The Holy See
back up
Search
riga

Mgr Emanuele CLARIZIO

Intervention à la Conférence ad hoc sur l’éducation des Migrants*

Strasbourg, 6 novembre 1974



C’est un intérêt très personnalisé et très spécifique que le Saint-Siège porte aux migrations en général et aux Migrants en particulier. Ayant vocation de s’intéresser et de s’adresser à la communauté humaine toute entière, nombreux sont les encouragements, les stimulations qui ont été présentées à l’attention des Peuples et de leurs gouvernements en vue d’une plus fraternelle prise de conscience, et tout spécialement aux Évêques et autres membres de l’Église catholique en vue de promouvoir des mesures propres à entourer l’accueil des Migrants – soit en famille, soit individuellement – de sentiments d’amitié permettant une mise en œuvre de dispositions législatives et réglementaires plus humaines visant à assurer la justice sociale à leur égard.

Le Saint-Siège a présenté quelques considérations en juillet dernier, au Comité des Hauts-Fonctionnaires; nous avons pris connaissance, avec le plus vif intérêt, des observations émanant des divers États du Conseil de l’Europe et nous marquons un large consensus avec les trois rapports introductifs à la présente Conférence «ad hoc»: il y a, en tous ces documents une communauté de vue sur l’essentiel que nous nous plaisons à relever et qui nous parait aller dans le droit fil de la communauté des peuples.

Dans cette perspective, nous croyons pouvoir attirer l’attention de cette Conférence ad hoc sur les travaux des deux cents Évêques du monde entier réunis à Rome en Synode et notamment sur un texte concernant les Droits de l’homme qui a reçu la sanction du Saint-Père lui-même.

A l’occasion d’une recherche sur l’évangélisation, nous avons convenu que se trouve «dans l’Évangile le motif le plus pressant de nous engager à la défense et à la promotion des droits de l’homme». Car il est bien vrai que «la promotion des droits de l’homme est une requête de l’Évangile», qu’il s’agisse, du droit à vivre ou à manger, des droits socio-économiques, des droits politiques et culturels, comme du droit à la liberté religieuse.

«A tous, dans la société, y compris aux travailleurs migrants, doit être garantie une protection juridique de leurs droits personnels, sociaux, culturels et politiques».

Pareil appel rejoint toutes les préoccupations qui retiennent actuellement nos travaux. Voici seulement quelques observations complémentaires.

La première, c’est que nous ne nous laissions pas rebuter par la diversité et la complexité des situations relatives à la migration. Nulle forme de migration ne doit échapper à nos interrogations et investigations: il ne faut pas omettre de porter notre attention aussi à la migration clandestine, à celle des saisonniers et des faux-saisonniers. Que cela nous engage tous à vouloir pour demain une migration plus et mieux planifiée, puisque cela rejoint un vœu tel qui est souvent exprimé. Mais il reste que, pour l’heure, personne ne doit être ou bilé.

La seconde précision parait tout aussi grave. C’est un appel pressant, pour que jamais ne soit violée la liberté du Migrant quand il s’agit pour lui d’opter de lui-même et avec les siens, soit pour une intégration définitive dans le pays d’accueil, soit pour un retour au pays Il s’agit là bien d’une liberté non théorique, mais réelle: certaines réglementations peuvent aboutir concrètement a enlever cette possibilité de choix: aider le migrant qui le désire à s’insérer dans le pays où il se trouve constituera une mesure de justice sociale; le contraindre, même pratiquement à l’intégration serait un abus. Il faut bien convenir que si ce principe est retenu comme il le doit, les complications surgissent quand il s’agit de légiférer dans tous les secteurs de l’éducation et de la formation. Mais cela s’impose.

Ce même respect de la liberté du migrant – et ce sera notre troisième précision – va peut-être encore plus loin. Le document déjà cité affirmait encore ceci: «Les hommes ont droit a être éduqués et à déterminer comment seront éduqués leurs enfants». La Convention Européenne des Droits de l’Homme et son Protocole additionnel ont mis en lumière le droit de la famille et des parents, premiers éducateurs; il est bon de le rappeler, d’autant que cela ne saurait être en opposition avec les dispositions sociales, telle l’obligation scolaire, qui ont pour objet le bien et l’avenir des jeunes. Il conviendrait d’ailleurs que tout, dans l’ordre de nos efforts à l’endroit des Migrants, soit entrepris dans le souci de les associer eux-mêmes et de les faire participer aux solutions de leurs problèmes, les plus évolués d’entre eux venant au secours de ceux qui le sont moins, ou même qui sont demeurés au stade d’analphabètes et qu’il faut pourtant sortir de leur marginalité.

