The Holy See
back up
Search
riga

Mgr Renato R. MARTINO, Intervention à la Conférence des Nations Unies sur les contributions en faveur du développement*

3 novembre 1993




Le Saint-Siège promet chaque année des contributions financières limitées pour les activités de développement menées par les Nations Unies. Ces sommes symbolisent non seulement son engagement permanent dans l’assistance et le développement, mais aussi, ce qui est plus important, elles sont une expression de l’encouragement et du soutien moral que le Saint-Siège souhaite apporter aux différentes activités des Nations Unies, à ses organismes et à ses agences.

En signe de son appui aux activités de développement des Nations Unies, le Saint-Siège souhaite faire les contributions symboliques suivantes: 2 500 dollars américains pour le programme de développement des Nations Unies, attribués à un projet de développement agricole; 3 000 dollars pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et 2 000 dollars pour le Fonds du Volontariat des Nations Unies pour la décennie des personnes handicapées.

La plupart des personnes qui se trouvent ici savent bien que, à cette contribution, évidemment symbolique, s’ajoute la vaste contribution internationale que l’Église catholique apporte jour après jour dans le monde entier, en personnel, en talents et en ressources (ce qui ne se limite pas ou ne se mesure pas uniquement en termes financiers), pour aider et faire progresser le développement humain intégral des moins favorisés et des personnes qui se trouvent dans une situation d’urgence.

En augmentant sa contribution symbolique à l’UNICEF de 2 000 à 3 000 dollars, de manière à réaffirmer son soutien à la louable activité de l’UNICEF en faveur des mères et des enfants du monde entier, le Saint-Siège estime nécessaire, pour la première fois, de désigner ou d’«assigner» («earmark») sa contribution symbolique à l’UNICEF à l’un des programmes suivants, à savoir: des programmes d’alimentation de la mère et de l’enfant au cours de la période prénatale, du bas âge et des années de la petite enfance; la vaccination universelle des enfants; les affections respiratoires aiguës; la lutte contre les maladies diarrhéiques, les initiatives en faveur de l’allaitement maternel.

Cette décision du Saint-Siège aura sans doute des conséquences pour les catholiques et les agences catholiques qui pourront destiner ou « assigner » leurs contributions à l’UNICEF pour des programmes clairement désignés et définis, tels que ceux que nous venons d’indiquer, qui ne sont pas en contradiction avec l’enseignement moral catholique, ni avec le mandat originel de l’UNICEF.

Pendant plusieurs décennies, le Saint-Siège et les catholiques du monde entier, surtout les femmes et les enfants, ont heureuse­ment collaboré avec l’UNICEF dans un très grand nombre de projets. C’est avec un profond regret que le Saint-Siège prend acte du fait que, à une époque récente, sous la pression de certains pays donateurs, l’orientation positive de l’Agence à ses origines, orientée vers le bien-être des mères et des enfants, et le soutien de la vie, s’est modifiée de manière ambiguë mais significative.

Malgré les déclarations contenues dans le document intitulé « La politique de l’UNICEF en matière de planification familiale », selon lesquelles l’UNICEF « n’a jamais apporté son soutien à l’avortement et que la politique permanente de l’UNICEF continue à ne pas soutenir l’avortement comme moyen de planification familiale », et que «l’UNICEF ne fournit pas de contraceptifs en utilisant pour cela ses ressources », le Saint-Siège ne peut pas être d’accord avec l’orientation générale du document, ni avec la résolution sur le même sujet (1993/11), les jugeant toutes deux en contradiction avec les enseignements moraux fondamentaux de l’Église catholique et avec les convictions d’une grande partie de la population mondiale.

Le Saint-Siège espère que l’UNICEF changera d’une manière qui permettra aux catholiques de soutenir à nouveau pleinement cette Agence.

Note explicative

Le Saint-Siège a toujours soutenu que les enfants sont, selon les paroles de S. S. Ie Pape Jean-Paul II, « ce précieux trésor offert à chaque génération comme un défi pour sa sagesse et son humanité ». Ce ne sont pas les gouvernements, les Organisations internationales ou les adultes qui accordent un statut à l’enfant, puisque les droits des enfants sont inhérents à leur nature humaine, car l’enfant représente le sujet primordial de tous les droits humains, le droit à la vie étant le plus fondamental de ces droits.

