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INTERVENTION DU CARD. TARCISIO BERTONE,
SECRÉTAIRE D'ÉTAT,
AU SYNODE DES ÉVÊQUES

Mercredi 17 octobre 2012

 

Les représentants pontificaux et la nouvelle évangélisation

La transmission de la foi est un devoir si fondamental pour l’Église qu’il peut représenter une description de son essence même : celle-ci est en effet une communauté constituée depuis toujours dans le double mouvement de recevoir et de transmettre le précieux trésor de la foi. Ce devoir se décline de manière diverse en fonction des situations et des époques historiques et dans notre temps il a revêtu de façon toujours plus forte le profil de la nouvelle évangélisation, c’est-à-dire de l’annonce renouvelée adressée à ceux qui, bien qu’étant déjà entrés en contact, de façons différentes, avec le message chrétien, se sont retrouvés à être, pour utiliser les images de la parabole évangélique, comme le terrain rocheux, ou plein d’épines, ou bien carrément comme le chemin sur lequel le malin vole la bonne semence de Parole (cf. Mt 13, 18-22).

Dans cette intervention, je désire mettre en lumière la contribution que les Représentants Pontificaux et l’ensemble des structures du Saint-Siège qui en coordonnent la mission veulent offrir à la transmission de la foi dans un contexte de nouvelle évangélisation.

Il y a en premier lieu un service spécifique, qui est celui du contrôle et de la protection de la libertas Ecclesiae. Il s’agit d’un service propédeutique à la mission de l’Église, mais plus que jamais nécessaire même dans le contexte actuel. On fait état, malheureusement, et pas seulement dans quelques régions, des restrictions graves au libre exercice de la mission de l’Église, que ce soit là où « l’ordonnancement juridique ou social s’inspire de systèmes philosophiques et politiques qui postulent un strict contrôle, pour ne pas dire un monopole, de l’État sur la société », ou bien là où « on accorde une grande importance au pluralisme et à la tolérance, mais où la religion subit une croissante marginalisation » (cf. Benoît XVI, Discours aux membres du Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le 10 janvier 2011).

Dans de tels contextes, l’action des Représentants Pontificaux, par le biais des instruments du dialogue diplomatique avec les autorités civiles d’entente avec les épiscopats, n’est pas tournée vers la recherche de privilèges anachroniques, mais vers la garantie à l’Église, dans la mesure du possible, de cette liberté dans le gouvernement interne et dans l’exercice de sa mission, qu’il revendique légitimement, et qui, quand il est présent, finit par abonder également au bénéfice des membres d’autres traditions religieuses, ainsi que par alimenter un consensus dans la société entière. De la même manière, l’œuvre des Observateurs et Représentants du Saint-Siège auprès des organisations internationales tend, en plus du service rendu à la cause de la paix et de la défense des droits fondamentaux de la personne humaine, à garantir le droit de citoyenneté pour l’Église, pour ses institutions et, je dirais, pour la vision chrétienne de l’homme, aujourd’hui menacée dans quelques éléments de fond de ce que l’on appelle la culture dominante.

À côté de cette fonction, les Représentants Pontificaux sont conscients de la responsabilité directe qu’ils ont, en tant que membres du Collège épiscopal, concernant l’annonce de l’Evangile et donc de la promotion de la nouvelle évangélisation.

Cette responsabilité se détermine avant tout en favorisant la communion entre les membres du Collège épiscopal, et le Pontife Romain. En rendant présente la sollicitude pour toutes les Églises, propre au Successeur de Pierre, ses représentants sont par nature appelés à être les constructeurs de la communion, qui est en soi un puissant facteur d’évangélisation (cf. Jn 13,35).

Celle-ci est avant tout un don qui vient d’en haut, un don qui, toutefois, fait appel à notre collaboration et se traduit en un devoir important et quotidien, qui permet aux sensibilités diverses de se traduire en richesse et non en antagonismes.

Je désire assurer devant cette assemblée qualifiée l’engagement que Nonces et Délégués Apostoliques entendent mettre à profit pour favoriser d’un côté l’accueil auprès des épiscopats du Magistère pontifical et des indications qui proviennent des organismes du Saint-Siège, et d’un autre côté dans l’aide apportée au Pape et à ses collaborateurs afin de connaître et comprendre toujours mieux la réalité des Églises locales, leurs richesses et leurs difficultés.

Nous ne devons pas oublier une œuvre plus directe de service à l’évangélisation que les Représentants Pontificaux rendent, lorsqu’ils sont appelés dans les divers diocèses pour des consécrations épiscopales, des recours particuliers, ou des visites à caractère pastoral. Par le biais de cette forme de ministère, ces derniers rendent présente la personne du Pape d’une façon toute particulière, parmi le peuple de Dieu, le soin et la sollicitude qu’ils manifestent envers le troupeau du Christ, une présence qui est particulièrement ressentie par les fidèles, et qui contribue à rendre davantage visible la catholicité de l’Église.

Le ministère des Représentants pontificaux vit indubitablement dans l’histoire, marche avec l’Église et a toujours besoin de se renouveler et de se perfectionner pour être à la hauteur des exigences du temps. C’est pour cette raison que le Saint-Père a décidé de convoquer à Rome, en juin prochain, tous les Nonces, les Délégués Apostoliques et les Observateurs permanents pour une rencontre de réflexion, qui fait suite à celle qui a été tenue il y a maintenant plus de dix ans, à l’occasion du Grand Jubilé de l’an 2000. Ce sera une opportunité d’échange d’expériences et d’approfondissement du sens de la mission des Représentants Pontificaux dans les circonstances actuelles. Je suis certain de pouvoir compter également en ce sens sur votre prière.

     

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