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SAINT-SIÈGE

Memorandum sur environnement et développement*

mai 1992


Position et action du Saint-Siège sur l’Environnement et le Développement

La position du Saint-Siège sur l’Environnement et le Développement a été exposée dans plusieurs discours de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II et, en particulier, dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix de 1990: «La Paix avec Dieu Créateur, la Paix avec toute la Création». Les principes de base qui devraient inspirer nos considérations sur les problèmes concernant l’environnement sont l’intégrité de toute la création et le respect pour la vie et la dignité de la personne humaine.

1. Ainsi que le suggère le titre du message cité, l’inspiration essentielle des préoccupations du Saint-Siège est de nature religieuse, mais elle se réfère également à de nombreuses considérations fondamentales d’ordre moral que partagent les personnes de bonne volonté. La crise écologique est essentiellement une crise de nature morale et la solution d’un grand nombre des problèmes écologiques posés à toute la famille humaine demande une stratégie et une motivation «fondées sur une vision morale cohérente du monde» (Jean-Paul II, Message pour la Journée mondiale de la Paix 1990, n. 2). La communauté internationale ne peut ignorer cette dimension éthique.

L’homme

2. La personne humaine occupe dans le monde une place centrale et la promotion de la dignité et des droits de toutes les personnes sans distinction constituent «la norme fondamentale que doit respecter un juste progrès économique industriel et scientifique... La pollution ou la destruction de l’environnement sont le résultat d’une vision réductrice et antinaturelle qui dénote parfois un véritable mépris de l’homme» (ibid., n. 7).

3. La personne humaine a une responsabilité de gestion à l’égard de toute la création avec laquelle elle vit en interdépendance. Quand des personnes ignorent ou transgressent consciemment l’ordre qui régit une partie de la création, elles provoquent un désordre qui a des répercussions inévitables sur l’ensemble de la création et sur le bien-être des générations à venir (cf. ibid. n. 6).

4. Les biens de la terre – y compris ceux que produit l’activité humaine – doivent bénéficier à tous. Tous les peuples et tous les pays ont un droit fondamental d’accès aux biens – naturels, spirituels, intellectuels et technologiques ‑ qui sont nécessaires à leur développement intégral.

Une politique de développement

5. Une politique adéquate du développement doit être fondée sur la dignité et les droits de la personne humaine et sur le bien commun. «Le Saint-Siège souligne que l’épanouissement spirituel aussi bien que matériel de la personne doit être pris en considération dans le processus du développement, parce que ce sont les valeurs spirituelles qui donnent un sens au progrès matériel, aux avancées technologiques et à la création de structures politiques et sociales au service de la communauté de personnes que nous appelons la société» (Intervention du Saint-Siège à la Conférence internationale sur la population, Mexico, 1984).

Assurer et protéger le bien commun demande la solidarité de tous ceux qui sont concernés. La solidarité suppose l’acceptation consciente de la coresponsabilité pour les causes et les solutions du défi écologique. Reconnaître que tous partagent la responsabilité des causes de la crise écologique rendra possible le dialogue, fondé sur la confiance et le respect mutuels, pour la recherche de solutions. Cependant l’équité peut exiger que le devoir universel de favoriser la solidarité soit pondéré et complété en fonction des besoins et des capacités des parties.

La technologie

6. Dans le domaine de la technologie, les États, conformément au devoir de solidarité et prenant convenablement en considération les droits de ceux qui ont conçu de telles technologies, ont l’obligation d’assurer un transfert juste et équitable des technologies appropriées au soutien des processus de développement et à la protection de l’environnement.