Ajoutons notre conviction que l’Éducation n’est pas seulement technique et professionnelle: elle est humaine, intégrale, à perspective éthique, dont le but est que l’enfant s’achemine vers la prise de ses responsabilités dans la société.

Nous pouvons assurer que l’Église continuera à y apporter son concours en s’associant volontiers à tous ceux qui participent à la même tâche.

Enfin, il convient de reprendre, bien que ce ne soit peut-être pas directement l’objet de notre présente recherche, mais parce que tout de même cela reste bien inclus dans notre propos, ce qui – dans l’ordre des principes, énoncés plus haut, du droit des familles – concerne la droit de ces familles à ne pas connaître la séparation au-delà des délais qui peu vent être momentanément nécessaires, et à se trouver de fait réunies. La séparation n’est-elle pas déjà le premier tribut humain et social payé, par les familles, à la migration? Et d’ailleurs, nous pensons qu’une attention spéciale doit être portée à la préparation au mariage des fiancés issus de familles migrantes.

En guise de remarque finale, il nous semble indispensable d’inviter à une réflexion fondamentale. On aime à dire en ces temps et depuis quelques décennies, que l’on s’est émancipé, à notre époque, d’une conception de la charité pour s’élever à la justice. Certes, nous sommes de ceux qui veulent promouvoir la paix et la compréhension dans et par la justice, réalisation prioritaire de la Charité.

Nous n’en sommes que plus à l’aise pour évoquer le besoin de chaleur humaine que ressentent notamment les déracinés. Au-delà de l’efficacité sociologique, il nous appartient de développer un esprit de contact et de fraternité, que nous croyons être l’expression de la charité évangélique de Dieu (Père commun de tous) auprès de personnes qui ont extrêmement besoin d’être aimées. A cette fin, un changement de mentalité est nécessaire, et l’Église est toujours prête à s’y engager.

En terminant ces notations, que l’on soit assuré que le Saint-Siège forme ses vœux actifs pour la réalisation des Recommandations de cette Conférence. La Migration, nécessité de toujours sans doute, mais qui connaît aujourd’hui certaines modalités douloureuses et des aspects massifs, est finalement un défi lancé aux Nations pour un engagement plus solidaire, au service de l’unité du monde, des Nations et des Peuples.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française 1974, n°48, p.8.

____________________________________________________________________________

INTERVENTO DELLA SANTA SEDE SULL'EDUCAZIONE DEI MIGRANTI

INTERVENTO DI MONS. EMANUELE CLARIZIO**

Strasburgo, 6 novembre 1974

 



L’interessamento della Santa Sede alle migrazioni in genere e ai migranti in particolare, è assai concreto e specifico. Per la sua vocazione ad interessarsi della comunità umana tutta intera, ed a rivolgersi ad essa, numerosi sono gli incoraggiamenti, gli stimoli che la Santa Sede ha offerto all’attenzione dei popoli e dei loro Governanti per una più fraterna presa di coscienza, e specialmente ai Vescovi e agli altri Membri della Chiesa cattolica, allo scopo di promuovere provvedimenti atti a circondare l’accoglienza dei migranti – sia individui singoli, sia famiglie – di sentimenti d’amicizia, che consentano una più umana attuazione di disposizioni legislative e normative, capaci di garantire la giustizia sociale ai migranti.

Nel luglio scorso la Santa Sede ha presentato qualche considerazione al Comitato degli Alti Funzionari. Ora abbiamo preso conoscenza con il più vivo interesse delle osservazioni avanzate dai diversi Stati del Consiglio d’Europa e rileviamo un largo consenso con i tre rapporti introduttivi di questa Conferenza ad hoc: c'è, in tutti questi documenti una comunanza di impostazione in vista dell'essenziale che ci soddisfa rilevare e che ci sembra andare diritto nella linea della comunità dei popoli.

In questa prospettiva crediamo di poter attirare l’attenzione della Conferenza ad hoc sui lavori dei duecento Vescovi del mondo riuniti per il recente Sinodo e più precisamente su un testo riguardante i diritti dell’uomo che è stato approvato dal Santo Padre stesso.

Interrogandoci sull’evangelizzazione, noi abbiamo convenuto che si trova «nel Vangelo il più pressante motivo di impegnarci nella difesa e nella promozione dei diritti dell’uomo». Poiché è ben vero che «la promozione dei diritti dell’uomo è una richiesta del Vangelo»: si tratti del diritto alla vita o al cibo, dei diritti socio-economici, dei diritti politici e culturali, come del diritto alla libertà religiosa.

A tutti, nella società, ivi compresi i lavoratori migranti, deve essere garantita la protezione giuridica dei loro diritti personali, sociali, culturali e politici». Un tale appello si inserisce nelle preoccupazioni che pervadono attualmente i nostri lavori. Ecco soltanto alcune considerazioni complementari.