En harmonie avec sa longue histoire séculaire d’engagement pour le bien-être et le développement des enfants, I’Eglise, à une époque récente, a vu s’épanouir l’Oeuvre pontificale de la Sainte-Enfance, ainsi que d’innombrables agences et institutions catholiques. Ce vaste réseau d’oeuvres de l’Église, aux niveaux national et international, qui comprend des dizaines de milliers d’écoles, d’hôpitaux, de dispensaires, d’orphelinats et d’organi­sations pour le développement, pour les réfugiés et des activités de secours, constitue un rappel constant et une réponse pratique au commandement évangélique de prendre soin des enfants et de les protéger. Ces organisations catholiques apportent leur pleine coopération aux programmes et aux projets des agences nationales ou des Organisations internationales qui ont été créées plus récemment, telles que l’UNICEF.

Pratiquement, la coopération étroite entre l’Église catholique et l’UNICEF a permis le remarquable succès de certaines initiati­ves, telles que des programmes nationaux de vaccination des enfants, souvent menés dans des conditions extrêmement difficiles.

En 1990 encore, le Saint-Siège fut parmi les premiers à accepter la Convention sur les droits de l’enfant; à cette époque, il encouragea tous les pays et les peuples à s’unir pour assurer une protection légale et un soutien effectif au bien-être de tous les enfants du monde. Cette même année, le Saint-Siège participa activement au Sommet mondial sur l’enfance, et signa la Déclaration et le Plan d’action adoptés en cette occasion. Ces deux actes étaient en harmonie avec la longue tradition de l’Église catholique de prendre soin de ceux qui peuvent le moins pourvoir à leurs propres besoins, particulièrement les mères et les enfants de par le monde.

Cependant, dans les deux cas, le Saint-Siège exprima des réserves, à la suite de préoccupations de caractère éthique, qu’il a toujours honnêtement rappelées.

Pendant tout ce temps, le Saint-Siège a pris, et continue à prendre, des positions clairement exprimées et définies sur différents points qui ont fait l’objet de débats lors des rencon­tres du Conseil exécutif de l’UNICEF en 1992 et 1993. Un de ces points a été l’engagement de l’UNICEF dans les domaines de la planification familiale (E/UNICEF/1993. L. 5), qui pourrait comprendre des méthodes de planification familiale considérées comme moralement inacceptables par l’Église catholique et une grande partie de la population mondiale. C’est une position ferme du Saint-Siège que cet engagement accru de l’UNICEF modifie le mandat originel de celui-ci, fait double emploi avec d’autres programmes des Nations Unies et fait obstacle à I’utilisation des ressources modiques de l’UNICEF en faveur de programmes essentiels. Tout cela à un moment où les Nations Unies cherchent à réduire leurs dépenses.

Comme on le sait, année après année, le Saint-Siège a donné un signe concret de son appui et de sa solidarité avec l’UNICEF lors des Conférences annuelles de contribution. C’est donc avec le plus grand regret que le Saint-Siège, bien qu’il ait oeuvré avec ardeur lors des sessions du Conseil exécutif de l’UNICEF pour éviter cela, s’est senti obligé de prendre la décision de spécifier cette année la destination de sa contribution symbolique, lors de la Conférence pour l’annonce des contributions aux activités de développement, qui s’est tenue les 2 et 3 novembre 1993 au siège des Nations Unies à New York. C’est pourquoi le Saint-Siège a demandé que sa contribution soit destinée à l’un des programmes spécifiques suivants: programmes d’alimentation de la mère et de l’enfant pendant la période prénatale, du bas âge et des années de la petite enfance; vaccination universelle des enfants; affections respiratoires aiguës; lutte contre les maladies diarrhéiques; initiatives en faveur de l’allaitement maternel.

Cette décision du Saint-Siège aura sans doute des conséquences pour les catholiques et les organisations catholiques qui pourront assigner leurs contributions à l’UNICEF, afin d’assurer une participation, un soutien et une coopération continus en ce qui concerne les programmes mentionnés ci-dessus, qui ne sont pas et ne doivent pas être concernés par la planification familiale. L’espoir du Saint-Siège est que les catholiques ne seront pas amenés à retirer leur participation ou leur soutien à l’UNICEF.

La poursuite de ce degré de coopération dépend de l’UNICEF, comme il appartient à l’UNICEF de garantir que les contributions à toute activité présente ou future, soutenue par des catholiques ou des organismes catholiques, seront bien destinées aux programmes mentionnés ci-dessus.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.48 p.7.

La Documentation catholique 1994 n.2085 p.11, 12.
 

top