7. Des principes éthiques clairement définis doivent prévaloir dans le domaine de la biotechnologie qui touche de près la dignité et l’intégrité de la personne humaine. La personne humaine est bien plus qu’un composé d’éléments biochimiques, et elle ne devrait pas devenir le sujet d’expériences biologiques ou chimiques en vue du progrès de la biotechnologie. Toutes les interventions sur la structure ou l’héritage génétique d’une personne qui ne sont pas destinées à corriger des anomalies qui l’affectent constituent une violation du droit à l’intégrité du corps (cf. Saint-Siège, Charte des Droits de la Famille, 22 octobre 1983, art. 4, c). La science et la technologie sont au service de la personne humaine et les principes éthiques doivent prévaloir sur tout autre intérêt, spécialement sur les intérêts purement économiques. Partout où cela est possible, il faut trouver les instruments légaux appropriés pour assurer le respect des principes éthiques.

Les guerres

8. Les dommages causés à l’environnement humain et naturel par la guerre posent un problème de plus en plus grave. Le Pape Jean-Paul II observait déjà en 1990: «Aujourd’hui, n’importe quelle forme de guerre à l’échelle mondiale provoquerait d’incalculables dommages d’ordre écologique. Mais les guerres locales ou régionales également, tout en restant limitées, ne détruisent pas que les vies humaines et les structures de la société; elles dégradent la terre, en détruisant les récoltes et la végétation, en empoisonnant les sols et les eaux. Ceux qui survivent à la guerre se trouvent contraints de commencer une vie nouvelle dans des conditions naturelles très difficiles» (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1990, n. 12).

La démographie

9. Le rapport du développement et de l’environnement avec la croissance démographique est complexe et souvent subtil. Au cours des dernières décennies, les taux de croissance démographique ont baissé dans la plupart des régions du monde, tandis qu’ils restent encore élevés dans certains des pays les moins développés. La croissance démographique, par elle-même, est rarement la cause directe de problèmes d’environnement. Dans la plupart des cas, il n’y a pas de lien de cause à effet entre le nombre de personnes et la dégradation de l’environnement.

En fait, les nations les moins peuplées du Nord sont directement ou indirectement responsables de la plupart des atteintes à l’environnement général. Par conséquent, les politiques qui tendent à réduire la population ont peu d’effets pour aider à résoudre des problèmes urgents d’environnement et de développement. De véritables solutions à ces problèmes doivent inclure non seulement une planification économique et une technologie efficaces mais aussi la justice pour tous les peuples de la terre. Le Saint-Siège est particulièrement préoccupé par les stratégies qui font de la diminution de la population le premier facteur pour surmonter les problèmes écologiques. Des programmes destinés à réduire la population, dirigés et financés par les nations développées du Nord, se substituent facilement à la justice et au développement des nations du Sud en voie de développement. Ces programmes évacuent la question de la juste répartition et du développement des ressources abondantes de la terre. A de nombreuses occasions, le Saint-Siège a fait connaître son opposition à la fixation d’objectifs ou de termes quantitatifs en matière de population, ce qui implique la violation de la dignité humaine et des droits humains. Des campagnes systématiques menées contre la natalité, organisées à l’intention des populations les plus pauvres, peuvent même conduire à «la tendance à un certain racisme, ou [à] favoriser l’application de certaines formes, également racistes, d’eugénisme» (Jean-Paul II, Encyclique Sollicitudo rei socialis, n. 25).

