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INTERVENTION DU SAINT-SIÈGE
AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU
SUR LA PROTECTION DES CIVILS DANS LES CONFLITS ARMÉS

DISCOURS  DE S.E. MGR CELESTINO MIGLIORE,
OBSERVATEUR PERMANENT DU SAINT-SIÈGE
AUPRÈS L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES*

New York
Mercredi 14 janvier 2009

Monsieur le président,

Le Conseil de sécurité affronte le thème de la protection des civils dans les conflits armés depuis plus de dix ans. Mais la sécurité des civils pendant les conflits devient de plus en plus critique, voire parfois dramatique, comme nous l'avons constaté ces derniers mois, ces dernières semaines, ces derniers jours dans la bande de Gaza, en Irak, au Darfour et en République démocratique du Congo, pour ne citer que quelques exemples.

L'année 2009 marque, entre autres, le 60 anniversaire des Conventions de Genève. Dans la mesure où la protection des civils est régie par les normes établies par ces conventions et les protocoles qui en découlent, ma délégation est certaine que cette nouvelle année fournira également l'occasion de prendre la mesure des engagements des parties concernées afin d'assurer la protection des civils à travers un plus grand respect des règles du droit humanitaire international.

La mise à jour 2003 de l'aide-mémoire pour la plateforme en dix points sur la protection des civils est un outil important pour clarifier les responsabilités, renforcer la coopération, faciliter l'application et renforcer encore davantage la coordination au sein du système des Nations unies et demeure aujourd'hui plus que jamais une feuille de route indispensable, permettant d'apporter une protection aux civils pris au piège dans des conflits armés. Ses 10 points d'action représentent un défi à la Communauté internationale, et plus particulièrement au Conseil de sécurité, en exigeant une réponse rapide, décisive et efficace. Même si tous les points sont importants, l'accès à l'aide humanitaire, la protection particulière des enfants et des femmes et le désarmement demeurent les trois piliers fondamentaux pour offrir une meilleure protection aux civils.

Les mauvais traitements écrasants dont sont victimes les civils dans trop de régions du monde semblent ne pas être uniquement un effet secondaire de la guerre. Nous continuons de voir des civils délibérément visés, comme un moyen d'atteindre des objectifs politiques ou militaires. Ces derniers jours, nous avons été témoins d'un échec concret, à tous points de vue, du respect de la distinction entre les civils et les cibles militaires. Il est malheureusement évident que les desseins politiques et militaires prévalent sur le respect fondamental de la dignité et des droits des personnes et des communautés, lorsqu'il est fait recours à certaines méthodes ou à certaines armes sans prendre toutes les mesures raisonnables pour éviter les civils; quand des femmes et des enfants sont utilisés comme boucliers pour les combattants; quand l'accès de l'aide humanitaire est refusé dans la bande de Gaza; quand des personnes sont déplacées et des villages détruits au Darfour et lorsque l'on voit la violence sexuelle dévaster la vie de femmes et d'enfants en République démocratique du Congo.

Dans un tel contexte, la protection des civils demande non seulement un engagement renouvelé dans le droit humanitaire, mais elle exige tout d'abord et avant tout une bonne volonté et une action politiques. La protection des civils doit être basée sur un exercice responsable de l'autorité politique de la part de tous. Cela exige de la part des responsables politiques d'exercer le droit de défendre leurs propres citoyens ou le droit à l'autodétermination en n'ayant recours qu'à des moyens légitimes; et cela exige de leur part de reconnaître pleinement leur responsabilité vis-à-vis de la Communauté internationale et de respecter le droit d'autres Etats et communautés à exister et à coexister en paix. Le large éventail des procédures que les Nations unies mettent en place afin d'assurer la protection des civils sera couronné de succès si il est en mesure de promouvoir au minimum une culture de l'exercice responsable de l'autorité politique chez ses membres et les oblige, ainsi que toute partie en conflit, à rendre compte de cette responsabilité à l'égard des personnes et des communautés.

Le poids croissant des victimes de la guerre et des conséquences sur les civils sont également une conséquence de la production massive, de l'innovation et de la sophistication permanentes en matière d'armement. La qualité et la disponibilité toujours croissantes des armes de petits calibres et des armes légères, ainsi que des mines anti-personnel et des armes à sous munition, rendent de manière tragique d'autant plus facile et efficace de tuer des être humains. Dans ce contexte, ma délégation apporte son soutien total et encourage les objectifs de la récente résolution de l'Assemblée générale Vers un traité sur le commerce des armes, qui représente la première étape importante vers des instruments juridiques à caractère contraignant sur le commerce et le transfert d'armements. De même, ma délégation salue l'adoption de la Convention sur les armes à sous munition et encourage les pays à faire de la ratification ce traité un objectif prioritaire et un signe de leur engagement à affronter la question des victimes civiles.

Merci, Monsieur le président.


*S/PV.6066 (Resumption 1) p.38, 39.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n°4 p.22.

 

 

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