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MESSAGE PONTIFICAL
DU CARDINAL AGOSTINO CASAROLI,
AU NOM DU SAINT-PÈRE,
AU CONGRÈS INTERNATIONAL DE L'ENFANT DU QUART-MONDE
28 septembre 1979
Monsieur le Secrétaire général,
La préoccupation particulière que le "Mouvement International Aide à
toute Détresse Quart Monde" manifeste en paroles et en actes, envers les
familles les plus démunies de tout et spécialement envers leurs enfants, suscite
bien évidemment l'intérêt du Saint-Siège, son estime et ses encouragements. Et
c'est pourquoi, à l'occasion du Congrès international de l'Enfant du Quart Monde
qui va se tenir à Paris, je suis heureux d'être l'interprète du Saint-Père pour
vous manifester ses sentiments.
"Quiconque accueille un des petits enfants comme celui-ci, c'est moi qu'il
accueille". Ces paroles du Christ trouvent une application émouvante lorsqu'on
se trouve en face de familles marginalisées alors que les plus forts et les plus
riches trouvent facilement leur compte dans les sociétés techniques avancées, et
aussi dans les pays qui commencent leur évolution technologique. Le succès
matériel et culturel des uns risque de faire oublier les autres, ceux qui, pour
des raisons diverses, manquent de tant de conditions favorables pour leur
épanouissement physique, affectif, intellectuel et spirituel. Ces derniers se
heurtent sans cesse à des problèmes de moyens de subsistance, de logement, de
santé, d'éducation, de considération. Là se vérifie ce qu'on observe au niveau
des peuples : les pauvres deviennent toujours plus pauvres.
C'est seulement avec un cœur chargé de
charité joint à un esprit soucieux de justice qu'on peut prendre le temps, comme
le fait votre mouvement de s'arrêter vraiment à de telles misères et se décider
à y porter efficacement remède. Il s'agit en effet de comprendre de telles
situations de détresse sans jugement a priori ni parti pris : de rendre
aux pauvres d'abord leur dignité et leur espoir ; de permettre aux parents de
prendre en charge leurs propres enfants, car l'amour familial demeure une
condition essentielle à leur épanouissement ; de permettre à ces enfants de se
réinsérer peu à peu, avec une aide appropriée, dans le cadre des études et des
loisirs des autres enfants ; de créer un climat tel qu'ils y soient accueillis
et encouragés de faire prendre conscience en même temps, aux familles et aux
enfants privilégiés ou même bénéficiant de conditions normales, de leurs devoirs
envers leurs frères.
Une telle œuvre est à l'honneur de l'homme,
qui sait voir les droits fondamentaux de ses semblables quel que soit son état
social ; elle est à l'honneur de la société qui s'y emploie, car elle doit
savoir manifester une solidarité effective pour tous ses membres sans se
résigner à en laisser pour compte ; elle est à l'honneur du chrétien dont la
charité reconnaît dans l'enfant démuni l'appel du Christ qui s'identifie à
l'homme affamé, nu, malade, isolé, abandonné au bord du chemin. Aussi est-ce de
grand cœur,
en cette Année internationale de l'Enfant, que le Saint-Père encourage vos
initiatives dans toute la mesure où elles s'inspirent de cette justice, de cette
solidarité et de cette charité. Heureux que vous donniez ce témoignage d'Église,
il bénit volontiers, au nom du Seigneur, tous ceux qui y collaborent, et surtout
ceux qui y consacrent volontairement leur vie en partageant le sort des plus
pauvres.
Veuillez agréer. Monsieur le Secrétaire général l'assurance de mes
sentiments tout dévoués en Notre Seigneur.
Cité du Vatican, 28 septembre 1979.
Agostino, Cardinal CASAROLI
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