La famille

10. Les politiques et les stratégies destinées à protéger l’environnement doivent aussi respecter l’unité familiale qui est «l’élément naturel et fondamental de la société et [qui] a droit à la protection de la société et de l’État» (Déclaration universelle des Droits de l’Homme, art. 16,  3). Le Saint-Siège souligne que «la société et, de façon particulière, l’État et les Organisations internationales, doivent protéger la famille par des mesures politiques, économiques, sociales et juridiques, qui ont pour but de renforcer l’unité et la stabilité de la famille, afin qu’elle puisse exercer sa fonction spécifique» (Charte des Droits de la Famille préambule, I). De même, le Saint-Siège s’oppose aux stratégies qui, en quelque manière, pourraient tenter de limiter la liberté des couples dans leurs décisions sur «la dimension de leur famille ou sur l’espacement des naissances» (cf. Charte des Droits de la Famille, art. 3, a). Dans les relations internationales, l’aide économique pour le développement des peuples; ne doit pas dépendre de l’acceptation de programmes de contraception, de stérilisation ou d’avortement (cf. Intervention du Saint-Siège à la Conférence internationale sur la population, Mexico, 1984; également, Jean-Paul II, Discours à M. Rafaël Salas, 7 juin 1984, n. 6). Le Saint-Siège défend ainsi les droits humains des hommes et des femmes des pays en voie de développement qui sont soumis à des programmes de contrôle de la population qui ne respectent pas leur conscience, leurs droits et leur dignité, ou bien encore leur culture ethnique et religieuse. On continue de promouvoir des méthodes chirurgicales ou pharmaceutiques d’avortement comme méthodes de contrôle des naissances dans le cadre de politiques et de programmes destinés à réduire la population. Une telle pratique est en contradiction avec la Recommandation n.18 de la Conférence internationale sur la population, de Mexico, à savoir que l’avortement ne doit pas être promu comme méthode de planification familiale. Le Saint-Siège s’oppose aux programmes de planification familiale. Le Saint-Siège s’oppose aux programmes de planification familiale qui incluent l’avortement au titre de méthode de planification ou qui font pression sur les couples pour qu’ils recourent à la stérilisation ou à d’autres méthodes de contraception critiquables du point de vue moral.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.23 p.7.
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SAINT-SIÈGE

Memorandum sur environnement et développement**

mai 1992




Memorandum on the Holy See’s Position on Environment and Development

The position of the Holy See regarding Environment and Development has been set out in various discourses of His Holiness Pope John Paul II and in particular in the Message for the World Day of Peace 1990: "Peace with God the Creator, Peace with all of Creation". The basic principles that should guide our considerations of environmental issues are the integrity of all creation and respect for life and the dignity of the human person.

1. As the title of the above message suggests, the basic inspiration of the Holy See’s concern is religious in nature, but it also contains reference to many fundamental moral considerations which are shared by persons of good will. The ecological crisis is essentially a moral crisis and the solution of many of the ecological problems confronting the entire human family requires strategies and motivation "based on a morally coherent worldview" (Pope John Paul II, Message for the World Day of Peace 1990, n. 2). The international community cannot overlook this ethical dimension.

2. The human person occupies a central place within the world and the promotion of the dignity and the rights of all persons without distinction «is the ultimate guiding norm for any sound economic, industrial and scientific development.... Pollution and environmental destruction are the result of an unnatural and reductionist vision which at times leads to genuine contempt for man» (Message for the World Day of Peace 1990, n. 7).

3. The human person has a responsibility of stewardship in regard to all creation with which he or she lives in interdependence. When persons consciously ignore or transgress the order of any aspect of creation, they provoke a disorder which has inevitable repercussions on the rest of the created order and the well-being of future generations (cf. Message for the World Day of Peace 1990, n. 6).

4. The goods of the earth – including those produced by human activity – are for the benefit of all. All peoples and countries have a right to fundamental access to those goods – natural, spiritual, intellectual and technological – which are necessary for their integral development.

5. An adequate policy of development must be based on the dignity and rights of the human person and on the common good. «The Holy See notes that the spiritual as well as the material well-being of the person must be taken into account in the development process because spiritual values give meaning to material progress, to technical advances and to the creation of political and social structures that serve the community of persons we call society» (Holy See’s Intervention at 1984 World Population Conference).

Maintaining and protecting the common good requires the solidarity of all those concerned. Solidarity implies an awareness and an acceptance of co-responsibility for the causes and solutions relative to the ecological challenge. Recognizing the shared responsibility of all for the causes of the ecological crisis will make possible a dialogue, based on mutual trust and respect, in seeking solutions. Equity may however demand that the universal duty to foster solidarity be differentiated and complementary according to the needs and abilities of the parties.

6. In the field of technology, States, in accord with the duty of solidarity and giving due consideration to the rights of the developers of such technology, have an obligation to ensure a just and equitable transfer of appropriate technology which is favourable to sustaining the development process and protecting the environment.