La prima è che non ci lasciamo scoraggiare dalle diversità delle situazioni relative al fatto migratorio. Nessuna forma di migrazione deve sfuggire ai nostri interrogativi ed alle nostre indagini: né dobbiamo omettere di dedicare attenzione anche alle migrazioni clandestine, a quelle degli stagionali e dei falsi stagionali. Questo ci impegni tutti a volere per il futuro migrazioni più e meglio pianificate, secondo un auspicio che vediamo frequentemente espresso. Ma resta il fatto che nessuna forma migratoria deve essere dimenticata.

La seconda considerazione sembra altrettanto grave. E’ un appello pressante, perché giammai sia violata la libertà del migrante quando si tratti di scegliere per se o per i suoi famigliari, sia l’integrazione definitiva nel Paese di accoglienza, sia il ritorno a quello d’origine. E’ in gioco una libertà non ipotetica ma reale: certi ordinamenti possono mirare e togliere concretamente la libertà di scelta: aiutare il migrante ad inserirsi nel Paese in cui risiede costituirà un atto di giustizia sociale: costringerlo all’integrazione, sarebbe un abuso. Bisogna convenire che, se questo principio è applicato correttamente, sorgono complicazioni quando si tratta di legiferare nei settori della formazione e dell’educazione. Ciò nonostante il principio è imprescindibile.

Il medesimo rispetto della libertà del migrante – e questa è la nostra terza riflessione – va anche più lontano. Il documento citato sopra conferma che gli uomini hanno diritto ad essere educati ed a determinare come saranno educati i loro figli. La Convenzione europea per la salvaguardia dei diritti dell’uomo ed il suo protocollo addizionale hanno messo in luce il diritto della famiglia e dei genitori – primi educatori, è bene, ricordarlo – e ciò non dovrebbe essere in contrasto con le disposizioni sociali, quali l’obbligo scolastico, che hanno per oggetto il bene e l’avvenire dei giovani. A favore dei migranti converrebbe d’altronde che tutto fosse intrapreso nella preoccupazione di far partecipare loro stessi alla soluzione dei loro problemi, consentendo ai più evoluti di venire in aiuto di coloro che lo sono meno, o addirittura sono rimasti allo stadio dell’analfabetizzazione e devono essere riscattati dalla loro emarginazione. 

Aggiungiamo la nostra convinzione che l’educazione non è solamente tecnica e professionale: è umana, integrale ed etica, il cui fine è che il fanciullo sia avviato verso la consapevolezza delle sue responsabilità nella società.

Possiamo assicurare che la Chiesa continuerà a dare il proprio contributo, associandosi volentieri a tutti coloro che si prefiggono il medesimo obiettivo.

Infine sembra giusto riprendere, anche se forse non è direttamente indagato dalla presente ricerca, ciò che nell’ambito dei principi sopra enunciati, riguarda il diritto delle famiglie a non subire separazione oltre i limiti che possono essere momentaneamente necessari, e ad avere la possibilità del ricongiungimento familiare. La separazione è già di per se il primo tributo umano e sociale pagato dalle famiglie alla migrazione. Pensiamo, inoltre, che un’attenzione tutta particolare debba essere dedicata alla preparazione al matrimonio dei fidanzati appartenenti a famiglie migranti.

A guisa di osservazione conclusiva ci sembra indispensabile l’invito ad una riflessione fondamentale. Ci si compiace di dire, nel nostro tempo e da qualche decennio che ci si è emancipati da una concezione di carità per elevarci alla giustizia. E, certamente, noi apparteniamo alla schiera di coloro che vogliono promuovere la pace e la comprensione con giustizia e nella giustizia, misura minima della carità.

Ma dobbiamo ricordare il bisogno di calore umano avvertito specialmente da coloro che sono sradicati. Al di là dell’efficacia sociologica, ci incombe il compito, di sviluppare uno spirito, di contatto e di fraternità, che riteniamo essere l’espressione della carità evangelica di Dio (padre comune di tutti) verso le persone che hanno estremo bisogno di essere amate. E’ necessario, a questo scopo, un cambiamento di mentalità, e la Chiesa è sempre disposta ad impegnarvisi.

Per terminare, desideriamo assicurare che la Santa Sede formula voti vivissimi per la realizzazione delle Raccomandazioni di questa Conferenza. L’emigrazione è sempre certamente una necessità, ma che oggi su vasta scala ha aspetti ancor più penosi; è ultimamente una sfida lanciata per un impegno più integrato, al servizio dell’unità del mondo, delle nazioni e dei popoli.


