la justice sociale, ne sera réelle que dans la mesure où elle embrasse l'inspiration de l'Esprit Saint à être fidèle à ses valeurs les plus profondes.

Merci, Monsieur le Président.
 


Notes

1. Cf. Conseil pontifical "Justice et paix", Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 421.

2. Cf. Ibid.

3. Ibid., n. 423.

4. Pape Benoît XVI, Discours au Comité de direction de l'Internationale démocratique du Centre et démocrate chrétienne (IDC), 21 septembre 2007.

5. Cf. Paul VI, Octogesima adveniens, n. 37.

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