7. Clearly defined ethical principles must prevail in the area of biotechnology, which touches closely on the dignity and integrity of the human person. The human person is much more that a composite of biochemical elements, and he or she should not be made the subject of biological or chemical experiments for the sake of biotechnological progress. All interventions on the genetic structure or heritage of the person that are not aimed at correcting anomalies constitute a violation of the right to bodily integrity (cf. Holy See, Charter of the Rights of the Family, 22 October 1983, 4, c). Science and technology are at the service of the human person and ethical principles must prevail over any other interest, especially purely economic interests. Where possible, appropriate legal instruments must be found to ensure respect for ethical principles.

8. The damage to the human and natural environment caused by war is an increasingly serious problem. Pope John Paul II noted already in 1990: «Today, any form of war on a global scale would lead to incalculable ecological damage. But even local or regional wars, however limited, not only destroy human life and social structures, but also damage the land, ruining crops and vegetation as well as poisoning the soil and water. The survivors of war are forced to begin a new life in very difficult environmental conditions» (Message for the World Day of Peace 1990 n. 12).

9. The relationship of development and the environment to population growth is complex and often tenuous. In recent decades population growth rates have fallen in most areas of the world, while they still remain high in some of the least developed countries. Population growth, of and by itself, is seldom the primary cause of environmental problems. In most cases, there are no causal links between the numbers of people and the de gradation of environment. In fact, the less-populated nations of the North are directly or indirectly responsible for most of the abuse of the global environment Therefore, policies aimed at reducing population do little to help solve urgent problems of environment and development. True solutions to these problems must involve not only sound economic planning and technology but justice for all the peoples of the earth.

The Holy See is especially concerned about strategies that make population decline the primary factor in overcoming ecological problems. Programmes for reducing population directed and finance by the developed nations of the North easily become a substitute for justice and development in the developing nations of the South. These programmes evade the question of the just distribution and development of the abundant resources of the earth. On many occasions the Holy See has expressed its opposition to the setting of quantitative population targets or goals, which involve the violation of human dignity and human rights. Systematic campaigns against birth, directed towards the poorest populations, may even lead to «a tendency towards a form of racism, or the promotion of equally racist forms of eugenics» (Sollicitudo rei socialis, n. 25).

10. Policies and strategies to protect the environment must also respect the family unit, which is «the natural and fundamental group unit of society and the entitled to protection by society and the state» (cf. U.N. Universal Declaration of Human Rights 16, 3). The Holy See emphasizes that «society, and in particular manner the State and International Organizations, must protect the family through measures of a political, economic, social and juridical character which aim at consolidating the unity and stability of the family so that it can exercise its specific functions» (Holy See, Charter of the Rights of the Family, Preamble, I).

Accordingly, the Holy See opposes those strategies which in any way attempt to limit the freedom of couples in deciding about the size of the family or the spacing of births (cf. Charter of the Rights of the Family, 3a). In international relations, economic aid for the advancement of peoples should not be conditioned on acceptance of programmes of contraception, sterilization or abortion (cf. Holy See’s intervention at 1984 World Population Conference; also, John Paul II to Rafael Salas, 1984, n. 6), In this way, the Holy See defends the human rights of women and men in developing countries who are subjected to programmes of population control which do not respect their consciences, their rights and dignity, or their ethnic and religious cultures.

Surgical or pharmaceutical methods of abortion continue to be promoted as a method of birth control in the context of policies and programmes aimed at reducing population. Such practice runs contrary to Recommendation 18 of the 1984 International Conference on Population Mexico City: namely, that abortion should not be promoted as a method of family planning. The Holy See objects to family planning programmes which include abortion as a method of family – planning or which pressure couples to use sterilization or other methods of contraception that are morally objectionable


**L'Osservatore Romano. Weekly Edition in English n.23 p.6.

Serving the Human Family, p.111-114.

 

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