**L'Osservatore Romano 17.11.1974 p.2.

____________________________________________________________________________


Mgr Emanuele CLARIZIO

Intervention à la Conférence ad hoc sur l’éducation des Migrants***

Strasbourg, 6 novembre 1974



The Holy See takes a very practical and specific interest in migrations in general and migrants in particular. Having the vocation to take an interest in and address the whole human community, it has greatly encouraged and stimulated the attention of peoples and their Government with a view to a more brotherly awareness, and especially of the Bishops and other members of the Catholic Church, in order to promote measures for the reception of migrants – individuals or families – with friendly feelings that permit a more human implementation of legislative provisions and regulations, aimed at ensuring them social justice.

Last July the Holy See presented some considerations to the Committee of High Officials. We have studied with the deepest interest the remarks made by the various States of the Council of Europe, and we note broad agreement with the three introductory reports to the present ad hoc Conference; in all these documents there is a common consensus on essential matters that we are happy to stress and that seems to us to be moving in the direction of the community of peoples.

In this perspective we think we can draw the attention of this Conference to the work of the two hundred Bishops from all over the world gathered in Rome for the Synod and particularly to a text concerning Human Rights, which has received the sanction of the Holy Father himself.

On the occasion of a study of evangelization, we agreed that there is «in the Gospel the most urgent motive to commit ourselves to the defence and promotion of human rights». For it is quite true that «the promotion of human rights is a requirement of the Gospel», whether it is a question of the right to live or to eat, socio-economic rights, political and cultural rights, or the right to religious freedom.

«Everyone in society, including migrant workers, must be guaranteed juridical protection of their personal, social, cultural and political rights».

This appeal covers all the concerns on which we are working now. Here are just some complementary observations.

The first is not to let ourselves be discouraged by the diversity and complexity of the situations regarding migration. No form of migration must escape our queries and investigations, nor must we fail to give our attention also to clandestine migration, and to the migration of seasonal workers and false seasonal workers. May this commit all of us to desiring for the future more and better planned migrations, in accordance with a wish that is often expressed. But the fact remains, for the present, no one must be forgotten.

The second consideration also seems a serious one. It is an urgent appeal that the freedom of the migrant may never be violated when it is a question of his opting on his own and with the members of his family, either for definitive integration in the host country, or for return to his native land. The freedom in question must be real not theoretical; certain regulations may lead in practice to taking away this possibility of choice. To help the migrant who so desires to find a permanent place in the host country will constitute a measure of social justice; to force integration upon him, even just in practice, would be an abuse. It must be admitted that if this principle is observed as it should be, complications arise when it comes to legislating in all sectors of education and formation. But it is necessary.

This same respect for the migrant's freedom – this is our third consideration – goes perhaps even further. The document quoted above affirms further that «men have the right to be educated and to decide how their children will be educated». The European Convention on Human Rights and its additional Protocol have highlighted the right of the family and of parents, the first educators. It is well to recall, and this cannot be in conflict with social provisions, such as compulsory education, which aim at the good and the future of the young. As regards our efforts for migrants, moreover, everything should be undertaken in the concern to associate them with, and let them participate in the solutions of their problems. The most able ones will come to the help of those who are not so able, or who even may have remained illiterate and who nevertheless must be raised from their condition as underdogs.

Let us add our conviction that education is not just technical and vocational; it is human, complete, with an ethical perspective, the aim of which is that the child should progress towards assuming his responsibilities in society.

We can give our assurance that the Church will continue to make her contribution to this task, willingly joining all those participating in it.

Finally, it seems right to repeat, although it is not perhaps directly the subject of our present study, but because it is certainly included all the same in our intention, what – as regards the principles of the right of families mentioned above – concerns the right of these families not to be separated for more than the time that may be momentarily necessary, and to be able actually to re-unite again. Is not separation already the first human and social tribute paid to migration by the families? We think, furthermore, that special attention should be given to the preparation for marriage of engaged couples from migrant families.

In conclusion, it seems to us indispensable to call for reflection on a fundamental aspect. People like to say, in these times and in the last few decades, that nowadays we have been emancipated from a conception of charity to rise to justice. Certainly, we are among those who wish to promote peace and understanding in and by justice, the priority realization of charity.

This makes us all the readier to recall the need of human warmth, which the uprooted need particularly. Beyond sociological efficiency, it is up to us to develop a spirit of contact and brotherhood, which we believe is the expression of the evangelical charity of God (the common Father of us all), among persons who are in great need of love. For this purpose, a new outlook is necessary, and the Church is always ready to make this effort.

We assure you, in conclusion, that the Holy See expresses lively good wishes for the implementation of the Recommendations of this Conference. Migration, which has always been a necessity of course, but which has certain painful forms and massive aspects today, is a challenge to the nations for a more united commitment, in the service of world unity, of nations and peoples.




***L'Osservatore Romano. Weekly Edition in English n.48 p.13.

 

top